Grand témoin : Mazarine Pingeot, professeure agrégée de philosophie à Sciences Po Bordeaux, écrivain, autrice de « Vivre sans » (Climats)
GRAND DÉBAT / Trump-Biden : l'inévitable revanche ?
« Le récap » par Valérie Brochard
En novembre 2024, les Etats-Unis éliront leur nouveau Président. Pour pouvoir se présenter comme candidat à la présidentielle au nom des Démocrates ou des Républicains, il faut d'abord se qualifier lors des élections primaires des deux partis. Mardi 5 mars 2024, le « Super tuesday » - événement qui réunit habituellement la plupart des primaires des deux camps politiques - a eu lieu dans 15 Etats américains. Résultat : le duel annoncé entre Trump et Biden se concrétise. Après un échec dans 14 Etats, l'unique adversaire interne de Donald Trump, Nikki Haley, a décidé de jeter l'éponge. Elle laisse ainsi le champ libre à l'ancien Président républicain. Alors que Donald Trump se perd dans ses outrances et que Joe Biden laisse apparaître des signes avant-coureurs de sénilité, l'élection américaine est scrutée de près par toute la scène internationale. La revanche du duel de 2020 signera-t-elle le retour au pouvoir de Donald Trump ou le second mandat consécutif de Joe Biden ?
Invités :
- Christopher Weissberg, député Renaissance des Français établis hors de France
- Dominique Simonnet, journaliste, écrivain et auteur de « Les grands jours qui ont changé l'Amérique » (Pocket)
- Nicolas Conquer, porte-parole des « Republicans Overseas » en France
- Axel Gyldén, grand reporter à l'Express
- En Skype (depuis Washington) : Matthieu Mabin, correspondant de France 24
GRAND ENTRETIEN / Mazarine Pingeot : pourquoi vouloir à tout prix combler le manque ?
À l'ère de l'intelligence artificielle et de ChatGPT, Mazarine Pingeot explore le concept de manque à travers différentes dimensions. Elle souligne que celui-ci influence les relations humaines, la pensée, l'économie, dans une quête générale de sens. La notion du « sans » désigne des privations matérielles et sociales (« sans-abri ») mais sert aussi à promouvoir des idéaux éthiques et environnementaux (« sans nitrite »). Faut-il s'imposer des privations pour être heureux ?
Grand témoin : Mazarine Pingeot, professeure agrégée de philosophie à Sciences Po Bordeaux, écrivain, autrice de « Vivre sans » (Climats)
LES AFFRANCHIS
- Delphine Sabattier, journaliste à « B Smart »
- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
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GRAND DÉBAT / Trump-Biden : l'inévitable revanche ?
« Le récap » par Valérie Brochard
En novembre 2024, les Etats-Unis éliront leur nouveau Président. Pour pouvoir se présenter comme candidat à la présidentielle au nom des Démocrates ou des Républicains, il faut d'abord se qualifier lors des élections primaires des deux partis. Mardi 5 mars 2024, le « Super tuesday » - événement qui réunit habituellement la plupart des primaires des deux camps politiques - a eu lieu dans 15 Etats américains. Résultat : le duel annoncé entre Trump et Biden se concrétise. Après un échec dans 14 Etats, l'unique adversaire interne de Donald Trump, Nikki Haley, a décidé de jeter l'éponge. Elle laisse ainsi le champ libre à l'ancien Président républicain. Alors que Donald Trump se perd dans ses outrances et que Joe Biden laisse apparaître des signes avant-coureurs de sénilité, l'élection américaine est scrutée de près par toute la scène internationale. La revanche du duel de 2020 signera-t-elle le retour au pouvoir de Donald Trump ou le second mandat consécutif de Joe Biden ?
Invités :
- Christopher Weissberg, député Renaissance des Français établis hors de France
- Dominique Simonnet, journaliste, écrivain et auteur de « Les grands jours qui ont changé l'Amérique » (Pocket)
- Nicolas Conquer, porte-parole des « Republicans Overseas » en France
- Axel Gyldén, grand reporter à l'Express
- En Skype (depuis Washington) : Matthieu Mabin, correspondant de France 24
GRAND ENTRETIEN / Mazarine Pingeot : pourquoi vouloir à tout prix combler le manque ?
À l'ère de l'intelligence artificielle et de ChatGPT, Mazarine Pingeot explore le concept de manque à travers différentes dimensions. Elle souligne que celui-ci influence les relations humaines, la pensée, l'économie, dans une quête générale de sens. La notion du « sans » désigne des privations matérielles et sociales (« sans-abri ») mais sert aussi à promouvoir des idéaux éthiques et environnementaux (« sans nitrite »). Faut-il s'imposer des privations pour être heureux ?
Grand témoin : Mazarine Pingeot, professeure agrégée de philosophie à Sciences Po Bordeaux, écrivain, autrice de « Vivre sans » (Climats)
LES AFFRANCHIS
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- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP
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NewsTranscription
00:00 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde" ce soir.
00:11 Éloge du manque avec Mazarine Pinjot.
00:13 Bonsoir.
00:14 Bonsoir.
00:15 Et merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:16 On va parler de vivre sans, une philosophie du manque.
00:19 Votre dernier essai chez Flammarion, le manque de temps, le manque d'argent, le manque de
00:24 raison d'espérer.
00:25 Vous explorez ce concept sous différentes dimensions, philosophiques principalement,
00:29 le capitalisme qui fait du plus avec du moins, comment le sans, S-A-N-S, devient une valeur
00:37 ajoutée et fait disparaître ce fameux manque, moteur pourtant du désir.
00:41 On va en parler toutes les deux longuement.
00:43 Dans la deuxième partie, notre grand débat ce soir, Trump-Biden, le match retour.
00:49 On va revenir sur les résultats du Super Tuesday, le vote des Républicains et des
00:53 Démocrates aux primaires américaines dans une quinzaine d'États.
00:56 Sans surprise, c'est le carton plein pour les deux anciens rivaux de 2020.
01:00 Nikki Haley, dernière candidate républicaine en lice, a jeté l'éponge.
01:04 Y a-t-il encore des obstacles pour leur barrer la route à ces deux-là ? Nous en débattons
01:11 dans un tout petit instant sur ce plateau.
01:13 Enfin, nos affranchis ce soir, Isabelle Lasserre pour l'international, Delphine Sabatier,
01:17 l'œil sur le numérique et Bourbon Express signée ce soir par Stéphanie Despierres.
01:22 Voilà donc pour le sommaire.
01:23 On y va madame Pinjot ?
01:24 Ça vous regarde ? Ça commence tout de suite.
01:26 C'est donc parti pour le remake de 2020.
01:40 Donald Trump, sans surprise, sort gagnant du Super Tuesday.
01:44 L'homme d'affaires apparaît désormais certain d'être investi par le parti républicain
01:49 pour repartir à l'assaut de la Maison-Blanche.
01:52 Idem pour Joe Biden, qui a remporté très largement les primaires démocrates.
01:57 Alors, qu'est-ce qui pourrait empêcher la répétition de cette affiche ?
02:01 On va se poser la question ce soir avec Christopher Weisberg.
02:03 Bonsoir.
02:04 Bonsoir.
02:05 Merci d'être avec nous.
02:06 Vous êtes député Renaissance des Français établis aux Etats-Unis.
02:09 Bonsoir Dominique Simonet.
02:11 Bonsoir.
02:12 Et bienvenue, journaliste et écrivain, votre dernier ouvrage, "Les grands jours" qui ont
02:15 changé l'Amérique chez Pocket.
02:18 Bonsoir Nicolas Conquer.
02:19 Ravi de vous accueillir.
02:21 Porte-parole des "Republicans Overseas", autrement dit l'antenne des Républicains en France.
02:26 Enfin, bonsoir Axel Gilden.
02:28 Bonsoir.
02:29 Bienvenue à vous.
02:30 Vous êtes grand reporter à l'Express, spécialiste des Etats-Unis.
02:32 Mazarine Pinjot, on la regarde parce qu'elle nous concerne, cette fameuse élection américaine.
02:37 N'hésitez pas à intervenir pour interroger nos invités quand vous le souhaitez.
02:40 On commence par planter le décor, comme chaque soir, des résultats du Super Soothsday sans appel.
02:46 C'est dans le récap de Valérie Brochard.
02:49 (Générique)
02:57 Bonsoir ma chère Valérie.
02:59 Bonsoir Myriam.
03:00 Alors, ce Super Soothsday, qu'en retenir ?
03:02 Une nuit de folie, Myriam, pleine de rebondissements et de suspens.
03:06 Non, évidemment, je plaisante.
03:08 La course pour l'élection présidentielle américaine est courue d'avance, comme si cette expression avait été inventée pour Trump et Biden,
03:15 mais s'apprête tout simplement, vous l'avez dit, à rejouer le match de 2020.
03:19 Alors, une affiche, je vous la présente quasi officielle.
03:21 Regardez, en tout cas, de ce côté-ci de l'affiche, et bien oui, oui, c'est officiel, car figurez-vous que la seule rivale de Trump,
03:29 Nikki Haley, a jeté l'éponge cet après-midi.
03:33 (Exposé en anglais)
03:45 Ah oui, l'ancienne ambassadrice de l'ONU, l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud a mis fin à sa campagne pour l'investiture républicaine
03:51 devant l'écrasante victoire de Trump hier soir lors de ce fameux Super Tuesday.
03:57 (Exposé en anglais)
04:18 Alors, le Super Tuesday, vous le savez, c'est le jour où 15 États et 1 territoire désignent qui sera le représentant du camp républicain
04:26 et qui sera le représentant du camp démocrate pour l'élection présidentielle qui aura lieu le 5 novembre prochain.
04:31 Ce sont des mégas primaires, si vous préférez, et les candidats et les républicains ont donc placé Trump en tête dans tous les États,
04:38 sauf un, ici, dans le Vermont.
04:41 Et puis, c'est pareil, c'est pareil pour Joe Biden, qui remporte tous les États, à l'exception du territoire de Samoa.
04:47 Regardez, c'est ici, dans le Pacifique, cette petite île, voilà, du Pacifique,
04:52 où l'actuel président des États-Unis a été battu par un illustre inconnu, Jason Palmer,
04:57 voilà, son seul moment de gloire, ce sera ce soir, on s'en vous regarde.
05:00 Voilà, en réalité, vous l'avez compris, il n'y a aucun concurrent sérieux à l'investiture de Joe Biden.
05:05 Alors, puisque l'affiche est prête, puisque les deux autoroutes semblent complètement dégagées,
05:09 les deux candidats se projettent naturellement déjà dans la suite, sans attendre les investitures officielles.
