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Dans ce numéro de The Global Conversation, Nicoleta Drougka reçoit le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

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Transcription
00:00 "Cet au mois de juin, auront lieu les premières élections européennes depuis la pandémie de Covid-19,
00:07 la crise de l'énergie et le début de la guerre aux portes de l'Europe.
00:11 De nouveaux défis qui viennent s'ajouter à ceux qui existent déjà, à l'instar du réchauffement climatique.
00:16 Pour en parler, nous sommes aujourd'hui avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis."
00:21 "Monsieur le Premier ministre, merci d'être avec nous.
00:27 Les élections européennes vont se tenir dans moins de trois mois.
00:30 Quels sont selon vous les défis les plus ardus pour l'Europe et quels sont les enjeux de ces élections ?"
00:35 "Je pense que ces élections sont particulièrement importantes pour l'Europe d'une manière générale,
00:41 compte tenu du contexte économique et géopolitique.
00:44 Elles se déroulent dans un contexte de très forte turbulence avec une guerre qui fait rage sur notre flanc Est,
00:50 une crise humanitaire majeure à Gaza et alors que l'Europe sort de cinq années particulièrement difficiles.
00:56 Je pense que c'est aussi l'occasion pour nous de faire le point sur ce que nous avons accompli au cours du dernier cycle électoral européen
01:10 et de souligner les avancées significatives de l'Union européenne.
01:18 Grâce à la coopération de l'ensemble des institutions, nous avons pu nous défendre face au Covid avec succès.
01:24 Nous avons mis en place les grands plans de relance avec la facilité pour la reprise et la résilience
01:30 qui pour des pays comme la Grèce, revêt une importance particulière pour nous aider à doper notre croissance
01:36 et faciliter la transition verte et numérique.
01:39 Contre toute attente ou à l'inverse de ce que prédisait certains pays ennemis,
01:44 nous sommes restés unis lorsqu'il s'est agi de l'Ukraine.
01:48 Nous devons maintenant nous concentrer sur la prochaine étape
01:51 et nous assurer que nous sommes prêts à relever les nouveaux défis qui vont se présenter.
01:55 Dans quelle mesure les voix qui s'élèvent contre l'Europe et qui sont de plus en plus fortes vous inquiètent-elles ?
02:01 Je pense qu'il y aura toujours des voix qui remettront en cause les réussites de l'Europe
02:08 et certaines de ces critiques peuvent être justifiées.
02:12 Mais en fin de compte, si l'on examine la situation dans sa globalité,
02:16 je reste intimement convaincu que l'avenir de l'Union européenne est prometteur
02:20 et que l'Europe a été en mesure de répondre aux attentes de ses habitants.
02:24 C'est pourquoi pour nous il est important d'expliquer ce que nous avons accompli
02:34 mais aussi ce qu'il nous reste à faire à l'avenir.
02:38 Car si l'on considère la prochaine mandature et les grands défis qui nous attendent,
02:42 j'en mettrai en évidence trois en particulier.
02:45 Tout d'abord, passer des paroles aux actes avec une politique concrète et efficace
02:50 en ce qui concerne l'autonomie stratégique.
02:52 Si l'on prend l'exemple de la défense, non seulement nous devons augmenter nos dépenses sur ce volet,
02:58 mais nous devons aussi les coordonner.
03:01 Deuxièmement, en ce qui concerne la compétitivité globale de l'Europe,
03:05 nous devons veiller à ce qu'elle reste dans la course face à la Chine, aux Etats-Unis et aux pays du Sud.
03:11 Cela va se traduire par des emplois plus qualifiés et mieux rémunérés pour les citoyens européens.
03:16 Troisièmement, il y a un défi plus spécifique et plus sectoriel qui est celui de l'agriculture
03:22 et nos agriculteurs à un moment où la sécurité alimentaire est au premier rang de nos préoccupations.
03:27 Il faut comprendre que certaines mesures que nous avons prises au cours des cinq dernières années
03:32 concernant la transition écologique ont exercé une pression beaucoup plus forte
03:36 que nous l'avions peut-être imaginée sur nos agriculteurs.
03:39 Et nous devons nous assurer que cette transition s'applique à une vitesse
03:42 qui n'impacte pas de manière notoire leur revenu.
