• il y a 9 mois
A Nancy, la maternité de niveau 3 du CHRU accueille toutes les grossesses, des plus simples aux plus risquées.
Ce documentaire nous immerge en salle de naissances comme aux urgences gynécologiques et obstétriques, de jour comme de nuit, au plus près des sage-femmes, de leurs gestes, de leurs paroles intimes. Joie, souffrance, rose des layettes ou noir des histoires dramatiques... Ces six sage-femmes font face, endurent ou craquent, prises en étau entre leur amour viscéral du métier et la difficulté de l'exercer au sein de notre système de santé en pleine crise. Tenir bon, « quoi qu'il en coûte », ou renoncer ?

Un documentaire de Carine Lefebvre-Quennell / Durée : 52' / Année : 2023
Coproduction : Rosa Normandie Films, Temps Noir et LCP-Assemblée nationale

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Transcription
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00:10 [Musique]
00:39 [Musique]
00:42 [Musique]
01:09 Je prends de l'air par la bouche, par le nez.
01:12 À quoi vous voulez.
01:13 Ça, c'est à quoi vous voulez.
01:15 [Rires]
01:17 Allez-moi.
01:18 [Musique]
01:37 C'est bon ?
01:38 Oui.
01:39 C'est bon ?
01:40 Oui.
01:41 Alors.
01:44 Voilà, prenez des grandes inspirations.
01:48 Respirez bien, respirez tranquille.
01:52 [Bruit de la machine]
01:55 Vous sentez ?
01:57 Oui.
01:58 Allez-y, c'est parti.
02:00 Allez-y, c'est très bien.
02:03 Allez-y, continuez encore, encore, encore.
02:05 Oui.
02:06 C'est bien.
02:08 Allez-vous, on tient, on tient, encore.
02:12 Allez, oui, comme ça, c'est super.
02:14 Allez, continuez.
02:15 Encore, encore.
02:17 Allez, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas.
02:19 Encore, encore, encore, encore.
02:25 Oui, c'est bien ça.
02:26 Encore, encore, encore.
02:29 Oui.
02:31 Ouais, super.
02:33 Allez, on y retourne.
02:41 Allez, c'est super bien.
02:42 Allez, continuez.
02:44 Ouais.
02:46 Allez, encore, encore, encore.
02:47 Allez, fâchez-vous un bon coup.
02:49 Encore, encore.
02:52 Ok, c'est bien.
02:55 Ça fait un peu mal.
02:56 Et la prochaine, c'est la bonne.
02:58 D'accord ?
02:59 Ok.
03:00 Oh oui.
03:01 Allez, encore, la tête, elle avance super bien.
03:03 Encore, encore, encore, encore, oui, encore.
03:06 Encore.
03:07 Allez-y, fort, fort.
03:09 Allez, fort, fort, fort, fort.
03:12 Super, super, super.
03:13 Encore.
03:14 Continuez.
03:15 Reprenez de l'air.
03:17 J'ai une fotte petite tête qui est dehors.
03:19 Oui, elle commence un peu plus forcément.
03:21 Elle fait un collier.
03:22 Voilà, poussez-vous un petit coup, un petit coup encore pour l'épaule.
03:24 Ok, stop.
03:25 Ça y est, regardez-la.
03:27 Oh.
03:29 Ok.
03:31 Félicitations.
03:32 Eh bien, félicitations.
03:35 Bravo.
03:37 Eh bien, oui, alors, t'essuies un peu la bouche.
03:40 Salut, ma pousse.
03:41 Bonjour.
03:42 Oh, c'est trop mignon.
03:45 C'est trop mignon.
03:49 Je vais aller en chercher un propre.
03:51 Vous l'appelez, madame ?
03:52 Je vais chercher un linge propre.
03:54 Salut, ma petite pousse.
03:57 C'est trop mignon.
03:59 Salut, ma petite pousse.
04:02 Salut.
04:04 Avec qui est-ce que tu es ?
04:06 Je vais aller te voir.
04:08 C'est moi, hein ?
04:11 Oui.
04:12 Oui.
04:14 Aller.
04:15 C'est moi, hein ?
04:17 Qu'est-ce qu'il y a ?
04:19 C'est moi.
04:22 C'est moi.
04:24 Oh là.
04:27 Oh, je l'ai déchiré.
04:29 Oh, oui.
04:31 [Bébé crie]
04:34 [Bébé crie]
04:37 [Bébé crie]
04:43 Alors, est-ce que tu veux bien marcher un petit peu ?
04:47 [Bébé crie]
04:50 Ouais.
04:51 [Bébé crie]
04:53 [Bébé crie]
04:56 [Bébé crie]
04:59 [Bourdonnement]
05:04 OK.
05:05 Alors, donc le géorgien ne ressemble absolument pas au russe.
05:11 Ça n'a rien à voir.
05:12 Oui, oui, oui.
05:16 Bon, on va écouter bébé en faisant du... on va faire du mime.
05:26 Moi, je suis la sage-femme.
05:28 Camille, sage-femme.
05:29 Midwife.
05:30 OK ?
05:31 On va écouter bébé.
05:33 Vous venez ?
05:42 Le bébé, il bouge.
05:43 Normal. Ouais.
05:48 En bas, de l'eau, sang, rien.
05:52 Vous n'avez pas mal à la tête ?
05:57 Mal à la tête, non ?
05:59 Bzzz ? Non ?
06:01 Les petits pains, comme ça ? Super.
06:06 C'est froid.
06:09 Voilà bébé.
06:13 Si problème ?
06:15 Non.
06:16 Pour m'appeler ?
06:17 Non, non.
06:18 S'il faut m'appeler ?
06:19 Non.
06:20 On sonne là, d'accord ?
06:21 Oui.
06:30 Les urgences, Camille Dumortier, sage-femme, bonjour.
06:37 D'accord.
06:38 Comment est-ce qu'il en est ?
06:39 Si vous venez, de toute façon, ce qu'on va vous donner, c'est un traitement symptomatique.
06:42 Quelque chose pour calmer les vomissements.