05:15 Sur le réseau social X, le président américain, candidat donc à cette élection,
05:18 remercie les millions d'électeurs à travers le pays qui ont fait entendre leur voix,
05:23 prêts à se battre contre le plan extrême de Donald Trump qui nous fait reculer.
05:27 Toutes les générations d'Américains vont devoir, à un moment, défendre la démocratie, c'est notre combat.
05:33 Et pendant ce temps, Trump, lui, s'inquiète plutôt de l'élargissement de sa base.
05:38 S'il veut assurer sa victoire en novembre prochain, il a donc choisi des mots un peu moins clivants, un peu plus rassembleurs.
05:44 Écoutez.
05:45 Novembre 5 est le jour le plus important de l'histoire de notre pays.
05:53 Et nous voulons avoir l'unité, et nous allons avoir l'unité, et ça va se passer très vite.
06:00 Et je disais récemment que le succès apportera l'unité à notre pays.
06:05 Et oui, et oui, d'ici novembre, Trump aura besoin d'aller chercher les voix républicaines,
06:10 modérées et indépendantes, bien au-delà de ses fans de la première heure.
06:14 En Caroline du Nord, par exemple, dans un sondage de CNN, 66% des électeurs de Nikki Haley déclarent que le milliardaire n'est pas apte à gouverner.
06:23 En Californie et en Virginie, ces mêmes républicains expliquent n'être pas prêts à soutenir le candidat du parti, quel qu'il soit.
06:30 Et oui, Myriam, il va falloir les convaincre.
06:32 Et puis, chez les démocrates, c'est la guerre à Gaza qui vient s'inviter, qui vient perturber la campagne de l'actuel président.
06:39 Nombreux sont les électeurs qui demandent à Joe Biden d'agir pour instaurer un cessez-le-feu et pour protester contre sa politique étrangère.
06:48 Les démocrates sont de plus en plus nombreux à glisser des bulletins blancs dans les urnes.
06:52 Dans le Minnesota, l'un des États qui compte la plus grande part d'électeurs musulmans, on a compté presque 20% de bulletins blancs dans la nuit de mardi à mercredi.
07:01 Vous voyez, Myriam, je vous promettais du suspense et des rebondissements.
07:04 On connaît les deux adversaires, mais pas encore le grand vainqueur.
07:08 Merci beaucoup, Valérie. Je vous propose pour commencer ce débat de partir tout de suite à Washington, rejoindre Mathieu Mabin.
07:14 Bonsoir, Mathieu. Vous êtes le correspondant de France 24 aux États-Unis.
07:18 Le fait du jour, c'est Nikki Haley qui jette l'éponge, mais sans appeler clairement à voter Trump. Pourquoi ?
07:25 Non, effectivement, Nikki Haley n'a pas appelé clairement à voter Donald Trump, mais elle n'a pas donné la consigne inverse non plus.
07:32 Alors, c'est vrai qu'il y a une ambiguïté, mais dans sa déclaration, la candidate a quand même martelé qu'elle était une conservatrice assumée et qu'elle appelait à l'unité des conservateurs.
07:42 Je crois que si elle n'appelle pas franchement à voter Donald Trump, c'est tout simplement qu'en affrontant son ancien mentor dans cette compétition interne au Parti républicain,
07:51 il faut le rappeler, Nikki Haley a accumulé un capital de notoriété, mais de crédibilité aussi, avec des scores tout à fait respectables au vu des circonstances.
08:01 Et que dans le fond, sa stratégie personnelle et celle de ses soutiens financiers, c'est important également,
08:07 est de préserver ce capital de notoriété en demeurant une alternative possible à Donald Trump pour l'avenir.
08:14 Vous savez, si on élit un président tous les quatre ans, ça va extrêmement vite.
08:19 Donc si je comprends bien, plus rien ne s'oppose à cette affiche, ce sera un duel Biden-Trump.
08:25 On recommence le match de 2020 où il y a encore quelques obstacles sur leur route possible.
08:30 Alors la seule chose dont on est à peu près sûr dans une élection américaine, c'est que la probabilité pour qu'il y ait des surprises théâtrales reste extrêmement forte.
08:40 Et donc oui, l'affiche de 2024 est pour le moment la même que celle de 2020.
08:44 Mais si on fait la moyenne de l'âge des candidats, on a quand même deux octogénaires.
08:48 On parle beaucoup de la santé psychique et physique de Joe Biden, mais Donald Trump n'est pas beaucoup plus jeune, il faut le rappeler.
08:56 Et n'est pas non plus réputé pour avoir une hygiène de vie irrébrochable.
09:02 Pardon pour cette parenthèse, mais c'est aussi très probablement un facteur sur lequel Nikki Haley a compté au moins un moment.
09:09 Ensuite, on le sait, il reste une possibilité pour que Donald Trump soit déclaré inéligible par l'une des nombreuses juridictions qui le poursuivent au pénal en ce moment.
09:18 J'ajouterais au sujet de Joe Biden que sa vice-présidente Kamala Harris a fait des apparitions beaucoup plus franches et beaucoup plus fréquentes,
09:26 surtout dans la campagne des primaires ces derniers jours, et qu'il n'est donc pas totalement interdit d'y voir une hypothèse supplémentaire.
09:32 Un mot sur les attentes, enfin. La population américaine, elle la désire cette affiche ou il y a une forme de résignation, faute d'alternative ?
09:41 C'est une question absolument centrale et je dirais résignation chez les démocrates et soumission chez les républicains.
09:49 Le système électoral américain est fait de telle manière, vous le savez, que le président sortant au terme de son premier mandat a la priorité sur tous les autres.
09:57 Même si Joe Biden avait annoncé qu'il ne ferait qu'un seul mandat, la coutume ici, puisque ce n'est pas constitutionnel,
10:04 veut que celui qui rentre à la Maison-Blanche s'y installe pour huit ans en s'exposant à la sanction des urnes tous les deux ans.
10:12 Même si évidemment on connaît plusieurs exceptions.
10:15 Et pour ce qui est de Donald Trump, j'employerais le terme de soumission puisque concrètement c'est ce qui s'est passé avec le parti républicain.
10:22 Devant la solidité de la base électorale trumpiste, plus personne parmi les cadres du parti ou presque ne prend le risque de s'opposer au patron.
10:31 En quelques mots, puis je vous laisse repartir, merci Donald Mathieu, depuis Washington.
10:36 Nous on regarde beaucoup Trump comme celui qui va au fond lâcher l'Ukraine, mettre l'Europe dans une position de faiblesse, sa position sur la Russie.
10:46 Est-ce qu'on en parle aux Etats-Unis ? Sur quoi ça va se jouer cette campagne là-bas ?
10:50 Alors oui, dire que les Américains ne s'intéressent pas du tout à la politique étrangère serait caricatural.
10:56 Mais effectivement les déclarations parfois déconcertantes de Donald Trump sur l'Ukraine, une guerre qu'il promet de résoudre en 24 heures quand même,
11:03 ou sur l'OTAN, ne sont pas les piliers de la communication politique de son équipe de campagne.
11:09 D'ailleurs j'ai envie de dire, son équipe de campagne c'est lui.
11:12 Ce qui marche avec les électeurs de Donald Trump tient sur deux jambes, une promesse de lendemain économique qui chante en quelque sorte,
11:19 quelle que soit la crédibilité de ses promesses d'ailleurs, et la promesse de cadenasser les frontières du pays pour que, je cite,
11:27 "les hordes étrangères cessent de menacer les honnêtes citoyens américains".
11:32 Et là pour le coup il fait mouche dans 100% des cas, mais je dirais que c'était la méthode de 2016 et qu'il ne change pas une méthode qui marche.
11:41 Merci beaucoup Mathieu Mabin en duplex de Washington.
11:43 Nicolas Conquer, vous savez que nous ici se dire que vous allez peut-être réélire un homme qui a appelé à marcher sur le Capitole le 21 janvier 2021,
11:55 ça semble incompréhensible. La recette Trump, pourquoi ça marche, c'est quoi ? C'est l'immigration ? C'est l'économie ? C'est quoi ?
12:02 Déjà il ne faut pas juger uniquement sur un seul des éléments, il a son âge, son expérience, son empire et son premier bilan,
12:09 certains des succès qu'on ne pourra pas lui enlever, et qu'il a aussi cette force de caractère, c'est un combattant, il incarne une force,
12:17 et surtout quand vous voyez là l'actuel tenancier de la Maison Blanche qui lui incarne plutôt la faiblesse et l'incertitude.
12:24 Faiblesse par l'âge, mais son bilan est quand même salué.
12:27 Non, regardez, est-ce que le monde est plus sûr sous Donald Trump ou sous Joe Biden ? Il faut être un peu...
12:31 Vous pensez qu'il n'y aurait pas eu la guerre en Ukraine si Trump avait été au pouvoir ?
12:35 Non, ça ne serait pas posté sous Joe Biden, donc je vais aller dans le sens de votre question, non ça ne serait pas posté sous Donald Trump
12:39 parce que ça ne s'était pas produit. Et de fait, vous avez l'air de jeter un peu rapidement que Donald Trump serait là à lâcher l'Ukraine,
12:45 peut-être qu'il sera imprévisible, comme vous le savez, et il optera pour un autre...
12:49 Vous le souhaitez ?
12:50 Je pense que c'est important et nécessaire de mettre fin à ce conflit un peu fratricide et d'apaiser, maintenant je ne sais pas sur quoi il a recours,
12:58 mais de vouloir systématiquement caricaturer en disant que c'est l'allié de Poutine ou qu'il est manipulé par Poutine,
13:04 enfin ça ne serait pas...
13:05 Je résume un certain nombre de prises de police.
13:07 On a eu toutes sortes de dossiers qui ont été instrumentalisés depuis 2016,
13:10 où on a voulu dire l'interférence de la Russie dans la campagne, que Trump était à la botte de Poutine,
13:14 et tout ça, ça a été amplement débunké, ça a mobilisé beaucoup de ressources et de temps du Congrès pour mener toutes ces éditions,
13:20 via différents rapports, dont les conclusions, exemples de compléments Donald Trump,
13:23 donc on ne peut pas lui prêter une certaine forme de russophilie ou d'allégeance,
13:26 il peut y avoir un respect en tant que chef d'État, la situation désormais a changé depuis qu'il a quitté la Maison Blanche,
13:31 c'est sous Joe Biden, qui a eu une invasion de l'Ukraine et qui a déconflit en Israël.
13:35 - Dominique Simonnet, la situation a changé, le parti républicain a beaucoup changé aussi.
