LCP diffuse "Les Résistants de l'Affiche rouge" alors que Missak Manouchian entre au Panthéon, accompagné de sa femme Mélinée, le 21 février 2024, 80 ans après l'exécution de 23 membres des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d'oeuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne.
Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoint en 1943 la résistance communiste et devient le chef militaire d'un groupe de résistants étrangers - des Francs-tireurs et partisans - Main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI). Il est finalement arrêté et fusillé au Mont-Valérien par les Allemands le 21 février 1944 à l'âge de 37 ans.
Découvrez l'histoire de la résistance armée à Paris sous l'Occupation, conduite sous l'égide du Parti Communiste français et menée essentiellement par des immigrés qui ont fui leur pays pour échapper aux persécutions, comme ce fût le cas pour Missak Manouchian, rescapé du génocide arménien et très tôt engagé dans l'action militante après son arrivée en France. Une lutte armée menée aussi par des jeunes résistants, enfants d'immigrés qui se rebellent contre la répression et l'occupation.
Avec la participation des historiens Denis Peschanski, Frédérique Neau-Dufour, Jean Vigreux et Patrick Rotman, le film éclaire ce versant peu connu de la Résistance, l'action combattante des Francs-tireurs partisans de la Main d'oeuvre immigrée, les FTP-MOI, en mettant l'accent sur un paradoxe : à Paris, au plus fort de l'Occupation, ce sont des policiers français rassemblés dans des Brigades spéciales et agissant sous le contrôle du commandement militaire allemand qui traquent des étrangers ayant pris les armes pour libérer le pays qui les a accueillis.
Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoint en 1943 la résistance communiste et devient le chef militaire d'un groupe de résistants étrangers - des Francs-tireurs et partisans - Main-d'oeuvre immigrée (FTP-MOI). Il est finalement arrêté et fusillé au Mont-Valérien par les Allemands le 21 février 1944 à l'âge de 37 ans.
Découvrez l'histoire de la résistance armée à Paris sous l'Occupation, conduite sous l'égide du Parti Communiste français et menée essentiellement par des immigrés qui ont fui leur pays pour échapper aux persécutions, comme ce fût le cas pour Missak Manouchian, rescapé du génocide arménien et très tôt engagé dans l'action militante après son arrivée en France. Une lutte armée menée aussi par des jeunes résistants, enfants d'immigrés qui se rebellent contre la répression et l'occupation.
Avec la participation des historiens Denis Peschanski, Frédérique Neau-Dufour, Jean Vigreux et Patrick Rotman, le film éclaire ce versant peu connu de la Résistance, l'action combattante des Francs-tireurs partisans de la Main d'oeuvre immigrée, les FTP-MOI, en mettant l'accent sur un paradoxe : à Paris, au plus fort de l'Occupation, ce sont des policiers français rassemblés dans des Brigades spéciales et agissant sous le contrôle du commandement militaire allemand qui traquent des étrangers ayant pris les armes pour libérer le pays qui les a accueillis.
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00:00 Devant le mémorial de la France combattante et au pied de la clairière sanglante qui
00:12 vit l'exécution de tant de résistants, presque tous étrangers, souvent nés en Europe
00:20 de l'Est et juifs pour beaucoup d'entre eux, l'Histoire et la République les avaient
00:28 oubliés, le Président de la République a décidé, 80 ans après son exécution et
00:38 celle de ses compagnons, l'entrée au Panthéon de Missac-Manouchian.
00:48 Le Président de la République a décidé de renoncer à la guerre contre les Français.
01:14 Le Président de la République a décidé de renoncer à la guerre contre les Français.
01:41 Les visages et les noms qui figurent sur l'affiche rouge sont un témoignage du courage
02:06 des résistants étrangers et immigrés qui ont combattu les armes à la main durant l'occupation.
02:11 Contrairement aux visées propagandistes à l'origine de cette affiche, ces visages
02:16 et ces noms vont incarner, à l'orée de la Libération, l'idée même de la lutte
02:21 contre l'envahisseur.
02:22 Cette affiche rouge, c'est un chef d'œuvre de propagande, c'est une des images iconiques
02:34 de la Seconde Guerre mondiale parce qu'elle symbolise à tous égards la propagande nazie.
02:39 Il y a la fameuse affiche rouge sur les célibérateurs, présentée des étrangers comme des terroristes,
02:45 en appuyant sur la logique du complot judéo-bolchevique, de l'étranger, etc.
02:50 Tout le monde s'imagine que c'est une affiche en l'honneur de ses combattants,
02:53 mais pas du tout.
02:54 C'était une affiche évidemment faite par les Allemands, placardée par les Allemands,
02:59 sauf qu'ils s'aperçoivent très vite que c'est retourné.
03:02 Ils ont voulu en faire des terroristes, ils en ont fait des héros.
03:05 L'affiche rouge, avec ses dix visages qui sont dessus, etc., a évidemment été l'acte
03:12 de naissance de la légende de l'affiche rouge.
03:15 Il y a eu le poème d'Aragon, il y a eu la chanson de Léo Ferré, et c'est comme ça,
03:19 petit à petit, qu'on s'est rentré dans la légende, qui sûrement n'aurait pas eu
03:23 lieu à ce niveau-là s'il n'y avait pas eu l'affiche.
03:27 Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes,
03:34 Noirs de barbe et de nuit, hirsutes menaçants,
03:41 L'affiche qui semblait une tâche de sang,
03:46 Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles.
03:52 Tous les étrangers n'étaient pas dans la résistance, mais ils étaient surreprésentés
03:59 par rapport, par exemple, à la population française.
