Meilleurs moments de la 49e cérémonie des César 2024
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TVTranscription
00:00 *Musique*
00:02 Merci, c'est bon pour moi.
00:04 Michel ?
00:05 Quand on veut.
00:06 Comment ça "quand on veut" ? Tu l'as filmé là ?
00:08 Ah non, non, je l'ai pas filmé.
00:10 *Applaudissements*
00:16 Merci d'accueillir Djamel Debouze.
00:19 *Musique*
00:30 Bonsoir à tous.
00:32 Je suis très heureux d'être parmi vous ce soir.
00:36 Merci infiniment de me donner le privilège de remettre ces arts d'honneur à une personne que j'aime profondément.
00:43 *Ouais Djamel, on t'aime !*
00:45 Ta gueule.
00:47 *Rires*
00:51 T'es un cousin à Juliette Biloche ou quoi toi ?
00:54 *Rires*
00:58 *Rires*
01:03 Je vous avoue que remettre ce César Donner ce soir pour moi à Agnès, c'est un moment particulier.
01:07 Je sais pas qui va être le plus ému ou qui prendra le plus de plaisir,
01:12 elle en le recevant ou moi en le remettant.
01:15 La première fois que j'ai rencontré Agnès, c'est Jean-Pierre Bacquerie qui me l'a présenté.
01:21 C'était dans leur appartement à Bastille, je me souviens.
01:23 Il m'a dit "Tu vas voir Agnès, au premier abord, elle est un peu distante,
01:29 *Rires*
01:30 mais au bout de 4-5 ans, elle va t'adorer."
01:36 *Rires*
01:38 C'est vrai, c'est vrai.
01:40 *Applaudissements*
01:48 Il avait raison, Agnès Jaoui, elle se gagne pas facilement,
01:51 mais quand elle vous aime, c'est pour la vie.
01:53 A travers ce César Donner, le César des Césars, la classe internationale,
01:59 nous avons tous le privilège ce soir de lui témoigner notre admiration,
02:03 notre respect, notre gratitude, et en ce qui me concerne, toute ma tendresse.
02:09 Notre admiration pour sa carrière, son talent, ses talents,
02:14 elle joue, elle chante, elle écrit, elle compose, elle réalise des films,
02:20 elle fait même du ukulélé.
02:22 *Rires*
02:23 Voilà, elle fait du ukulélé, elle ukulèle tout le temps.
02:26 *Rires*
02:28 Mais Agnès Jaoui, mesdames, messieurs, c'est la seule femme du cinéma français
02:31 à avoir remporté 6 Césars.
02:33 *Applaudissements*
02:44 Un comme actrice, un comme réalisatrice, et 4 comme scénariste.
02:48 Et tout ça en faisant du ukulélé.
02:50 *Rires*
02:52 Et vous savez où elle les a mis les Césars, chez elle ?
02:54 Parce que moi j'étais chez elle.
02:56 Je me suis dit "Regardez où elle met les Césars".
02:58 Elle les cache dans une armoire, une commode.
03:03 Vous allez chez Agnès, il n'y a aucun signe ostentatoire de réussite.
03:07 Je n'ai jamais compris cette pudeur, moi.
03:09 Moi si j'avais un César, un seul, je le mettrais en pendentif autour du cou.
03:15 *Rires*
03:16 Et toute ma vie je marcherais courbé, ça va quand même.
03:19 Moi perso, elle en a 6.
03:22 Alors si j'avais 6 Césars, oh my ghost.
03:27 *Rires*
03:29 Je changerais la constitution.
03:31 J'obligerais le ministère de la santé de me faire grandir.
03:34 Je veux la même taille que Gilles Lelouch.
03:36 Et j'exigerais une photo de moi dans toutes les mairies de France.
03:40 Surtout à Béziers, à Hélin-Beaumont et à Orange.
03:44 *Rires*
03:46 Ça, c'est ce que je ferais si moi j'avais 6 Césars.
03:50 Non, mais Agnès, elle ne fera jamais ça.
03:55 La nature est bien faite.
03:58 Je suis sûr qu'elle ne sait même pas qu'elle a 6 Césars, 8 Molières, 9 Jean Jaurès.
04:02 *Rires*
04:05 C'est vrai, cette humilité là, je ne sais pas si c'est l'éducation, la culture, je ne sais pas ce qui a merdé.
04:10 *Rires*
04:13 "Hassaut le trèfle de Baliverne", comme disait François Truffaut.
04:16 *Rires*
04:19 Ce soir, nous allons lui remettre un 7ème César, elle ne va pas pouvoir le cacher celui-là.