13:40 On a l'impression qu'aujourd'hui, le parti républicain, c'est un parti trumpiste,
13:43 phagocyté totalement par Donald Trump, comment l'expliquer ?
13:47 - C'est tout à fait ça, c'est tout à fait ça, il y a eu un mouvement, une dérive du parti républicain
13:53 qui n'a plus rien à voir avec celui du vieux parti de Donald Reagan, qui cultivait des valeurs conservatrices.
14:00 Là, on a un parti populiste qui fonctionne avec des méthodes populistes et des méthodes de Donald Trump,
14:06 c'est-à-dire avec, en plus, cette amplification gigantesque des réseaux sociaux et des télévisions.
14:15 On a un milliardaire qui a un grand talent de faire du spectacle,
14:22 qui vient de la télé-réalité et qui utilise toutes les ficelles...
14:27 - Et c'est ça qui plaît, c'est son bagout, son côté imprévisible ou son bilan économique ?
14:31 - Pardon ? - Ou son bilan économique ?
14:34 - Bah écoutez, le bilan économique, il y a le contexte.
14:38 Là, vous parlez de la guerre en Ukraine, c'est quand même Poutine qui a déclenché la guerre en Ukraine,
14:43 c'est pas Biden, donc je veux bien qu'il n'y aurait pas eu de guerre si Trump aurait été là.
14:49 - Une stratégie de dissuasion qui a été mise en place par Kamala Harris,
14:51 une dissuasion qui n'a pas fonctionné, donc il faut reconnaître les faits.
14:53 Donc ça ne s'est pas produit sur Donald Trump, encore une fois.
14:55 - Non, il y a des vérités objectives, c'est d'ailleurs le problème qu'on a aux Etats-Unis actuellement,
15:01 c'est qu'il y a ce parti qui était jusque-là dans le cadre des valeurs républicaines
15:08 qui ne joue pas le rôle de la vérité objective.
15:11 Ce ne sont plus des opinions, ce sont des faits qui sont contestés.
15:15 Et donc ça devient très compliqué d'arriver à faire de la politique comme ça.
15:19 Les républicains eux-mêmes d'ailleurs, il y a un certain nombre de républicains
15:26 qui n'aimeraient pas cette configuration-là.
15:29 Match retour.
15:31 - D'ailleurs il y a des républicains d'administration Trump,
15:35 Axel Gilden de l'ancienne administration Trump, qui sont sortis,
15:39 qui appellent d'ailleurs à ne pas voter Trump, mais des gens très connus,
15:42 Mike Pence, John Bolton, la réélection de Trump serait inacceptable.
15:46 Trump, il a fait signer à ses soutiens, à ses affidés, j'ai vu ça,
15:52 un document de loyauté pour former sa nouvelle administration s'il était élu,
15:59 avec un questionnaire avec des questions où il fallait jurer sur la Bible
16:03 que seul Jésus pouvait dicter le vote au président des deux chambres.
16:07 Ça, ça semble à peine croyable dans une grande démocratie.
16:11 - Ce qu'a montré Kamala Harris, pardon, ce qu'a montré Nikki Haley
16:16 dans cette campagne sont quand même aussi les faiblesses de Trump.
16:19 Trump se croit omnipotent, en réalité, la campagne n'a pas encore commencé,
16:24 elle commence demain pour le camp démocrate, la campagne,
16:27 avec le discours des têtes d'union de Joe Biden,
16:30 quand la machine démocrate va se mettre en route,
16:33 alors c'est vrai que Joe Biden a des faiblesses,
16:36 et en particulier son âge et ses apparitions télévisuelles
16:40 qui n'ont pas été toujours franchement convaincantes,
16:44 mais je pense qu'il faut s'attendre à une campagne extrêmement virulente
16:48 de la part de Donald Trump, ce n'est pas très étonnant,
16:50 parce que pour répondre à votre première question,
16:52 sa tactique bien connue dans le monde politique, c'est le ressentiment,
16:56 donc il appuie sur cette touche du ressentiment.
16:58 - On a l'impression qu'il est beaucoup plus violent et plus extrême
17:01 que le Trump de 2016, quand il dit "je serai un dictateur sur l'immigration".
17:06 - Alors justement, ce sont ces vidéos qui vont ressortir,
17:11 et le Parti démocrate ne va pas se priver,
17:15 parce que les Américains n'ont pas vu ça en réalité.
17:17 Toutes les vidéos où il dit "je suis un dictateur"...
17:20 - "Nous vous promettons d'éliminer les communistes, les fascistes
17:22 et autres vermines de gauche qui empoisonnent le sang de notre pays",
17:25 ça, c'est Trump.
17:26 - Voilà, et en réalité, cette fascination aussi,
17:29 pour Poutine dont on parlait tout à l'heure,
17:31 ce n'est pas quelque chose de historiquement nouveau,
17:33 ce n'est pas Trump qui l'a inventé,
17:34 c'est un phénomène qui remonte à 100 ans.
17:37 Déjà, il y a 100 ans, il y avait toute une intelligentsia républicaine,
17:40 en tout cas de la right-wing, de la droite...
17:44 - De l'aile droite.
17:45 - L'aile droite, je ne veux pas dire extrême droite,
17:47 mais de l'aile droite, qui défendait déjà le Kaiser Guillaume
17:51 pour dire qu'il était provoqué par les Anglais et les Français,
17:54 puis ça a été dans le discours d'après Première Guerre mondiale
17:58 pour dire que les Allemands étaient des victimes,
18:00 ça a été évidemment la fascination pour Mussolini.
18:02 Il y a toujours eu ce mouvement, c'est que Mussolini, etc.,
18:05 Trump... - Il y a toujours eu
18:06 une radicalité chez les Républicains.
18:08 - Il y a toujours eu une radicalité chez les Républicains.
18:09 Evidemment, ça lui permet d'emporter la base, c'est vrai,
18:13 c'est incontestable, mais nous verrons ce qu'il reste à lui faire,
18:17 c'est-à-dire rassembler, et rassembler...
18:20 Alors, on sait qu'on commence les campagnes électorales
18:22 aux extrêmes, on les finit au centre,
18:24 c'est ce qu'il doit faire, mais il a insulté beaucoup de monde.
18:27 Il a encore beaucoup d'atouts dans un monde de plus de talent.
18:30 - Le Washington.
18:32 - Notamment, je pensais à aller au choix du vice-président,
18:34 il peut mettre en difficulté le camp démocrate
18:37 en choisissant par exemple un vice-président noir
18:39 et une femme, ou les deux, il n'y a pas de femme et de noir.
18:42 - C'est envisagé, ça ?
18:43 - C'est envisagé, oui.
18:44 - Il y a une shortlist de vice-présidents,
18:45 mais à ceci près, que ce n'est pas une formation qualifiante.
18:47 Nous, on juge sur la compétence et ce que vous êtes en mesure
18:50 de porter un projet. D'ailleurs, Trump l'a dit lui-même,
18:52 "Je veux que mon choix de vice-président soit motivé
18:54 "par le bon sens. Est-ce que c'est quelqu'un
18:56 "qui pourra venir et venir me remplacer
18:58 "si jamais éventuellement j'étais amené à sortir de mon mandat ?"
19:00 Et force est de constater qu'on n'a pas l'équivalence
19:02 du côté démocrate avec Kamala Harris.
19:04 Et donc dans les choix, si je veux terminer,
19:06 il y a le sénateur de Caroline du Sud,
19:08 l'État doué originaire de Nikki Haley,
19:09 qui s'appelle le sénateur Tim Scott,
19:10 mais vous avez aussi une femme qui est revenue ici
19:12 qui s'appelle Christine Noom,
19:13 qui est gouverneuse de Dakota du Sud.
19:14 Différentes personnalités qui vont être dans une logique
19:17 de réunification autour de la campagne de Donald Trump.
19:19 Ça n'a pas l'intérêt de trouver un vice-président
19:21 qui ait une pâle copie de qui vous êtes.
19:23 Vous voulez combiner les électorats
19:25 dans une complémentarité.
19:27 -Christopher Weisberg.
19:29 Apparemment, il n'y a plus d'obstacles judiciaires
19:31 sur la route de Trump qui pourraient l'empêcher
19:33 de se représenter.
19:34 Il y a cette décision de la Cour suprême
19:36 qui s'est emparée de la question de l'immunité de Trump
19:40 pour en fait faire en sorte que la procédure soit reportée,
19:45 en tout cas ralentie, puisque les juges ont décidé
19:48 qu'ils ne trancheront pas avant janvier 2025,
19:50 donc pas avant l'élection de novembre 2024.
19:53 Certains disent qu'il y a une forme d'ingérence politique
19:56 des juges de la Cour suprême dans le processus électoral.
19:59 D'autres disent qu'au contraire, c'est aux électeurs de trancher.
20:02 -C'est un débat historique que, de temps en temps,
20:04 on a même chez nous, en France,
20:06 quand le Conseil constitutionnel décide.
20:08 C'est un débat qu'on pourra toujours avoir.
20:10 La réalité, c'est qu'au moment où...
20:12 Je crois, évidemment, la Cour suprême
20:14 est très majoritairement conservatrice
20:16 avec trois juges qui ont été nommés par Donald Trump.
20:19 Il y a peu de chances pour que la Cour suprême
20:21 interdise à Donald Trump d'être candidat.
20:23 Il sera donc candidat,
20:25 et c'est enfin le match qui commence.
20:27 Mais évidemment, ça fait deux ans, trois ans,
20:30 que les évidences, les preuves s'accumulent
20:33 contre Donald Trump.
20:35 Je vous ai écouté. Ce qui est fascinant,
20:37 c'est que vous avez la même manière de faire campagne
20:40 que votre parti, c'est-à-dire de faire de la réalité alternative.
20:43 Vous prenez des faits qui sont avérés depuis des mois,
20:46 des plaintes aux civils, des plaintes aux pénales,
20:49 des plaintes... Il en a eu plusieurs.
20:51 Il a réussi à maintenir sa candidature.
20:53 Il va y aller.
20:54 Mais moi, je crois que ça l'affaiblit énormément,
20:57 et c'est un peu aussi le pari des démocrates.
20:59 -Vous pensez que ça l'affaiblit, parce que vous voulez le croire ?
21:02 Ou c'est la société américaine qui parle ?
21:04 -En France, à chaque fois que j'entends
21:06 beaucoup de commentateurs français dire
21:09 que Biden est gaga,
21:11 que les sondages donnent Donald Trump vainqueur,
21:13 et donc qu'il a gagné.
21:14 Moi, je crois pas du tout dans cette théorie.
