"Ligne Rouge : Poutine, l'Homme le Plus Protégé du Monde" (2023) - Documentaire
Synopsis:
Ce documentaire explore les mesures de sécurité extraordinaires mises en place pour protéger le président russe Vladimir Poutine. Il examine le rôle de sa garde prétorienne, de ses technologies de pointe et de ses techniques de leurre pour le garder en sécurité.
Informations clés:
Réalisateur: Luc Hermann
Année de diffusion: 2023
Durée: 52 minutes
Chaîne de diffusion: France 5
Points forts du documentaire:
Accès exclusif à des experts en sécurité et à des anciens membres du KGB
Images rares des coulisses de la sécurité de Poutine
Analyse approfondie des risques et des défis auxquels Poutine est confronté
Synopsis:
Ce documentaire explore les mesures de sécurité extraordinaires mises en place pour protéger le président russe Vladimir Poutine. Il examine le rôle de sa garde prétorienne, de ses technologies de pointe et de ses techniques de leurre pour le garder en sécurité.
Informations clés:
Réalisateur: Luc Hermann
Année de diffusion: 2023
Durée: 52 minutes
Chaîne de diffusion: France 5
Points forts du documentaire:
Accès exclusif à des experts en sécurité et à des anciens membres du KGB
Images rares des coulisses de la sécurité de Poutine
Analyse approfondie des risques et des défis auxquels Poutine est confronté
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TVTranscription
00:00 C'est une rencontre officielle entre deux des chefs d'État les plus protégés au monde,
00:08 le Russe Vladimir Poutine et le Nord-Coréen Kim Jong-un.
00:12 « Bonjour, ravi de vous voir.
00:15 Merci de nous avoir invités et de nous recevoir.
00:19 »
00:20 Deux dirigeants qui ont fait de leur protection personnelle une obsession.
00:24 Au programme ce jour-là, la visite du cosmodrome Vastoshny, situé en Sibérie.
00:31 « Nous avons construit un aéroport à côté avec une piste.
00:36 Elle mesure combien ? 3200 mètres.
00:40 3200 mètres, c'est pour tous les avions.
00:42 »
00:43 Une visite qui va soudain connaître une légère entorse au protocole.
00:46 Le président russe décide de présenter au dictateur nord-coréen sa voiture personnelle,
00:53 le véhicule idéal selon lui pour tout dirigeant soucieux de sa sécurité.
00:57 « Il y a maintenant un arrêt totalement imprévu.
01:01 Vladimir Poutine montre à Kim Jong-un sa voiture de marque Horus.
01:05 Nous sommes en train de voir que Kim Jong-un vient de s'asseoir dans la voiture.
01:10 Vladimir Poutine est à côté.
01:11 Cela fait déjà pas mal de temps, au moins 4 ou 5 minutes, que Vladimir Poutine et Kim
01:17 Jong-un se trouvent dans cette Horus.
01:20 C'est notre véhicule, on l'a baptisé Horus.
01:24 On vient de commencer à la produire en Russie.
01:26 Ça, c'est la version rallongée et ça, c'est la version limousine.
01:32 »
01:33 Dans sa version présidentielle, tout dans ce véhicule a été pensé pour assurer
01:39 une sécurité maximale au maître du Kremlin.
01:42 « L'Horus ne sert pas qu'à protéger le président.
01:48 C'est aussi un poste de commandement mobile bardé d'équipements de communication.
01:55 Elle peut passer en mode totalement hermétique, de façon à ce qu'aucun gaz ne puisse pénétrer
02:03 dans l'habitacle.
02:04 Elle est bien sûr totalement blindée pour résister à des tirs d'armes de guerre à
02:10 bout portant.
02:12 L'idée est que cette voiture soit une forteresse sur roue pour le président.
02:16 »
02:17 Une forteresse dont il fait la promotion à chaque dirigeant qu'il rencontre, comme
02:22 l'Égyptien Al-Sisi ou le président ouzbek Mirzy Yoyev.
02:27 D'où vient cette préoccupation sécuritaire ? Vladimir Poutine craint-il pour sa vie ?
02:33 Qui sont les hommes chargés de sa protection ?
