Jean-Michel Fabre préside le Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne (SMEAG), il est aussi vice-président du Département de la Haute-Garonne chargé du développement durable.
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00:00 C'est le 6/9 France Bloc Citanie.
00:02 Il est 8h15, bienvenue. Le printemps arrive avec cette question. Est-ce que l'hiver a été
00:09 suffisant pour recharger les nappes et nos rivières ? On en parle avec le président du syndicat mix d'études et d'aménagement de la Garonne,
00:17 Alexandra. Et oui, bonjour Jean-Michel Fabre. Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. Pour commencer peut-être, on vient de le dire, le
00:23 printemps arrive. Un bilan de cet hiver, cette nuit encore, il a plu un petit peu à Toulouse. Il pleut ces derniers temps globalement.
00:29 Dans la région Occitanie. Mais est-ce que ça suffit ? Où en est-on ? Alors, c'est beaucoup mieux qu'il y a quelques semaines.
00:36 Avec plusieurs éléments. D'abord, il a plu. La Garonne a atteint des niveaux qui sont
00:40 tout à fait corrects. Alors qu'il y a encore quelques semaines, on battait encore des records bas.
00:44 Et puis, il y a un stock de neige qui s'est constitué. Et ça, c'est très important. Parce qu'en fait,
00:49 l'eau qui arrive dans la Garonne en juin ou en juillet, ça c'était plutôt avant,
00:53 elle vient de la fonte des neiges. Donc ces stocks là se sont reconstitués.
00:59 Les stockages artificiels, les grands lacs
01:02 hydroélectriques par exemple, se sont aussi remplis. Donc on est un peu mieux. Ceci étant,
01:08 comme chaque année, on va vivre avec les incertitudes de la météo. Et on travaille déjà depuis plusieurs semaines pour se préparer à cet été.
01:17 - Oui, vous le disiez, il a plu. La neige, c'est très important.
01:20 Est-ce que toutes les réserves sont pleines ? Lesquelles ne le sont pas encore ?
01:23 - Si on prend une très grosse réserve, qui est celle de Montbel en Ariège, elle est loin d'être pleine.
01:28 Alors elle s'est remplie un peu plus, c'est bien, mais elle est loin d'être pleine. On a d'autres réserves
01:33 qui sont par exemple entre la Haute-Garonne et l'Aude, comme la réserve de la Ganguise, qui là aussi ne sont pas encore
01:39 pleines. Donc on est loin d'être plein partout. Et on paye les deux années écoulées qui ont été des années très sèches.
01:45 - C'est quoi qui vous inquiète ? Vous disiez, là il y a plus d'eau, c'est quand même mieux, mais on est quand même encore inquiet au vu de l'été.
01:52 Pourquoi ? - Parce que ça fait deux ans qu'on vit des périodes exceptionnelles.
01:57 Et il faudra arrêter de dire exceptionnel. Je le dis souvent, on est dans un moment d'emballement du changement climatique.
02:03 Les deux années qu'on considérait comme exceptionnelles, c'est peut-être celles qu'on va avoir tous les ans maintenant.
02:07 Par rapport à ce qu'on prévoyait il y a encore quelques temps pour 2030, 2040 ou 2050, on les a vécues en 2022 et 2023.
02:15 Donc nous on est dans la configuration de se dire, c'est ça qu'il faut qu'on prépare. C'est le fait qu'on ait tous les ans
02:21 des années comme on a connus. Et puis si c'est mieux, très bien, on passe mieux. Mais en attendant, notre
02:26 responsabilité, c'est de préparer des années qui vont vraisemblablement être de ce type là. - Parce que si je comprends bien,
02:31 les réserves, même si elles se remplissent un petit peu, ça va mieux.
02:33 C'est celles qui nous permettent de passer l'été parce que vous faites des lâchés en fait.
02:39 - Exactement. Alors beaucoup de
02:41 Haut-Garonnais de Toulousain, comme beaucoup d'habitants le long de la Garonne, ne s'en rendent pas compte.