21:16 Je pense au contraire que, et vous l'avez d'ailleurs mentionné
21:19 un petit peu chacun à votre façon,
21:21 ces électeurs de Nikki Haley,
21:23 ils vont avoir énormément de mal à voter pour Donald Trump.
21:26 -Ca peut changer la donne ? -Le vote républicain traditionnel.
21:29 Vous vous rendez pas compte, ça fait deux fois
21:31 que les Républicains perdent les élections.
21:33 Ils ont perdu la présidentielle,
21:35 ils l'ont perdue de façon assez importante,
21:38 pas comme 2016, et ils ont perdu,
21:40 même s'ils l'ont... Ils l'ont perdue...
21:43 -Ils l'ont moins gagnée qu'ils l'auraient espérée au Congrès.
21:46 -Il y a des Etats comme la Géorgie qui sont redevenus démocrates,
21:49 des Etats bleus, alors que ça a toujours été des Etats rouges,
21:52 des Etats hyper conservateurs. Cette base de 25-30 %,
21:55 si elle ne vote pas pour Trump,
21:57 et voire même, ce que je pense,
21:59 qu'elle va voter pour la démocratie,
22:01 pour les valeurs, parce que les Américains,
22:03 il y a deux bulles qui se sont exprimées.
22:05 Vous savez, en France, les primaires,
22:07 c'est ce qui a permis à Emmanuel Macron d'arriver.
22:10 C'est une bulle qui permet aussi d'avoir
22:12 une position assez radicale et d'être élu
22:14 par une frange assez radicale.
22:16 Et Donald Trump, aujourd'hui, il faut qu'il arrive
22:19 à conquérir le vote indépendant.
22:21 Ces gens-là, ils se reconnaissent pas forcément dans Donald Trump,
22:24 voire même, ils se croient pas du tout capables
22:26 d'assumer les responsabilités,
22:28 qui est quand même le garant de la Constitution, le président.
22:31 Donc moi, je crois, au contraire, que Joe Biden,
22:34 aujourd'hui, il a d'énormes avantages,
22:36 et il peut parfaitement gagner.
22:38 Il y a quatre ans, il était pas beaucoup plus excitant
22:41 que Joe Biden que Barack Obama.
22:43 Ça n'a jamais été le cas, mais c'était une figure rassurante,
22:46 une figure tutélaire par rapport aux excès d'un homme
22:49 qui n'a fait que ça pendant quatre ans.
22:51 -On va revenir dans un instant sur Joe Biden,
22:53 et voilà, l'âge, les pertes parfois de mémoire,
22:56 les absences, je sais pas comment appeler ça,
22:58 mais qu'est-ce que vous répondez, Nicolas Conquer ?
23:00 -Je pense que, d'une part, là, désormais,
23:02 la fiche, elle est plus tout à fait la même,
23:04 parce que Biden, il a un bilan à défendre,
23:06 et chose à être forcée de constater.
23:08 -Il est excellent, son bilan. -Il est pas excellent,
23:10 mais il a une crise magnifique. -Les Américains le reconnaissent.
23:13 -Ca parle à vous qui vivez sur la côte Est.
23:15 De fait, c'est l'Américain moyen,
23:17 il y a une inflation grandissante.
23:19 -L'inflation, elle est mondiale,
23:21 et encore une fois, les résultats économiques
23:23 sont bons. La bourse est en bon état.
23:25 Les Américains qui ont des actions,
23:27 ils ont des actions qui marchent bien.
23:29 -Les gens investissent dans la bourse
23:31 parce qu'il y a une inflation.
23:33 Ça, ça va privilégier les happy few,
23:35 les grands donateurs démocrates.
23:37 -Même les donateurs républicains
23:39 qui ont des doubles aux deux. -Justement.
23:41 Vous venez sur l'argent, c'est intéressant.
23:43 Il y a quand même des amendes à payer,
23:45 et ça se chiffre en centaines de millions d'euros.
23:47 Si on cumule les différentes affaires,
23:49 la fraude civile, on est à 500 millions d'euros.
23:51 Il manque d'argent. Il y a des images
23:53 assez rigolotes. C'est Donald Trump
23:56 qui a décidé de créer sa propre marque
23:59 de baskets dorées,
24:01 dont vous voyez sur ces images.
24:03 Et donc, il est là à vendre
24:05 400 dollars la paire, et si c'est signé,
24:07 ça passe à 1 000 dollars.
24:09 C'est ça, le talon d'Achille,
24:11 aujourd'hui, de Donald Trump ?
24:13 C'est le manque de financement
24:15 face à la montagne d'amendes qu'il doit payer ?
24:17 -Pas seulement. C'en est un.
24:19 Effectivement, si on commence à saisir
24:21 des avoirs immobiliers qui lui appartiennent,
24:23 ça peut déjà transformer l'image de winner
24:25 qui est la sienne. Du coup, il va passer
24:27 pour un loser. Ça peut l'unir.
24:29 -Mais les donateurs peuvent compenser ?
24:31 -Les donateurs...
24:33 Pour être tout à fait honnête,
24:35 je connais pas exactement
24:37 les détails de la loi de financement électoral
24:39 aux Etats-Unis, donc on pourra peut-être
24:41 demander à monsieur le député,
24:43 mais ce qui est certain,
24:45 c'est que ça va l'handicaper. Il va y avoir
24:47 d'autres difficultés, et des atouts aussi.
24:49 C'est vrai que son bilan est excellent,
24:51 Joe Biden, mais les Américains
24:53 l'ont pas encore perçu. Le problème, c'est ça.
24:55 -Pourquoi ? -L'inflation,
24:57 elle a cessé,
24:59 mais en fait, il y a un effet
25:01 retard sur la perception de l'inflation.
25:03 Donc les gens, dans leur esprit,
25:05 la canette de Coca,
25:07 elle est toujours au prix, pendant deux ans,
25:09 dans leur tête, elle va être au prix qu'elle était.
25:11 -Malgré les investissements massifs
25:13 du plan de relance. -C'est en raison de ça
25:15 que ça a généré cette inflation et qu'on a cette
25:17 "Bidenomics", donc cette stratégie, dont il veut pas assumer
25:19 la responsabilité, et qui a entraîné une vraie perte
25:21 du pouvoir d'achat des Américains. -Le plan de relance,
25:23 le fameux IRA, l'inflation... -Systématiquement,
25:25 d'abonder, de produire
25:27 des liquidités sans arrêt, c'est...
25:29 Il a vraiment créé...
25:31 -Dominique Simonnet. -Il y a pas trop
25:33 de soucis à se faire sur le financement
25:35 de Donald Trump. Effectivement, il a des grosses
25:37 amendes, 455 millions,
25:39 mais bon,
25:41 d'abord, il y a le financement
25:43 pour les PAC et les Super PAC,
25:45 c'est-à-dire pour les entreprises,
25:47 est illimité, donc il pourra
25:49 trouver d'autres donateurs, maintenant qu'il est le seul
25:51 candidat républicain,
25:53 et puis il y a aussi son réseau social
25:55 qui peut vendre,
25:57 qui est d'une valeur d'un milliard, donc ça va,
25:59 je pense que c'est pas le problème.
26:01 Les procès,
26:03 il faut revenir là-dessus, parce qu'il y a
26:05 quand même 91 chefs d'inculpation,
26:07 c'est pas rien, quand même,
26:09 et donc quatre procès au pénal. La Cour suprême,
26:11 vous l'avez dit, a fait
26:13 en sorte que les procès soient
26:15 repoussés tant qu'elle n'a pas
26:17 décidé de l'immunité
26:19 s'il était protégé, le temps
26:21 de sa présidence,
26:23 par l'immunité présidentielle.
26:25 Il reste un procès qui aura lieu,
26:27 le premier acte aura lieu
26:29 le 25 mars, mais ça ne va pas
26:31 vraiment l'handicaper. Jusqu'à présent,
26:33 il s'en est servi
26:35 de manière magistrale. Il allait même
26:37 aux audiences où il n'était pas obligé d'aller,
26:39 simplement pour se présenter devant les caméras en disant
26:41 "Regardez, je suis une victime,
26:43 on me persécute, c'est un complot
26:45 des démocrates."
26:47 Mais en tout cas, maintenant,
26:49 devant lui, il n'a plus
26:51 une équilibrée et il n'a plus ses procès,
26:53 donc il a effectivement une voie royale.
26:55 Et les grandes questions,
26:57 c'est effectivement
26:59 la question du pouvoir d'achat,
27:01 toujours, bien sûr. Il y a des gens qui ne...
27:03 Les chiffres sont très bons,
27:05 les chiffres de l'économie sont très bons,
27:07 mais pour l'instant, c'est de la macro-économie.
27:09 Si on parle du chômage à 3 %,
27:11 c'est la croissance a augmenté,
27:13 mais les Américains...
27:15 -Mais la perception n'est pas encore là.
27:17 -Voilà. Ça commence.
27:19 Le prix de l'essence est moins élevé,
27:21 les salaires ont augmenté,
27:23 donc ça commence à se voir,
27:25 mais effectivement, il y a quand même des gens
27:27 qui encore sont inquiets
27:29 et se disent surtout aussi
27:31 que c'était mieux du temps de Donald Trump.
27:33 C'était mieux parce qu'il n'y a pas eu
27:35 tout cet effet de la pandémie,
27:37 il n'y a pas eu l'inflation,
27:39 et là encore, c'est le contexte,
27:41 c'est pas Donald Trump ni Joe Biden
27:43 qui ont été responsables de la pandémie.
27:45 Simplement, ils ne se rendent pas compte
27:47 du vrai bilan de Joe Biden.
27:49 -Justement. On va en parler
27:51 un petit peu plus de Joe Biden.
27:53 Les points forts, les points faibles,
27:55 on s'est attachés aux inquiétudes
27:57 vues de France et vues des Etats-Unis.
27:59 Côté Trump, côté Biden,
28:01 c'est signé Clément Perreault.
28:03 Je vous redonne la parole juste après.
28:05 -Si la perspective d'un retour de Donald Trump
28:11 inquiète en Europe, c'est d'abord
28:13 en raison de sa position sur l'OTAN.
28:15 Voilà ce qu'il disait devant ses partisans
28:17 le 10 février dernier.
28:19 -Voilà la question
28:21 que m'a posée le président d'un grand pays de l'OTAN.
28:23 "Monsieur Trump, si on ne paye pas
28:25 "et que nous sommes attaqués par la Russie,
28:27 "allez-vous nous protéger ?"
28:29 Je lui ai répondu,
28:31 "Vous ne payez pas ? Vous êtes un délinquant ?"
28:33 Il m'a dit, "Oui, disons cela."