06:45 Mais on ne fera rien, voilà, si votre souhait, c'est toujours l'interruption de grossesse.
06:49 On ne pourra rien faire en ce sens-là, aujourd'hui.
06:53 Les interruptions médicamenteuses, si c'est ça le choix que vous faites, ça peut se faire à l'hôpital ou ailleurs.
07:02 D'accord.
07:03 Effectivement, je pense que dans ce cas-là, vous êtes un petit peu échaudé du médicament.
07:08 OK.
07:09 Il n'y a pas eu d'échographie de faite, là, pour l'instant ?
07:12 Oui.
07:13 Oui, bon, écoutez, dans ce cas-là, venez plutôt ici, qu'on puisse vérifier la localisation et puis faire ce qu'il faut pour vous.
07:19 D'accord ?
07:21 OK, très bien.
07:22 Bonne route et à tout à l'heure.
07:25 Au revoir.
07:28 Oups.
07:31 Une patiente qui a six semaines de grossesse, IVG souhaitée, mais qui vomit tripes et boyaux avec des douleurs à bdos et grossesse non localisée.
07:47 Je ne suis pas sage-femme par choix.
07:49 Je suis sage-femme, je disais, au départ par hasard et puis après, c'est plutôt la profession qui m'a choisie.
07:54 Enfin, on s'est trouvé, quoi, la profession de sage-femme et moi.
07:58 Mais j'adore, j'adore mon métier.
08:03 Mais en même temps, plus ça va et plus il me pèse, à la fois moralement, physiquement.
08:10 Dans mon boulot, je vis des moments qui sont hyper stressants, mais il ne faut pas que je donne mon stress aux patientes.
08:15 Donc, j'ai l'habitude aussi de l'emmagasiner.
08:17 Et au bout d'un moment, je pense que le corps, il n'est pas fait non plus pour emmagasiner toute la tristesse, la joie, la colère et la frustration de tout le monde.
08:26 - Adam, c'est Léa au sugo.
08:29 On a besoin de toi pour une consultation d'anesth en urgence pour une G.U. rompue.
08:32 La dame est dans la grande salle sur un brancard.
08:35 Elle était en train d'avoir un rapport.
08:37 Elle a eu super mal au ventre d'un seul coup.
08:39 Elle est arrivée, elle a été pliée en deux.
08:41 On lui a posé une voix, on a fait un bilan préop, rail, carte de groupe, soin à l'EFS.
08:44 Et il y a du sang dans l'abdomen.
08:46 La dame, elle a des bleus à l'intérieur des cuisses.
08:49 Elle dit qu'elle n'est pas victime de violence.
08:51 - La tension, c'était comment ?
08:53 - La tension, elle avait 94, 48.
08:56 Elle avait pas de taquicardie, elle chauffe pas.
08:59 - Avec l'âge ?
09:01 - Elle a...
09:03 97, elle a 25.
09:05 - T'as eu le téléphone avec ?
09:07 - Non, avec une dame qui demande si elle doit consulter.
09:09 Elle se met dans la grande salle.
09:11 - Désolée, madame, je vous ai mis en attente puisqu'il y avait une petite urgence.
09:13 Donc je vous écoute. Vous avez perdu du liquide, c'est ça ?
09:16 - 37,6.
09:20 - OK.
09:22 - Les filles, je vous amène juste un dossier d'une dame.
09:25 C'est une 5e pare à 37,6.
09:27 - Ouais.
09:29 - Qui contracte, qui a rompu et qui prend donc la route seule.
09:31 Elle a eu 30 minutes. - Seule ?
09:33 - Voilà, donc je lui ai dit, au moindre doute,
09:35 vous vous arrêtez la voiture, vous appelez les pompiers.
09:37 Elle me dit "Non mais là, pour l'instant, ça va,
09:39 mais je sens quand même que je contracte,
09:41 je pense que je viens quand même pour accrocher."
09:43 - Si t'as besoin, t'es à 10. - Ouais, merci.
09:48 - Ça fait seulement 2 ans que je travaille.
09:51 Pour l'instant, je ne suis pas concernée par le surmenage ou le burn-out,
09:55 même si certaines semaines sont quand même forcément plus denses que d'autres.
09:59 Mais à titre perso, je m'éclate vraiment dans ce que je fais.
10:03 J'adore venir travailler.
10:05 J'espère que ça durera le plus longtemps possible,
10:09 mais en tout cas, aujourd'hui, c'est vraiment ça.
10:12 - Réexpliquez-moi. Vous avez eu une IVG ?
10:15 Ou vous avez eu du méthotrexate pour une grossesse qui n'était pas dans l'utérus ?
10:19 - Non, une IVG. - Une IVG. Quel jour ?
10:22 - Alors, le 1er, je dis que médicament, je me dis.
10:25 - Donc là, il y a 48 heures ? - Oui.
10:28 - C'est ça ? OK.
10:30 Juste pour que moi, j'ai un point de départ,
10:33 pour savoir si ce que je vais vous mettre en mentalité,
10:35 que ça permet de diminuer l'intensité,
10:37 si vous deviez donner une note à la douleur entre 0 et 10,
10:39 sachant que 0, vous n'avez pas mal.
10:41 Souvent, nous, ce qu'on dit, c'est à partir de 3,
10:43 on fait un façon d'oliprane, et après, c'est crescendo jusqu'à 10.
10:45 Là, vous êtes où ? - Entre 8 et 9.
10:47 - Ouais, OK. OK.
10:49 Donc, je vous pose la perfusion, on commence l'hysanthalgique,
10:51 puis je vais voir avec le médecin... D'accord ?
10:54 Voilà, c'est tout. Essayez de reposer, ça y est.
11:12 Vous me dites stop si ça va pas, OK ?
11:14 - D'accord. - Donc là, je mets une compresse,
11:16 pareil que tout à l'heure.
11:18 - Oh, je peux pas, je peux pas !
11:26 - OK, OK. Je vais retirer la compresse.
11:28 - Tout ça, ça veut dire que c'est un peu ce qu'on craignait, d'accord ?
11:35 Là-haut, c'était tout normal, et c'est après que ça s'est mis à s'énerver, d'accord ?
