La journaliste et romancière Madeleine Chapsal est morte la nuit du 11 au 12 mars dernier. Notre journaliste culture Candice Mahout revient sur les moments forts de la carrière de l'écrivaine.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Journaliste et romancière, elle a publié plus d'une centaine de livres, elle était très populaire.
00:03 Son nom restera aussi associé à l'Express. Candice Mahout, elle avait quand même 98 ans.
00:08 Oui, une très belle vie. Une très belle vie, j'ai à le nez de beaucoup de livres.
00:12 C'est ce que vous avez dit effectivement, Roselyne, c'est vrai.
00:14 Et cette chevelure qui faisait que voilà, elle était reconnaissable.
00:19 Entre mille, immédiatement, longue vie que la sienne, donc, s'entrait autour de l'amour.
00:24 Vraiment, c'était la romancière et journaliste, on va y venir, mais de l'amour.
00:28 Elle a vécu intensément ses amours qu'elle a décrit dans tous ses livres.
00:32 Elle a décrit ses passions comme ses tourments aussi.
00:35 Une centaine de livres, parfois six par an quand même, notamment en 97, qui est quand même, c'est quand même pas mal.
00:42 On lui doit La maison de Jade, 700 000 exemplaires vendus de la maison de Jade.
00:47 Mère et fille, Le foulard bleu, L'inoublié jusqu'à son dernier roman, Brume légère sur notre amour aux éditions Fayard,
00:54 qui a été son dernier éditeur, donc les éditions Fayard, qui disent leur tristesse aujourd'hui et leur fierté d'avoir eu l'honneur de la publier.
01:02 Son talent littéraire exceptionnel a captivé et inspiré des générations de lecteurs, écrivent les éditions Fayard.
01:10 Madeleine Chapsal, elle disait j'écris tous les matins, c'est ce qu'elle expliquait.
01:13 Je ne construis rien, ça me vient la nuit en fait.
01:15 Je suis écrite, disait-elle en admettant avec humour qu'elle écrivait un roman à chaque fois qu'il lui arrivait quelque chose.
01:23 Elle se décrivait elle-même comme une indéfectible amoureuse, donc il lui arrivait beaucoup d'histoires.
01:27 Beaucoup d'histoires, dont une principale et extrêmement belle avec Jean-Jacques Servan-Schreber,
01:33 qui l'a beaucoup marqué, dont elle a écrit d'ailleurs "L'homme de ma vie" sur cette histoire, qui a débuté vraiment, elle était à peine majeure.
01:40 Elle décrit ce garçon solaire qu'elle épousera très, très vite, au côté duquel donc elle va lancer l'Express.
01:46 En tout cas, elle sera là, elle va y travailler même après leur divorce.
01:49 Elle a une critique littéraire très suivie, elle l'a rencontré les plus grands, Giono, Miller, Lévi-Strauss.
01:55 Et c'est quand elle est évincée du magazine justement qu'elle devient, qu'elle s'impose comme cette romancière des passions.
02:03 Je crois, on a dit que j'étais l'écrivaine de l'amour, de la passion.
02:10 Et je pense que c'est ce qui m'intéresse le plus, parce qu'aller vers les autres, forcément c'est avec de l'amour.
02:15 Et puis alors qu'est-ce qu'on rencontre comme choc, comme obstacle, comme désespoir ?
02:22 Ah oui, des désespoirs et des espoirs que les lecteurs connaissaient eux-mêmes.
02:27 Les gens me disent que j'écris ce qu'ils ressentent et que je leur donne les mots qu'ils n'ont pas trouvé.
02:32 Voilà, c'était exactement ça.
02:34 Elle avait le sentiment même d'être un écrivain public finalement, en disant que c'est vrai, son style était quand même clair et facile.
02:42 Alors elle s'était même remariée, on parlait d'amour, en 2019, elle avait 93 ans avec son optométriste.
02:50 Elle l'avait rencontrée en allant refaire ses lunettes. J'adore l'idée.
02:53 Elle était souvent là où on ne l'attendait pas.
02:55 Oui, c'est vrai, parfois, même avant tout le monde, elle a écrit sur le sida, elle a écrit sur la maladie d'Alzheimer,
02:59 elle a écrit aussi sur la chirurgie esthétique qu'elle défendait.
03:02 Elle dit "J'aime briser des tabous, mais je le fais avec une forme de féminité et de douceur".
03:07 Puis dans sa vie privée aussi, elle pouvait être surprenante.
03:10 Pour l'époque, elle était restée très amie avec Françoise Giroux, qui avait quand même brisé son ménage avec Jean-Jacques Servan-Schreiber.
03:16 Elle s'avait pardonné.
03:18 Elle avait ses rébellions aussi, jurée du prix Fémina à partir de 1981.
03:22 Elle s'était sabotée elle-même finalement, elle s'était fait exclure de ce jury parce qu'elle avait dénoncé les copinages du milieu littéraire
03:29 et les connivences qui, on va dire, truquaient un peu les délibérations.
03:33 Donc elle s'en était fait exclure en 2006. Et qu'est-ce qu'elle en avait fait ?
03:37 -Un livre, évidemment. -L'exclusion.