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00:00:00 Missaque Manouchian entre au Panthéon et avec lui 24 de ses compagnons d'armes dont
00:00:07 son épouse Mélinée. C'est dans quelques instants ce monument conçu à l'origine en
00:00:12 tant qu'église et dans lequel la République a pris pour habitude d'accueillir la dépouille
00:00:16 de ces illustres personnages. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante, indique d'ailleurs
00:00:21 la devise gravée sur son fronton. C'est en ces lieux qu'entreront ces 25 résistantes
00:00:26 et résistants contre l'occupation de la France durant la seconde guerre mondiale.
00:00:30 Cérémonie que nous allons suivre en direct avec Gérard Streff. Bonjour, merci d'être
00:00:35 avec nous. Vous consacrez un livre aux époux Manouchian, Missaque et Mélinée Manouchian,
00:00:39 un couple en résistance aux éditions de l'archipel. C'est la première biographie croisée
00:00:44 les concernant. Merci d'avoir accepté l'invitation de France 24. Je précise aussi que vous avez
00:00:49 été correspondant à Moscou du journal l'Humanité, entre autres, et puis également un rédacteur
00:00:55 en chef, adjoint des magazines Révolution et Regards. Merci à nouveau pour votre présence
00:01:01 parmi nous ainsi qu'à Stéphanie Trouillard de la rédaction de France 24. Bonjour Stéphanie.
00:01:05 Vous êtes entre autres un spécialiste chez nous des questions d'histoire contemporaine.
00:01:10 Vous vous êtes intéressé de près à la première et à la seconde guerre mondiale,
00:01:13 raison pour laquelle vous êtes parmi nous en plateau et vous connaissez parfaitement
00:01:16 aussi le parcours de ces résistants dont Missaque et Mélinée Manouchian. Cette cérémonie
00:01:22 est là, vous le voyez sur ces images, débutée puisque Emmanuel Macron est déjà présent,
00:01:27 place du Panthéon, le président de la République qui passe en revue les troupes pour marquer
00:01:33 le caractère combattant de ces personnalités qui rentrent au Panthéon, des honneurs militaires
00:01:39 qui sont rendus au président de la République. En amont donc de cette cérémonie, c'est
00:01:42 en quelque sorte un préambule que vous voyez sur ces images avant le début effectif de
00:01:48 cette cérémonie, place Edmond Rostand, c'est-à-dire la place qui se situe en bas de la rue Soufflot
00:01:55 et devant le jardin du Luxembourg avant la remontée de cette rue Soufflot vers le Panthéon
00:02:03 lui-même et donc le lieu dans lequel seront entreposées la dépouille de Missaque, Manouchian
00:02:09 et son épouse et puis symboliquement la plaque qui marquera l'entrée effective dans la mémoire
00:02:15 collective, dans ce temple de la mémoire collective de ces 25 résistantes et résistants.
00:02:22 Voilà une cérémonie qui sera donc à suivre en direct pendant l'heure et demie qui vient.
00:02:27 Tous francs-tireurs et partisans de la main-d'oeuvre immigrée, il faut le rappeler à travers
00:02:33 eux, c'est la résistance étrangère et communiste à laquelle la France rend hommage
00:02:39 aujourd'hui Stéphanie Trouillard.
00:02:40 Oui, puis comme on peut le voir sur ces images, je trouve ça particulièrement marquant,
00:02:44 Emmanuel Macron qui tient un parappuis et sous le parappuis il y a deux anciens résistants
00:02:49 de cette résistance communiste.
00:02:51 Donc il y a Léon Landini qui a fait partie des FTP de la main-d'oeuvre immigrée et
00:02:56 je crois que c'est Monsieur Birembaume à côté qui vient de sortir un ouvrage où
00:03:00 il raconte comment il est rentré aussi dans la résistance communiste à 16 ans.
00:03:04 Donc c'est les derniers témoins de cette époque et c'est une image très émouvante
00:03:08 là du président qui leur tient le parappuis et eux ont tenu à assister à cette cérémonie
00:03:13 en hommage à leurs camarades qui ont perdu la vie au cours de la seconde guerre mondiale
00:03:17 et on voit le drapeau que Monsieur Landini, j'ai vu une interview où il disait qu'il
00:03:22 allait venir avec son drapeau et que c'était important pour lui parce que Missak Manouchian
00:03:26 aurait voulu qu'il vienne avec ce drapeau des FTP de la main-d'oeuvre immigrée pour
00:03:30 cette cérémonie.
00:03:31 Oui, les francs-tireurs et partisans de la main-d'oeuvre immigrée, c'est eux qu'on
00:03:34 honore aujourd'hui, une unité, un corps dans lequel Missak Manouchian aura joué un rôle
00:03:40 éminent, Gérard Streif.
00:03:41 Oui, tout à fait, je voulais juste ajouter que c'est un hommage à un étranger, à
00:03:46 un apatride amoureux de la France, c'est tout à fait remarquable, un résistant à
00:03:52 un moment où il fallait un sacré courage pour affronter un rapport de force incroyable
00:03:58 dans le Paris de 42-43 et puis un communiste, voilà, c'est bien que ce soit dit aujourd'hui.
00:04:04 Donc effectivement, il a joué un rôle très important à un moment très précis qui est,
00:04:10 on va dire, l'été 43, l'automne 43.
00:04:13 Oui, d'où à la mi-novembre 1943, c'est là que se produisirent les principaux faits
00:04:19 d'armes de ceux qu'on appelait, peut-être à tort d'ailleurs, comme le groupe Manouchian.
00:04:22 Oui, non, à tort, pas forcément, mais effectivement, il y a eu une opération…
00:04:29 Il y a eu à tort parce que même ne se considéraient pas forcément comme tel, comme le groupe
00:04:34 Manouchian.
00:04:35 C'est ainsi qu'ils ont été présentés notamment par la propagande, un nazi par
00:04:38 la suite.
00:04:39 Par la propagande nazie, oui.
00:04:41 Ils ont eu un fait d'armes remarquable en octobre en s'en prenant un colonel nazi
00:04:49 qui était responsable du STO, du service du travail obligatoire.
00:04:53 Oui, Julius Ritter.
00:04:55 Oui, exactement, Julius Ritter.
00:04:57 Et ça, ça a été le moment le plus marquant.
00:05:01 Mais si vous voulez, ils avaient deux types d'opérations, opérations contre des soldats
00:05:06 allemands, parce qu'ils ne s'en prenaient qu'aux Allemands, ils ne s'en prenaient
00:05:10 pas aux Français.
00:05:11 Et puis, le déraillement.
00:05:12 Donc là aussi, ça demandait…
00:05:14 Et vous voyez sur ces images, pardonnez-moi, mais le prédécesseur d'Emmanuel Macron
00:05:19 à l'Élysée, le président François Hollande, qui lui-même avait présidé à l'entrée
00:05:25 au Panthéon d'autres résistants.
00:05:27 On s'en souvient, à l'époque, cela avait été très largement commenté.
00:05:31 Il y avait notamment Geneviève de Gaulle-Antoniose, Germaine Tillion, Jean Zet, Pierre Bressolette.
00:05:37 Mais à ce moment-là, il n'y avait pas eu d'entrée de résistants communistes.
00:05:41 Et déjà, ça avait fait une polémique à l'époque, puisqu'on n'avait pas fait
00:05:44 rentrer de résistants communistes à ce moment-là.
00:05:46 Donc, il y a eu depuis, et puis depuis de nombreuses années, cette volonté de faire
00:05:50 rentrer enfin un résistant communiste au Panthéon.
00:05:52 Et donc, qui complète effectivement les entrées, vous venez de le dire, à Pierre Bressolette,
00:05:55 Jean Zet, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Antoniose.
00:05:58 Et puis également Jean Boulin, bien sûr, en 1964, la boucle est bouclée d'une certaine manière.
00:06:02 - Et Joséphine Baker, pour la plus récente.
00:06:04 - Et Joséphine Baker, bien sûr, qui a joué un rôle éminent, bien entendu, elle aussi,
00:06:07 dans la résistance, qui elle aussi, d'ailleurs, n'était pas née en France, née aux Etats-Unis,
00:06:11 mais naturalisée juste avant la Seconde Guerre mondiale.
00:06:13 C'est toute la différence avec, aujourd'hui, Missak Manouchan, qui s'est vu refuser à
00:06:17 deux reprises sa naturalisation.
00:06:20 - Exactement, à deux reprises.
00:06:21 La deuxième fois, c'est lorsqu'il était militaire dans le Morbihan.
00:06:25 Le préfet du Morbihan a failli lui donner la nationalité,
00:06:29 et puis l'actualité était tellement ailleurs qu'il n'a pas été...
00:06:33 - Oui.
00:06:34 - Et la première fois, donc, en 1933, quand il a fait cette demande,
00:06:38 et qu'il a été refusé, finalement, parce qu'il était au chômage,
00:06:40 et pour des raisons économiques, parce que pour non-intérêt pour la nation.
00:06:44 - Absolument, absolument.
00:06:46 Et il dira à son procès, s'adressant aux collabos dans la salle,
00:06:51 "Vous vous avez hérité de la nationalité, nous, nous l'avons méritée."
00:06:56 C'est une belle formule.
00:06:58 - Et il s'est rendu, finalement, français en signant, notamment, cette fameuse lettre,
00:07:02 sa dernière lettre qu'il a écrite quelques heures avant d'être exécutée,
00:07:05 il y a 80 ans, jour pour jour, où il a signé, c'est très symbolique,
00:07:08 "Michel Manouchan", une façon aussi de se dire français à ce moment-là.
00:07:12 - Exactement.
00:07:13 - Et c'est donc dans l'enceinte de ce temple de la République
00:07:15 que vont rentrer ces deux cercueils, qui vont remonter la rue Soufflot
00:07:23 d'ici maintenant une quinzaine de minutes.
00:07:25 Ce sera précédé d'abord d'un début de cérémonie, je vous le disais,
00:07:30 qui aura lieu, donc, place Edmond Rostand, avant cette remontée de la rue Soufflot.
00:07:34 Patrick Bruel, notamment, qui devrait prononcer la lettre d'adieu,
00:07:38 qui restait dans les mémoires de Misac Manouchian à sa femme Méliné,
00:07:41 car ils sont deux, aujourd'hui, à faire leur entrée au Panthéon.
00:07:45 On va entendre d'ailleurs ce que disait Méliné Manouchian dans un instant.
00:07:49 Vous voyez d'abord Emmanuel Macron et son épouse Brigitte Macron,
00:07:53 qui rentrent à leur tour, prennent place dans le Panthéon.
00:07:57 Je vous le disais, oui, on va écouter dans un instant ce que disait Méliné Manouchian,
00:08:02 qui, elle, évidemment, n'est pas morte il y a 80 ans, contrairement à ses autres résistants
00:08:06 qui sont distingués aujourd'hui, mais qui a, elle aussi,
00:08:08 joué un parcours éminent au sein de la résistance,
00:08:11 aux côtés, notamment, de son époux.
00:08:13 Il y avait de toutes les nationalités.
00:08:15 Par exemple, de l'Espagne, ceux qui ont combattu Franco,
00:08:19 de l'Europe centrale, des Tchèques, des Roumains, des Hongrois,
00:08:23 et de toutes les nationalités, mais en même temps, il y avait des Juifs de partout.