04:02 Ils étaient surreprésentés parce qu'ils venaient avec leur histoire, avec leur engagement
04:08 politique ancien, avec la répression, la persécution qu'ils avaient vécue avant la guerre,
04:14 avec la persécution et la répression qu'ils vivaient pendant la guerre.
04:21 Celui qui est présenté dans l'affiche rouge comme le chef de bande, Misak Manouchian,
04:26 est né en septembre 1906 à Adiyaman, une ville du sud de l'actuelle Turquie,
04:32 alors rattachée à l'Empire Ottoman.
04:34 Misak Manouchian est un rescapé du génocide des Arméniens de 1915,
04:39 perpétré par le gouvernement jeune turc.
04:41 C'est un gars qui était un poète avant, mais avant d'être poète il était menuisier,
04:48 où il était les deux à la fois, bon, mais puis il a perdu ses parents dans le génocide arménien.
04:56 Ça laisse des traces, ce genre d'expérience.
04:59 Et ensuite il a atterri dans un orphelinat entre Syrie et Liban,
05:04 donc sous protectorat français.
05:06 C'est comme ça qu'il va venir en France, en 1924.
05:10 Donc il est très marqué aussi par la violence, par le génocide, par la mort,
05:15 et d'une certaine façon par la vengeance nécessaire.
05:18 Misak Manouchian débarque à Marseille le 16 septembre 1924.
05:26 Il travaille quelques mois aux forges et chantiers de la Méditerranée,
05:30 puis il rejoint Paris où il obtient une carte d'identité d'étranger en décembre 1925.
05:35 Misak travaille comme ouvrier tourneur dans les usines Citroën,
05:40 tout en fréquentant le milieu artistique de Montparnasse, en posant parfois comme modèle.
05:45 Après la dépression de 1930, Misak perd son emploi et doit gagner sa vie avec des petits travaux.
06:00 Il se rapproche du syndicat ouvrier CGT et de l'organisation MOI, Main d'œuvre immigrée,
06:06 une structure d'accueil et d'aide pour les travailleurs étrangers, créée sous l'égide du Parti communiste.
06:11 C'est dans la section arménienne de la MOI que Misak rencontre une jeune militante de Belleville,
06:17 Méliné Asadourian, qui va devenir l'amour de sa vie.
06:20 Manouchian c'était un homme très très calme.
06:25 Il parlait très peu, il n'était pas brutal même en donnant les ordres.
06:30 Il aimait beaucoup tous ses camarades et tous ses camarades le respectaient.
06:36 Avec un ami arménien, Misak suit en auditeur libre des cours de littérature à la Sorbonne.
06:44 Ensemble, ils font d'une revue, "Tchank", qui signifie "l'effort" en arménien,
06:52 où ils traduisent des poètes français, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud.
06:58 La particularité de Manouchian c'est qu'il était un poète en fait.
07:01 Ce qui l'intéressait c'était la poésie, c'était d'écrire des poèmes,
07:05 c'était toute sa vie avec sa femme Méliné.
07:09 Mais malgré tout ça, ou à cause de tout ça, il s'est lancé dans la lutte armée.
07:14 Il intègre le FTP MOI parisien et c'est donc en août qu'il devient le chef militaire de ce groupe.
07:23 C'est un personnage évidemment extrêmement attachant, d'un immense courage.
07:29 C'est tout à fait typique de ces immigrés morts pour la France.
07:37 Pour beaucoup d'immigrés venus en France après la première guerre mondiale,
07:42 le Parti communiste français apparaît dès les années 1920 comme un puissant vecteur d'intégration.
07:48 Une intégration qui respecte l'identité culturelle de chaque communauté,
07:52 organisée en sections, réunissant ses travailleurs en groupes de langues.
07:56 La France pour se reconstruire au lendemain de la première guerre mondiale
08:03 a fait appel à une main d'œuvre immigrée importante.
08:06 De ce fait, le Parti communiste pour étendre son audience dans le monde ouvrier
08:11 s'intéresse aussi aux étrangers.
08:13 Alors, je veux que les Italiens, mais ça peut être les Polonais,
08:16 et puis bien sûr à partir des années 1930, et du fait aussi des pogroms,
08:21 des réfugiés qui arrivent d'Europe centrale et puis d'Allemagne nazie,
08:26 qui sont organisés au sein du Parti communiste.
08:29 Et ça, c'est cette MOI qui devient MOI en 1932,
08:33 c'est à ce moment-là qu'elle prend le nom de MOI,
08:35 a un rôle aussi important dans la guerre civile espagnole,
08:39 puisqu'ils vont envoyer des interbrigadistes combattre aux côtés des républicains
08:44 et aux côtés des autres brigadistes venus du monde entier.
08:47 Ce sont ces militants partis en Espagne qui rejoignent le Parti communiste français
08:54 et la main d'œuvre immigrée qui vont bientôt être à la pointe de l'action résistante.
08:58 Comme Joseph Boksov, qui va organiser les premiers sabotages de voies ferrées
09:07 dans la région parisienne.
09:09 Ou Joseph Epstein, qui va jouer un grand rôle
09:12 dans l'organisation des francs-tireurs et partisans.
09:15 Le 23 août 1939, Hitler et Staline signent le pacte germano-soviétique de non-agression.
09:30 Cette volte-face déstabilise les militants.
09:33 Avec l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne, le 3 septembre 1939,
09:38 la première conséquence de ce pacte est l'interdiction du Parti communiste français,
09:42 suivie d'un regain de répression à l'encontre des étrangers.
09:46 Le pacte germano-soviétique, c'est un choc pour la population adhérente au Parti communiste
09:53 qui, dans sa grande majorité, ne comprend pas ce choix.