03:45 Diriez-vous que l'Union européenne est parfois aussi son pire ennemi ?
03:57 Nous sommes 27 et si l'on prend le Conseil européen qui se réunit plusieurs fois par an,
04:02 nous devons nous mettre d'accord dans une pièce, à l'unanimité.
04:05 Il s'agit d'un processus qui prend du temps, inévitablement,
04:09 qui implique aussi de faire des compromis et parfois de lâcher du lest pour atteindre l'intérêt général européen.
04:15 Telle est la nature de l'Union européenne et comme nous envisageons l'élargissement de l'Europe,
04:26 nous devons également examiner les moyens de rendre notre processus décisionnel plus efficace.
04:31 Ce sera aussi un exercice compliqué car tout changement requiert l'unanimité,
04:37 une fois de plus, et l'accord de tous les Etats membres.
04:40 Il faut reconnaître que ce que nous avons réalisé en Europe est unique à l'échelle de l'Histoire.
04:47 Nous avons volontairement conféré des pouvoirs à une entité supranationale
04:52 et nous devons faire en sorte que ce juste équilibre entre la prise de décision au niveau européen
04:58 et celle au niveau national fonctionne chaque jour.
05:01 Mais encore une fois, c'est entre guillemets le prix à payer pour retirer les bénéfices de notre adhésion à l'Union européenne.
05:19 Vous avez évoqué l'autonomie de l'Europe en matière de défense comme l'un des prochains défis.
05:23 Diriez-vous que cela devrait être aussi la priorité absolue de la Commission et du Parlement à venir ?
05:29 La défense est vitale, comme nous l'avons constaté à la suite de la guerre en Ukraine.
05:36 Certains pays ont peut-être cru que les dividendes de la paix qui ont suivi l'effondrement du mur de Berlin
05:43 et la chute de l'Union soviétique allaient durer éternellement.
05:48 Mais cela s'est démenti. Nous n'avons jamais été dans cette configuration
05:53 parce que nous avons toujours maintenu des dépenses élevées en matière de défense
05:57 à cause de certains problèmes géopolitiques régionaux.
06:00 Aujourd'hui, nous réalisons que nous devons tous passer à la vitesse supérieure et dépenser davantage,
06:08 mais aussi plus intelligemment, être plus coordonnés, rationaliser nos achats sur ce volet,
06:14 avoir peut-être plus de fleurons européens capables d'offrir des solutions de défense perfectionnées
06:19 et de manière plus performantes qu'aujourd'hui.
06:22 Monsieur le Premier ministre, nous avons vu par le passé que certains États membres de l'UE,
06:33 même si ce n'est pas le cas de la Grèce, devaient se battre pour convaincre leurs citoyens
06:37 de participer aux élections européennes.
06:39 Pourquoi est-ce, selon vous, si important que les citoyens aillent voter ?
06:44 Parce que ce qui se passe à Bruxelles compte.
06:48 Et le fait de savoir qui nous représente au Parlement européen compte aussi.
06:52 Les décisions prises à Bruxelles et à Strasbourg sont très importantes pour notre vie quotidienne
06:59 et nous devons envoyer des personnes qualifiées au Parlement européen
07:03 parce qu'en fin de compte, les élections européennes se rapportent au Parlement européen
07:07 afin de garantir que le Parlement soit composé de citoyens européens représentatifs
07:12 et qu'il comblera le fossé entre les décisions prises à Bruxelles
07:16 et ce que les citoyens européens veulent vraiment.
07:19 Le Parlement européen est notre institution la plus démocratique.
07:26 C'est pourquoi il est fondamental de participer aux élections européennes.
07:30 Nous sommes un parti résolument pro-européen,
07:35 donc vous ne m'entendrez pas dire autre chose.
07:40 Et bien sûr nous faisons de notre mieux pour mobiliser les gens
07:43 et faire en sorte que ce qui est habituellement une élection,
07:46 qui enregistre un faible taux de participation,
07:49 déjoue peut-être les pronostics avec une participation accrue.
07:54 Merci beaucoup pour ce débat.
07:56 Merci, merci beaucoup.
07:58 [Souffle]

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