28:35 Eh bien, j'ai dit, "Non, je ne vous protégerai pas
28:37 "et même j'encouragerai les Russes
28:39 "à faire absolument ce qu'ils veulent.
28:41 "Vous devez payer. Payez vos dettes."
28:43 -Donald Trump dénonce dans ses propos
28:45 les retards de paiement de certains pays membres de l'OTAN.
28:47 Cette logique transactionnelle
28:49 poussée à son paroxysme
28:51 est révélatrice de sa vision
28:53 de l'organisation internationale
28:55 et du conflit ukrainien.
28:57 Il est notoirement hostile à la poursuite
28:59 de l'aide américaine à Kiev.
29:01 S'y ajoute une relation personnelle
29:03 avec Vladimir Poutine qui interroge.
29:05 -Sur l'Ukraine, il a dit
29:07 qu'il résoudrait le problème en 24 heures.
29:09 Il a dit aussi
29:11 à quel point il admirait Poutine
29:13 qui était un grand chef.
29:15 -D'abord, les dictateurs adorent les hommes formes
29:17 que ce soit Erdogan ou Kim Jong-un
29:19 parce qu'ils pensent qu'avec ces gens-là,
29:21 on peut faire affaire dans la mesure où ils sont prévisibles
29:23 et ils tiennent leurs engagements.
29:25 -Face à l'épouvantail
29:27 Donald Trump se dresse donc
29:29 Joe Biden.
29:31 Son point fort, c'est son bilan,
29:33 notamment économique, une croissance en plein boum
29:35 et un taux de chômage inférieur à 4 %.
29:37 Mais son point faible,
29:39 c'est son âge.
29:41 A 81 ans, il enchaîne les imprécisions
29:43 de son discours, comme il y a un mois,
29:45 quand il confond dans le même temps
29:47 la France avec l'Allemagne
29:49 et Emmanuel Macron avec François Mitterrand.
29:51 -Il fait son âge,
30:01 et donc les Républicains
30:03 n'auront aucun problème à montrer des images
30:05 d'un président qui ne cesse de trébucher,
30:07 d'un président qui, visiblement,
30:09 ne sait pas où il est
30:11 et qui ne sait pas
30:13 les discours qu'il prononce.
30:15 Les Américains n'élisent pas un énarque,
30:17 ils élisent un commander-in-chief,
30:19 un commandant en chef
30:21 qui doit en avoir pour parler vulgairement.
30:23 Or, Biden, ce n'est pas un commander-in-chief,
30:25 c'est beaucoup plus un grand-père sur le déclin.
30:27 -Joe Biden est-il encore l'homme
30:29 de la situation pour battre à nouveau Donald Trump ?
30:31 La question est posée
30:33 à huit mois maintenant
30:35 d'une élection qui, aujourd'hui,
30:37 inquiète plus qu'elle ne passionne.
30:39 -Marc Weisberg, quand on voit
30:41 les absences,
30:43 les fautes de mémoire
30:45 sur les noms,
30:47 sur les pays, on se dit
30:49 comment ce parti démocrate
30:51 n'a pas pu faire émerger
30:53 une alternative ? -Il y en a,
30:55 des alternatives. Nous sommes en Californie
30:57 qui est le genre
30:59 idéal, très typique
31:01 du beau démocrate,
31:03 brillant. Il y en a, des alternatives.
31:05 La réalité, c'est que quand vous avez
31:07 un bilan, ne pas vous représenter,
31:09 c'est une forme d'échec.
31:11 Moi, je vois tous ces points-là.
31:13 Je comprends que c'est amusant pour un Français
31:15 d'entendre le président de l'Etat-unis...
31:17 -Ce n'est pas qu'une question qui se pose
31:19 à nous qui regardons ça de loin.
31:21 Les Américains se posent la question.
31:23 -Je ne le nie pas.
31:25 -Elle est vraiment là, cette question.
31:27 -Son âge est devenu sa principale faiblesse.
31:29 C'est son talon d'achille.
31:31 Les Républicains jouent totalement dessus.
31:33 Il a toujours été un peu gaffeur.
31:35 Il a toujours fait des lapsus.
31:37 Pour autant, c'est une figure
31:39 qui est assez appréciée
31:41 parce qu'il est beaucoup moins élitiste
31:43 qu'Hillary Clinton.
31:45 Il est beaucoup plus bon père de famille
31:47 proche des Américains.
31:49 Je vois la campagne, qui consiste
31:51 à l'humaniser énormément, notamment dans sa relation.
31:53 Il a une histoire personnelle assez exceptionnelle,
31:55 puisqu'il a perdu sa femme
31:57 et ses enfants.
31:59 Il va beaucoup humaniser les choses.
32:01 On va rentrer dans un match.
32:03 Les résultats sont tels qu'ils sont.
32:05 Il y a aussi plein de points positifs
32:07 d'une figure plus tutélaire,
32:09 beaucoup plus rassurante
32:11 que quelqu'un comme Trump,
32:13 qui est intempestif, qui parle
32:15 et qui donne des avis outrageants.
32:17 -A.Zudayn.
32:19 -A ce stade, les Américains
32:21 ne veulent ni l'un ni l'autre.
32:23 -70 % des Américains ne souhaitent pas ce match.
32:25 -Comment on en arrive là ?
32:27 -Biden, ce n'est pas gagné pour lui.
32:29 Il y a des indicateurs qui ne sont pas très bons.
32:31 Il y en a des bons et des moins bons.
32:33 Dans les moins bons, il y a la progression
32:35 dans l'électorat latino,
32:37 qui a progressé, et plus étonnant,
32:39 sa progression dans l'électorat noir.
32:41 Il a recueilli 10 % de l'électorat noir en 2016.
32:45 Là, on en serait à 20 %,
32:47 ce qui est assez considérable.
32:49 Enfin, c'est peut-être lié, d'ailleurs,
32:51 il y a l'explosion du passage illégaux
32:53 à la frontière mexicaine
32:55 avec ce problème d'immigration,
32:57 cette crise migratoire,
32:59 qui est aussi tout en haut...
33:01 C'est le sujet de préoccupation des Américains.
33:03 -C'est ça, pour terminer.
33:05 -Il ne faut pas le perdre de vue.
33:07 -Pour terminer, sur quoi va se jouer cette campagne ?
33:09 -C'est une problématique bipartisane.
33:11 Vous demandez à des démocrates et des républicains
33:13 la priorité essentielle sur quoi va jouer l'élection.
33:15 C'est sur le rétablissement de la sécurité à la frontière
33:17 contre l'immigration illégale.
33:19 C'est 10 millions de clandestins
33:21 qui ont traversé depuis l'arrivée au pouvoir de Biden.
33:23 C'est absolument considérable.
33:25 Tous les Etats-Unis, chaque Etat est considéré
33:27 comme un Etat frontalier qui pâtit de ce chaos.
33:29 Ils ne sont plus en mesure de soutenir,
33:31 voire même dans la ville de New York,
33:33 qui est le poumon économique des Etats-Unis et du monde.
33:35 Ils n'arrivent pas à faire face à ces affaires.
33:37 -D'accord avec ça. La question migratoire,
33:39 notamment avec la frontière mexicaine,
33:41 c'est l'élément central au coeur de la campagne ?
33:43 -C'est certain.
33:45 C'est au sommet des problématiques.
33:47 Même à New York, le maire de New York,
33:49 qui est un démocrate progressiste,
33:51 dit aujourd'hui qu'il y a un sujet
33:53 avec l'immigration, un problème avec l'immigration.
33:55 Il a dit que la campagne tournerait autour de Donald Trump.
33:58 Donald Trump va avoir des outrances
34:00 pendant les cinq ou six prochains mois
34:02 et on va commenter les outrances de Donald Trump.
34:04 C'est ce qui s'est passé avant.
34:06 Ce sera parfois sur des thèmes de campagne
34:08 comme l'immigration, ce sera parfois
34:10 sur ces problèmes avec la justice,
34:12 ce sera parfois ces propos outranciers
34:14 et très méchants contre telle ou telle personne,
34:16 voire le président Macron, voire d'autres.
34:18 C'est ça qu'on va commenter.
34:20 -Quand on polarise autour de soi,
34:22 c'est qu'on est déjà pratiquement gagnant,
34:24 Dominique Simonet, quand on fait la campagne,
34:26 le tempo, le rythme. -Non, mais je pense
34:28 que les thèmes, puisque vous posez la question,
34:30 évidemment, le pouvoir d'achat, toujours,
34:32 l'immigration, c'est extrêmement important.
34:34 Il faut dire, d'ailleurs,
34:36 que ce sont les Républicains
34:38 qui bloquent à la Chambre des représentants
34:40 à la fois la Laide et l'Ukraine
34:42 et le dossier de l'immigration.
34:44 Il y a aussi la question de l'avortement,
34:46 on n'en a pas parlé, mais c'est important
34:48 pour les femmes et pour les femmes républicaines.
34:50 Je crois que ça va jouer aussi à la capacité
34:52 qui est d'ailleurs maintenant dans le but
34:54 de campagne des démocrates,
34:56 de montrer qu'il faut que l'Amérique
35:00 reste dans un certain cadre démocratique,
35:02 de montrer que Trump menace,
35:04 surtout dans un monde avec deux guerres,
35:06 et que les alliances
35:08 sont extrêmement importantes,
35:12 donc que l'Amérique reste dans son cadre
35:14 de valeur. -Que les institutions démocratiques
35:16 tiennent le coup. -Ce qui n'est pas évident
35:18 pour Joe Biden, ce n'est pas simple.
35:20 -Donc là, elle commence, cette campagne.
35:22 On va en reparler, bien sûr, sur LCP.
35:24 Merci, messieurs, d'être venus débattre.
35:26 Dans une dizaine de minutes, vous restez avec moi,
35:28 bien sûr, Mazarine Pinchot.
35:30 On va accueillir nos affranchies pour leur parti pris.
35:32 Ce soir, le regard d'Isabelle Lasser,
35:34 qui est au centre avec sa chemise bleue
35:36 sur l'avertissement d'Emmanuel Macron
35:38 contre l'esprit de défaite
35:40 contre la Russie,
35:42 face à la Russie, le coup de gueule
35:44 de Delphine Sabatier contre le gouvernement
35:46 qui lâche une association
35:48 contre la haine en ligne. Et quel est le menu,
35:50 Stéphanie Despierre, dans votre Bourbon Express ?
35:52 -On parlera de Bruno Le Maire,
35:54 qui modifie le budget de la France sans passer par le Parlement.
35:56 Et ça énerve les députés.
35:58 -A tout à l'heure, mesdames.
36:00 Mais d'abord, on va plonger dans votre livre,
36:02 "Mazarine Pinchot, vivre sans",
36:04 S.A.N.S., aux éditions Climat.
