• il y a 9 mois
Florent Gautreau : « Les stades remplis en Ligue 1 : c’est loin d’être anodin ».

Category

📺
TV
Transcription
00:00 - Si vous voulez revenir sur les affluences en Ligue 1, je rappelle que ce week-end,
00:03 alors qu'on est en plein débat sur le niveau de notre championnat,
00:06 sur les matchs peu intéressants, sur l'absence de suspense,
00:10 eh bien ce week-end, affluence moyenne record,
00:13 nouveau record pour la Ligue 1 avec une moyenne de 31 650 spectateurs en Ligue 1 ce week-end.
00:18 Bon alors, bien aidé parce que tous les grands stades recevaient,
00:21 Vélodrome plein, Parc des Princes plein, Lens plein, Strasbourg plein,
00:26 Metz plein, pour Metz Lyon. - Toulouse plein.
00:28 - Toulouse plein, 24 000. - Oui, mais ce que tu cites là à la fin,
00:32 et après j'ai d'autres chiffres, c'est une tendance plus lourde.
00:34 C'est intéressant parce que qui lui dit que Toulouse, il y a quelques années,
00:37 aurait un stade plein, Metz qui joue le matin a un stade plein,
00:40 et la tendance, parce que Lyon... - Et Rennes joue pas à la maison.
00:42 - Et Rennes joue pas à la maison qui fait... - Et Lyon joue pas à la maison.
00:44 - Ouais, et Rennes qui fait partie des trois en taux de remplissage,
00:47 je crois, derrière Paris et Marseille.
00:49 Donc voilà. Ce qui est intéressant justement, c'est,
00:51 pour compléter ce que tu dis, c'est la tendance, après 23 journées,
00:54 donc le taux de remplissage moyen s'élève à 84%,
00:57 alors qu'il était de 80% en 2022-2023,
00:59 à être 70% la saison d'avant.
01:01 Et la moyenne, puisque là c'était sur une seule journée,
01:05 mais la moyenne globale est passée de...
01:09 On est à 26 000,
01:12 contre 24 000 l'année d'avant et 21 000 l'année d'avant.
01:15 Bref, il y a une progression chaque année depuis trois saisons.
01:18 Et c'est intéressant au regard de ce qu'on dit, nous,
01:19 parfois de la compétition que l'on regarde tous les week-ends,
01:22 à savoir que techniquement, on est parfois, et même souvent, déçus,
01:25 que de notre niveau, y compris sur la scène européenne,
01:29 donc il y a un vrai...
01:30 Et de la difficulté à vendre les droits de la Ligue 1.
01:32 Donc il y a une vraie dichotomie entre ces chiffres-là.
01:34 Et c'est assez intéressant parce que
01:36 je pense qu'il y a deux courants.
01:39 Il y a celui-là, ce que je dis, c'est-à-dire qu'il ne faut pas renier ce qu'on a dit.
01:43 Il y a des... Techniquement, la Ligue 1 est en baisse,
01:47 pour plein de raisons, y compris le départ de beaucoup de joueurs à l'étranger.
01:51 Les résultats en européen sont insuffisants.
01:55 Donc tout ça est une vraie réalité, et les droits de la Ligue 1 sont difficiles à vendre.
01:59 Mais d'un autre côté, il y a une forme de réalité locale,
02:03 du fait que les gens veulent s'approprier leur club
02:07 et presque se recentrer sur cette appartenance-là,
02:11 sur ce lien très fort qu'il y a avec les clubs,
02:13 et aussi sur, finalement, alors est-ce qu'on doit s'en réjouir ou pas ?
02:17 Moi, c'est une question que je pose, je n'ai pas la réponse.
02:18 Je ne sais pas si c'est forcément très, très positif.
02:21 C'est-à-dire que les gens, en fait, ont du mal à payer deux abonnements
02:26 pour aller regarder la Ligue 1 à la télé, parce que c'est cher d'une part,
02:30 mais parce que finalement, ils s'en moquent un peu de savoir ce que vont faire les autres équipes.
