• il y a 9 mois
Nathalie Iannetta reçoit Jean Galfione, champion olympique de saut à la perche à Atlanta en 1996.Jean Galfione revient sur son parcours d'athlète de haut niveau, du saut à la perche dont il deviendra champion olympique à Atlanta en 1996, à la voile. Avec un père escrimeur et une mère gymnaste, le sport fait partie intégrante de sa vie depuis sa naissance et se transmet de génération en génération dans la famille. Ni pour la compétition, ni pour la gloire, mais seulement avec au départ des valeurs de partage et d'accomplissement personnel. Star des jeux de 1996 aux côtés entre autres de Marie-José Pérec, David Douillet ou encore Laura Flessel, il est propulsé dans la vie médiatique et voit l'image des sportifs mise en avant dans la vie publique. Il ne souhaite pour autant pas que sa vie change. Alors à l'I'INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) il préserve son cocon avec ses partenaires d'entrainement qui lui permet de garder les pied sur terre. Le moteur de toute activité sportive est selon lui le lien social, trop peu mis en avant au sein des parcours des champions. Le sens du partage et de la transmission est une priorité aussi avec ses partenaires, les plus anciens et les plus jeunes. Il revient sur l'un de ses principal soutien, Pierre Quinon, champion olympique de saut à la perche en 1984 à Los Angeles, une figure inspirante et un mentor, une position qu'il a lui-même tenu par la suite auprès de Renaud Lavillenie, champion olympique de saut à la perche en 2012 à Londres. Après une carrière d'athlétisme et un départ encore au haut niveau, Jean Galfione s'est reconverti dans la voile avec une participation à la Route du Rhum en marin solitaire loin de la déprime de la retraite sportive. En cette année olympique, Nathalie Iannetta rejoint LCP, pour présenter une nouvelle collection de "Grands Entretiens" sur le sport, "Paroles de sportifs".2024 année olympique, grande fête du sport dans l'écrin parisien : des femmes et des hommes incarneront le dépassement de soi, ils vont se surpasser sur les pistes, les rings, dans les bassins... et dans les fauteuils des « Grands Entretiens » de Nathalie Iannetta, ces grands sportifs qui ont connu le sommet des podiums, ou ceux qui en rêvent encore, viennent expliquer leur discipline et ses particularités, racontent leur parcours, leur détermination, leurs sacrifices pour des joies intenses. Les champions et les championnes se livrent sur la place du sport dans leur vie, les choix ou sacrifices que le haut niveau peut les amener à faire quant à leur vie personnelle, le travail d'équipe et l'importance de leur entourage. A travers ces témoignages et ces trajectoires hétéroclites, se dessinent le sens du sport et ses valeurs, qui mettent en lumière son caractère universel : "Paroles de sportifs".Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP : https://bit.ly/2XGSAH5Suivez-nous sur les réseaux !Twitter : https://twitter.com/lcpFacebook : https://fr-fr.facebook.com/LCPInstagr

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Transcription
00:00 "Musique de générique"
00:20 -C'est la rencontre avec un homme qui a passé pas mal de temps
00:24 en l'air et qui maintenant est sur la mer.
00:26 Jean Galfion, merci de nous accorder
00:28 un peu de temps sur Terre, qui n'est pas l'élément
00:31 que vous préférez. Vous êtes champion olympique
00:34 de saut à la perche. C'était à Atlanta, en 1996.
00:38 On va parler de ce parcours,
00:40 on va parler de cette discipline,
00:43 qu'est la perche, et puis de cette reconversion à la mer.
00:47 Vous, quand je dis 96, c'est évidemment les années Boubka,
00:51 où il est au sommet, et...
00:54 Et vous avez, vous, une origine familiale
00:59 très forte dans le sport.
01:01 Votre maman était gymnaste,
01:03 votre père était screamer de haut niveau,
01:05 vous êtes même le neveu d'un vice-champion olympique
01:08 des screams, c'était dans les années 60.
01:11 Le sport, ça a été une évidence pour vous très tôt ?
01:15 -Le sport a été une évidence dès que je suis né, presque,
01:19 puisque je savais grimper à la corde avant de savoir marcher.
01:23 -C'est impossible, ça. -J'aimais bien être en l'air,
01:26 donc je grimpais, et en fait,
01:27 ma maman entraînait dans un club de gymnastique,
01:30 donc évidemment, elle m'emmenait avec elle,
01:33 ça a commencé comme ça.
01:34 Mes parents se sont rencontrés en équipe de France,
01:37 en stage à Fonromeux, où ils se sont rencontrés,
01:40 mon père en esprit et ma mère en gymnastique.