09:57 Et donc il va être placé devant un espèce de dilemme qui est soit d'obéir à la ligne du parti
10:03 et donc d'accepter cette espèce de neutralité vis-à-vis de l'ennemi nazi,
10:07 soit d'entrer dans une forme de clandestinité par rapport à son propre parti
10:13 et continuer à considérer le nazi comme un ennemi.
10:18 De nombreux militants immigrés se portent volontaires en s'engageant dans les rangs de l'armée française,
10:26 comme Misak Manouchian, le 17 octobre 1939.
10:30 Le 22 juin 1941, Hitler lance contre l'URSS des forces armées considérables,
10:49 rassemblées pour l'opération Barbarossa.
10:53 Au lendemain de l'invasion de l'Union soviétique par l'armée du Troisième Reich,
10:58 Staline opère un revirement stratégique complet.
11:01 Il accepte l'alliance avec la Grande-Bretagne et les États-Unis,
11:04 ce que Staline avait déclaré être une guerre impérialiste
11:08 et requalifiée par lui, pour l'URSS comme pour tous les partis communistes d'Europe,
11:12 de guerre antifasciste et patriotique de libération.
11:16 La direction du PCF clandestin, avec Jacques Duclos à sa tête,
11:21 reçoit l'ordre de Moscou d'organiser la lutte armée.
11:24 C'est vers la MOI, qui rassemble des militants motivés,
11:28 que se tournent les dirigeants du parti.
11:31 Très vite, les communistes vont s'engager dans la lutte armée.
11:35 La lutte armée, ça voulait dire, sur place, de lutter contre les forces d'occupation.
11:41 Mais encore fallait-il des volontaires, fallait-il des armes, des moyens.
11:46 Et puis en plus, avec une expérience que certains avaient grâce à la guerre d'Espagne,
11:51 puisqu'ils avaient été volontaires dans les brigades internationales entre fin 36 et 38-39,
11:57 mais la plupart, c'était des gamins ou des gamines qui arrivaient
12:01 et qui n'avaient aucune expérience de la lutte armée,
12:04 mais qui voulaient s'engager dans la lutte armée.
12:06 Les premiers attentats contre des militaires allemands dans Paris
12:13 sont le fait de groupes armés dépendant directement du parti.
12:20 Fin 1941 et début 1942, une première vague d'arrestations brise l'élan de ces groupes.
12:26 En avril 1942, les Allemands organisent trois procès, dont celui de la Maison de la Chimie,
12:34 suivi de l'exécution de la plupart des jeunes militants impliqués dans ces attentats.
12:49 En riposte aux exécutions massives d'otages et pour faire bouger l'opinion,
12:53 l'international communiste ordonne le renforcement de la lutte armée.
12:57 Le parti communiste français décide au printemps 1942
13:01 la mise en place d'une organisation mieux structurée et élargie,
13:05 les Francs-Tireurs et Partisans.
13:07 Au niveau national, c'était les Francs-Tireurs et Partisans
13:12 qui ont regroupé toutes les forces combattantes communistes qui étaient dans des petits groupes divers.
13:17 C'est devenu les FTP, sous commandement de Charles Tillon, un vétéran de la lutte communiste.
13:22 Les immigrés, qui étaient regroupés dans la main-d'œuvre immigrée MOI,
13:26 ont créé leur propre structure, FTP-MOI, structure de combat.
13:31 Et sur Paris, l'homme qui a créé le groupe, c'était Boris Solban.
13:37 Et il a mis en place la structure militaire de quelques dizaines de combattants.
13:44 Il a créé un service de renseignement, qui était dirigé par Christina Boiko.
13:49 Et surtout, il a formé les combattants et il a mis au point une stratégie militaire,
13:54 qui était ce qu'il appelait lui-même l'attaque Fudryant.
13:58 C'est-à-dire, la tactique consistait à l'utilisation
14:06 d'un nombre, le plus moindre nombre de combattants pour ne pas les exposer.
14:14 C'est-à-dire, maximum trois.
14:17 Un qui attaque, l'autre qui achève, ce que le premier n'a pas fait,
14:24 et le troisième qui défend.
14:26 La retraite immédiate.
14:29 Éviter toute accroche avec les services de l'ordre, soit français, soit allemand.
14:35 Si les femmes n'intègrent pas les groupes de combat,
14:40 elles participent aux actions en prenant des risques.
14:42 Elles agissent comme agents de liaison,
14:44 lors de rendez-vous clandestins où sont précisés les objectifs des missions,
14:48 et où sont délivrés les armes, des grenades, des pistolets,
14:51 qu'elles récupèrent après un attentat.
14:53 C'est le cas de Mylinée Manoukian,
14:56 qui dans son sac à dos un jour avait des armes,
14:58 lorsqu'elle a été arrêtée par un policier à Paris,
15:01 qui lui a demandé "Qu'est-ce que vous avez dans votre sac ?"
15:03 Et elle a répondu "Bah j'ai des pistolets."
15:05 Il a cru qu'elle blaguait, il l'a laissé partir.
15:08 Du coup, cette invraisemblance permet aux femmes de passer entre les mailles
15:14 et de faire tout un tas d'actions qui seraient beaucoup plus compliquées pour des hommes,
15:18 et ce faisant, elles sont à leur façon de véritables héroïnes.
15:21 Olga Bensik est l'une d'elles, agent de liaison responsable de l'armement.
15:28 Et Christina Boiko, qui dirige l'équipe chargée du renseignement.
15:35 Christina Boiko se baladait dans Paris, repérait une cible,
15:39 un hôtel où il y avait des Allemands, un café, une terrasse,
15:44 une patrouille qui passait toujours à la même heure.
15:46 Holbein venait repérer les lieux, il préparait l'action, et l'action avait lieu.
15:51 On notait la possibilité de l'attaque,
15:54 c'est-à-dire avec quelles armes on pouvait effectuer l'attaque.