02:35 Comment veillent-ils sur l'un des dirigeants les plus puissants au monde ?
02:48 Notre enquête commence à Vilnius, en Lituanie, où de nombreux opposants russes ont trouvé
03:01 refuge.
03:02 Comme Vladimir Milov, qui fut vice-ministre de l'Industrie dans le premier gouvernement
03:07 de Vladimir Poutine en 2002.
03:10 Il a alors pu observer le fonctionnement de l'unité d'élite chargée de la sécurité
03:15 du maître d'Ukrainien.
03:18 « Il a une sorte de garde prétorienne, le service fédéral de protection, appelé FSO.
03:26 Il est composé d'environ 50 000 agents.
03:29 C'est une armée.
03:30 Sa seule tâche est de protéger Poutine.
03:33 Ils sont très bien payés, entraînés et équipés.
03:42 Et ils ne sont là que pour une chose, quoi qu'il arrive, même en cas de guerre nucléaire,
03:48 protéger cette personne.
03:50 »
03:51 Ilia Rostestensky vit lui aussi en exil à Vilnius.
03:57 Menacé, ce journaliste d'investigation a dû fuir son pays en 2021.
04:02 Il enquête depuis de nombreuses années sur le FSO qui protège Vladimir Poutine.
04:07 « Le seul but de ce service est de fournir à Poutine tout ce dont il a besoin.
04:13 Ils sont responsables de sa sécurité lors des voyages officiels, mais aussi privés.
04:19 Ils s'assurent que Poutine mange bien, que Poutine dorme bien, que Poutine soit en sécurité.
04:25 Certains sont chargés des communications secrètes, d'autres des achats de nourriture
04:31 ou de ses voitures.
04:32 Si quelqu'un essaie de le tuer, ils seront les premiers à intervenir.
04:36 »
04:37 Dans le cadre de ses investigations, ce journaliste a réussi un scoop.
04:43 Il a interviewé cet homme, Gleb Karakulov, un agent du FSO qui a déserté.
04:51 Un témoignage rare sur la sécurité au cœur du pouvoir.
04:55 Durant sa carrière, il a effectué 180 missions à l'étranger, pendant lesquelles il était
05:01 chargé de la sécurité des communications de Vladimir Poutine.
05:05 En 2022, il décide de fuir avec sa famille.
05:09 L'interview se fait à distance, alors que l'ex-agent du FSO se trouve dans un lieu
05:18 tenu secret en Turquie.
05:20 « Quand avez-vous décidé de quitter votre emploi ? »
05:23 « En février 2022, une guerre criminelle a commencé.
05:29 Et j'ai décidé de ne pas me voiler la face.
05:33 Je ne pouvais pas rester au service de ce président, que je considère comme un criminel
05:39 de guerre.
05:40 »
05:41 L'ex-agent du FSO a observé ces dernières années des changements d'attitude chez
05:47 le chef du Kremlin.
05:48 « Depuis deux ans, il passe la plupart de son temps dans ses résidences, que les médias
05:57 appellent des bunkers.
05:58 Il n'utilise ni Internet, ni téléphone portable.
06:03 Il a maladivement peur qu'on intente à sa vie.
06:08 Lors d'un voyage au Kazakhstan, alors que d'habitude on installe le système de communication
06:16 dans le bureau de l'ambassadeur, cette fois-ci on a dû l'installer dans l'abri anti-bombe
06:20 de l'ambassade russe.
06:21 C'est une forme de paranoïa, car vous êtes sur le territoire d'un pays étranger qui
06:28 assure votre sécurité et votre ambassade est elle-même protégée.
06:32 »
06:33 Vladimir Poutine a-t-il peur qu'il y ait un attentat contre lui lors de ses voyages
06:40 à l'étranger pour qu'il ait besoin de se réfugier dans un bunker pour communiquer ?
06:44 « À quoi servirait cet abri sinon ? C'est exactement ça.
06:48 Il a peur.
06:51 »
06:52 Formé à l'école du KGB, Vladimir Poutine sait que la discrétion est parfois la meilleure
06:56 des protections.
