Le député LFI du Nord, Adrien Quatennens, invité du 6-9 de France Bleu Nord

  • il y a 7 mois
Plus d'un an après sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, le député du Nord Adrien Quatennens fait ces jours-ci un retour médiatique remarqué, mais aussi critiqué par certains. Invité de France Bleu Nord, le député LFI s'est aussi exprimé sur le Salon de l'agriculture et sur les élections européennes du mois de juin.

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00:00 Bonjour Adrien Quatennens, votre condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour des violences sur votre ex-compagne remonte à décembre 2022.
00:07 Pendant plus d'un an, vous avez observé une forme de discrétion, vous revoit ces jours-ci à la télévision, à la radio, ce matin sur France Bleu Nord.
00:14 Cela fait un retrait dans un premier temps, un retour désormais dans les médias. Pourquoi maintenant ?
00:18 D'abord parce qu'il m'a fallu ce temps, en réalité, pour travailler sur ce qui m'était arrivé.
00:25 C'est vrai, il y a plusieurs années, lors d'une dispute conjugale, il m'est arrivé de lever la main.
00:30 C'est un geste que je n'ai jamais minimisé, jamais banalisé, qui a été rendu public des années plus tard dans un contexte de divorce.
00:36 Et j'ai fait ce choix de reconnaître les faits qui m'avaient été reprochés.
00:40 Alors on me demande souvent si je regrette d'avoir reconnu les faits qui m'avaient été reprochés.
00:44 Non, je ne le regrette pas. Ce que je regrette, c'est d'avoir un jour levé la main, ça oui.
00:48 Ce que je regrette aussi, c'est certains mots utilisés au moment de ma défense, il y a maintenant près d'un an et demi,
00:53 parce que j'ai compris qu'aucun contexte, en réalité, aucune explication ne justifie le fait d'un jour lever la main.
00:59 Et donc la justice a fait son travail, d'ailleurs ce travail, je souhaite qu'elle puisse le faire,
01:04 et ça n'est pas le cas pour toutes les femmes, de la première violence jusqu'à des faits plus graves.
01:09 J'ai suivi un stage qui m'a été demandé, non pas par la justice, mais par mon groupe parlementaire, auprès d'associations.
01:17 Un stage qui m'a permis, en effet, de travailler, de comprendre.
01:19 Il m'a fallu ce temps de silence, je crois qu'il était nécessaire.
01:23 Et puis maintenant, il y a aussi la nécessité de reprendre le combat politique pour lequel j'ai été élu.
01:29 Il se trouve que dans ma circonscription, pendant toute cette période, j'ai poursuivi mon travail de député,
01:34 et que voilà, les citoyennes, les citoyens qui m'ont élu souhaitent aussi que je puisse reprendre ce travail pleinement,
01:40 dans un contexte qui est très difficile aussi, socialement, dans le pays.
01:43 Et donc voilà ce que j'essaie de faire.
01:44 - À quelle mesure pouvez-vous continuer votre mandat, à exercer votre mandat de manière "normale",
01:50 c'est-à-dire sans qu'on vous renvoie sans cesse cette condamnation,
01:53 que ce soit dans votre propre camp ou de la part de vos adversaires politiques ?
01:57 Est-ce que vous pouvez exercer votre mandat de député qui court jusqu'en 2027 de manière normale ?
02:02 - Vous savez, je n'ignore pas qu'il y a des gens que j'ai déçus,
02:05 et que la révélation autour de ces éléments de la vie privée, qui sont devenus des éléments publics,
02:10 et puis d'ailleurs, la question des violences est aussi une question politique qui traverse la société.
02:14 Je sais qu'il y a des gens que j'ai déçus, et je leur demande pardon.
02:18 Et pour le reste, je n'ai pas été empêché de faire mon travail de parlementaire,
02:22 là je reviens à votre micro, mais en réalité depuis 2022 et depuis mon élection,
02:27 je n'ai jamais cessé d'être dans ma circonscription, sur le terrain, au service des citoyennes, des citoyens.
02:32 - Justement depuis 6h ce matin, nous vous interrogeons les auditeurs de France Bleu Nord
02:35 sur l'exemplarité en politique, je peux citer Caderre, je peux citer Jérôme,
02:39 qui nous ont tous les deux appelés pour nous dire "condamnation = démission".
