• il y a 9 mois
Avec les pluies de ces dernières semaines, de ces derniers mois, est-ce que les nappes phréatiques vont être sauvées et ainsi éviter une sécheresse cet été ? Le 7 minutes pour comprendre

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous la reconnaissez ? C'est Emma Aziza qui est avec nous ce matin, experte en gestion des risques d'inondation et présidente de la société Mayan.
00:12 Merci d'être avec nous ce matin, Emma. Marc E. continue évidemment de nous accompagner.
00:16 Et puis alors, on a deux situations ce matin. On a Cédric Fech qui est au bord de la Seine. La Seine qui est en crue.
00:22 Le pic est attendu vers la fin de la semaine. Et Marc, tu nous disais tout à l'heure, en fait, elle monte d'heure en heure, la Seine.
00:27 Et puis on a aussi les inondations à Sint où la Charente déborde. Là, le pic de crue n'est pas attendu avant la fin de la semaine, Vincent Hénin.
00:35 Et en fait, on en est à la troisième inondation là-bas depuis le mois de novembre, Vincent.
00:40 Oui, troisième inondation. On l'a vu hier. On a rencontré des habitants qui commencent à être lassés, effectivement.
00:49 Vous le voyez dans cette rue ici. Quand on est au milieu de la rue, il y a à peu près 60 centimètres d'eau.
00:55 C'est évidemment moins que lors de la crue de décembre dernier. Monsieur le maire, finalement, on semble être sur un plateau à 5,54 mètres.
01:04 Est-ce que pour autant, on est rassuré ?
01:06 On le saurait si déjà, il ne pleuvait pas. Et en fait, ce qui ne nous rassure pas, c'est que la Charente, ça n'arrête pas à Sint.
01:10 Il faut regarder ce qui se passe à Cognac et Angoulême. Et en ce moment, Angoulême, ça monte.
01:14 Oui, ça monte. Mais est-ce que pour autant, on en est à évacuer des habitants ?
01:18 Pas encore. Le seuil critique prochain, c'est 5,60 mètres. Puisqu'à partir de 5,60 mètres, ça rentre dans les maisons.
01:24 Et là, il y a un risque, évidemment, d'évacuer les gens.
01:26 Donc on est à 6 centimètres de ce seuil critique. Alors vous, vous demandez à ce que le territoire de la Charente-Aval,
01:32 cette partie de la Charente qui déborde régulièrement, soit bénéficie du statut de territoire expérimental comme le Nord-Pas-de-Calais.
01:38 Qu'est-ce que ça changerait ?
01:39 Sûrement plein de choses. Déjà, qu'on puisse être reconnu comme le Nord-Pas-de-Calais dans une situation particulière.
01:45 Ça permettrait d'avoir des dispositifs d'État plus simplement mis en place.
01:50 Des territoires expérimentaux, c'est faire des choses, tester des choses sans la contrainte administrative habituelle.
01:54 C'est d'avoir les moyens de le faire. Et c'est pouvoir trouver des solutions pour pas arrêter les crues.
01:58 Parce que ça, c'est pas possible. Mais en tout cas, en limiter l'impact dans les maisons.
02:01 Voilà. Donc pour l'instant, en tout cas, cette crue qui semble stabilisée pour aujourd'hui, mais vous l'avez dit,
02:06 on regarde un peu du côté du ciel, du côté de ce qui se passe à Angoulême.
02:09 Et donc cette crue qui pourrait finalement continuer à augmenter dans les prochains jours, en tout cas d'ici à vendredi.
02:14 Cette crue sera évidemment très lente. Il faudra compter plusieurs jours avant de retrouver un niveau normal.
02:18 Alors évidemment, tout ça est terrible pour les sinistrés. On a forcément ce matin une pensée pour les sinistrés du Pas-de-Calais,
02:23 notamment qui ont vécu 4 ou 5 inondations successives. Mais aussi, il faut penser aux nappes phréatiques.
02:29 Emma, Aziza, est-ce que ce sont des pluies utiles pour la nappe phréatique ?