06:57 Pour ses réunions de travail, il a ainsi recours à un stratagème particulièrement efficace.
07:05 « On a découvert que Poutine a décidé d'avoir les mêmes bureaux dans toutes ses
07:11 résidences.
07:12 Ils sont totalement identiques.
07:14 Vous ne verrez pas la différence.
07:17 Parfois, je savais qu'il était à Sochi, sur les bords de la mer Noire.
07:21 Et à la télévision, les infos montraient qu'il tenait une réunion à Novo Gariovo,
07:26 près de Moscou.
07:27 Donc je demandais à un collègue qui se trouvait à Sochi « Il est déjà parti le président
07:32 ? » Et il me disait « Non, il est encore là ».
07:35 Le seul but de cela, c'est de s'assurer que lors de ces réunions de travail qui sont
07:46 filmées, personne ne sache où cela se passe.
07:50 J'ai vécu pendant 20 ans en Union soviétique et je ne me souviens pas d'une telle paranoïa
07:56 parmi les ex-leaders soviétiques.
07:57 »
07:58 Brouiller les pistes, pour dissimuler son agenda, quitte à alimenter les rumeurs les
08:04 plus folles, comme celle d'avoir recours à un sosie.
08:06 Une pratique qui a certes existé à l'époque soviétique.
08:12 Staline avait ainsi une doublure quasi officielle, qui le représentait lors de certains défilés
08:19 ou apparitions publiques.
08:20 S'agissant de Vladimir Poutine, les rumeurs ont pris une telle ampleur que le porte-parole
08:27 du Kremlin, Dmitri Peskov, est intervenu pour les démentir.
08:31 « Vous avez certainement entendu dire que Poutine a plusieurs sosies qui travaillent
08:37 à sa place, tandis que lui serait dans un bunker.
08:40 Ça c'est encore un mensonge.
08:43 Vous voyez bien quel président nous avons.
08:45 Il est, comme il a toujours été, super actif.
08:49 »
08:50 Mais à défaut de parfaits sosies, le service de sécurité de Vladimir Poutine fait appel
08:56 à des doublures pour multiplier les fausses pistes quand il voyage.
08:59 « Si Poutine veut faire croire qu'il va quelque part en avion, son service de sécurité
09:08 prépare l'avion à l'aéroport.
09:09 C'est un des avions présidentiels.
09:11 Puis il prépare plusieurs voitures.
09:17 Et dans l'une d'entre elles, ils font monter quelqu'un qui ressemble à Vladimir Poutine,
09:21 du moins de loin.
09:22 Il s'assure qu'il embarque dans l'avion.
09:25 Donc on a l'impression que Poutine est monté à bord, puis l'avion décolle pour une destination.
09:35 Mais en fait, Vladimir Poutine n'a pas bougé.
09:38 Il peut ensuite s'envoler à loisir pour une autre destination.
09:42 »
09:43 Des véhicules leurres, un stratagème aussi appliqué s'agissant des convois motorisés
09:50 du président russe.
09:51 Pascal Bito Panelli est un ancien commandant du service de protection des hautes personnalités.
09:57 Il a assuré la sécurité des présidents Sarkozy puis Hollande.
10:02 Il a aussi travaillé de concert avec les hommes chargés de la protection de Vladimir
10:07 Poutine lors de ses déplacements en France.
10:11 Il nous décrypte l'organisation type d'un cortège présidentiel.
10:15 « Une voiture de pilotage assez classique.
10:18 Derrière le Horus Arsenal, qui est un véhicule technique qui transporte des gardes du corps
10:24 lourdement armés.
10:25 »
10:26 On voit qu'il y a des choses sur le toit.
10:28 Qu'est-ce que c'est ?
10:29 « Ça, c'est de la transmission et du brouillage.
10:32 On brouille toujours autour des cortèges de Vladimir Poutine, bien sûr pour les transmissions,
10:37 pour l'explosif, éventuellement maintenant aujourd'hui aussi pour les drones.
10:40 »
10:41 Et ça, c'est un véhicule russe ? Ils viennent avec ?
10:43 « Affirmatif.