11:39 - OK.
11:40 - La pauvre dame qui avait déjà bien mordu avant.
12:00 Après, là, ça s'est calmé, donc j'espère que ça va rester comme ça.
12:08 - OK.
12:09 - Si je dois parler d'un très mauvais souvenir de garde,
12:29 finalement, ça va être plusieurs mauvais souvenirs.
12:31 C'est garde où il y a des patients de tous les côtés,
12:35 où j'ai l'impression de jamais être présente pour aucune d'entre elles,
12:39 de courir d'une patiente à l'autre, d'avoir oublié des tonnes de trucs,
12:43 d'avoir oublié de noter, d'avoir pas fait correctement mon travail, en fait.
12:47 Parce que moi, j'aime travailler beaucoup, mais par-dessus tout, j'aime travailler bien.
12:52 Et partir avec ce sentiment d'avoir survolé plein de choses,
12:57 c'est... Ouais, c'est quelque chose qui me fait beaucoup de mal.
13:03 Et à l'inverse, je dirais que c'est les rares fois où on va avoir un petit peu moins d'activité,
13:09 où je vais pouvoir m'occuper d'une patiente, d'un couple,
13:12 et faire réellement du one-to-one, une femme, une sage-femme.
13:15 C'est juste ça qui m'aide à tenir,
13:18 parce que de temps en temps, c'est possible de faire ce genre de choses.
13:23 Mais le travail à la chaîne, dans notre domaine,
13:27 pour moi, c'est le contraire de ce pourquoi j'ai fait ce métier.
13:32 - Ah oui, salut.
13:34 - Tu veux mettre ta bouche ?
13:38 - Merci.
13:41 [Bébé pleure]
13:43 - On fait une petite pause, on fait une petite pause.
14:05 Il faut encore que je lui fasse deux, trois petites choses,
14:08 et je te remets tes parents.
14:10 Ok ?
14:12 J'ai vraiment cru que pour une fois de la semaine, j'allais rentrer chez moi à l'heure.
14:15 Vraiment, j'ai cru.
14:17 Mais ça ne m'arrive jamais.
14:19 - Rassure-toi, moi non plus.
14:21 - Bah, je suis rassurée, alors ! - Jamais, jamais, jamais, jamais.
14:25 [Bruit de la mer]
14:29 [Bruit de la porte qui se ferme]
14:32 [Bruit de la porte qui se ferme]
14:54 [Bruit de la porte qui se ferme]
14:58 [Bruit de la porte qui se ferme]
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17:48 [Bruit de la porte qui se ferme]
17:51 Je pense que les gens imaginent la profession
17:56 comme la naissance physiologique en fait.
18:01 Les gens ne pensent pas que ça peut parfois mal se passer,
18:06 que notre métier comprend aussi la gestion des morts fétales et utéros,
18:10 des interruptions médicales de grossesse,
18:13 des contextes sociaux et autres, de violence et autres.
18:19 Les gens agressifs, les bébés qui sont porteurs d'une pathologie X ou Y,
18:27 non, les gens ne voient que le rose.
18:29 Ils ne voient pas le gris ni le noir, ni le rouge quand ça saigne.
18:34 [Rires]
18:35 [Bruit de la porte qui se ferme]
18:38 On commande à midi ?
18:39 Ouais.
18:40 On va manger. T'as rien ramené moi non plus ?
18:43 Ou alors on va manger au self, c'est bien aussi.
18:45 Y a peut-être des frics ?
18:46 Ah, entrez docteur ! Bonjour !
18:48 Bonjour !
18:49 Bonjour les docteurs.
18:51 Bonjour.
18:52 [Rires]
18:54 Vous êtes à l'atelier des docteurs.
18:56 Ça va ?
18:57 Je suis pas connu.
18:58 Bah ouais, vous ?
18:59 Ouais, ça va.
19:00 En forme j'espère.
19:01 On est contentes de vous voir. On a dit en équipe de choc aujourd'hui.
19:03 On a un siège, vous le savez ?
19:04 Bah on va aller se présenter à la dame, ouais.
19:06 C'est une 32 semaines.
19:07 32 et 6.
19:08 Petite fille, 88ème percentile.
19:10 Elle est à 8 cm, faut que j'arrive à refaire le point.
19:12 Laurie tu me dis parfait.
19:13 Tiens, Emmanuel vient nous donner des nouvelles.
19:15 Elle a des sensations de poussée au niveau du rectum.
19:17 Ça pousse ?
19:18 Ok, bah on va aller faire le point.
19:19 Voilà.
19:20 On va aller l'examiner.
19:21 Ça marche.
19:22 Super.
19:23 Merci.
19:24 À tôt.
19:25 À tout à l'heure.
19:26 [Bruit de la porte qui se ferme]
19:34 Je vous embête un petit peu, si je vous fais mal vous me dites.
19:36 Vous n'avez pas senti que bébé s'est tourné ?
19:40 Je ne pense pas.
19:41 Ok.
19:42 Eh bah moi j'ai un doute.
19:46 Ah ?
19:47 Je pense qu'on a la tête en bas.
19:52 On va faire une petite échographie.
19:53 Ça va ?
19:57 Oui.
19:58 Allez, ça y est.
19:59 Il y a une contraction là ?
20:00 Oui, il y a une contraction.
20:02 Je me permets d'attendre ?
20:03 Parce qu'on peut avoir des modifications du col avec ou sans contraction.
20:06 Là elle est favorable, j'arrive à mettre deux doigts.
20:08 Donc ça a bien fonctionné.
20:10 Vous n'avez pas eu mal pour rien.
20:12 C'est super ce que vous avez fait.
20:13 Merci.
20:14 Allez, je retire mes doigts.
20:16 D'accord.
20:17 Soufflez bien.
20:18 Super.
20:21 Bon, on va descendre en salle ?
20:22 Oui.
20:23 Ouais.
20:24 Pas de perte de sang, de perte de liquide ?
20:27 Non.
20:28 Ça ne brûle pas quand vous faites pipi ?
20:30 Non.
