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00:00 Et il est 7h15 sur France Bleu Gironde, les codes ici, on attend aujourd'hui la décision du tribunal de commerce
00:05 sur 26 magasins Galerie Lafayette. Appartenant à l'homme d'affaires bordelais Michel Loyon,
00:09 après la liquidation de Camailleux et Gosporn, il se retrouve encore devant le tribunal.
00:13 Mais qui est vraiment Michel Loyon ? On en parle ce matin avec notre invité Vincent Mémot,
00:18 professeur à l'Université de Bordeaux et chercheur à l'Institut de Recherche en gestion des organisations.
00:23 Bonjour Vincent Mémot. Bonjour monsieur. Je vous repose la question alors, qui est vraiment Michel Loyon ?
00:28 Alors Michel Loyon c'est un entrepreneur bordelais spécialisé dans l'immobilier qui a su tirer parti
00:34 des avantages offerts dans les années 80, 90,
00:38 de l'opacité et on va dire du manque d'information qu'il y avait sur ce marché de l'immobilier
00:43 avec une bonne dose d'intelligence des affaires.
00:47 Donc sa fortune se construit d'abord là-dessus, sur des acquisitions immobilières, avec des hôtels, des bâtiments ?
00:53 Voilà l'idée c'est de concevoir l'économie comme du foncier,
00:58 en séparant d'une part les murs du fonds de commerce.
01:03 Donc les murs, ça nous rappelle pour le côté académique Adam Smith,
01:08 avec la séparation de la valeur entre la terre, l'exploitation et la valeur travail.
01:14 Dans ses actifs immobiliers, on peut citer le Grand Hôtel à Bordeaux par exemple, c'est un véritable empire qui s'est créé Michel Loyon.
01:19 Petit à petit Michel Loyon s'est construit un empire en diversifiant son activité immobilière sur d'autres activités autour du prêt-à-porter,
01:27 même s'il faut rappeler que c'est comme ça qu'il a commencé à la base,
01:29 mais aussi dans les écoles, mais aussi dans d'autres secteurs d'activité, la vigne, etc.
01:35 avec toujours des projets de taille plus importante.
01:38 Et on peut se demander effectivement s'il n'a pas versé dans l'hubris une ambition démesurée.
01:43 C'est ça qu'il a perdu ? C'est d'en vouloir toujours plus, vouloir toujours agrandir davantage son empire ?
01:48 Alors, savoir si ça l'a perdu, c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens.
01:51 On peut néanmoins se dire que sur ce parcours, il a su démontrer sa capacité à porter des projets de grande ampleur.
01:57 Il bénéficie néanmoins de conditions d'activité qui sont plus défavorables en ce moment.
02:03 Il ne faut pas rappeler que la vie d'un entrepreneur n'est pas simple.
02:05 Des milliers d'entrepreneurs se retrouvent au tribunal de commerce chaque année.
02:09 En ce qui le concerne, peut-être effectivement que ces projets sont de taille trop importante,
02:15 mais le contexte joue un rôle clé évidemment.
02:18 On a eu notre invité ce matin sur France Bleu Gironde, Vincent Mémo,
02:20 professeur à l'Université de Bordeaux et chercheur à l'Institut de Recherche en gestion des organisations.
02:25 Et pourquoi il a décidé d'aller dans le prêt-à-porter alors que tout se passait bien,
02:28 si on comprend bien, dans l'immobilier et que c'est un secteur, on le sait, qui est en difficulté ?
02:32 Alors, le montage et généralement, voilà ce que je disais tout à l'heure,
02:37 autour de l'acquisition de murs et d'exploitation, c'est...
02:41 Donc quand il achète un magasin camaillot, il achète surtout les murs ?
02:43 Il achète effectivement des murs qu'il va faire porter par une foncière.
02:47 C'est un montage classique, traditionnel, qu'il a su porter jusqu'au bout
02:54 et qu'il a fait aussi dans l'hôtellerie, il faut le rappeler.
02:57 Donc on a cette logique-là.
02:59 Il ne faut pas oublier encore une fois qu'il a commencé dans le prêt-à-porter,
03:02 M. Hoyon, dans les années 70.
03:04 Là, ce qui marque et ce qui fait qu'on en parle autant, c'est qu'il y a énormément de magasins,
03:08 il y a énormément d'emplois en jeu, ce sont des marques très connues,
03:12 des Français, Camaillot, Gosport.
03:14 C'est ça aussi qui fait qu'il est tellement sur le devant de la scène
03:17 plutôt que tous les autres chefs d'entreprise
03:19 qu'ils retrouvent devant le tribunal de commerce, comme on le disait.
03:21 Alors effectivement, quand il y a une reprise d'entreprise,
03:24 généralement, on va s'attacher à une stratégie qui va être mise en place
03:27 pour maintenir des emplois.
03:29 Ça fait partie des négociations qui peuvent exister,
03:31 mais en même temps, il faut que le repreneur s'y retrouve
03:33 d'un point de vue économique et financier.
03:35 Là, son enjeu des milliers d'emplois,
03:37 c'est qu'on prend l'ensemble de la galaxie Oaïon.
03:40 Et c'est ça qui va défrayer la chronique,
03:43 puisque se pose la question de ce partage de la valeur.
03:45 Est-ce que finalement, lui, se retrouve à supporter le risque
03:50 ou est-ce que le risque est supporté par les employés ?
03:52 Et tous ces emplois qui ont disparu,
03:55 il y a une enquête aussi qui est ouverte pour escroqueries en bande organisée.
03:58 Est-ce qu'il peut encore avoir un avenir, Michel Oaïon,
04:00 dans le grand monde des affaires ?
04:02 Non, ce n'est pas parce qu'une enquête est diligentée
04:04 qu'il a été condamné.
04:05 Il ne faut pas rappeler que quand un entrepreneur va au tribunal de commerce,
04:09 on a parfois cette image d'un escroc, etc.
04:12 Il faut savoir que depuis la loi de 1985,
04:14 tout ça a bien changé.
04:15 Aujourd'hui, le tribunal de commerce est plutôt un lieu de médiation
04:18 qui va accompagner les entrepreneurs dans la sortie de la difficulté.
04:22 Donc là, on est dans cette période où on va essayer de trouver des solutions
04:25 pour sauver les entreprises, sauver les emplois.
04:27 Mais l'image qui va rester, c'est celui qui a coulé Camailleux, Michel Oaïon.
04:30 Elle va rester.
04:31 Il en demeure néanmoins cette question de la réputation.
04:34 La réputation qui touche un homme d'affaires,
04:36 qui touche peut-être aussi la profession immobilière.
04:39 C'est vrai que cette profession souffre beaucoup en ce moment.
04:41 On ne le dit peut-être pas assez,
04:43 avec des milliers d'emplois qui sont concernés indépendamment de M. Oaïon.
04:48 Merci pour ce décryptage, en tout cas,
04:50 et d'avoir été avec nous, Vincent Mémo,
04:52 professeur à l'Université de Bordeaux,
04:53 chercheur à l'Institut de Recherche en gestion des organisations.
04:56 Bonne journée à vous.

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