Willy Borsus est l'invité politique de Sudinfo

  • il y a 6 mois
Willy Borsus, vice-Président de la Wallonie, Ministre de l'Économie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique et de l'Agriculture
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00:00 [Musique]
00:03 - Oui, les Borsus, nous sommes à quelques semaines des élections régionales, c'est l'heure des bilans un peu.
00:08 Tout d'abord, bienvenue dans le studio de Sudinfo.
00:12 Vous êtes le ministre sortant de l'économie de Wallonie.
00:15 L'économie wallonne semble toujours à la traîne par rapport à celle de la Flandre. Qu'est-ce que vous en dites ?
00:20 - Merci tout d'abord de l'invitation et de l'occasion que vous me donnez de faire un bilan, en tout cas sur un certain nombre de points.
00:26 Lorsqu'on observe l'économie wallonne, et je dois dire plus largement même la Wallonie, il y a à l'évidence des points qui sont positifs.
00:34 Lorsque l'on parle du taux que nous consacrons, du taux de budget que nous consacrons à la recherche et à l'innovation,
00:41 nous sommes au top européen par exemple, avec 3,3, 3,4 % de budget consacré à la recherche et au développement par rapport à notre produit intérieur brut.
00:52 Lorsqu'on observe certains secteurs dans l'aéronautique, dans les biothèques bien sûr, mais aussi dans la logistique, dans l'agroalimentaire,
01:00 on voit à quel point il y a de la création d'activités, il y a vraiment du développement.
01:05 Lorsqu'on constate par exemple, dernier chiffre disponible au niveau fédéral, que nous avons en Wallonie une création nette d'un peu plus de 10 000 entreprises par an.
01:17 S'il vous plaît, imaginez 10 000 entreprises par an, création nette, ça veut dire qu'on tient compte des entreprises dont l'activité est éteinte et de la création d'activités.
01:25 Donc il y a pas mal d'éléments qui sont des éléments positifs.
01:28 Là vous avez évoqué des secteurs qui sont déjà des secteurs un peu traditionnels, je vais dire, depuis quelques années en tout cas, on ne parle plus de sidérurgie tout ça évidemment.
01:35 C'est-à-dire traditionnels peut-être pour certains d'entre eux, mais avec des développements considérables.
01:40 Quand je vois à quel point, notamment soutenu par notre programme Wings, l'aéronautique Wallon, le spatial sont aujourd'hui des secteurs en développement.
01:50 Je pense que ce sont des secteurs qui doivent être soulignés en ce qui concerne les progrès qu'ils ont continués à faire.
01:56 Le deuxième volet, qui est un volet alors plus sombre, plus difficile, c'est effectivement, ce volet est traduit par des statistiques, notamment en termes de nombre de taux d'emploi par exemple.
02:09 On constate que notre taux d'emploi, avec un peu plus, suivant le moment statistique que l'on prend, de 65,5% de taux d'emploi,
02:19 c'est un taux d'emploi qui est 10% en deçà de ce qu'il devrait être, qui est un peu plus de 11% maintenant en deçà des chiffres que l'on observe en Flandre.
02:28 Et donc il y a en même temps dans ces statistiques le taux de pauvreté, qui reste un taux de pauvreté important, avec plus de 15-16% des gens qui sont aujourd'hui confrontés au taux de pauvreté.
02:40 Et puis le point noir, connecté évidemment au taux d'emploi, c'est le nombre de demandeurs d'emploi inoccupés.
02:49 On va y revenir.
02:50 On va y revenir certainement.
02:51 Donc un paysage que je dirais contrasté.
02:53 Moi je ne suis pas d'accord avec celles et ceux qui affirment que tout va bien, tout va mieux en Wallonie, c'est une vision qui est décalée par rapport à la réalité.
03:02 Mais je ne suis pas non plus d'accord avec celles et ceux qui donnent une image toujours négative de la Wallonie,
03:07 comme si rien n'avait progressé ou comme si rien ne méritait d'être souligné positivement, comme je viens de le faire.
03:15 Paysage contrasté, qui appelle donc à des réformes, à poursuivre les réformes et même à accélérer les réformes.
03:21 Je pense que l'avenir de notre région passe par cela, par des décisions en ce qui concerne le soutien à la recherche, à l'innovation,
03:28 l'investissement dans la formation, dans les compétences, des réformes de structure également,
03:33 de manière à ce que notre région puisse alors pleinement se saisir et répondre aux défis qui sont posés devant elle.
03:39 – Mais alors quels sont les secteurs qui sont prometteurs ? Alors puisque vous avez cité un certain nombre de secteurs
03:44 qui sont déjà bien installés, qui sont en plein développement, qu'est-ce qui est prometteur alors pour la Wallonie,
03:49 pour l'économie de la Wallonie ?
03:51 – Eh bien je vais citer un secteur qui me paraît important, c'est tout le secteur qui est lié au digital.
03:57 On a dans notre région beaucoup de talents, j'étais ce matin à Linn Square à Liège et j'observais les statistiques également,
04:08 mais aussi le nombre de projets, un certain nombre d'entre eux m'ont été présentés, qui sont déjà aujourd'hui des entreprises actives.
04:16 Donc cette créativité dans le digital, dans le numérique, suivant nos analyses, on a par exemple depuis 2016
04:23 un secteur du digital au sens large du numérique qui a plus que doublé en Wallonie, voilà un secteur qui me paraît important.
04:31 Et puis on sait qu'indépendamment des start-up, des entreprises en croissance, encore jeunes que je viens de citer,
04:38 on a quelques grandes entreprises dans le secteur, Odoo, Icare et d'autres encore,
04:44 montrent qu'on a aussi cette créativité dans des secteurs nouveaux en Wallonie.
04:50 Donc je pense que notre futur passe par, indubitablement, soutenir l'esprit d'entreprendre.
04:56 Vous savez qu'on a lancé et développé ce programme.
04:58 – C'est positif pour l'instant ce qui se passe.
05:00 – Vous parlez d'accrémation nette d'entreprise, c'est quand même des chiffres qui sont...
05:04 – Voilà, ce sont des chiffres qui ne sont peut-être pas assez connus mais qui sont éclairants.
05:07 Mais est éclairant aussi par exemple toute la dynamique de génération entreprenante.
05:12 C'est un programme que nous avons lancé, ou en tout cas que nous avons développé spectaculairement
05:18 avec Wallonie Entreprendre, avec les partenaires.
05:20 Donc nous soutenons l'esprit d'entreprise chez les jeunes, chez les étudiants,
05:24 que ce soit à travers les mini-entreprises, des programmes de formation dans les écoles,
05:29 à travers les incubateurs étudiants.
