interview Frederique Carlier

  • il y a 7 mois

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Transcription
00:00 Ici, c'est le 6/9, France Bleu Mail.
00:05 Il est 8h moins le quart, ce vendredi 15 mars, Yann Lastenette, le bio sort la tête de l'eau.
00:09 Oui, le secteur traverse une période difficile depuis la sortie de la crise sanitaire,
00:14 mais les ventes de bio repartent en ce début d'année.
00:17 Bonjour Frédéric Carlier.
00:18 Bonjour.
00:19 Vous êtes directrice de Biocop le fenouil qui possède 6 magasins en Sarthe.
00:23 Expliquez-nous d'abord pourquoi le bio traverse une période difficile,
00:27 voire très difficile selon le directeur de Biocop depuis quelques mois.
00:30 Ça a été une période effectivement très compliquée, très compliquée pour le marché.
00:35 Je pense que la crise est multifactorielle.
00:38 Elle vient avant tout des problématiques de prix, d'inflation, des problématiques de pouvoir d'achat.
00:44 On est en sortie de Covid, une inflation grandissante,
00:48 donc c'est vrai que le bio n'a pas été la priorité des Français.
00:51 Elle est aussi, je pense, liée à une confusion sur tous les labels,
00:56 où finalement on ne sait plus très bien entre bio, HVE, zéro résidu de pesticides.
01:02 Le consommateur est un peu perdu.
01:04 Donc on a eu une crise peut-être un peu aussi conjoncturelle,
01:09 avec une embellie énorme pendant le Covid,
01:12 une redescente assez brutale ensuite,
01:15 et puis finalement deux années un peu compliquées.
01:18 Comment ça s'est traduit chez vous sur vos chiffres ?
01:21 Ça s'est traduit par une baisse de chiffre d'affaires, clairement importante.
01:25 On a fait -8% l'année dernière, l'année précédente, pardon, l'année dernière on finit à zéro.
01:31 Donc effectivement des ralentissements de chiffre d'affaires,
01:34 peut-être moins de nouveaux clients.
01:36 Nos clients fidèles nous ont suivis, ça il n'y a pas de souci,
01:39 ils sont restés, ils ont peut-être acheté un petit peu moins,
01:41 mais en revanche moins de recrutements, moins de nouveaux clients
01:44 qui ont désaffecté le marché de la bio momentanément, on l'espère.
01:49 Le FONU a choisi de maintenir le cap
01:52 de maintenir justement sa stratégie de produits bio,
01:56 ce qui n'a pas été le cas de certains de vos concurrents
01:58 qui sont diversifiés pour enflouer aussi un petit peu la trésorerie.
02:02 C'était important justement de rester droit dans ses bottes ?
02:05 Clairement, c'est exactement ce qu'on a fait depuis 40 ans.
02:09 Le modèle il est résilient, il est volontariste.
02:14 On cherche vraiment à développer une bio de proximité,
02:18 une bio locale, une bio paysanne,
02:20 et c'est exactement la raison pour laquelle la stratégie a été complètement maintenue.
02:25 Aucun changement, et le fait que les clients ne soient pas perdus,
02:30 ne nous voient pas changer, fait qu'on a conservé ce volant de clientèle fidèle.
02:35 Notre invité ce matin sur France Blumen est France 3,
02:37 et Frédéric Carlier, directrice BioCop, le fenouille.
02:39 Vous employez 85 personnes sur la Sarthe,
02:42 dans les 6 magasins, 29 000 clients coopérateurs.
02:47 C'est quoi d'abord des clients coopérateurs ?
02:49 C'est un modèle un peu spécial, on est une coopérative de consommateurs.
02:53 Donc on n'a pas d'actionnaire, si ce n'est nos 29 000 coopérateurs.
02:57 Ils prennent une part sociale de 24 euros, une fois dans leur vie,
03:01 peuvent se faire rembourser quand ils le souhaitent,
03:03 et ils sont clients, donc un petit peu propriétaires quand même, de l'entreprise.
03:07 Donc ils ont un pouvoir de décision ?
03:09 Ils ont un pouvoir de décision, ils viennent à l'AG s'ils le veulent,
03:12 ils peuvent prendre partie sur les décisions,
03:17 ils ont une remise en magasin, et ils sont partie prenante de l'entreprise.
03:21 Vous travaillez avec une centaine de producteurs locaux,
03:24 comment se portent-ils ces producteurs ?
03:26 Ça a été compliqué aussi la sortie de la crise sanitaire ?
03:29 Oui, clairement pour tout le monde,
03:31 de toute façon la crise du modèle agricole, elle est là.
03:34 Elle est également là sur la bio,
03:37 qui a été quand même un peu moins soutenue aussi, on va le dire.
03:40 C'est des producteurs locaux qui sont fidèles,
03:42 on travaille avec 120, on est tout le temps avec eux,
03:44 donc on les a soutenus.
03:47 De quelle façon ?
03:48 Par les volumes avant tout, en achetant.
03:51 Alors c'est sûr que quand le marché baisse, on achète moins,
03:54 mais on a gardé cette fidélité aux producteurs historiques,
03:57 donc on a conservé les volumes, on les a soutenus au quotidien,
04:01 et c'est vrai que le fait de les avoir avec nous,
04:06 fait aussi que ce modèle est le plus résilient possible.
04:10 Certains ont mis la clé sous la porte ?
04:12 Non, on a eu quelques difficultés pour certains,
04:15 qu'on a soutenus en trésorerie momentanément,
04:18 mais non, on n'a pas eu de difficultés,
04:20 ni de déconversion pour l'instant.
04:22 Vous parliez de l'inflation, qui a éloigné une partie de votre clientèle,
04:26 pas celle fidèle, on l'a bien compris.
04:28 L'inflation qui, paradoxalement, peut être un petit peu votre allié aussi,
04:31 parce qu'on parle des prix plus chers du bio,
04:34 puisqu'ils coûtent plus cher à produire.
04:37 Avec l'inflation, finalement, il y a un rééquilibrage ?
04:40 Oui, ça s'est resserré, clairement.
04:42 L'inflation dans les magasins spécialisés,
04:44 elle a été de 4%, à peu près 4,5% l'année dernière,
04:47 elle est de 12% dans les grandes surfaces alimentaires.
04:49 On a des produits plus locaux, on a des produits sans intrants,
04:53 donc forcément moins de spéculation aussi,
04:56 moins d'inflation pure.
04:58 On a contenu les prix, nous, clairement,
05:00 au Feu Nouille, on a encore relancé 100 produits engagés récemment,
05:04 ce qui fait qu'avec une réduction, une compression de marge,
05:07 on est beaucoup plus accessible.
05:09 Ce qui fait que, notamment sur des rayons fruits et légumes,
05:12 on a plein de clients en ce moment qui nous disent qu'on est vraiment bien placé.
05:15 Donc, consommer bio, ce n'est pas forcément consommer beaucoup plus cher ?
05:18 Non, ça dépend en plus de ce que vous achetez.
05:20 Si vous achetez en vrac, en global, 30% moins cher que de l'emballé,
05:24 si vous achetez des produits bruts, si vous cuisinez un tout petit peu,
05:27 ce n'est pas plus cher.

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