36:06 C'est un essai de philosophie autour de cette
36:08 grande question. Peut-on
36:10 réellement se passer du manque
36:12 dans une époque qui fait tout
36:14 pour le voir disparaître ? Regardez,
36:16 on va voir ça dans l'invitation d'Hélène Bonduelle, interview juste après.
36:18 ...
36:20 ...
36:22 ...
36:24 -Si on vous invite, Mazarine Pinchot,
36:26 c'est pour questionner avec vous
36:28 le manque. Le manque en tant que
36:30 désir inassouvi. Un manque,
36:32 dites-vous, trop souvent monétisé.
36:34 Philosophe et écrivaine
36:36 Mazarine Pinchot, vous êtes
36:38 auteure d'une dizaine de romans,
36:40 et récemment de cet essai philosophique,
36:42 "Vivre sans, une philosophie
36:44 du manque". Un manque au coeur
36:46 des relations humaines, de la pensée,
36:48 de l'économie aussi.
36:50 Comme cet adverbe devenu
36:52 incontournable en marketing,
36:54 le "sans". Sans gluten,
36:56 sans sucre, sans nitrite, sans alcool,
36:58 sans sel. -Le marketing, qui est
37:00 toujours en avance sur son temps, a réussi
37:02 à transformer l'absence en
37:04 valeur ajoutée, en valeur monétaire,
37:06 puisque, en général,
37:08 les produits sans
37:10 coûtent plus cher.
37:12 -Or, écrivez-vous,
37:14 le manque manque.
37:16 Il faudrait au contraire accepter de s'y
37:18 confronter, de le laisser exister
37:20 pour qu'il soit créateur.
37:22 Tout le contraire, dites-vous, de l'économie
37:24 capitaliste, celle qui crée
37:26 l'exclusion aussi. Les sans-abris,
37:28 sans emploi, sans papier.
37:30 Cette mécanique capitaliste
37:32 se serait emparée du sang
37:34 jusqu'à son paroxysme.
37:36 L'homme augmenté,
37:38 sans vieillesse, sans mort, sans sentiment.
37:40 -Que promet le
37:42 transhumanisme ? D'évacuer
37:44 la fragilité et la vulnérabilité humaine.
37:46 Tout ce qui peut être
37:48 pensé sous le signe du manque,
37:50 du moins ou du sang,
37:52 et précisément ce que les progrès technologiques
37:54 et l'avancée des connaissances biologiques
37:56 promettent de soigner,
37:58 voire d'éliminer.
38:00 Et vous,
38:02 Mazarine Pinjot, quel est le manque
38:04 qui vous manque le plus ?
38:06 -Réponse.
38:08 La bonne question.
38:10 (Rires)
38:12 Comment y répondre ?
38:14 Je vote en tout.
38:16 J'y réfléchirai pour la fin.
38:18 -Alors, le manque, manque aujourd'hui.
38:20 Qu'est-ce que ça signifie ?
38:22 C'est la première phrase de votre essai.
38:24 -Ca signifie qu'il est à la fois partout
38:26 et en même temps nulle part.
38:28 C'est-à-dire qu'il est partout
38:30 parce qu'il y a un manque réel.
38:32 On l'a dit un petit peu dans le sujet.
38:34 Le manque,
38:36 les sans-papiers,
38:38 on va récupérer cet adverbe
38:40 sans-papiers, sans-toit, sans-travail,
38:42 qui exclut de la communauté humaine,
38:44 d'un côté,
38:46 et le sang qui est sans sucre
38:48 rajouté, sans sucre pâte,
38:50 etc.
38:52 Et qui fait signe vers
38:54 un marketing qui transforme
38:56 le moins en plus.
38:58 Ce moins en plus, c'est le recyclage
39:00 du capitalisme, dont il a
39:02 le génie, à savoir
39:04 de tout récupérer à son profit,
39:06 y compris l'absence,
39:08 y compris le vide.
39:10 Le prix à payer, c'est justement
39:12 son reste, qui est sans doute
39:14 invisible, qui sont ses sangs,
39:16 ses hommes qui sont exclus
39:18 de la communauté humaine,
39:20 précisément parce qu'il manque
39:22 de l'essentiel. -Il y a plusieurs dimensions
39:24 à ces sans-SANS.
39:26 Il y a une dimension sociale,
39:28 une dimension économique,
39:30 où le manque est pure création
39:32 pour le combler immédiatement,
39:34 et un autre artificiellement,
39:36 même si c'est avec du moins,
39:38 sans sel ou sans gluten, et puis il y a cette histoire
39:40 de sans doute.
39:42 Au fond,
39:44 c'est autre chose, c'est la tentation
39:46 du dogmatisme.
39:48 Je sais tout, je ne manque de rien,
39:50 parce qu'au fond,
39:52 j'ai mes convictions. C'est ces trois
39:54 sans-là, l'exclusion, le social,
39:56 le capitalisme,
39:58 et la question des croyances
40:00 que vous articulez. -Oui,
40:02 en effet, je pense que le
40:04 sans-ingrédients
40:06 nocifs
40:08 et le sans-dogmatique
40:10 ne sont pas très éloignés l'un de l'autre.
40:12 Ce sont deux modalités, en fait,
40:14 d'un monde plein,
40:16 d'un monde qui appelle des réponses
40:18 au moindre problème,
40:20 au moindre manque.
40:22 La réponse capitaliste, c'est la consommation.
40:24 C'est une réponse qui fonctionne bien.
40:26 D'ailleurs,
40:28 ça marche, on est toujours
40:30 dans ce système économique.
40:32 Ça prouve le fait qu'alimenter
40:34 le manque, le créer, déjà,
40:36 de manière artificielle,
40:38 et lui donner de quoi se nourrir,
40:40 ça fonctionne. C'est un circuit
40:42 clos, à la fois clos et indéfini,
40:44 ou vers toujours
40:46 un surplus, vers ce qu'on appelle
40:48 en philosophie la pléonexie,
40:50 ce besoin d'en avoir toujours plus.
40:52 Et de l'autre côté, le dogmatisme,
40:54 dont on voit le retour, vous avez parlé de Trump,
40:56 c'est par exemple, sous une autre
40:58 modalité, le dogmatisme,
41:00 ou son envers, qui serait une sorte de scepticisme
41:02 absolu, de post-vérité, dont il est un peu
41:04 l'incarnation, les alternatives
41:06 facts, etc., sont aussi les visages
41:08 de ce monde plein.
41:10 C'est-à-dire qu'on ne supporte plus le doute,
41:12 on ne supporte plus le fait
41:14 de ne pas avoir de solution.
41:16 Ce qui est normal, on vit dans un monde
41:18 de crise, aujourd'hui,
41:20 et donc dans un monde très inquiétant,
41:22 et d'une certaine manière, le dogmatisme est toujours
41:24 là pour venir satisfaire
41:26 les angoisses. - Alors justement, c'est l'équilibre
41:28 qu'il s'agit d'arriver à trouver
41:30 sur cette question du manque. Comment vous le définiriez ?
41:32 Parce qu'on dit beaucoup,
41:34 chez les psychanalystes, le manque, c'est le désir,
41:36 et au fond, c'est le moteur de notre existence.
41:38 Sans désir, on meurt.
41:40 Comment vous définissez le manque ?
41:42 Je vous ai lu, vous dites, c'est
41:44 l'absence, la transformation
41:46 de l'absence en présence.
41:48 - Alors, justement,
41:50 il y a plusieurs types de manques. C'est-à-dire que si
41:52 le manque, dès lors qu'il est récupéré par l'économie
41:54 et transformé en manque de
41:56 quelque chose,
41:58 c'est un manque d'avoir.
42:00 De l'autre côté, on pourrait tout à fait interroger
42:02 le manque dans sa dimension plus ontologique,
42:04 pardon pour le gros mot, mais dans le sens
42:06 où ça renvoie à notre condition
42:08 d'être humain, tout simplement. Le fait
42:10 que nous ne pouvons jamais
42:12 totalement nous rejoindre nous-mêmes, que nous
42:14 ne sommes pas absolument souverains sur nous-mêmes,
42:16 que nous sommes faits d'une
42:18 vulnérabilité, de la conscience
42:20 que nous sommes mortels, et donc
42:22 d'une certaine manière d'un manque
42:24 fondamental. Mais ce manque fondamental,
42:26 il peut être
42:28 transcendé, sublimé vers
42:30 la création, par exemple,
42:32 vers la rencontre,
42:34 la rencontre de l'altérité qui va pouvoir
42:36 nourrir le sentiment amoureux, le sentiment
42:38 amical, ou encore vers
42:40 l'engagement politique, c'est-à-dire quelque chose
42:42 qui permet de se transformer
42:44 et le manque
42:47 qui est fondamental, qui est celui
42:49 de l'homme, dans le
42:51 mythe prométhéen, par exemple, l'homme, c'est celui
42:53 qui est nu et c'est parce qu'il est nu qu'il va
42:55 devoir inventer quelque chose
42:57 pour survivre, eh bien ce manque-là,
42:59 il me semble être beaucoup plus
43:01 fertile que le manque
43:03 de choses, d'objets,
43:05 qui est un petit peu la grammaire
43:07 du capitalisme,
43:09 qui, encore une fois,
43:11 fonctionne assez bien. - L'étape d'après
43:13 le capitalisme, alors, à ce que c'est lié,
43:15 c'est la technologie.
43:17 - Bien sûr que c'est lié, oui. - Et l'intelligence
43:19 artificielle, on voyait dans le sujet
43:21 l'homme augmenté, le transhumanisme,
43:23 là, on est
43:25 dans un monde sans limite,
43:27 dans un monde de manque infini,
43:29 de trous, ou en tout cas de volonté
43:31 de combler tellement ce manque
43:33 qu'on se rêve
43:35 immortel ou qu'on se croit
43:37 immortel. - C'est intéressant, le transhumanisme,
43:39 parce qu'il a en effet l'expression
43:41 aboutie
43:43 du capitalisme dans le sens
43:45 où, enfin, on parle du capitalisme,
43:47 on peut le définir de plein de manières différentes,
43:49 mais bon, faisons simple,
43:51 dans le sens où la promesse, en effet,
43:53 du transhumanisme, c'est
43:55 d'évacuer le manque,
43:57 d'évacuer la vulnérabilité,
43:59 la faiblesse, la fragilité, la vieillesse, la mort,
44:01 tout ce qui est aujourd'hui
44:03 perçu de manière extrêmement négative,
44:05 alors qu'on pourrait le réinvestir totalement différemment
44:07 et l'interroger, et le penser
44:09 tout à fait différemment. Et en effet,
44:11 l'homme augmenté,
44:13 c'est celui qui est plus puissant,
44:15 qui est plus perfectionné,
44:17 qui essaye de ressembler à la machine.