05:31 Je pense que le futur c'est aussi toute cette génération, toute cette jeunesse,
05:34 qui est une jeunesse pleine de talents, pleine de créativité,
05:38 dont on veut faire éclore les projets et soutenir l'enthousiasme
05:41 dans un certain nombre de cas et très certainement les projets d'entreprise.
05:44 – C'est ça, et donc pour ça on a quand même le soutien des universités.
05:49 Il faut s'appuyer vraiment sur les universités encore plus pour aller avancer,
05:55 pour aller dans des domaines justement comme le digital et d'autres domaines très innovants.
05:59 – C'est un autre des axes que je considère comme vraiment prioritaires
06:04 au niveau de notre région, même plus largement.
06:06 Le fait de pouvoir travailler en écosystème,
06:10 c'est-à-dire de mobiliser l'ensemble des ressources,
06:13 c'est ce que nous avons fait en ce qui concerne par exemple la cybersécurité,
06:16 sujet particulièrement important qui concerne les gens,
06:19 qui concerne les institutions publiques, les hôpitaux, les entreprises,
06:22 et ce que nous avons fait également en ce qui concerne l'intelligence artificielle.
06:26 Quelle est l'idée ? L'idée c'est de dire, fédérons les ressources dont nous disposons,
06:31 avec la recherche universitaire, avec la recherche privée,
06:36 avec les organismes publics, avec des acteurs qui ensemble peuvent être vraiment déclencheurs
06:42 de toute une dynamique positive au niveau de notre région.
06:45 Et ça marche, si vous interrogez les partenaires du programme ARIAC, TREL par exemple,
06:51 on est ici dans l'intelligence artificielle,
06:53 ou les partenaires dans le programme CYBERWAL, comme le nom l'indique,
06:57 c'est le programme structurant pour gérer l'action publique au sens large
07:02 en termes de cybersécurité en Wallonie, ce sont des programmes qui sont positifs.
07:07 Et la valorisation des résultats de la recherche.
07:10 - C'est ça, c'est pas le tout de rechercher, il faut aussi le concrétiser.
07:15 - Voilà, la recherche universitaire, elle est d'abord fondamentale,
07:19 dans le sens de la définition "recherche",
07:22 elle permet ensuite, dans un certain nombre de cas, d'être à l'initiative,
07:28 de créer de l'activité, de créer un certain nombre de projets.
07:32 Le fait de pouvoir valoriser la recherche universitaire,
07:37 dans certains cas la financer tout simplement,
07:40 et d'autre part de pouvoir la valoriser pour la traduire à la fois en entreprise,
07:46 mais aussi en emploi, aussi en réponse aux besoins sociétaux,
07:51 ça c'est un enjeu majeur.
07:52 Moi, j'ai vraiment, vous l'entendez, une confiance dans ce travail de recherche,
07:57 dans la possibilité de mobiliser toutes nos ressources,
08:00 et si on établit des liens plus proches encore,
08:03 entre les acteurs de la recherche, qu'ils soient universitaires,
08:07 qu'ils soient le fait d'ailleurs de l'enseignement supérieur parfois,
08:10 des acteurs privés, je pense qu'on va dans la bonne direction.
08:13 - Alors, vous parlez de mobiliser les ressources,
08:16 justement, est-ce qu'il n'y a pas un problème avec les ressources humaines,
08:19 d'un certain point de vue, puisque ici on est dans des domaines assez pointus,
08:23 et on voit qu'on a un chômage très important en Wallonie,
08:26 je voulais justement y venir,
08:27 est-ce qu'il n'y a pas une inadéquation entre ces offres d'emploi,
08:31 et la formation des jeunes en Wallonie ?
08:36 - C'est clair qu'on a un gros problème en termes de mise au travail des demandeurs d'emploi,
08:42 il ne faut pas s'en cacher, les chiffres sont sévères,
08:46 il y a aujourd'hui un peu plus de 231 000 demandeurs d'emploi inoccupés,
08:53 d'autre part, environ 113 000 d'entre eux sont indemnisés,
08:59 notons cependant que parmi ces 231 000 demandeurs d'emploi inoccupés,
09:04 il y en a plus de 100 000 qui sont demandeurs d'emploi inoccupés depuis plus de deux ans.
09:10 Et dans le même temps, il y a 158 types de métiers différents,
09:16 qui sont soit en pénurie, sévères dans certains cas,
09:20 soit au minimum sous tension,
09:22 il est très difficile, impossible,
09:24 ou en tout cas ça prend du temps,
09:25 ou en tout cas c'est compliqué de trouver du personnel.
09:29 Il y a aussi, pour certaines de ces fonctions,
09:33 un certain nombre d'emplois vacants qui sont accessibles,
09:37 moyennant une formation relativement courte,
09:39 dans le commerce par exemple, dans l'horeca,
09:42 ou dans d'autres encore.
09:43 On doit donc vraiment activer de façon beaucoup plus resserrée.
09:48 – Donc le Forum ne travaille pas de manière suffisamment efficace,
09:52 en fait c'est ce que vous dites ?
09:54 – Je ne veux pas faire le procès du Forum,
09:56 mais vous avez noté, et c'était assez événementiel,
09:59 que nous avons rencontré le comité de gestion du Forum,
10:03 le ministre président, la ministre de l'Emploi et moi-même,
10:06 l'année dernière, avec un message qui était assez clair,
10:09 il faut aller plus vite, plus loin,
10:12 il faut répondre aux besoins du marché du travail,
10:14 il faut répondre aux besoins des entreprises.
10:16 Un programme avec un certain nombre d'actions rapides
10:20 a été mis en place par le Forum.
10:23 Vous savez qu'il y a une véritable volonté
10:25 chez l'administratrice générale de répondre à ces enjeux,
10:29 que je connais bien pour avoir travaillé avec elle à l'IFA-PME,
10:32 mais aujourd'hui on jugera, si je puis dire, le travail en haut du mur,
10:39 c'est-à-dire on jugera l'action par ses résultats.
10:43 Concrètement, est-ce que ces 158 métiers en pénurie vont diminuer
10:48 dans la prochaine statistique qui nous sera communiquée ?
10:52 Est-ce qu'effectivement on ne va plus avoir demain
10:55 40 000 emplois vacants ou 38 000 suivant les moments,
10:58 mais est-ce que ces chiffres vont diminuer ?
11:01 Je pense que les actions doivent être rapides,
11:03 je pense qu'on doit resserrer l'accompagnement des demandeurs d'emploi,
11:07 on doit dans certains cas, soyons directs,
11:10 lorsque certaines personnes n'en veulent pas,
11:12 je m'autoriserais l'expression, c'est-à-dire
11:15 semblent ne pas vouloir travailler,
11:17 à un certain moment il faut dire non, ça ne va pas.
