Poutine - Le retour de l'ours dans la danse (Documentaire 2022)
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00:00 [Musique]
00:08 Au Kremlin, centre du pouvoir russe, la garde veille les symboles d'un passé glorieux.
00:13 Héritière de l'Union soviétique, la Russie au dernier jour du XXe siècle est un pays ruiné, méprisé et isolé par les vainqueurs de la guerre froide.
00:23 Vladimir Poutine, obscur officier du KGB, inconnu sur la scène internationale, accède au pouvoir.
00:30 Une nomination que seuls les stratèges du Kremlin pouvaient imaginer.
00:35 Son obsession secrète, replacer la Russie au cœur de l'échiquier mondial.
00:40 Le verbe et le glaive, la marque de Poutine.
00:45 A la surprise générale, il va frapper fort et vite.
00:49 Syrie, Europe de l'Est, Afrique, des terrains de chasse où les coups tactiques brutaux et opportunistes de Poutine prennent par surprise un Occident désuni.
00:59 Le chef de guerre peut féliciter ses troupes. La Russie est aujourd'hui à nouveau respectée, crainte et fantasmée.
01:08 Poutine est un réaliste, Poutine est un pragmatique, mais je ne dirais pas que Poutine est un idéologue.
01:16 Je peux dire que malgré tout, Poutine est un joueur, un joueur stratégique.
01:22 Et il fait des paris.
01:25 Pendant tout ce temps où il se trouve à la tête du pays et à des postes différents, il a eu affaire à cinq présidents des États-Unis.
01:33 Ils étaient cinq, et Poutine seul.
01:36 Poutine leur a tous survécu.
01:39 Il est en Europe l'homme politique qui a le plus d'expérience, qui sait tout et qui ne croit pas à leurs belles paroles sur les valeurs démocratiques.
01:47 Le principal atout dont il dispose, c'est qu'il a le temps pour lui, puisque finalement, il est parti pour battre le record de longévité de Staline.
01:56 La politique étrangère, ça constitue son exosquelette, ça a raison de vivre. Il se livre corps et âme à la politique étrangère.
02:05 Autocrate éternel en son pays, Vladimir Poutine a fait de la politique extérieure son arme fatale.
02:12 Un outil de cohésion nationale et de fierté retrouvée.
02:16 L'ancien colonel soviétique s'emploie depuis vingt ans à rebâtir la Grande Russie.
02:22 Une ambition née sur les cendres d'un empire effondré.
02:30 Quand on réfléchit sur Poutine et ses pensées profondes, il ne faut jamais oublier une déclaration très importante.
02:37 Il disait quiconque ne regrette pas l'Union soviétique n'a pas de cœur, mais quiconque veut la reconstituer n'a pas de tête.
02:45 Et je crois que c'est assez vrai.
02:52 Lénine avait promis l'avenir radieux à l'Homo soviéticus.
02:56 Mais au mausolée, sur la Place Rouge, Staline et les idoles déchues veillent un cimetière d'illusions perdues.
03:03 La défaite est amère.
03:06 Le pays était complètement colonisé par les Américains, par les amis américains.
03:15 Il était partout, il était présent partout.
03:18 Dans les ministères, dans les banques, même au ministère de l'Accueil étranger.
03:23 Je recevais des notes de l'ambassade des États-Unis qui me disaient ce que je dois dire et faire sur tel ou tel sujet.
03:30 C'était invraisemblable.
03:32 Et là il y a une période de quelques années où les Occidentaux ont fait preuve du bris, d'arrogance, de triomphalisme.
03:41 Ils ont vraiment cru qu'après la fin de l'URSS, la Russie était devenue une puissance secondaire qui ne comptait pas, dont on ne devait pas se préoccuper.
03:50 Et qu'elle allait devenir un pays banal, plus ou moins normalisé, mais qui disparaissait du champ de la vraie grande politique.
03:57 L'URSS a capitulé, rendu les armes.
04:01 L'Occident dicte les conditions.
04:05 Au Kremlin et au ministère des Affaires étrangères, la honte de la défaite se mêle au sentiment d'humiliation.
04:12 Lors de la réunification de l'Allemagne, des promesses ont été faites au plus haut niveau.
04:20 Elles stipulaient que l'OTAN ne se rapprocherait pas des frontières de la Russie.
04:30 Malgré l'engagement fait à Gorbatchev, l'OTAN poursuit son avancée vers l'Est.
04:35 Polonais, Hongrois, Tchèques, Roumains, Bulgares, puis Pays Balt rejoignent le bloc de l'Ouest.
04:41 Un véritable encerclement, une trahison.
04:45 Pour Poutine, c'est une véritable rupture de contrat, qu'il n'a toujours pas digéré aujourd'hui.
04:54 Février 2007, premier coup de semence.
04:58 Poutine, au début de son mandat, qui avait cherché à se rapprocher du camp occidental, se sent trompé.
05:04 Alors, il frappe du poing sur la table.
05:07 Invité à Munich à un forum sur la sécurité mondiale,
05:10 c'est un président en colère qui dénonce l'unilatéralisme américain.
05:17 Qu'est-ce que l'unipolaire ?
05:19 Que ce soit ce terme, il signifie en fin de compte seulement une chose.
05:28 C'est un seul centre de pouvoir, un seul centre de force, un seul centre de l'unité.
05:36 C'est un seul centre de l'unité.
05:38 Il n'y a en fait qu'une seule chose. C'est un seul centre de pouvoir, un seul centre de force, un seul centre de décision.
05:50 C'est le monde d'un seul maître, d'un seul souverain.
05:53 Je pense que c'est juste de situer le point de départ, en tout cas un palier franchi, avec ce discours de Munich.
06:00 Où pour la première fois, Vladimir Poutine exprime d'une manière brutale, franche et directe son mécontentement avec le comportement occidental.
06:11 Nous voyons de plus en plus de préjugés sur les principes de droit international.
06:16 Plus encore, les normes séparées, c'est en fait presque toute la système de droit d'un seul pays,
06:22 surtout bien sûr les États-Unis, ont dépassé leurs frontières nationales et en fait dans toutes les sphères,
06:31 dans l'économie, dans la politique et dans la sphère humanitaire, sont imposées sur les autres pays.
06:36 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
06:41 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
06:46 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
06:51 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
06:56 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
06:59 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:02 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:07 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:10 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:13 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:16 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:19 Et c'est ce que nous voulons, c'est que les États-Unis puissent se dépasser de la sphère humaine.
