MC Solaar est de retour. Sept ans après "Géopoétique", le cador du rap français revient dans un projet hip-hop triptyque, dont le premier volume est baptisé "Lueurs Célestes". En sept titres, il renoue avec ses fondations et prolonge son style dans le troisième millénaire. Pour l'occasion, "l'Obs" dégaine une interview 100 % rap où il est question de Run DMC, IAM, Grandmaster Flash, Kid Creole and the Coconuts et même... La Fouine.
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00:00 Oh là là, je sais pas, il me vient pas, il me vient pas, il me vient pas à l'esprit là.
00:04 La première grosse claque hip-hop, je crois que ça a été "The Message" de Grandmaster Flash.
00:20 Ça grouvait bien, il y avait une belle histoire, j'arrivais à comprendre quelques mots.
00:29 C'était une description de leur quartier avec leurs espoirs et les malheurs qu'il y avait dans le New York dans ces années-là.
00:36 Je faisais pas de musique, mais c'était la première fois que j'entendais des gens parler sur de la musique.
00:41 C'était radicalement différent de tout ce que j'avais pu écouter auparavant dans la variété française, ou américaine, ou anglaise.
00:49 Je me suis rendu compte que chaque fois que quelqu'un me parlait, que ce soit du reggae avec Musica Liouf,
00:58 ou bien que ce soit Kid Krayol & The Coconut.
01:01 Zut, c'est une autre façon de parler, j'ai toujours aimé ça.
01:07 Quelques années plus tard, on s'est rendu compte que c'était très proche du hip-hop et du rap.
01:12 Oh là là, mais je sais pas, moi j'ai toujours été fasciné par une phrase d'un rappeur qui s'appelle Lafouine.
01:18 "On a des lingots d'or, ils ont du poisson pané".
01:24 Je sais pas pourquoi, quand j'ai entendu ça, j'ai éclaté de rire et je trouve ça super lumineux.
01:29 Elle fait partie des très bonnes.
01:31 Alors, je ne sais pas qui a fait ce sample, mais c'est certainement un morceau de MC Shaidi.
01:37 Le sample faisait...
01:39 Ça crée un univers immédiatement.
01:50 On travaille moins avec des samples aujourd'hui, mais tout sample est cool. Pourquoi ?
01:54 Parce qu'il tourne en boucle.
01:56 Et il te force à faire une autre musique avec tes mots à l'intérieur d'une boucle.
02:01 C'est comme un rail de train.
02:03 Et puis toi, tu dois faire des cadences, des accélérations, des choses.
02:07 Le sample, c'est génial.
02:08 Pour Simon D, pour "Bouge de là",
02:13 moi j'avais rappé la première fois le "Bouge de là" avec un DJ qui avait mis un breakbeat américain,
02:18 qui s'appelait Dynastie à l'époque.
02:20 Et puis, quand je suis allé au studio, je l'ai enregistré sur autre chose.
02:23 Et puis, Jimmy J a dit qu'il fallait faire une musique.
02:26 Donc, il est arrivé avec un sample.
02:28 Il était parfait.
02:29 On rappait et on s'adaptait.
02:31 Donc, souvent, le texte pouvait aller là, là et là.
02:34 Et la puissance de Jimmy J, c'est d'avoir trouvé un sample qui m'a fait rapper différemment,
02:40 être un peu plus "talk over".
02:42 Maintenant, on ne s'adapte plus.
02:44 Avant, il y avait un seul sport et il fallait trouver différentes figures, double axel, axel.
02:49 Là, maintenant, chaque style est bien différencié.
02:52 C'est ça la différence.
02:53 Avant, on était un peu comme les gars qui faisaient des albums entiers de ragas
02:56 avec un seul stalag, un seul beat.
02:58 Et puis, il y a DMC qui arrive.
03:00 Et là, c'est la force du succès.
03:03 C'est qu'il y a plein de styles de rap différents et que chacun peut choisir sa discipline,
03:07 soit en hauteur, athlétisme, curling, que ce soit l'hiver ou l'été.
03:11 Le rap est moins politique.
03:14 Nous, quand on a commencé, il y avait l'apartheid.
03:16 Il y avait la dureté des années 80 aux États-Unis.
03:20 Il y avait dans le monde entier une sorte de libéralisme, de combat
03:24 qui faisait qu'il y avait les débuts de la pauvreté, les tucs, du chômage aux États-Unis.
03:29 Donc, ça se reflétait dans les paroles des rappeurs américains et français.
03:32 C'était aussi la suite des droits civiques américains.
03:34 Les gens reprenaient la parole pour dire que ça ne va pas dans le Bronx.
03:38 Les gens se tirent dessus et puis plein de choses.
03:40 Et aujourd'hui, pour un rappeur, il ne peut pas refaire le message qu'a fait IAM,
03:44 qu'a fait Assassin, qu'a fait X et qu'a fait Y.
03:46 Ce serait une répétition.
03:48 Je ne vois pas quelqu'un refaire les tam-tams de l'Afrique.
03:51 La musique devient plus récréative et ce n'est pas un mal.
04:00 Parce que quand on écoutait Public Enemy, On The MC
04:04 ou bien les groupes de Los Angeles, Ice Cube et tout ça,
04:07 on aimait aussi danser.
04:10 Donc, c'est très bien. C'est juste une évolution.