Le public assiste depuis quelques mois à un déferlement de violence inouïe entre Anouchka Delon et ses deux frères, les enfants d'Alain Delon. Une dispute familiale ahurissante, une tragédie grecque à l'heure des réseaux sociaux et des chaînes d'info en continu. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-28-fevrier-2024-4947270
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00:00 Bonjour Anouche Cadelon. Bonjour Léa. Merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Si vous étiez un sentiment, un film et un défaut, vous seriez quoi ?
00:08 Alors un sentiment, plutôt la résilience.
00:13 Je pense que je suis quelqu'un de très résiliente et ça se porte bien en ce moment.
00:19 Un film que j'aime beaucoup, particulièrement, c'est Amélie Poulain.
00:25 Pourquoi ?
00:26 J'aime cette femme, j'aime ce personnage, ce côté rêveur qu'elle a,
00:33 cette vision de rêve qu'elle a sur la vie, le plaisir dans les petites choses.
00:37 Le film retranscrit bien ça et c'est ce que je cherche souvent dans la vie,
00:41 le plaisir dans les choses du quotidien, un moment avec son enfant,
00:45 ou juste un café devant un lever de soleil le matin.
00:49 Et un défaut ?
00:50 Alors un défaut, c'est une qualité, mais je pense que chez moi ça doit être un défaut,
00:54 c'est la gentillesse. On prend la gentillesse souvent pour un défaut.
00:58 Et je crois que c'est ce qui me fait défaut aujourd'hui.
01:01 Sartre disait "il n'y a pas de bon père, c'est la règle, qu'on n'en tienne pas griève aux hommes,
01:06 mais au lien de paternité qui est pourri".
01:09 Il n'y a pas de bon père, vous êtes d'accord avec cette phrase ?
01:12 Alors je vais plutôt globaliser parce que c'est très juste ce que vous dites
01:16 et je pense qu'il n'y a pas de bons parents en fait.
01:19 Je pense qu'il y a juste des parents qui font de leur mieux avec ce qu'on leur a donné étant enfant.
01:23 Et il faut essayer de tisser un lien avec ses propres parents en ayant ça en tête.
01:29 Votre père Alain Delon disait en 2018 à propos de ses fils "je ne suis pas sûre d'avoir été un bon père pour eux,
01:35 ni un bon grand-père. Ai-je été à la hauteur ? Je ne le crois pas".
01:39 Donc il est très lucide en plus.
01:41 En 2019 toujours, votre père déclarait "je ne voudrais pas que mes enfants se déchirent comme les Halidés".
01:47 C'est raté.
01:48 Oui, complet.
01:49 C'est presque pire que les Halidés en fait, ce que vous montrez depuis ces dernières semaines.
01:55 Oui c'est pire. C'est pire parce qu'ils ont eu la décence de se déchirer malgré eux.
02:03 Parce que je pense qu'on se déchire malgré soi.
02:06 De se déchirer malgré eux après. Ils ont peut-être eu le respect un peu plus poussé.
02:13 Et qui n'est pas là en fait.
02:15 Après la mort de Johnny.
02:17 Absolument. Après on peut dire que peut-être que quand leur père est parti, ou quand son mari est parti,
02:25 ils ont peut-être fait semblant. Alors nous, peut-être qu'on n'arrivera pas jusqu'à là à faire semblant.
02:30 Vous n'arriverez pas à faire semblant ? Après tout ce qui s'est dit ?
02:33 Je ne pense pas. Il y avait déjà un fossé qui était creusé, mais là vraiment il est...
02:40 Béant.
02:41 Oui.
02:42 Donc vous n'arriverez pas à faire semblant aux obsèques de votre père. C'est ça que vous dites ?
02:47 Alors, faire semblant ou non, faire un effort. Oui.
02:53 Parce que je pense qu'on lui doit ça.
02:57 Que tout ce qui se passe c'est malgré lui aussi. Et qu'il ne devrait pas pâtir de ça en fait.
03:04 Annouchka Delon, on assiste depuis quelques mois à un déferlement de violence inouï entre vous et vos deux frères.
03:09 Donc une dispute familiale ahurissante, un drame shakespearien, une tragédie grecque à l'heure des réseaux sociaux et des chaînes d'info en continu.
03:16 Une dispute aux dimensions nationales parce qu'elle touche un de nos derniers monstres sacrés, Alain Delon, l'immense acteur de Rocco et ses frères, du Guépard, de Plein Soleil, du Samouraï, de Monsieur Klein.
03:27 Et j'en passe et j'en oublie. Et vous vous disputez et les Français regardent ça avec un mélange de fascination, peut-être malsaine mais c'est ainsi parce que c'est Alain Delon,
03:37 mais aussi de tristesse, beaucoup de tristesse de vous regarder, de regarder cette fin de vie salie.
03:42 Pourquoi ces règlements de comptes familiaux sont publics, Annouchka ? Pourquoi vous n'auriez pas pu faire tout ça hors caméra ?
03:49 Ah si, mais ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question en fait. Ce sont des sujets qui étaient récurrents avant tout ce déballage.
03:56 Et ce sont des choses qui devraient, à mon sens, rester en famille et ne pas être déballées aux yeux du monde entier.
04:07 Vous dites ça et vous êtes là au micro.
04:09 Parce qu'à un moment donné je suis obligée en fait de venir parler, de venir pas me défendre parce que je n'ai pas à me défendre, mais d'être là pour moi, de dire ce que j'ai à dire.
04:19 J'ai été assez discrète ces derniers mois parce que j'ai été très affectée.