11:19 Donc précisément vous êtes pour une limitation dans le temps
11:21 des allocations de chômage à deux ans, c'est ça ?
11:24 Vous l'avez dit, donc ça vous le confirmez,
11:27 or on constate que quand on prend ce genre de mesures,
11:31 quand on exclut des gens du chômage, finalement ça ne résout rien,
11:34 parce qu'ils ne vont pas vraiment plus à l'emploi,
11:38 ces gens-là vont se retrouver dans des aides type CPS, etc.
11:44 et donc finalement on n'a pas résolu le problème du chômage.
11:47 Deux réactions par rapport à ça,
11:48 donc je suis favorable d'une part au fait que
11:51 on ne puisse pas refuser deux fois
11:55 un emploi ou une formation convenable
11:58 dès le moment où on est bénéficiaire d'allocations de chômage,
12:01 où on est demandeur d'emploi inoccupé.
12:04 Malheureusement un certain nombre de situations sont telles que
12:07 les personnes se retrouvent au chômage,
12:10 se retrouvent sur le marché du travail,
12:11 si on propose à deux reprises un emploi convenable
12:15 ou une formation convenable,
12:16 et que l'on refuse, alors une sanction est décidée.
12:19 Ça me semble normal.
12:21 Deuxièmement, effectivement nous avons la particularité,
12:25 en Belgique, d'avoir un chômage qui n'est pas limité dans le temps.
12:27 Ça n'a évidemment aucun sens.
12:29 Après les deux années, il y a des mécanismes de solidarité
12:32 qui vont continuer à s'exercer,
12:36 mais ce sont des mécanismes qui sont eux-mêmes conditionnés.
12:40 Aujourd'hui les bénéficiaires d'un revenu d'intégration au CPAS
12:45 sont eux-mêmes accompagnés vers l'insertion professionnelle.
12:51 Il y a ce dispositif des PIS, des programmes individuels d'intégration sociale,
12:56 qui font qu'on n'est pas dans une situation
12:59 où la solidarité doit être éternelle.
13:02 Je mets une nuance dans ce que j'affirme de façon très nette,
13:06 c'est que pour un certain nombre de personnes,
13:09 c'est difficile ou très compliqué.
13:12 Il faut tenir compte de situations où les personnes sont
13:15 malheureusement très éloignées du marché du travail,
13:18 malheureusement en difficulté par rapport au fait de trouver un emploi.
13:22 Vous savez, je pense que la solidarité doit être effective,
13:25 mais la solidarité, ça marche lorsqu'il y a aussi la responsabilité.
13:31 – Mais est-ce qu'un des problèmes n'est pas le différentiel trop faible
13:34 entre l'allocation de chômage et le revenu minimum, on va dire,
13:40 ou à certains emplois qui ne sont disponibles qu'à des temps partiels,
13:44 par exemple, puisque on sait que dans les gens qui sont au chômage
13:48 depuis longtemps, il y a aussi notamment des femmes,
13:50 des familles monoparentales, donc ce sont à 80% des femmes,
13:57 qui en fait, si elles vont travailler, perdent de l'argent pratiquement.
14:00 Et donc, c'est pas là qu'il y a un problème.
14:02 Alors, je ne dis pas qu'il faut diminuer les allocations de chômage,
14:05 mais est-ce qu'il ne faudrait pas plutôt augmenter,
14:07 alors à ce moment-là, le salaire minimum,
14:08 et avoir des emplois un peu moins précaires ?
14:14 – C'est le cœur, ou en tout cas,
14:15 une des priorités majeures de notre programme politique.
14:18 Il faut que le travail récompense plus celui qui travaille.
14:22 Concrètement, il faut que le différentiel entre le salaire net,
14:26 le salaire poche et les allocations sociales
14:28 soit effectivement de 500 euros au minimum.
14:32 Pour ce faire, il est évident que ce n'est pas en augmentant
14:37 la fiscalité ailleurs, la fiscalité indirecte,
14:40 ou en pénalisant les personnes qui bénéficient
14:43 d'une allocation sociale qu'on va y arriver.
14:45 On va y arriver en dégageant les moyens nécessaires
14:49 pour créer ce différentiel net grâce à l'accroissement de l'activité.
14:54 Suivant les analyses, notamment les analyses de la ministre du Budget,
14:58 la secrétaire d'État au Budget,
14:59 un emploi créé représente 28 000 euros nets en plus pour l'État.
15:05 Quand je dis nets, c'est-à-dire de dépenses en moins,
15:08 les dépenses notamment d'allocations de chômage,
15:10 mais aussi de recettes en plus,
15:11 parce que la personne qui a un travail
15:13 va lui-même dépenser une partie de son argent dans la consommation
15:16 et va lui-même générer des recettes directes ou indirectes pour l'État.
15:20 On le voit, le fait de ramener beaucoup plus de gens
15:23 sur le marché du travail, qui est demandeur.
15:26 Moi-même, comme ministre de l'Économie, je suis le trait, vous le voyez,
15:30 vous êtes régulièrement présents à mes côtés,
15:32 moi qui suis régulièrement en entreprise,
15:34 tous les jours on me dit "Monsieur Borsu, ce n'est plus possible,
15:36 je ne trouve plus de personnel".
15:37 – Mais est-ce qu'il faut augmenter un petit peu le salaire minimum,
15:39 alors à ce moment-là ?
15:40 – C'est évident, vraiment.
15:43 – En diminuant les taxes ou bien en…
15:45 – Lorsque je parle de 500 euros de différentiel net,
15:49 c'est effectivement en augmentant singulièrement les bas et moyens salaires
15:53 de manière à ce que cette différence soit effectivement concrète pour les gens,
15:59 celui qui travaille va être récompensé.
16:01 – Vous rejoignez le PS sur cette proposition ?
16:04 – Très grande différence, c'est que le PS prend dans une poche
16:06 pour la mettre dans l'autre.
16:08 En ce qui nous concerne, on investit dans l'économie,
16:11 dans l'activité de notre pays, on fait grandir l'activité de notre pays.
16:14 – C'est le pari de dire "on va augmenter le taux d'activité
16:18 pour pouvoir augmenter finalement…
16:20 – Ce n'est pas un pari, c'est un choix stratégique
16:23 qui est dûment argumenté et documenté,
16:27 on le voit dans un certain nombre d'autres situations,
16:30 un taux d'emploi de 75, de 78% est parfaitement possible,
16:36 et les mécanismes financiers que je viens de décrire
16:39 sont eux-mêmes parfaitement documentés.
16:41 – D'accord, alors pour revenir à un autre point un peu négatif,
16:43 on va dire de l'économie en Wallonie,
16:46 il y a 4 ans et demi en début de législature,
16:49 on s'était rencontrés et vous nous aviez parlé
16:52 de redynamiser le commerce des centres-villes,
16:55 où est-ce qu'on en est maintenant ?