07:22 L'un combat et se pose devant les caméras, l'autre est à la table des négociations.
07:27 Un aigle à deux têtes, avec pour unique feuille de route, redonner à la Russie son statut de puissance mondiale.
07:35 Dès 2008, Vladimir Poutine va trouver l'occasion de prouver sa détermination.
07:43 Sourde à l'avertissement lancé à Munich, l'OTAN poursuit sa course jusqu'aux frontières de la Russie.
07:49 Une ligne rouge se prépare à être franchie.
07:52 La doctrine du Kremlin est pourtant sans équivoque.
07:55 On ne touche pas à mon étranger proche.
07:58 Le paradoxe de l'évaluation de la politique étrangère en Russe repose sur la paranoïa.
08:12 Parce qu'à cette époque-là, l'OTAN a entamé des discussions pour inviter la Géorgie et l'Ukraine dans son organisation.
08:22 Pour Poutine, l'offensive de l'OTAN vers la Géorgie et l'Ukraine apparaît comme une provocation américaine à sa porte.
08:32 Riposte immédiate.
08:34 En Géorgie, dans les régions russophones d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, des conflits latents, dits gelés, reprennent fort opportunément.
08:43 Un piège tendu par Moscou à la Géorgie et ses alliés américains.
08:48 La crise géorgienne de 2008 et la crise ukrainienne de 2014 portent la même signature.
08:55 C'est les mêmes qui ont tiré les ficelles.
08:57 Ce sont nos amis de longue date, ce sont les États-Unis.
09:03 La révolution des roses en Géorgie avait porté au pouvoir le jeune et pro-occidental Mikhaïl Saakashvili.
09:09 Au palais présidentiel, sous l'œil bienveillant de George Bush, le président géorgien décide de remettre de l'ordre dans ces provinces agitées par Moscou.
09:19 Saakashvili, en Géorgie, est persuadé que les Américains vont le soutenir à fond.
09:27 Parce qu'on lui a dit "t'inquiète pas, en fait nous on est vraiment derrière toi" et le président Bush te soutient.
09:34 L'armée géorgienne pensait la victoire facile, mais le 7 août 2008, les chars russes entrent en Géorgie.
09:41 C'est un piège qui se referme.
09:43 Au terme d'une guerre éclair, Moscou reconnaît l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
09:50 La Géorgie vient d'être amputée de 20% de son territoire.
09:55 C'est la première fois depuis la disparition de l'Union Soviétique que l'ours russe sort de sa tanière.
10:19 C'est un double message qui a été adressé en 2008 par Poutine à ses voisins.
10:23 Et en particulier à ses voisins qui sont tentés par une alliance ou une entrée dans l'OTAN.
10:28 Le premier message c'est de dire "vous voyez, lorsqu'il s'agit de nos intérêts vitaux localement, on peut faire des opérations militaires pour les défendre".
10:37 Deuxième message, plus important encore, "on le fait et vos alliés putatifs, ceux auxquels vous allez confier votre sécurité, n'interviennent pas".
10:47 Donc on peut dire que là-dessus, le coup de Poutine, cette guerre en Géorgie, c'est un succès à la fois militaire mais aussi politique.
10:56 La bataille suivante se joue à Kiev, en Ukraine, où Moscou et l'Occident se font face.
11:06 Porté par les révolutions de couleur, le pays saprède fin 2013 a signé un accord d'association avec l'Union Européenne et l'OTAN.
11:15 Mais Poutine refuse de perdre cette nation sœur. L'histoire est trop intime, alors il menace.
11:22 Le président de la Fédération Russe, Vladimir Vladimirovitch Poutine.
11:29 [Musique]
11:54 Donc on retombe toujours sur cette même inquiétude, et qui aujourd'hui est d'autant plus forte que la Russie se sent elle-même, à tort ou à raison,
12:01 le régime russe se sent lui-même soumis à une possible menace de tentative, de coup, pour remplacer le régime.
12:08 Je pense que là, le profil KGB de Vladimir Poutine joue à plein, c'est-à-dire la menace extérieure, la menace de subversion, la menace de changement de régime.
12:18 Ce sont des choses qui, par formation, préoccupent beaucoup l'actuel président russe.
12:23 [Musique]
12:26 Sous la pression de Moscou, Yanukovitch, le président ukrainien, rejette l'accord avec l'Union Européenne.
12:33 [Cris de la foule]
12:35 Il provoque la fureur d'une partie de sa population, qui ne veut plus dépendre de l'influence russe.
12:41 En février 2014, la révolution de Maïdan embrase Kiev et fait une centaine de victimes.
12:49 Les hommes, à la solde de Moscou, sont chassés.
12:54 C'était la ligne rouge à ne pas franchir pour Poutine.
13:00 Une ligne qu'il avait déjà tracée lors de la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008.
13:07 Or, ce message n'a pas été entendu.
13:12 Depuis les Tsars, le port de Sébastopol, au sud de l'Ukraine, en Crimée, est l'unique accès de la Russie au maire du Sud.
13:22 Un enjeu vital pour Moscou.
13:25 Via les détroits turcs, ces navires peuvent rejoindre la base de Tartus en Méditerranée orientale et se projeter au-delà.
13:33 Les Russes envisagent un cauchemar, c'est-à-dire la possibilité que cette base de Sébastopol puisse un jour devenir une base de l'OTAN,
13:42 si finalement l'Ukraine peut réaliser son projet d'adhésion à l'OTAN.
13:46 Sébastopol aux mains de la flotte américaine, un cauchemar inenvisageable pour le Kremlin.
13:57 Il faut agir, et vite, pour empêcher cette catastrophe géostratégique.
14:02 "Présentez-vous à tous, les soldats de la flotte américaine !"
14:05 Vladimir Poutine explique lui-même qu'ils étaient trois ou quatre autour de la table à prendre cette décision sur l'annexion de la Crimée.
14:12 Là, on n'est pas dans la planification, on est purement dans une optique opportuniste.
14:18 Il y a quelque chose qui est mal protégé, il faut le prendre le plus rapidement possible.
14:23 Le proverbe russe dit "Celui qui creuse une fosse y tombera".