02:33 En revanche, on a du mal à trouver des places pour aller voir le match de son équipe,
02:37 parce que l'expérience stade est bonne, parce que le travail des dirigeants,
02:41 et notamment, on l'avait dit, pas forcément des très gros clubs,
02:43 mais des clubs qui sont juste en dessous les plus gros budgets.
02:47 Je pense à Lens, à Reims, à Brest, à Rennes, même si c'est un gros budget, travaillent bien.
02:52 Et donc, le travail dans les stades, l'expérience que tu vis au stade,
02:56 la façon dont c'est vécu, c'est un moment très important localement pour tous les gens.
03:01 Donc, on se regroupe sur son...
03:03 Je veux dire, on se recentre sur l'appartenance locale,
03:07 sur, on va dire, la petite lutte pic-roc-coline et l'effet de...
03:10 - L'événementiel.
03:11 - Ouais, l'événementiel, et puis aussi sur gagner le derby,
03:14 gagner, voilà, être le plus haut possible en Ligue 1.
03:17 On aime ces histoires-là.
03:19 Peut-être la plus grande compétitivité qu'il peut y avoir,
03:22 eu égard au fait qu'on a réduit la Ligue 1 à 18 clubs,
03:25 tout ça fait que, en tout cas, on veut cette Ligue 1-là, mais de manière très locale.
03:29 Donc, je dis bien, je n'ai pas la réponse, je ne dis pas que c'est très positif.
03:32 Les chiffres sont positifs, mais je ne sais pas si,
03:35 pour le niveau de notre Ligue 1, pour la culture foot qui s'en dégage,
03:39 je ne sais pas si c'est très positif.
03:41 Si le fait que ces gens-là, qui veulent à tout prix être avec leur club, c'est très bien,
03:44 ce lien-là, il est très fort, super.
03:47 Les événements et les expériences stade sont vraiment intéressantes à vivre dans plein de stades en France.
03:52 On a remis, comme la Mountainous Liga, le fait, au centre du jeu,
03:57 le fait d'avoir un stade plein, d'avoir du spectacle, si possible, dans son stade.
04:02 Mais est-ce qu'on doit se contenter de ça, entre guillemets,
04:04 c'est-à-dire, en fait, de battre son voisin et d'être le meilleur ?
04:06 Est-ce qu'on doit se contenter d'être le premier dans son village plutôt que le deuxième à Rome ?
04:10 Voilà, c'est la question que je pose.
04:12 Je ne suis pas certain que ce soit ultra positif,
04:15 parce qu'on est en train d'aller dans la deuxième division au niveau européen pour nos clubs,
04:19 et à l'inverse, on a quand même un business,
04:23 on va dire, billetterie et événementiel qui fonctionne bien.
04:25 Et au milieu de tout ça, on n'arrive pas vraiment à vendre les droits au niveau où on voudrait les vendre.
04:30 Est-ce que c'est positif pour l'avenir ?
04:32 Je ne sais pas, mais la réalité, c'est que malgré la baisse de niveau technique
04:36 et parfois même le manque d'intérêt, puisque le PSG est souvent champion,
04:39 on a ces stades qui sont très remplis et des taux de remplissage impressionnants.
04:43 Il y a quand même un truc un peu irrationnel, je trouve.
04:47 C'est que Marseille, certaines années, par exemple, ne faisait pas le plein,
04:51 alors que ça jouait mieux qu'aujourd'hui.
04:53 Cette année, c'est plein tout le temps, les genrales, voilà.
04:57 Strasbourg, c'est le cas aussi, par exemple.
04:59 Il y a quand même des trucs un peu irrationnels.
05:00 Des fois, tu te dis "tiens, pourquoi là ?"