16:56 Parce qu'on n'a pas l'impression que ce soit vraiment redynamisé
16:58 le commerce des centres-villes.
17:00 – C'est-à-dire que nous avons développé,
17:01 vraiment à travers le programme "Horizon proximité",
17:04 un grand nombre de mesures visant à soutenir le commerce de proximité.
17:09 Convenons, si vous le voulez bien,
17:11 que deux éléments majeurs, deux grises majeures sont aussi passées par là,
17:17 je les cite, non pas pour en faire des excuses,
17:20 aucunement, mais tout de même pour être fidèles à la réalité,
17:23 puisque le commerce a été durement frappé par la crise du Covid,
17:28 et d'autre part la crise de l'énergie consécutive
17:32 à l'agression de la Russie contre l'Ukraine,
17:35 a aussi durement impacté les coûts d'un certain nombre de commerces,
17:39 générant par ailleurs, à travers le mécanisme de l'indexation des salaires,
17:43 par ailleurs tout à fait légité, mais que je défends,
17:45 un certain nombre de coûts supplémentaires.
17:46 Donc le commerce de proximité a été durement impacté par cette double crise,
17:50 et je dois dire que dans une partie de notre territoire en Wallonie,
17:54 malheureusement, certains ont de surcroît subi les inondations.
17:59 Indépendamment de cela, je pense qu'on a été très volontariste
18:02 avec une série d'actions concernant le commerce de proximité.
18:06 Et pourquoi est-ce qu'on est volontariste à ce point ?
18:09 C'est parce que le commerce fait partie de la vie de notre société,
18:12 fait partie de la vie des quartiers, des villages, des villes,
18:16 fait partie aussi de l'animation que l'on peut y rencontrer.
18:19 Et à travers le programme "Horizon Proximité" ou "Objectif Proximité",
18:24 nous avons développé une série de mesures.
18:27 D'une part, nous avons modifié le statut et le nombre
18:30 des agences de gestion centre-ville, qui sont passées à 18,
18:33 qui ont été refinancées par exemple.
18:35 Deux, nous avons investi assez fortement dans la formation des commerçants,
18:41 notamment à la digitalisation, parce qu'on sait qu'une partie du commerce...
18:45 C'est un des aspects de votre plan en effet,
18:47 parce que ça reste quand même un des gros problèmes,
18:49 c'est la concurrence du commerce en ligne, mais du grand commerce en ligne,
18:54 pas du petit commerçant qui vend ses articles sur le web.
18:57 - Effectivement, donc c'est une des concurrences qui s'exerce,
19:00 pas seulement en Belgique, mais qui s'exerce au niveau mondial.
19:03 Donc le choix que nous faisons, c'est un choix qui consiste à former,
19:09 à outiller les commerçants de manière à ce qu'ils puissent,
19:11 indépendamment de leur activité physique,
19:15 adosser une présence sur le web, une activité digitale,
19:20 qu'ils puissent articuler et qu'ils puissent tenter d'équilibrer
19:23 dans le cadre de leur activité commerciale,
19:27 en tout cas une partie de leur activité avec cette concurrence digitale.
19:32 Des programmes ont été également, le programme Forme Action,
19:35 qui est en cours actuellement, qui a été lancé en commençant par 15 villes,
19:38 mais qui s'étend à l'ensemble du territoire wallon,
19:41 et qui permet aujourd'hui pour les commerçants
19:45 de faire eux-mêmes un diagnostic de leur propre situation,
19:49 de se comparer peut-être à d'autres situations similaires,
19:52 et de prendre des mesures pour adapter leur activité,
19:55 ou bien encore pour permettre à celles-ci
19:59 de pouvoir répondre à l'évolution de la consommation.
20:03 Nous lançons maintenant, avec le tourisme,
20:07 au mois de mars de cette année, le parcours client,
20:11 si je puis dire, le parcours dans les villes,
20:13 avec un partenaire qui s'appelle Youx,
20:16 qui est lui-même contractualisé avec le SNI,
20:20 le Syndicat National des Indépendants,
20:23 et qui a pour but de permettre le parcours client dans une ville.
20:28 Concrètement, on va vous proposer, à travers cette application
20:30 qui compte déjà 40 000 affiliés au niveau de notre région,
20:35 de pouvoir, si vous promenez dans telle ville ou dans telle autre,
20:38 dire "tiens, je regarde un parcours client,
20:42 un parcours commerce qui m'est suggéré pour aller,
20:45 à travers le cheminement qui va être le mien dans la ville,
20:47 découvrir une vingtaine de commerces par exemple,
20:50 qui me sont proposés et qui ont été concertés avec les agences".
20:56 – Ça c'est nouveau alors, cette application ?
20:58 – C'est tout à fait nouveau et ça débute en ce mois de mars
21:02 et c'est vraiment une offre complémentaire.
21:06 – Ça concerne les grandes villes en fait, je suppose ?
21:08 – Ça concerne dans un premier temps 18 villes,
21:14 dont toutes les grandes villes,
21:16 mais un certain nombre de villes plus moyennes aussi,
21:18 je peux vous communiquer la liste plus complète à l'issue de notre interview.
21:23 Et puis nous avons travaillé sur base du dispositif CREA-SHOP
21:29 que vous aviez probablement connu, CREA-SHOP+
21:33 qui est un dispositif qui consiste en ceci,
21:36 donc concrètement si vous allez développer un projet
21:40 dans une cellule commerciale vide, dans un centre ville
21:44 ou dans un centre rural d'une certaine importance,
21:47 vous êtes éligible à une aide de 6 000 euros pour développer votre projet.
21:50 Eh bien à travers notre programme Objectif Proximité,
21:54 nous avons réorienté, tenu compte des leçons de ce dispositif,
21:58 en ce compris des leçons positives,
22:00 un dispositif qui a connu un certain succès,
22:02 pour l'orienter de deux façons,
22:05 deux façons qui sont importantes puisque au lieu de cibler
22:07 un certain nombre de villes ou de communes,
22:09 comme c'était le cas dans le passé,
22:10 nous avons lancé un appel à toutes les communes wallonnes
22:13 en invitant celles d'entre elles qui étaient intéressées
22:16 par le dispositif à se manifester.
22:18 Tenez-vous bien, 100 communes se sont manifestées
22:21 en faisant un diagnostic de leur situation
22:24 avec leurs acteurs locaux, associations de commerçants,
22:27 autres structures, agences de développement locale par exemple,
22:31 et dorénavant dans cette centaine de communes,
22:34 il y a la possibilité pour les commerçants
22:36 qui non seulement sont porteurs d'un projet
22:39 pour aller créer une nouvelle activité dans une cellule vide,
22:42 mais aussi, et c'est la deuxième nouveauté,
22:44 pour les commerçants qui veulent se réorienter,
22:48 réinventer leur activité,
22:49 de bénéficier du même dispositif et de la même aide de 6 000 euros.
