Le mouvement Tradwife, moi, ce que j'en dis... - La chronique de Yann Marguet - Vidéo Dailymotion

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50 ans de combat et le patriarcat, tel un chat obèse et souffrant d'insuffisance rénale, finit encore par retomber sur ses grosses pattes. Yann Marguet, nous parle du hashtag #Tradwife, mouvement conservateur qui prône le retour de la femme mariée cloîtrée dans un rôle de gentille petite femme au foyer.   Retrouvez "Moi ce que j'en dis" de Yann Marguet sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-yann-marguet

Transcript

00:00 Il est le meilleur imitateur de Michel Delpech depuis Thierry Leluron, sa palette vocale

00:04 est inouïe, il a 8 octaves de plus que Quentin, et mon petit doigt me dit que son talent va

00:11 encore inonder notre studio.

00:12 Bonjour Yann Marguet !

00:13 Yo, dis-moi ce que tu veux, ce que tu vraiment vraiment veux, je te dirai ce que je veux,

00:19 ce que je vraiment vraiment veux, dis-moi ce que tu veux, ce que tu vraiment vraiment

00:21 veux, je te dirai ce que je veux, ce que je vraiment vraiment veux, je veux, je veux,

00:25 je veux, je veux vraiment vraiment être une femme soumise à son mari.

00:28 Si tu veux être émancipée, et ben je te déconseille d'être une tradwife, écoute,

00:34 50 ans de combat, Mathieu et le patriarcat, à l'instar d'un chat, obèse certes, et souffrant

00:40 d'insuffisance rénale, finit malgré tout encore et toujours par retomber sur ses grosses

00:44 patounes pleines de shébas.

00:46 #tradwife, un trend qui érige le syndrome de Stockholm au rang de discipline olympique,

00:52 on l'a fait les gars, médaille d'or, y'a des meufs qui veulent revenir à Mad Men saison

00:57 1 épisode 1, être de bonnes petites épouses au foyer qui font pas de vagues et qui le

01:01 revendiquent une fois de plus, on peut être fier de nous, gros connard.

01:04 Déjà, parce que c'est une nouvelle étiquette, après girlboss, bad bitch, mobwives, crazy

01:10 cat lady, mompreneur ou écoféministe, on trouve une fois de plus qu'une femme peut

01:14 pas faire ce qu'elle veut sans que ça finisse en hashtag, pourtant, boire une tradwife,

01:17 faut bien un trados bend ou je suis con.

01:19 Non, on n'a pas d'univers, nous, on n'a pas de page TikTok avec des mecs en Fedora

01:24 qui fument le cigare en faisant des tutos sur comment bien rien branler à la maison.

01:29 Non, nous, tu nous fous un Gérard Larcher au Sénat, on fait comme on veut, ça vaut

01:32 tous les followers du monde.

01:33 C'est d'ailleurs bien comme ça qu'on a réussi à les user, des salaires plus bas,

01:37 une recherche médicale focalisée sur les hommes, de la résistance sur les congés

01:40 menstruels, de la minimisation des violences faites aux femmes et du déni à l'encontre

01:43 de 16 meufs qui accusent de pardio d'agression, faut pas s'étonner qu'il y en ait 2 ou

01:47 3 qui finissent par dire « bon, bah je vais tricoter, moi ».

01:51 Tu lâches quoi, tu fais ce que la société attend de toi, c'est plus simple.

01:56 Tu essaies de rendre ça en tant que peu glamour, c'est vrai, il n'y a pas de raison qu'elle

01:59 ne soit pas mieux reconnue.

02:00 Quand tu travailles dans le monde professionnel, t'as des augmentations, des gratifications,

02:03 tu peux grader au poste de senior analyste de la stratégie opérationnelle des contenus

02:07 numériques orientés utilisateurs.

02:09 Et quand tu travailles au sein du foyer, t'es « t'as pas vu mes chaussettes ? ».

02:13 Et en plus, tu fais le double d'heures que les autres cons, c'est quand même dégueulasse.

02:16 En ça, on ne peut pas le renvouloir, autre adweive de tenter de revendiquer quelque

02:19 chose, ou on peut le renvouloir très fort.

02:21 En revanche, c'est dans la façon qu'elles ont de revendiquer.

02:23 Idéologie d'un autre temps, discours nationaliste et surtout prosélytisme sur fond de citation

02:27 biblique.

02:28 Je pense que dans un épisode de Scooby-Doo, on leur enlèverait leur masque, à la fin,

02:31 ça ferait « Oh, Christine Boutin ! ». « Oui, j'aurais réussi à rétablir le gouvernement

02:37 de Vichy si vous n'étiez pas venu me mettre le nez dans les affaires ».

02:40 Pire que tout, se vendre comme des féministes en expliquant avoir elle-même choisi cette

02:44 vie de soumission au patriarcat.

02:46 En gros, tu t'es battue pour avoir des droits, et quand tu les as, tu les utilises pour

02:49 te retourner à quand tu ne les avais pas.

02:51 Et t'es un révolutionnaire.

02:52 C'est vraiment comme si une personne homosexuelle aujourd'hui relançait la manif pour tous.

02:55 « Ah papa, une maman ! Toutes avec moi ! » Après, libre à elle.

03:01 Mais précisément, elles sont libres de le faire, et c'est un privilège, contrairement

03:04 à une majorité de femmes dans le monde pour qui la soumission n'est pas un choix mais

03:07 une obligation.

03:08 Et en ça, je ne pense pas que les tradwives servent la cause en prêtant à les gens son

03:11 pouvoir masculin.

03:12 Et ouais, qui l'eut cru en 1996 quand le monde découvrait les Spice Girls et que j'arrivais

03:16 pas à savoir si j'étais plus amoureux de Ginger ou de Poche que ce serait Femme au

03:19 foyer Spice qui l'emportait en 2024.

03:22 Rien n'est jamais acquis, Mathieu, on s'en rend plus que jamais compte.

03:25 Et le patriarcat de beau reste, la preuve.

03:26 Girl power, c'était un trend.

03:28 Man power, c'est une entreprise.

03:30 NICOLAS : Merci beaucoup Yann Marie.

03:31 Moi c'était Ginger, personnellement.

03:32 On vous retrouve la semaine prochaine dans Zoum Zoum Zaner, au Lucernaire, très souvent,

03:36 je crois.

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