14:27 Et ce que l'on présente comme des coups habiles et opportunistes de Vladimir Poutine,
14:32 c'est plutôt la capacité de transformer les pièges occidentaux en avantages géopolitiques.
14:37 Au Kremlin, l'affaire est habilement présentée.
14:40 Un référendum organisé en Crimée consacre à 83% le rattachement de la région à la Russie.
14:47 Sébastopol est sauvé.
14:49 Aujourd'hui, en se basant sur les résultats du référendum qui a été organisé en Crimee,
14:54 en se basant sur la volonté du peuple,
14:57 je présente la Somme fédérale et je demande de considérer le loi constitutionnel
15:02 pour le prendre en compagnie de la Russie deux nouveaux sujets de la fédération,
15:07 la République de la Crimée et le pays Sébastopol.
15:16 Kiev a déjà basculé dans le camp occidental quand Moscou déclenche sa double offensive.
15:22 Premièrement à l'est de l'Ukraine, la région du Donbass russophone s'embrase.
15:27 Un conflit alimenté par les hommes de Moscou.
15:31 Au sud, sur la presqu'île de Crimée, comme venue de nulle part,
15:35 des centaines de soldats sans aucun signe de reconnaissance distinctif
15:39 prennent le contrôle de Sébastopol.
15:45 La stratégie du désordre, la marque tactique de Poutine.
15:49 Il a puni l'Ukraine et a affirmé ainsi qu'il restait le maître de son étranger proche.
15:55 Un retour d'empereur triomphal en Crimée pour le vainqueur.
16:00 Ce n'est pas un plan, il faut qu'il y ait une erreur quelque part.
16:07 Un dirigeant qui se trompe, qui va trop loin.
16:10 Il faut qu'il y ait des groupes, des minorités prises à se rebeller.
16:15 Il observe, il regarde, il attend.
16:18 Et je trouve que dans la Géorgie et dans l'Afrique de l'Ukraine,
16:22 c'est un peu ça dans les deux cas.
16:24 Poutine saisit les opportunités.
16:27 (Musique)
16:30 C'est un fête des Criméens et des Sébastopolais.
16:43 Mais c'est aussi un fête pour toute notre grande paysse.
16:49 Et c'est un fête pour tous les grands pays,
16:52 parce que la Russie reste la plus grande payse mondiale.
17:15 (En russe)
17:20 La Crimée a été une vraie victoire.
17:42 D'ailleurs, elle a été fêtée comme une victoire.
17:45 À Moscou, grand défilé, show sur la Place Rouge, avec chansons, etc.
17:50 Et ça a même donné lieu à un épisode qu'on a appelé
17:53 "Le printemps russe", au Russke Vesna.
17:56 Une espèce de vague de patriotisme un peu triomphaliste.
18:00 Sanctions internationales et mises à l'écart des nations,
18:08 pour la prise de la Crimée, la Russie est lourdement condamnée.
18:12 Personne n'imagine alors que le maître du Kremlin
18:15 prépare une nouvelle offensive.
18:18 Officiellement, pour combattre le terrorisme,
18:21 une sanglante partie des chèques dans le désert syrien est lancée.
18:25 (En russe)
18:52 Illices islamistes, armée syrienne libre,
18:55 yépéguets kurdes et troupes de Bachar el-Assad,
18:58 la guerre en Syrie est devenue illisible.
19:01 La diplomatie occidentale se perd dans ses soutiens et moralise.
19:05 Le président américain Barack Obama tergiverse.
19:08 La voie est libre pour Poutine.
19:11 (En russe)
19:14 (En russe)
19:17 Pour Vladimir Poutine, un régime, même s'il est autoritaire,
19:29 mais qui verrouille son pays, c'est beaucoup mieux
19:32 que le chaos, l'imprévisible ou l'arrivée des islamistes au pouvoir.
19:36 Tout commence en 2011.
19:41 Les révolutions du printemps arabe qui courent comme un arc de feu
19:45 de Tunisie en Libye, en Égypte et jusqu'en Syrie inquiètent Moscou.
19:49 Pour Poutine, Washington a organisé la chute des autocrates
19:53 Ben Ali, Kadhafi et Moubarak.
19:56 Un vide qui favorise la propagation de l'islam radical.
20:00 Il faut stopper cette contagion.
20:03 -Alors si on continue, on remonte,
20:06 après la Russie n'est pas loin.
20:09 Et à un certain moment, Poutine a dit,
20:12 il faut mettre fin à ce changement de régime.
20:15 Sinon, nos amis américains vont aller un peu trop loin.
20:19 C'est pour cette raison-là qu'il est intervenu
20:23 pour mettre fin à cette politique de changement de régime.
20:27 -A la surprise générale, le 30 septembre 2015,
20:31 les forces russes s'engagent dans la partie aux côtés de Bachar Al-Assad.
20:35 Poutine vient provoquer les Etats-Unis au Moyen-Orient.
20:39 -L'opération militaire en Syrie est en effet une surprise.
20:43 On n'attend pas la Russie là,
20:46 on l'attend pas avec cette force, avec cette performance.
20:49 C'est la 1re opération à l'époque post-soviétique
20:52 où la Russie intervient sur un théâtre d'action
20:55 au-delà de l'étranger proche.
20:58 -C'est du ciel que Poutine frappe.
21:01 Un déluge de fer et de feu,
21:04 civils et rebelles sont indistinctement touchés.
21:07 Pour les combats au sol, Moscou fait appel à des mercenaires.
21:11 Depuis le traumatisme afghan,
21:14 la mort de soldats russes pourrait heurter l'opinion.
21:17 Alors, cette guerre hybride permet la discrétion.
21:21 -C'est avantageux pour l'Etat de mener une guerre hybride,
21:25 d'envoyer des troupes hybrides,
21:28 que ce soit dans l'est de l'Ukraine ou encore en Syrie.
21:32 L'hybridité, c'est quand un Etat remplit ses fonctions,
21:36 mais que personne n'en est responsable à titre personnel.
21:40 -Sur la base de Khmeimimine en Syrie,
21:43 Poutine affirme que les frontières de la Russie
21:46 ne s'arrêtent nulle part.
21:49 Pour financer à moindre coût ces conquêtes,
21:52 le maître du Kremlin peut s'appuyer sur un homme mystérieux,
21:55 Yevgeny Prigojin.
21:58 Surnommé le cuisinier de Poutine,
22:01 il s'est enrichi en fournissant les cuisines du Kremlin
22:04 et celles de l'armée russe.