00:08:30 Manouchian m'a annoncé qu'il fallait combattre avec les armes.
00:08:33 Alors, lorsque je lui ai posé la question avec "mais quelles armes ?",
00:08:36 on n'a rien, à part les couteaux.
00:08:38 Et puis, justement, il y a eu des armes,
00:08:40 on n'a rien, à part les couteaux.
00:08:42 Et puis, justement, c'est avec les couteaux de cuisine,
00:08:44 on doit, dans un coin de rue, attaquer un soldat allemand,
00:08:50 ou un officier, lui prendre le revolver, sa baïonnette,
00:08:53 et avec ça, recommencer pour essayer de récupérer les armes.
00:08:56 - Voilà, et le direct, c'est donc le président de la République,
00:09:01 Emmanuel Macron, et son épouse Brigitte, qui viennent de prendre place
00:09:04 aux côtés des officiels au premier rang.
00:09:06 Vous venez de le voir avec François Hollande
00:09:08 et le Premier ministre, Gabriel Attal,
00:09:10 pour la cérémonie qui devrait débuter dans un très court instant, maintenant.
00:09:15 On le disait, Missak Manouchian et son épouse honorée,
00:09:18 mais également 23 de leurs compagnons d'armes.
00:09:21 C'est un hommage qui est rendu à l'ensemble de cette résistance étrangère,
00:09:24 aujourd'hui, Stéphanie Trouillard.
00:09:25 - Oui, ça a donné lieu notamment à une polémique ces derniers mois,
00:09:29 parce qu'on a d'abord annoncé, bien entendu,
00:09:31 l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon et de son épouse.
00:09:34 Et certains historiens ont regretté qu'on ne fasse pas rentrer
00:09:37 tout le groupe au Panthéon.
00:09:39 Symboliquement, c'est compliqué de faire entrer 23 cercueils au Panthéon,
00:09:43 donc il faut bien choisir un symbole.
00:09:45 Mais pour corriger, finalement, on ne peut pas parler d'oubli,
00:09:49 parce qu'ils sont bien sûrs, ils rentrent symboliquement avec lui,
00:09:52 il va y avoir la position d'une plaque dans le caveau.
00:09:54 Donc Missak et Méliné vont être placées dans le caveau numéro 13
00:09:57 et il va y avoir une plaque avec le nom des 22 autres membres du groupe
00:10:02 qui ont été aussi exécutés.
00:10:04 Donc 22 et Joseph Epstein, qui était le chef des FTP pour la région parisienne.
00:10:13 Et cette plaque va être à poser dans le caveau.
00:10:17 Donc 22 d'entre eux ont été exécutés il y a 80 ans, jour pour jour,
00:10:22 au Mont-Valérien.
00:10:22 Et il ne faut pas oublier Olga Banzisch, qui était la seule femme de ce groupe
00:10:26 qui a été exécutée en mai 1944 en Allemagne,
00:10:29 puisqu'on n'exécutait pas les femmes en France les années 90.
00:10:32 Et Olga qui avait un rôle extrêmement dangereux et extrêmement important,
00:10:37 c'est elle qui s'occupait des armes.
00:10:39 Et c'est chez elle qu'étaient stockées les armes du groupe.
00:10:43 Mais une des raisons pour lesquelles...
00:10:44 - Elle a été décapitée, son arrivée en Allemagne.
00:10:46 Elle a connu un destin différent des autres fusillés au Mont-Valérien.
00:10:50 - Absolument, absolument.
00:10:51 Mais si j'ai tenu aussi à faire un livre sur le couple,
00:10:55 c'est pour rendre hommage aux femmes de la Résistance
00:10:58 et aux femmes des FTP-Moi, dont le rôle est parfois sous-estimé.
00:11:02 - Or, elles étaient nombreuses lorsqu'il y a l'arrestation en novembre...
00:11:08 - Et on va écouter, pardonnez-moi, cette cérémonie qui débute.
00:11:11 - ...écrit une lettre à Méliné, son épouse.
00:11:14 - Ma chère Méliné, ma petite orpheline bien-aimée,
00:11:32 dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde.
00:11:35 On va être fusillés cet après-midi à 15h.
00:11:39 Cela m'arrive comme un accident dans ma vie.
00:11:41 Je n'y crois pas.
00:11:43 Et pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais.
00:11:47 Que puis-je t'écrire ?
00:11:49 Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
00:11:52 Je m'étais engagé dans l'armée de la libération en soldats volontaires
00:11:56 et je meurs à deux doigts de la victoire et du but.
00:11:59 Bonheur à ceux qui vont nous survivre
00:12:02 et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain.
00:12:07 Je suis sûr que le peuple français
00:12:09 et tous les combattants de la liberté
00:12:10 sauront honorer notre mémoire dignement.
00:12:14 Au moment de mourir,
00:12:16 je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand
00:12:19 et contre qui que ce soit.
00:12:21 Chacun aura ce qu'il mérite,
00:12:23 comme châtiment et comme récompense.
00:12:28 Le peuple allemand et tous les autres peuples
00:12:30 vivront en paix et en fraternité après la guerre
00:12:33 qui ne durera plus longtemps.
00:12:35 Bonheur à tous.
00:12:38 J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendu heureuse.
00:12:42 J'aurais bien voulu avoir un enfant de toi,
00:12:45 comme tu le voulais toujours.
00:12:47 Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute,
00:12:51 et d'avoir un enfant pour mon honneur
00:12:53 et pour accomplir ma dernière volonté.
00:12:56 Marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse.
00:13:00 Tous mes biens et toutes mes affaires,
00:13:01 je les lègue à toi, à ta sœur et pour mes neveux.
00:13:07 Après la guerre,
00:13:09 tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre
00:13:11 en tant que ma femme,
00:13:13 car je meurs en soldat régulier
00:13:14 de l'armée française de la libération.
00:13:17 Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer,
00:13:19 tu feras éditer mes poèmes et mes écrits
00:13:21 qui valent d'être lus.
00:13:23 Tu apporteras mes souvenirs, si possible,
00:13:25 à mes parents en Arménie.
00:13:29 Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure,
00:13:33 avec le courage et la sérénité d'un homme
00:13:34 qui a la conscience bien tranquille,
00:13:37 car personnellement, je n'ai fait de mal à personne.
00:13:41 Et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine.
00:13:45 Aujourd'hui, il y a du soleil,
00:13:48 et c'est en regardant le soleil et la belle nature
00:13:50 que j'ai tant aimé, que je dirai adieu à la vie
00:13:53 et à vous tous, ma bien chère femme
00:13:56 et mes bien chers amis.
00:14:02 Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal
00:14:06 ou qui ont voulu me faire du mal,
00:14:08 sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau
00:14:12 et ceux qui nous ont vendus.
00:14:15 Je t'embrasse bien fort ainsi que ta soeur
00:14:17 et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près.
00:14:20 Je vous serre tous sur mon cœur.
00:14:22 Adieu, ton ami, ton camarade, ton mari.
00:14:28 Manouchian, Michel.
00:14:31 Liané Goethe.
00:14:34 Post scriptum,
00:14:36 j'ai 15 000 francs dans la valise de la rue de Provence.
00:14:40 Si tu peux les prendre, rends mes dettes
00:14:42 et donne le reste à Armen.
00:14:50 Le 21 février 1944, avec 21 de ses camarades,
00:14:55 il est exécuté au Mont-Valérien.
00:14:58 Golda Banschig est envoyée en Allemagne pour être guillotinée.
00:15:03 Le supérieur de MISAC, Joseph Epstein, arrêté avec lui,
00:15:09 est condamné à mort dans un autre procès
00:15:11 et fusillé lui aussi au Mont-Valérien.
00:15:20 Celestino Alfonso.
00:15:23 Mort pour la France.
00:15:25 Golda Banschig.
00:15:27 Mort pour la France.
00:15:29 Joseph Boksov.
00:15:32 Mort pour la France.
00:15:34 Georges Cloarec.
00:15:36 Mort pour la France.
00:15:38 Rino De La Negra.
00:15:40 Mort pour la France.
00:15:42 Thomas Elek.
00:15:44 Mort pour la France.
00:15:46 Joseph Epstein.
00:15:48 Mort pour la France.
00:15:50 Maurice Fingerschwag.
00:15:52 Mort pour la France.
00:15:54 Spartaco Fontano.
00:15:56 Mort pour la France.
00:15:58 Jonas Geduldic.
00:16:00 Mort pour la France.
00:16:02 Emmerich Glas.
00:16:04 Mort pour la France.
00:16:06 Léon Goldberg.
00:16:08 Mort pour la France.
00:16:10 Shlomak Zivak.
00:16:12 Mort pour la France.
00:16:14 Stanislas Kubacki.
00:16:16 Mort pour la France.
00:16:18 Cesare Luccarini.
00:16:20 Mort pour la France.
00:16:22 Misak Manouchian.
00:16:24 Mort pour la France.
00:16:26 Armenak Arpen Manoukian.
00:16:29 Mort pour la France.
00:16:31 Marcel Raimann.
00:16:33 Mort pour la France.
00:16:35 Roger Ruxel.
00:16:37 Mort pour la France.
00:16:39 Antoine Salvadori.
00:16:41 Mort pour la France.
00:16:43 Willy Shapiro.
00:16:45 Mort pour la France.
00:16:47 Amadeo Usseglio.
00:16:49 Mort pour la France.
00:16:51 Wolf Waschbroth.
00:16:53 Mort pour la France.
00:16:55 Robert Wichitz.
00:16:57 Mort pour la France.
00:16:59 Les cercueils vont à présent faire mouvement et remonter la rue Soufflot.
00:17:15 Ils marqueront trois arrêts portés par 14 légionnaires de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère.
00:17:21 C'est l'un des deux régiments qui rallient en tant qu'unité constituée les forces françaises libres.
00:17:27 Ce régiment est décoré de la médaille de la résistance et compagnons de la libération.
00:17:31 Comme Misak Manouchian et ses camarades entrés en résistance.
00:17:35 Ce sont des étrangers qui ont fait le choix de servir pour la France.
00:17:38 On l'a entendu, mort pour la France à l'énoncé de chacun de ces noms par l'acteur et réalisateur français d'origine arménienne Serge Avedikian.
00:17:45 À l'instant, Gérard Streff, c'était important.
00:17:48 Au-delà d'ailleurs du groupe Manouchian, un travail de reconnaissance de tous les résistants fusillés du Mont-Valérien
00:17:53 a été réalisé à la demande du président Emmanuel Macron, afin qu'ils se voient tous attribuer la mention "mort pour la France".
00:17:59 Absolument. J'ai retrouvé ce chiffre il y a peu. Sur les 1000 fusillés au Mont-Valérien, 74% étaient communistes.
00:18:12 Donc il y a tout de même une volonté maintenant de reconnaître quelque chose qui avait été un peu oublié un long moment.
00:18:22 Je pense que nous assistons à cette remise en ordre, si je puis dire, du souvenir.
00:18:32 Le dernier membre du groupe Manouchian à avoir obtenu la mention "mort pour la France" était l'année dernière.
00:18:38 Je crois que Missak Manouchian n'avait obtenu que dans les années 70. Il a fallu un long processus pour qu'il soit reconnu mort pour la France.