44:19 Évidemment, on pourrait penser l'homme
44:21 dans un sens complètement inversé,
44:23 qui serait celui qui est à même
44:25 de poser des questions,
44:27 d'introduire, justement,
44:29 de l'inquiétude, d'introduire...
44:31 - De la limite. - Du vide, de la limite.
44:33 Voilà, on sait que l'homme a toujours joué
44:35 avec les limites, mais c'est précisément
44:37 parce que lui-même est manquant qu'il joue avec les limites.
44:39 Mais si la limite, elle est dépassée,
44:41 si la question même de la limite
44:43 du manque ne se pose plus,
44:45 on rentre dans une nouvelle humanité
44:47 qui sera, par ailleurs,
44:49 non seulement une humanité augmentée,
44:51 mais une humanité double,
44:53 parce qu'on imagine bien que dans un monde
44:55 transhumaniste, il y a
44:57 ceux qui auront atteint l'immortalité
44:59 qui, à d'autres époques,
45:01 pouvaient se penser tout à fait différemment.
45:03 On n'était pas obligés d'être immortels
45:05 au sens matériel du terme, on pouvait être immortels
45:07 au sens des hauts faits, ou au sens de l'oeuvre
45:09 qu'on pouvait léguer à la postérité.
45:11 La question de l'immortalité a été pensée de manière
45:13 tout à fait différente à travers le temps.
45:15 Aujourd'hui, elle est pensée de manière totalement matérialiste.
45:17 Mais évidemment, dans ce monde transhumaniste,
45:19 on imagine bien qu'il y aura des prolétaires
45:21 qui, eux, continueront de souffrir, de mourir,
45:23 de vieillir, et donc,
45:25 d'un point de vue purement politique,
45:27 c'est quand même un projet un tout petit peu inquiétant.
45:29 - Bien sûr. Ce qui est passionnant dans cette réflexion,
45:31 c'est qu'au fond, vous montrez très bien
45:33 que le questionnement philosophique
45:35 ne pourra jamais être remplacé
45:37 par "tchadipiti", pour le dire très simplement.
45:39 L'intelligence artificielle,
45:41 c'est le contraire même de la philosophie,
45:43 l'introduction du questionnement du manque.
45:47 Et ça, c'est passionnant.
45:49 - C'est passionnant,
45:51 parce que justement, "tchadipiti",
45:53 qui est par ailleurs extraordinaire comme invention,
45:55 nous re-questionne sur ce qu'il en est de notre humanité.
45:59 À partir du moment où "tchadipiti" sera forcément
46:01 plus performant qu'une intelligence humaine,
46:03 si on considère que l'intelligence,
46:05 c'est les datas,
46:07 c'est l'accumulation de connaissances,
46:09 d'une certaine manière,
46:11 pour se démarquer de "tchadipiti",
46:13 on est obligé de réinvestir la question
46:15 de la conscience,
46:17 de ce manque,
46:19 de ce vide,
46:21 le fait de trouver l'être,
46:23 de trouver la connaissance pour la remettre en question.
46:25 Au fond, c'est le geste premier de Socrate,
46:27 qui se promène dans les rues d'Athènes
46:29 et qui vient questionner les uns et les autres
46:31 sur leur connaissance ou sur le fait
46:33 qu'ils pensent connaître, en leur disant
46:35 que la connaissance, c'est pas tout à fait ça
46:37 et que la pensée, c'est pas juste connaître.
46:39 Donc si la pensée, c'est juste connaître,
46:41 en effet, "tchadipiti" nous bat aux lames,
46:43 mais si l'intelligence humaine...
46:45 -C'est ouvrir les questions.
46:47 -De questionner et de réouvrir l'horizon,
46:49 alors l'homme a encore
46:51 quelques jours devant lui.
46:53 -Mazarin Pinjot, vivre sans une philosophie du manque,
46:55 c'est chez Clima Flammarion.
46:57 Petite question de fin, forcément.
46:59 Mazarin, M.,
47:01 pour Mazarin Mitterrand.
47:03 Pinjot,
47:05 il vous moquait, ce nom ?
47:07 Pas au point qu'il soit complet !
47:09 C'est un M., point.
47:11 -On revient à la première question, bravo.
47:13 Oui, voilà. On va dire que c'est ça,
47:15 le M. du manque,
47:17 le M. qui est quand même celui de mon nom,
47:19 mais qui est compliqué
47:21 à afficher comme ça
47:23 parce que d'abord, il y aurait presque
47:25 une forme de redondance.
47:27 Mazarin Mitterrand, je trouve que ça...
47:29 ça fait beaucoup, donc je le garde présent,
47:31 mais comme une trace,
47:33 et j'aime bien aussi l'idée de la trace
47:35 parce qu'elle renvoie
47:37 à la question du manque à travers une présence
47:39 qui raconte aussi une absence,
47:41 et bon, l'absence est aussi très présente.
47:43 -Merci. -Merci à vous.
47:45 -Merci beaucoup, Mazarin Pinjot.
47:47 Peut-on réellement se passer du manque ?
47:49 Parfois, c'est un peu ardu, parce que c'est de la vraie philosophie,
47:51 d'Aristote à Spinoza et j'en passe,
47:53 mais c'est passionnant et ça ouvre plein de questions,
47:55 c'est-à-dire chez Flammarion.
47:57 Vous restez avec moi, c'est l'heure des Affranchis,
47:59 on y va.
48:01 Musique rythmée
48:03 ...
48:05 -Isabelle Lasser, pour les pages diplos du Figaro,
48:09 on va revenir dans un instant avec vous
48:11 sur les mots du président de la République,
48:13 et puis Delphine Sabatier, de Bismarck.
48:15 Merci d'être là.
48:17 On commence avec vous, Isabelle,
48:19 on commence maintenant tout de suite les chroniques.
48:21 -Allez-y. -En direct.
48:23 Emmanuel Macron a, dites-vous, pris la tête
48:25 du camp de la fermeté face à la Russie.
48:27 -Oui, il a fait un virage à 360 degrés,
48:29 il y a un an et demi, vous vous en souvenez,
48:31 Myriam, il parlait de ne pas humilier la Russie,
48:33 il ne fallait pas non plus l'écraser,
48:35 et aujourd'hui, aujourd'hui,
48:37 à Prague, il exhorte les Européens
48:39 à ne pas être lâches,
48:41 à ne pas faire preuve de défaitisme,
48:43 et finalement, il a pris la tête du camp
48:45 de la fermeté derrière les Ukrainiens.
48:47 -Qu'est-ce qui explique ce changement ?
48:49 -Plusieurs choses. L'enlisement des Ukrainiens
48:51 sur le terrain.
48:53 Emmanuel Macron anticipe la victoire
48:55 de Donald Trump, et donc un possible
48:57 lâchage des Européens
48:59 par les Américains.
49:01 L'agressivité renouvelée
49:03 de la Russie à l'égard
49:05 des pays européens, et notamment
49:07 à l'égard de la France.
49:09 Et enfin, Emmanuel Macron a compris
49:11 que Vladimir Poutine
49:13 ne comprenait que le rapport de force,
49:15 donc ce qu'il a essayé de faire, c'est de restaurer
49:17 en fait une dissuasion
49:19 vis-à-vis de Vladimir Poutine.
49:21 "Si vis pacem para bellum",
49:23 "Si tu veux la paix,
49:25 "prépare la guerre", c'est un adage latin.
49:27 Et Emmanuel Macron
49:29 est en train d'essayer de préparer
49:31 l'Europe à une éventualité
49:33 d'un jour, peut-être,
49:35 de guerre avec la Russie.
49:37 Aujourd'hui, il prépare
49:39 la suite, c'est-à-dire que
49:41 ce que n'ont pas encore fait les pays européens,
49:43 c'est de se déclarer
49:45 en économie de guerre.
49:47 Ils essayent
49:49 aujourd'hui d'acheter des munitions
49:51 à l'étranger. Le but, c'est
49:53 de faire tout ce qu'il est possible de faire
49:55 pour aider les Ukrainiens d'abord à résister
49:57 et puis ensuite à l'emporter.
49:59 Donc coalition pour les munitions,
50:01 coalition pour les frappes en profondeur,
50:03 c'est tout ça qui se joue en ce moment
50:05 dans toutes les grandes réunions diplomatiques.
50:07 - Est-ce qu'elle a les limites,
50:09 cette stratégie de l'ambiguïté,
50:11 quand on voit son isolement ?
50:13 - Ce n'est pas gagné, parce que
50:15 en renversant la table, Emmanuel Macron
50:17 a heurté certains alliés.
50:19 Certains pays sont mécontents,
50:21 c'est le cas des Américains,
50:23 c'est le cas de l'Allemagne.
50:25 La plupart des pays européens ne sont pas prêts
50:27 à faire les sacrifices économiques
50:29 qu'il faudrait si on veut vraiment réarmer
50:31 toute l'Europe pour qu'elle prenne
50:33 la succession des Etats-Unis.
50:35 Et enfin, enfin,
50:37 ce réveil salutaire
50:39 arrive assez tard.
50:41 C'est-à-dire,
50:43 la question qu'on va se poser, c'est
50:45 est-ce qu'il arrive suffisamment vite pour
50:47 épargner une défaite aux Ukrainiens ?
50:49 - Merci beaucoup, merci Isabelle Lasser.
50:51 Vous avez regardé,
50:53 évidemment, ce revirement
50:55 important,
50:57 réveil salutaire ?
50:59 - Oui, c'est-à-dire qu'à la fois
51:01 je pense qu'il a raison sur le fond,
51:03 mais sur la forme, c'est un peu étrange.
51:05 - Il aurait dû prévenir ses homologues ?
51:07 - Il est un peu solitaire, sur ce coup-là.
51:09 Oui, ça n'a pas l'air d'être
51:11 très préparé, cette histoire.
51:13 - Delphine Sabatier, ça va vous intéresser,
51:15 Mazarine Pinjot, vous nous parlez ce soir
51:17 d'une association de lutte contre
51:19 la haine en ligne et l'exploitation
51:21 sexuelle des enfants sur Internet.
51:23 Cette association pourrait disparaître ?
51:25 - Oui, c'est même la première
51:27 organisation en France qui avait
51:29 réussi à rassembler les géants
51:31 mondiaux du numérique, à les faire
51:33 cotiser ensemble pour lutter
51:35 contre les contenus illicites.
