Le film documentaire "Liberté, égalité, permis B" dévoile le quotidien d'une auto-école de Jarnages en creise. Il sera bientôt diffusé sur France 3 et sur Public Sénat. Mélissa Theuriau la productrice nous parle de ce projet.
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00:00 L'invité de France Bleu Creuse.
00:02 Environ 200 personnes ont assisté hier soir à l'avant-première du documentaire
00:05 "Liberté, Égalité, Permis B".
00:07 A l'espace André Lejeune à Guéret, un documentaire tourné l'été dernier
00:11 dans l'intimité de la voiture de l'auto-école de Jarnage,
00:15 imaginée et réalisée par un creusois et produit par la journaliste Mélissa Thériault,
00:20 qui est notre invitée ce matin. Avec vous Camille André.
00:22 Bonjour Mélissa Thériault.
00:23 Bonjour.
00:24 Merci d'être avec nous ce matin.
00:25 Alors quel accueil a eu votre documentaire hier soir ?
00:27 Merci de m'accueillir. On a vécu une très belle soirée, très émouvante,
00:33 avec une salle pleine dans cet espace André Lejeune que je ne connaissais pas.
00:36 C'est une très belle salle.
00:38 Avec une salle remplie, avec beaucoup de rire, avec beaucoup d'émotion
00:44 et de belles discussions derrière, de partage.
00:47 C'est vraiment un film qui me tient à cœur et que j'ai été très heureuse d'accompagner, de produire.
00:53 Alors pour ceux qui n'y étaient pas, qui ne l'ont pas encore vu,
00:55 racontez-nous un petit peu, qu'est-ce qu'on voit dans ce documentaire ?
00:58 Alors dans ce documentaire de Guillaume Estivi,
01:01 vous êtes dans cette auto de Jean-François qui tient cette auto-école à Jarnage
01:07 dont vous venez de parler, qui est la seule petite auto-école de Jarnage
01:10 et qui voit défiler absolument toute la jeunesse, mais aussi les moins jeunes d'ailleurs,
01:15 qui mettent dans cette appréhension de passage de permis,
01:20 mais tout leur rêve de liberté, d'indépendance, de parvenir à atteindre un rêve, un objectif
01:28 et à sortir aussi d'un territoire enclavé où les transports ne permettent pas non plus à chacun
01:34 de pouvoir vivre tout à fait librement, comme on peut le faire dans les grandes villes.
01:38 Donc c'est un moment important et dans ce petit habitacle,
01:42 lorsqu'il y a de l'appréhension et du stress, on se rend compte qu'on se livre aussi plus facilement.
01:46 Donc finalement on a des portraits de Crozois, c'est ça qui se dégage au fil des leçons de conduite ?
01:50 Oui, on a le portrait très touchant aussi d'un instructeur d'auto-école qui a un sens de l'écoute,
01:56 vraiment une dimension psychologique aussi qu'on connaît peut-être mal,
02:00 donc c'est aussi une façon de, peut-être pas créer des vocations,
02:03 mais de rendre aussi honneur à ce métier.
02:06 Il a passé 42 ans à faire passer des permis à parfois toute une famille,
02:09 une grand-mère, une mère et une petite fille,
02:11 et c'est aussi très émouvant de regarder cette qualité d'écoute,
02:14 cette capacité de rebondir et puis d'aller redonner un petit peu d'énergie
02:18 à des Crozois ou des Creuzoises qui peuvent en manquer à des moments difficiles de leur vie.
02:22 Alors justement, parmi ces jeunes et moins jeunes qui viennent apprendre à conduire,
02:27 qui viennent prendre leurs leçons,
02:29 est-ce qu'il y a des anecdotes, des témoignages qui vous ont particulièrement touché ?
02:32 Ah oui, il y en a plusieurs qui m'ont beaucoup touchée et qui vont m'accompagner longtemps,
02:36 qui peuvent même être des pistes aussi à creuser pour d'autres films à venir,
02:40 sur ce territoire qui est très cher à Guillaume, mais qui m'est cher aussi,
02:43 parce que je pense qu'il y a de belles histoires à développer ensuite.
02:46 Lesquelles par exemple ?
02:48 Je pense aussi à des histoires de partage de harcèlement scolaire
02:54 sur une jeune fille qui en est sortie aujourd'hui,
02:56 et qui j'espère d'ailleurs a eu son permis depuis,
02:59 mais qui a vécu des moments très très durs et qu'elle partage dans l'intimité de cet habitacle.
03:04 Et c'est un sujet qui nous touche beaucoup,
03:06 Guillaume a d'ailleurs réalisé un film que j'ai produit sur le harcèlement scolaire.
03:11 Je pense à une autre jeune femme qui vit des violences conjugales
03:13 et qui en parle de façon très libératoire.
03:16 Et l'instructeur se livre aussi sur sa vie personnelle.
03:20 Je veux dire, ça c'est des moments très précieux,
03:22 qui sont difficiles à capter, qui sont difficiles à dire dans la vie.