15:58 On notait également l'heure la meilleure, la plus propice pour l'attaque,
16:05 et en même temps les conditions du repli.
16:08 Cela était très important parce que l'attaque se passait vite.
16:12 Boris Holbein met en place de nouvelles unités de combat,
16:18 structurées en quatre détachements,
16:20 reflétant l'organisation de la MOI par groupe de langues.
16:24 Le premier détachement, c'est là où se trouvaient les Arméniens, les Bulgares, les Roumains, etc.
16:31 En fait, les Arméniens et tous les Juifs qui n'étaient pas yidishophones,
16:35 qui ne parlaient pas le yidish, qui n'étaient pas de Pologne.
16:38 Le deuxième détachement, c'était le groupe juif polonais.
16:43 Le troisième détachement, c'était le groupe italien.
16:46 Et il y avait un quatrième détachement, qui a été dirigé par Botsov,
16:52 et puis il y a été mise en place une équipe spéciale.
16:55 Une équipe spéciale de cinq, six personnes,
16:58 qui vont se rajouter pour mener les actions les plus spectaculaires.
17:03 Dans l'équipe spéciale se trouve Marcel Reymann,
17:08 dont les parents, polonais et juifs,
17:10 se sont installés rue des Immeubles Industrielles, dans le 11e arrondissement de Paris.
17:15 Ils sont venus chez nous,
17:18 ils ont demandé à mon père de s'habiller, de partir avec eux.
17:25 Et mon frère s'est proposé pour qu'on l'emmène, lui, à la place de mon père,
17:31 et il n'y a rien eu à faire.
17:33 Et cette rafle, je crois, a été le détonateur pour mon frère,
17:39 où il a pris une haine contre les Allemands.
17:46 Les Allemands ont été les premiers à se faire ennumer.
17:50 Mais ils ont été les premiers à se faire ennumer.
17:54 Les Allemands ont été les premiers à se faire ennumer.
17:58 Pour beaucoup d'entre eux, ils étaient juifs,
18:01 et en fait ils jouaient leur peau dans cette histoire,
18:04 parce qu'ils avaient vu leur père, leur mère arrêtés,
18:07 et qu'ils savaient que tout ce qu'ils pouvaient faire, finalement,
18:10 c'était de choisir leur mort.
18:12 Et ils ont choisi de mourir en combattant.
18:14 De mourir sur le pavé, un flingue à la main,
18:17 plutôt que d'être déportés à Auschwitz.
18:21 À partir de l'été 1942, les FTP-MOI multiplient les attentats.
18:28 Grenadage de détachement de la Wehrmacht,
18:32 pose de bombes à retardement dans des lieux fréquentés par les Allemands,
18:36 ou encore de nombreux déraillements de convois ferrés militaires.
18:40 Ça a une importance d'abord politique, avant d'avoir une importance militaire.
18:44 Ils vont tuer peu de monde, mais pour les Allemands,
18:48 c'était insupportable qu'ils ne puissent pas circuler librement à Paris.
18:54 C'était insupportable.
18:56 Et surtout, l'enjeu, c'était de montrer à la société,
19:01 dans son ensemble, que le combat continuait,
19:04 et dans sa forme extrême, qui était le combat armé.
19:08 Face aux attentats qui se multiplient à Paris et dans la région parisienne,
19:12 la police de Vichy, à la demande des autorités allemandes,
19:15 met rapidement en place une brigade spéciale,
19:18 qui était chargée dès mars 1940 de la répression anticommuniste.
19:22 Cette brigade spéciale est réactivée avec la nomination de Fernand David,
19:27 en août 1941,
19:29 et dédoublée en janvier 1942 avec la BS2,
19:33 dirigée par Jean Hénocque.
19:35 Sa mission ? Intercepter ceux qui sont qualifiés de terroristes.
19:39 La SS, dans sa politique répressive en France, a tous les pouvoirs.
19:45 Mais néanmoins, pour la mise en œuvre de cette politique,
19:48 elle a besoin de gens qui vont l'aider dans cette tâche.
19:51 Et ces gens-là, ce sont les policiers français,
19:54 qui ont cette expérience depuis des années.
19:56 Et n'oublions pas qu'en plus, c'est la police de Vichy,
19:59 qui a été la première à l'avoir.
20:01 En plus, c'est la police de Vichy,
20:03 et les intérêts conjoints de Vichy et des Allemands
20:07 se rejoignent sur un certain nombre de points,
20:09 par exemple, la répression contre les communistes,
20:12 qui sont également les ennemis du régime de Vichy,
20:15 ou la répression contre les Juifs.
20:17 La collaboration de la police de Vichy avec la police allemande
20:23 prend un tour nouveau, le 2 juillet 1942.
20:28 René Bousquet, le secrétaire général à la police
20:31 pour les territoires occupés, conclut un accord
20:34 avec le commandant supérieur des SS de la police allemande,
20:37 Karl Auberg.
20:39 Les accords Bousquet-Auberg, qu'on pourrait traduire par
20:43 "on laisse la police française s'occuper de la répression".
20:47 En gros, ils font le boulot, ils savent faire le boulot,
20:51 on vous fait confiance, on vous laisse faire.
20:53 Mais les brigades spéciales, c'était spécial.
20:56 C'était très spécial.
20:58 Ils étaient là pour casser du Juif, casser du communiste,
21:02 casser du terroriste, souvent les 3 ensemble d'ailleurs,
21:06 et d'avoir des résultats.
21:09 Et leurs chefs, d'ailleurs, ont été exécutés à la Libération,
21:14 et c'était quand même David, c'était quand même un boucher.
21:17 C'était pas des enfants de cœur.