05:02 Parce qu'il y a une nouvelle façon de vivre le foot, j'ai l'impression,
05:05 qui est manifeste dans nos stades, et il faut en parler.
05:08 Je parle de corrélation parce que ce qui se passe à Nantes,
05:12 qui a été un petit peu peut-être le stade précurseur en France de ça,
05:17 il y a une ambiance, une atmosphère dans le stade,
05:19 il y a un taux de remplissage qui est complètement décorrélé
05:21 du spectacle et du résultat du Coupe de Nantes depuis quelques années.
05:24 Toulouse, c'est pareil.
05:25 Toulouse, il y a rarement l'occasion de s'enthousiasmer sur un match de Toulouse,
05:29 mais effectivement, le stade est plein.
05:31 Non seulement le stade est plein, mais en plus, il y a une ferveur,
05:34 il y a une façon de communier, de faire la fête autour d'un match,
05:39 de se distraire au-delà même du spectacle proposé.
05:43 Et ça, c'est assez frappant.
05:45 Et peut-être que ça vient nourrir ces très bonnes affluences.
05:49 Il y a aussi le fait, je pense, que le diffuseur actuel de La Ligue 1
05:52 étant beaucoup moins fort que le précédent,
05:55 il y a peut-être plus envie d'aller dans les stades que de s'abonner.
05:59 On peut en arriver à la marge.
06:01 - En tout cas, il y a un truc qui est intéressant à minima,
06:05 c'est que je pense qu'aller au stade, c'est très différent de regarder la télé.
06:09 Et c'est très bien si cette culture-là persiste ou même s'améliore.
06:13 Et la deuxième chose, c'est qu'en fait,
06:15 tu as envie aussi qu'on te raconte quelque chose, qu'il se passe
06:18 le fameux storytelling, mais pas fake.
06:20 C'est-à-dire que je lisais des supporters lyonnais qui disaient un peu
06:24 par ironie, mais ils n'avaient pas tort,
06:25 ils disaient le fait qu'on ait eu cette catastrophe sportive,
06:29 ce risque de descendre en Ligue 2, cette histoire du rebond,
06:34 ça a mobilisé tout un stade.
06:37 Tu faisais référence à l'ambiance qu'il y avait la dernière fois dans le stade à Lyon,
06:41 toute cette histoire très dure qui fait qu'il y a une crise,
06:44 que ça ne va pas, mais que les joueurs...
06:45 Alors moi, je n'étais pas pour tout le temps ces capos qui s'en prenaient aux joueurs, etc.
06:50 Mais en tout cas, il y a une histoire qui s'est construite dans la difficulté
06:53 et qui fait que maintenant, ça devient la saison de la rédemption.
06:56 Si tu veux, tu préfères avoir cette histoire-là, par exemple,
06:59 qui se construit autour d'un événement peut-être un peu dur au départ...
07:03 — Le dernier élément !
07:04 — Mais plutôt qu'un truc classique où tu restes chez toi devant ton poste
07:08 et tu vas vouloir regarder juste le...
07:10 au MPSG ou les derbies.
07:12 — Dernier élément, dans un moment où le pouvoir d'achat est en baisse,
07:16 comparer aujourd'hui le prix de...
07:19 Si vous allez en famille au stade,
07:21 comparer ça avec le prix de... je sais pas, de soirée au resto,
07:24 voire même le cinéma !
07:25 Le cinéma, c'est devenu hors de prix, le cinéma !
07:27 C'est complètement fou !
07:28 Tu vas bientôt payer 20 euros pour aller au cinéma !
07:31 Je veux dire, dans nos stades, globalement, t'as quand même des prix...
07:34 t'as un peu tous les prix, quoi !
07:35 Donc tu peux aller voir ton club de Léguin,
07:38 si tu t'organises un peu à l'avance et tout, pour pas trop cher.
07:40 Donc ça, c'est quand même... ça peut jouer.
07:41 — Merci. — Merci.
07:42 [SILENCE]

Recommandations