02:33 Alors oui, clairement. On a tellement eu ces rivières atmosphériques qui ont touché la France
02:39 qu'on se retrouve aujourd'hui avec des nappes qui sont à plus de la moitié bien remplies, voire même supérieures à la normale.
02:46 Ce qu'il faut essayer de comprendre, c'est que malgré tout, on a actuellement une température de l'océan Atlantique
02:52 qui est extrêmement élevée, jamais enregistrée jusque-là. On a des températures en France qui, derrière,
02:59 sont malgré tout très élevées, même si on a ce sentiment de froid.
03:02 Comprendre ça, ça veut dire qu'effectivement, il y a beaucoup de charges de vapeur d'eau en suspension
03:06 qui nous amènent ces pluies, qui sont efficaces sur le territoire. Mais il faut tout de même se préparer à l'été à venir.
03:12 Pourquoi ? Parce que rappelons-nous de 2018, on avait une crue de la Seine au mois de janvier.
03:17 Et ça ne nous a pas empêché, par trois semaines de canicule au mois de juillet, de basculer dans une sécheresse historique.
03:23 Mais Marc, ça veut dire que ce que dit Emma, c'est qu'on va avoir un printemps hyper pluvieux ?
03:27 En tout cas, ça veut dire que dans l'état actuel des nappes phréatiques, on le voit, on va le voir avec la carte,
03:33 dans les régions de l'ouest et du nord, très clairement, les nappes sont remplies, elles sont saturées.
03:39 Donc dès lors qu'à présent, on a des précipitations, ces pluies, très rapidement, font réagir des cours d'eau.
03:45 C'est le cas en Charente-Maritime, c'est le cas dans le Pas-de-Calais.
03:47 Et donc, de manière automatique, il suffit de 10 à 15 litres d'eau mètre carré, c'est-à-dire rien du tout.
03:52 Il ne suffit qu'une petite perturbation à travers ce pays de ouest en est, pour que dans ces départements,
03:56 dans ces villes qui ont été touchées de multiples reprises, ces villes soient à nouveau inondées.
04:00 Mais sans de mauvaises mots, il faut voir le verre à moitié plein.
04:04 Les nappes phréatiques aujourd'hui, elles sont remplies ou pas ? Est-ce que c'est mieux qu'à la même époque, l'an dernier par exemple ?
04:11 Alors, elles sont remplies, on a bien entendu le cas, à part des Pyrénées-Orientales,
04:16 qui a été totalement oubliée par les eaux depuis quasiment 8 ans.
04:19 Mais ça, c'est une bonne nouvelle qu'elles soient remplies, on est d'accord.
04:21 Alors, c'est une excellente nouvelle parce que ça va nous permettre de tenir.
04:24 Il va y avoir d'autres facteurs, là on va arriver mi-mars, dans cette période de vidange des nappes.
04:29 De toutes les façons, la végétation va récupérer l'eau pour pouvoir créer le printemps,
04:34 il faut aller puiser dans les nappes et donc on va avoir de toutes les façons les nappes qui vont baisser.
04:39 À ce moment-là, suivant la capacité du vent, est-ce qu'on a un effet sèche-cheveux sur la France ?
04:44 Suivant la température, suivant le nombre de canicules, on pourrait rebasculer dans un état de sécheresse ou pas.
04:50 Ça signifie qu'il ne faut jamais être confiant totalement, même si c'est une excellente nouvelle.
04:56 Et toute cette neige sur les montagnes, c'est une bonne nouvelle aussi parce que c'est de l'eau qui dévale ?
04:59 Alors oui, bien entendu, parce qu'effectivement, en général, ce manteau neigeux est un effet retard qui apporte cette eau,
05:06 justement, au bassin. On l'avait vu en 2022, sans neige, on se retrouve avec des grands bassins comme le Rhône, avec des déficits de débit.
05:14 Le maire de Sainte-Je crois, Vincent, veut évoquer les nappes phréatiques.
05:21 Oui, parce qu'ici, les nappes phrétiques, il y a une situation un peu particulière, mais qui peut illustrer un peu ce que vous venez d'expliquer.
05:27 Monsieur le maire, expliquez-nous un peu la situation particulière de Sainte.