01:42 Ils ont arrêté leur carrière,
01:44 car dans les années 60, les sports n'étaient pas professionnels,
01:48 mais l'éducation sportive était importante,
01:51 mais en tout cas, pas la compétition.
01:53 J'ai pas eu une éducation où la compétition,
01:55 la performance, étaient très importantes.
01:58 Il fallait pratiquer,
02:00 pour son hygiène mentale, son hygiène tout court,
02:03 mais c'est juste moi qui me suis accroché à la compétition,
02:06 car c'était un besoin vital pour moi de me prouver plein de choses
02:10 à travers les victoires, la compétition, la performance.
02:13 -Alors, j'ai parlé de 96,
02:15 mais avant 96, il y a évidemment cette rencontre avec la Perche,
02:19 et cette rencontre, vous la devez à cet homme,
02:22 c'est Pierre Quignon.
02:24 Quignon, c'est l'or à la Perche,
02:28 à Los Angeles, en 1984.
02:30 Est-ce que c'est vrai que c'est en lisant un reportage sur Pierre
02:35 que vous vous êtes dit "je veux faire comme lui" ?
02:38 -C'était en 1984, je commençais tout juste l'athlétisme.
02:41 Je faisais pas du saut à la Perche. -Vous aviez 13 ans.
02:44 -Donc j'ai commencé l'athlétisme au stade français.
02:47 J'ai un premier entraîneur qui a beaucoup compté,
02:50 Gérard Lanzoni, qui était un formidable éducateur.
02:53 Et puis, 84, les Jeux olympiques, on m'apprend
02:55 qu'il y a un Français champion olympique du saut à la Perche.
03:00 Et je découvre Pierre, qui était tout jeune,
03:03 il avait 22 ans, et surtout,
03:05 donc c'était assez intriguant,
03:06 un champion olympique en athlétisme, on n'en a pas beaucoup.
03:10 Et je tombe ensuite sur un vieux pari...
03:12 Il est devenu vieux, mais un pari-match
03:14 que mon père avait conservé religieusement
03:17 avec ses 25 photos de Pierre, avec ses photos magiques.
03:20 Et Pierre avait ce truc-là qui dégageait quelque chose
03:23 d'une pureté, comme ça lui tombait dessus,
03:25 comme un gamin qui vivait un truc extraordinaire,
03:28 une fête absolue. Il était pas favori, en plus,
03:31 il y avait d'autres perchistes meilleurs que lui sur ce concours.
03:34 Moi, j'ai adoré ces photos,
03:36 j'ai regardé des milliers de fois,
03:38 le pari-match était devenu vieux et usé.
03:40 Et 84, 85, Sergueï Bouka franchit 6 m,
03:44 le premier homme à 6 m à Paris.
03:47 Et Pierre avait battu le record du monde avant,
03:49 avec 5,90, donc c'était des noms, on en parlait tous les week-ends.
03:53 Et donc, 84, 85,
03:55 en effet, Pierre, à Paris, un homme fait 6 m,
03:58 et moi, je commençais la perche à ce moment-là.
04:00 Et Pierre a toujours été, pour moi, un exemple
04:03 dans la pureté de son geste,
04:05 la pureté de son regard, de son sourire.
04:08 Et ensuite, j'ai eu une chance absolue,
04:10 je l'ai rencontré pour de vrai, il est venu s'entraîner avec nous
04:14 à la fin de sa carrière, mais j'ai participé
04:16 à pas mal de concours, pas mal de stages avec lui,
04:19 et c'était devenu un ami proche. -Un personnage, Pierre Quignon,
04:22 parce que pour ceux qui ne le savent pas,
04:24 il a fait, si je puis dire, le voyage dans l'autre sens,
04:28 puisqu'il s'est défénestré un jour d'août 2011.
04:30 Et cette proximité-là, vous l'avez eue jusqu'au bout,
04:34 avec lui et avec sa famille ?
04:35 -Bah, j'étais très proche de Pierre, de sa famille.
04:39 Pierre, jusqu'à une dizaine de jours avant,
04:41 on était ensemble, on avait navigué ensemble
04:44 sur une régate où je l'avais emmenée,
04:46 sur la course au large, il avait adoré ça.
04:48 Il était dans des phases de dépression,
04:51 et là, il s'en est pas sorti.
04:53 Donc, c'était très violent, évidemment,
04:55 pour tous ses proches, pour tous les gens qui étaient admiratifs
04:58 de Pierre, pas que sur sa performance sportive,
05:01 mais humainement, et effectivement, bien sûr.
