Le baby clash, moi ce que j'en dis... La chronique de Karim Duval

France Inter

Karim Duval ne comprend pas bien ce besoin de couper la vie en tranches pour nommer les crises de l'enfant : le baby clash, le terrible two, le fucking four...  Une chronique à retrouver ici : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/karim-duval-moi-ce-que-j-en-dis/karim-duval-moi-ce-que-j-en-dis-du-vendredi-23-fevrier-2024-9134564

Transcript

00:00 Il n'a pas eu… C'est Bertin, c'est notre réalisateur, il envoie le jingle quand il veut, même quand on n'est pas prêts.

00:06 C'est lui qui décide.

00:07 Il nous a embrouillés.

00:08 Il envoie, il envoie le jingle.

00:10 Il n'a pas eu de bébé récemment, en tout cas de bébé qu'il ait reconnu officiellement,

00:15 et il déteste les clashes.

00:16 C'est pourtant lui à qui on a fait appel pour évoquer le baby clash.

00:19 Mais pourquoi ? Ai-je demandé à Cyril ? Parce qu'il a un nom de pastis et que ça me plaît,

00:23 m'a répondu Cyril.

00:24 Bref, bonjour Karim Duval.

00:25 Salut tout le monde.

00:26 Vous le savez, mes chroniques dans Zoum Zoum Zen sont espacées dans le temps, comme les

00:29 moments de tendresse entre deux parents fraîchement rentrés de la maternité.

00:32 Alors c'est toujours un plaisir d'être avec vous, la famille, je suis très content

00:35 de vous retrouver.

00:36 Mon Cyril Laferrière, ma petite Marion, mon Thomas, et…

00:41 Toi.

00:42 Pour rappel, moi c'est Karim Duval, je suis chroniqueur saisonnier, papa de deux enfants

00:48 de 9 et 4 ans, et je trouve ça curieux, ce besoin de couper la vie en tranches, de nommer

00:52 les crises de l'enfance, le baby clash, les terrible two, les three year old regression,

00:57 les fucking fours, ça existe.

01:00 Bientôt, t'as Mathieu Noël qui va nous faire une émission, « Qu'est-ce que les

01:03 mysterious five and a half ? » C'est le temps d'un sociétal chez l'enfant de 5 ans et demi

01:07 à se ronger les ongles de pied, venu tout droit des Etats-Unis.

01:10 Désolé pour cette piètre imitation, mais que voulez-vous, je suis un Nicolas Canteloup,

01:14 ce que Nicolas Canteloup est à l'imitation.

01:16 « Oh, mon Nico, si tu nous écoutes, non ! »

01:18 Au début, je croyais que le baby clash, c'était les clashes entre bébés, une

01:22 surenchère de dingueries inédites, comme des rappeurs.

01:25 « Moi j'ai pris une pièce de 1€, j'ai fixé mon daron droit dans les yeux et j'ai

01:29 avalé la pièce de 1€ ! » « Moi j'ai pris le caca dans ma couche, j'ai fixé mon

01:34 daron droit dans les yeux et j'en ai extrait une pièce de 2€ ! »

01:39 Parce que c'est ça le problème, on a beau donner un nom à un phénomène pour se rassurer

01:42 du fait qu'il est universel, en pratique, tu te vois comme un cas exceptionnel, parce

01:46 que t'as zéro recul.

01:47 Pardon Alain, mais vous êtes en promo pour votre bouquin, mais un conseil, sortez-le

01:51 en BD sur une feuille A4.

01:52 Qu'est-ce que tu vas lire un essai de 224 pages alors que ça fait 6 mois que tu dors

01:56 4h par nuit ? La privation de sommeil, c'est une méthode de torture reconnue !

02:01 Et parfois, le détenu s'endort trop longtemps, à une pensée sobre et émue pour se martyr

02:05 de la liberté, dont le nom de famille finit par « Ni ». Patrick Balkany, malgré tout

02:09 ce qu'il a fait, dort sur ses deux oreilles.

02:11 A lui, si un jour on cherche dans sa couche ce qu'il a avalé, les dossiers remontent

02:15 à tellement longtemps qu'on retrouvera des francs.

02:16 En tout cas, un enfant, ça change la vie.

02:21 A Lyon, on vivait à deux dans un T3.

02:23 Pour les parisiens, vivre à deux dans un T3, c'est un mode d'habitat adopté par

02:26 une ethnie qu'on appelle les provinciaux.

02:27 On avait une chambre d'amis, c'est-à-dire une chambre qui héberge parfois des amis,

02:33 et le reste du temps, un clic-clac et un rameur que t'as utilisé une fois, puis un jour,

02:36 bébé arrive, et les amis dorment dans le salon, parce que la chambre des amis devient

02:40 la chambre de bébé, qui ne dort pas dans la chambre de bébé, non, il dort dans le

02:43 lit de papa et maman, qui devient le lit de bébé et maman.

02:46 Et au petit matin, les amis qui voulaient gérer bébé pour offrir une grasse-matte

02:50 aux parents en échange du gîte, poussent la porte de bébé Myrtille et ils trouvent

02:53 quoi ? Une vieille banane entamée, papa dans un sac de couchage, affalé sur le sol, dans

02:58 cette chambre qui est redevenue la chambre d'amis, puisque papa et maman sont désormais

03:01 amis ! Heureusement, après, l'amour est revenu, on a fait un deuxième enfant.

03:07 Face au baby-clash, il y en a qui se tournent vers la sagesse des grands-parents, que j'appelle

03:16 les pédopsy-dentistes, puisque pour eux, tout s'explique par les dents.

03:19 Le bébé dort pas, c'est les dents ça ! Un mal de ventre, c'est les dents ! Le gamin

03:23 a mort sa mère, mais laisse le faire, c'est les dents ! Et la belle fille, bienveillante

03:26 et conciliante, qui approuve, en effet, Timothée a une précocité au niveau des incisives,

03:31 il a été diagnostiqué HPD, au potentiel dentaire.

03:33 Elle est conciliante parce qu'elle n'a pas le choix, elle ménage Belle-Maman, parce

03:37 que sinon, plus tard, Belle-Maman ne gardera pas Timothée pendant les vacances.

03:40 Alors qu'en vrai, si, Belle-Maman gardera Timothée pour que plus tard, son fils la

03:43 mette bien dans un bon Epade, qui sert des petits pois verts et tout.

03:47 Parce que, si les jeunes parents sont flippés du baby-clash, les vieux parents sont flippés

03:51 du granny-flush, l'art de se débarrasser des parents en fin de vie.

03:56 En fait, on ne sait pas quoi faire, on est désemparés, on ne sait pas quoi faire, c'est

04:00 ces deux bouts de l'existence.

04:01 La naissance et la fin de vie.

04:02 Nous, blancs occidentaux, avons du mal à accepter le cycle de la vie.

04:05 En fait, on perçoit la vie comme un saucisson.

04:07 Un long tunnel rectiligne bien dense qu'on aime découper en tranches, avec deux nœuds

04:11 foireux à ses extrémités.

04:13 Merci de m'avoir écouté.

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