22:07 Un contrat qui l'a rendu milliardaire.
22:10 A Moscou, Novaya Gazeta,
22:13 un des rares journaux d'investigation,
22:16 malgré les pressions et l'assassinat de 6 de ses journalistes,
22:19 mène l'enquête sur Yevgeny Prigojin.
22:22 Il serait aussi le patron occulte du groupe Wagner,
22:25 une société de mercenaires au service des intérêts du Kremlin
22:28 et mise à disposition de Bachar el-Assad.
22:31 Des mercenaires payés avec l'argent du pétrole syrien.
22:34 -C'est une personnalité très obscure,
22:42 très louche et qui s'en délecte.
22:45 Qui se délecte de pouvoir attaquer tout en disant
22:48 "Mais ce n'est pas moi, prouvez-moi que ce n'est pas moi".
22:51 "Prouvez-moi que ce sont mes hommes".
22:54 C'est une nouvelle forme d'honnêteté à la Russe.
23:00 Nous allons continuer à faire tout ce que nous voulons,
23:03 continuer à menacer,
23:06 et puis on se retournera et on dira.
23:09 Essayez donc de prouver que c'est nous.
23:12 Où sont les preuves ? Devant les tribunaux ?
23:15 De quoi vous parlez ? De quel chef cuisinier ? Vous rigolez ?
23:18 -Dans ce cas, nous allons commencer par Wagner et les chefs.
23:21 Tous mes chefs sont des membres du service fédéral de la sécurité.
23:24 Ils sont des hommes de guerre.
23:27 Ils sont dans différents postes. Je n'ai pas d'autres chefs.
23:30 Il faut que ce soit clair, clair et qu'on ne revienne pas à ça.
23:33 Si cette groupe de Wagner a un problème,
23:36 la procuratrice générale doit donner une assurance de droit.
23:39 Maintenant, en ce qui concerne l'absence d'eux
23:42 quelque part à l'étranger,
23:45 mais si, je le répète,
23:48 ils ne violent pas le droit russe,
23:51 ils ont le droit de travailler et de faire avancer
23:54 leur business et leurs intérêts à n'importe quel endroit sur la planète.
23:58 -Circuler, il n'y a rien à voir.
24:01 À la Douma, qui a autorisé l'intervention militaire,
24:04 les parlementaires préfèrent fermer les yeux.
24:07 En deux années de combat, Poutine a réussi à consolider
24:13 le pouvoir de Bachar el-Assad, son allié,
24:16 qu'Américains et Européens pensaient condamnés.
24:19 Au passage, le tacticien a renforcé ses positions.
24:22 Le port de Tartus et la base aérienne de Remimimine
24:25 assurent la présence définitive russe
24:28 et son rayonnement sur la Méditerranée.
24:31 Une diplomatie du marteau,
24:34 doublée d'une machiavélique entente
24:37 avec les acteurs régionaux turcs, iraniens, saoudiens et israéliens.
24:40 Sur la base aérienne de Remimimine,
24:47 accompagnée de Bachar el-Assad, son obligé,
24:50 Poutine, le chef de guerre, vient fêter la victoire
24:53 et féliciter ses troupes.
24:57 -Toujours ?
25:01 (Propos en russe traduits en allemand)
25:04 (Propos en russe traduits en allemand)
25:31 -La façon dont il crée cette surprise stratégique
25:34 en arrivant en Syrie fait qu'on les parle de nouveau,
25:37 on le cherche, on négocie avec lui
25:40 le destin de cette région et au-delà.
25:43 Je me souviens de propos d'un expert très connu en Russie
25:46 qui avait formulé ça d'une manière brutale
25:49 en disant que depuis qu'on bombarde en Syrie,
25:52 l'Occident nous reparle.
25:55 -Bismarck disait que la diplomatie sans les armes,
25:58 c'est la musique sans instrument.
26:01 Dans les ruines de Palmyre, libérée de Daesh,
26:04 Poutine, chef de guerre et chef d'orchestre,
26:07 met en scène son triomphe.
26:10 Une gigantesque opération de communication
26:13 pour le nouveau maestro de la diplomatie au Levant.
26:16 -C'est vraiment une très grande réussite de Poutine
26:19 puisque je me souviens très bien
26:22 que jamais l'Union soviétique
26:25 n'a eu autant d'amis
26:28 aux proches et moyens iréliens.
26:31 Elle est devenue un élément incontournable
26:34 de toute négociation,
26:37 de tout règlement de paix dans cette région du monde.
26:40 -Chiites et sunnites
26:43 tous saluent le partenaire russe.
26:46 Hassan Rouhani, l'Iranien,
26:49 Mohammed Ben Salman, le Saoudien
26:52 et le Sud-Ouest.
26:55 Poutine a gagné le respect du Moyen-Orient
26:58 où les Etats-Unis régnaient en maître jusqu'à présent.
27:01 Provocation jubilatoire, c'est à Damas en 2020
27:04 qu'il vient célébrer la victoire et Noël.
27:07 -Sur le plan international,
27:10 l'intervention de la Russie en Syrie
27:13 a montré au monde entier
27:16 qu'il y a dans le monde un leader
27:19 qui sait prendre ses responsabilités,
27:22 qui a ses convictions, qui a ses amis,
27:25 qui sait défendre.
27:28 -Fort de son succès en Syrie,
27:31 Poutine regarde plus loin vers la Méditerranée.
27:34 La Libye, c'est du sable
27:37 mais aussi beaucoup de pétrole.
27:40 Une occasion unique de faire la leçon à l'Occident
27:43 et à l'ONU, les responsables du chaos libyen
27:46 qui a fait la guerre.
27:50 -Vous savez bien
27:53 qui a amené à ce stade.
27:56 La Russie a été contre l'utilisation
27:59 de l'armée libyenne
28:02 et la résolution du Conseil de la sécurité
28:05 qui a été adoptée,
28:08 qui a interdit au président libyen Kadhafi
28:11 d'utiliser son avion
28:14 contre les forces oppositrices.
28:17 C'est ce qui a fait que la partie
28:20 qui avait déjà progressé
28:23 dans la vie de cette partie
28:26 s'est améliorée à un certain niveau.
28:29 Elle est maintenant en chaos,
28:32 et la guerre civile n'arrête pas.