04:26 C'est vrai que vous n'avez parlé qu'au 20h de TF1 il y a un mois et demi je crois, et au journal Elle.
04:32 Voilà, exactement, parce que j'avais besoin de me reprendre, de me retrouver, parce que ça a été d'une violence extrême pour moi.
04:40 Comme je l'ai dit, chez TF1, quand j'ai appris cette nouvelle que ce Paris Match allait sortir, je ne sais pas si j'ai eu la chance ou la malchance de l'apprendre la veille.
04:52 J'étais au restaurant avec mon mari et mon fils, on était en vacances.
04:56 Parce que, bah oui, j'emmène aussi un peu mon fils en vacances parce qu'il est malade depuis un petit moment et que je me dis qu'il faut que je lui offre des moments de plaisir aussi dans la vie.
05:05 Il a été diagnostiqué d'une maladie rénale, votre fils qui a 4 ans.
05:08 Oui, en septembre dernier.
05:10 Et vous dites que vous passez votre temps aujourd'hui entre l'hôpital pour votre fils et doucher.
05:15 Et mon père, en fait, quand je suis chez mon père, je suis inquiète pour mon fils et quand je suis avec mon fils, je suis inquiète pour mon père.
05:23 En fait, je vis un enfer personnel depuis septembre. Dans ce cadre-là, j'en vis un autre personnel depuis janvier aussi, parce que c'est un enfer.
05:33 Je ne peux pas parler d'autre chose et utiliser un autre mot qu'un enfer, parce que c'est violent, parce que c'est absurde, parce que c'est abject et que c'est très agressif.
05:42 Et je suis là aujourd'hui parce que...
05:45 Mais parce que... parce que j'ai même pas envie de polémiquer avec eux, parce qu'on est en train de polémiquer par médias interposés.
05:54 C'est ridicule, surtout quand on voit ce qui se passe dans le monde.
05:57 Mais nous, en fait, c'est vraiment infime, nos problèmes à côté de ça.
06:00 C'est presque honteux de venir parler de ça et j'ai honte d'être là, en fait, face à vous, en quelque sorte.
06:12 Donc on va encore me dire "mais si elle a honte, pourquoi elle est là ?"
06:15 Mais parce qu'à un moment donné, si ça arrivait à ma meilleure amie, j'irais la défendre, j'irais monter au créneau pour elle.
06:22 Donc qu'est-ce que je fais ? Je suis ma meilleure amie, je monte au créneau pour moi.
06:26 Il y a d'un côté, pour qu'on replace l'affaire pour ceux qui ne l'ont pas suivie, mais enfin, globalement c'est difficile de la louper sauf si vous habitez sur Mars.
06:34 Il y a vous, donc, Anouche 4, en 3 ans d'un côté.
06:36 Vous êtes comédienne, vous étiez à l'affiche d'ailleurs d'un film de Pascal Thomas, "Le voyage en pyjama", qui est sorti en janvier dernier, au moment de l'affaire où elle a éclaté.
06:43 De l'autre, il y a vos deux frères, Alain Fabien, 29 ans, et votre demi-frère, Anthony Delon, qui a 59 ans, qui est le fils d'Alain Delon, avec Nathalie Delon.
06:51 Depuis quelques mois, vos deux frères vous accusent publiquement de manipuler votre père, de leur avoir caché son état de santé.
06:58 Ils vous accusent de ne pas vouloir respecter les dernières volontés de votre père, c'est-à-dire de mourir chez lui, en France, dans cette propriété de doucher qu'il avait acquise avec Mireille Dard, qui est l'endroit qu'il aime, là où sont enterrés ses chiens.
07:10 Là où nous avons grandi, aussi, Alain Fabien et moi, il ne faut pas oublier ça.
07:15 Il vous reproche donc de vouloir aller contre ces dernières volontés, qui sont de mourir là-bas, d'avoir poussé pour l'emmener en Suisse, pour, pense-t-il, en tout cas c'est ce qu'ils disent,
07:28 votre père est résident suisse théoriquement, pour que vous n'ayez pas à payer d'impôts sur les successions plus élevés, parce que le régime fiscal en France est plus élevé.
07:37 Ça c'est pour les griefs, doublés de plaintes déposées dans tous les sens, de messages à Instagram injurieux, d'enregistrements qu'on a faits à votre insu aussi, et d'interventions dans les médias.
07:47 Comment vous en êtes arrivés là, Anouchka Delon ? Comment vous en êtes arrivés à ce degré de haine ?
07:53 Et de folie, parce qu'on est dans la folie. J'ai l'impression d'être dans la folie, j'ai l'impression d'être dans un mauvais film.
08:00 Mais comment vous en êtes arrivés là ? Ou comment eux en sont arrivés à vous haïr à ce point ?
08:05 Je ne sais pas, mais vous savez, comment nous en sommes arrivés là, je pense que c'est des choses qui sont sous le tapis depuis des années,
08:15 et que malheureusement mon père n'a pas su nous réunir autour de lui. C'est quelque chose qui est latent, c'est quelque chose qui est là depuis...
08:24 Depuis quand d'ailleurs ?
08:26 Je ne sais pas, franchement je ne sais pas. Je ne sais pas, je voudrais dire depuis toujours, on a cette expression, pardonnez-moi,
08:37 mais dire que les choses parfois sont pourries dans l'œuf, je crois qu'on est un peu dans ce cas de figure.
08:42 Pourquoi pourries dans l'œuf ?