22:53 Et je dois dire que dans le cadre d'un effet d'entraînement
22:56 qui me semble positif,
22:57 certaines villes ont elles-mêmes ajouté à cette aide régionale
23:02 un volet d'aide locale.
23:04 - Ça fonctionne sur le terrain ?
23:05 - Ça fonctionne sur le terrain,
23:07 avec vraiment un très très bon répondant,
23:09 avec des jurys locaux,
23:10 moi je n'interviens en rien là-dedans,
23:12 des jurys locaux qui apprécient la pertinence d'un projet,
23:15 ce que ce projet peut apporter à un centre-ville,
23:18 évidemment pas pour faire concurrence à celui
23:20 qui se trouve déjà dans la rue d'à côté,
23:21 mais pour apporter quelque chose de nouveau.
23:23 Moi je crois vraiment, et vous m'en donnez l'occasion,
23:27 je crois vraiment dans la proximité.
23:30 Si on a choisi ce vocable pour décrire notre programme,
23:34 objectif proximité, horizon proximité,
23:38 c'est vraiment pour mettre l'accent
23:39 sur le fait que le commerçant du coin,
23:42 l'artisan du coin, celui qui fait vivre notre ville
23:47 est vraiment un partenaire, un partenaire important,
23:50 et pour inviter un maximum de gens
23:52 à faire vivre nos commerces de proximité,
23:55 qu'ils soient d'ailleurs des boulangers, des bouchers,
23:57 des commerçants, du retail, peu importe,
23:59 mais tout ça c'est un tissu qui est important,
24:02 il est d'autant plus important qu'il est générateur
24:04 de beaucoup d'emplois à l'échelle de la volété.
24:07 - Oui, je reviens juste encore une seconde
24:09 sur le commerce digital.
24:10 Est-ce qu'il ne faudrait pas à un certain moment réguler
24:13 des grands sites, notamment chinois,
24:16 qui inondent nos marchés de produits à très bas prix,
24:19 de très mauvaise qualité et sans doute vendus à perte ?
24:22 Est-ce qu'à un moment il ne faudrait pas,
24:24 alors c'est peut-être pas au niveau de la Wallonie,
24:26 mais est-ce qu'il ne faudrait pas que l'Europe réagisse
24:28 par rapport à ce genre de sites ?
24:30 - Vous posez un problème plus large
24:32 qui est aujourd'hui, je pense, considéré en tout cas
24:37 par l'Union Européenne, qui est de dire
24:39 mais est-ce qu'il ne faut pas repenser
24:43 un certain nombre de règles en ce qui concerne
24:46 le commerce international ou bien encore l'ouverture
24:49 dont l'Europe a fait preuve ?
24:51 Ça se traduit dans certains secteurs
24:52 par ce concept de l'autonomie stratégique ouverte.
24:57 C'est vraiment le cadre que l'Europe maintenant utilise
25:02 et je crois que tout est dit dans ces trois mots-là,
25:04 autonomie stratégique ouverte,
25:07 c'est-à-dire pouvoir se réapproprier
25:10 un certain nombre d'éléments
25:12 que l'on a laissés fuir partout dans le monde
25:14 et à propos duquel lorsqu'on analyse le bilan net,
25:17 notamment le bilan environnemental net,
25:20 on constate qu'on est vraiment très très loin
25:22 de nos propres ambitions.
25:23 Mais nous sommes aussi dans un marché qui est mondialisé,
25:27 croire que l'on va nous-mêmes décréter
25:29 que stop à telle importation ou stop à tel produit
25:33 et que nous on va pouvoir continuer à exporter dans le monde,
25:36 évidemment c'est totalement irréaliste.
25:38 Donc moi je suis vraiment favorable
25:42 à ce qu'on puisse en Europe tenir compte
25:44 lorsqu'on parle de taxation carbone aux frontières,
25:47 ce n'est pas pour faire augmenter le prix des produits ici,
25:49 mais c'est pour rééquilibrer la balance
25:53 entre certaines conditions de production de biens,
25:56 de consommation mais aussi de biens industriels
25:58 ou d'autres natures.
25:59 - Est-ce qu'il faut être parfois plus serré,
26:02 je veux dire par rapport à ces sites
26:04 qui inondent le marché de produits inutiles, polluants, etc.
26:10 - Moi je suis vraiment favorable au fait que,
26:13 comme je l'indiquais il y a quelques instants,
26:15 qu'on veille à plus équilibrer les conditions de concurrence
26:20 par rapport à ce qui est envoyé vers notre marché européen,
26:25 venant d'ailleurs, plus équilibrer,
26:29 c'est-à-dire, comme je l'évoquais il y a quelques instants,
26:32 ça concerne les conditions de production,
26:34 ça concerne la taxation carbone aux frontières,
26:36 des éléments de cette nature-là,
26:38 mais je pense que réguler en disant "non non,
26:41 cette offre ne peut pas s'exprimer en Europe",
26:43 c'est parfaitement irréaliste, me semble-t-il.
26:45 - Ok. Je vous pose la question parce qu'il y a
26:49 une concurrence déloyale très claire qui s'exerce.
26:52 Vous étiez il n'y a pas si longtemps
26:53 à l'inauguration d'une nouvelle ligne de production
26:56 du seul producteur de panneaux photovoltaïques en Belgique,
27:00 qui est de votre région d'ailleurs,
27:02 et ils le disent eux-mêmes,
27:04 on est inondé de panneaux photovoltaïques
27:07 à bas prix venant de Chine,
27:09 et sans doute vendus à perte
27:11 parce qu'il y a des subsides trop importants
27:14 du gouvernement chinois.
27:15 Est-ce que ce n'est pas de la concurrence déloyale
27:17 qui nuit à notre propre économie ?
27:19 - Ça c'est l'exemple type qui illustre ce que je mentionnais.
27:22 L'entreprise en question que j'ai visitée
27:24 et dont je salue vraiment le travail et les investissements,
27:27 Belgas Solar en l'espèce,
27:29 c'est une entreprise qui est directement confrontée
27:32 à l'importation vers chez nous, depuis la Chine,
27:34 de panneaux photovoltaïques produits dans des conditions
27:37 qui ne sont pas du tout les mêmes,
27:39 dans des conditions de concurrence
27:40 qui ne sont pas du tout les mêmes
27:42 que celles que nous rencontrons ici en Europe.
27:44 Lorsque je parle de rééquilibrer les conditions de concurrence,
27:48 c'est à ce type de situation notamment que je fais allusion,
27:52 c'est à ce type de situation que je pense.