05:04 C'était un... -Un artiste.
05:05 -C'était un artiste. C'était un grand artiste.
05:08 Il peignait extrêmement bien. -Nicolas Destel était
05:11 un de ses modèles, et d'ailleurs,
05:13 Nicolas Destel s'est suicidé, lui aussi.
05:15 -De la même façon. -Il avait 49 ans,
05:17 Pierre Quignon, quand il nous a quittés.
05:20 Il avait une relation, parce que vous avez dit
05:22 que la compétition, c'était pas son truc,
05:25 et lui aussi, à cette médaille d'or,
05:27 il avait une relation un peu ambivalente.
05:29 Il disait "Je sais pas ce que j'en ai foutu de cette médaille,
05:32 "que vaut ma médaille face aux souffrances du monde."
05:35 Il avait vraiment quelque chose de très relatif
05:38 par rapport à la notoriété.
05:40 Est-ce qu'il vous a transmis aussi un peu ça ?
05:43 Vous êtes un champion qui a toujours gardé,
05:45 alors là, pour le coup, les pieds sur terre.
05:47 -Pierre, il est champion olympique à 22 ans,
05:50 et c'était le début de sa carrière,
05:52 c'était le début de sa vie de champion,
05:54 et toute la notoriété, la reconnaissance,
05:57 c'était les années 80, c'était pas encore aussi important.
06:00 Il allait pas anticiper du tout ça,
06:02 et donc il allait refuser plein de choses,
06:05 il acceptait pas de rentrer dans un...
06:07 Enfin, de donner l'échange médiatique.
06:10 Et quand, en fin de carrière,
06:12 c'était devenu plus compliqué,
06:14 il avait aussi refusé...
06:16 Enfin, il avait essayé un petit peu de moneiller son titre olympique,
06:20 et puis il a vite arrêté, il a tout repris à zéro.
06:23 J'ai eu beaucoup d'admiration, malgré les critiques,
06:26 parce qu'il avait dit "je vais peut-être pas gérer ma carrière
06:29 "comme il a fallu, sportivement,
06:31 "peut-être c'est plus difficile avec des blessures",
06:34 et il a repris sa vie en main à zéro,
06:36 il avait monté une rôtisserie qui est devenue une affaire extraordinaire,
06:41 il était pleinement de sa passion et de son travail,
06:43 il avait 4-5 employés,
06:45 ensuite, une affaire que son fils a reprise,
06:47 et je l'ai très fier de lui, de moi,
06:49 de voir que c'est parce qu'on est champion olympique,
06:52 qu'on n'est pas un être humain,
06:54 qui est capable de devoir repartir, pas de zéro ou presque,
06:57 en tout cas, de rebâtir, de se réinventer,
06:59 quel que soit le domaine.
07:01 J'aimais bien cette idée,
07:02 et on lui a reproché, parfois,
07:04 et moi, je préférais l'idée de repartir à zéro
07:07 que de rester à vivre toute sa vie
07:09 avec une journée qui a bien marché dans sa vie,
07:12 avec une procuration qu'on nous donne
07:14 parce que pendant une heure, ça a fonctionné dans sa vie,
07:17 et je préférais cette voie-là.
07:19 Ca m'a beaucoup inspiré.
07:20 -Une heure et quelques centimètres,
07:22 c'est ça, votre vie à vous, les perchistes.
07:25 Vous parliez des années 84,
07:26 vous, en revanche, quand vous êtes champion olympique en 96,
07:30 c'est fini, le catimini,
07:33 ça explose au monde entier,
07:36 les Jeux sont retransmis partout,
07:38 on peut les voir partout,
07:40 et vous êtes devenu une icône à ce moment-là,
07:43 Jean Galfion, avec Marie-José Pérec,
07:45 vous étiez les deux grandes stars de ces Jeux de 96.
07:48 Comment vous avez fait pour garder la tête froide ?
07:51 Vous l'avez gardée.
07:53 -On n'était pas que les deux,
07:54 il y avait surtout Marie-Jo, bien sûr,
07:56 il y avait aussi à l'époque David Douillet,
07:59 Laura Flessel,
08:00 il y avait plein de grands champions.
08:02 Mais c'était une période où les sportifs,
08:05 on nous mettait un peu en avant,
08:07 dans des endroits où on n'était pas habitués de nous voir,
08:10 donc, dans des...
08:12 Je sais pas, sur des défilés de mode,
08:14 sur des campagnes de publicité,
08:16 on n'avait pas l'habitude.
08:18 Donc on est rentré un peu plus dans la vie du grand public.