21:20 La surveillance, mise en place sur le terrain par la BS2,
21:24 se révèle très vite d'une redoutable efficacité.
21:27 Les inspecteurs rédigent des rapports journaliers
21:30 et téléphonent quotidiennement à leurs chefs de groupe
21:33 pour rendre compte des filatures.
21:35 Un des objectifs prioritaires est de repérer les planques des suspects.
21:39 Le résistant savait qu'il était filé.
21:43 Mais en particulier ceux qui n'avaient pas l'expérience de la clandestinité,
21:47 il y a une sorte de mythe du cocon.
21:51 Le cocon, c'est la planque.
21:54 Alors qu'à partir du moment où les policiers repèrent la planque,
21:57 c'est fini.
21:59 Même si on le perd parce qu'il a repéré, qu'on le suivait,
22:03 et bien le lendemain matin, on va le récupérer chez lui.
22:06 À partir des portraits des personnes suivies,
22:12 les chefs d'équipe reconstituent dans un organigramme
22:15 un schéma des contacts qui permet d'orienter la surveillance
22:18 et d'étendre le champ de la filature.
22:21 Les gens qui étaient filés, comme c'était par exemple avec les Raimans,
22:28 on les perdait de vue.
22:31 À la moindre manifestation d'imprudence,
22:35 au moindre retournement de tête en arrière,
22:39 la police se pressait.
22:42 Mais elle les retrouvait parce qu'ils fréquentaient les mêmes endroits.
22:48 Et puis il y avait aussi un facteur,
22:51 un facteur de nature psychologique,
22:56 parce que cette tension, cette inquiétude,
23:02 cette perte du jour du demain,
23:05 a fait un peu aussi baisser la vigilance.
23:10 C'est très dur la clandestinité, c'est très difficile.
23:15 Ils ont 20 ans, 21 ans, 22 ans,
23:18 ils vivent en basse-clos pendant des mois, il n'y a pas de contact, c'est la solitude.
23:21 Bon, ils essayent de respecter au maximum les consignes,
23:24 mais en même temps, ils veulent continuer à vivre.
23:27 Marcel Raiman était très sportif, donc il nageait beaucoup,
23:30 il continuait à fréquenter la piscine des Tourelles.
23:34 Et donc les policiers français ont commencé à roder dans ces endroits.
23:42 Moi aussi je vivais dans une situation de clandestinité,
23:47 mais j'étais quand même une femme, c'était plus facile,
23:51 ça attirait moins l'attention.
23:54 L'attention, je parlais relativement bien le français,
23:59 donc, et puis quelqu'un devait le faire.
24:05 Le début de la guerre
24:09 À partir de la fin de 1942, la guerre bascule.
24:17 La victoire soviétique à Stalingrad, le 2 février 1943,
24:21 donne un nouvel élan à la résistance.
24:24 En France, le gouvernement Laval devient très impopulaire,
24:29 avec l'instauration, le 21 février 1943, du Service du Travail Obligatoire, le STO,
24:36 contraignant tous les jeunes de 18 à 21 ans à travailler en Allemagne.
24:41 Parmi les jeunes que les réquisitions poussent dans la clandestinité,
24:46 un espoir du football d'origine italienne, Rino De Lanegra,
24:50 s'engage à son tour dans la lutte armée.
24:53 Il y avait peut-être une insouciance de la jeunesse
24:56 qui leur permettait, en tout cas pour Rino, de jouer au football.
24:59 C'était quelqu'un qui était l'étoile montante véritablement du Red Star,
25:04 et puis qui de l'autre côté, eh bien, participait aux attentats,
25:08 avait cette double vie.
25:10 Et puis pour Rino aussi, il est réfractaire au Service du Travail Obligatoire,
25:14 donc il refuse de partir travailler en Allemagne.
25:17 Et puis, il devient, je dirais, un partisan de choc.
25:22 Il participe entre le printemps 1943 et l'automne 1943, il a arrêté,
25:26 à plus de 15 attaques ou commandos qui participent à harceler les nazis,
25:35 les allemands, mais aussi le parti fasciste italien,
25:38 mais aussi des collaborationnistes sur Paris.
25:41 Dans ce contexte où la résistance est à l'offensive,
25:47 seule l'organisation militaire immigrée des FTP-MOI mène le combat dans Paris.
25:52 Les troupes d'occupation évoluent désormais dans un climat de tension permanente.
25:57 Les patrouilles allemandes sont encadrées.
26:00 Des cordons de sécurité sont déployés à la sortie des cinémas et des théâtres,
26:04 dans un rayon de 50 mètres.
26:06 Pour contrer cette montée en puissance des attentats,
26:09 les brigades spéciales lancent une série de filatures d'envergure.
26:15 En 1943, le Parti communiste a intégré la France combattante, a rallié De Gaulle.
26:20 Et dans cette stratégie qui est la sienne de préparer l'insurrection nationale,
26:28 pour montrer que c'est le peuple français qui se lève
26:31 et qui libère le pays avant les alliés ou sans les alliés,
26:35 il est évident que la lutte armée,
26:37 et de montrer qu'il est le meilleur dans la lutte armée, est très important.
26:43 Boris Holban reçoit l'ordre d'Henri Roltangui,
26:46 responsable militaire des francs-tireurs et partisans de la région parisienne,
26:50 d'intensifier la lutte armée.
26:52 Il faut élargir les objectifs, et avec des unités combattantes plus nombreuses.
26:58 Holban a totalement refusé, parce que, justement,
27:02 soucieux de la vie de ses combattants,
27:05 il pensait que c'était prendre des risques,
27:07 que plus on augmentait évidemment le nombre de combattants sur une action,
27:11 plus il y avait de risques que, dans la fuite, dans le repli, etc.,
27:14 il y ait des pertes.