10:44 Comme le président Biden, sur les véhicules très techniques et confidentiels, on emmène
10:49 son matériel.
10:50 On ne travaille pas avec le matériel du pays.
10:54 »
10:55 Seule une poignée de chefs d'État se déplacent ainsi, avec leurs propres véhicules, qui
11:00 sont aussi rigoureusement identiques par souci de sécurité.
11:03 « Une limousine Horus, qui peut contenir le président ? On ne le sait pas parce qu'on
11:13 pratique avec le président Poutine la politique du leurre.
11:16 On double.
11:17 Et on a derrière une deuxième limousine qui est encadrée par des véhicules de sécurité.
11:23 Ça, c'est pour remonter encore le niveau de sécurité.
11:26 On voit même sur certains déplacements non pas deux, mais trois limousines similaires.
11:32 Donc, en cas d'attaque, quel est le véhicule dans lequel se trouve le président ? Et sur
11:37 certains déplacements plus sensibles, il arrive qu'il y ait même plusieurs cortèges
11:43 qui ont des itinéraires différents.
11:45 »
11:46 Toujours plus soucieux de sa protection, pour ses longs déplacements en Russie, Vladimir
11:52 Poutine a aussi adapté ses modes de transport.
11:54 Il aurait délaissé l'avion, pour privilégier le train jugé plus sûr.
11:59 « Le plus étonnant, c'est qu'on constate qu'il a commencé à utiliser le train de
12:05 façon très fréquente, juste avant le début de la guerre en Ukraine.
12:09 Apparemment, il était un peu inquiet pour sa sécurité.
12:12 Il se demandait si les forces armées ukrainiennes n'allaient pas s'en prendre à son avion.
12:16 Or, c'est extrêmement difficile de tracer un train.
12:21 Il n'existe pas de site comme Flightradar qui permet de suivre les avions en temps réel.
12:25 »
12:26 Pour encore plus de discrétion, le train présidentiel ressemble à n'importe quel autre train
12:34 russe.
12:35 Même couleur, même apparence.
12:37 Seuls quelques détails trahissent l'identité de son hôte.
12:42 « Ce train a deux ou trois locomotives, ce qui est très rare.
12:48 D'habitude, en Russie, les trains n'en ont qu'une.
12:50 »
12:51 Autre différence, ces globes blancs situés sur son toit.
12:58 Ils abritent les antennes de transmission.
13:02 Pour pouvoir communiquer secrètement, comme la plupart des présidents, Vladimir Poutine
13:09 a à sa disposition un système de communication crypté.
13:12 Le train est également entièrement blindé pour résister à des tirs d'armes automatiques.
13:18 Une obsession sécuritaire qui n'empêche pas d'avoir un goût certain pour le luxe.
13:25 Tout semble avoir été conçu pour le confort du chef du Kremlin.
13:28 Une salle à manger avec ses boiseries.
13:31 Une salle de gym ultra moderne.
13:34 Un hamam.
13:37 Et plus étonnant encore, un cabinet de soins cosmétiques.
13:43 Dans un pays où le poison est l'une des armes favorites pour éliminer les opposants,
13:51 un autre domaine fait l'objet d'une surveillance toute particulière.
13:54 L'alimentation du maître du Kremlin.
13:57 "Poutine a plusieurs chefs et goûteurs attitrés du FSO.
14:04 Ils contrôlent la nourriture, les boissons.
14:07 S'ils soupçonnent quoi que ce soit, ils vérifient le goût, l'odeur, la couleur.
14:12 Les produits alimentaires que mange Poutine ne sont pas achetés dans un magasin.
14:19 Il y a des fermes spéciales où sont cultivées les fruits et les légumes.
14:24 On y élève des vaches, des moutons.
14:27 Tout cela est aussi sous le contrôle du FSO.
14:31 Poutine a très peur pour sa vie.
14:35 Il tremble de peur qu'on l'empoisonne, qu'on l'assassine.
14:38 C'est pour cela qu'il a ses gens à son service."
14:47 Même précaution lors de ses déplacements internationaux.
14:52 "Quand Poutine voyage à l'étranger, tout ce qu'il mange et boit a été apporté
14:58 sous scellé depuis la Russie.