28:44 -Le 19 mars 2011, les avions français,
28:47 britanniques et américains frappent les troupes de Kadhafi.
28:50 Objectif proclamé, protéger les populations civiles.
28:53 L'Occident croit encore pouvoir offrir la paix.
28:56 -Vous avez voulu la paix.
29:05 Vous avez voulu la liberté.
29:08 Vous voulez le progrès économique.
29:11 La France, la Grande-Bretagne,
29:14 l'Europe seront toujours
29:17 aux côtés du peuple libyen.
29:20 Et nous vous demandons une chose.
29:23 Nous croyons dans la Libye unie,
29:26 pas dans la Libye divisée.
29:29 -L'intervention militaire en Libye
29:35 devait amener démocratie et prospérité.
29:38 Mais la disparition de Kadhafi n'a laissé que chaos.
29:41 Pour Poutine, les coupables sont tout désignés.
29:44 -Pour les Russes, la responsabilité
29:47 n'est que du côté occidental.
29:50 C'est du côté occidental qu'il y a eu tromperie,
29:53 trahison, hypocrisie.
29:56 Ce sont les termes qui reviennent fréquemment.
29:59 Comme l'a dit Mme Poutine, on parle de l'Occident.
30:02 Il met tout le temps l'Occident face à ses faiblesses,
30:05 mais il a très bien profité de ces faiblesses
30:08 et de ces incohérences pour tirer son épingle du jeu.
30:11 -Comme en Syrie, Turcs et Russes se font face en Libye.
30:14 La Russie, alliée à l'Egypte, soutient le camp
30:17 du maréchal Haftar, maître du croissant pétrolier
30:20 et de la Syrénaïque.
30:23 La Turquie soutient, elle, le camp
30:26 du gouvernement d'accord national de Fayez el-Saray,
30:29 qui tient la Tripolitaine.
30:32 -Ce sont des gâteaux que l'on aimerait se partager.
30:35 Une entrée sur l'Afrique, du pétrole
30:38 et un contrôle sur la Méditerranée.
30:41 -Il y a également cette percée en Méditerranée,
30:44 dans ce qu'on pourrait appeler la plus grande Méditerranée.
30:47 Ce n'est pas uniquement la mer Méditerranée et ses pourtours.
30:50 C'est également la mer Rouge, la mer Noire,
30:53 les approches atlantiques de Gibraltar.
30:56 Il y a également un défi, une menace russe
30:59 qui se développe dans cette plus grande Méditerranée.
31:02 -Au large de Tobrouk, le 11 janvier 2017,
31:08 le porte-avions russe amiral Kouznetsov
31:11 accueille avec les honneurs à son bord
31:14 le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort choisi par Poutine.
31:17 -Il faut avoir un homme fort, peut-être,
31:23 un homme fort comme le Kadhafi,
31:26 pour recréer d'abord l'état, les biens,
31:29 et puis lui donner une vie.
31:32 Et alors, on cherche un enfant,
31:35 et je crois Haftar, maréchal Haftar,
31:38 peut jouer ce rôle. Il faut trouver la solution.
31:41 -Le 7 novembre 2018, à Moscou,
31:44 une rencontre est organisée
31:47 entre le maréchal Haftar et le ministre de la Défense,
31:50 Sergei Choygou.
31:53 Haftar est reçu par l'état-major russe
31:56 sous le regard d'Evgeny Prigojin,
31:59 parrain présumé de la compagnie de mercenaires Wagner.
32:02 Une image troublante qui a depuis disparu
32:05 des archives officielles.
32:08 -Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que Wagner
32:11 n'est pas une entreprise comme une autre
32:14 puisqu'elle n'a pas d'existence juridique en tant que telle.
32:17 Wagner, c'est plutôt, je pourrais dire,
32:20 un espace dans lequel on va retrouver énormément de sociétés-écrans.
32:23 On a vraiment une galaxie d'acteurs,
32:26 une galaxie d'entreprises qui sont toutes reliées à un homme
32:29 qui est Evgeny Prigojin, qui lui est vraiment le centre
32:32 de gravité de toute cette galaxie.
32:35 -Pour des armes et un soutien militaire accru,
32:38 Haftar peut offrir pétrole, accès maritimes
32:41 et contrats à venir. Proposition alléchante.
32:47 Prigojin, qui participe à la Réunion,
32:50 de fournir la logistique et ses mercenaires.
32:53 Près de 2000 soldats fantômes de la société Wagner
32:58 débarquent en Libye au service du maréchal Haftar.
33:01 Le discours du Kremlin, lui, est catégorique.
33:04 Aucune troupe russe ne se trouve sur le terrain d'opérations libyens.
33:07 Poutine peut garder les mains propres.
33:10 -Je ne pense pas, quoi que tout ait possible,
33:15 que Poutine soit comme un parrain de la mafia
33:18 dont ses hommes viendraient lui baiser la bague.
33:21 Ca n'est probablement pas aussi patriarcal que ça,
33:24 mais pour autant, je ne pense pas
33:27 que quiconque puisse agir sans sa bénédiction.
33:30 -Les sables du désert couvrent la plus importante réserve
33:35 de pétrole d'Afrique. Malgré des infrastructures
33:38 vétustes et endommagées par la guerre,
33:41 le partage de la rente du pétrole libyen
33:44 est au coeur des coups voitices des deux parrains,
33:47 turcs et russes.
33:50 -En Libye, là encore, il n'y a finalement que des gains à opérer.
33:53 Et donc, si l'un, d'un côté, a la sirénaïque,
33:56 de manière directe ou indirecte, pour la Russie,
33:59 de l'autre côté, la Turquie a la main sur la tripolitaine,
34:02 ma foi, il n'y a pas de quoi se battre.
34:05 Tout le monde peut s'entendre dans cette affaire.
34:08 C'est le partage des dépouilles.
34:11 -La Russie est toute byzantine, violente et feutrée.
34:14 Ni ennemis, ni amis, les deux partenaires pragmatiques,
34:17 sultan et tsar, s'accordent sur le dos
34:20 de l'Occident et de ses alliés.
34:23 -Poutine n'a aucun mal à comprendre Erdogan.
34:26 Erdogan n'est pas un partenaire fiable.
34:29 Mais lui aussi sait que nous ne sommes pas fiables.
34:32 On va jouer ensemble, ça va être intéressant de jouer à ça.