51:37 Cette association Point de Contact, elle est devenue
51:39 la première
51:41 source de signalement
51:43 hyper qualitatif pour la plateforme
51:45 gouvernementale Pharos.
51:47 En fait, elle s'occupe
51:49 de traiter le signalement de manière très technique.
51:51 Elle vérifie, elle trie,
51:53 elle rapporte des informations
51:55 techniques, enfin bref, tout ce
51:57 qui permet, ensuite, aux services
51:59 de police
52:01 de supprimer, finalement,
52:03 de mener leur enquête plus vite et de supprimer
52:05 ces contenus problématiques.
52:07 C'est aussi la présidente du réseau
52:09 international de lutte contre
52:11 la pédocriminalité. Rien qu'en 2023,
52:13 on parle quand même de 10 000 contenus
52:15 qui ont été traités par cette association,
52:17 10 000 contenus pédocriminels
52:19 qui étaient hébergés
52:21 en France. Et donc,
52:23 l'Etat soutenait jusqu'ici
52:25 toute cette action, toute cette lutte et cette
52:27 association. Et puis, la stupéfaction,
52:29 j'en ai eu la confirmation encore juste
52:31 en arrivant avant
52:33 dans les studios, eh bien,
52:35 le secrétariat d'Etat à la Citoyenneté a décidé
52:37 de sortir du jeu
52:39 et de ne pas renouveler sa subvention
52:41 à point de conteste. - Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
52:43 - Alors, même l'association n'en a aucune idée.
52:45 Elle a constaté
52:47 un peu douloureusement qu'elle n'avait
52:49 pas touché les subventions, déjà, qui étaient
52:51 promises en 2023. Et puis, les mois
52:53 passant, elle se retrouve, en fait, au bord de la
52:55 liquidation judiciaire.
52:57 Alors, elle reste, pour l'instant, sans explication.
52:59 Moi, j'en ai quand même récupéré du côté du cabinet
53:01 d'Agresti Roubache.
53:03 Notamment, comme argument,
53:05 il y a celui que
53:07 la part, le ratio de signalement
53:09 qui concerne la délinquance
53:11 et la radicalisation,
53:13 eh bien, est faible. Et donc,
53:15 il aurait été décidé
53:17 que c'était plus forcément
53:19 opportun de verser
53:21 la subvention à ce titre.
53:23 Alors, à ça, l'association m'a répondu
53:25 qu'elle n'était pas au courant du tout
53:27 d'un argument de ratio
53:29 sur les types de
53:31 signalement. Il y en a d'autres qui rappellent quand même que
53:33 elle a eu un rôle très actif
53:35 au moment de l'assassinat
53:37 de Samuel Paty, puisqu'elle a permis,
53:39 en collaboration, là aussi, avec Faros
53:41 et Europol, de supprimer la vidéo qui circulait
53:43 à ce moment-là.
53:45 Alors, moi, je ne suis pas là pour compter les points.
53:47 Simplement, ce que je constate, c'est qu'ils ne se parlent pas.
53:49 - Oui. Peut-être que cette chronique
53:51 va y contribuer. Qu'est-ce que vous en pensez ?
53:53 Est-ce qu'il y a eu des réactions du côté
53:55 du ministère de l'Intérieur ? - Alors, c'est vrai qu'on aurait
53:57 pu s'y attendre, parce que Point de contact,
53:59 c'est aussi ce qu'on appelle un signaleur
54:01 de confiance. Donc,
54:03 elle a dans ses équipes un officier de liaison
54:05 de la Gendarmerie nationale.
54:07 Elle traite des contenus terroristes,
54:09 des contenus pédocriminels,
54:11 mais pour l'instant, pas un mot du ministère.
54:13 Et moi, ce que j'ai du mal à comprendre,
54:15 c'est que finalement, ils ne se rencontrent
54:17 même pas, ils ne s'appellent pas entre
54:19 le secrétariat d'Etat et l'association.
54:21 Et donc, nous, en attendant, on est un peu
54:23 les victimes, finalement, de cette fin de non-recevoir,
54:25 parce que là, on risque de perdre un point
54:27 de signalement, qui était un point de signalement citoyen,
54:29 simple, anonyme,
54:31 une sorte de tiers de confiance entre nous
54:33 et la police, et puis même
54:35 Pharao, ce gouvernement, risque de perdre
54:37 son premier signaler expertisé. - Vous êtes avec quoi, Delphine ?
54:39 - Allô ? Coucou ?
54:41 La place Beauvau ? Répondez à Delphine Sabatier
54:43 à Point de contact, on s'arrête là ?
54:45 - Exactement. En tout cas, je trouve que c'est pas très cohérent
54:47 de dire qu'on veut davantage sécuriser
54:49 Internet et qu'on traite ce dossier
54:51 du signalement des contenus illicites
54:53 de manière un petit peu légère.
54:55 - On va la faire tourner, cette chronique, quelque chose,
54:57 même si vous auriez une réponse, et j'espère, positive.
54:59 Allez, les coulisses, la petite
55:01 et la grande histoire à l'Assemblée,
55:03 c'est Bourbon Express pour terminer.
55:05 Un Bourbon Express signé par
55:13 Stéphanie Despierres, ce soir.
55:15 Bonsoir Stéphanie, quelle est votre histoire du jour
55:17 à l'Assemblée nationale ? - Bonsoir, je vous raconte
55:19 le grand oral de Bruno Le Maire devant la commission
55:21 des finances cet après-midi. Les recettes
55:23 sont plus faibles que prévues par Bercy,
55:25 la croissance aussi, la France
55:27 doit donc faire 10 milliards
55:29 d'économies sur 2024,
55:31 et le ministre doit revoir son budget
55:33 initial. Il était donc attendu de pied ferme
55:35 par les députés, il a détaillé
55:37 sur le fonds, mais aussi sur la
55:39 forme, car ce qui énerve les députés,
55:41 c'est que Bruno Le Maire a rayé
55:43 les lignes de crédit par décret,
55:45 sans passer par la case Parlement.
55:47 Il s'en est justifié tout à l'heure.
55:49 - Pourquoi est-ce que nous sommes passés par la voie
55:51 réglementaire ? Tout simplement,
55:53 vous l'avez rappelé, monsieur le Président, parce que la loi
55:55 d'orientation organique sur les finances publiques
55:57 nous en donne la possibilité. Nous nous sommes
55:59 saisis de ce droit,
56:01 qui nous permet de faire preuve
56:03 d'une plus grande réactivité face
56:05 à une situation imprévue.
56:07 Je considère que ce qui est légal,
56:09 à savoir la LOF, est légitime
56:11 pour le gouvernement.
56:13 - Alors la LOF, c'est la loi d'orientation
56:15 sur les finances publiques. - D'organisation.
56:17 - D'organisation, mais moi je me trompe.
56:19 10 milliards par décret, c'est vrai que ça fait beaucoup,
56:21 sans passer par la loi, il a le droit de le faire, c'est vrai ce qu'il dit, Bruno Le Maire ?
56:23 - C'est légal, personne ne le conteste, le ministre de l'économie
56:25 peut retoucher sa loi de finances par décret,
56:27 donc sans passer devant les députés,
56:29 à condition que les modifications ne dépassent pas
56:31 1,5% du montant total
56:33 du budget, alors avec ces 10 milliards d'euros,
56:35 selon Bercy, on est à 1,3%,
56:37 juste à la limite,
56:39 mais dans les clous, il n'empêche, après 2 heures
56:41 d'interro, l'opposition réclame
56:43 toujours un projet de loi de finances rectificatif.
56:45 - Quand c'est
56:47 100 millions, voire un milliard,
56:49 c'est classique,
56:51 on l'a vu régulièrement,
56:53 mais 10 milliards, 10 milliards,
56:55 d'annulation de crédit,
56:57 c'est inédit, c'est la première fois
56:59 qu'on a des annulations d'une telle ampleur.
57:01 - C'est une habitude, comme ça maintenant,
57:03 de décider en réalité, sans le vote
57:05 de l'Assemblée, et je pense que
57:07 c'est mauvais, c'est d'autant plus mauvais,
57:09 c'est que l'Assemblée avait raison, parce que nous avons été beaucoup
57:11 à lui dire, au moment du débat,
57:13 que 1,4% était absolument impossible,
57:15 il aurait mieux fait de nous écouter.
57:17 - Il faut un débat parlementaire, non pas pour une histoire de
57:19 blocs ou de qui fait quoi, mais pour avoir la vérité,
57:21 et surtout pour confronter
57:23 le gouvernement, pour qu'il prenne les mesures nécessaires
57:25 sur l'immigration, sur la fraude, sur la contribution
57:27 de la France à l'Union Européenne, sur le
57:29 mille-feuille administratif, sujet sur lequel
57:31 il ne se passe rien, et M. Le Maire, encore
57:33 en commission aujourd'hui, n'a pas voulu aborder
57:35 ses grands tabous. - Il y a aussi un
57:37 enjeu de calendrier très politique derrière
57:39 cette question. Oui, et l'air de rien, c'est le député
57:41 Charles de Courson qui a posé la question, écoutez.
57:43 - Question subsidiaire,
57:45 est-il exact que vous saisirez
57:47 le Parlement d'une loi de finances rectificative
57:49 juste après les élections
57:51 européennes ?
57:53 - Les européennes, c'est bien ça le problème
57:55 de la majorité. En privé,
57:57 les députés Renaissance expliquent qu'ils ne veulent pas d'un
57:59 projet de loi de finances avant le 9 juin,
58:01 hors de question d'enchaîner les 49.3
58:03 à l'Assemblée en pleine campagne européenne.
58:05 Le symbole serait dévastateur.
58:07 Alors, au député, officiellement, Bruno Le Maire
58:09 dit qu'il n'a pas assez de visibilité sur les recettes,
58:11 qu'il faut donc attendre pour savoir s'il y aura
58:13 ce fameux projet de loi de finances
58:15 rectificatif. C'est une manière aussi
58:17 de dire que ce n'est peut-être pas fini
58:19 dans l'état de nos finances publiques.
58:21 Si la conjoncture se dégrade encore, le gouvernement devra peut-être
58:23 faire encore un nouveau plan
58:25 d'économie. - Merci beaucoup, Stéphanie
58:27 Despierre. Quand le légal ne coïncide
58:29 pas forcément avec le légitime,
58:31 Madame Pintzot viendrait nous
58:33 reparler. Vivre sans
58:35 une philosophie du manque, c'est à lire chez Flammarion.
58:37 Merci à vous, mesdames, pour
58:39 vos parties prises. C'est la fin de cette émission.
58:41 Très belle soirée sur LCP. A demain.
58:43 ...
58:55 [SILENCE]