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D'après la police, la violence explose en France et surtout dans les départements dits ruraux. +36% dans le Loir-et-Cher, +24% dans l'Aude ou encore +20% dans le Finistère. Pourquoi est-ce que la violence gagne du terrain?

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 On va en parler en plateau avec Maxime Bronsetter, journaliste police-justice BFM TV,
00:08 Frédéric Lose, vous êtes secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, bonjour,
00:13 et Marie-Hélène Touraval, maire d'Hiver-Droite de Romand-sur-Isère, dans la Drôme, bonjour à vous.
00:19 D'abord, Maxime, on va détailler un petit peu ces chiffres qui ne sont pas bons.
00:22 Coups et blessures en forte hausse sur tout le territoire, plus 7%. On parle de quoi précisément ?
00:30 On parle des violences volontaires ou des atteintes à l'intégrité physique, c'est-à-dire qu'on parle de toutes les violences
00:37 qui blessent la personne sans intention de donner la mort. Quand on regarde dans le code pénal, il y a un chapitre consacré à ça,
00:43 et on y trouve les violences volontaires, les empoisonnements, les agressions sexuelles, les viols, les actes de torture.
00:49 C'est typiquement la délinquance qui pourrit la vie du quotidien.
00:51 C'est celle qui atteint, qui pourrit la vie du quotidien, il y a aussi les vols, les cambriolages, etc.
00:58 Mais là, c'est typiquement la violence qui porte atteinte à votre intégrité physique, qui va vous blesser de quelconque manière.
01:03 Avec des chiffres quand même assez étonnants lorsqu'on regarde un certain nombre de départements.
01:07 Par exemple, le Loir-et-Cher. Le Loir-et-Cher affiche la plus forte hausse enregistrée en 2023 par rapport à 2022,
01:14 une hausse de 36 %, et particulièrement sur les violences intrafamiliales.
01:20 Oui, le Loir-et-Cher, il n'y a pas que le Loir-et-Cher, il y a aussi l'Aude, 24 %, la Haute-Corse, +21 %, le Finistère, +20 %.
01:27 Globalement, il y a majorité de départements qui sont en hausse.
01:31 Alors, il faut quand même rappeler que cette hausse de 7 %, elle est un petit peu moins forte que les années précédentes.
01:35 Ça fait plusieurs années que...
01:36 Oui, mais c'est une succession quand même de hausses d'année en année, on est bien d'accord.
01:40 C'est une succession de hausses qui s'explique, d'après le rapport, par l'augmentation d'une part du nombre de plaintes dans le cadre des violences intrafamiliales,
01:48 qu'on pourra peut-être expliquer après, mais ça s'inscrit dans un contexte de libération de la parole,
01:52 mais aussi d'une augmentation du nombre de plaintes pour les violences hors cadre intrafamilial.
01:57 Marie-Hélène Thauraval, j'imagine qu'en tant que maire d'une commune d'un peu plus de 30 000 habitants dans la Drôme,
02:02 ces chiffres vous parlent et que vous n'êtes pas surprise par cette tendance ?
02:06 Je ne suis absolument pas surprise par cette tendance.
02:11 Je dirais aujourd'hui qu'au regard des chiffres qui ont été publiés, je constate qu'aucun territoire aujourd'hui n'est épargné.
02:19 On constate une hausse de l'ensemble des indicateurs.
02:22 Les coups et blessures, comme on a parlé à l'instant, peut traduire aussi en nombre de faits par jour.
02:28 C'est un petit peu plus de 1 000 faits par jour.
02:31 Sachant aussi que, certes, d'un côté, notamment sur les violences sexuelles ou les violences intrafamiliales,
02:37 la parole s'est libérée, donc c'est une bonne chose, ce qui se traduit aussi par une augmentation du pourcentage.
02:44 C'est pour ça qu'il est quand même nécessaire de le relativiser.
02:48 Je dis aussi que sur les coups et blessures, tout le monde ne porte pas plainte.
02:52 Les violences sexuelles, c'est un petit peu plus de 240 faits par jour.
02:57 Aujourd'hui, malheureusement, je constate qu'on a une forme de délitement de la société
03:03 et puis surtout des comportements qui se désagrègent complètement encore.