27:16 Donc il a été remplacé par Misak Manouchian en août 1943.
27:21 Manouchian, militant MOI de base,
27:25 puis il rentre dans les FTP-MOI,
27:29 il devient au bout de quelque temps chef du premier détachement,
27:33 arrive, juillet 1943, il rentre dans le triangle de direction
27:38 des FTP-MOI de la région parisienne,
27:40 et Holban étant mis sur la touche,
27:44 renvoyé dans le nord, il est remplacé, Holban,
27:47 par Manouchian comme commissaire militaire.
27:50 En août 1943, Misak Manouchian prend la direction militaire des FTP-MOI.
28:01 Les actions sont alors menées à un rythme accru,
28:04 mais avec des effectifs réduits.
28:07 Manouchian m'a annoncé qu'il fallait combattre avec les armes.
28:11 Alors lorsque je lui ai posé la question avec "mais quelles armes ?"
28:14 on n'a rien à part les couteaux.
28:16 Et bien justement, c'est avec les couteaux de cuisine,
28:19 on doit, dans un coin de rue, attaquer un soldat allemand
28:23 ou un officier, lui prendre le revolver, sa baïonnette,
28:26 et avec ça, recommencer pour essayer de récupérer les armes.
28:30 Avant son départ, Boris Holban a eu le temps de préparer,
28:34 avec Christina Boyko, un attentat à haut risque
28:38 que Misak Manouchian va superviser.
28:41 Le 28 septembre 1943, il y a eu un attentat contre Julius Ritter.
28:48 Ce fameux Julius Ritter, qui était le ministre de la Main-Dev'étrangère
28:53 pour envoyer les travailleurs français vers l'Allemagne.
28:58 Christina Boyko, qui a repéré ce haut fonctionnaire allemand
29:02 depuis des mois, commence à le suivre
29:05 et localise sa résidence aux 18 rues Pétrarch.
29:08 Il se rendait d'habitude au Trocadéro.
29:14 Ce n'était pas possible pour une action,
29:18 parce que c'était trop militarisé.
29:20 On a décidé que l'endroit le plus correspondant,
29:23 c'était son domicile.
29:29 Marcel Raimann était au coin de la rue,
29:33 en regardant le moment où il sortait.
29:36 Alfonso était derrière,
29:40 et c'est au moment où il sortait qu'il se dirigeait vers lui.
29:44 Une fois exécuté, il continuait sa route,
29:49 sans tourner la tête, sans s'intéresser
29:52 aux résultats de son action.
29:57 C'était la première défense qui achevait
30:00 ce qu'il n'a pas pu faire.
30:02 Et c'est la troisième qui le suivait
30:06 et était prête à intervenir
30:08 contre toute réaction de l'extérieur.
30:11 L'action s'est déroulée exactement comme ça avait été préparée,
30:20 comme au cinéma, qui était très, très spectaculaire.
30:23 Ils ne savaient pas du tout qui avait descendu.
30:27 Ils savaient que c'était un officier important.
30:30 Et le lendemain, ils ont vu dans la presse
30:33 que Julius Ritter avait été descendu,
30:37 et ils étaient assez contents d'eux, quand même.
30:40 On venait de faire un grand coup au cœur des proches d'Hitler,
30:50 puisque Hitler a décrété un jour de deuil national
30:53 pour Julius Ritter.
30:55 Et on se sentait maîtres de Paris, à un moment donné, voyez-vous.
30:58 Et les Allemands, eux, le contraire.
31:00 Au début, ils se croyaient les maîtres,
31:02 et au fur et à mesure, ils se camouflaient.
31:04 Ils mettaient des grillages à leur autocar,
31:06 ils regardaient quand les colons passaient,
31:08 il y avait des mitraillettes de chaque côté,
31:10 ils regardaient dans les coins de rue, voyez-vous.
31:12 Ils tremblaient, vraiment, ils tremblaient.
31:14 Malgré plusieurs actions retentissantes,
31:17 l'intensification de la lutte armée,
31:20 voulue par la direction du parti,
31:22 va se heurter aux filatures menées méthodiquement
31:24 par les inspecteurs de la BS2.
31:26 C'est en suivant Léon Goldberg, l'un des dérailleurs,
31:34 que les policiers vont remonter tout le réseau.
31:37 On va avoir trois filatures successives.
31:41 Ces trois filatures qui vont casser
31:44 la MOU et les FTP-MOU de la région parisienne.
31:48 J'ai trouvé le dossier de Davidovitch.
32:01 Et là, j'ai dans l'EBS l'affaire Epstein,
32:05 avec les filatures de Laporte,
32:08 Emmerich, Glatz, de Léon Goldberg,
32:12 alias Legris.
32:14 Viens voir.
32:16 On a les rapports de filature là.
32:20 C'est-à-dire que si on suit son PVTC...
32:22 - Ah, Goldberg.
32:24 - Legris et Léon Goldberg,
32:26 qui est pris en filature le 8 septembre 1943,
32:29 qui mène à Emmerich Glatz, Laporte,
32:32 qui mène lui-même, toujours les agents
32:35 des brigades spéciales, à Ivry,
32:37 qui n'est autre que Joseph Boxor,
32:39 et qui mènera à Bourg,
32:41 c'est-à-dire Missach Manutian.
32:43 Et c'est le même Ivry, on le voit sur le schéma,
32:46 qui mène à Dupont, puis à...
32:49 Je ne le trouve pas, Dupont qui est Davidovitch.
32:51 On a le dossier en face.
32:53 - D'accord. Et comment ils arrivent ?
32:55 - En fait, ils les suivent.
32:57 Ça, c'est les dates des filatures,
32:59 les heures des filatures.