08:21 -Oui. -Et vite, dans la foulée,
08:24 il y a eu le 98 avec la victoire des Français au foot,
08:27 c'était encore plus les sportifs mis en avant,
08:30 plus les footballeurs, mais on était dans cette génération
08:33 où le sportif était sorti de ce cadre-là.
08:35 Et comment j'ai réussi à trouver un équilibre ?
08:38 J'avais déjà cet équilibre avant,
08:40 et je voulais pas que ma vie change.
08:42 J'étais dans un groupe à l'Institut national du sport,
08:45 encadré par Maurice Ouvillon, on était une quinzaine,
08:48 extrêmement proches, copains, on vivait des moments fabuleux,
08:51 chaque entraînement, c'était comme la récréation,
08:54 on était parmi les meilleurs au monde,
08:56 on vivait ça avec une joie absolue.
08:58 C'était dur, l'entraînement,
09:00 mais je voulais surtout pas que ce cocon soit ses frites,
09:04 donc je me suis appliqué... -Vous vous êtes préservé.
09:06 -Oui, beaucoup.
09:08 -Mais la perche, qu'est-ce que vous avez aimé là-dedans ?
09:11 C'est assez contre-intuitif, quand on est un mortel comme moi,
09:14 par exemple, de se dire "je vais franchir une barre
09:18 "qui est à plus de 5 m et largement au-dessus,
09:20 "en courant avec une perche qui va me propulser".
09:24 Comment un truc pareil peut venir en soi ?
09:28 -En fait, là où c'est contre-productif,
09:31 humainement, c'est qu'il faut courir le plus vite possible,
09:34 sans les mains, avec une charge,
09:36 et on arrive et on bloque contre un mur.
09:38 L'idée, c'est ça.
09:39 On est à 40 km/h, plus ou moins,
09:41 et on va s'arrêter d'un coup contre un mur.
09:43 Si techniquement tout n'est pas bien placé,
09:46 la sanction peut être vitale, peut être violente.
09:49 Et résultat, il y a une atmosphère autour de ce geste
09:54 qui fait qu'on doit être intrépide, audacieux,
09:57 dans la maîtrise, dans l'aventure sur laquelle
09:59 on doit donner toute notre énergie qu'on développe
10:02 à cette perche, lui donner tout pour la récupérer.
10:05 Et disons que ça fait une discipline
10:07 où il faut une certaine philosophie de vie,
10:09 d'être très enthousiaste, de toujours aller vers l'avant,
10:13 de cultiver le fait d'aimer sauter.
10:15 On peut pas faire des séances si on est un peu triste.
10:18 -Et il faut pas avoir peur. -Il faut pas avoir peur.
10:20 Ca bloque tout. -Oui.
10:22 Parce que la peur, c'est "je vais me jeter",
10:25 c'est quand même, encore une fois, c'est contre-intuitif.
10:28 Je pars de tout en bas et on me propulse
10:31 pour passer en plus une barre que je dois avec...
10:35 C'est presque un acte...
10:36 Votre maman était gymnaste, c'est presque.
10:39 -Une fois qu'on est en l'air. -Etre gymnaste.
10:41 -Un acte de gymnaste une fois qu'on est en l'air.
10:44 Mais ce qui est vraiment le plus beau,
10:46 c'est d'avoir peur et de surmonter sa peur.
10:49 Et là, on devient quelqu'un d'intéressant pour soi.
10:52 On a surmonté quelque chose émotionnellement fort.
10:55 Et ça, c'est presque à chaque saut.
10:57 Et donc, ça fait une discipline fabuleuse.
11:00 -Quand est-ce qu'on se dit "je vais passer 6 m "?
11:02 -Je me suis dit longtemps, et j'ai pas franchi 6 m,
11:07 j'ai échoué pas mal de fois avant de réussir.
11:09 Parfois, je sautais des barres très hautes,
11:12 et ça franchissait pas la barre d'après.
11:14 Un jour, je suis au championnat du monde au Japon,
11:17 à Mahibashi, et là, j'étais en forme.
11:19 Je fais un concours laborieux et je finis par faire 6 m,
11:22 en prenant une perche plus dure, plus longue que les autres fois,
11:26 et ça a fonctionné.
11:27 Mais c'était rentré dans un cercle très fermé,
11:30 parce qu'à l'époque, j'étais peut-être le cinquième au monde.
11:33 Aujourd'hui, on a 25, 26, donc ça reste une performance,
11:36 si on compare à d'autres,
11:38 de l'athlétisme qui est très élevé.
11:40 -Oui, c'est très rare.
11:41 -Et on ne sait jamais, rien n'est sûr.