03:08 – Alors justement, Marie-Hélène Thauraval, dans le détail,
03:12 est-ce que vous constatez une évolution de la nature de ces violences ?
03:17 L'élu local que vous êtes ?
03:19 – L'intensité de la violence est plus forte, si je peux m'exprimer ainsi.
03:24 Après, on peut avoir des disparités d'un territoire à un autre
03:27 suivant notre positionnement géographique, notamment par rapport à certains axes routiers.
03:35 Par exemple, moi je constate que j'ai peut-être moins de faits de violence,
03:39 mais finalement, quand les atteintes aux biens, par exemple les vols, sont en diminution,
03:47 eh bien chez moi, ils vont être en augmentation.
03:49 Vous voyez donc qu'il y a des disparités aussi territoriales.
03:53 Ça veut dire aussi qu'il faut qu'on ait une action qui soit cousue main sur nos territoires.
03:58 C'est la raison pour laquelle aussi on travaille bien avec la police nationale.
04:02 Mais j'ose dire aussi que ce qui change la donne, c'est le fait d'étoffer nos polices municipales,
04:08 c'est-à-dire que sur nos territoires, sans police municipale,
04:11 c'est-à-dire que le maintien de la sécurité, d'arriver à considérer ces chiffres
04:17 et à les limiter dans leur développement exponentiel,
04:23 eh bien ça passe aussi par un investissement des collectivités sur la sécurité.
04:29 Frédéric Lose, malgré les moyens qui ont été mis en place,
04:32 on n'a jamais mis autant de moyens humains, budgétaires et matériels en place,
04:37 la petite délinquance qui pourrit, tu le disais Christophe, la vie quotidienne des Français,
04:41 on a l'impression qu'elle progresse et on a l'impression qu'il n'y a plus de départements épargnés.
04:46 Comment vous l'expliquez ?
04:47 Effectivement, la délinquance progresse, on a une ramification de la délinquance
04:53 qui est bien souvent, pas toujours, liée aux organisations criminelles
04:58 qu'on voit se mettre en place autour du trafic de stupéfiants
05:01 et qui aujourd'hui ont des quasi-surcursales dans des villes...
05:05 - Ville ou village ?
05:06 - Ville ou village, dans des villes périphériques,
05:08 on le voit avec les quasi-mafias qu'on commence à avoir à Marseille
05:12 qui commencent à investir des territoires et des villes comme à Avignon, à Carpentras, à Nîmes, etc.
05:17 - Mais ce qui est encore plus nouveau, c'est que nos campagnes aussi sont concernées par ce petit trafic.
05:21 - Oui, vous avez deux choses.
05:22 Alors, police et gendarmerie ne restent pas les bras ballants,
05:25 effectivement, il y a beaucoup de moyens qui sont mis en place,
05:27 beaucoup de succès dans la lutte contre la délinquance, c'est indubitable.
05:32 Vous avez une partie de la délinquance qui est ce qu'on appelle
05:35 des infractions révélées par l'action des services,
05:37 trafic de stupes ou tout simplement les violences intrafamiliales,
05:41 ça a été très bien dit, effectivement, la parole s'est libérée.
05:43 Donc, ça fait monter les stades de la délinquance.
05:46 Et après, objectivement, sur du temps long, la délinquance a augmenté,
05:50 la violence a augmenté et là, ça ne va pas parce qu'il va falloir changer de curseur,
05:55 parce qu'on a un délitement de l'autorité, ce n'est pas dépensif que de dire ça.
06:00 On a un sentiment d'impunité qui encourage ce délitement de l'autorité et le passage à l'acte.
06:06 - Mais comment vous expliquez qu'elle se soit exportée, cette délinquance,
06:09 qu'elle ait fait tâche d'huile et qu'elle ait touché des départements
06:11 qui étaient jusqu'ici plutôt épargnés ?
06:13 - Parce qu'il y a une banalisation de la délinquance,
06:15 parce que la délinquance n'est pas arrêtée, entravée au bon moment.
06:19 Pour ma part, je pense qu'il faut une stratégie qui parte de la prévention de la délinquance,
06:26 la détection, même y compris en milieu scolaire, des actes de délinquance,
06:30 jusqu'à la réinsertion. Ce qui manque, c'est une stratégie.