08:44 C'est-à-dire depuis que vous êtes née, vous avez 33 ans, vous avez rencontré Anthony quand vous aviez 12 ans, il en avait 38, c'était la première fois que vous l'avez vu.
08:52 Mais vous racontez qu'au début c'était plutôt sympa ?
08:56 C'était plutôt agréable, je croyais qu'on s'aimait, c'est ce que j'ai dit, je le répète, je croyais qu'on s'aimait, parce que moi j'aimais profondément mon frère,
09:02 et j'ai dit j'aimais parce que là j'ai du mal à aimer quelqu'un qui me fait autant de mal.
09:06 Et on avait des rapports assez jolis.
09:11 Mais alors qu'est-ce qui s'est gâché ?
09:13 Je ne sais pas, je ne sais pas.
09:15 Qu'est-ce que vous avez fait ?
09:16 Vous me dites que c'est peut-être depuis votre naissance, alors on a l'impression que c'est parce que je suis née fille et que j'ai eu une relation différente de la leur avec mon père.
09:26 Que lui, votre père, a sans doute plus aimé sa fille que ses deux fils ?
09:32 Plus, je ne sais pas, mais différemment, peut-être avec moins de comparaison aussi.
09:36 Après on rentre très vite dans le psychologique, dans le temps-ci.
09:42 À dire que peut-être parce que c'est une sorte de prolongement de lui, deux hommes face à lui, qui a une comparaison.
09:50 Et qui a aussi chez les hommes et puis chez nous tellement d'ego.
09:54 Et je le répète, il y a beaucoup d'ego chez nous, c'est à couper au couteau.
09:58 Et c'est étouffant d'être là, d'imposer par cette figure de votre père, qui a énormément d'ego et d'orgueil, il ne s'en est jamais caché.
10:06 Non, non, c'est qui il est, c'est un homme paradoxal.
10:09 Vous l'avez vous-même interviewé dans une interview que j'aime particulièrement.
10:15 Je l'avais interviewé dans "Stupéfiant", dans une grande interview que j'avais faite à la télé il y a 7 ans.
10:20 Quand je l'avais emmené à Palerme, dans le palais où il avait tourné "Le guépard de Visconti".
10:26 Il n'était pas revenu depuis 50 ans et c'est vrai que ça avait donné à une jolie confidence très forte.
10:32 On va l'écouter d'ailleurs tout à l'heure.
10:35 Vous voyez là-dedans que c'est un homme, enfin on le connaît depuis 88 ans, il est là 88 ans, on le connaît depuis une soixantaine d'années.
10:42 On sait que c'est un homme paradoxal et que c'est un homme profondément tendre.
10:47 Et dur.
10:49 Oui, tendre et dur, donc vous voyez c'est paradoxal, ça s'annule.
10:53 Je vais revenir sur les relations et sur son lien de paternité, mais sur le fond, sur ce qu'il vous reproche.
10:58 Vous n'avez pas essayé de l'emmener en Suisse pour éviter de payer trop d'impôts en France, c'est faux ce qu'il vous reproche.
11:03 Non mais en fait ça m'horrifie de voir qu'on me fait passer pour une personne que je ne suis pas,
11:08 qu'on me fait passer pour une fille qui ne s'occupe pas de son père, pour une fille vénale ou évadée fiscale.
11:14 Donc c'est faux quand tu dis ça ?
11:16 Non bien sûr que c'est faux.
11:17 Vous n'avez pas voulu aller à l'encontre des volontés de votre père, qu'il ne meure pas à Douchy,
11:22 ou qu'il parte en Suisse pour être bien qualifié de résident suisse et pas de résident français ?
11:26 Non mais vous savez, la question de mon père, à savoir s'il est résident français ou résident suisse,
11:31 ça le regarde, ça nous regarde en principe de manière privée.
11:36 C'est une question qui est forcément là parce que c'est Alain Delon et que ce n'est pas n'importe qui.
11:42 C'est quelqu'un qui a une carrière, qui a une fortune.
11:44 Ce sont des questions qui se posent en interne, ce ne sont pas des questions qui devraient se poser en public
11:49 et ce ne sont pas des choses qu'on devrait mettre sur mon dos surtout.
11:52 Mon père c'est un homme qui a vécu toute sa vie entre la France et la Suisse, qui a toujours été soigné en Suisse.
12:02 Il a été soigné en France aussi dans des cliniques très bien pour des choses particulières qui nécessitaient des soins en France.
12:08 Il a toujours été soigné en Suisse, ça fait 15 ans qu'il est soigné dans sa clinique en Suisse de Génolier
12:12 et ça fait 5 ans qu'il est suivi là-bas suite à son AVC et son hématome sous-dural.
12:16 Pourquoi il dit Anthony que vous voulez l'emmener dans un hôpital qu'il ne connaît pas, dans des lieux qu'il ne connaît pas ?
12:21 Parce que ça c'est le fruit de son imagination et de ses fantasmes.
12:25 Il est lui-même venu voir mon père plusieurs fois à la clinique en Suisse, il a lui-même parlé aux médecins, aux oncologues, aux médecins généralistes qui le suivaient.
12:33 Donc il avait connaissance autant que moi du dossier médical dans les limites des connaissances que nous en avions.
12:40 J'ai appris d'ailleurs récemment qu'il avait reproché à Iromi Rollin d'avoir caché les tests cognitifs également.
12:46 Donc bon après ça peut être Iromi, moi, Pierre, Paul ou Jacques, comme on veut.
12:51 On va laisser Iromi Rollin qui était la personne qui travaillait chez votre père.
