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00:00 La France lance un festival de la francophonie qui va durer plus de 6 mois, c'est-à-dire jusqu'au sommet de la francophonie qu'elle organise début octobre.
00:08 Pour la première fois depuis 33 ans, il y a 321 millions de francophones dans le monde.
00:14 Le français est la 5e langue mondiale. La francophonie, on va en parler avec le directeur exécutif de Lorient-Lejour,
00:20 seul quotidien libanais d'expression française et qui fête ses 100 ans. Bonsoir à vous, Fouad Kourielou.
00:27 Bonsoir. Merci d'être avec nous en direct de Beyrouth. Lorient-Lejour qui est né donc le 15 juin 1971 de la fusion de deux journaux.
00:36 Lorient, fondé à Beyrouth en 1924 par Georges Nakach et Gabriel Kabaz et Lejour, fondé également à Beyrouth en 1934.
00:44 C'est le seul quotidien libanais francophone. Au Liban, 38% de la population est francophone, mais on sait que c'est l'anglais qui progresse chez les Libanais.
00:54 L'enseignement apprentissage de la langue française est en régression depuis les années 2000.
00:58 Êtes-vous des résistants face à la déferlante de l'anglais ?
01:02 Je crois qu'il y a du vrai et du faux dans l'affirmation. Certainement, l'anglais a progressé, mais on le voit, c'est une progression mondiale et puis dans toute la région aussi.
01:14 Mais de notre côté, le français se maintient. Il y a 50% à peu près du système scolaire qui est francophone et ça dure depuis une vingtaine d'années déjà.
01:26 Donc l'anglais a progressé, mais il y a une stabilisation en ce moment, je dirais, de façon générale.
01:31 Après, pour nous, le fait d'être un journal francophone au Moyen-Orient, pour nous, c'est un grand moment tout simplement parce qu'il n'y a pas tellement de journaux.
01:43 Quelle que soit la langue, ils ont perduré dans la région, vu l'instabilité que l'on connaît.
01:49 En quoi le français fait-il partie de la culture libanaise ? C'est toujours le cas ?
01:55 Oui, c'est toujours le cas pour une grande partie de la population.
02:00 Les Libanais sont polyglottes. Ils parlent l'arabe, qui est leur langue maternelle, et ils parlent plusieurs langues à côté.
02:09 L'anglais est une langue de communication, c'est un vecteur d'affaires, c'est un vecteur pour les réseaux sociaux, pour Internet.
02:18 Et le français à côté, c'est une langue de culture. C'est-à-dire que ceux qui le parlent, ils l'aiment.
02:25 Ils utilisent cette langue un peu comme leur langue maternelle aussi.
02:29 Les Libanais dans l'ensemble ont besoin de ce multiculturalisme et ce maniement des langues, tout simplement pour continuer à exister.
02:41 Je dirais qu'au-delà de l'Orient le jour, si le Liban continue aujourd'hui, c'est parce que les Libanais, malgré les guerres, malgré l'instabilité,
02:50 ils ont continué, ils ont parfois quitté le pays, ils ont été ailleurs, ils sont venus.
02:56 Ou lorsqu'ils sont en diaspora, ils continuent d'aider leur pays de diverses façons.
03:01 Donc le maniement des langues, c'est une façon pour le Liban de continuer à exister, de ne pas être balayé par les vents régionaux.
03:09 Alors vous fêtez vos 100 ans. Il y en a eu des vents régionaux en 100 ans.
03:13 Et à cette occasion, vous faites en une une interview intime du diplomate et ancien ministre de la Culture du Liban, Ghassan Salamé, et de sa fille,
03:20 notre consoeur, star de la télévision en France, Léa Salamé. Ils sont ensemble dans une interview assez intime.
03:27 Qu'est-ce qu'ils incarnent ? Est-ce qu'ils sont la quintessence des liens entre la France et le Liban ?
03:32 Je ne voudrais pas répondre à leur place, mais pour nous, ils incarnent le Libanais dans son expression la plus parfaite, si vous voulez.
03:43 Le Libanais qui n'est pas toujours resté chez lui, mais qui garde une part de lui-même où qu'il soit et qui ne peut pas y renoncer.
03:52 Je dirais que c'est un peu aussi… ça fait un peu cliché de le dire, mais c'est un peu le citoyen du monde.
04:00 Le Libanais est par essence un peu ce citoyen du monde, ce spectateur de la mondialisation qui est balotté, comme nous le sommes tous,
04:11 et qui a été peut-être plus balotté que d'autres, comme on le sait, et qui continue pourtant d'être attaché à ses racines-là.
04:19 Et nous croyons, en tout cas, dans nos jours, nous le croyons et nous l'espérons, que le français reste une des racines profondes des Libanais.
04:27 Comment parvenez-vous à conserver votre indépendance, en particulier par exemple pour la couverture de la guerre au Proche-Orient ?
04:34 Ça, c'est quelque chose auquel nous sommes très attachés. Un élément fondamental auquel nous avons eu à faire face, c'est la crise économique libanaise depuis 2019,
04:50 l'effondrement économique libanais, je dirais même. Et cet effondrement, nous avons dû lutter contre en nous réinventant.
04:57 Et ça passe par la généralisation du modèle numérique, ce qui fait qu'aujourd'hui, nous avons 75 % de nos lecteurs en moyenne,
05:06 80 % pour le français et un peu plus de 70 % pour l'anglais, puisque nous existons aussi en anglais.
05:12 Eh bien, 75 % de nos lecteurs sont en diaspora, ils ne sont pas au Liban.
05:17 Et c'est grâce à ça que nous continuons aussi. C'est parce que les Libanais, où qu'ils soient, continuent de nous lire et de nous lire en français.
05:24 « World Happiness », c'est un rapport mondial de l'ONU que vous avez d'ailleurs en une de votre quotidien aujourd'hui,
05:31 et qui affirme que les Libanais sont le deuxième peuple le plus malheureux au monde après les Afghans. C'est votre ressenti ?
05:39 Vous savez, les Libanais sont soumis à énormément de pression. Et notre travail en tant que quotidien, c'est d'essayer justement de donner,
05:48 de continuer à donner espoir. Donc, de ne pas seulement donner des nouvelles politiques, parce qu'elles ne sont pas bonnes, c'est une évidence,
05:55 pas seulement donner les nouvelles économiques, parce qu'elles ne sont pas bonnes depuis cinq ans, malgré…
06:00 Il y avait eu un début d'embellie en 2023, l'an dernier, malheureusement contrecarré en bonne partie par les événements à Gaza.
06:09 Du coup, il y a d'autres choses qu'on peut dire aux Libanais. Et nous croyons que c'est notre rôle d'apporter de la culture,
06:16 d'apporter un autre regard, d'apporter le regard de la diaspora sur le Liban.
06:20 Donc, vous n'êtes pas le plus malheureux au monde ?
06:24 Nous essayons de lutter contre cela, quoi qu'il arrive.
06:28 Merci d'avoir été avec nous ce soir. Fouad Khoury, élu, directeur exécutif de Lorient Le Jour, qui fait donc ses 100 ans. Merci à vous.
06:35 Merci à vous.