02:42 Qu'est-ce que vous en pensez ? Comment est-ce que vous vous situez dans ce débat ?
02:44 - Très honnêtement, la question s'est posée à l'époque, et moi j'ai réfléchi en me disant,
02:48 surtout si je l'avais fait, nous n'aurions pas eu une situation électorale et une campagne à la loyale.
02:55 Il est certain qu'il y a des gens qui ont une indignation qui est sincère,
02:59 y compris de ce que représente le combat féministe,
03:01 et puis il y a des gens qui se sont en quelque sorte peut-être saisis de cette situation
03:06 pour mener un combat politique et essayer de m'écarter.
03:09 Imaginez qu'à ce moment-là, j'avais démissionné et qu'il y avait une nouvelle campagne électorale,
03:13 vous imaginez bien qu'on n'aurait pas eu une campagne pleinement à la loyale.
03:17 Après vous savez, tôt ou tard, les Français auront l'occasion de s'exprimer.
03:20 Il y a 177 parlementaires sur les bancs de l'Assemblée nationale,
03:24 c'est d'abord 577 femmes et hommes, pas des sur-hommes, pas des sur-femmes,
03:27 des gens qui ont tous des histoires, et certains, et c'est mon cas, je le dis,
03:31 commettent des fautes dans leur vie.
03:32 Et je crois que la nécessité aussi c'est de faire ce travail qui permet
03:37 d'essayer en tout cas, humblement, d'être meilleur et de s'améliorer.
03:40 C'est peut-être même le sens de l'existence, essayer de toujours faire mieux, comme dirait l'autre.
03:44 - 7h49, nous sommes en direct avec Adrien Catenance, député de la France Insoumise du Nord.
03:49 Adrien Catenance, vous l'avez dit, vous continuez votre travail de député,
03:52 le salon de l'agriculture ouvre demain à Paris, est-ce que vous allez y aller ?
03:55 - Alors moi je n'y serai pas personnellement, mais par contre la France Insoumise Israël,
03:58 il sera bien représenté, et je crois que le contexte de ce salon,
04:02 tout le monde le comprend, est très particulier.
04:04 On est dans une situation où en France vous avez à peu près un suicide
04:08 tous les deux jours d'un agriculteur, vous avez un quart des agriculteurs de ce pays
04:11 qui vivent sous le seuil de pauvreté, on estime qu'il y a 200 exploitations
04:15 qui ferment chaque semaine en France, que d'ici 10 ans la moitié des agriculteurs
04:19 vont être à la retraite, bref, en gros si on regarde les indicateurs qu'on a sous les yeux,
04:23 c'est la mort programmée de notre agriculture.
04:25 Et on a un gouvernement qui fasse à la revendication principale des agriculteurs,
04:29 qui est d'ailleurs une revendication commune dans plein de secteurs d'activité,
04:32 et c'est vivre correctement de son travail, qui n'apporte aucune réponse.
04:35 Moi je ne vois pas que la remise en cause du plan Eco-FITO en réalité,
04:38 et des injonctions de la FNSEA, soient en mesure d'améliorer le sort des agriculteurs.
04:43 - En proposition de la rémunération qui est une revendication principale
04:47 des agriculteurs de pouvoir vivre de son travail, la semaine dernière la France Insoumise
04:50 a redéposé une proposition de loi visant à instaurer un prix plancher
04:54 dans les matières premières agricoles, en couesse différente des lois EGalim,
04:57 qui sont censées garantir elles aussi une rémunération juste pour les agriculteurs.
05:01 - D'abord la loi EGalim, vous voyez bien que son application n'est pas idéale du tout,
05:05 et que les agriculteurs le disent. Nous c'est vrai, le 30 novembre dernier à l'Assemblée Nationale,
05:09 mes collègues Manuel Bompard et Aurélie Trouvé ont déposé une proposition de loi
05:13 visant à instaurer des prix planchers, c'est-à-dire des prix minimums rémunérateurs
05:17 pour les productrices, les producteurs agricoles.