12:55 Non mais on la laisse de côté, on était en tout cas d'accord, elle et moi, sur une chose, c'est qu'il n'y avait aucun problème pour elle de venir avec mon père tous les deux mois, se faire soigner en Suisse.
13:07 A nous aujourd'hui.
13:09 Non mais voilà, je reviens sur ce que vous me demandez, la question que vous me posez.
13:13 Moi ça n'a jamais été mon intention de faire venir mon père en Suisse pour qu'il "cane" là-bas, je le mets entre guillemets comme Anthony utilise comme mot violent.
13:23 Ça a toujours été pour le faire soigner.
13:25 A partir du moment où mon père lui-même à un instant T a décidé aussi de ne plus se faire soigner parce qu'il est dans une telle optique négative qu'il n'a plus envie de se faire soigner, j'ai respecté la volonté.
13:38 C'est-à-dire que je respectais ses volontés quand il voulait venir en Suisse et qu'il venait tous les deux mois pour se faire soigner.
13:43 Et à partir du moment où il a décidé de ne plus soigner, je me suis reculée.
13:48 Sauf qu'entre le moment où eux estimaient qu'il n'était plus nécessaire qu'il se fasse soigner et que lui a décidé de ne plus soigner, là-dedans je me dépatouillais et je me débattais toute seule.
13:57 Parce que moi j'avais toujours envie de le faire venir en Suisse pour voir son oncologue, qu'il le suive pour sa maladie grave et pour voir ses médecins spécialisés.
14:04 Donc, aujourd'hui il ne se soigne plus.
14:06 Non, il n'a plus la volonté de se soigner.
14:08 Il ne prend plus rien ?
14:09 Non, il a un certain nombre de médicaments pour lesquels il est suivi, pour sa maladie en tout cas.
14:15 Il ne se soigne plus, on n'est même plus là-dedans, on a six mois de retard, c'est comme ça.
14:20 Aujourd'hui, il va être requalifié comme dit votre frère, de résident français, donc demain quand il va mourir...
14:29 J'imagine, je crois qu'Antony ne travaille pas à Bercy, pas aux dernières nouvelles, mais je ne peux pas vous dire ça non plus.
14:34 Vous devrez payer les impôts sur la succession de la loi française et vous l'acceptez ?
14:38 En fait, vous savez Léa, ce n'est même pas une question d'argent, en tout cas pas pour moi.
14:42 Parce qu'on a l'impression que tout ce déballage et cet écran de fumée, c'est pour dire que l'argent n'intéresse pas une certaine personne.
14:49 Et en même temps, on a l'impression qu'à force d'en parler, il n'y a que ça qui peut vous intéresser.
14:53 On a l'impression que l'argent est au cœur quand même de la bataille.
14:55 C'est ça, je pense qu'il y a un souci d'argent, c'est indigne d'en parler quand on a des millions de français qui ont des problèmes qui résultent de problèmes d'argent.
15:09 Donc nous, on est là à s'étaler et à parler de problèmes de riches parce que ce dont on parle, nos petits problèmes et nos petits soucis,
15:15 et notre petit nombril, ce ne sont que des problèmes de riches.
15:18 Et c'est indécent de parler de ça.
15:21 Dans notre famille, on n'a jamais parlé d'argent.
15:26 Mon père n'a jamais été dans l'indécence, dans l'agressivité, dans la violence des propos.
15:33 Il n'aimerait pas qu'on parle de ça.
15:36 Et ce n'est pas une question d'argent, vous savez.
15:38 Moi, je suis comme n'importe quel citoyen du monde, parce que je ne vais pas dire français, parce qu'on va me dire qu'elle vit en Suisse depuis 6 ans.
15:45 Je paie mes impôts en Suisse quand je travaille en Suisse et je paie mes impôts en France quand je travaille en France.
15:51 Et il n'y a pas de souci de savoir combien je vais payer d'impôts le plus tard possible.
15:55 C'est horrible, on a l'impression déjà de parler comme s'il était mort.
15:58 Vous voyez ce que je veux dire ?
16:00 Il faut dire qu'il ne vous a pas aidé, votre père.
16:02 Non, bien sûr.
16:03 Parce que dès l'origine, la répartition de l'héritage, elle peut créer de la frustration et des rancœurs.
16:08 Vous vous rendez compte de ce qu'on en est ?
16:10 On parle de choses qui sont tellement privées.
16:15 Je suis désolée, ce n'est pas moi qui l'ai mise sur la place publique.
16:19 Et moi non plus.
16:20 Elle y est.
16:21 Attendez, ce n'est pas vous qui l'avez mise sur la place publique, ce n'est pas moi et ce n'est pas mon père.
16:26 Et mon père, vous le connaissez aussi très bien pour l'avoir interviewé et le connaître personnellement,
16:31 c'est un homme qui décide lui-même quand il a quelque chose à dire ou pas.
16:36 Donc je pense que si quelqu'un avait quelque chose à dire, c'était lui.
16:39 Peut-être déjà en privé, il aurait pu rester privé, ou même en public,
16:42 de dire "j'ai vu les choses avec mes enfants, j'ai géré telle ou telle chose".
16:45 Mais ce n'est pas à nous de parler de ça.
16:46 Ce n'est pas à nous de parler de son argent, ce n'est pas à nous de parler de sa santé,
16:49 ce n'est pas à nous de parler de lui.
16:51 Ou de mettre des mots dans sa bouche.
16:53 En tout cas, Anthony Delon dit "l'héritage, moi je l'ai accepté, l'héritage il est le suivant".