20:31 Pas de petites mouches devant les yeux, de bourdonnement dans les oreilles ?
20:33 Il n'y avait rien de particulier pendant la grossesse,
20:35 si ce n'est qu'on suspecte un gros bébé.
20:37 Quand j'ai débuté en tant qu'étudiante sage-femme,
20:40 si on peut parler de chiffres,
20:42 ma première paie, j'ai eu 1 600 euros.
20:45 Pour donc cinq ans d'études.
20:47 Alors quand on n'a jamais eu de paie et qu'on a 1 600 euros,
20:50 et que le SMIC est un petit peu en dessous,
20:52 on se dit "mais c'est génial".
20:54 Et quand j'ai commencé à rentrer dans le travail
20:57 et à me rendre compte des responsabilités qu'on avait,
21:00 des horaires de travail qui restent compliqués,
21:06 le jour, la nuit, les week-ends, les jours fériés,
21:09 t'as dormi c'est bien, t'as pas dormi c'est pas grave,
21:12 physiquement je sais qu'en travaillant de nuit,
21:15 je contrains mon corps à un épuisement qui sera beaucoup plus précoce.
21:21 Je le sais, je le sens de toute façon.
21:23 Je le sens physiquement que je m'expose à de l'obésité,
21:26 à des maladies cardio-vasculaires,
21:28 qui sont prouvées scientifiquement.
21:30 Comment ça va ?
21:50 J'ai pas envie de faire un malaise, j'ai peur.
21:53 Pourquoi vous feriez un malaise ?
21:55 Y'a pas de raison.
21:56 Là votre tension avec le stress elle est montée,
21:59 donc de toute façon il ne pourra que vous faire du bien ce médicament.
22:02 À un moment donné vous allez recommencer à avoir mal à la tête, vous allez...
22:05 Si les médicaments sur le bébé et tout, j'ai pas envie.
22:10 Ouais mais des fois, il faut trouver l'équilibre pour vous et pour le bébé.
22:14 J'ai vu la psychologue et tout, mais bon...
22:18 C'est bien d'avoir pu la rencontrer pour en parler déjà.
22:21 Mais bon, ça me calme pas forcément mon stress.
22:24 Je suis pas obligée de me débrouiller comme ça.
22:26 Ça va pour l'instant ?
22:28 Oui.
22:29 Hier, elle le sentait pas trop bouger l'après-midi,
22:34 quand la sage-femme est venue, elle a réussi à la stimuler,
22:38 elle bougeait bien, mais elle l'a pas ressenti après.
22:42 Et la dame elle contracte depuis une semaine, elle en peut plus en fait.
22:46 On n'a pas de place.
22:48 Voilà.
22:49 On aurait pas dû prendre les trois déclenches.
22:52 En fait, on aurait dû se laisser de la soupape.
22:55 Pour qu'on la déclenche elle, possiblement.
22:58 Ça fait deux fois qu'elle vient pour des missions des meufs.
23:00 Je te laisse faire.
23:01 Elle est à 39 semaines.
23:02 Je pense que...
23:03 Il y a des situations où vraiment, on sort de garde et on se dit
23:09 "mais j'ai fait de la technique, mais alors l'accompagnement, zéro quoi".
23:12 On a sauté d'un box à l'autre.
23:14 Enfin, je sors d'une salle pour aller dans une autre salle,
23:18 pour courir au plus rapide, au plus pressé, au plus urgent.
23:21 Alors effectivement, tout le monde est en bonne santé à la fin.
23:26 Il n'y a pas de quoi que...
23:28 Vital, ni pour la maman, ni pour le bébé.
23:31 Mais je me dis, je ne ferai pas ça jusqu'à 60 ans.
23:34 Ce n'est pas possible.
23:35 On ne s'écoute pas trop.
23:36 C'est-à-dire que je suis toujours moi dans l'action,
23:38 dans le "je veux faire", dans le "je veux bien faire".
23:40 Dans "il faut faire".
23:41 Et on ne s'écoute pas trop jusqu'au jour où le corps, il dit
23:44 "ben maintenant, tu vas t'arrêter".
23:48 Et je ne me suis pas rendue compte au départ que je n'étais pas bien.
23:53 Et que je n'étais plus bien non plus au travail.
23:56 En me disant "mais je vais y arriver, pourquoi les autres y arriveraient
24:00 et moi je n'y arriverais pas à tout gérer".
24:02 À gérer mes enfants, à gérer d'être...
24:05 Voilà, on est aussi dans une société, je trouve, qui en demande beaucoup.
24:09 Où il faut qu'on soit la mère parfaite,
24:12 qu'on fasse les meilleurs gâteaux, qu'on fasse manger bio à ses enfants,
24:16 qu'on les habille super bien, qu'ils n'aient jamais un cheveu qui dépasse.
24:19 Il faut aussi qu'on soit un super professionnel,
24:22 qu'on soit toujours de bonne humeur.
24:24 Il faut aussi être une femme au foyer, belle.
24:27 Il faut aussi être indépendante.
24:29 Il faut qu'on ait toutes les casquettes.
24:31 Et moi je n'ai pas toutes les casquettes, j'ai de gros défauts.
24:34 Et ça s'est ressenti à un moment donné sur le travail.
24:37 Et c'est là que j'ai dit "bon".
24:40 Ça a commencé d'abord en me disant "bon, je vais me prendre une semaine
24:43 pour pouvoir régler les gros trucs que j'ai à régler sur le côté perso".
24:46 Et je suis retournée au travail et je me suis arrêtée 6 mois.
24:50 Réfugiée ukrainienne arrivée en France le 30 du 3.
25:07 Oui, c'est vrai.
25:09 Il y a un mois.
25:12 Procès juménaire, il y a des jumeaux.
25:16 Père resté en Ukraine.
25:19 J'ai une copine ukrainienne.
25:21 A 18h je dois pouvoir l'appeler pour lui demander
25:24 si elle est dispo pour me faire la traduction pour la patiente.
25:27 Oui, pas de soucis.
25:29 Oui bonjour, Mathilde Bouvoir, je suis l'interne de garde à la maternité de Nancy.