15:00 Donc même quand on le voit à une réception diplomatique et qu'il porte un toast avec
15:04 un leader étranger, le champagne qui est dans son verre a été versé par les hommes
15:09 de sa sécurité depuis la bouteille qu'ils ont apporté avec eux."
15:13 Et un accessoire ne le quitte jamais.
15:16 Même lors des sommets internationaux, ce mug isotherme avec couvercle.
15:21 A la différence des autres chefs d'État, Vladimir Poutine ne touche presque jamais
15:28 les boissons mises à sa disposition par les organisateurs.
15:31 Il existe même, selon ce journaliste d'investigation russe en exil aux États-Unis, un protocole
15:37 de sécurité si Vladimir Poutine manipule un verre autre que son mug.
15:42 "Par exemple, si Poutine n'utilise pas son mug personnel mais un verre fourni par
15:50 l'organisation, les hommes chargés de le protéger vont nettoyer le verre après qu'il
15:54 est manipulé pour ne laisser aucune trace de son ADN.
15:58 Cela peut paraître très étrange comme attitude, mais pour la Russie d'aujourd'hui, c'est
16:05 normal."
16:06 L'ADN permet notamment de connaître les prédispositions d'une personne à certaines
16:11 maladies.
16:12 Vladimir Poutine a-t-il toujours vécu dans cette bulle sécuritaire ? Était-il plus
16:19 visible, plus accessible avant ?
16:21 Pour son ancien ministre, qu'il a connu lors de son premier mandat présidentiel,
16:27 au début des années 2000, le Poutine d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui des débuts.
16:34 "Il n'était pas entouré par autant de gardes du corps.
16:37 À la fin de son premier mandat présidentiel, il y a eu un concert de Paul McCartney sur
16:43 la place rouge.
16:44 Et on voit Poutine arriver du Kremlin avec seulement quelques gardes du corps.
16:54 Et il est très proche des gens qui le saluent.
16:57 Il avait une attitude très différente de celle d'aujourd'hui."
17:05 C'est en 2012 qu'une rupture se produit.
17:22 Vladimir Poutine est réélu président pour un troisième mandat.
17:28 Il est alors contesté dans la rue.
17:32 Son attitude va changer.
17:36 "Je crois que le point de bascule a été quand il est revenu au pouvoir en 2012, alors
17:43 qu'il y avait à l'époque des manifestations monstres contre ce retour.
17:46 Les printemps arabes en Libye, en Syrie et dans les autres pays ont également joué
17:54 un rôle important, avec des dictateurs qui ont été renversés ou menacés.
17:59 Donc à partir de 2012, sa préoccupation constante a été de renforcer sa sécurité
18:06 personnelle."
18:07 Un épisode aurait particulièrement marqué le président russe.
18:12 La mise à mort du dictateur libyen Muammar Gaddafi par son propre peuple.
18:17 Un lâchage filmé, en direct, sur des téléphones portables.
18:23 Jean-Maurice Ripert, ancien ambassadeur de France en Russie, a été témoin, lors d'un
18:32 tête-à-tête entre Vladimir Poutine et François Hollande, de l'effroi ressenti par le président
18:37 russe.
18:38 "Les yeux injectés de sang et perdant presque son contrôle, ce qui est extrêmement rare
18:43 pour Vladimir Poutine, il a commencé à crier.
18:47 Est-ce que vous avez vu ces images du colonel Gaddafi, un chef d'État martyrisé contre
18:53 un tank, assassiné par son propre peuple ? Ça c'est tout à fait extraordinaire.
18:58 Donc oui, je pense que dans son comportement, il y a certainement aussi cette peur des hommes
19:06 isolés."
19:07 Un isolement qui va encore s'accentuer avec la pandémie de Covid-19.
19:17 Par peur d'être contaminé, le président russe va quasiment se couper du monde.
19:25 "Il s'inquiétait plus pour sa santé que n'importe quel autre chef d'État.
19:33 Il avait peur de l'attraper.
19:34 Et il s'est alors bunkérisé, on ne sait pas où.
19:39 Il n'autorisait quasiment plus personne à le rencontrer.