16:57 On n'a pas l'impression parce que c'est tout ce qui ressort.
16:59 L'héritage c'est 50% pour vous et 25% pour vos deux frères.
17:02 Ce qui peut, évidemment, on peut le comprendre, créer de la rancœur.
17:05 Mais vous savez, je pense que vous me posiez la question tout à l'heure, un peu plus tôt,
17:09 de savoir d'où ça venait.
17:11 Je pense que ça vient d'une extrême souffrance de leur part.
17:14 Et je la comprends cette souffrance.
17:16 Pourquoi ils ont tellement souffert ? Pourquoi il les a fait peut-être tellement souffrir ?
17:22 Je ne sais pas, ça c'est leur cuisine interne à eux, leur relation.
17:26 Je ne peux pas parler de leur relation comme eux ne peuvent pas parler de celle que j'ai avec mon père.
17:31 Je suis devant vous aujourd'hui parce qu'on est en train de me faire passer pour une petite fille riche,
17:36 petite fille à papa, vénale, exilée fiscale, qui ne s'occupe pas de son père, qui n'aime pas son père.
17:43 On est en train de mettre un fantasme sur une relation sincère d'amour que j'ai avec mon père.
17:50 On est en train de me faire passer pour une petite fille qui manipule son père,
17:53 pour une fille qui agresse son père dans un enregistrement sordide.
18:00 Mon père, quand je l'ai vu au moment de cet enregistrement, j'aimerais revenir dessus parce que c'est quelque chose qui me...
18:05 C'est quand votre frère Alain Fabien a enregistré un moment où vous parliez avec votre père.
18:08 Il l'a diffusé sur les réseaux.
18:09 Un moment...
18:10 Vous lui dites "papa j'en peux plus, en gros, regarde ce qu'ils me font, il faut que tu parles, il faut que tu règles l'affaire".
18:14 Parce que ça faisait 4 jours que le Paris Match était sorti, que moi j'étais au plus mal,
18:21 que ce que j'ai dit au JT de 20h était une réalité.
18:24 Oui, pendant 10 secondes, j'ai ressenti un tel désespoir que j'ai eu envie de sauter par la fenêtre,
18:30 que ça m'est revenu aux oreilles que mon frère...
18:34 Enfin, que mon frère...
18:35 Qu'Anthony Delon a déclaré que ce n'était que des mots.
18:39 Donc j'invite Anthony Delon à parler à toutes ces personnes et toutes ces familles qui ont des drames avec des gens
18:46 qui sont passés à l'acte parce que c'était que des mots.
18:49 J'ai eu énormément de chance d'avoir été entourée par une autre partie de ma famille, par des amis,
18:54 par des gens qui ont pris au sérieux ce que j'ai dit.
18:57 Et je reviens juste sur votre question, cet enregistrement.
19:01 Voilà l'état dans lequel j'étais moi, de désespoir ce jour-là.
19:04 C'est un instant T qui a été enregistré où je fais part de mon père à mon désespoir
19:09 parce que j'arrive ce soir-là, il me dit "qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qui se passe sur ton visage ? Je te reconnais plus".
19:15 Mon père, pour la première fois de ma vie et de la sienne et de notre relation où je lui dis tout,
19:20 à 33 ans, il ne m'a plus reconnu.
19:23 De douleur sur mon visage. Je ne savais plus qui j'étais.
19:27 Parce qu'on remet en question qui vous êtes et on vous fait douter de qui vous êtes à ce moment-là.
19:31 Et donc moi, mon père, je le prends dans la cuisine.
19:34 On est tous les deux à table. J'imagine que c'est un moment de confiance.
19:37 Je n'imagine pas comment enregistrer. Je lui dis "ben oui, tu ne me reconnais pas parce que voilà ce qui se passe.
19:41 Voilà ce qu'on est en train de te faire".
19:44 On avait des conversations internes depuis des semaines avec mon père
19:47 parce que j'avais appris que mes frères voulaient le mettre sous tutelle,
19:49 que c'était quelque chose dont il parlait depuis des mois.
19:53 Anthony, le jour de sa main courante, commençait encore à me parler de médecin expert et de tutelle sur mon père.
20:00 Donc en fait, moi, quand j'explique à mon père que le piège est en train de se refermer sur lui,
20:05 c'est ce piège-là qu'ils sont en train de mettre en place depuis des mois.
20:09 Et il est en train de se refermer non seulement sur lui, mais sur moi aussi.
20:14 Et le cercueil est cloué avec l'audio. Mon cercueil est cloué avec l'audio.
20:18 Anthony dit que le procureur lui-même dit qu'il a perdu son discernement,
20:22 que son discernement a été aboli.
20:24 Je ne sais pas ce que vous en pensez. Il me semble que vous l'aviez au téléphone récemment.
20:28 Vous, à mon père, vous l'aviez au téléphone ?
20:30 Oui, j'ai eu votre père au téléphone. Enfin, je ne suis pas experte.
20:33 Comment il vous a semblé, vous, d'extérieur ?
20:36 Non, je n'ai pas eu le sentiment que son discernement était aboli.
20:39 En tout cas, il avait du mal à parler.
20:41 Il a du mal à parler comme un monsieur qui a une maladie grave et qui ne prend pas de médicament.
20:44 On a pu parler quelques minutes, effectivement. Après, je ne suis pas experte.
20:48 Non, mais justement, il en a vu un d'expert. Il en a vu plusieurs.