00:18:44 C'était important pour lui. D'ailleurs, dans cette lettre lu par Patrick Bruel il y a quelques instants,
00:18:50 cette lettre écrite le 21 février 1944, juste avant d'être fusillé depuis la prison de Frenne.
00:18:55 Il le dit "je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération".
00:18:59 Absolument. Et cette formule de soldat qu'il utilisera plusieurs fois lors du procès qui précède de peu son exécution,
00:19:08 a le don de mettre en rage les Allemands qui organisent le procès, parce qu'ils ne veulent voir en lui qu'un aventurier, qu'un étranger, etc.
00:19:17 Non, je suis un soldat, vous êtes des soldats, nous faisons une guerre entre soldats.
00:19:21 C'était quelque chose de très important pour lui et je pense de très fort aussi dans l'expression.
00:19:28 Mais on le voit sur cette fameuse photo, on le voit en uniforme lorsqu'il s'est engagé dans l'armée française.
00:19:34 Et cette photo, ce qui a été pris au camp de Colpo dans le Morbihan dont vous parliez tout à l'heure,
00:19:38 on le voit qu'il est fier de porter cet uniforme de l'armée française à ce moment-là.
00:19:42 Oui, tout à fait.
00:19:44 Ce qui frappe aussi dans cette lettre, c'est l'absence totale de rancœur, cette grandeur d'âme qu'il exprime à l'égard des Allemands.
00:19:50 Il n'a aucun ressentiment, aucune haine contre le peuple allemand.
00:19:54 Le seul envers lequel il exprime l'absence de pardon, c'est le commissaire politique de son unité, Joseph Davidovitch, qui l'a trahi.
00:20:04 Absolument. Davidovitch va disparaître en fin octobre. On se demande où il est passé.
00:20:13 En fait, cet homme qui a eu jusque-là un passé absolument exemplaire de militant, de résistant, de fidélité, donne tout sous la torture.
00:20:25 Avant de réintégrer son unité, ce qui ne dupera pas d'ailleurs ses comparses qui finalement vont eux-mêmes le tuer à partir du mois de décembre.
00:20:33 Absolument. On peut penser que s'il a été remis dans le circuit, c'était pour essayer de joindre la direction nationale des gens comme Duclos, etc.
00:20:45 Jacques Duclos qui à l'époque a été l'un des dirigeants de la résistance sur le sol français.
00:21:02 Ces cercueils portés par ces légionnaires de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère marqueront trois arrêts sur leur parcours le long de cette rue Soufflot.
00:21:11 Oui, il y a ces légionnaires, mais il y a aussi la présence de ces jeunes. C'est ce qui marque au cours des dernières cérémonies d'entrée au Panthéon, c'est qu'on intègre beaucoup les jeunes.
00:21:21 Et pour cette cérémonie d'hommage à Manouchan, il y a eu tout un travail préalable dans de nombreuses écoles partout en France.
00:21:26 J'en parlais avec Fabrice Grenard de la Fondation de la Résistance qui m'a dit que ça a été vraiment un engouement autour de la figure de Missak Manouchan.
00:21:32 Il y a beaucoup d'écoles, des collèges, des écoles primaires qui ont travaillé, qui ont fait des projets, qui ont repris la fiche rouge, qui ont écrit des poèmes.
00:21:39 Et l'idée, c'est de transmettre aussi.
00:21:41 C'est aussi à cela que servent ces cérémonies de panthéonisation, comme on le dit dans la novlangue, ces néologismes.
00:21:48 Mais en tout cas, voilà, ces entrées au Panthéon aussi pour but de transmettre la mémoire aux jeunes générations.
00:21:55 Trois arrêts, on l'a dit. Le premier, chaque arrêt, bien sûr, correspond à une symbolique.
00:22:00 La première, c'est "Survivre". Vous entendez 90 enfants de la chorale de la maîtrise populaire de l'opéra comique.
00:22:06 Ils interprètent "Ils sont tombés" de Charles Aznavour.
00:22:08 Ils sont tombés, ils sont tombés.
00:22:19 Ils sont tombés, sans trop savoir pourquoi,
00:22:28 Hommes, femmes et enfants,
00:22:32 Ils ne voulaient que vivre,
00:22:36 Avec des gestes lourds,
00:22:39 Comme des hommes livres,
00:22:43 Mutilés, massacrés,
00:22:46 Des yeux ouverts, des fois.
00:22:50 Ils sont tombés, en invoquant leur Dieu,
00:22:57 Au seuil de leur église,
00:23:01 Sous le palais de leur porteur,
00:23:05 En trouvant la naissance,
00:23:08 Situant en grandeur,
00:23:12 T'es rasséé par la soif,
00:23:15 La faim, le fer, le feu.
00:23:19 Nul ne pourra l'avoir,
00:23:23 Dans un monde euphorique,
00:23:26 Tandis que croupissait,
00:23:30 Un peuple dans son sang,
00:23:34 Leur ombre découvrait,
00:23:37 Le jazz et sa musique,
00:23:41 Les plaintes des trompettes,
00:23:44 Couvraient les filles d'enfants.
00:23:48 Ils sont tombés,
00:23:52 Uniquement sans bruit,
00:23:56 Pas milliers, pas millions,
00:24:00 Sans que le monde bouge,
00:24:04 Devenant un instant,
00:24:08 Minuscule fleur rouge,
00:24:12 Recouverte par un vent de sable,
00:24:16 Et puis l'oubli.
00:24:20 Ils sont tombés,
00:24:24 Ils sont tombés,
00:24:28 Ils sont tombés,
00:24:32 Ils sont tombés,
00:24:36 Les yeux blancs de soleil,
00:24:40 Comme un oiseau qu'envole,
00:24:44 Une meule fracasse,
00:24:48 Pour mourir n'importe où,
00:24:51 Et sans laisser de traces,
00:24:55 Ignorés, oubliés,
00:24:58 Dans leur dernier sommeil.
00:25:02 Ils sont tombés,
00:25:06 En croyant ingénues,
00:25:09 Que leur enfant pourrait,
00:25:13 Continuer leur enfance,
00:25:17 Qu'un jour ils fouleraient,
00:25:21 Éterneux d'espérance,
00:25:25 Dans les pays ouverts,
00:25:28 D'hommes hommes entendus.
00:25:32 Moi je suis de ce peuple,
00:25:36 Qui dort sans sépulture,
00:25:39 Qui a choisi de mourir,
00:25:43 Sans abdiquer sa foi,
00:25:47 Qui n'a jamais baissé,
00:25:50 La tête sous l'injure,
00:25:54 Qui survit malgré tout,
00:25:57 Et qui ne se plaint pas.
00:26:01 Ils sont tombés,
00:26:05 Pour hanter dans la nuit,
00:26:09 Éternels détents,
00:26:13 Au bout de leur courage,
00:26:17 La mort des attrapés,
00:26:21 Sans demander leur âge,
00:26:25 Puisqu'ils étaient frottis,
00:26:30 D'être enfants,
00:26:34 Enfants aménis.
00:26:42 Et c'est donc "Ils sont tombés" de Charles Aznavour,
00:26:45 cette chanson qui a été choisie pour incarner cette première scène
00:26:49 le long du passage de ces deux cercueils de Missak et Méliné.
00:26:54 Vous le voyez, Manouchian qui vont reprendre leur parcours à présent.
00:26:58 "Ils sont tombés" de Charles Aznavour, ce n'est pas anodin.
00:27:01 On va évoquer le rôle qu'a joué Charles Aznavour, qu'a joué la famille Aznavour
00:27:04 dans le parcours de Missak et Méliné Manouchian.
00:27:07 Mais d'abord peut-être le thème de cette chanson.
00:27:09 "Ils sont tombés" sur le génocide arménien.
00:27:12 Le génocide arménien, Missak Manouchian en est un rescapé.
00:27:17 C'est un orphelin de génocide de même que Méliné.
00:27:21 Le drame auront marqué sa vie finalement, le génocide arménien
00:27:24 et puis un deuxième génocide, la seconde guerre mondiale.
00:27:27 Il va être né sous le signe du génocide et ensuite, oui oui absolument.
00:27:31 Il avait 9 ans au moment du génocide, elle en avait 2.
00:27:35 Ils seront pris en charge par des associations arméniennes, fort heureusement.
00:27:41 Et mis dans des orphelinats, un orphelinat catholique pour lui,
00:27:44 un orphelinat protestant pour elle.
00:27:47 C'est là dans cette...
00:27:48 - C'est ce qui est devenu depuis le Liban d'ailleurs.
00:27:50 - Oui exactement, c'est un peu dans la région de Beyrouth.
00:27:53 Et là il se familiarise avec la culture française
00:27:58 et il deviendra vite amoureux de la langue française, des mots français.
00:28:03 - Et le rôle de la famille Aznavour, à non pas Charles lui-même,
00:28:08 mais ses parents qui ont notamment abrité, caché Méliné.
00:28:12 - Oui qui étaient très liés à Méliné et à Missak,
00:28:15 qui ont vu grandir le petit Charles,
00:28:17 notamment quand il a commencé à faire ses premiers concerts,
00:28:19 ses premiers tours de chant.
00:28:21 Et ce sont eux qui ont effectivement caché Méliné
00:28:23 après l'arrestation de Missak Manouchian.
00:28:25 Pour revenir sur le génocide arménien,
00:28:27 c'est aussi un événement fondateur pour Missak Manouchian
00:28:30 parce qu'à l'âge de 2 ans, comme vous le disiez,
00:28:33 il a vu aussi son père mourir les armes à la main.
00:28:35 Parce que son père a résisté contre les Turcs à ce moment-là.
00:28:38 Et je pense que c'est quelque chose aussi de fondateur dans son esprit,
00:28:41 de résister aussi.
00:28:42 - Absolument. Et donc le papa était paysan
00:28:44 et les parents de Méliné, c'était plutôt la petite bourgeoisie
00:28:49 de la capitale d'Istanbul.
00:28:54 Il était à la direction de la poste d'Istanbul,
00:28:58 mais exécuté également comme...
00:29:00 - C'est à Paris qu'ils vont se rencontrer en 1934.
00:29:03 Et puis très rapidement, ils vont se marier.
00:29:06 1936, Missak Manouchian épouse Méliné à Sadorian.
00:29:12 - Absolument.
00:29:14 - Voilà le parcours du cercueil qui se poursuit
00:29:17 avec dans un instant une deuxième scène.
00:29:19 "Choisir", 4 comédiens liront des textes des carnets de Missak Manouchian.
00:29:24 Car c'est aussi cela, Manouchian,
00:29:26 le parcours d'un homme, d'un ouvrier menuisier
00:29:29 devenu tourneur à son arrivée en France, autodidacte,
00:29:32 mais qui également, au contact notamment de la communauté intellectuelle arménienne,
00:29:36 s'est beaucoup intéressé à la littérature française,
00:29:39 s'est rendu assidûment à la bibliothèque sainte Geneviève
00:29:42 au point de devenir lui-même poète.
00:29:45 - Tout à fait. Il était poète...
00:29:48 Il a une envie de poésie très, très tôt.
00:29:51 On raconte que déjà à l'orphelinat,
00:29:54 il écrivait des petits poèmes qui étaient très efficaces.