06:32 Là, on a du mal à accrocher, entre guillemets, des wagons,
06:35 ce qui relève des pouvoirs du maire, les collectivités territoriales,
06:38 la police municipale, vidéo-protection, etc.,
06:40 ce qui relève de la police nationale et ce qui relève de la justice.
06:43 - Mais on a l'impression que vous dites tout le temps la même chose,
06:45 pardonnez-moi, M. Lozum, tout le temps la même chose.
06:47 Stratégie, pendant ce temps, la délinquance progresse.
06:49 Est-ce que c'est qu'une question de stratégie ?
06:52 Parce que la tentation, c'est aussi de dire que la réponse pénale n'est pas suffisante.
06:56 Est-ce que ce n'est que ça ?
06:58 - Alors, c'est aussi ça. La qualité de vie a baissé.
07:03 Imaginons un pays en plein progrès, où la durée de vie baisserait.
07:10 On dirait qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
07:12 Chez nous, on s'est habitué à avoir une qualité de vie
07:14 qui est devenue, sur le front de la sécurité,
07:17 de plus en plus violente, de plus en plus problématique,
07:19 avec des problèmes de violence contre les personnes,
07:22 de liberté d'aller et venir dont sont privées les personnes,
07:25 et notamment les plus défavorisées.
07:27 Et puis, en même temps, on s'est habitué à avoir une société violente,
07:31 ce qui n'est pas normal. On n'aurait pas toléré ça,
07:33 par exemple en matière médicale.
07:36 Et là, on le tolère, on s'y habitue, et on évoque,
07:39 vous l'avez fait vous-même, simplement une affaire de moyens.
07:41 Les moyens des policiers municipaux et de la police nationale.
07:43 La réponse pénale et la dissuasion, à mon sens, est au cœur.
07:47 La rapidité et la certitude de la sanction permettraient d'endiguer,
07:52 entre autres, cette violence qui monte indubitablement.
07:55 - Justement, puisqu'on parle du climat, Marie-Hélène Thauraval,
07:57 est-ce que vous, depuis Crépole,
07:58 Crépole, c'est à quelques kilomètres de Romand-sur-Isère,
08:00 est-ce que depuis Crépole et la mort de Thomas,
08:02 le climat global dans la ville et ses alentours a changé ?
08:08 - Alors, oui, je vais dire, il a changé.
08:12 Je devrais revenir aussi sur ce drame.
08:14 J'avais eu des propos à cette époque précisant qu'il s'agissait pas
08:18 d'un fait divers, mais d'un fait de société.
08:21 Et aujourd'hui, dans les propos que nous échangeons ce matin,
08:24 on s'y retrouve tout à fait.
08:27 Sur ce qui est, ce qui concerne le climat sur mon territoire,
08:30 oui, ça s'est apaisé.
08:32 Il se trouve que, ben non, enfin, une bonne partie des agresseurs
08:37 aujourd'hui sont sous les verroufs.
08:39 Donc, on a des leaders qui ne sont plus sur le quartier.
08:44 La nature ayant horreur du vide, effectivement,
08:46 il y en a qui essayent de reprendre le lide.
08:49 Pour autant, on arrive et on parvient à les maîtriser,
08:52 mais on n'exclut pas non plus toute manifestation
08:56 parce que nous en avons quotidiennement.
08:59 Mais je voudrais dire que l'intensité de la violence est moindre tout de même.
09:04 Mais je veux dire, on ne peut pas s'en satisfaire aujourd'hui.
09:07 Moi, je constate quand même qu'on a une société en crise.
09:10 Je pense que le fait d'avoir considéré et banalisé,
09:13 finalement, a fait prendre du retard sur la mise en place aussi d'une stratégie.
09:19 Je dis aussi qu'il faut que le métier, les fonctions qui sont celles de nos policiers,
09:24 de nos gendarmes, soient plus reconnues.
09:27 Et la reconnaissance aussi, elle passe par la certitude de la sanction derrière les faits.
09:34 Et ça, c'est ce qui manque aussi aujourd'hui.
09:36 Merci Marie-Hélène Doraval et merci Frédéric Clause.
09:39 Merci également à vous, Maxime Rémy.

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