• il y a 8 mois
Dans le MMA français, Cédric Doumbé est le roi du trash-talking (« provocation verbale »). Si bien que certains spectateurs connaissent moins ses performances sportives que ses provocations à répétition envers ses adversaires. A l’approche de son combat contre Baysangur Chamsoudinov, alias « Baki », le jeudi 7 mars à l’Accor Arena de Paris, le combattant enchaîne les vidéos sur les réseaux sociaux avec un slogan : « Bonne nuit Baki ».

Provocations, autoglorification et insultes, le trash-talking est très utilisé dans le MMA. Et ce n’est pas pour rien : cette stratégie de communication est, pour un combattant, un élément essentiel qui peut changer sa carrière.

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Transcription
00:00 Cédric Doumbé !
00:03 Cédric Doumbé, star française du MMA,
00:07 célèbre pour ses performances impressionnantes.
00:09 Mais aussi très connu pour ça.
00:19 Bordel !
00:21 Eh ! Je vous avais dit quoi ?
00:24 Eh qui ?
00:25 Je t'aime bien, hein ?
00:27 Mais je vais te coucher.
00:29 Une grande gueule,
00:31 des propos humiliants pour déstabiliser l'adversaire,
00:34 c'est ce qu'on appelle du trash-talking.
00:37 Cette stratégie de communication, c'est aussi l'idée de cet homme, son agent.
00:42 L'idée c'était de jouer sur ses forces,
00:44 ce côté divertissant, ce côté spectacle,
00:46 pour en faire un argument vraiment par rapport aux autres.
00:48 Et sur chaque combat, maintenant, les gens se demandent
00:50 qu'est-ce qu'il va faire Cédric Doumbé.
00:51 Une stratégie qui n'est pas juste faite pour amuser les fans.
00:55 Nous allons voir que le trash-talking est en réalité un élément
00:59 essentiel pour un combattant,
01:01 qui peut changer sa carrière dans le MMA.
01:03 Provocations, insultes,
01:23 autoglorifications,
01:25 le trash-talking est très ancré dans la culture américaine.
01:28 Ce n'est pas tout à fait nouveau.
01:30 Et si c'est particulièrement répandu dans les sports de combat,
01:39 surtout le MMA,
01:41 on le retrouve aussi dans d'autres sports.
01:43 L'objectif, c'est de faire monter la pression.
01:51 D'abord, pour fragiliser l'adversaire.
01:53 Mais aussi, et c'est plus étonnant,
02:01 ça peut servir à se mettre soi-même sous pression.
02:04 Mais au-delà de l'aspect psychologique,
02:18 le trash-talking dans le MMA,
02:20 c'est aussi, et surtout,
02:22 une histoire de business.
02:24 En gros, dans de nombreux sports,
02:28 il y a soit un championnat dans lequel tout le monde s'affronte,
02:31 ou bien des tournois,
02:33 où ceux qui gagnent s'affrontent entre eux,
02:35 et ainsi de suite.
02:37 Mais pas dans le MMA.
02:39 Le MMA a été pensé dès le début
02:41 comme un spectacle et une machine à cash.
02:45 C'est la tête des organisations,
02:47 dont la plus connue est l'UFC.
02:49 Il s'agit là d'une entreprise
02:51 qui salarie ses combattants,
02:53 et c'est elle qui décide seule
02:55 de qui va affronter qui,
02:57 à quel moment.
02:59 Pour voir chaque combat,
03:01 le téléspectateur doit payer.
03:03 C'est ce qu'on appelle le système de pay-per-view.
03:05 Ceci a au moins deux conséquences.
03:07 D'abord, pour que le téléspectateur paye,
03:09 l'important, c'est de capter son attention avant le combat.
03:11 Avec des rituels
03:13 où le trash-talking est autorisé,
03:15 la pesée, par exemple,
03:17 le face-off où les deux combattants
03:19 sont nés à nez,
03:21 pour créer ce genre de situation
03:23 qui amène à des dérives.
03:25 Ensuite,
03:27 si un combattant veut être sélectionné
03:29 et mieux rémunéré,
03:31 ça le force lui aussi à jouer ce jeu,
03:33 à créer du buzz,
03:35 en provoquant d'autres combattants
03:37 par réseaux sociaux interposés,
03:39 par exemple.
03:41 Et Dungbé, il a totalement compris ça.
03:43 C'est lui qui fait sa promotion,
03:45 c'est lui qui crée ses adversaires,
03:47 c'est lui qui fabrique la polémique
03:49 et c'est lui qui est décisionnaire de sa carrière.
03:51 Réussir à générer cet engouement,
03:53 c'est ensuite l'assurance
03:55 de pouvoir négocier de bien meilleurs salaires
03:57 auprès de l'organisation
03:59 qui prévoit les combats.
04:01 On est dans un sport où, effectivement,
04:03 il faut se marketer.
04:05 La réalité d'autres sports, c'est que,
04:07 entre le numéro 1 et le numéro 5 mondial
04:09 qui vit très bien de son sport,
04:11 tes numéros 10,
04:13 t'as quasiment besoin d'un deuxième travail.
04:15 C'est ça la réalité.
04:17 S'il permet de faire tourner l'industrie du MMA,
04:21 le trash-talking est néanmoins
04:23 très décrié,
04:25 pour les valeurs antisportives qu'il diffuse,
04:27 mais aussi pour ses conséquences
04:29 néfastes sur les combattants.
04:31 Par exemple,
04:33 un ancien adversaire de Cédric Dungbé,
04:35 Jordan Zebo, raconte être victime
04:37 de harcèlement encore plusieurs mois
04:39 après le combat.
04:41 Le fait que même dans la rue, les gens passent,
04:43 ils rigolent, tu vois quelqu'un de l'autre côté
04:45 qui dit "Jordan, t'es mort".
04:47 En vrai, c'est compliqué.
04:49 Un harcèlement qui peut tomber sous le coup de la loi.
04:51 Cédric Dungbé, lui,
04:53 semble ne pas avoir entièrement conscience
04:55 de l'impact de ces mots.
04:57 Quand on te propose de combattre Cédric Dungbé,
04:59 Jordan, tu sais très bien à quoi t'attendre.
05:01 Quand tu fais des vidéos en disant
05:03 "On meurt dans la rue, Jordan t'es mort",
05:05 t'as vu, tu l'as cherché.
05:07 T'as vu, tu le cherches.
05:09 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:12 "Traduction par Jean-Luc Coulon"
05:15 "Musique de fin"
05:18 "Musique de fin"
05:21 [SILENCE]

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