19:44 Seuls ceux qui étaient prêts à passer au préalable plusieurs semaines en quarantaine,
19:52 dans un hôtel, avaient l'autorisation de le voir."
19:58 Un luxe de précaution qui prévaut aussi quand il reçoit Emmanuel Macron à Moscou,
20:04 en février 2022, quelques jours avant l'invasion de l'Ukraine.
20:09 Et qui a donné cette image largement commentée des deux présidents, assis à 6 mètres l'un
20:15 de l'autre, autour de cette immense table en marbre.
20:18 L'isolement du président russe pendant la pandémie aurait aussi accru son sentiment
20:25 de peur à l'égard de tout ce qui l'entoure.
20:29 "Il ne voyait plus le monde qu'au travers de ces dossiers rouges, classifiés "secrets
20:34 défense" que lui fournissait le FSB.
20:36 Il n'avait plus une vision réelle de l'état du monde.
20:40 Il voit une menace partout dans le monde, dans l'opposition, dans son cercle proche,
20:48 même parmi ses amis.
20:49 Le problème, c'est que cette paranoïa propre aux agents du KGB s'est développée de plus
20:55 en plus chez lui.
20:56 Et personne ne peut lui dire aujourd'hui "s'il te plaît, arrête".
21:02 Quand tu es au sommet du pouvoir depuis 24 ans, tu deviens inarrêtable.
21:07 Selon l'adage "diviser pour régner", Vladimir Poutine n'hésite pas à multiplier les organes
21:14 de sécurité.
21:15 Une sorte d'assurance vie, censée le prémunir d'un coup d'état.
21:19 Il veut disposer d'un nombre important d'organes de sécurité, et c'est le cas.
21:25 Il a besoin que chaque service rivalise avec l'autre.
21:28 Il ne veut pas qu'un service concentre tout le pouvoir, qu'un général ait trop de
21:32 pouvoir.
21:33 En 2016, il décide d'ajouter un nouvel organe de sécurité, la garde nationale de Russie.
21:43 Ma décision est prise, nous créons un nouvel organe fédéral de sécurité qui va dépendre
21:48 du ministère de l'Intérieur.
21:50 Une unité de 350 000 hommes.
21:54 Comme souvent, avec Vladimir Poutine, il place à sa tête un fidèle parmi les fidèles,
22:00 Viktor Zolotov.
22:03 L'homme a été pendant des années le chef des gardes du corps du président.
22:08 Sa nouvelle mission, prévenir les actes terroristes, les émeutes ou les tentatives de putsch.
22:16 Comme lors de la mutinerie d'Evgeny Prigojin, le patron de Wagner, qui s'empare le 24
22:22 juin dernier d'un quartier général de l'armée, à Rostov-sur-le-Don.
22:26 Nous sommes au quartier général de l'armée à Rostov-sur-le-Don.
22:31 Il est 7h30 du matin.
22:33 Tout le quartier général est sous notre contrôle, y compris l'aéroport.
22:39 Ce jour-là, les hommes de Wagner fondent vers Moscou sans rencontrer beaucoup de résistances.
22:45 On a vu l'efficacité de la garde nationale, ils n'en ont aucune.
22:50 Lors de la mutinerie de Prigojin, ils n'ont pas bougé, ils n'ont rien fait.
22:54 Absolument rien.
22:56 Pour justifier son inaction, Viktor Zolotov expliquera qu'il ne disposait pas d'armes
23:02 lourdes pour faire face aux hommes de Wagner.
23:04 Depuis, la garde nationale a été dotée de tanks.
23:09 Le 17 mars prochain, les Russes voteront pour élire leur président.
23:15 Un scrutin dont le résultat semble connu d'avance.
23:19 En vue de sa réélection, Vladimir Poutine a renoué depuis peu avec les apparitions
23:27 publiques, multipliant les contacts avec ses concitoyens.
23:30 Une manière d'atténuer son image de président bunkerisé, obsédé par sa propre sécurité.
23:39 Merci.
23:40 -E. Macron -Excellent.
23:42 Merci.
23:43 -E. Macron -Au revoir.