05:30 La Sainte a la chance d'avoir une source, la source de l'UCRA, qui est une très belle nappe, qui aujourd'hui déborde,
05:35 puisqu'il y a eu tellement d'eau qu'elle déborde. Mais en situation d'été, souvent, la situation pour Sainte est bonne,
05:42 mais pour le littoral, ça devient compliqué. Donc c'est nous qui alimentons grande partie du littoral.
05:46 Ce qui montre un peu la complicité. Pour Sainte, a priori, les nappes sont pleines, mais ça ne veut pas dire que le littoral sera à l'abri l'été prochain.
05:54 On surveille aussi la crue. Pardon, Emma.
05:57 Il faut tout de même être vigilant parce que le bassin de la Charente, en 2022, a été un cheveu de ne plus pouvoir alimenter le débit de la rivière
06:06 par ses retenues en amont, qui étaient quasiment vides. Heureusement, les nouvelles puits sont arrivées au bon moment.
06:12 Et attention, on est dans un contexte de changement climatique. Les températures ne font qu'augmenter depuis une quinzaine d'années.
06:18 Donc il faut toujours avoir ce métrique en tête qui est essentiel.
06:21 On surveille aussi la crue de La Seine. La Seine, qui prend sa source au plateau de Langres.
06:25 Pour voir ce qui va se passer à Paris dans les prochains jours, il faut regarder ce qui se passe à l'est de Paris.
06:30 Cédric, la Seine monte d'heure en heure depuis quelques jours. Le pic de crue est attendu à la fin de la semaine,
06:39 et ça pose déjà des problèmes pour les voies navigables.
06:42 Je suis avec Gérard Felser, qu'on connaît bien à la télévision, qu'on a l'habitude de l'entendre parler des airs.
06:49 Mais c'est l'un des paradoxes de Gérard. Il vit sur l'eau, sur cette péniche, en face de l'Assemblée nationale.
06:54 Et pas simple, alors. Vous me disiez que l'eau est montée très rapidement. Cette nuit, de combien ?
06:58 Bienvenue dans la galère. Cette nuit, 50 cm à peu près. On voit que les quais qui n'étaient pas inondés hier, le sont aujourd'hui.
07:06 Donc ça veut dire beaucoup de surveillance.
07:10 Ça change quoi pour vous ? Parce que vous flottez ?
07:12 On flotte, sauf qu'on peut être déporté et carrément aller sur le quai. Et puis là, il faut des grues géantes pour pouvoir embarquer 300 tonnes.
07:20 Et ce que vous me disiez hier soir, là, vous n'avez plus d'électricité. Qu'est-ce qui s'est passé ?
07:23 Du coup, le niveau monte, les passerelles montent également, elles coincent les fils électriques. Du coup, plus d'électricité.
07:29 Mais sur une péniche, plus d'électricité, c'est plus de toilettes, plus d'eau, plus rien. Donc galère.
07:34 C'est ce qui nous attend s'il y a la crue centenale. Vous savez, les réseaux électriques, téléphoniques, les transports, tout pourrait être paralysé.
07:40 La dernière, c'était en 1910, 8,62 m hauteur. On en est à 4 m. Mais ça se mérite.
07:45 Regardez la vue quand même qu'il a, Gérard, l'Assemblée nationale. Là-bas, on a la Tour Eiffel, carrément.
07:49 Je te confirme que c'est une carte hostile. La Seine va donc continuer de monter un petit peu dans les jours qui viennent ?
07:54 Oui, elle va prendre encore quelques centimètres. Là, elle est à 3,93 m.
07:58 Avec pour conséquence la fermeture de la voie sur Berge entre le pont du Gare Gliano et la Tour Eiffel en passant par la Maison de la Radio.
08:05 Et donc, oui, en effet, son niveau devrait dépasser les 4 m. Alors on est encore loin des 4,30 m.
08:10 Vous savez, c'est le seuil qui ensuite empêche la navigation sur la Seine.
08:14 Mais c'est vrai qu'encore une fois, les sols sont saturés, les précipitations passent.
08:19 Et donc, durant les prochaines semaines, s'il continuait de pleuvoir, ce niveau pourrait encore augmenter davantage.