25:34 Je viens d'accueillir une patiente qui est réfugiée ukrainienne,
25:37 qui ne parle pas du sujet de la maternité.
25:40 Qui ne parle pas du tout français ni anglais.
25:43 Je voulais savoir si vous étiez ok pour me faire la traduction.
25:46 Oui, et bien super.
25:49 Bonjour.
25:59 Elle peut me dire où c'était ces douleurs ?
26:03 Vous pouvez me montrer où vous avez eu des douleurs ?
26:06 Au plus bas, je vous ai dit.
26:10 Je crois que c'est au plus bas.
26:13 Elle a l'impression qu'il y a quelque chose qui est descendu très bas dans son ventre.
26:19 Je ne suis pas censée vous donner des informations par téléphone.
26:21 Vous auriez voulu savoir quoi, monsieur ?
26:24 Est-ce que vous savez pourquoi elle est là déjà ?
26:26 Est-ce que vous savez pourquoi elle est venue chez nous ?
26:29 Oui ?
26:31 Parce que moi, je ne savais pas que vous vous parliez français.
26:36 Enfin, tout ça, on n'a pas réussi à le savoir.
26:39 Ah, vous ne parlez pas ukrainien, vous ?
26:42 Ah oui, effectivement, pour la traduction, c'est compliqué.
26:44 Et vous communiquez comment avec elle ?
26:48 Est-ce que vous avez possibilité de venir lui rendre visite ou pas ?
26:52 Ah !
26:56 Vous êtes sur Bordeaux, c'est ça ?
27:03 Alors après, monsieur, l'hôpital, la maternité, de manière générale,
27:12 ça reste un endroit où on ne peut pas obliger les gens à venir.
27:15 On ne peut pas obliger les gens et enchaîner les gens au lit.
27:18 Donc si la dame souhaite sortir, on va tout faire pour la dissuader de sortir.
27:22 Si on considère que son état médical ne lui permet pas de sortir.
27:26 Par contre, si elle signe une décharge et qu'elle veut partir,
27:29 elle pourra partir.
27:31 On ne peut pas emprisonner les gens à la maternité.
27:34 D'accord, d'accord, très bien.
27:38 Très bien, je m'occupe de ça, je vous rappelle.
27:41 Merci, au revoir, monsieur.
27:44 Je vais mourir aujourd'hui.
27:46 Donc le mec m'appelle, il veut des nouvelles de la dame.
27:51 Oui.
27:52 Qu'est-ce que tu as compris là ?
27:55 C'est un mec, je ne sais pas, qui s'occupe de... qui est à Bordeaux, alors...
27:58 Ouais, donc le monsieur veut des nouvelles de cette dame,
28:01 il me dit "je suis le papa".
28:03 Sauf que moi, dans le dossier, il y a marqué "Marie, restez en Ukraine".
28:07 Je lui dis "donc vous êtes en Ukraine avec les enfants ?"
28:10 "Non." "Vous parlez ukrainien ?" "Non."
28:12 Donc en fait, il m'a dit "non mais pour tout vous dire, c'est la mère porteuse de nos enfants."
28:17 Ah...
28:18 Donc il m'a dit.
28:19 Ah, j'ai du mal.
28:20 Sauf que moi, lui donner des nouvelles, il me dit "je suis le père des enfants".
28:23 Il ne communique qu'avec Google Trad.
28:26 Ouais.
28:27 Il veut savoir comment elle va.
28:29 Il me dit quand même "elle a tendance à vouloir partir, vouloir se sauver, rentrer chez elle".
28:35 Chez elle en Ukraine ou à Epinal.
28:37 "Non, non, elle va trouver un appartement à Epinal,
28:40 mais il ne faut pas qu'elle sorte.
28:42 Mais parce que la santé des enfants, c'est quand même primordial."
28:46 Bah oui, lui, il y en a beaucoup.
28:48 Oui, mais en fait, pas que, quoi.
28:50 Je suis permise de lui dire parce que moi, dans le fond, ça, c'est un peu dur.
28:53 Bah ouais, mais après...
28:55 Bon, eh ben, je vais revoir la patiente.
28:58 Elle prend beaucoup le travail de préféré.
29:00 Je vais aller.
29:01 Ma collègue me disait que vous vouliez me demander quelque chose.
29:23 Pour mon conjoint.
29:25 Il commence à 0h00 jusqu'à 7h00.
29:28 Tant que vous êtes avec nous, il peut venir quand il veut.
29:31 D'accord ?
29:32 C'est pour ça que j'ai besoin de demander un service à toi.
29:36 S'il y a un moyen, j'appelle.
29:39 Comme ça, tu peux m'expliquer comment...
29:42 Bien sûr.
29:43 Vous voulez l'appeler là, maintenant ?
29:45 Oui.
29:46 Bah oui, allez-y.
29:47 Bonjour, monsieur.
29:53 Je suis la sage-femme qui s'occupe de votre compagne.
29:57 Oui.
29:58 Elle me disait que vous travaillez de minuit à 7h.
30:03 Oui, c'est ça.
30:04 Et qu'elle était toute seule.
30:06 Oui.
30:07 Est-ce qu'il n'y a pas moyen que vous puissiez passer du temps avec elle ?
30:11 Parce que le bébé, il va arriver certainement cette nuit.
30:16 Je ne sais pas à quelle heure.
30:18 D'accord.
30:20 Vous essayez de vous organiser, voire avec votre patron ?
30:24 Sachez que vous pouvez arriver à n'importe quelle heure.
30:28 Je vous la passe ?
30:30 Oui.
30:31 Je vous laisse entre vous, je reviens tout à l'heure.
30:34 Surtout que vous êtes soulagée.
30:36 A tout à l'heure.
30:37 Oui, à plus.
30:38 Voilà.
30:42 Ma collègue arrive.
30:50 Vous aviez eu un peu les infos par rapport à la pose de pérille urale ?
30:54 Oui.
30:55 Pour la position, tout ça, on vous avait déjà un peu expliqué ?
30:58 On lui avait dit que c'était en condition assise.
31:00 Oui, voilà.
31:01 Après, je ne sais plus trop.