20:53 Il en a vu un et oui, effectivement, c'est sorti dans la presse comme quoi j'étais présente avec cet expert.
20:58 Et il a dit à l'expert, mais vous savez, je suis juste malade, pas débile.
21:01 Donc, c'est juste pour comprendre ce que vous me dites.
21:04 Anoushka, vous avez parlé dans "Elle" des scènes violentes quand nous étions enfants.
21:07 J'étais là, j'étais enfant aussi. Je comprends la douleur de mes frères.
21:10 C'est quoi ces scènes violentes qu'ils ont subies ? Pas vous.
21:14 Ce sont des scènes dont eux ont parlé dans leurs diverses interviews ou dans leurs récits, dans leurs livres.
21:24 Ce n'est pas à moi d'en parler en détail parce que ça leur appartient également.
21:28 Je ne me permets pas de parler de choses qui ne m'appartiennent pas.
21:31 Mais effectivement, oui, il y a eu de la violence dans notre famille.
21:35 Il y a eu des moments intenses, de la violence verbale, de la violence physique.
21:40 Moi aussi, j'étais une enfant à ce moment-là. J'ai toujours essayé de m'interposer dans ces moments-là.
21:47 Voilà, ce sont des choses qui nous regardent, nous.
21:50 Et comme j'ai toujours essayé de m'interposer aussi, et je le mets entre guillemets,
21:54 de m'interposer entre les rapports que mon père pouvait avoir avec ses fils.
21:59 J'ai toujours eu le sentiment, depuis toute petite que c'était à moi de réparer quelque chose.
22:03 Parce que j'ai grandi avec le sentiment de culpabilité que c'était de ma faute, ce qui leur arrivait.
22:09 Parce que comment on peut aimer autant sa fille et avoir une relation si compliquée avec ses garçons ?
22:14 Je pensais que c'était de ma faute.
22:16 Et on m'a aussi longtemps fait porter cette culpabilité en disant que c'était de ma faute jusqu'à aujourd'hui.
22:21 Parce que ce qui ressort, on a l'impression que tout ce qui arrive, c'est de ma faute.
22:25 Sauf qu'en fait, à un moment donné, je ne crois pas que ce soit à moi de réparer ça.
22:29 Je comprends leur souffrance. Je la ressens parce que moi-même,
22:35 je n'ai pas forcément des rapports simples avec tous les membres de ma famille.
22:38 Je peux comprendre ce que c'est d'être moins regardée par un membre de sa famille.
22:42 Vous parlez de votre mère ?
22:44 Oui, ma mère c'est une personne que j'aime énormément. Vraiment.
22:48 Vous ne lui parlez plus ?
22:51 Si, on se parle. Ma maman est venue aider à la campagne chez mon père.
22:56 Je n'ai pas forcément envie de m'étaler là-dessus.
22:59 Je sais qu'elle n'apprécierait pas qu'on parle d'elle sans qu'elle soit là ou qu'elle soit au courant.
23:04 Mais c'est une femme pour qui j'ai un amour infini.
23:07 Et qui a une relation peut-être plus forte avec son fils qu'avec moi.
23:11 Et je l'accepte. Ce n'est pas grave.
23:13 Je n'effraie pas de l'aimer moins. Je l'aime encore plus.
23:16 Et s'il y a encore plus envie qu'elle me regarde, il n'y a pas d'autre sentiment que de l'amour.
23:22 Ce problème avec ses fils, Anouchka, ça vient de lui ?
23:26 Le fait qu'il ait été abandonné à l'Indolon quand il avait 4 ans, mis dans une famille d'accueil.
23:31 Il n'a jamais vu ses parents ensemble.
23:33 Comment comprendre que vos parents se débarrassent de vous quand vous n'avez que 4 ans ?
23:38 Je pense qu'il y a quelque chose de cet ordre-là.
23:41 Peut-être qu'il a un souci avec le masculin.
23:45 Parce qu'il a eu ce sentiment d'abandon et de rejet qui était invivable pour lui quand il était petit.
23:52 Et donc peut-être que dans toute cette malchance familiale que je vis en ce moment,
23:57 j'ai peut-être eu de la chance à un moment donné d'être né fille et pas garçon.
24:00 J'aurais peut-être eu une autre vie.
24:02 Aujourd'hui, comment ça se passe à Douchy ?
24:05 Vous y allez tous les combien ?
24:08 J'y vais toutes les semaines.
24:09 Je fais comme je peux entre mon fils et mon père.
24:11 Et vous déjeunez avec lui en tête à tête.
24:14 Il ne veut pas qu'il y ait Alain Fabien qui vit à côté.
24:18 Tout le monde va et vient comme il le souhaite dans la maison.
24:21 Mais quand vous déjeunez ou vous dînez avec lui, vous parlez de quoi ?
24:24 De tout. De tout ou de rien.
24:28 Il me demande des nouvelles de mon fils.
24:30 Il me demande comment ça se passe à l'école.
24:33 En fait, il s'intéresse beaucoup à mon fils.
24:36 Ils ont une jolie relation.
24:38 Et vous ne l'emmenez pas votre fils à Douchy ?
24:40 Je ne l'emmène plus.
24:41 Pourquoi ?
24:42 Parce que c'est devenu étouffant.
24:45 Et que je n'ai pas envie de lui faire vivre ça.
24:47 Que sa maman est déjà assez mal pour que lui ressente toutes ces énergies.
24:51 Je l'ai emmené encore récemment.
24:54 Le pauvre, c'était l'été dernier.
24:57 Je crois que ça devait être en septembre.