00:29:58 Et puis surtout, cet amour de la France,
00:30:03 ce rêve de la France et de la culture française.
00:30:07 Un de ses livres de chevet sera "Romain Rolland",
00:30:11 qui était un pacifiste.
00:30:13 Et on peut peut-être faire une filiation entre le Romain Rolland
00:30:16 qui l'a lu et ce qu'il dit sur "Je meurs sans haine".
00:30:19 - Oui, le Jean-Christophe de Romain Rolland.
00:30:22 - On écoute d'ailleurs ses comédiens,
00:30:24 notamment Céline Samy, ex-sociétaire de la comédie française,
00:30:27 Serge Bogdassarian, Lisa Toromanian et François Ferroletto,
00:30:32 qui lisent à présent ses extraits des carnets de Missach Manouchian.
00:30:36 - Avec lesquels les cœurs se tiennent chauds.
00:30:40 Dans le miroir, en vain, je m'efforce
00:30:45 de mettre un sourire sur mes lèvres désolées
00:30:48 pour être l'ami du chant de la rue.
00:30:53 Je regarde, troublée, ce moment qui tombe
00:31:00 sur la roue de l'année.
00:31:03 Autour de moi, on dirait que chaque chose vieillit.
00:31:11 Mon âme, ce soir, est une mer en furie.
00:31:17 Le vent dément de la vie bat en vain
00:31:22 dans la voile ruinée de mes pensées.
00:31:29 Il faut que ma vengeance se réalise dans l'art
00:31:33 et non contre les hommes, car c'est trop bas
00:31:36 et ça ne vaut pas la peine.
00:31:39 La vie est trop courte, il ne faut pas perdre de temps
00:31:42 avec des passions stériles.
00:31:44 Aujourd'hui, c'est le premier jour du Congrès antifasciste
00:31:50 qui se tient dans la salle Pléiel,
00:31:52 où je suis également envoyée comme déléguée
00:31:56 parmi 3500 délégués qui représentent des millions d'ouvriers.
00:32:02 Ils sont venus pour dialoguer, débattre et décider
00:32:09 sur les moyens par lesquels il faut combattre le fascisme.
00:32:14 J'ai le désir infini d'entrer dans les rangs du Parti communiste
00:32:20 et de me consacrer à la lutte sociale.
00:32:25 Le Congrès m'a laissé une étrange impression
00:32:28 et m'inspire le fort désir d'écrire un poème
00:32:32 dans lequel la lumière lutte contre les ténèbres.
00:32:37 Ce poème germe dans mon esprit,
00:32:40 dont le thème va être la souffrance de l'esprit.
00:32:45 Les pans de la nuit sont tombés en silence
00:32:51 sur la taille nue de la Méditerranée, enivrées de soleil.
00:32:58 Tel la coupole arrondie du temps,
00:33:02 le ciel constellé est descendu sur la mer
00:33:06 dans l'horizon illimité.
00:33:09 Et comme le bateau, toujours sur sa lancée,
00:33:15 au plus profond nocturne de la mer,
00:33:18 captif de l'étendue mystérieuse,
00:33:21 comme l'écume qui, dans une course folle, jaillit à l'arrière,
00:33:27 mes pensées me suivent et mon âme, enfiévrée, avance.
00:33:35 J'ai laissé derrière moi mon enfance au soleil,
00:33:41 nourrie de nature,
00:33:44 et ma noire condition d'orphelin tissée de misère et de privation.
00:33:51 Je suis encore un adolescent,
00:33:56 ivre d'un rêve de livres et de papiers.
00:34:01 Je m'en vais,
00:34:04 mûrir par le labeur de la conscience et de la vie.
00:34:09 Le désir est infini
00:34:12 et semblable à cette mer illimitée, inexplicable,
00:34:17 comme le mystère insondable des ténèbres.
00:34:22 Je désire jouir de la lumière de la sagesse
00:34:27 et de l'art et du vin,
00:34:31 et arracher dans le grand combat de la vie de précieux lauriers.
00:34:40 Indispensable comme l'alimentation quotidienne,
00:34:45 je dois chaque jour nourrir ma pensée et mon âme de savoir et de poésie
00:34:51 pour ne pas être brûlé dans ma vie quotidienne,
00:34:55 pour me renforcer,
00:34:57 me fabriquer une cuirasse face au combat social de chaque jour,
00:35:01 pour affronter et me tenir le front haut
00:35:04 devant le sévère et implacable juge qu'est ma conscience.
00:35:09 Je me libère relativement de ce combat
00:35:14 quand je parle avec mes plus grands et plus sincères amis,
00:35:21 qui sont mes livres.
00:35:25 (...)
00:35:30 En avant. Marche.
00:35:34 Un, deux, trois.
00:35:39 (...)
00:35:48 (...)
00:36:09 -Au moment des émeutes fascistes du 6 février 1934,
00:36:14 le cortège, ces deux cercueils portés par ces 14 légionnaires
00:36:19 de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère
00:36:21 reprennent leur avancée en direction du Panthéon
00:36:25 avant un tout dernier arrêt, une dernière scène.
00:36:28 Dans un instant, sur le thème de résister,
00:36:32 vous entendrez 90 enfants de la chorale de la maîtrise populaire
00:36:35 de l'opéra comique interpréter la complainte du partisan,
00:36:38 à ne pas confondre avec le chant des partisans
00:36:40 qui sera ensuite entonné à l'arrivée place du Panthéon
00:36:43 dans la Complainte du partisan, écrite à Londres en 1943
00:36:46 par Emmanuel Dastier, de la vigerie diffusée à la BBC
00:36:49 et destinée à la France occupée, car c'est bien effectivement
00:36:53 la résistance qui est aujourd'hui honorée à travers ces 25 figures.
00:36:58 Bien sûr, Missak, Emeline et Manouchian,
00:37:01 mais également 23 de leurs compagnons d'armes.
00:37:03 On vient de l'entendre à l'instant, ces poèmes de Missak-Manouchian
00:37:06 sous le thème de choisir, car il a bien choisi de sortir
00:37:09 de ce déterminisme, lui qui est né dans un pays,
00:37:12 une région du monde en proie à l'époque à un génocide
00:37:15 qui a dû fuir, arriver orphelin en France, ouvrier,
00:37:19 qui d'une certaine manière s'est extrait de sa condition ouvrière
00:37:22 pour tenter effectivement d'abord s'élever à la culture française
00:37:26 qui n'était pas sa culture de naissance,
00:37:28 et également au goût des lettres.
00:37:30 Et on l'a entendu effectivement à travers ces extraits
00:37:33 de ces carnets, qui n'étaient d'ailleurs pas tous des poèmes,
00:37:35 mais également cette lettre qui a été lue
00:37:38 plus tôt dans cette cérémonie par Patrick Voel.
00:37:40 Ce goût des mots, c'est véritablement ce qui marquait
00:37:43 les différentes facettes de la personnalité de Missak-Manouchian
00:37:46 et qui en fait définitivement, on peut le dire, Stéphanie Trouillat,
00:37:49 un personnage, disons en tout cas aujourd'hui,
00:37:55 que peut célébrer la culture française,
00:37:59 qui d'une certaine manière incarne réellement
00:38:02 un pan de l'histoire de France du XXe siècle.
00:38:05 Oui, et puis je pense que c'est quelqu'un qui aimait la culture française
00:38:08 et qui voulait aussi rentrer dans cette culture par ses écrits.
00:38:12 Et finalement, il l'a fait avec cette dernière lettre, en fait,
00:38:14 qui est l'une des plus belles lettres écrites de l'histoire de France.
00:38:18 Il a finalement réussi son but, malheureusement,
00:38:21 avec ce destin tragique.
00:38:23 Au point que Louis Aragon, effectivement, fit un poème
00:38:25 et allait offrir une chanson.
00:38:27 Une chanson qui fut longtemps interdite, d'ailleurs,
00:38:31 dans certains médias français.
00:38:34 Ce que j'apprécie aussi dans la personnalité de Manouchian,
00:38:38 c'est ce côté artiste, ce côté homme de culture.
00:38:42 Je pense que quand il est passé à l'action armée,
00:38:46 c'était pour lui quelque chose de compliqué,
00:38:49 parce que ce n'était pas dans sa nature.
00:38:52 Il a dû se forcer un peu.
00:38:55 Ce n'est pas évident d'avoir ce type de comportement.
00:38:59 Je trouve que ça l'humanise encore plus,
00:39:04 cette complexité du personnage Manouchian.
00:39:07 On écoute à présent ces enfants de la chorale,
00:39:09 de la maîtrise populaire de l'opéra comique.
00:39:11 Ils interprètent la complainte du partisan.
00:39:14 Personne n'a de problème
00:39:21 Où je dois aller, où je vais
00:39:28 Vous qui le savez
00:39:33 Personne n'a de problème
00:39:38 Où je dois aller, où je vais
00:39:43 Effacer mon passage
00:39:50 Où...
00:39:58 Bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam
00:40:05 J'ai changé tant fois de nom
00:40:09 J'ai perdu ma vie en front
00:40:13 Mais j'ai tant d'amis
00:40:18 Et j'ai la force encielle
00:40:25 Ouh !
00:40:32 -Bam !
00:40:33 -Bam, bam, bam.
00:40:36 Bam, bam.
00:40:37 Bam, bam, bam.
00:40:40 Un mélange dans un douanier
00:40:43 Où la nuit nous a cachés
00:40:47 Les soldats et nos crimes.
00:40:53 Il est grand sans surprise.
00:40:59 Ouh !
00:41:07 -Bam !
00:41:08 -Bam, bam, bam.
00:41:10 Bam, bam.
00:41:12 Bam, bam, bam.
00:41:14 Il est encore osé s'envoir
00:41:18 Il ne reste plus qu'un doigt
00:41:23 Et je trouve l'amour
00:41:27 Dans l'abri d'eau
00:41:31 Du fond du ciel.
00:41:34 Ouh !
00:41:41 -Le vent passe sur les tombeaux
00:41:46 -Ouh !
00:41:49 -La nuit est le royaume
00:41:55 -Il n'y a plus d'ordre.
00:41:57 -On nous oubliera
00:42:04 Nous renseignerons
00:42:08 Pour l'homme
00:42:13 -Ouh !
00:42:20 -Bam !
00:42:21 -Bam !
00:42:22 -Bam !
00:42:24 -Bam !
00:42:25 -Bam !
00:42:26 -Bam !
00:42:27 -Bam !
00:42:28 -Bam !
00:42:30 -Bam !
00:42:31 -Bam !
00:42:32 -Bam !
00:42:33 -Bam !
00:42:34 -Bam !
00:42:36 -Bam !
00:42:37 -Bam !
00:42:38 -Bam !
00:42:39 -Bam !
00:42:40 -Bam !