34:35 Je sais comment jouer avec toi.
34:38 Toi non plus, tu n'as pas besoin d'un joli papier d'emballage
34:41 comme la démocratie, les droits de l'homme.
34:44 Tu es un dur, moi aussi.
34:47 -L'étranger proche et les frontières de la Russie sécurisées,
34:53 la démonstration de force réussie au Moyen-Orient,
34:56 au Kremlin, on regarde plus loin, vers l'Afrique.
34:59 À Sochi, en octobre 2019,
35:02 tout un continent répond à l'invitation du maître du Kremlin.
35:05 Poutine se prépare à un gigantesque safari
35:08 vers les marchés africains.
35:12 -Les amis,
35:15 je voudrais, avant tout,
35:18 saluer tous les participants
35:21 du premier conférencier de Russie-Afrique
35:24 et du Forum africain.
35:27 Les délégations de tous les pays d'Afrique sont arrivées à Sochi.
35:32 Plus de 40 personnes sont présentes.
35:36 -C'est certain que le sommet Russie-Afrique
35:39 à Sochi, à Paris, c'est une déflagration.
35:42 Ils se sont dit que c'était incroyable.
35:45 -Il y a 54 pays en Afrique.
35:48 Et d'avoir 45 chefs d'Etat, c'est absolument énorme.
35:51 C'est assez gigantesque.
35:53 -Touadéra, le président contesté de la République centrafricaine,
35:57 a besoin des armes russes pour sauver son pouvoir.
36:00 Poutine a, lui, besoin des voix africaines
36:03 pour le soutenir à l'ONU.
36:06 Des armes, la Russie en a à vendre.
36:09 Elles ont fait leur preuve sur le théâtre syrien.
36:12 Le contrat est simple.
36:14 Soutien militaire en échange de licences d'exploitation minière
36:18 pour les compagnies russes.
36:21 -En russe, ça veut dire...
36:24 "Eh, les gars, on va vous vendre
36:27 "1000 fois plus d'armes que nous avons déjà testées en Syrie,
36:31 "dans le désert et sous une chaleur écrasante."
36:35 C'est comme ça qu'on est censé faire de l'Afrique
36:39 un continent plus paisible ? Non, mais vraiment.
36:43 -Janvier 2018, le 1er Ilyushin se pose en République centrafricaine.
36:48 Une livraison d'armes attendue par Valery Zakharov,
36:52 le nouveau monsieur sécurité russe du président Touadéra,
36:56 un ange gardien imposé par Moscou.
37:03 30 pays d'Afrique ont déjà signé avec le Kremlin
37:07 un accord de coopération militaire.
37:10 Les Etats-Unis ne semblent plus être un allié fiable,
37:14 l'interventionnisme français agace, la Chine inquiète,
37:18 alors la Russie est le nouveau partenaire idéal.
37:22 Sécurité contre business, et peu importe le régime.
37:26 Le discours de Poutine plaît, alluie les richesses du continent noir.
37:30 L'ours a trouvé son pot de miel.
37:33 -La Russie dit "J'arrive chez toi,
37:36 "je ne vais pas te faire de leçons de démocratie,
37:40 "j'assure ta sécurité, on va te critiquer,
37:43 "mais je vais faire comme faisaient les Français,
37:47 "je vais mettre un conciliat en sécurité auprès de ta présidence,
37:51 "et on va pouvoir assurer non seulement ta sécurité,
37:55 "mais je vais aussi aller dans ton armée,
37:58 "et je vais te protéger d'une façon officielle."
38:01 -Dans l'ancien palais de Bokassa, à l'abri des regards,
38:10 Valéry Zakharov, le conseiller occulte et ses mercenaires,
38:14 s'acquitte d'une double mission,
38:17 sécuriser le pouvoir du président Toadéra
38:20 et protéger les intérêts russes.
38:23 -Il y a eu un contrat signé entre le ministère de la défense
38:27 et le ministère de la défense de Russie.
38:30 Ce sont des réservistes, ce n'est pas une entreprise
38:33 militaire privée ou comme vous dites, Wagner,
38:36 ce sont des réservistes du ministère de la défense,
38:39 il s'agit d'une pratique courante.
38:41 Il y a eu une invitation du président de la RCA,
38:44 et je suis la personne invitée à être son conseiller en sécurité.
38:48 Le président a invité la Russie, et la Russie est venue.
38:52 -La Russie n'exigera jamais des représentants des Etats
38:56 un rapport sur les droits de l'homme.
38:59 Non.
39:00 Mais elle exigera des marques de loyauté
39:03 et l'accès pour ses entrepreneurs à ses mines.
39:07 Tout le monde sait que le groupe Wagner,
39:10 ce ne sont pas de simples mercenaires
39:13 au service de la sécurité du pays,
39:16 mais que Wagner est aussi là pour assurer
39:19 la sécurité des actifs de M. Prigojin sur ses terres.
39:24 -Diable à l'affût, Yevgeny Prigojin obtient de Bangui,
39:28 pour sa société Lobayinvest en 2018,
39:31 plusieurs permis d'exploitation.
39:34 Et peu importe si les gisements d'or et de diamants
39:38 se trouvent en zone tenue par les rebelles.
39:41 Ces mercenaires, les Wagner, sont là pour sécuriser l'accès aux mines.
39:45 Les diamants du sang soumis à embargo
39:48 sont discrètement exportés.
39:50 L'autocrate Ouadéra est protégé, Prigojin s'enrichit
39:54 et Poutine gagne des positions en Afrique sans bourse déliée.
39:58 Un deal gagnant.
40:00 -Le fait de prendre pied comme ça dans un pays d'Afrique centrale,
40:04 qui est la zone traditionnelle, on va dire,
40:07 d'influence géopolitique de la France depuis très longtemps,
40:11 on ne peut pas ne pas le voir
40:13 comme un pied de nez à la présence française dans la région
40:17 ou comme une menace aux intérêts stratégiques de la France.
40:21 C'est clair et net.
40:23 -Fin 2016, les troupes françaises,
40:26 venues stopper la guerre civile,
40:28 demandent à terminer, quittent le pays.
40:31 Une aubaine pour Zakharov, Prigojin et leurs hommes.
40:35 A Paris, on s'agace de la présence russe.
40:38 -Il y a une présence active de la Russie,
40:41 récente, significative,
40:43 anti-française, Wagner.
