C'est un grand pas pour l'industrie spatiale: une sonde de l'entreprise américaine Intuitive Machines s'est posée sur la Lune jeudi, marquant le premier alunissage d'un appareil américain depuis plus de 50 ans, et une première pour une société privée. L'alunisseur Nova-C, qui transporte notamment des instruments scientifiques de la Nasa, mesure un peu plus de quatre mètres de haut. Il avait décollé la semaine dernière de Floride.
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00:00 De retour sur le plateau de première édition avec notre invité, Gilles Davidovitch, bonjour.
00:04 Vous êtes vice-président de la Société Astronomique de France et vous allez nous parler de cet événement qui s'est déroulé cette nuit,
00:09 puisque ça y est, les Américains sont de retour déjà sur la Lune, et puis surtout, pour la première fois, une société privée a posé un engin sur la Lune.
00:17 Alors déjà, moi j'ai une question, parce que la seule image qu'on a, c'est juste avant la Lune-Issage.
00:24 Pourquoi on n'a pas les images après ? Pourquoi on n'a que ça comme image ?
00:27 Alors la Lune reste très complexe à atteindre, vous voyez, et on voit bien que pour l'instant, il y a des problèmes de communication avec l'engin.
00:35 Et donc la NASA et Intuitive Machines, cette start-up sous-traitante de la NASA, vous savez que depuis des années, la NASA sous-traite une partie de ses opérations,
00:43 et bien les ingénieurs sont en train de travailler à poursuivre la communication avec l'engin. C'est très compliqué quand même.
00:50 C'est une double première en fait. C'est un, le retour des Américains depuis la fin du programme Apollo sur la Lune, et deux, c'est une société privée qui opère.
00:57 Qu'est-ce que ça change ?
00:58 Eh bien en fait, on va rentrer dans une nouvelle ère. Vous voyez, c'est aussi le succès d'Elon Musk et de SpaceX, qui étaient à la manœuvre pour le décollage de cet engin-là à nouveau.
01:07 Eh bien ça change, ça va changer progressivement la donne, dans le sens où les Américains sont en train de démontrer qu'on peut sous-traiter les activités spatiales,
01:16 qui restent très complexes et finalement quand même très audacieuses, au secteur privé et non pas simplement seulement au gouvernement.
01:23 Mais pourquoi elle sous-traite la NASA, ses activités spatiales ?
01:25 Alors elle sous-traite essentiellement pour des raisons de coûts, d'efficacité. Vous savez, une administration, il y a toujours des lourdeurs.
01:32 Ce n'est pas ici en France qu'on va l'apprendre. Voilà, il y a des lourdeurs, il y a des lenteurs, c'est difficile. Alors que là, il faut faire preuve d'agilité, de souplesse, de réactivité.
01:42 Là, on s'est posé au niveau du pôle sud de la Lune. Pourquoi c'est important ? Parce qu'il y a peut-être des choses à découvrir, parce que c'est quand même une mission scientifique.
01:51 Absolument, on va faire de la science pendant quelques jours. Elle va être très courte, cette mission. Mais on va faire de la science, effectivement, pour continuer à caractériser ce milieu spatial autour du pôle sud,
02:01 où semble-t-il, il y aurait dans le sous-sol de la glace d'eau. Alors de la glace interstitielle, c'est un peu comme s'il y avait une éponge dans votre congélateur, gorgée d'eau.
02:10 Ce n'est pas de l'eau liquide, ce n'est pas de l'eau congelée complètement solide et facile à extraire. Donc il va falloir apprendre à documenter ce milieu-là.
02:18 Ça interroge quand même sur la privatisation de la conquête spatiale, avec quelles conséquences ? Parce que ces entreprises, imaginons, elles trouvent des minerais. À qui elles appartiennent finalement ces ressources ?
02:29 Absolument. Même le droit spatial est en train d'évoluer, parce qu'effectivement, il y a eu un traité en 1967 qui finalement faisait de l'espace un Antarctique, on va dire, au niveau mondial, au niveau des nations.
02:42 Et tout ça est remis en cause. On voit bien que le secteur privé a des intérêts financiers importants. Alors ça reste encore pas évident de monétiser tout cela.
02:54 Bon, là, intuitive machine, cette petite start-up, elle va toucher 700 millions d'euros pour poursuivre ses explorations lunaires. Donc tout va bien.
03:01 C'est une étape de plus en tous les cas pour la NASA qui souhaite renvoyer ses astronautes, évidemment, à partir de 2026, si ça ne change pas avec l'émission Artemis sur la Lune.
03:10 Merci beaucoup, Gilles, d'être venu nous voir ce matin sur plateau de première édition. Si vous êtes passionné de tout ça, je vous renvoie sur Eric Osmos, qui sont les maîtres en matière d'information spatiale.