11:43 On est en bout de piste, on sent que c'est bon,
11:46 et parfois, ça marche pas.
11:48 Parfois, on est surpris.
11:49 Il y a une part d'incertitude qui fait la beauté de ce sport.
11:52 -Est-ce qu'il y a encore un point commun
11:55 dans ce sport avec les performances,
11:57 par exemple, aujourd'hui, de Mondo Duplantis,
11:59 qui est la star de la perche mondiale ?
12:03 -C'est un extraterrestre,
12:04 dans le sens où tout ce qui est difficile
12:06 dans cette discipline, il a réussi à le dompter
12:09 d'une manière incroyable.
12:11 Il y a aucune déperdition de vitesse,
12:13 il va très vite, et cette énergie qu'il crée,
12:15 il la transmet de manière très fluide.
12:18 Résultat, il a la perche dans le sang,
12:20 depuis tout petit saut, et il a pas fini de nous surprendre.
12:24 C'est l'athlète exceptionnel de cette génération,
12:28 et derrière, il y a un écart énorme.
12:30 -Il est hors norme. -Il est hors norme.
12:32 -C'est forcément le favori à l'heure olympique.
12:35 Il n'a pas d'adversaire.
12:37 -Il n'a pas d'adversaire, mais aux Jeux olympiques,
12:40 on sait qu'à chaque fois, les favoris sont en difficulté.
12:43 Ils gagnent, heureusement, mais souvent,
12:45 ils se font battre, parce que c'est difficile.
12:48 -Boubka, en 96, il passe pas les qualifs.
12:50 -Il y a une liste très longue.
12:53 Mais ça veut dire que psychologiquement,
12:55 il y a quelque chose qui se passe au jeu,
12:58 un poids pour un favori, qu'il a supporté.
13:00 Après, il a démontré que ça se passe bien,
13:03 même dans ces conditions-là. -Le poids, ça va.
13:05 Il le porte bien. Si je vous dis, c'est bon,
13:08 Jean est là, je peux gagner.
13:10 Qui a dit ça ?
13:11 -Euh... Oui, c'est Renaud.
13:13 -C'est Renaud Lavillény,
13:15 l'autre champion olympique de la perche française.
13:18 Lui, c'était en 2012, à Londres.
13:21 Il raconte à quel point la transmission
13:24 a été importante et nécessaire entre vous et lui.
13:28 -Vous savez, quand...
13:30 La veille de ma finale olympique,
13:32 Pierre vient me voir au village olympique,
13:34 Pierre Quinon,
13:35 on passe du temps ensemble.
13:37 On parle de tout, sauf de perche.
13:39 On passe une heure ensemble,
13:41 parler bateau, voile...
13:43 Et la veille de la finale de Pierre,
13:46 Pierre appelle Jean-Claude Killy.
13:48 Jean-Claude Killy lui dit quelques mots.
13:51 Pierre est venu me voir la veille.
13:52 La veille de la finale de Renaud,
13:54 je lui dis les mots que je pensais être importants.
13:57 Et en fait, il y a cette continuité,
13:59 cette histoire de notre discipline,
14:03 où on est très proches,
14:04 c'est une grande famille sur la perche,
14:06 on s'entend bien.
14:07 Il y a un vrai respect de la transmission,
14:10 pas que sportif, mais de notre histoire.
14:12 Donc, quand Renaud me demande auprès de lui...
14:15 Il me demande aussi que je sois là,
14:17 mais que Pierre soit là
14:19 et que les anciens champions soient avec lui.
14:21 Il avait besoin de ça.
14:23 Je lui ai pas parlé pendant la finale.
14:25 J'étais juste là, à côté de ses coachs.
14:27 -Mais ça a suffi. -Bien sûr.
14:29 C'est pas ça qui l'a gagné, mais c'était important pour lui.
14:33 -Pour vous, cette transmission,
14:34 elle était, à titre personnel, donner ce que j'ai reçu.
14:38 -Euh... Oui, mais je pense que c'est même pas un devoir.
14:42 C'est extrêmement naturel,
14:44 de devoir participer à cette fête.
14:47 Je pense que perchiste un jour, perchiste toujours.
14:49 Donc, on a envie d'être avec eux,
14:51 d'être avec les jeunes,
14:53 on a envie de leur parler, tout simplement,
14:55 de ce qu'ils se sentent.
14:57 J'ai senti que j'étais pas seul.
14:59 J'ai envie qu'ils ne se sentent pas.
15:01 -C'était aussi important pour vous
15:03 qu'il y ait un autre champion olympique après vous.