31:04 Je vais vous aider, il n'y a pas de soucis.
31:06 On va commencer par nettoyer votre dos, ça va être froid.
31:09 J'ai une contrainte de sirop.
31:11 Pour l'instant, vous la gérez aussi bien que tout à l'heure.
31:14 On continue de faire le nettoyage du dos pour ne pas perdre de temps.
31:17 D'accord.
31:18 Ça fait juste froid, on ne fait rien qui pique.
31:21 Voilà, soufflez bien.
31:24 C'est super ce que vous faites, c'est super.
31:28 On va y aller, madame ?
31:36 Oui, je vais la laisser ici.
31:38 Il ne se donne pas à bouger.
31:40 C'est parfait.
31:41 Non, vous ne vous excusez pas, c'était très bien.
31:43 Vous allez sentir un petit peu que ça chauffe un peu dans le dos, c'est normal.
31:48 D'accord ?
31:49 Ça va ?
31:50 Contraction.
31:59 Il y a une contraction.
32:00 Ok.
32:01 Respirez bien comme tout à l'heure.
32:03 On souffle doucement par la bouche, tout doucement, tout doucement.
32:07 Est-ce que ça passe doucement ?
32:16 Non.
32:17 C'est super ce que vous faites, vous êtes courageuse.
32:30 Ça va, madame ?
32:39 Oui.
32:40 Parfait.
32:42 C'est bon.
32:43 C'est bon.
32:45 C'est bon.
32:47 C'est bon.
32:49 C'est bon.
32:50 C'est bon.
32:51 C'est bon.
32:53 C'est bon.
33:21 Bonsoir.
33:22 Bonsoir.
33:23 Je me suis dit je vais faire infirmière.
33:31 Ma maman m'a dit, mais infirmière, tu vas t'occuper des gens malades.
33:36 Tu sais, moi je côtoie des élèves sages-femmes dans le travail.
33:40 Je lui dis, mais c'est quoi sages-femmes ?
33:42 Je ne sais pas, je devais avoir 10-12 ans.
33:44 10 ans, oui, 12 ans.
33:45 Elle me dit, c'est mettre des bébés au monde.
33:47 Ah bah oui, oui, oui.
33:49 Elle me dit, en plus, tu ne verras pas beaucoup de malades.
33:51 Oui, c'est vrai, peut-être.
33:53 La naissance, les bébés, alors que dans ma vraie vie de jeune femme,
33:59 hors de question d'avoir des bébés.
34:01 Ah non, je ne pouvais pas.
34:02 Ça, les enfants, ce n'était pas possible.
34:04 J'en ai quand même maintenant, qui sont grands.
34:07 C'est vrai qu'en vieillissant, c'est compliqué de venir travailler,
34:10 mais au final, une fois qu'on a mis l'habitsène, le costume,
34:15 un bébé qui pleure, un bébé qui arrive,
34:20 accueillir une naissance, c'est ce qui fait tenir.
34:28 Alors des fois, il y a des naissances compliquées.
34:31 [Bébé pleure]
34:41 Vous voyez comme ça ? Vous ne vous sentez plus jamais ?
34:43 Oui, je sais.
34:44 [Bébé pleure]
34:46 C'est une tarte, ça, justement.
34:47 [Bébé pleure]
34:49 C'est un petit poisson.
34:50 C'est quoi ?
34:51 [Bébé pleure]
35:02 [Bruits de porte]
35:11 Après, je vais faire monter un transfert.
35:14 Pour le moment, la salle est pleine.
35:17 Il y a deux dames qui ont accouché.
35:20 La première qui devrait pas tarder à monter, je pense.
35:24 Mais la deuxième, elle vient juste d'être touchée.
35:28 Je t'avoue que là, c'est un peu bouché.
35:31 J'en parle à Estelle.
35:34 Il y a une dame à un déclenchement.
35:36 Ah, mais c'est pas possible.
35:38 Sincèrement, la dame du 1, semble-t-il,
35:41 elle était très algique.
35:44 Et puis, il y a la dame du 7.
35:47 De toute façon, l'enregistrement est en cours,
35:49 c'est possible, mais si elle est en travail...
35:51 Qu'elle soit en travail, c'est une chose,
35:53 c'est qu'elle est algique.
35:54 Oui, oui, ça, j'entends bien.
35:56 Oui, bonsoir, la scène de naissance.
35:58 Je suis enceinte, j'arrive à terre dans deux jours,
36:00 mais j'ai beaucoup de contractures.
36:02 OK, j'arrive tout de suite, madame.
36:04 [Bruit de porte]
36:07 Comment on va faire ?
36:10 Anne, elle est partie.
36:12 Et puis, il y a des entrées.
36:14 C'est un code orange, Anne.
36:16 C'est code orange, Anne.
36:18 On va imprimer les tensions.
36:20 [Bruit de porte]
36:27 Ça va ?
36:28 T'en as encore pour longtemps ?
36:30 Non.
36:31 [Bruit de porte]
36:35 Mais est-ce que je dois pas attendre Charles ?
36:38 Tu dois venir.
36:39 Oh, il est là. D'accord.
36:41 Oh, t'es là, Charles.
36:44 Vous savez, je vous avais dit que bébé,
36:46 il n'aimait pas les contractions.
36:48 Mais pour que le corps, il puisse s'ouvrir,
36:50 il nous faut des contractions.
36:52 Donc on ne va pas le faire souffrir,
36:54 on ne va pas le fatiguer.
36:56 On va le faire naître par Césarienne.
36:59 D'accord ?
37:01 Je vais vous donner à boire,
37:03 parce que la maternité, elle offre le champagne.
37:07 Tenez.
37:10 C'est le champagne de la maternité.
37:12 C'est pas très bon, vraiment.
37:14 Mais il faut le boire.
37:16 Ça empêche les remontées à...
37:18 Je vous l'avais dit, mais il faut le boire.
37:20 C'est important.
37:21 Sinon, on ne peut pas faire l'opération.
37:23 [Bruit de porte]
37:29 [Bruit de chute]
37:33 C'est pour ça, du coup,
37:35 qu'on a mis la balle à côté.