40:45 C'est des supplétifs, c'est pas vraiment l'armée,
40:49 c'est des supplétifs qui agissent sous l'autorité d'un monsieur
40:53 qui s'appelle Prigojin.
40:55 S'il m'entend là, au-delà de cette salle,
40:58 qu'il sache qu'on le connaît bien.
41:01 -Si l'adversaire a une faiblesse,
41:04 il faut en profiter.
41:06 La Russie a cette tentation,
41:10 cette convoitise d'aller hisser son drapeau
41:15 dans les endroits où elle peut le faire.
41:19 (Tambour)
41:22 -Dans le ciel et sur les murs de Bangui,
41:25 on chante l'amitié russo-africaine.
41:28 Les Kalachnikovs ont gagné la paix
41:31 et Moscou les coeurs.
41:33 Une opération de soft power efficace.
41:36 Financée par la compagnie minière russe Lobay Invest,
41:39 les hôpitaux de Brousse, les radios et les cinémas
41:42 racontent la bienveillance du nouveau frère,
41:45 l'ours russe.
41:47 Une fable qui compte les mésaventures
41:50 des animaux de la savane
41:52 qui voient leur récolte pillée par les Yen-Zavides.
41:56 -Et l'ours ?
41:58 -Dans Pays Lointain du Nord,
42:00 qui s'appelle la Russie,
42:02 il s'est rendu sur nos lieux et peut se manier.
42:06 Il ne pouvait pas rester indifférent
42:09 parce qu'ils sont amis depuis très longtemps
42:13 et doivent s'aider l'un l'autre.
42:16 -Ce qui est intéressant,
42:18 c'est que ce ne sont pas juste des gens
42:21 qui viennent piller des ressources naturelles.
42:24 Derrière, il y a une dramaturgie.
42:26 Il y a une histoire à raconter,
42:28 qui est notamment celle de l'ours
42:31 qui va libérer le peuple centrafricain
42:34 de l'oppression néocoloniale française.
42:37 C'est ce narratif-là qui est mis en place.
42:40 -Il faut établir la paix,
42:42 sinon rien ne pourra aider.
42:45 Ainsi, les animaux sages se sont réunis pour négocier.
42:50 -Les beautés de Bangui sont célébrées
42:58 par Zakharov et les conseillers russes.
43:01 Ils ont gagné la paix là où les Français avaient échoué.
43:05 Mais la méthode et les règles n'étaient pas les mêmes.
43:09 -Le fin mot de l'histoire, c'est de dire
43:17 qu'on peut tous vivre ensemble en paix
43:20 sous la supervision et l'oeil bienveillant de l'ours.
43:24 -Le 29 juillet 2018,
43:28 trois journalistes russes, Kirill Rachenko,
43:31 Alexandre Astorguyev et Orhan Cemal, sont assassinés.
43:35 Venus enquêter sur les activités du groupe Wagner,
43:39 ils auraient été victimes, pour les autorités,
43:42 de coupeurs de route ou de bandes rebelles.
43:45 Une version approuvée par le Kremlin.
43:48 -Pour moi, ces mercenaires
43:55 avec à leur tête ce monsieur Zakharov,
43:58 chargé de la sécurité du président de la RCA,
44:02 craignaient qu'on découvre que sous couvert
44:05 d'assurer la protection du président,
44:08 ou plutôt du dictateur,
44:10 se trament de sombres affaires
44:12 liées à des intérêts politiques et économiques.
44:16 C'est la raison de la mort de nos collègues.
44:22 -Vos collègues, comme je le sais,
44:24 sont venus en Afrique sans aucune notification des autorités.
44:28 Ils ne sont pas venus comme journalistes,
44:31 mais comme touristes.
44:33 Et, selon les données,
44:37 au jour d'aujourd'hui,
44:39 des groupes locaux ont fait des tentatives.
44:43 -Pour Moscou, simple crime crapuleux
44:47 pour les trois journalistes qualifiés d'imprudents.
44:50 Les enquêtes indépendantes évoquent, elles,
44:53 un guet-apens exécuté par des professionnels.
44:56 Fermez le banc, à Bangui, on défile et on chante en russe.
45:00 Loin de l'Afrique, aux marges de l'Empire russe,
45:09 quand Erdogan se lance aux côtés des Azeris
45:12 à la conquête du Karabakh arménien,
45:14 on s'inquiète à Moscou.
45:16 Maître des échecs,
45:18 la Chantine va stopper l'avancée turque
45:20 pour signer le retour russe au Caucase.
45:23 Et tant pis s'il faut sacrifier l'allié arménien.
45:26 -Bien sûr, nous attendions l'aide de tout le monde,
45:34 surtout des pays, nous le savions,
45:36 qui avaient un intérêt ici.
45:38 Et notamment de la Russie,
45:43 puisqu'ils ont une influence sur la région
45:46 et sont géographiquement les plus proches.
45:49 Nous avons toujours considéré les Russes,
45:52 historiquement, comme nos amis.
45:54 Ils sont venus, mais un petit peu en retard.
45:58 L'opération "Point d'Acier" est lancée par l'Azerbaïdjan
46:05 le 27 septembre 2020.
46:07 Riche de son pétrole et soutenue par la Turquie,
46:10 qui fournit drones de combat, technologies,
46:12 conseillers militaires et mercenaires syriens,
46:14 les forces azériques contraignent l'Arménie
46:16 à une capitulation après 45 jours de combat.
46:19 -Le fait est que Poutine a laissé faire,
46:24 et on peut même suspecter,
46:26 une certaine complaisance,
46:28 à voir des incitations.
46:30 Et puis, le moment venu,
46:32 lorsque la Russie a jugé
46:34 que la leçon avait été suffisante,
46:36 que l'armée de l'Azerbaïdjan
46:38 avait gagné suffisamment de terrain,
46:40 le fait est qu'elle a sifflé la fin de la partie.
46:43 (Bourdonnement)
46:45 (Musique douce)
46:47 -Une fin de partie dramatique pour le camp arménien.
46:50 A Stepanakert, la capitale de la République des Montagnes,
46:54 on enterre ses morts.
46:56 (Cris de douleur)
46:58 (Il parle en arabe)
47:01 Près de 5 000 victimes,
47:03 une jeunesse décimée.