05:19 Et figurez-vous que, y compris parmi celles et ceux qui aujourd'hui défendent
05:22 les agriculteurs dans le débat public, ils ont voté contre cette proposition,
05:25 la Macronie s'est mobilisée, et à six voix cette proposition a été rejetée.
05:30 - Et ce prix serait fixé par qui ? Un prix minimum ?
05:32 - Vous savez, ça peut être fixé y compris par l'État.
05:36 Vous avez même l'encadrement des prix de certains produits de première nécessité
05:39 qui dans nos Outre-mer est réalisé par l'État.
05:42 Il faut que nos agriculteurs puissent vivre de leur travail.
05:44 En fait, je crois aussi que le gros problème c'est qu'il y a une injonction contradictoire
05:48 qui est faite à nos agriculteurs. D'un côté on leur demande de monter en gamme,
05:52 d'avoir des produits qui répondent à des normes sanitaires environnementales
05:55 toujours plus importantes, et je crois que c'est bien,
05:58 et de l'autre côté on leur demande dans le même temps, j'ai envie de dire,
06:01 d'être compétitifs avec des fermes-usines comme on le voit au Brésil,
06:05 et d'ailleurs le gouvernement a signé à tour de bras des accords de libre-échange
06:09 qui mettent nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale.
06:12 - Et la France Insoumise a réclamé pour ces accords de libre-échange un moratoire.
06:14 - Un moratoire, et par exemple que sur le Mercosur,
06:17 parce que ça n'est toujours pas le cas contrairement à ce qui est annoncé par le gouvernement,
06:20 la France retire son mandat de négociation.
06:22 On ne peut pas demander à nos agriculteurs d'être compétitifs.
06:24 En fait, il faut choisir.
06:25 Soit on veut être compétitifs avec les fermes-usines
06:27 et faire une agriculture qui vise l'export et les bas coûts,
06:30 soit on veut faire une agriculture de qualité,
06:32 mettre le paquet dans la transition agroécologique,
06:34 et dans ce cas-là on ne peut pas être compétitifs
06:36 avec des pays qui produisent dans des conditions qui ne sont pas les nôtres.
06:39 De la même manière, je le crois, sans attendre ce qu'il faudrait,
06:41 et c'est d'ailleurs demandé par nos agriculteurs,
06:43 c'est d'imposer aux produits qu'on importe
06:45 les normes que l'on impose à nos agriculteurs.
06:48 Sinon, encore une fois, il y a une situation de concurrence déloyale.
06:50 - Tout cela se joue aussi au niveau de l'Union Européenne,
06:52 ces débats autour de l'agriculture raisonnent,
06:54 avec les élections qui se tiendront au mois de juin, élection européenne.
06:56 Question peut-être sur Génération,
06:58 le parti fondé par Benoît Hamon a communiqué hier sur les réseaux sociaux
07:00 disant qu'il rejoignait la liste de la France insoumise.
07:04 Ce matin, le message en question est supprimé,
07:06 deux coordinateurs du mouvement sont suspendus.
07:08 Il se passe quoi avec Génération ? Ils sont avec vous ou pas ?
07:10 - Ecoutez, l'information que j'ai ce matin,
07:12 c'est que nous avons un accord avec Génération
07:14 et que leurs militants ont voté pour cet accord.
07:16 Et je crois que c'est une chose extrêmement positive.
07:19 On a des élections européennes le 9 juin prochain.
07:21 Et que voit-on dans les sondages ?
07:23 C'est que nous sommes engagés dans une course de vitesse
07:27 avec l'extrême droite, et l'extrême droite est bien en avance.
07:30 - Qui est donnée en tête le Rassemblement National.
07:32 - Et la réalité c'est que... - Une liste insoumise,
07:34 une liste communiste, une liste écologiste,
07:36 une liste socialiste, vous le regrettez ?
07:38 - Clairement. Et nous, nous allons essayer de faire,
07:40 et c'est le sens de cet accord, nous allons essayer
07:42 de faire la liste la plus unitaire possible. Pourquoi ?
07:44 En juin 2022, on avait franchi une étape considérable.
07:47 Tout le monde disait dans la campagne présidentielle,
07:50 qu'il faudrait l'union. On a réussi à faire l'union,
07:52 après la campagne présidentielle et les 22% de Jean-Luc Mélenchon.