37:37 [Bruit de chute]
37:43 [Bruit de porte]
37:47 [Bruit de chute]
37:56 [Bruit de porte]
38:02 [Bruit de porte]
38:20 [Bruit de bébé]
38:24 [Bruit de bébé]
38:41 [Bruit de porte]
38:45 [Bruit de porte]
38:47 [Bruit de porte]
38:59 [Musique]
39:17 [Bruit de porte]
39:31 [Musique]
39:54 [Bruit de téléphone]
39:56 Oui, bonjour, vous désirez ?
39:58 [Bruit de téléphone]
40:01 Oui, je vous ouvre.
40:03 [Bruit de téléphone]
40:11 Vous avez l'identité, vous pouvez la voir ?
40:13 Oui, voilà.
40:14 [Bruit de téléphone]
40:18 Allez, on y va, madame ?
40:19 [Bruit de téléphone]
40:21 Allez, on pousse, on pousse !
40:23 Allez, allez !
40:26 Allez-y, encore, là !
40:28 Ok, le contraint est terminé, vous devez juste fermer vos yeux, tout va bien.
40:37 Vous voulez pousser ? Vous devez pousser ?
40:39 Non, non !
40:40 Il y en a une nouvelle.
40:42 Allez, celle-là, Eva !
40:43 Allez, fort, fort, fort !
40:44 Allez, pousse !
40:45 Oui, c'est bien, oui, c'est très bien !
40:47 Encore, encore !
40:48 Ouais, ok.
40:49 Encore, encore !
40:51 Allez, poussez bien.
40:53 Allez, encore !
40:56 [Bruit de téléphone]
40:58 Oui, très, très bien, Eva, c'est super !
41:01 Oui, c'est super !
41:03 Allez, encore, encore !
41:05 Ouais !
41:06 Allez, c'est bien !
41:08 Encore !
41:09 Tout va bien, le bébé vient.
41:12 Maman !
41:14 Allez, pousse, pousse !
41:16 [Bruit de téléphone]
41:18 Regardez, regardez !
41:19 [Bruit de téléphone]
41:20 Oui !
41:21 Bravo, bravo, bravo !
41:23 Bravo, bébé !
41:25 [Bruit de téléphone]
41:28 Merci, Jésus !
41:29 Merci, Jésus !
41:31 Merci, Jésus !
41:32 Merci, Jésus !
41:34 Merci, Jésus !
41:36 Merci, Jésus !
41:38 [Bruit de téléphone]
41:40 [Bruit de téléphone]
41:42 [Bruit de téléphone]
41:44 [Bruit de téléphone]
41:46 Merci, Jésus !
41:48 [Chante]
42:12 [Bruits de téléphone]
42:25 Quand je fais pas l'initiative, c'est t'autonomiser un petit peu.
42:28 Dans la prise en charge, c'est d'être à la fin de...
42:30 Voilà, parce que le relationnel, c'est très bien,
42:32 les gestes techniques, on voit que ça va,
42:34 tout ça, ça va, on voit que tu sais tout faire, mais...
42:37 Je savais pas si je pouvais, là, du coup, en quatrième, déjà, voilà, être dans cette démarche...
42:42 Alors, tu peux proposer !
42:43 Tu as pas l'appréhension de la douleur des dames, ça c'est important,
42:45 et tu sais faire tous les gestes techniques à côté.
42:47 Donc maintenant, ce qui te reste, c'est ça.
42:49 Et c'est ça, la dernière année, c'est ça, la cinquième année, donc...
42:51 Ouais, ça marche.
42:52 Mais franchement...
42:53 C'est bien, c'est un plaisir de travailler avec toi.
42:55 Merci.
42:56 Ton premier accouchement, en tant que sage-femme, tu vis pas un moment magique.
43:00 Moi, je l'ai pas vécu comme un moment magique, en tout cas.
43:02 Je l'ai vécu juste comme un moment de stress et de...
43:06 "OK, alors, je dois faire ça, je dois faire ça, je dois faire ça,
43:08 à carré, pour être sûre de rien oublier, et voilà."
43:11 Maintenant, j'arrive à sortir du boulot et à oublier,
43:14 mais quand on est à l'instant T, je me dis...
43:17 Non, c'est pas tous les jours le plus beau métier du monde.
43:19 Quand on est confronté au décès néonato,
43:22 quand on doit faire accoucher des mamans où leur bébé est déjà décédé,
43:25 c'est pas... Non, c'est pas rigolo, quoi.
43:27 Non, c'est pas le plus beau métier du monde. Pas tous les jours.
43:31 Allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y.
43:34 Allez, encore, encore, encore, encore, encore, encore.
43:37 Encore un peu.
43:39 Voilà, maintenez le plus longtemps possible.
43:43 On souffle tout.
43:49 Eh bien, elle en a des, cette enfant, hein ?
43:55 Alors, c'est ce qu'on vous a dit.
43:57 Quelle couleur ?
43:59 Ah, bah, je vous dis pas.
44:01 On va pas spoiler la fin alors que ça y est presque.
44:04 Plein d'air, hein ?
44:06 Allez-y.
44:08 Allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y.
44:12 Voilà, la petite douche. On s'en doutait.
44:19 On va mettre un choupinette. Hop.
44:22 Bon, c'est même pas la peine de pousser pour l'épaule.
44:24 Elle arrive.
44:26 On va dire à maman. Tendez les bras.
44:29 Allez, venez, venez, venez, venez, venez, venez.
44:32 Voilà. Bravo.
44:37 Midi et quart. Tournant.
44:43 Excusez-moi, je vais faire une...
44:46 Allô, chérie.
44:48 Voilà, respirez profondément. Elle est encore reliée au cordon.
44:51 Elle a pas encore tout à fait réalisé qu'elle était arrivée.
44:54 Bonjour, bébé.
44:57 T'as des cheveux.
44:59 Alors, t'ouvres les yeux. Maintenant, j'aurais bien envie que tu cries un bon coup.
45:03 Non, tu cries pas.
45:05 Je vais vous l'emprunter 2 minutes, juste pour aller l'aspirer.