27:55 J'ajoute également que,
27:57 en ce qui concerne alors nos pouvoirs publics,
28:00 les marchés publics, même les particuliers,
28:03 je pense que l'on doit aussi avoir,
28:05 par rapport à l'offre qui nous est faite,
28:07 notamment par des produits belges,
28:09 vous venez d'en citer,
28:10 en ce qui concerne les panneaux photovoltaïques,
28:13 nous devons avoir, me semble-t-il, moins de naïveté.
28:16 C'est-à-dire que nos marchés publics,
28:18 enfin je ne voudrais évidemment pas m'exprimer
28:20 par rapport au dossier Vanol,
28:21 mais j'ai en tête qu'il y a quelques mois,
28:24 une grande commande de bus électriques
28:27 a été décidée en Flandre,
28:30 mais des bus venant de Chine.
28:32 Dès lors, si on a une forme de naïveté,
28:37 une forme de candeur par rapport,
28:39 on ne parle pas ici du dossier Vanol,
28:40 de façon générale, c'est clair,
28:42 alors il ne faut évidemment pas s'attendre
28:44 à ce que nos emplois ici soient raisonnablement protégés.
28:48 Et d'autre part, lorsque je dis
28:50 que les marchés publics peuvent strictement, légalement,
28:53 mettre en valeur des conditions
28:56 qui sont des conditions environnementales,
28:57 des conditions de qualité,
28:59 des conditions de garantie,
29:00 des conditions de suivi,
29:02 qui font alors que,
29:03 notamment pour des produits comme ceux que vous évoquez,
29:05 on rééquilibre alors l'offre,
29:08 et l'offre locale, l'offre wallonne en l'espèce,
29:12 redevient intéressante.
29:13 – D'accord.
29:13 Alors, vous êtes aussi ministre de l'Agriculture en Bologne,
29:16 là vous avez été un petit peu bousculé ces derniers temps,
29:18 enfin tout le monde a été un peu bousculé ces derniers temps,
29:20 qu'est-ce que la Wallonie peut encore faire,
29:22 à son niveau, pour aider ses agriculteurs ?
29:25 – Je pense que depuis plusieurs semaines,
29:28 d'une part, l'expression des agriculteurs est légitime,
29:32 leurs conditions de revenus se sont dégradées,
29:35 dans certains cas le revenu a disparu,
29:37 c'est évidemment intenable pour une activité aussi essentielle,
29:41 pour un travail qui est important,
29:43 et pour des risques qui sont conséquents.
29:46 Ce que nous avons fait au niveau wallon,
29:48 et ce que nous continuons à faire, c'est plusieurs choses.
29:51 D'une part, au niveau européen,
29:53 présidence belge aussi nous offrant des possibilités supplémentaires,
29:58 je pense qu'on a vraiment pris le lead,
30:00 si je puis dire, de l'expression des États membres,
30:03 pour solliciter un certain nombre de changements,
30:06 au niveau européen,
30:07 particulièrement dans les règles de la PAC,
30:09 mais pas que, puisque des règles aussi liées…
30:12 – Ce n'est pas au détriment de l'environnement,
30:14 de la sauvegarde de la biodiversité.
30:16 – Je voudrais vraiment, vous me donnez l'occasion de,
30:20 je vais dire, de rompre une lance,
30:23 mais surtout de mettre un coup d'arrêt à une rumeur qui n'est pas fondée.
30:30 Lorsque l'Union européenne,
30:33 et lorsque la Commission singulièrement,
30:35 adapte aujourd'hui certaines de ses normes,
30:39 elle continue à rester la plus ambitieuse
30:43 du point de vue environnemental et du point de vue climatique du monde.
30:48 Concrètement, les normes, en ce compris environnementales,
30:53 que nous, nous appliquons en Europe,
30:55 sont en matière agricole les plus pointues et les plus sévères du monde.
31:02 Après les modifications récentes que propose la Commission européenne,
31:05 soyons clairs, ce que la Commission fait,
31:09 et vraiment c'est ce que nous avons demandé,
31:12 c'est rééquilibrer ici aussi son raisonnement.
31:16 Puisque la Commission européenne s'était fixé
31:19 un certain nombre de normes environnementales
31:22 en les imposant aux États membres,
31:24 qui entraînaient du point de vue agricole,
31:28 du point de vue production alimentaire,
31:30 du point de vue revenu agricole,
31:32 des difficultés majeures pour notre agriculture en Europe.
31:36 Si les conséquences du Green Deal
31:39 entraînent une diminution de 15% de notre production agricole en Europe,
31:43 et que par ailleurs nous importons depuis d'autres parties du monde
31:47 ce que nous ne produisons plus chez nous,
31:50 où est la victoire pour la planète ?
31:52 Mais on ne produit déjà des choses alors qu'on les produit ici aussi,
31:55 donc quand on prend les grands accords internationaux,
31:57 est-ce que ce n'est pas aussi au détriment de nos agriculteurs ?
32:00 C'est ce qu'eux-mêmes disent.
32:01 Je vais m'exprimer sur les accords commerciaux internationaux.
32:04 Mais par rapport au Green Deal,
32:06 et je dois dire que j'ai été à l'époque parmi les premiers à tirer la sonnette d'alarme,
32:11 attention, le Green Deal a des conséquences lourdes pour notre agriculture.
32:15 Attention, des normes excessivement tâtillonnent
32:19 de la PAC du point de vue environnemental,
32:21 n'aident pas, au contraire, vont au total fragiliser,
32:26 et c'est ce qui se passe, notre agriculture,
32:29 et faire que nous allons devoir importer plus de produits.
32:32 Je réponds tout de suite à votre question, mais un petit mot.
32:34 Je pense, et je viens cet après-midi,
32:38 de présider à la signature d'une charte pour la filière du lait,
32:44 une charte qui vise plus de durabilité,
32:46 qui est le fruit de discussions entre les laiteries,
32:50 entre les éleveurs, producteurs de lait,
32:53 et qui traduit cette volonté du monde agricole d'avancer en termes de durabilité.
32:58 Mais vous ne pouvez pas demander à quelqu'un d'avancer
33:02 au point de devoir perdre son activité,
33:06 au point de tuer son activité.
33:08 Et franchement, l'enjeu était là.
33:10 Donc, on reste ambitieux du point de vue environnemental,
33:13 mais on tient compte de la réalité du monde agricole
33:17 et de la nécessité de produire,
33:19 mais aussi de notre ambition de souveraineté,
33:21 en tout cas largement du point de vue alimentaire.
33:24 Alors, vous évoquez les traités commerciaux, mon message est très clair.
33:27 On ne va quand même pas importer chez nous
33:30 des produits qui viennent faire concurrence à nos propres productions,
33:35 sachant que les produits importés
33:37 ne respectent pas les normes que nous nous imposons ici.