00:42:42 -Donc ce sont à nouveau ces enfants de la chorale de la maîtrise populaire de l'opéra-comique
00:42:46 Cela même qui lors de la première scène "Survivre" avait interprété la chanson "Ils sont tombés" de Charles Aznavour
00:42:50 Qui viennent, vous l'entendez, d'interpréter "La Complainte du Partisan"
00:42:54 Une chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel Dastier de Lavigerie
00:42:58 Et diffusée à l'époque sur la BBC à destination de la France occupée
00:43:02 C'est ainsi que "La Résistance de l'étranger" s'adressait aux Français
00:43:06 -Je rajouterais par Anna Marley aussi
00:43:09 C'est important, c'est elle qui a composé la musique, elle était d'origine russe
00:43:12 Et c'est aussi celle qui a composé le chant des Partisans qu'on va écouter juste après
00:43:16 -Avec des paroles de Joseph Kessel -Et Maurice Druyant
00:43:18 -Eh oui
00:43:19 -Donc "La Complainte du Partisan" c'est un chant qui est moins connu mais qui est aussi très fort
00:43:24 Et qui a aussi été repris par Léonard Cohen
00:43:26 Qui en avait fait une interprétation très puissante aussi, très forte
00:43:30 -Voilà, et donc la procession se poursuit en direction cette fois de la place du Panthéon
00:43:35 On est tout près maintenant de l'entrée dans le Panthéon qui sera précédée effectivement du chant des Partisans
00:43:40 Qu'on va entendre dans un instant
00:43:42 Et puis il y aura également l'affiche rouge qui sera interprétée, alors non pas par Léo Ferré bien sûr
00:43:47 Mais par Feuchterton, mais ce sera effectivement la chanson écrite à l'époque par Léo Ferré
00:43:54 Peut-être quelques instants car on n'aura pas tellement le temps de le faire par la suite
00:43:58 Mais il y a effectivement autour de cette cérémonie, on le sait, une polémique
00:44:01 La présence de Marine Le Pen du Rassemblement National
00:44:04 Pour une cérémonie censée honorer les résistants de l'étranger et communistes
00:44:09 Vous-même Gérard Streif, ça vous a choqué ?
00:44:11 -Oui, choqué, je trouve ça indécent et insultant
00:44:15 Parce qu'en vérité c'est tout de même l'extrême droite qui a dirigé la France de 1939 à 1945
00:44:21 Ce sont ses ancêtres
00:44:23 -Même si Marine Le Pen dit ne pas s'inscrire dans cette héritage
00:44:25 -Oui d'accord, mais elle dit beaucoup de choses
00:44:27 Et puis les brigades spéciales qui ont démantelé, les brigades françaises
00:44:32 Qui ont démantelé les FTP-BOI étaient largement noyautées par l'extrême droite
00:44:37 Des gens qui par idéologie adhéraient
00:44:40 Donc non, c'est insultant, c'est insultant tout de même
00:44:44 -Et les familles, les descendants, on l'a rappelé au cours des derniers jours
00:44:49 Notamment Gilles Dufault qui est le fils de Joseph Epstein
00:44:53 Qui a trouvé assez insupportable la présence de Marine Le Pen à cette cérémonie
00:44:58 Pour les raisons que vous avez rappelées
00:45:01 -Voilà, c'est dit, voilà la place pour la polémique
00:45:04 On va évidemment revenir à cette cérémonie qui se déroule
00:45:07 On a vu Nicole Pachinian, le Premier ministre arménien
00:45:09 Aux côtés d'Emmanuel Macron
00:45:11 Car évidemment c'est aussi un apatride
00:45:14 Mais de... Arménien de naissance
00:45:17 Qui certes voulait devenir français
00:45:19 Mais qui a aussi contribué par ses actes
00:45:22 -Et pas seulement lui, puisqu'on le voit effectivement
00:45:24 Dans les 25 qui sont honorés aujourd'hui
00:45:27 Un certain nombre de patronimes arméniens
00:45:30 Eh bien, montrez aussi à quel point la communauté arménienne de France
00:45:34 A joué un rôle important dans cette résistance
00:45:37 -Dans cette résistance
00:45:38 Et l'immense fierté aujourd'hui de la communauté arménienne
00:45:41 Moi je fais plusieurs débats
00:45:43 Il y a souvent des Arméniens là
00:45:45 Et ils sont très très fiers de cette entrée
00:45:50 Manouchian
00:45:53 -Vous parliez de la présence de représentants de pays étrangers
00:45:57 Hier j'étais particulièrement marquée
00:45:59 Par la présence de l'ambassadeur d'Allemagne en France
00:46:02 Qui s'est rendu en Mont-Valérien
00:46:04 Lors de la veillée
00:46:05 Et qui se recueillit devant le cercueil de Missach Manouchian
00:46:08 Donc c'est un moment aussi très fort
00:46:10 Et puis ça rappelle aussi cette phrase
00:46:12 Dans la lettre de Missach Manouchian
00:46:14 "Je n'ai aucune haine contre le peuple allemand"
00:46:16 Et 80 ans après, l'ambassadeur allemand
00:46:18 Qui se recueille devant sa dépouille
00:46:21 Et les pays représentés
00:46:21 Il y a l'ambassadeur de Hongrie, d'Espagne, de Moldavie
00:46:24 De Pologne, d'Italie et de Roumanie
00:46:26 Qui sont donc présents à cette cérémonie
00:46:28 Et puis évidemment de très nombreuses associations
00:46:30 Sont également représentées
00:46:32 Ainsi que des groupes d'anciens combattants
00:46:35 Et d'anciens déportés
00:46:36 Voilà le cercueil qui va à présent s'immobiliser
00:46:39 Devant la place du Panthéon
00:46:41 Et vous l'entendez ce chant des partisans
00:46:43 Interprété par les chœurs de l'armée française
00:46:45 On l'écoute
00:46:47 "Ils ont tenté ces cristaux du pays pour m'enchaîner
00:46:53 Pour les partisans, pour gagner les paysans, c'est la date
00:47:01 Ce soir, les meubles, ils vont être impuissants, des dégâts
00:47:10 Monter de la ville, descendre et coller la matale
00:47:17 Sortir de la paix, les réfugiés, la victoire est extrêmement grave
00:47:25 Combler les tueurs, dans la paix, les hongos, tous aux tués et vides
00:47:34 Compris sur nos coeurs, la nation, à nos bataillons, c'est la limite
00:47:41 C'est nous qui prisonnons les barons dans les prisons pour notre rêve
00:47:49 La haine, la haine à nous tous, c'est la tragédie, nous tous, la misère
00:47:58 Il y a des pays où les gens veulent les lignes, où les rêves
00:48:05 Ici, nous revivrons, marcherons tous, pour le faire
00:48:13 Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe
00:48:22 Ami, si tu tombes, un ami semble lourd, à ta place
00:48:29 Demain, nous s'envolerons, dans l'soleil, sur les routes
00:48:37 Sifflerons, compagnons, dans la nuit, l'allié, l'ennemi, nous écoute
00:48:45 (Musique)
00:49:06 (Bruit de moteur)
00:49:10 (Bruit de moteur)
00:49:13 (Bruit de moteur)
00:49:29 -C'est 14 légionnaires qui viennent de déposer ces cercueils
00:49:38 et qui, dans un instant, vont laisser place à la garde républicaine.
00:49:42 C'est elle qui apportera les cercueils dans l'enceinte du Panthéon.
00:49:46 Le cortège va faire son entrée, mais avant cela,
00:49:48 et après, le chant des partisans que vous venez d'entendre
00:49:50 entendus par le chœur de l'armée française,
00:49:52 il va y avoir, dans un instant, l'interprétation par le groupe
00:49:55 Feuchterton de l'affiche rouge.
00:49:57 C'est cette campagne de propagande menée à l'époque par l'armée allemande
00:50:02 contre 10 des 23 prévenus, qui seront fusillés au Mont-Valérien
00:50:06 et dont vous venez de voir les portraits à l'instant.
00:50:08 Ces résistants de ce qu'on a appelé le groupe Manouchian,
00:50:12 10 d'entre eux, vont voir leur portrait placardé
00:50:15 sur les murs des villes de France, 15 000 exemplaires collés au total
00:50:19 et qui serviront de propagande antisémite
00:50:23 et contre la résistance de ce que les Allemands ont baptisé
00:50:26 l'armée du crime.
00:50:28 Le poète Louis Aragon en a fait un poème
00:50:31 et l'a offert une chanson qui va être interprétée,
00:50:33 dans un instant, par le groupe Feuchterton.
00:50:35 C'est important, l'affiche rouge, dans l'imaginaire,
00:50:38 et le destin de Misak Manouchian.
00:50:41 - Ca devait être une grosse opération de propagande
00:50:44 de discrédit de la résistance.
00:50:46 On voulait dire aux Français "c'est ça votre résistance ?
00:50:49 "Regardez un peu la tête qu'ils ont."
00:50:51 Et curieusement, ça s'est transformé un peu à l'inverse.
00:50:55 C'est-à-dire qu'il y a eu un moment de sympathie.
00:50:59 - Voilà. Et Arthur Théboul est le groupe Feuchterton
00:51:02 qui interprète à présent l'affiche rouge.