25:00 Je l'ai emmené voir son grand-père.
25:02 Après, on se face time souvent.
25:04 Ça lui fait plaisir.
25:06 Il continue de suivre l'actualité, votre père ?
25:08 Je sais que ses dernières interventions, c'était pour l'Ukraine.
25:11 Il avait des prépositions pour l'Ukraine, pour les Ukrainiens.
25:15 En disant que s'il était encore en âge, il serait même allé se battre.
25:18 Il avait même conversé avec le président Zelensky.
25:21 C'était fort ça.
25:22 Il continue à suivre l'actualité ?
25:23 Bien sûr.
25:24 Il regarde la télé ? Il lit la presse ?
25:25 Il continue à lire Le Parisien tous les jours ?
25:27 Oui, c'est son journal préféré.
25:29 Le Parisien ou Aujourd'hui en France.
25:31 Parce qu'à la campagne, c'est Aujourd'hui en France.
25:33 Et il est toujours très concerné.
25:35 Il lit son journal attentivement.
25:37 Et il est concerné par ce qui se passe aussi dans sa famille.
25:40 Après, il ne suit pas...
25:41 Il suit, il voit le grand déballage ?
25:43 Il suit ça depuis deux mois ?
25:45 Il suit, oui. Dans les grandes lignes, je pense.
25:47 Parce qu'on ne lui amène pas tout.
25:50 Qu'on lui amène le Paris Match quand il sort.
25:53 Ou quand mon aile, je vais lui ramener.
25:56 Pour qu'il le lise.
25:57 Parce que j'imagine qu'on lui déforme souvent.
26:01 Ce que je dis dedans, tant qu'il n'a pas lu, il ne sait pas.
26:04 Mais je pense qu'il a besoin d'être au courant de tout ça.
26:07 Il me le dit. Il me dit "Comment tu vas toi ? Comment tu te sens ?"
26:10 Et pourquoi il ne parle pas ?
26:12 Je pense qu'il n'en a pas envie.
26:13 Ce n'est pas qu'il ne peut pas.
26:14 C'est qu'il ne veut pas.
26:15 Je pense qu'il a envie, à un moment donné, dans sa vie à 88 ans,
26:19 comme il dit lui, si bien qu'on me laisse crever en paix.
26:24 Parce que c'est ce qu'il demande.
26:25 Et c'est tout.
26:26 Sauf le laisser crever en paix, ce qui se passe.
26:29 Les armes à feu.
26:31 On a vu qu'il y avait une perquisition il y a quelques jours
26:34 où on a pris une cinquantaine d'armes à feu.
26:36 Parce que c'est aussi ça, chez les Delon.
26:39 Vous avez grandi, c'était quoi ? C'était un meuble, les armes, dans votre famille ?
26:44 C'est quelque chose qui a toujours fait partie de la famille.
26:47 C'est presque un mode de vie, je pense, chez mon père.
26:51 Donc ça le regarde, c'est sa passion.
26:54 C'est sa passion.
26:55 Et nous, on a grandi là-dedans.
26:57 Et c'est compliqué aussi de trouver sa place d'enfant dans un univers comme ça.
27:02 Et on la trouve comme on peut.
27:04 On va dans la direction dans laquelle on décide d'aller aussi.
27:07 Avec ça.
27:08 Vous, quand vous allez à doucher, vous allez avec un garde du corps
27:11 qui dort dans la chambre d'à côté.
27:12 Vous avez peur qu'il vous arrive quelque chose ?
27:14 J'ai peur qu'il m'arrive quelque chose depuis tout ce déballage.
27:18 Parce que j'ai reçu des menaces de mort.
27:20 Parce que j'ai reçu des menaces sur mon fils.
27:24 Parce que j'ai des gens qui sont venus jusque chez moi en Suisse,
27:31 soignés à ma porte,
27:33 qui m'ont pris en photo en bas de chez moi,
27:35 avec les affaires de mon fils dans les mains.
27:38 Vous avez reçu aussi des messages de soutien ?
27:40 Beaucoup.
27:41 Beaucoup.
27:42 Et ça, il faut le dire, parce que j'apprécie énormément la gentillesse des gens
27:45 et de voir à quel point beaucoup de Français traversent les mêmes soucis familiaux,
27:49 sauf que ce n'est pas les enfants d'Alain Delon dont on n'en parle pas.
27:52 Et ça me permet de me sentir moins seul aussi.
27:55 Votre père, dont j'avais interviewé dans "Stupéfiant",
27:57 parle de cette fin de vie, parle de sa solitude, du monde tel qu'il va.
28:02 Il parle de De Gaulle, il cite De Gaulle dans le texte.
28:04 Je voudrais l'écouter.
28:05 Tout ce qui se passe dans le monde, ça me révulse.
28:08 Moi, je ne suis pas prêché, quoi que,
28:11 mais je n'aurai aucun regret de partir,
28:14 parce que je ne peux plus vivre ce monde.
28:16 De Gaulle disait "Dans le tumulte des hommes et des événements,
28:22 la solitude était ma tentation".
28:25 Vous connaissez ça ?
28:26 "Dans le tumulte des hommes et des événements, la solitude était ma tentation.
28:30 Maintenant, elle est mon amie".
28:32 C'est un peu où j'en suis.
28:34 Tout ce que je vois, tout ce que j'entends, ça me révulse et ça m'écœure.
28:38 La solitude, il l'a toujours eu, votre père.
28:44 Oui, ça restera jusqu'au bout.
28:47 C'est sa fidèle amie, la solitude.