07:55 Nous avons gagné ensemble avec la NUPES
07:57 le premier tour des élections législatives
07:59 et nous, nous souhaitons que cela se pérennise.
08:01 Et d'ailleurs, je veux dire à votre micro que la France Insoumise
08:03 a proposé à Europe Écologie des Verts
08:05 et à leur tête de liste, Marie Toussaint,
08:07 d'emmener la liste de toute la NUPES.
08:10 Ils ont refusé. On leur propose les clés du camion
08:12 et ils disent "on n'en veut pas".
08:14 - Est-ce que les écologistes ont toujours eu historiquement de très bons scores
08:16 aux élections européennes ?
08:18 - C'est forcément ce qui va se passer, mais entendez-moi.
08:20 Je veux bien comprendre cette logique-là.
08:22 La question de rééquilibrer un rapport de force
08:24 dans des élections qu'on croit plus favorables pour soi.
08:26 Mais pardon, en ce moment,
08:28 le fond de l'air dans ce pays,
08:30 c'est une extrême droite qui monte,
08:32 qui partout en Europe gagne des positions,
08:34 dont on voit mal d'ailleurs
08:36 ce qui est en mesure de l'empêcher aujourd'hui
08:38 d'accéder au pouvoir. Avec un Emmanuel Macron
08:40 qui a été élu pour lui faire barrage,
08:42 qui est objectivement aujourd'hui un marche-pied.
08:44 Donc c'est irresponsable de retourner
08:46 à un match des gauches dans un moment où en plus
08:48 les sondages montrent qu'ensemble nous pourrions être en tête.
08:50 C'est ça la question.
08:52 - En accumulant effectivement les scores.
08:54 - Donc nous allons essayer de faire notre mieux pour avoir la liste la plus unitaire possible.
08:56 Et je crois que ce que nous avons aussi besoin de faire,
08:58 parce que le gouvernement ne fait absolument rien,
09:00 nous avons dans ce pays à peu près
09:02 20% du corps électoral, 10 millions de personnes
09:04 qui ne sont pas ou mal inscrites
09:06 sur la liste électorale.
09:08 Et nous avons un gouvernement, avec M. Darmanin,
09:10 qui est quand même chargé de la question de l'organisation des élections,
09:12 qui ne fait rien.
09:14 - Est-ce que vous avez vu de grandes campagnes,
09:16 de porte-à-porte, financées par l'Etat,
09:18 pour inciter les gens à s'inscrire ? Non, ça ne se fait pas.
09:20 C'est nous qui devons, avec nos petites forces de militants,
09:22 faire des campagnes.
09:24 D'ailleurs on a lancé un site, onvoteinsoumis.fr,
09:26 pour vérifier l'inscription sur les listes électorales,
09:28 pour faire en sorte que d'ici au 3 mai,
09:30 parce que je le dis, tout le monde ne le sait pas non plus,
09:32 vous avez jusqu'au 3 mai pour vous inscrire
09:34 sur les listes électorales, pour pouvoir voter le 9 juin.
09:36 Et je crois que la question de la participation
09:38 populaire est centrale.
09:40 On ne peut pas tolérer que les élections
09:42 soient une sorte de suffrage censitaire,
09:44 où le fait de voter est quelque chose de très marqué
09:46 sociologiquement. Au moment du vote,
09:48 la voix du plus puissant
09:50 a le même poids que la voix de la personne
09:52 qui est dans une situation difficile,
09:54 de précarité. Donc il faut mobiliser,
09:56 et c'est sûr que pour ça il vaut mieux créer les conditions
09:58 de la plus grande unité. C'est pour ça que moi,
10:00 si ça se confirme, et je crois que ça l'est,
10:02 je me réjouis de l'accord avec Génération,
10:04 puisque ça fait deux composantes de la NUPES rassemblées
10:06 pour ces élections. - Cela va devoir encore une fois être confirmé
10:08 dans la journée, s'il y a un quiproquo actuellement.
10:10 Est-ce que Génération est avec vous ou pas ?
10:12 Merci beaucoup d'ici là, Adrien Quatennens,
10:14 d'avoir été l'invité ce matin de France Le Nord,
10:16 député de la première circonscription du Nord.

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