08:27 Donc c'est vrai que la situation, pour l'instant, est globalement maîtrisée, mais il faut surveiller la situation.
08:32 Oui, mais voyons les choses aussi du bon côté pour les agriculteurs, par exemple.
08:36 Cette eau dans les nappes phréatiques, ce sont autant de réserves pour les agriculteurs.
08:40 Est-ce que pour cet été, tout le monde redoute, comme chaque été, évidemment, une sécheresse importante.
08:45 Est-ce que c'est une garantie de stockage importante d'ici l'été et pendant l'été pour les agriculteurs ?
08:53 Déjà, on n'est pas tous égaux parce qu'on n'a pas tous les mêmes nappes sous nos pieds.
08:57 Donc certains territoires vont effectivement avoir des nappes qui ont été remplies, qui permettront l'irrigation.
09:03 Et en réalité, ce que l'on va prélever à la nappe ne va pas ensuite atteindre le milieu et notamment être prélevé ensuite à ce qui aurait dû arriver sur la rivière.
09:13 Par contre, il faut faire attention parce qu'en fait, l'agriculture est extrêmement fragile et elle fonctionne très bien entre deux milieux.
09:20 C'est-à-dire qu'il ne faut pas que ce soit trop sec, mais il ne faut pas non plus que ce soit trop humide avec les problèmes de mildioux, etc.
09:26 Donc en fait, il faut vraiment être très juste et là on voit très bien qu'on bascule tout de même d'un extrême à l'autre.
09:32 Et je vous le dis, ces images me rappellent beaucoup le mois de janvier 2018.
09:36 On était très confiants, on avait plus de 30% dans nos nappes phréatiques, on ne voyait absolument pas arriver devant nous un autre été.
09:44 L'été 2017 préalable derrière avait été historiquement sec et là on était sereins et attention, on peut rebasculer.
09:53 Marc, il évoquait ce scénario ce matin avec l'équipe de première édition.
09:56 Il est inconcevable qu'il y ait une crue de la Seine au mois de juillet. Je pense au jeu par exemple.
10:01 On a déjà eu une crue de la Seine au mois de juin.
10:03 Exactement, en 2016. On était là pour le dire d'ailleurs, pour le prouver.
10:07 Donc effectivement, on peut avoir des crues extrêmement intenses et importantes.
10:12 Et d'ailleurs, dans l'historique de la Seine, puisqu'on est remonté jusqu'au Moyen-Âge ou à même avant,
10:17 nous avons eu des crues historiques de la Seine au mois de juillet et au mois d'août.
10:21 C'est un scénario qui est probable mais qui est raconté par l'histoire et non pas par le changement climatique.
10:26 On ne peut pas croire que ce ne soit pas prévu dans les plans d'organisation des Jeux Olympiques.
10:29 Parce qu'on se baigne où pour le triathlon si la Seine déborde sur les quais ?
10:33 C'est une situation qui est vraiment extrêmement dramatique.
10:36 C'est vraiment dans les Pyrénées-Orientales. Ils n'ont rien reçu.
10:39 Ils sont vraiment dans une situation…
10:41 C'est un vrai désert, comme en Catalogne côté espagnol.
10:45 Et des villages cet hiver sont alimentés par camions-citernes pour subvenir aux besoins.
10:50 Donc c'est vraiment un vrai problème.
10:52 Là aussi, l'autre extrême.
10:53 Exactement. On voit cette bascule qui atteint le Portugal, le Maroc et l'Espagne
10:57 qui est en train de commencer à toucher la France en passant par les Pyrénées-Orientales.
11:00 Merci d'avoir été avec nous ce matin dans ce 7 minutes pour comprendre.
11:03 Dans un instant, l'économie avec Nicolas Dose.
11:06 On va parler des fameux 10 milliards d'euros d'économie à faire dans les ministères.
11:10 Et puis ensuite, c'est Carole Zervib qui sera l'invitée de face à face d'Apolline de Malherbe
11:14 pour parler de la mobilisation et de la colère des proviseurs.
11:17 On revient dans un tout petit instant. Restez avec nous.
11:19 [Musique]

Recommandations