45:08 Allez.
45:23 Ouais, c'est la date.
45:25 En même temps, je suis trempée.
45:28 T'as une couleur toute bleue, jeune fille.
45:31 L'eau, Kat.
45:33 Venez.
45:35 Non, je vais aller au bébé.
45:38 Parce qu'elle est un peu gloppe.
45:41 Allez, bébé.
45:44 Voilà. Faut pas que t'oublies de respirer entre-temps.
45:47 C'est juste ça, ton truc.
45:51 Je te laisse prendre le relais, Kat.
45:54 37 semaines et 1 jour. Un travail bien, apirétique.
45:59 Accouchement spontané, pas particulièrement long.
46:03 Mais beaucoup, beaucoup, beaucoup de liquide clair.
46:06 [Musique]
46:10 [Musique]
46:13 [Musique]
46:20 [Musique]
46:27 [Musique]
46:37 [Musique]
46:40 [Musique]
46:53 [Musique]
47:01 [Musique]
47:04 - Ça fait du bien. - Merci beaucoup.
47:11 - De rien, monsieur. Félicitations, aussi.
47:14 - De rien, monsieur. Félicitations, aussi. - Allez, au revoir.
47:17 De toute façon, moi, ce que j'ai fait, c'est l'aspirer, surtout.
47:20 Parce que je sentais, avec la main posée sur elle, que ça groulait de tous les côtés.
47:23 - Tout le monde aura vérifié de vous courir vite. - Bah ouais.
47:26 La dernière année, elle a été particulièrement difficile.
47:29 Au mois de septembre,
47:32 ça a pu trouver de sens dans ce que je faisais.
47:35 Je suis allée voir mon médecin parce que j'étais à plat
47:39 et que je pense qu'il fallait que j'aille en parler à quelqu'un.
47:44 Ce qui était surtout compliqué à ce moment-là,
47:49 c'est que... Alors, mes collègues m'ont rassurée en me disant que ça se voyait pas.
47:53 Mais en tout cas, moi, à l'intérieur de moi,
47:56 j'avais l'impression que toutes les patientes, elles étaient casse-pieds.
48:00 Il y avait toujours un truc qui m'agaçait pour une raison X ou Y.
48:04 Et je m'en voulais beaucoup parce que je me disais,
48:07 "Mais enfin, à quoi tu joues, Camille ?
48:10 "Finalement, cette patiente, elle est là, tu dois t'en occuper, y a même pas à discuter."
48:14 Donc j'en ai parlé avec mon médecin traitant,
48:17 et qui, au bout de quelques minutes, m'a dit, "De toute façon, c'est pas compliqué, je vous arrête."
48:21 En me parlant de plusieurs mois.
48:24 Donc là, je me suis mise à pleurer en lui disant, "Non, pas plusieurs mois, par pitié.
48:28 "Arrêtez-moi trois jours, et puis je vais me reposer."
48:31 Donc là, il m'a dit que c'était même pas, il m'a dit, "Mais trois jours, même pas en rêve.
48:35 "C'est 15 jours non négociables,
48:38 "parce que sinon, je vais être obligée de vous arrêter pendant plusieurs mois d'affilée."
48:43 Je me suis déjà posé la question quand j'étais pas bien d'arrêter.
48:46 Et en fait, déjà, je vois pas ce que je pourrais faire d'autre.
48:50 Et en plus, je me dis quand même que...
48:53 Je suis pas prête dans ma vie à me dire que je ferais plus jamais d'accouchement, par exemple.
48:57 Pour l'instant, je suis pas prête.
48:59 Je dis pas qu'il y a que ça, le boulot de sage-femme, c'est global,
49:02 et il y a plein de choses, mais... Voilà.
49:04 Psychologiquement, pour l'instant, je serais pas prête de me dire que je ferais plus n'être d'enfant,
49:08 que je n'aiderais plus à donner naissance.
49:10 - Je suis là, hein ? - D'accord.
49:14 Encore un peu !
49:16 Super, soufflez !
49:18 Je pense qu'on peut y retourner tout de suite.
49:22 C'est très bien, on maintient bien l'effort en bas.
49:25 Allez-y, on y va.
49:27 Oui, allez, fort et longtemps, c'est super, c'est bien fait.
49:30 Allez-y encore.
49:32 Ouais, génial ! Encore un peu !
49:34 Super !
49:35 Oui, c'est top, oui, super !
49:37 Soufflez, parfait.
49:39 - Top ! - Appuyez, poussez, c'est tout.
49:41 - On descend dessus. - Ne poussez plus.
49:44 Et dans l'axe, dans l'axe.
49:47 On tombe pas. On tombe pas.
49:49 - On tombe pas. - On tombe pas.
49:51 - Bonjour, madame. - Bonjour.
49:53 - Bravo, madame. - Oui, dégage.
49:55 C'est un bravo, hein.
49:57 Tu peux dévisser tes colonnes.
49:59 - Tu peux le calmer, là. - Oui.
50:01 Et en mettre à bord.
50:03 Je vais peut-être...
50:05 - Je vais le mettre ici. - Ça nous permet de traiter le corps.
50:08 - D'accord. - Et là, tu utilises tout.
50:10 - Oui. - C'est bon, là, je vais le sortir.
50:13 Allez, on y va.
50:16 Ça y est, toute la famille qui appelle.
50:18 - Hein ? - Ça commence.
50:20 Allez, on y va, les gars.
50:22 Tu comprends, toi. Toi, tu comprends, toi.
50:27 Allez, mouche.
50:31 Oh, ça, c'est pas sympa, Déborah.
50:34 Oh, non, ça, c'est pas sympa.
50:36 C'est tout, c'est tout, c'est tout.
50:39 Ne t'embête pas plus.
50:41 C'est parfait.
50:48 - Qu'est-ce qu'il fait, là ? - Un petit maïmo.
50:51 Que la force soit avec vous.
50:55 Bonne garde.
51:15 Le soleil vient de se lever.
51:18 Le soleil vient de se lever.
51:20 Sous-titrage ST' 501
51:22 ...

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