Marine Baousson teste... être une femme humoriste un 8 mars
Retrouvez Fraîcheur Marine par Marine Baousson sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-marine-baousson
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00:00 C'est l'heure de fraîcheur marine, jusqu'ici tout va bien !
00:02 Aujourd'hui pour l'émission, j'ai testé pour vous, être une femme humoriste à 8 mars.
00:12 Alors moi j'ai commencé l'humour à une autre époque, vu certaines de mes blagues
00:17 et le nombre de jeux de mots que je fais dans mes chroniques, vous aviez peut-être l'info.
00:21 Mais c'était en 2008, longtemps avant le MeToo stand-up, à l'époque où on disait
00:25 les mots « comique » ou « humoriste » pour parler de nos métiers, mais pas encore « stand-uper
00:29 » ou « agresseur sexuel ». Moi comme dit Fanny Ardant, j'ai mangé la pasta comme
00:34 plein de mecs pas très clair-clair et qui ne cassent pas que le quatrième mur.
00:37 A l'époque le Paname, le resto-comédie-club mythique que l'on peut voir sur France 2,
00:41 débutait.
00:42 Aujourd'hui, il y a 12 spectacles qui se jouent là-bas en une journée.
00:44 Les humoristes qui débutent doivent faire parfois des passages de 3 minutes devant
00:48 des salles blindées.
00:49 Nous, en 2009, c'était pas la même mayonnaise, c'était la Dolce Vita, on jouait 12 minutes
00:54 chacun, il y avait deux blagues, quatre personnes dans le public, on était payé au chapeau,
00:58 on nous offrait un repas complet avec boisson à chaque fois, c'était royal.
01:00 On ne vivait pas de nos métiers, mais on s'amusait bien.
01:03 Ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui, c'est vrai, la très forte stand-upuse Tania
01:07 Dutelle que vous entendez régulièrement dans Zoom Zoom Zen faisait de l'absurde
01:10 à l'époque.
01:11 Nora Hamzaoui partageait ma loge dans une salle de 50 places à la comédie des 3 bornes.
01:14 Et puis Sophia Aram, elle était déjà sur France Inter.
01:18 Donc ça fait longtemps que je fais ce métier, en tout cas j'en vis depuis 12 ans.
01:21 Ça veut dire qu'en 12 ans, j'en ai entendu des phrases qui à l'époque me semblaient
01:25 totalement banales mais qui maintenant me semblent choquantes.
01:27 Par exemple, « Coucou, non, tu ne peux pas jouer cette semaine, j'ai plus de place
01:31 pour une fille dans la prog avant deux mois.
01:32 Ah non, attends, la semaine prochaine, la fille qui devait venir a annulé, donc tu
01:35 peux venir si tu veux.
01:36 Ah bah oui, LA fille que tu programmes, la seule pour contrebalancer avec les 9 hommes
01:41 qui jouaient chaque soir.
01:42 On m'a aussi dit, je ne te programme pas dans mon théâtre parce que j'ai déjà
01:45 une femme.
01:46 Ah bon ? Mais il y a plusieurs spectacles par soir de la semaine quand même.
01:48 Non, j'aimerais bien programmer des femmes, mais il n'y a pas de femmes dans l'humour.
01:51 Je peux vraiment te faire une liste, on est plein.
01:53 Non, mais il n'y en a pas des bonnes.
01:54 Si, si, je te jure.
01:55 On m'a aussi dit, c'est fou, vous les femmes, vous parlez tout le temps de vos mecs sur scène.
01:59 Oui, mais moi je suis lesbienne, donc ça ne marche pas ce que tu dis.
02:02 Oui, mais enfin, tu vois ce que je veux dire.
02:04 Oui, je vois très bien.
02:05 Non, on m'a aussi dit, ça avait l'air hyper bien ton passage ce soir, mais je n'ai pas
02:08 pu l'écouter parce que ta chemise était trop moche.
02:10 Tu sais quoi ? Si tu veux continuer dans ce métier, brûle ta chemise.
02:13 Je ne l'ai pas brûlée, mais je l'avoue, je ne l'ai pas remise.
02:15 Et puis maintenant, je fais de la radio.
02:16 En 2009, on avait besoin de scènes qui ne programmaient que des femmes, pour qu'on nous
02:20 voit, pour qu'on existe.
02:21 Et moi, à chaque fois, j'étais dedans.
02:22 Plus drôle les filles, j'y étais.
02:24 Queens of Comedy, j'y étais.
02:25 Sois belle et tais-toi pas, j'y étais.
02:27 Et surtout, il y avait les plateaux du 8 mars.
02:29 Ah ben moi, depuis que j'ai commencé ma carrière, le 8 mars, il est bouffé.
02:32 Je le sais, d'une année sur l'autre, je vais jouer, quoi qu'il arrive, et ce sera
02:36 ma date jackpot la mieux payée de l'année.
02:38 Le 8 mars, c'est notre salon de l'agriculture à nous.
02:41 Le monde de l'humour sort ses plus belles vaches et on les expose.
02:44 On les fait concourir parfois même.
02:45 Être une femme humoriste et ne pas jouer le 8 mars, c'est comme être un feu d'artifice
02:49 et pas avoir été booké pour le 14 juillet.
02:50 C'est la grosse loose.
02:51 Sauf que depuis le début de ma carrière, il y a un truc qui a changé, c'est que j'ai
02:54 eu Instagram et que j'ai découvert le féminisme.
02:56 Alors j'ai compris que c'est super de mettre des femmes à l'honneur le 8 mars,
02:59 mais que ce sera encore plus militant de nous programmer autant que les hommes les autres
03:03 jours.
03:04 Et puis aussi, grâce à Instagram, j'ai compris que parfois c'est mieux quand je
03:06 mets le filtre.
03:07 Alors je ne dis pas que ce n'est pas bien les soirées d'humour où il n'y a que
03:09 des femmes.
03:10 J'en fais encore et j'en ai programmé aussi.
03:12 Mais je n'ai pas programmé dedans les femmes parce que c'était des femmes.
03:16 Je les ai programmées parce qu'elles étaient bonnes.
03:18 Voilà.
03:19 Pas que le 8 mars, tous les autres jours de l'année aussi.
03:20 Enfin, elles étaient bonnes.
03:21 Pour des femmes.
03:22 Mais tu joues ce soir Marina ! Oui je joue, c'est à Monto.
03:26 Il reste quelques billets mais pas beaucoup.
03:27 Tu vas faire rentrer de la caisse ? Énormément.
03:29 Je refais toute ma trésore.
03:30 Je suis sur cette date.
03:31 Et grâce à toute cette thune du 8 mars, Marina aura bientôt son propre boudoir.
03:36 On retrouve tous les jours, fraîcheur Marina en podcast sur France Inter ce soir à Monto
03:40 et en spectacle en tournée au Grand Point Virgule à Paris.
03:43 C'est tous les jeudis.
03:44 C'est à 21h.
03:45 *Bruit de bébé qui pleure*