Geoffroy Lejeune : «Ils ont ouvert une possibilité qui nous plonge tous dans le chaos»
Le directeur de la rédaction le JDD Geoffroy Lejeune a évoqué le changement de cadre qui entoure la guerre en Ukraine, abîmé selon lui par les propos tenus par le président de la République Emmanuel Macron et son homologue russe : «Ils ont ouvert une possibilité qui nous plonge tous dans le chaos»
Transcript
00:00 - Et regardons la phrase de Sébastien Lecornu ensemble. - On peut la remettre à l'écran.
00:04 - Et on dirait qu'elle s'applique à Emmanuel Macron, si je peux me permettre.
00:07 Sur la semaine qu'on vient de vivre... - Elle pourrait s'appliquer à Emmanuel Macron.
00:10 - Exactement de la même manière, parce que quand on présente une puissance nucléaire, c'est le cas de la France,
00:14 militaire, c'est le cas de la France. - C'est très juste.
00:16 - On n'a pas le droit d'être irresponsable et de jouer l'escalade. Moi, je suis français.
00:18 - Comme vous avez raison. - On ne peut pas prendre le parti de l'étranger,
00:22 mais le premier qui parle d'envoyer des troupes au sol, c'est Emmanuel Macron.
00:25 Un peu à la surprise générale, si je peux me permettre. - Mais Poutine répond avec la menace nucléaire.
00:30 En disant "tu m'envoies des troupes au sol, je t'envoie une bombe".
00:32 - Je suis absolument d'accord. Et c'est pour ça que c'est très inquiétant en réalité.
00:35 Mais il faut bien rappeler ce que ça veut dire "envoyer des troupes au sol".
00:39 Ça veut dire "passer du statut". C'est intéressant. Cette guerre est horrible,
00:42 et comme toutes les guerres d'ailleurs, mais depuis le début, on était dans une forme de cadre,
00:49 qui a d'ailleurs été rappelé par Sébastien Lecornu il y a très peu de temps,
00:51 dans une interview au JDD que j'ai eu l'honneur et la chance de faire.
00:54 Donc en l'interviewant, j'ai compris beaucoup de choses aussi.
00:56 Cette guerre était pour nous dans une forme de cadre,
01:00 qui faisait que nous n'étions pas dans la co-belligérance déjà.
01:03 Et nous n'étions pas... et comment dire...
01:07 Aucun pays de l'OTAN n'était dans la co-belligérance, qui aurait tout changé.
01:11 C'est-à-dire que souvenez-vous du moment où on a cru que la Russie avait frappé la Pologne.
01:15 On a vécu une demi-journée avec l'idée que c'était la guerre mondiale.
01:20 Ça n'était pas le cas, Dieu merci. Et donc il ne s'est pas passé ce que tout le monde redoutait.
01:23 Mais en attendant, Vladimir Poutine attaque l'Ukraine qui n'est pas membre de l'OTAN.
01:28 Nous fournissons des armes à l'Ukraine, mais nous ne sommes pas co-belligérants.
01:32 Et on reste dans ce cadre-là, qui n'empêche pas que la guerre soit sordide.
01:35 Mais c'est quand même un cadre qui protège, qui empêche l'escalade.
01:40 Aujourd'hui, on en est sortis sur le plan verbal.
01:42 Moi c'est ça qui m'a inquiété cette semaine.
01:44 C'est que qu'il s'agisse des propos de Poutine ou de Macron,
01:47 ils ont ouvert une possibilité qui nous entraîne tous dans le chaos.
01:50 Tous collectivement dans le chaos, le monde entier dans le chaos.
01:52 [Musique]
01:55 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]