47:05 Jadis rattachée à l'Azerbaïdjan,
47:08 la République du Haut-Karabakh,
47:10 peuplée d'Arméniens, se déclare indépendante en 1991
47:14 à la chute de l'URSS,
47:16 une république que Bakou rêve de reconquérir.
47:20 Turcs et Azeris voulaient une victoire totale
47:23 et chasser l'Arménien du Karabakh.
47:25 Mais Poutine, arbitre du jeu,
47:27 impose le cessez-le-feu et place ses hommes.
47:30 -Ce que l'on constate au terme de cette guerre,
47:34 c'est que finalement, la Russie a repris le contrôle d'Irak.
47:38 La Russie a repris le contrôle direct ou indirect
47:41 du Caucase sud.
47:43 -2 000 soldats russes, 90 blindés
47:46 et plusieurs centaines de véhicules entrent au Karabakh.
47:49 Leur mission, s'interposer entre les lignes arméniennes et azeris.
47:53 Des soldats de la paix qui reprennent pour Poutine
47:56 la possession d'un Caucase quitté à la chute de l'URSS.
48:00 -La Russie, à nouveau,
48:02 se pose en pays qui apporte la sécurité, la tranquillité,
48:06 et c'est un coup assez réussi jusqu'à présent,
48:10 sur le terrain du Karabakh.
48:12 -A Stepanakert, la capitale arménienne du Karabakh,
48:22 les soldats qui patrouillent en ville portent l'uniforme,
48:25 le drapeau russe.
48:27 Une occupation, mais aussi une protection.
48:30 L'azérie où le Turc est ici l'ennemi mortel.
48:34 Le message de Moscou s'affiche rassurant.
48:37 Là où sont les soldats russes se trouve la paix.
48:40 Les positions arméniennes et azeris se font face sous contrôle russe.
48:44 Un juge de paix qui défend ses propres intérêts.
48:47 -C'est pas du tout l'intérêt de Vladimir Poutine
48:51 que Erdogan prend le pied au Caucase.
48:55 L'activisme des Turcs avec les pays qui sont en guerre,
48:59 avec les peuples turcophones près de nos frontières
49:03 et à l'intérieur de notre pays, nous préoccupe beaucoup.
49:07 -Ambiance glaciale ce 11 janvier 2021,
49:10 quand Ilham Aliyev, président azeri,
49:13 et Nikol Pachinian, premier ministre arménien,
49:16 sont convoqués au Kremlin.
49:18 A l'ordre du jour, l'application de l'accord de cesser le feu.
49:22 La Turquie, qui a offert la victoire militaire à l'Azerbaïdjan,
49:26 n'est pas invitée.
49:28 Un message clair envoyé à Erdogan, le Caucase reste russe.
49:33 Maître des horloges en Géorgie, Ukraine, Syrie, Libye, Afrique et Caucase,
49:38 Poutine affirme le retour de la Russie aux affaires du monde.
49:42 Nul ne peut prédire la prochaine faille
49:45 dans laquelle l'ours va glisser sa patte.
49:48 Et comme Poutine répond à un journaliste,
49:51 il n'y aura pas de retour en arrière
49:54 et personne ne peut ignorer la Russie.
49:59 En comparaison avec vous, oui, c'est vrai,
50:02 nous sommes blancs et parfumés.
50:04 Nous avons entendu votre assurance
50:06 que l'Atlantique ne va pas se développer vers l'Ouest.
50:09 Mais vous n'avez pas réalisé vos promesses.
50:12 Mais vous êtes des gens intelligents.
50:15 Pourquoi vous pensez que nous sommes des fous ?
50:18 Pourquoi vous pensez que nous ne pouvons pas
50:21 analyser ces choses si simples ?
50:27 L'hubris, la vanité et le mépris occidental
50:31 avaient réveillé la blessure narcissique de la Russie
50:34 au risque de déclencher une nouvelle guerre froide.
50:38 En février 2007, à la conférence de la sécurité à Munich,
50:44 Vladimir Poutine a lancé un avertissement
50:48 à l'Occident et notamment aux Etats-Unis d'Amérique.
50:53 Mais à ce moment-là, je crois, il n'a pas été entendu.
50:57 Les gens ont peut-être pensé qu'il était de mauvaise humeur.
51:00 Ils n'ont pas attaché toute importance à cette déclaration
51:04 qui, 14 ans après, reste fondamentale
51:08 pour comprendre le raisonnement du président Poutine.
51:21 La commémoration de la grande guerre patriotique,
51:24 une victoire sacralisée et fêtée par un pays réuni.
51:29 Ce 9 mai 2021, sur la Place Rouge,
51:32 Poutine ne célèbre pas la paix, mais la victoire.
51:37 -Voilà.
51:39 -Russie défend consécutivement le droit international.
51:43 Nous allons donc protéger notre intérêt national,
51:47 la sécurité de notre peuple,
51:50 garantir les forces armées,
51:53 les héritiers des soldats de la victoire.
51:57 Gloire au peuple victorieux !
52:00 Bonne fête !
52:02 Joyeux Dîner de la Véritable Victoire !
52:05 Hurra !
52:07 Hurra !
52:08 Hurra !
52:11 -Il se comporte en chef de bande,
52:21 comme dans son enfance,
52:23 qui est souvent évoqué dans les biographies
52:26 où il fallait faire le dur pour ne pas se faire taper.
52:30 Et il a transposé ces qualités dans l'olim politique.
52:34 -L'Occident a peur de Poutine.
52:37 Non pas de l'économie russe,
52:40 qui ne fait pas le poids face à celle de l'Allemagne,
52:45 des Etats-Unis ou de l'Union européenne.
52:49 Mais ils continuent tous à craindre Vladimir Poutine.
52:54 C'est de votre faute !
52:57 Bravo !
52:59 -Ni les sanctions internationales,
53:02 ni une économie fragile,
53:04 ni les affaires et une société russe
53:07 qui n'a peut-être pas renoncé à la démocratie
53:11 n'ont pu freiner l'ascension de Vladimir Poutine.
53:15 Au coeur de la taïga,
53:17 l'ours russe qu'il ne fallait ni réveiller ni mépriser
53:21 est bien de retour dans la danse.
53:24 -Aujourd'hui, l'Occident,
53:26 avant d'entreprendre une action,
53:29 regarde derrière l'épaule pour savoir où est Vladimir Poutine
53:33 et comment il va réagir.
53:35 ...
54:04 ...
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