33:01 Ils notent les endroits où les gens suivis les mènent.
33:03 Ils les interrogent, évidemment.
33:05 Ils essaient de mettre sur des surnoms des noms.
33:07 - Qu'est-ce que c'est, Bourg ?
33:13 C'est simplement parce qu'en septembre 1943,
33:17 2 mois avant d'être arrêté,
33:19 Missach Manutian est repéré à un rendez-vous
33:23 avec un certain Ivry,
33:25 où ça ? À la gare de Bourg-la-Reine.
33:28 Alors, comme on n'a pas encore son nom,
33:30 on va mettre une fiche, on va l'appeler Bourg.
33:32 Et comme on n'a pas encore le nom de Botsoff,
33:36 on l'avait repéré juste avant à la mairie d'Ivry,
33:39 eh ben, on va l'appeler Ivry.
33:41 Donc, on a Bourg, un peu plus loin, Ivry, et ainsi de suite.
33:46 Ça, c'est toute la stratégie policière,
33:48 de mener des filatures au long cours,
33:52 et en plus, de repérer très vite la planque,
33:56 et enfin, de se dire,
33:58 attention, il ne faut pas griller nos filatures.
34:03 Ça veut dire qu'on va assister à des actions
34:06 et qu'on va les laisser faire.
34:08 Les policiers de la BS2 finissent par repérer
34:17 le responsable politique des FTP MOI,
34:20 Joseph Davidovitch,
34:22 qui est arrêté le 26 octobre.
34:24 Interrogé, Davidovitch parle.
34:27 Et donne des noms.
34:29 Cet homme, qui était un communiste dur,
34:32 qui avait fait la guerre d'Espagne,
34:34 a été repéré par les policiers,
34:37 et ils ont arrêté sa femme,
34:39 ils ont menacé de torturer sa femme devant lui.
34:42 Il a craqué, il n'a même pas été torturé,
34:45 il a craqué, il a accepté,
34:47 et du coup, son rôle, ça a été quoi ?
34:51 C'était tout cet organigramme mis au point par les policiers.
34:54 Lui, ça a permis qu'il complète l'organigramme,
34:58 qu'il mette qui est responsable de quoi,
35:00 comment il s'appelle, qui il voit, etc.
35:03 Et donc, ça a été évidemment une aide très importante
35:06 pour les policiers français.
35:09 À partir du moment où Davidovitch a été arrêté,
35:19 la psychologie de Manouchian avait changé.
35:22 J'avais le sentiment qu'il était vraiment inquiet,
35:27 j'avais le sentiment qu'il était vraiment,
35:30 qu'il vivait une grande inquiétude.
35:33 C'est pour ça d'ailleurs que je lui ai proposé
35:36 à un moment donné une planque, je ne lui ai pas dit où,
35:39 je lui ai dit je peux avoir une ou deux planques provisoires
35:42 où tu serais en grande et parfaite sécurité.
35:45 Il m'a dit non, il n'en a pas besoin.
35:49 Les documents retrouvés dans la planque de Davidovitch
35:52 et ses déclarations permettent d'identifier les combattants.
35:56 Ils donnent des indications sur un agenda de rendez-vous
35:59 et d'actions prévues.
36:01 La BS2 accentue sa surveillance sur Manouchian.
36:04 Par Davidovitch, les inspecteurs des BS2 savent
36:07 qu'ils rencontrent tous les mardis son supérieur direct,
36:11 Joseph Epstein.
36:13 La menace plane sur les murs de Manouchian.
36:16 La menace plane sur tout le groupe.
36:19 Les renseignements donnés par Davidovitch
36:22 précipitent la chute du groupe conduit par Missak Manouchian.
36:25 Manouchian est arrêté en même temps que Joseph Epstein,
36:28 le 16 novembre 1943.
36:31 J'ai fait téléphoner à une personne qui était en contact avec moi.
36:36 Je lui ai téléphoné et j'ai dit il faut venir tout de suite.
36:39 Il est venu et j'ai dit avertissez à tout le monde
36:42 Manouchian et les autres sont arrêtés.
36:45 Sur les 35 partisans repérés pendant la filature,
36:48 seuls 5 échappent aux arrestations.
36:51 Au total, 68 personnes sont arrêtées.
36:54 C'est l'ensemble du réseau FTP-MOI de la région parisienne
36:57 qui est démantelé.
36:59 Tous les membres des FTP-MOI interpellés
37:02 entre la fin octobre et la mi-novembre 1943
37:05 sont interrogés dans les locaux des brigades spéciales
37:08 de la préfecture.
37:12 Aux brigades spéciales, j'étais dans la même pièce que Manouchian,
37:17 j'étais dans la même pièce que Origabenzi,
37:21 j'étais dans la même pièce que Alfonso.
37:24 C'est là que j'ai appris que Davidovitch avait tout donné.
37:28 C'est Alfonso qui un jour, revenant d'un interrogatoire,
37:34 m'a dit "Tu sais, toi j'ai confiance,
37:39 tu es le frère de Marcel.
37:42 Maintenant pour moi c'est fini,
37:45 pour moi c'est terminé, je peux plus m'en sortir.
37:49 On a un de nos chefs qui vient de mettre un nom
37:54 sur tous les numéros de matricule qu'il avait sur lui,
37:59 les listes des actions qui ont été faites par les francs-tireurs MOI,
38:04 et les gars ils n'ont plus qu'à lire "Numéro intel,
38:08 dans toi tu as fait ça, ça, ça, ça et ça".
38:11 D'arriver aux brigades spéciales, en passant dans le couloir,
38:20 j'ai vu mon frère sur un tabouret,
38:23 les menottes aux mains, les chaînes aux pieds,
38:27 dans une pièce où il était tout seul,
38:29 c'était les coups de poing, les coups de pied, les coups de poing dans le vent,
38:33 et surtout les séances de merdeux.