00:51:06 - On avait réclamé
00:51:09 La gloire ni les larmes
00:51:12 Ni l'orgue ni la prière
00:51:16 Aux agonisants
00:51:19 Onze ans déjà
00:51:23 Que cela passe vite onze ans
00:51:27 Vous étiez servi
00:51:31 Simplement de vos armes
00:51:36 La mort n'éblouit pas les yeux
00:51:40 Des partisans
00:51:44 Vous aviez vos portraits
00:51:50 Sur les murs de nos villes
00:51:53 Noirs de barbe et de nuit
00:51:57 Irsutes, menaçants
00:52:03 L'affiche qui semblait
00:52:06 Une tache de sang
00:52:09 Parce qu'à prononcer
00:52:13 Aux noms sont difficiles
00:52:16 Ils cherchaient un effet de peur
00:52:23 Sur les passants
00:52:27 Ils ne semblaient vous voir
00:52:30 Français de préférence
00:52:33 Les gens allaient sans yeux
00:52:37 Pour vous le jour du rang
00:52:41 Mais à l'heure du couvre-feu
00:52:47 Les doigts errant
00:52:51 Ils se sont faits en deux
00:52:55 Les morts de la France
00:52:58 Ils étaient différents
00:53:02 Tout avait la couleur
00:53:06 Tout avait la couleur
00:53:10 Tout avait la couleur
00:53:14 Tout avait la couleur
00:53:18 Tout avait la couleur
00:53:23 Tout avait la couleur
00:53:26 Uniforme et du givre
00:53:29 A la fin février
00:53:33 Pour vos derniers moments
00:53:36 C'est alors
00:53:39 Que l'un de vous
00:53:41 Dit calmement
00:53:44 Bonheur à tous
00:53:48 Bonheur à ceux qui vont survivre
00:53:53 Je meurs sans haine en moi
00:53:56 Pour le peuple allemand
00:54:00 Adieu la peine et le plaisir
00:54:10 Adieu les roses
00:54:14 Adieu la vie
00:54:19 Adieu la lumière et le vent
00:54:23 Marie toi, sois heureuse
00:54:29 Et pense à moi souvent
00:54:33 Toi qui vas demeurer
00:54:38 Dans la beauté des choses
00:54:47 Quand tout sera fini
00:54:49 Plus tard en est rêvant
00:54:53 Un grand soleil d'hiver
00:55:05 Éclabre la colline
00:55:08 Que la nature est belle
00:55:15 Et que le coeur me fend
00:55:17 La justice viendra
00:55:22 Sur nos pas triomphants
00:55:26 Ah mon amour
00:55:30 Ma mêlinée
00:55:32 Mon orpheline
00:55:35 Et je te dis de vivre
00:55:44 Et d'avoir un enfant
00:55:47 Ils étaient 23
00:56:01 Quand les fusils fleurirent
00:56:04 23 qui donnaient
00:56:09 Leur coeur avant le temps
00:56:14 23 étrangers
00:56:17 Et nos frères pourtant
00:56:21 23 amoureux
00:56:26 De vivre
00:56:28 À en mourir
00:56:32 23 qui criaient
00:56:39 La fin
00:56:42 En s'abattant
00:56:47 En s'abattant
00:56:50 En s'abattant
00:56:52 En s'abattant
00:56:55 En s'abattant
00:56:59 En s'abattant
00:57:03 Applaudissements
00:57:09 Voilà cette chanson "La fiche rouge" composée par Léo Ferré
00:57:13 Interprétée par le groupe Feuchaterton
00:57:15 Qui reprend les termes de la dernière lettre de Misak Manouchian
00:57:19 A son épouse Mélinée Stéphanie Trouillard
00:57:21 Oui, une interprétation bouleversante
00:57:24 Feuchaterton joue cette chanson depuis 2021
00:57:27 Lors de ses concerts
00:57:29 C'est une chanson qui est connue
00:57:31 Mais c'est aussi un moyen de la transmettre à la nouvelle génération
00:57:33 Parce que c'est un groupe contemporain
00:57:35 Et de continuer à la faire vivre
00:57:37 C'est ce que dit Gérard Streff
00:57:39 Oui, naturellement
00:57:41 Mais j'ai trouvé dans la presse de l'époque
00:57:43 Par exemple, dans les lettres françaises de mars 1944
00:57:47 Donc un mois après l'exécution
00:57:49 Un petit reportage où on raconte
00:57:51 L'attitude des passantes devant "La fiche rouge"
00:57:54 Et il y a déjà des expressions
00:57:56 Par exemple "Mort pour la France" etc
00:57:58 Qui figurent spontanément dans cette actualité-là
00:58:03 Oui, émouvant évidemment
00:58:05 Je voulais évoquer à l'instant
00:58:07 On en a parlé en quelques mots
00:58:09 Ça a évidemment joué un rôle
00:58:11 Dans la constitution du mythe manouchéen
00:58:13 Parce que c'est ce qu'on peut qualifier
00:58:15 D'un véritable échec de propagande
00:58:17 Un fail, comme on dirait aujourd'hui Stéphanie Trouillard
00:58:19 Oui, c'est vraiment un loupé
00:58:21 Ils ont voulu en faire des marqueurs de la menace
00:58:23 Des étrangers, des juifs, des communistes
00:58:25 Et c'est devenu des héros grâce à cette affiche
00:58:27 Et c'est à présent une autre symbolique
00:58:30 Par image qui est projetée sur la façade
00:58:33 Du panthéon "La vie de Missak Manouchian"
00:58:37 Résumée en quatre grandes facettes
00:58:39 Il y a d'abord l'enfance arménienne
00:58:42 Ils sont tombés
00:58:45 En croyant ingénues
00:58:48 Que leurs enfants pourraient
00:58:51 Continuer leur enfance
00:58:55 Qu'un jour ils fouleraient
00:58:58 Des terres d'espérance
00:59:01 Dans des pays ouverts
00:59:04 D'hommes aux mains tendues
00:59:07 En vie
00:59:33 Quand j'étais enfant, je voulais devenir comédien
00:59:38 Mais la vie a fait de moi un poète esselé
00:59:42 Mon âme est pleine de poésie et de musique
00:59:53 La musique de Bach est comme le cours d'un fleuve
00:59:57 Elle est mon meilleur remède
00:59:59 Lorsque mon âme souffre de mots inconnus
01:00:03 La vie de Missak Manouchian
01:00:06 La première fois que nous nous sommes rencontrés
01:00:09 C'était fin 1934
01:00:11 Au cours d'un gala qu'organisait chaque année
01:00:14 Le comité de secours pour l'Arménie
01:00:16 J'avais à peine 22 ans
01:00:19 Le comité de secours
01:00:22 C'était un comité de secours
01:00:25 C'était un comité de secours
01:00:28 C'était un comité de secours
01:00:31 C'était un comité de secours
01:00:34 C'était un comité de secours
01:00:37 C'était un comité de secours
01:00:40 C'était un comité de secours
01:00:43 C'était un comité de secours
01:00:46 C'était un comité de secours
01:00:49 C'était un comité de secours
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01:00:55 C'était un comité de secours
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01:01:01 C'était un comité de secours
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01:01:28 C'était un comité de secours
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01:01:37 C'était un comité de secours
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01:03:03 C'était un comité de secours
01:03:06 C'était un comité de secours
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01:03:12 C'était un comité de secours
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01:03:36 C'était un comité de secours
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01:03:48 C'était un comité de secours
01:03:51 C'était un comité de secours
01:03:54 C'était un comité de secours
01:03:57 C'était un comité de secours
01:04:00 C'est que ces étrangers,
01:04:03 comme on les nomme encore,
01:04:06 croyaient à la justice,
01:04:09 ici-bas et concrète.
01:04:12 Ces étrangers savaient
01:04:15 quelle était leur patrie.
01:04:18 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:21 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:25 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:29 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:33 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:37 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:41 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:46 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:48 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:51 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:55 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:04:59 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:03 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:07 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:11 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:15 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:19 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:23 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:27 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:31 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:35 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:39 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:43 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:48 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:53 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:05:58 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:03 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:08 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:13 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:18 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:23 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:28 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:33 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:38 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:43 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:48 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:53 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:06:58 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:03 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:08 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:13 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:18 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:23 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:28 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:33 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:38 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:43 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:47 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:52 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:07:57 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:02 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:07 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:12 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:17 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:22 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:27 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:32 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:37 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:42 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:47 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:52 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:08:57 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:02 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:07 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:12 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:17 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:22 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:09:27 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
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01:12:41 Le jour de la mort de Jean-Luc Mélenchon
01:12:45 Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?
01:12:50 Des dernières heures, dans la clairière du Mont Valérien,
01:12:54 à cette montagne sainte Geneviève,
01:12:58 une odyssée du XXe siècle s'achève,
01:13:02 celle d'un destin de liberté
01:13:07 qui, depuis Ady Aman, survivante au génocide de 1915,
01:13:11 de famille arménienne en famille kurde,
01:13:14 trouvant refuge au Liban avant de rejoindre la France,
01:13:18 décide de mourir pour notre nation
01:13:21 qui, pourtant, avait refusé de l'adopter pleinement.
01:13:26 Reconnaissance en ce jour d'un destin européen,
01:13:33 du Caucase au Panthéon, et avec lui,
01:13:37 de cette internationale de la liberté, de l'amour et du courage.
01:13:43 Oui, cette odyssée,
01:13:48 celle de Manouche et de tous ses compagnons d'armes,
01:13:51 est aussi la nôtre odyssée de liberté
01:13:55 et de sa part ineffaçable dans le coeur de notre nation.
01:14:02 La reconnaissance en cette heure
01:14:05 de leur part de résistance,
01:14:08 si décennie après Jean Moulin.
01:14:13 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
01:14:16 Oui, s'ils sont libres.
01:14:21 Libres, Missak Manouchi en l'été,
01:14:24 quand il gravissait la rue Soufflot,
01:14:27 en fixant ce Panthéon qu'il accueille aujourd'hui,
01:14:31 libres, sur les bancs de la bibliothèque Sainte-Geneviève,
01:14:35 à quelques mètres d'ici,
01:14:38 découvrant notre littérature et polissant ses idéaux,
01:14:41 libres avec Baudelaire,
01:14:43 dans le vert paradis qui avait le goût de son enfance,
01:14:46 dans une Arménie heureuse,
01:14:48 celle des montagnes, des torrents et du soleil,
01:14:52 libres avec Verlaine,
01:14:54 dont les fantômes saturniens croisaient les siens,
01:14:59 son père, Kevork, tué par les armes,
01:15:02 des soldats ottomans sous ses yeux d'enfant,
01:15:08 sa mère, Vartoui, morte de faim, de maladie,
01:15:13 victime du génocide des Arméniens,
01:15:17 spectres qui vont hanter sa vie,
01:15:21 libres, libres avec Rimbaud,
01:15:24 après une saison en enfer, souvenir partagé
01:15:26 avec son frère Garabed,
01:15:28 et voici les illuminations, les lumières,
01:15:31 celles qu'un instituteur de l'orphelinat au Liban
01:15:34 lui enseigna,
01:15:36 éveille à la langue, à la culture française,
01:15:40 libres, libres avec Victor Hugo
01:15:44 et la légende des siècles,
01:15:46 gloire de sa libre patrie, la France,
01:15:49 terre d'accueil pour les misérables,
01:15:51 vers laquelle Missa Clapatride
01:15:53 choisit à 18 ans de s'embarquer,
01:15:55 livre, écrivait-il, d'un grand rêve de liberté.
01:16:00 Lui, Missa,
01:16:04 maraudeur, étranger, malhabile,
01:16:09 pour reprendre les mots d'un autre poète
01:16:12 et combattant qui choisit la France,
01:16:14 Guillaume Apollinaire,
01:16:17 étranger, orphelin,
01:16:21 bientôt en deuil de son frère tombé malade
01:16:24 et 20 ans à la tâche,
01:16:26 ouvrier chez Citroën, quai de Javel,
01:16:29 licencié soudain,
01:16:31 tremblant si souvent
01:16:33 et de froid et de faim.
01:16:36 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
01:16:41 Ainsi, le soir,
01:16:44 après l'usine,
01:16:46 Missa Kmanouchian étudie.
01:16:50 Ainsi, sous les rayonnages de livres,
01:16:53 Jacques Kmanouchian traduit les poètes français en arménien.
01:16:57 Ainsi écrit-il lui-même,
01:16:59 mots de mélancolie, de privation,
01:17:03 brûlés du froid des hivers parisiens,
01:17:07 mots d'espoir aussi rendus plus chauds
01:17:09 par la fraternité des exilés,
01:17:12 par la solidarité de la diaspora arménienne,
01:17:14 par le foisonnement d'art et de musique,
01:17:17 des revues et des cours en Sorbonne.
01:17:21 La tête est révoltée.
01:17:24 Quand les ligues fascistes défilent en 1934 au cœur de Paris,
01:17:28 Missa Kmanouchian va revivre sous ses yeux
01:17:31 le poison de l'ignorance
01:17:33 et les mensonges raciaux qui précipitèrent en Arménie sa famille à la mort.
01:17:37 Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?
01:17:41 Non.
01:17:43 Alors Missa Kmanouchian embrasse l'idéal communiste,
01:17:48 convaincu que jamais en France on n'a pu impunément
01:17:51 une republique et révolution.
01:17:54 Après 1789, après 1793,
01:17:57 il rêve l'émancipation universelle pour les damnés de la terre.
01:18:01 Et c'est ainsi que Missa Kmanouchian s'engage
01:18:06 contre le fascisme,
01:18:08 au sein de l'international communiste
01:18:11 et bientôt à la tête d'une revue, Zangou,
01:18:14 du nom d'une rivière d'Arménie.
01:18:17 Espoir du Front populaire,
01:18:19 enthousiasme pour les brigades internationales
01:18:21 et les républicains espagnols,
01:18:23 Missa s'engage.