04:24 Un César d'honneur, pour témoigner notre respect, notre gratitude à l'une des comédiennes
04:31 les plus engagées dans le combat contre les inégalités, les violences, toutes les violences,
04:38 les a priori, la médiocrité ou la petitesse.
04:42 Ce n'est pas des mots chez Agnès Jaoui, c'est viscéral et factuel.
04:46 Elle fait ça tout le temps, partout, au cinéma comme à la vie.
04:50 J'ai toujours vu Agnès Jaoui s'acharner à défendre les plus faibles.
04:56 J'ai toujours vu tenter de tordre la gueule à la condescendance, au mépris ou au racisme ordinaire.
05:03 Vous savez ce petit tutoiement qu'on donne à la femme de ménage ou à l'ouvrier,
05:09 ce truc qui a l'air sympathique mais qui ne l'est absolument pas.
05:13 Je voudrais te dire ce soir Agnès, merci du fond du cœur pour avoir mis la lumière sur ce racisme ordinaire.
05:18 Mes parents l'ont tellement vécu.
05:21 Et enfin et surtout, dire à Agnès ce soir, à travers ce César, toute ma tendresse.
05:28 Parce qu'Agnès Jaoui m'a élevé, au sens propre du terme.
05:32 Les centaines d'heures de conversation que j'ai eues avec elle m'ont permis de prendre de la hauteur.
05:36 J'étais beaucoup plus petit que ça avant.
05:39 Tu sais c'est dur à croire mais je faisais un mètre avant de rencontrer Agnès.
05:45 Sa précision dans l'écriture, sa direction d'acteur m'ont énormément appris sur mon métier.
05:52 Je me souviens un jour sur Parlez-moi de la pluie, je venais de finir une scène avec Jean-Pierre,
05:55 c'était l'écoute première, j'étais très intimidé.
05:58 Elle est venue me voir et m'a dit "c'est bien mais tu ne respires pas au bon endroit".
06:04 Je n'avais jamais entendu cette phrase de toute ma vie.
06:07 "Tu ne respires pas au bon endroit". Je ne savais pas qu'il y avait des endroits pour respirer.
06:11 Je respirais à tue-tête, je ne me suis jamais posé la question.
06:14 J'ai flippé, j'ai dit "Agnès excuse-moi mais moi j'ai des problèmes de respiration, je fais de l'âme ça".
06:21 "Ca va être compliqué cette scène". Elle m'a rassuré, elle m'a dit "non, non, t'en fais pas, t'inquiète pas".
06:25 "Écoute, à action, tu inspires, tu ouvres la porte, tu regardes Jean-Pierre, tu balances ta réplique et tu expires".
06:35 J'étais en panique.
06:37 À action, j'ai inspiré, j'ai balancé ma réplique mais j'avais oublié d'ouvrir la porte.
06:45 J'ai dit "attends, j'ai ouvert la porte et là j'ai ré-inspiré".
06:49 Vous avez inspiré une seconde avant.
06:52 Double inspiration, suffocage.
06:56 Là Jean-Pierre il m'a téma et j'arrivais pas à...
06:59 Elle a dit "coupez, coupez, bien sûr coupez, qu'est-ce que tu veux faire d'autre ? La honte, la honte".
07:04 Je me souviens, Jean-Pierre il a dit "je t'avais dit de prendre Pierre Linet".
07:10 Lui au moins il sait respirer, c'est pas comme ce con.
07:16 Il a pas dit ce con mais...
07:19 C'est ce jour-là qu'Agnès m'a appris le sens du détail.
07:24 Ce cinéma où la moindre respiration a son importance.
07:27 Je peux vous le dire, ce soir Agnès m'a appris à respirer au cinéma.
07:30 Et pas qu'au cinéma.
07:33 Et si Agnès Jahouil nous touche autant, si je l'aime aussi profondément,
07:38 c'est parce que personne n'a écrit ou joué aussi bien qu'elle les sentiments humains.
07:46 Les pires comme les meilleurs, la médiocrité, la vanité, l'amour ou la fraternité.
07:51 Si Agnès nous touche, c'est parce qu'on a quasiment tous une famille,
07:56 parce qu'on a quasiment tous une cuisine,
08:00 parce qu'on connaît tous un beau frère condescendant, une sœur à cariatres,
08:04 un cousin gentil mais teubé, une mère un peu présente, bref.
08:09 Si on l'aime aussi profondément Agnès Jahouil,
08:13 c'est parce qu'on a tous un air de sa famille.
08:16 Mesdames et messieurs, s'il vous plaît.
08:19 Je vous demanderai de faire un tonnerre d'applaudissements
08:29 et de vous lever pour le César d'honneur, Agnès Jahouil.
08:33 Je vous dis à demain.