33:41 Ça, c'est le monde qui marche à l'envers,
33:44 en ce sens que des produits importés chez nous,
33:47 on constate que dans certains cas, les normes environnementales,
33:51 les utilisations concrètes de pesticides qui sont interdits chez nous
33:55 sont encore autorisées dans d'autres parties du monde.
33:57 - Aux importations du Brésil, par exemple.
34:00 Ça concerne tout le Mercosur, etc.
34:02 - En ce qui concerne le Mercosur,
34:04 vous connaissez ma position, elle est très nette.
34:06 Je l'ai déjà exprimée il y a deux ans à Libremont,
34:08 je la ré-exprime encore devant vous aujourd'hui même,
34:12 pas d'accord sur le volet agricole du Mercosur.
34:16 Cet accord est déséquilibré.
34:18 Autant on a besoin de commerce,
34:21 nous exportons beaucoup de produits dans le secteur agricole,
34:25 mais comme dans beaucoup d'autres secteurs,
34:27 notamment nos secteurs fleurons que j'évoquais
34:30 au début de notre interview et de notre rencontre.
34:32 Nous avons besoin de commerce.
34:33 Nous sommes une nation ouverte qui vit aussi de ses exportations,
34:37 mais il faut que dans le domaine agricole singulièrement,
34:40 mais pas que dans le domaine agricole,
34:42 il faut que la concurrence soit loyale.
34:44 Concurrence loyale, c'est lorsque les clauses miroirs existent.
34:48 J'insiste, lorsqu'elles sont contrôlées et respectées.
34:51 Il ne suffit pas de dire, voilà, il y a des règles
34:53 en ce qui concerne l'importation des produits,
34:55 il faut vérifier ces règles.
34:57 Et ça, je dois bien dire que la crise agricole a révélé
34:59 à quel point, dans certains cas, ces contrôles semblaient un peu faibles.
35:04 Et d'autre part, il faut que les contingents d'importation,
35:08 que nous acceptons, que nous discutons,
35:10 que ces contingents soient correctement dimensionnés
35:13 pour ne pas venir impacter et pour ne pas venir déséquilibrer,
35:18 voire dans certains cas détruire nos marchés intérieurs au niveau européen.
35:23 Je pense que les fermiers, et j'en termine par là,
35:26 les fermiers sont habitués à la compétition de tout temps.
35:30 Ils ont vendu leurs produits par rapport à des marchés agricoles, etc.
35:35 Ce qui ne va plus, et je le dis avec force,
35:38 c'est lorsque ces ventes se trouvent régulièrement dans des conditions
35:42 qui sont complètement intenables pour nos producteurs.
35:46 – Alors, je reviens aux agriculteurs wallons.
35:50 Est-ce que vous allez encore un peu alléger leurs contraintes et comment ?
35:54 – Oui, donc très concrètement, la semaine dernière,
35:56 nous avons convenu, avec mes collègues du gouvernement qui étaient présents,
35:59 et je les en remercie, de 45 nouvelles mesures de simplification.
36:04 45 mesures très concrètes qui touchent à la fois à l'agriculture,
36:10 à l'agriculture de date, aux obligations de communication administrative,
36:15 aux obligations lorsqu'on transporte du fumier,
36:17 et encore bien à l'accès aux cours d'eau, etc.
36:22 Nous avons encore sur notre table de travail
36:24 pratiquement 50 autres mesures qui sont à l'examen.
36:28 Nous avons souhaité travailler avec notre administration
36:30 pour examiner la faisabilité de ce que nous mettions sur la table,
36:34 et ensuite de concerter avec les organisations agricoles.
36:37 – Et donc ça, la Wallonie peut le faire ?
36:39 – Là, c'est une décision qui est uniquement wallonne.
36:42 Et donc, je complète peut-être mon propos concernant ce que la Wallonie peut faire.
36:46 Donc, un, être vraiment leader et avocate d'un certain nombre de propositions,
36:54 porteuse de propositions au niveau européen.
36:56 Nous avons fait cela.
36:57 Nous avons encore un grand rendez-vous au Conseil européen des ministres de l'agriculture
37:01 qui aura lieu le 26 mars prochain.
37:03 Deuxièmement, nous avons participé aussi au niveau fédéral
37:07 à la tasse-force alimentation,
37:09 convoqué à l'initiative de nos collègues fédéraux,
37:11 dont David Clarinval,
37:13 avec pour but de travailler à la constitution et au mécanisme de fixation du prix,
37:20 du juste prix pour le producteur agricole.
37:26 Pas mal de mesures ont été décidées.
37:27 Elles ont, me semble-t-il, entraîné l'approbation du monde agricole
37:34 qui en demande la mise en œuvre rapidement.
37:37 Ils ont raison.
37:38 Et puis alors, au niveau wallon,
37:40 nous avons une série de mesures liées,
37:41 notamment à la simplification administrative.
37:44 Mais je souhaite continuer à travailler vraiment sur la promotion de nos produits,
37:50 de nos produits wallons, de nos produits de proximité.
37:52 Je veux aider à ce que nous aimions plus ou plus encore nos produits wallons
37:57 et donc que nous les consommions, d'une part.
37:59 Et d'autre part, on soutient aussi à travers nos centres de recherche,
38:04 notamment le CRAW, le Centre de recherche agronomique wallon,
38:08 toute une série d'études visant à permettre à nos agriculteurs
38:14 de gagner plus en termes de rentabilité de leur exploitation,
38:17 de pouvoir eux-mêmes disposer de nouvelles techniques, de nouvelles technologies.
38:21 C'est un autre volet, certes, mais qui est important pour les exploitations.
38:23 D'accord. Donc je retiens que vous avez déjà pris 45 mesures au niveau wallon.
38:27 Et qu'il y a encore 50 autres qui sont sur la table.
38:29 Ça veut dire qu'il y avait du travail.
38:31 Oui, et ça veut dire aussi qu'il y avait vraiment des leviers.
38:33 Pourquoi est-ce qu'ils n'avaient pas été activés jusque là ?
38:35 On doit, je pense, être transparent.
38:39 La crise agricole et aussi les manifestations agricoles
38:43 ont agi comme véritables révélateurs, mais aussi déclencheurs.
38:48 Et puis, il y a probablement des mesures que je n'aurais pas réussi à arracher
38:53 s'il n'y avait eu ce mouvement agricole qui s'est exprimé tout au long de ces dernières semaines.
38:58 Donc ce qui, probablement, était impossible encore au mois de décembre, au mois de mars...
39:03 Ils ont bien fait de manifester, quoi.
39:05 En tout cas, je parle vraiment avec...