01:18:25 Et c'est ainsi
01:18:28 que Missa Kmanouchian trouve l'amour.
01:18:31 Méliné.
01:18:34 Méliné, enfant du génocide des Arméniens comme lui.
01:18:39 Méliné,
01:18:41 protégée par l'amitié de ses logeurs,
01:18:44 les Aznavouriens,
01:18:46 les parents de Charles, 10 ans alors déjà chanteur.
01:18:50 L'amour,
01:18:53 malgré le dénuement.
01:18:55 Ignorer le passé,
01:18:59 conjuguer le futur,
01:19:01 l'amour fou.
01:19:03 Je vous parle d'un temps que ces gens de 20 ans,
01:19:07 Missa et Méliné,
01:19:09 ont tant aimé connaître.
01:19:11 Libre en France.
01:19:15 Ce pays que Missa a choisi, adolescent,
01:19:18 qui lui a offert des mots pour rêver,
01:19:20 un refuge pour se relever,
01:19:22 une culture pour s'émanciper.
01:19:25 Alors Missa Kmanouchian hisse haut notre drapeau tricolore
01:19:30 lors de ses 150 ans de la Révolution,
01:19:33 en 1939, quand il défile dans le stade de Montrouge.
01:19:37 Alors, pour servir ce drapeau,
01:19:40 Missa Kmanouchian demande par deux fois à devenir Français.
01:19:44 En vain.
01:19:46 Car la France avait oublié
01:19:48 sa vocation d'asile aux persécutés.
01:19:52 Alors, quand la guerre éclate,
01:19:57 Missa Kmanouchian veut s'engager.
01:20:00 Ivre de liberté,
01:20:02 enivré de courage,
01:20:04 enragé de défendre le pays qui lui a tout donné,
01:20:07 tigre enchaîné, selon ses mots de poète,
01:20:09 dans les prisons où le jettent la peur des étrangers,
01:20:12 la peur des communistes,
01:20:14 le mirador du camp allemand où il est détenu en 1941
01:20:19 et où Méliné vient, contre tous les périls,
01:20:23 lui apporter des vivres.
01:20:25 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
01:20:30 Oui.
01:20:32 Au prix du choix délibéré, déterminé,
01:20:36 répété de la liberté.
01:20:42 Car dans Paris occupé,
01:20:45 Missa Kmanouchian rejoint la résistance communiste
01:20:48 au sein de la main-d'oeuvre immigrée, la MOI.
01:20:52 Il se voulait poète, il devient soldat de l'ombre.
01:20:57 Plongé dans l'enfer d'une vie clandestine,
01:21:01 une vie vouée à faire de Paris un enfer pour les soldats allemands,
01:21:04 guerre psychologique pour signifier à l'occupant
01:21:07 que les Français n'ont rien abdiqué de leur liberté.
01:21:12 Encore, toujours,
01:21:14 ivre d'un grand rêve de liberté,
01:21:17 Missa Kmanouchian prend tous les risques.
01:21:20 Lui qui aime aimer se réseau à tuer.
01:21:25 Comme ce jour de mars 1943
01:21:29 où il lance une grenade dans les rangs d'un détachement allemand.
01:21:32 Est-ce ainsi que les hommes rêvent ?
01:21:38 Oui.
01:21:41 Les armes à la main.
01:21:43 Et d'autres sont là, à ses côtés,
01:21:46 parce qu'ils sont chassés de la surface du monde
01:21:49 et ont décidé de se battre pour le sol de la patrie.
01:21:53 Parce que nombre d'entre eux sont juifs
01:21:58 et que certains ont vu leurs proches déportés.
01:22:01 Lemsch Goldberg, Maurice Fingerschweig,
01:22:04 Marcel Rajman.
01:22:06 Parce que la guerre a volé leurs écoles et leurs ateliers
01:22:10 dans ce Paris populaire et ouvrier
01:22:11 où le français se mêle à l'italien ou au yiddish.
01:22:14 Parce que les forces de haine ont volé leur passé
01:22:18 là-bas, en Arménie,
01:22:21 tel Armenach Manoukian.
01:22:23 Parce que ce sont les femmes qui veulent œuvrer
01:22:26 pour l'avenir de l'homme, comme Méliné,
01:22:29 comme la Roumaine, Golda Banshchik,
01:22:32 et comme tant d'autres.
01:22:34 Armes et bombes qu'elles acheminent sans soupçon,
01:22:39 filatures qu'elles accomplissent sans trembler.
01:22:42 Parce qu'ils sont une bande de copains,
01:22:45 à la vie, à la mort.
01:22:49 À l'âge des serments invincibles,
01:22:52 tel Thomas Elek, Wolf Vashbroth,
01:22:55 une belle équipe comme sur un terrain de football,
01:22:58 Panache de Rino Della Negra,
01:23:00 jeune espoir alors du Red Star.
01:23:03 Parce qu'ils ont vu mourir la liberté dans l'Italie de leurs parents,
01:23:08 comme Antoine Salvadori, César Eloukarini,
01:23:11 Amédéo Ousselio, Spartaco Fontano.
01:23:15 Parce qu'ils ont vu les hommes de fer
01:23:20 s'emparer de la Pologne et persécuter les Juifs,
01:23:24 comme Jonas Geduldig,
01:23:27 Salomon Shapira,
01:23:29 Slama Grivac.
01:23:32 Parce qu'ils sont pour beaucoup
01:23:36 les anciens des brigades internationales en Espagne,
01:23:38 pays de Celestino Alfonso.
01:23:40 Et pour qui sonne le glas ?
01:23:43 Pour les Polonais, Joseph Epstein et Stanislas Kubacki.
01:23:48 Pour les Hongrois, Joseph Boksov et Emmerich Glass,
01:23:53 eux les experts en sabotage au fardeau de dynamite.
01:23:58 Parce qu'ils ont 20 ans,
01:24:01 le temps d'apprendre à vivre, le temps d'apprendre à se battre,
01:24:05 ainsi de ces Français refusant le STO,
01:24:07 Roger Ruxel, Roger Kloarek et Robert Wichit.
01:24:11 Parce qu'ils sont communistes.
01:24:16 Ils ne connaissent rien d'autre que la fraternité humaine,
01:24:20 enfants de la Révolution française,
01:24:23 guetteurs de la Révolution universelle.
01:24:27 Ces 24 noms
01:24:33 sont ceux-là que simplement, je cite,
01:24:37 "mais aveuquent tout le cortège des FTP et MOI
01:24:41 trop longtemps confinés dans l'oubli".
01:24:44 Oui, parce qu'à prononcer leurs noms sont difficiles,
01:24:50 parce qu'ils multiplient les déraillements de trains
01:24:53 et les attaques contre les nazis,
01:24:55 parce que ces combattants sont parvenus à exécuter
01:24:58 un haut dignitaire du Reich, les voilà plus traqués que jamais.
01:25:01 Dans leur pas,
01:25:04 marchent les inspecteurs de la préfecture de police,
01:25:07 la police qui collabore,
01:25:10 la police de Bousquet, de Laval, de Pétain,
01:25:13 et l'ombre des rafles grandit.
01:25:16 À l'automne 1943,
01:25:20 devenu dirigeant militaire des FTP et MOI parisiens,
01:25:24 Missak Manouchian, les presse.
01:25:29 La fin approche.
01:25:32 Pour alerter ses camarades,
01:25:34 il se rend au rendez-vous fixé avec son supérieur,
01:25:37 Joseph Epstein, un matin de novembre.
01:25:40 Missak Manouchian avait vu juste.
01:25:44 Lui et ses camarades sont pris,
01:25:48 torturés,
01:25:51 jugés dans un procès de propagande organisé par les nazis
01:25:55 en février 1944.
01:25:59 Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
01:26:02 S'ils sont résolument libres, oui.
01:26:09 À la barre du tribunal,
01:26:12 ils endossent fièrement ce dont leur juge nazi les accable,
01:26:16 leurs actes, leur communisme,
01:26:19 leur vie de juif, d'étranger,
01:26:22 insolent,
01:26:25 tranquille.
01:26:28 Libres.
01:26:30 Vous avez hérité de la nationalité française.
01:26:35 Lance Manouchian au policier-collaborateur.
01:26:37 Nous, nous l'avons mérité.
01:26:40 Étrangers et nos frères pourtant.
01:26:45 Français de préférence.
01:26:48 Français d'espérance.
01:26:50 Comme les pêcheurs de l'île de Sein,
01:26:52 comme d'autres jeunes de 16 ans, de 20 ans, de 30 ans,
01:26:55 comme les ombres démaquies de Corrèze,
01:26:58 les combattants de Koufra ou les assiégés du Vercors.
01:27:01 Français de naissance, français d'espérance.
01:27:04 Ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas.
01:27:07 Ceux qui défendaient les Lumières et ne se dérobèrent pas.
01:27:11 Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
01:27:17 Ce 21 février 1944,
01:27:24 cela affronte la mort.
01:27:27 Dans la clairière du Mont-Valérien,
01:27:31 Missak Manouchian a le cœur qui se fend.
01:27:34 Le lendemain,
01:27:37 c'est l'anniversaire de son mariage avec Méliné.
01:27:41 Ils n'auront pas d'enfant,
01:27:44 mais elle aura la vie devant elle.
01:27:48 Il vient de tracer ses mots d'amour sur le papier.
01:27:52 Amour d'une femme jusqu'au don de l'avenir,
01:27:55 amour de la France jusqu'au don de sa vie,
01:28:00 amour des peuples jusqu'au don du pardon.
01:28:04 Aujourd'hui, il y a du soleil.
01:28:09 Missak Manouchian est à ce point libre et confiant dans le genre humain
01:28:14 qu'il n'est plus que volonté,
01:28:16 volonté d'amour.
01:28:20 Délié du ressentiment, affranchi du désespoir,
01:28:23 certain que le siècle lui rendra justice comme il le fait aujourd'hui,
01:28:27 que ses bourreaux seront défaits et que l'humanité triomphera.
01:28:32 Car qui meurt pour la liberté universelle
01:28:37 a toujours raison devant l'histoire.
01:28:41 Est-ce ainsi que les hommes meurent ?
01:28:46 En tout cas, les hommes libres.
01:28:50 En tout cas, ces Français d'espérance.
01:28:54 Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France.
01:29:01 Je sais pourquoi je meurs.
01:29:05 Et j'en suis très fier.
01:29:07 Ces mots seront ceux de l'Espagnol Celestino Alfonso
01:29:12 juste avant l'exécution.
01:29:14 Et ce 21 février 1944,
01:29:20 ce sont bien 22 pactes de sang versés,
01:29:22 scellés entre ces destins et la liberté de la France.
01:29:26 Pactes scellés par le sang du sacrifice.
01:29:30 Un peu avant,
01:29:32 avec la force que leur laissent les mois de torture,
01:29:35 ils ont crié "Abas les nazis, vive le peuple allemand !"
01:29:39 Conduits au poteau, quatre par quatre, les yeux bandés,
01:29:42 sauf ceux qui le refusent.
01:29:44 Tombés, les corps déchiquetés.
01:29:47 En six salves.