15:06 Y a pas de concurrence entre vous ?
15:08 -Ah oui, non, non.
15:09 Bien sûr, j'étais très content que Renaud gagne.
15:12 Il m'a rien enlevé,
15:13 absolument rien, au contraire.
15:15 Il sera grâce à lui dans la lumière.
15:17 Je sais pas si c'est un bien ou un mal,
15:19 mais non, pas du tout.
15:20 Je serai encore très content qu'il y ait d'autres champions
15:24 et qu'il batte mes peu de records qui restent,
15:26 il m'a tout battu,
15:27 ou les records de Renaud, peu importe,
15:30 on s'en moque de ça, bien sûr.
15:31 -Aujourd'hui, l'athlétisme français n'est pas dans la même forme
15:35 que celui que vous avez connu, vous.
15:37 C'était le cas au milieu des années 90, on le dit,
15:40 et puis même début des années 2000, un peu, quand même.
15:43 Ca vous a triste ou vous vous dites, après tout,
15:46 il y a des générations comme ça qui marchent plus que d'autres ?
15:51 -En fait, c'est juste qu'il y a un vrai focus
15:53 sur les Jeux olympiques, donc on se rend compte
15:56 que l'athlétisme n'est pas un sport majeur en France,
15:59 mais on n'est pas parmi les 10-15 sports les plus pratiqués
16:02 au niveau des licenciés.
16:03 L'athlétisme, au Jeux, au Championnat du monde,
16:06 c'est entre une et trois, quatre... -Quand tout va bien.
16:09 -Quand tout va bien.
16:11 Le problème, c'est qu'on est toujours dans ces mêmes statistiques
16:14 et qu'on n'a pas fait grand-chose depuis six, sept ans
16:17 qu'on a su que l'athlétisme en France allait mettre en valeur
16:20 avec les Jeux. C'est un petit peu le regret, on va dire.
16:23 Néanmoins, on va déjà faire avec le potentiel qu'on a
16:27 et si chaque athlète qu'on a arrive ce jour-là
16:29 à être le meilleur de leur vie, le meilleur de ce qu'ils sont,
16:33 on aura peut-être des surprises.
16:34 -On a discuté avec la didou-courée à votre place
16:37 et il dit aussi, parce que l'athlée,
16:40 c'est hyper sexy pour les jeunes,
16:42 il faut aussi qu'on arrive à les attirer et à leur dire
16:45 que c'est un sport dans lequel ils peuvent s'épanouir,
16:48 s'accomplir, voire devenir des champions,
16:50 parce que s'ils ont le choix, ils vont plutôt s'inscrire
16:54 au foot, au tennis, s'ils préfèrent les sports individuels.
16:57 Il y a un petit truc sur l'image de l'athlée ?
17:00 -Oui, mais je crois que c'est plus basique que ça.
17:02 Je pense qu'on a voulu faire de l'élitisme
17:05 en oubliant le truc essentiel de base,
17:07 c'est le lien social.
17:09 J'aimais m'entraîner tous les jours,
17:11 c'est parce qu'il y avait un groupe de 10, 15 individus,
17:14 parfois on était amis, on était proches,
17:16 mais on partageait quelque chose d'extraordinaire ensemble.
17:19 Pour eux, on était capables de se faire mal, de gagner,
17:23 de gérer les pansements, les blessures,
17:25 les déceptions, de vie aussi.
17:27 Le lien social était essentiel.
17:28 On a voulu faire de l'élitisme en oubliant
17:31 les choses essentielles, qu'on avait un support humain
17:34 absolument indestructible, surtout, il fallait y prendre soin.
17:38 Je sais, aujourd'hui, j'entraîne dans un club d'athlétisme,
17:41 avec une école de saut à la perche,
17:43 c'est très important de créer ce noyau.
17:46 -Oui. -J'en suis persuadé.
17:47 -Vous sentez qu'il y a une...
17:49 Voilà, des gosses, d'un seul coup, vont adhérer à ça.
17:53 -Si les jeunes viennent,
17:55 qui s'amusent, qui rigolent entre eux,
17:57 qui sont contents de se voir, qui se voient après,
18:00 et qui créent des liens, après, c'est un prétexte.
18:03 N'importe quelle activité de l'athlétisme
18:05 est un prétexte.
18:06 -Ca a marché, ils sont bien drivés,
18:08 ils font de la compétition, ils se sentent se surpasser,
18:11 et ça y est, ça prend.
18:13 -C'est le jeu qui doit primer sur l'enjeu.
18:15 C'est ce qu'on doit redonner du plaisir aux jeunes.