03:25 Et que cette intimité, cette confiance aussi en Guillaume qui était derrière,
03:30 et qui n'intervient pas dans les échanges, ont permis d'éclore.
03:34 Et c'est hyper important de mettre aussi la lumière sur ces moments très difficiles de la vie
03:39 qu'il faut savoir accompagner.
03:41 - Est-ce qu'à travers ce documentaire, c'est aussi un peu un portrait de la Creuse qui se dégage ?
03:46 - Oui et pas seulement, mais c'est un beau portrait de la Creuse, de Gernage en particulier,
03:49 parce qu'on a aussi pu tourner en drone.
03:51 Et je trouve qu'on découpe géographiquement aussi un territoire qui est magnifique.
03:56 On était, vous le disiez, l'été, mais même en début d'automne, avec des couleurs jaunes, orangées.
04:02 Moi j'ai très envie de revenir marcher dans cette région, par exemple.
04:06 Donc on découvre ce territoire, mais je disais pas seulement,
04:10 parce que ce sont des histoires humaines, d'humanité, faites d'échecs et de joie personnelle,
04:14 qui dépassent ce territoire et qui heureusement pourront être,
04:17 enfin s'approprier par tous les téléspectateurs nombreux, je l'espère, qui regarderont ce film.
04:23 - Alors Mélissa Thériault, vous êtes la productrice, j'ai envie de vous demander,
04:26 pourquoi vous vous êtes lancée dans ce projet,
04:28 et pourquoi vous avez choisi de l'illustrer en Creuse ?
04:31 Il y en a partout, des auto-écoles, même dans le monde rural ?
04:34 - Oui, vous avez raison.
04:36 Pourquoi ? D'abord on fait des films en région et j'y tiens beaucoup.
04:39 J'y tiens beaucoup parce que c'est les histoires qu'on aime raconter à 416 Prod,
04:43 avec Léa Huitorel, ma coproductrice depuis déjà de nombreuses années.
04:47 Donc c'est pas du tout notre premier, et il y en aura beaucoup d'autres.
04:50 Pourquoi ? Parce que c'est Guillaume Estivi, qui est un réalisateur vraiment talentueux,
04:55 qu'on accompagne déjà depuis trois films,
04:57 et qui à chaque fois s'est saisi avec beaucoup de poésie, beaucoup de tendresse,
05:00 tous les personnages qu'il appréhende, et c'est pour nous très précieux.
05:04 Donc c'était une évidence, Guillaume a grandi à Guéret,
05:08 on est passé devant son collège et son lycée, c'est son territoire,
05:11 ses parents vivent encore ici.
05:13 Et donc cette connaissance des Creuseois et des Creuseoises
05:15 nous ont aussi permis de l'accompagner avec encore plus de confiance.
05:18 - Oui voilà, vous aviez confiance en lui,
05:20 et c'est comme ça que vous vous êtes lancé dans ce projet ?
05:22 - Il y a un rapport affectif, nuancé, qu'il n'y a pas de jugement à l'habitant.
05:26 Envoyer un Parisien qui ne connaît rien à ce territoire,
05:28 je ne suis pas sûre qu'on aurait pu accompagner ce film,
05:31 et surtout en avoir ce résultat-là.
05:34 - Et comment vous avez travaillé avec Guillaume Estivi ?
05:36 Est-ce qu'il fait tout en autonomie, ou est-ce que vous interveniez ?
05:39 Est-ce que vous avez suggéré des choses ?
05:41 - Non, alors Guillaume, déjà vous avez vu le dispositif,
05:44 il y a eu beaucoup de solitude pour Guillaume,
05:46 donc c'est pour ça que je le félicite d'autant plus ce matin.
05:49 On le voit parfois apparaître un peu caché derrière Jean-François ou l'élève,
05:55 qui est en train de passer sa leçon de conduite,
05:57 donc c'est quand même des conditions qui étaient difficiles de tournage.
06:01 De fait, on ne peut pas être en équipe avec un ingé son, un autre cadreur,
06:04 donc Guillaume a vraiment tourné tout seul ce film,
06:07 avec tout le stress et l'appréhension de pouvoir aussi rater des séquences.
06:11 Ensuite, nous sommes là, et le problème ou la force de Guillaume,
06:15 c'est de tourner 8,52 pour faire un seul 52.
06:19 Donc le gros stress et le partage que nous avons après,
06:22 c'est d'arriver avec beaucoup parfois de tristesse,
06:25 mais de se séparer de beaucoup de rush,
06:27 pour garder en effet l'essence qui nous paraît celle qui construira le 52 minutes que vous avez découvert.
06:32 Alors on note la date, 28 mars, sur France 3 et sur Public Sénat.
06:36 Merci Mélissa Thériault d'avoir été avec nous ce matin.
06:39 Et puis on retiendra que ça vous a donné envie de venir marcher en Creuse.
06:42 Oui, absolument, je vais revenir très vite.
06:44 Merci de votre accueil.
06:45 Le 6/9, France Bleu Creuse.