01:29:49 Tombés,
01:29:51 comme ton bras fusillé en avril au mont valérien Joseph Epstein,
01:29:56 qui sous la torture ne donnera aucun nom, pas même le sien,
01:30:00 démontrant jusqu'au bout son courage.
01:30:03 Tombés,
01:30:05 comme ton bras tranché, la tête de Golda Banshik,
01:30:10 exécutée en mai à l'abri des regards dans une prison de Stuttgart.
01:30:14 Tombés,
01:30:16 ils sont tombés et leurs bourreaux voulurent les exécuter à nouveau
01:30:20 par la calomnie et la propagande.
01:30:23 Celle de cette affiche rouge qui voulait exciter les peurs
01:30:27 et qui ne fortifia que l'amour.
01:30:30 Car les vrais patriotes reconnurent dans ce rouge,
01:30:36 le rouge du tricolore,
01:30:38 le rouge des premiers uniformes des soldats de 14,
01:30:41 le rouge des matins de Valmy,
01:30:43 le rouge du sang versé pour la France
01:30:45 sur lequel miroit toujours une larme de bleu, un éclat de blanc.
01:30:50 Est-ce ainsi que les hommes, par-delà la mort, survivent ?
01:30:58 Ils débordent de l'existence par la mémoire,
01:31:04 par les vers d'Aragon,
01:31:07 par les chansons,
01:31:09 celles de Léo Ferré et de tant d'autres.
01:31:12 Mémoire portée fidèlement par Arsène Tchakarian,
01:31:15 ancien des FTP-MOI,
01:31:17 ou par Antoine Bagdikian,
01:31:19 l'un et l'autre dévoués à honorer d'un même élan
01:31:22 la résistance des Arméniens
01:31:24 et la résistance des Juifs en France,
01:31:27 portée par tant de passeurs inlassables.
01:31:32 C'est ainsi que les hommes survivent.
01:31:38 C'est ainsi
01:31:41 que les grands hommes en France
01:31:45 vivent pour l'éternité.
01:31:48 Entrent aujourd'hui au Panthéon
01:31:53 24 visages
01:31:56 parmi ceux des FTP-MOI.
01:32:00 24 visages parmi
01:32:03 les centaines de combattants et otages
01:32:08 fusillés comme eux
01:32:10 dans la clairière du Mont-Valérien
01:32:13 et qui tous, désormais,
01:32:18 sont reconnus comme morts pour la France.
01:32:22 Oui,
01:32:25 la France de 2024
01:32:29 se devait d'honorer ceux qui furent 24 fois la France,
01:32:34 les honorer dans nos cœurs et dans notre recueillement,
01:32:39 dans l'esprit des jeunes Français
01:32:41 venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée,
01:32:44 avant elle,
01:32:46 étrangère, juive, communiste, résistante,
01:32:51 jeunesse de France,
01:32:54 gardienne d'une part de la noblesse du monde.
01:32:58 Misak Manouchian,
01:33:03 vous entrez ici en soldat
01:33:07 avec vos camarades,
01:33:10 ceux de l'Affiche,
01:33:12 du Mont-Valérien,
01:33:14 avec Golda, avec Joseph
01:33:17 et avec tous vos frères d'armes
01:33:20 morts pour la France.
01:33:22 Vous rejoignez avec eux les résistants au Panthéon.
01:33:27 L'ordre de la nuit est désormais complet.
01:33:36 Misak Manouchian,
01:33:38 vous entrez ici toujours ivre de vos rêves.
01:33:41 L'Arménie délivrée du chagrin,
01:33:46 l'Europe fraternelle,
01:33:49 l'idéal communiste, la justice, la dignité, l'humanité,
01:33:54 rêves français, rêves universels.
01:33:58 Misak Manouchian,
01:34:01 vous entrez ici
01:34:04 avec Méliné,
01:34:07 en poète de l'amour heureux.
01:34:11 Amour de la liberté, malgré les prisons,
01:34:16 la torture et la mort.
01:34:18 Amour de la France,
01:34:20 malgré les refus et les trahisons.
01:34:23 Amour des hommes, ceux qui sont morts
01:34:26 et ceux qui sont à naître.
01:34:28 Aujourd'hui,
01:34:34 ce n'est plus le soleil d'hiver sur la colline,
01:34:38 il pleut sur Paris
01:34:42 et la France reconnaissante
01:34:46 vous accueille.
01:34:48 Misak et Méliné,
01:34:53 destin d'Arménie et de France,
01:34:58 amour enfin retrouvé.
01:35:02 Misak, les 23
01:35:05 et avec eux tous les autres,
01:35:10 enfin célébré.
01:35:12 L'amour et la liberté
01:35:17 pour l'éternité.
01:35:20 Vive la République,
01:35:24 vive la France.
01:35:27 (...)
01:35:30 (...)
01:35:33 (...)
01:35:36 (...)
01:35:39 (Applaudissements)
01:35:42 (...)
01:35:45 (...)
01:35:48 (...)
01:35:51 (...)
01:35:54 (...)
01:35:57 (...)
01:36:00 (...)
01:36:03 (...)
01:36:06 (...)
01:36:09 (...)
01:36:12 (...)
01:36:15 (...)
01:36:18 (...)
01:36:21 (...)
01:36:24 (...)
01:36:26 (...)
01:36:28 (...)
01:36:30 (...)
01:36:32 (...)
01:36:34 (La Marseillaise)
01:36:37 (...)
01:36:39 (...)
01:36:41 (...)
01:36:43 (...)
01:36:45 (...)
01:36:47 (...)
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01:37:01 (...)
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01:38:22 (...)
01:38:24 (...)
01:38:26 (...)
01:38:28 (...)
01:38:30 (...)
01:38:32 (...)
01:38:34 -Aux grands hommes, la patrie reconnaissante,
01:38:37 après Jean Moulin en 1964,
01:38:39 après Pierre Brossolette, Jean Zest, Germaine Tillion,
01:38:42 Geneviève de Gaulle-Antonioz en 2015,
01:38:44 après Joséphine Baker en 2021,
01:38:48 à présent, c'est donc Missak Manouchian, son épouse,
01:38:50 Méliné, 23, de leurs compagnons d'armes
01:38:52 qui font leur entrée au Panthéon.
01:38:55 "L'ordre de la nuit est désormais complet",
01:38:58 a dit Emmanuel Macron.
01:38:59 "La France de 2024 se devait d'honorer
01:39:02 ce qui furent 24 fois la France",
01:39:05 pour donc rappeler qu'ils avaient mérité
01:39:08 toute leur place d'être français,
01:39:10 ce qui était, comme l'a dit le chef de l'Etat,
01:39:12 des Français d'espérance, Stéphanie Trouillard.
01:39:16 - Oui, et puis il a utilisé aussi le terme de cortège,
01:39:17 ça rappelle bien entendu le discours d'André Malraux
01:39:20 lors de l'entrée au Panthéon de Jean Moulin.
01:39:22 Et comme vous l'avez dit,
01:39:23 "L'ordre de la nuit est désormais complet",
01:39:24 il y avait comme un manque, en fait.
01:39:25 Il manquait ses résistants étrangers,
01:39:27 ses résistants communistes au Panthéon.
01:39:30 Maintenant, tous les acteurs de cette armée des ombres
01:39:32 sont finalement représentés.
01:39:34 Et il a bien insisté sur le fait que ce n'était pas
01:39:36 que Missak Manouchian qui rentrait au Panthéon,
01:39:39 mais bien Missak, les membres de son groupe
01:39:41 et tous les résistants étrangers et communistes.
01:39:44 - Et c'est ainsi que les hommes vivent un peu comme une scansion
01:39:46 tout au long de ce discours, Emmanuel Macron,
01:39:48 qui reprend à nouveau des mots de Léo Ferré,
01:39:53 extraits là aussi de poèmes de Louis Aragon.
01:39:57 Gérard Streif, vous y avez vu là aussi un clin d'œil.
01:40:00 C'est finalement là aussi un pan de l'histoire de France.
01:40:04 Cette France communiste qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
01:40:07 il faut le rappeler, était sociologiquement dominante
01:40:09 au sein de la population française
01:40:12 à laquelle le chef de l'État a voulu s'exprimer.
01:40:14 Aujourd'hui, il a parlé même de l'idéal communiste.
01:40:16 - Vous avez raison et je trouve que, bon, en vérité,
01:40:19 c'était un bel hommage national.
01:40:21 Il y a des propos sur le rêve français qui, moi, me touchent.
01:40:26 En même temps, je me disais, est-ce que Manouchian, en 2024,
01:40:30 pourrait venir aussi facilement en France qu'il le faisait en 1923
01:40:35 avec la loi immigration, etc.
01:40:37 Donc il peut y avoir aussi...
01:40:38 - Il l'a dit d'ailleurs, Emmanuel Macron,
01:40:41 qu'il savait oublier à l'époque sa vocation d'asile aux persécutés.
01:40:43 On ne peut pas s'empêcher d'y voir, finalement,
01:40:46 une forme d'analogie avec la situation actuelle.
01:40:48 Beaucoup l'ont reproché, d'ailleurs, à Emmanuel Macron,
01:40:51 avec la loi immigration.
01:40:52 - Oui, absolument.
01:40:54 Bon, écoutez, c'est une question qui, pour moi, est ouverte.
01:40:57 Je trouve que Manouchian aurait plus de mal, aujourd'hui,
01:41:00 à arriver qu'il y a un siècle.
01:41:03 - Et d'ailleurs, on voit Fabien Roussel.
01:41:04 - Et on voit surtout le fils de Joséphe Epstein.
01:41:09 Donc c'est Georges Dufault Epstein, et on sent son émotion,
01:41:11 parce que son père est aussi reconnu,
01:41:12 parce que son nom va figurer sur cette plaque
01:41:14 dans le caveau au Panthéon.
01:41:16 - D'accord.
01:41:17 Et c'est ainsi que s'achève, sur France 24,
01:41:19 cette retransmission d'entrée au Panthéon
01:41:21 de Missa, Kemeli, des Manouchians et 23 de leurs compagnons d'armes.
01:41:24 Merci à vous de l'avoir suivie avec nous.
01:41:25 Merci à Stéphanie Trouillard de nous avoir accompagnés
01:41:27 tout au long de cette journée mémorielle,
01:41:30 comme on a l'habitude de le dire maintenant,
01:41:32 à chacune de ces grandes cérémonies nationales.
01:41:35 Merci à Gérard Streff d'avoir été avec nous pour cette occasion.
01:41:38 Je vous rappelle le titre de votre livre,
01:41:41 Gérard Streff, qui s'affiche là sur votre écran,
01:41:43 "Missaque et Méliné, Manouchian, un couple en résistance".
01:41:46 Je précise, avec d'ailleurs une préface de Didier Desnynx,
01:41:49 je précise qu'il s'agit, encore une fois,
01:41:52 de la seule biographie croisée
01:41:54 de Missaque et Méliné, Manouchian, un couple indissociable,
01:41:57 comme l'a rappelé d'ailleurs Emmanuel Macron
01:42:00 à l'instant, ces éditions de l'archipel.
01:42:02 Merci d'avoir été avec nous. - Merci à vous.
01:42:04 - Et merci à vous tous d'avoir suivi cette cérémonie.
01:42:06 Restez avec nous. Prochain journal sur France 24 dans un gros quart d'heure.
01:42:10 ...

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