28:50 Il y avait la solitude et il y avait vous, en fait.
28:53 J'ai eu beaucoup de chance.
28:55 J'ai toujours beaucoup de chance,
28:57 mais j'ai tellement de chance d'être tombée sur lui.
29:00 Je pense que ce n'est pas par hasard,
29:02 on ne s'est pas rencontré par hasard dans cette vie.
29:05 Ça me touche un peu de l'entendre,
29:07 parce que c'est quelqu'un de bien.
29:10 C'est quelqu'un de bien.
29:12 J'ai eu plus de chance que mes frères dans ces relations.
29:17 Je conçois qu'ils souffrent, les deux.
29:20 Je pense que ça doit être incommensurable comme souffrance,
29:24 mais inimaginable.
29:26 Mais ce n'est pas parce qu'ils souffrent
29:28 qu'ils doivent me faire souffrir
29:30 et faire souffrir leur père à travers ça,
29:33 parce que c'est ce qu'ils font.
29:35 Ils souffrent à l'un de l'autre de voir tout ça ?
29:38 Bien sûr qu'ils souffrent,
29:40 parce qu'il n'a pas su faire.
29:42 Mais ce n'est pas parce qu'il n'a pas su faire
29:44 qu'il faut le faire souffrir.
29:46 Ce n'est pas parce que je suis là-dedans
29:48 qu'il faut me faire souffrir aussi.
29:50 Il y a cette phrase de Scarwell, je ne sais pas si vous la connaissez.
29:52 "On commence par aimer ses parents,
29:54 quand on grandit on les juge,
29:56 parfois on leur pardonne."
29:58 Vous pensez que vos frères pardonneront un jour à votre père ?
30:01 Vous pensez qu'un jour vous pardonnerez à vos frères ?
30:04 Ou c'est aller trop loin ?
30:07 Ce qui concerne mes frères et leur père,
30:11 ça les regarde.
30:14 Moi, je suis toujours dans le pardon,
30:18 dans la vie, dans la résilience.
30:20 Après, pardonner ne veut pas dire excuser.
30:23 Donc pardonner, c'est aussi se détacher de la souffrance que ça vous crée,
30:28 parce que moi ça me crée énormément de souffrance et d'angoisse.
30:31 Donc leur pardonner, oui,
30:33 mais revenir en arrière, ça me semble impossible.
30:37 Il y a quelques années, il avait fait thé ou café,
30:40 et Catherine Sélac lui avait demandé quel épitaphe il souhaitait.
30:43 Et il avait répondu Alfred Demus, si on écoute.
30:46 Quel épitaphe vous aimeriez voir sur votre tombe ?
30:50 J'ai aimé souvent, je me suis trompé quelques fois,
30:54 mais j'ai aimé.
30:56 C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice,
30:58 créé par mon orgueil et mon ennui.
31:01 Vous la connaissez par cœur la phrase ?
31:03 Oui.
31:04 Ce sera ça son épitaphe ?
31:05 Je connais beaucoup de choses de lui par cœur,
31:07 comme ça, des belles choses.
31:09 Je pense, oui, quand il dit, c'est pas pour rien.
31:13 Et c'est vrai qu'il a beaucoup fait de choses, je pense,
31:17 maladroitement dans sa vie,
31:19 mais toujours avec le cœur et toujours avec amour.
31:22 C'est un homme qui est plein d'amour.
31:26 Et il a fait comme il a pu.
31:28 Nous, on retiendra en tout cas les films,
31:31 parce que ça fait deux mois qu'on ne parle pas
31:34 de l'acteur immense qu'il était,
31:36 de tous ses films, de Monsieur Klein,
31:38 de tous les films de Visconti,
31:40 d'Oroco et ses frères, du Guépard, de tout ça.
31:42 On retiendra qu'il est sans doute la dernière immense star française.
31:46 C'est un monument.
31:47 Un monument partout.
31:48 Moi, quand je l'ai emmené en Italie,
31:50 les Italiens se jetaient sur lui,
31:51 je n'ai jamais vu ça autant.
31:53 Il ne faut pas oublier ça,
31:54 parce qu'on a l'impression qu'on est en train de détruire un mythe
31:56 de deux mois et c'est catastrophique.
31:58 C'est comme si quelqu'un allait dans la rue, là à Paris,
32:01 et puis s'attaquait au marteau-piqueur à l'Arc de Triomphe,
32:03 parce que c'est devenu désuet ou que quand même...
32:05 Vous voyez ce que je veux dire ?
32:06 C'est indécent, c'est dommage.
32:08 Ce n'est pas à lui rendre honneur,
32:10 ce n'est pas être dans la dignité.
32:14 Et c'est injuste.
32:16 Mais je pense que les gens sont intelligents
32:18 et je pense que les gens aussi,
32:20 sans vouloir parler pour eux, en ont marre.
32:22 Parce que je reçois beaucoup de messages de gens
32:24 qui en ont marre de tout ça, en fait.
32:25 Donc moi, je suis là face à vous,
32:27 parce qu'à un moment, je me devais de m'exprimer,
32:30 mais je ne vais pas m'étaler.
32:32 Je n'ai pas envie de ça.
32:34 Et je pense qu'à un moment donné, il faut passer à autre chose.
32:37 Et voilà.
32:38 Il reste les films.
32:39 Il reste les films, mais il reste toujours...
32:40 Il reste la beauté.
32:41 Mais il restera toujours l'art, en fait.
32:43 Merci à nous, Chkadelon.
32:45 Merci à vous, Léa.