38:37 Ils se sont mis à 5 sur moi,
38:39 et je suppose que mon frère ils ne lui ont pas fait de cadeau,
38:42 parce qu'après je ne l'ai pas revu.
38:44 Manouchan il aurait pu faire arrêter tous les arméniens,
38:56 de toute la France, tous ceux qui la résistent,
38:59 il aurait pu faire arrêter tous les dirigeants communistes arméniens de Paris,
39:03 ils connaissaient leurs adresses, leurs noms et tout,
39:06 ils connaissaient toute la direction de la MOI,
39:09 ils connaissaient pas mal d'adresses,
39:11 et bien sous la torture ils n'ont pas parlé,
39:14 et moi si je suis vivant je le dois à Arpentavitian, à Manouchan,
39:20 et surtout à Rayman.
39:25 Le procès des 23 résistants des FTP MOI
39:29 Ils sont arrêtés en novembre 1943,
39:41 donc ils se retrouvent à la prison de Frennes,
39:44 et bien entre novembre et février ils attendent leur procès.
39:51 Le procès des 23 résistants des FTP MOI
39:54 se déroule du 15 au 19 février 1944,
39:58 dans les murs de l'hôtel Continental,
40:00 devant une cour martiale allemande.
40:03 Durant ce simulacre de procès,
40:06 Missak Manouchian assume son engagement au combat,
40:09 sans plaider la contrainte.
40:11 Marcel Rayman, Celestino Alfonso,
40:14 Spartaco Fontano, Joseph Bogsov,
40:17 Olga Bansig,
40:19 et leurs camarades font preuve d'un même courage devant leurs accusateurs.
40:23 La délibération a lieu le 19 février,
40:26 à l'issue de laquelle la cour martiale procède à 23 condamnations à mort.
40:31 Alors il y a un épisode absolument extraordinaire dans cette histoire des FTP MOI,
40:37 c'est une fois arrêté, le jugement.
40:41 Donc ils ont été des résistants étrangers,
40:44 qui combattent pour la libération du territoire national français,
40:49 et qui sont arrêtés par la police française,
40:52 qui combat au service de l'occupant allemand.
40:55 Ils étaient arrêtés par la police française,
40:57 ils sont donnés aux allemands,
40:59 qui vont orchestrer une grande campagne de propagande,
41:03 antisémite, anticommuniste.
41:06 Ils voulaient faire de la propagande autour de,
41:09 pour montrer qu'en fait, ce qu'on appelait la résistance,
41:12 ce que Londres appelait la résistance,
41:14 c'était en fait des étrangers, des juifs, des roumains,
41:18 des rois, des tchèques et tout ça,
41:20 qui venaient semer la pagaille.
41:22 Dans l'un des rapports faits par les allemands,
41:49 sont rajoutés à la main un cas devant lui, donc communiste.
41:52 En tout cas, il était perçu comme tel par les allemands.
41:55 Pour d'autres, on rajoute le "J", c'est-à-dire "Jew", "Juif".
41:59 Et dans ce procès, on voit bien ce qui marque
42:02 véritablement les enjeux de la répression,
42:05 c'est le complot judéo-bolchévique,
42:08 qui est, on dénonce bien sûr l'étranger,
42:11 on dénonce ceux qui travaillent pour l'Union soviétique,
42:14 ceux qui travaillent pour la Grande-Bretagne.
42:16 On est vraiment au cœur de cette propagande de 1943.
42:20 Sur les 23 condamnés, 22 sont fusillés le 21 février 1944,
42:25 au Mont-Valérien.
42:28 Seul Olga Bansik sera exécutée plus tard.
42:32 Le matin même de leur exécution,
42:35 plusieurs d'entre eux ont écrit une dernière lettre à leurs proches.
42:38 Ce que disait Guy Criveau-Pisco sur ces dernières lettres,
42:49 c'est la vie à en mourir, c'est-à-dire des lettres
42:52 qui montrent tous les enjeux du sacrifice total de cette jeunesse.
42:56 Petit fait, on a eu une émission de "Le Monde",
42:59 qui a été réalisée par le président de la République,
43:02 qui a été réalisée par le président de la République,
43:05 qui a été réalisée par le président de la République,
43:08 qui a été réalisée par le président de la République,
43:11 qui a été réalisée par le président de la République,
43:14 qui a été réalisée par le président de la République,
43:17 qui a été réalisée par le président de la République,
43:20 qui a été réalisée par le président de la République,
43:23 qui a été réalisée par le président de la République,
43:26 qui a été réalisée par le président de la République,
43:29 qui a été réalisée par le président de la République,
43:32 qui a été réalisée par le président de la République,
43:35 qui a été réalisée par le président de la République,
43:38 qui a été réalisée par le président de la République,
43:41 qui a été réalisée par le président de la République,
43:44 qui a été réalisée par le président de la République,
43:47 qui a été réalisée par le président de la République,
43:50 qui a été réalisée par le président de la République,
43:53 qui a été réalisée par le président de la République,
43:56 qui a été réalisée par le président de la République,
43:59 qui a été réalisée par le président de la République,
44:02 qui a été réalisée par le président de la République,
44:05 qui a été réalisée par le président de la République,
44:08 qui a été réalisée par le président de la République,
44:11 qui a été réalisée par le président de la République,
44:14 qui a été réalisée par le président de la République,
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44:20 qui a été réalisée par le président de la République,
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44:26 qui a été réalisée par le président de la République,
44:29 qui a été réalisée par le président de la République,
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44:47 qui a été réalisée par le président de la République,
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