18:18 -Les deux sont présents.
18:20 -Vous avez arrêté "Poser la perche".
18:23 Ca a été une...
18:24 Une rupture, un deuil, ou au contraire, une libération,
18:28 parce que vous aviez accompli bien plus
18:31 que ce que, peut-être, vous auriez rêvé accomplir.
18:34 -Je suis un interne insatisfait,
18:36 mais je suis très content de ma carrière,
18:38 et j'ai eu la chance de pouvoir enchaîner,
18:41 même pas enchaîner, de faire les deux en même temps,
18:44 de partir sur notre vie, sur l'eau,
18:46 et j'ai pas eu trop de périodes, même pas du tout, de déprime...
18:50 Non, non, parce que je suis retourné dans une activité
18:53 où il y avait de la compétition, de l'enjeu,
18:55 il fallait se remettre en cause,
18:57 tout ça était encore présent,
18:59 même si j'étais moins à l'aise,
19:01 parce que c'était nouveau.
19:03 J'ai pas eu cette période difficile,
19:05 j'ai été fier de la fin de ma carrière,
19:07 je suis revenu à haut niveau,
19:08 mais c'était aussi important pour moi
19:11 de pas arrêter blessé ou triste de devoir arrêter.
19:13 J'étais content d'arrêter, j'aurais bien continué
19:16 encore un an, deux ans, trois ans,
19:18 mais j'étais aussi très content de trouver une autre passion
19:22 qui puisse m'emmener, je ne savais pas encore à l'époque où,
19:25 mais qui me passionnait. -Qui vous a emmené là, en mer,
19:28 Jean Lemarin, vous, le Parisien, vous êtes né à Paris.
19:32 Comment elle vous est venue, cette passion pour la mer ?
19:34 -J'ai un grand-père qui était dans la Marine nationale,
19:38 je suis à moitié breton,
19:39 j'avais ces histoires qui me berçaient,
19:41 mes parents, leur meilleur copain, c'était des marins pêcheurs,
19:45 et j'avais ces histoires qui m'ont pas mal accompagné petit.
19:48 Les seuls romans que j'arrivais à lire,
19:50 c'était les romans maritimes, les aventures des navigateurs,
19:54 des Alain Gerbeau, bien sûr, à Moitecier, Tabarly,
19:58 et quand j'ai eu la chance de côtoyer ce monde-là,
20:01 rapidement, parce que j'avais envie de naviguer,
20:04 et vite, on m'a mis sur les bateaux de course,
20:06 et je me suis trouvé très à l'aise, très bien sur des bateaux.
20:10 -Et pas pour n'importe quelle course,
20:12 vous vous êtes vite aligné sur une des courses les plus mythiques,
20:16 la route du Rhum. -J'ai commencé sur la Coupe de l'Amérique
20:19 en équipage, et au bout de deux ans, j'ai voulu faire de la course au large.
20:23 Il a fallu que j'apprenne ce métier très étardivement,
20:26 avec plein de lacunes, et petit à petit, j'ai eu la chance
20:29 d'avoir des skippers qui m'ont amené à bord avec eux
20:32 à faire des courses plus ou moins longues,
20:34 et un jour, je me suis dit, pourquoi pas la route du Rhum ?
20:37 C'est parti très tardivement, mais avec ce rêve
20:40 de participer à la route du Rhum, et j'ai eu la chance
20:43 de participer à trois routes du Rhum,
20:45 à Jacques Vabre, des routes du chocolat,
20:47 plein de courses autour de l'Atlantique,
20:50 des choses fabuleuses, et ça, c'est un bonheur absolu.
20:53 -Aujourd'hui, vous êtes un marin ?
20:55 -Maintenant, j'arrive à le dire, j'ai eu beaucoup de mal,
20:58 j'ai eu ce problème de légitimité.
21:00 Oui, j'étais un marin, je n'étais pas le meilleur marin,
21:03 je ne suis pas le meilleur marin du monde,
21:05 mais je me défends dans ce que j'ai fait,
21:08 et je sais faire marcher un bateau de course.
21:10 -Vous avez forcé l'admiration de ces marins,
21:13 ceux qui ont commencé toujours la voile,
21:15 l'aventure en solitaire, la course au large,
21:18 parce que vous ne veniez pas de ce monde-là,
21:20 et que vous avez forcé leur admiration, vraiment,
21:24 sur cette reconversion absolue, totale,
21:27 et réussi, et un d'entre eux m'a dit,
21:29 "Mais parce que, en fait, Jean, même quand il était
21:32 "sauteur à la perche, c'était un aventurier."