39:10 Comme vous le savez, j'ai beaucoup de proximité par rapport au monde agricole,
39:12 mais je pense qu'il y a un mal-être profond.
39:15 Et ce mal-être, il n'a pas encore disparu.
39:18 Soyons bien clairs, ce n'est pas parce que l'Europe a décidé ou annoncé certaines mesures,
39:24 même chose au niveau fédéral, même chose au niveau wallon,
39:27 que la crise est derrière nous.
39:29 On jugera l'arbre à ses fruits, si vous me permettez l'expression.
39:33 C'est-à-dire que le monde agricole, il a raison, jugera tout simplement les actions entreprises au résultat.
39:39 Est-ce que concrètement, le prix du blé qui est actuellement effroyablement bas,
39:45 va repartir à la hausse ?
39:46 Est-ce qu'il va être possible, raisonnablement, dans l'élevage viandeux ou laitier,
39:52 de gagner sa vie, par exemple ?
39:53 – Alors parlons une minute quand même des élections qui approchent.
39:57 Ne craignez-vous pas que le MR se soit mis à dos certains de ses partenaires ?
40:01 Et est-ce que votre parti, enfin ça a été évoqué, ne risque pas de se retrouver dans l'opposition,
40:06 notamment en Wallonie ?
40:07 Est-ce que c'est une crainte que vous avez ?
40:09 – Écoutez, on n'est jamais venu nous chercher pour de beaux yeux.
40:15 Soyons directs, j'ai entendu le président du Parti Socialiste, depuis des mois,
40:20 indiquer que son choix c'était la coalition la plus à gauche possible.
40:25 Ce n'est pas le fait du MR convenons-en.
40:28 Et donc, aujourd'hui mon message est très clair, c'est le résultat des élections.
40:35 C'est le message, les messages que vont donner les électeurs
40:39 qui seront de nature à déterminer les prochaines coalitions.
40:42 Si, comme moi, on pense qu'un certain nombre de réformes sont nécessaires,
40:47 que le travail doit être mieux récompensé,
40:49 qu'en Wallonie on doit effectivement aussi, ou de façon plus large en Belgique,
40:56 répondre aux problèmes d'insécurité que l'on rencontre aujourd'hui,
41:00 si effectivement on croit dans la créativité de nos gens,
41:02 dans le soutien à un certain nombre d'initiatives,
41:04 si toutes ces convictions sont effectivement soutenues par nos concitoyens,
41:09 je pense que le MR aura sa place dans des gouvernements.
41:12 Sinon, soyons clairs, le Parti Socialiste a déjà fait son choix, et d'autres aussi.
41:17 – Est-ce que, vous, à titre personnel, ici en l'occurrence, pour la Wallonie,
41:21 je reste sur la Wallonie, on voit que le gouvernement wallon a travaillé,
41:26 il n'a pas si mal fonctionné que ça, alors que la Vivaldi,
41:28 on sait que ce n'était pas tout à fait un long fleuve tranquille,
41:31 est-ce que vous pourriez repartir dans la même coalition, alors, dans ces conditions ?
41:35 – Je ne veux vraiment pas faire d'exclusif.
41:37 Vous savez, la situation politique en Belgique, et en Wallonie notamment,
41:39 mais en Belgique est déjà tellement compliquée,
41:42 que si nous exprimons à 80 jours des élections des exclusives,
41:47 on va seulement… – Non, ici, ce n'est pas une exclusive,
41:48 c'est plutôt positif.
41:50 – Oui, mais on va compliquer le modèle.
41:52 – D'accord.
41:53 – Ormi, évidemment, les extrêmes de droite et de gauche.
41:56 – En Wallonie, il n'y a pas de droite extrême, donc ça va.
41:59 – Il n'y a pas de droite, de gauche, nous avons le PTB,
42:01 hormis cet exclusif qui est très clair ou très net,
42:03 je pense qu'il faudra vraiment…
42:05 Et ce n'est pas une figure de style.
42:06 Les gens, je disais que 30 à 40%, dans une étude récente,
42:11 de nos concitoyens n'ont pas encore fixé leur choix
42:14 pour le scrutin de juin prochain.
42:16 Je pense que plus que jamais, leur voix aura du poids au mois de juin prochain,
42:22 et je crois que, un, résultat des élections, bien sûr,
42:26 deux, les tendances en ce qui concerne le scrutin,
42:29 et trois, alors la capacité de pouvoir constituer un programme robuste.
42:32 On a un enjeu très important qui est la relance de la Wallonie,
42:36 c'est qu'on doit investir dans certains domaines,
42:38 regardez l'état de nos routes,
42:40 regardez l'investissement dans le logement,
42:44 l'activation du marché de l'emploi,
42:48 on sait qu'on a des chantiers importants,
42:51 le MR et moi-même, on veut vraiment être moteur et acteur positif de ce changement.
42:57 C'est vraiment l'état d'esprit, on se connaît depuis longtemps,
43:00 c'est vraiment l'état d'esprit qui est le meilleur.
43:01 J'ai vraiment une conviction très très forte
43:04 quant à la possibilité pour la Wallonie de pouvoir vraiment redécoller,
43:08 et c'est à ça que je veux travailler.
43:09 — Et le 15 échéant, est-ce que vous seriez candidat ministre-président ?
43:12 Vous l'avez déjà exercé de manière assez brève,
43:15 donc peut-être que c'est un peu frustrant,
43:17 vous auriez peut-être envie de le faire pendant une législature ?
43:20 — Vous savez, dans mon expérience,
43:24 j'ai souvent enregistré que ceux qui se déclaraient candidats à quelque chose
43:29 n'étaient en général pas ceux qui étaient retenus pour la fonction.
43:33 — Donc il vaut mieux ne pas se déclarer candidat.
43:35 — Laissons les citoyens s'exprimer,
43:38 laissons effectivement les choix,
43:40 les choix ils sont très très importants.
43:42 Vraiment, on va avoir,
43:45 et je parle avec vraiment la plus grande,
43:48 avec la plus grande attention, le plus grand sérieux,
43:52 notre pays a un rendez-vous vraiment très important cette année.
43:57 On sait que vraiment les combinaisons politiques
44:00 ou les résultats des élections
44:02 peuvent vraiment nous mettre dans une situation extrêmement complexe.
44:06 Je veux vraiment être acteur de solution,
44:11 que ce soit pour notre pays ou que ce soit pour la région.
44:14 Donc je reste enthousiaste et disponible,
44:15 mais vous ne m'entendrez jamais dire je suis candidat à cela ou candidat à ceci.
44:19 — On peut essayer.
44:20 Voilà, Willy Borsi, merci.
44:22 — Merci, merci de votre attention
44:23 et merci vraiment de cette occasion de réévoquer encore un certain nombre de sujets.

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