02:45 Mais ça fait 30 ans que tous les étés,
02:47 le SMEA, qui est en charge de lâcher de l'eau dans la Garonne quand elle est trop basse, alors on lâche de l'eau pour
02:52 préserver les milieux. Parce que s'il n'y a pas assez d'eau,
02:54 les poissons, les milieux ne sont pas bien. On lâche de l'eau pour assurer l'eau potable,
02:58 on lâche de l'eau pour l'agriculture, on lâche de l'eau pour l'industrie, par exemple le Golfech. Et ça c'est comme ça depuis
03:04 30 ans. Ces deux dernières années, on a battu tous les lâchés d'eau historique.
03:09 On a lâché 60 millions de mètres cubes l'an dernier.
03:12 Ça fait qu'à certains moments, par exemple à Toulouse, au Pont-Neuf, la moitié de l'eau qui passait sous le Pont-Neuf était de l'eau qu'on
03:18 avait lâchée depuis les réserves hydroélectriques. - Et ça voudrait dire quoi ? Donc que lorsque les réserves, on n'en aura plus assez
03:23 potentiellement, plus d'eau pour boire l'été, ce genre de choses ?
03:26 - Non, on n'en est pas là. Et heureusement, justement parce qu'on a la chance sur notre bassin d'avoir des réserves, en particulier les
03:33 réserves hydroélectriques, et on négocie tous les ans avec EDF, qui sont dans des zones de montagne, où même quand il y a un peu
03:39 moins de neige, moins de pluie, elles se remplissent quand même.
03:41 Simplement, le sujet aujourd'hui, c'est de se dire ce qu'on fait depuis 30 ans dans les négociations avec EDF, il faut qu'on le consolide parce
03:48 qu'il y a des risques de ce côté-là. - Et justement, vous parlez de DFC un peu technique, mais rentrons dans le sujet. Vous avez écrit
03:53 au ministre de l'écologie et de l'économie
03:55 ces derniers jours pour les alerter sur la gestion de l'eau, et notamment sur ces lâchés hydroélectriques.
04:00 Pourquoi vous les alertez ? Pourquoi vous êtes inquiet ? C'est quoi cet enjeu avec EDF ?
04:04 - Alors, je vais être très simple. Ça fait donc 30 ans qu'on a sur le soutien des tiages,
04:10 90% de l'eau lâchée est de l'eau qui provient des réserves hydroélectriques, qui sont des concessions de l'État à EDF.
04:18 30 ans que c'est grâce à ça qu'on le fait. Or, il y a eu la remise en cause du statut d'EDF la semaine dernière,
04:24 bonne nouvelle, il y a eu un vote à l'Assemblée nationale qui a fait que ça a consolidé le statut d'EDF
04:29 avec 100% public, mais ceci étant, il y a des discussions depuis des années entre la France et l'Europe
04:36 pour savoir si demain, quand des concessions se termineront,
04:39 elles seront ou non ouvertes à la concurrence. Il nous semble totalement invraisemblable qu'alors que notre souveraineté énergétique et notre souveraineté
04:48 sur l'eau et derrière la souveraineté alimentaire
04:50 avec la réculture, on s'en soit encore à se poser la question si demain on va ouvrir
04:55 ceci à la concurrence ou si demain on fait ce qu'on fait depuis 30 ans et qu'on doit consolider,
05:00 c'est-à-dire faire en sorte que ces réserves hydroélectriques, comme elles l'ont fait depuis 30 ans, elles servent à la fois à produire
05:07 d'électricité et à faire qu'on ait de l'eau sur tout notre bassin tous les étés. - Vous avez obtenu une réponse des ministères ? Vous avez une
05:12 entrevue de prévue ? - Non, on n'a pas de réponse pour le moment,
05:17 mais on va se battre. Tout à l'heure j'ai écouté que vous parliez de Nougarrot, j'invite tout le monde à écouter la chanson de
05:23 Nougarrot "C'est une garonne" parce qu'il parle de la pollution à Bordeaux, il parle de l'origine de la garonne.
05:28 À l'époque, comme toujours, les troubadours étaient visionnaires sur le fait qu'il faut qu'on se mobilise pour la garonne
05:34 et qu'on arrête de tergiverser sur des sujets comme ça. - Un sujet qu'on continuera de suivre bien sûr sur France Bloc Citanie. Merci Jean-Michel
05:41 Fabre, je rappelle vous êtes le président du syndicat mixte d'études et d'aménagement de la garonne. Vous étiez notre invité ce matin sur France