21:35 Vous vous reconnaissez là-dedans ?
21:37 L'aventure, c'est ça, en fait, qui dicte votre vie ?
21:40 -Bah, je sais pas ce que ça...
21:42 Comment on entend l'aventure ?
21:44 Moi, j'aime bien l'aventure dans le sens
21:46 qu'à un moment donné, on doit accepter
21:48 de ne pas tout maîtriser et de se lancer,
21:50 et on fait les comptes une fois qu'on s'est lancé.
21:53 Je me lance dans cette nouvelle vie de marin
21:56 et comme quand je pars sur des départs de course,
21:58 on sait qu'en plus, sur la course au large,
22:01 il y a forcément une part d'incertitude.
22:03 Donc, moi, ce côté-là me plaît, quelque part,
22:06 en associant avec l'aspect sportif des choses,
22:08 de la compétition, me plaît beaucoup,
22:11 mais je sais pas, c'est moi qui ai beaucoup d'admiration
22:14 pour tous les skippers qui font ce métier depuis longtemps,
22:17 et j'ai toujours considéré que j'étais pas à leur hauteur,
22:20 et c'est ce qui m'a permis de toujours être très attentif
22:23 à l'enseignement, à l'enseignement, à l'enseignement,
22:26 à l'enseignement, à l'enseignement, à l'enseignement,
22:29 à l'enseignement, à l'enseignement, à l'enseignement, à l'enseignement.
22:33 -C'est un sport qui est très populaire,
22:35 c'est un sport qui est très populaire,
22:37 et c'est un sport qui est très populaire,
22:40 et c'est un sport qui est très populaire,
22:42 et c'est un sport qui est très populaire,
22:44 et c'est un sport qui est très populaire,
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23:01 et c'est un sport qui est très populaire,
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24:00 et c'est un sport qui est très populaire,
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24:11 et c'est un sport qui est très populaire,
24:14 et c'est un sport qui est très populaire,
24:17 et c'est un sport qui est très populaire,
24:20 -Le Parc olympique, vous en parliez,
24:22 Paris qui accueille les Jeux,
24:24 c'est un regret pour vous de vous dire
24:27 "Oh, quand même, des Jeux à la maison,
24:29 "ça doit être très particulier."
24:31 -Oui, ça aurait été génial à vivre, c'est sûr.
24:34 Après, un regret, non.
24:36 Si j'avais raté à deux ans de près dans ma carrière,
24:39 peut-être que j'aurais tenté de poursuivre.
24:42 -Ce qu'essaie de faire Renaud Lavillény,
24:44 il essaie d'y aller.
24:46 -On comprend qu'on a envie de vivre cette fête-là
24:49 quand on est français.
24:50 -Aujourd'hui, vous êtes papa de deux jeunes enfants.
24:53 Ils sont jeunes,
24:54 ils sont adolescents pour la première
24:57 et très jeunes pour le second.
24:59 Evidemment, le sport, pour eux,
25:01 c'est une vertu que vous leur avez transmise.
25:03 -Ah oui, bien sûr, et puis ils adorent ça,
25:06 ils adorent ça, parce que c'est la fête.
25:08 -Ils font de la perche ? -Oui, un peu.
25:10 -Vous avez une fille et un garçon.
25:13 -Oui, ma fille fait de la gym, un peu de perche,
25:15 même si pour l'instant, la gym est exclusive.
25:18 Mon petit fait foot et perche,
25:20 mais ils viennent s'amuser au stade.
25:22 Ils prennent une perche,
25:24 mais après, je les pousse à faire la condition physique,
25:27 jouer avec les autres, apprendre à la coordination,
25:30 travailler de manière joyeuse l'apprentissage sportif.
25:33 Après, ils en font ce qu'ils veulent,
25:35 mais une fois encore, c'est bien pour leur santé,
25:38 mais c'est bien parce qu'ils sont en groupe, en équipe,
25:41 ils partent en compétition, ils s'envoient des messages,
25:45 ils vivent cette passion ensemble, ça les éduque,
25:48 par rapport aux autres, dans l'échec, la réussite,
25:50 à consoler les copains, à avoir peur,
25:53 à gérer sa peur, etc.
25:54 Et ça, quand on est petit, c'est extraordinaire,
25:57 en plus que la condition physique qu'un enfant a besoin.
26:00 On sait qu'aujourd'hui, c'est un sujet compliqué
26:03 pour les petits qui bougent de moins en moins,
26:06 mais on doit lutter.
26:07 -Merci pour les conseils, capitaine Galfion.
26:10 -Avec plaisir.
26:12 ...

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