Un déjeuner partagé avec Estelle Youssouffa, députée LIOT de Mayotte pour parler de la cuisine et des saveurs d'Outre-mer. Au menu également: malgré le retour des pluies, l'eau ne coule pas tous les jours au robinet, à Mayotte. Quelles conséquences pour les habitants ?
Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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Brigitte Boucher et Jean-Pierre Montanay partagent un repas avec une personnalité : politiques, chefs cuisiniers, artistes.... L'occasion d'aborder un thème d'actualité, autour de reportages et d'un menu élaboré avec des plats typiques de leur région, souvenirs d'enfance ou qu'ils apprécient particulièrement. Comment le contenu de nos assiettes impacte-t-il nos modes de vie ? Tout en parlant gastronomie, c'est l'avenir de notre société et les enjeux de demain qu'ils questionnent.
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NewsTranscription
00:00 *Générique*
00:17 Bonjour à tous et bienvenue dans Politique à table sur LCP, l'émission où on parle cuisine,
00:22 alimentation, agriculture, écologie mais aussi politique et cette semaine nous recevons Estelle Youssoupha.
00:28 Bonjour et merci d'être avec nous et avec moi pour présenter cette émission Jean-Pierre Montanay.
00:32 Bonjour Jean-Pierre.
00:33 Bonjour Brigitte. Bonjour Estelle Youssoupha.
00:35 Bonjour.
00:35 Vous êtes députée Lyott de Mayotte mais votre carrière vous l'avez commencée comme journaliste,
00:40 présentatrice à la télévision, à LCI, TV5Monde, Al Jazeera, BFM TV ou ITL, Avancé News.
00:47 Un point commun entre nous, ça s'arrête là.
00:50 Votre seul et unique combat, et bien c'est la défense de Mayotte.
00:53 Pour vous, la vice-présidente de la délégation Outre-mer de l'Assemblée Nationale et fille de militaires maorais.
00:58 En 2019, vous prenez la tête d'un collectif de citoyens contre l'immigration comorienne.
01:03 Dans un entretien à Libération, vous appelez la France à envoyer aux Comores des fusillés commandos
01:09 pour dynamiter les usines qui fabriquent les cuaça-cuaça, ce sont ces embarcations
01:13 qui permettent aux Comoriens de rallier les côtes de l'île.
01:16 Votre revendication, je cite, "prendre conscience de l'annexion par le peuplement qui est en cours".
01:21 Vous parlez à l'époque de colonisation et aujourd'hui, vous appuyez donc fortement
01:26 la fin du droit du sol à Mayotte, annoncé par l'exécutif.
01:29 Pendant la campagne des législatives, en 2022, votre surnom était "Poutougoua".
01:34 Comprenez, piment oiseau, on peut donc s'attendre à un menu épicé, Jean-Pierre.
01:39 Alors, épicé, oui, pimenté, je ne sais pas, avec un poulet au lait de coco, gingembre, curcuma et vanille.
01:46 Et en dessert, une salade de fruits à la vanille, encore, de Mayotte, à fond la gousse.
01:51 Oui, à fond la gousse, parce qu'elle est là et avec moi.
01:54 Dans le dessous des plats, la cuisine créole et d'outre-mer méconnue et pourtant,
01:58 elle regorge de saveurs toutes plus alléchantes les unes que les autres,
02:02 découverte au salon de la gastronomie des Outre-mer avec Hélène Bondière.
02:06 Dans les pieds, dans le plat Mayotte, à sec, malgré le retour des pluies,
02:10 l'eau ne coule pas tous les jours au robinet.
02:11 Quelles conséquences pour les habitants ? Reportage à suivre.
02:15 Allez, on passe à table, tout de suite, cuisine et confidence.
02:20 [Générique]
02:25 Estelle Youssoupha, en tant que passionnariat de la cause mahoraise,
02:29 bien entendu, chaque sortie médiatique pour vous est l'occasion de braquer les projecteurs sur votre île
02:33 pour dénoncer, oui, le chaos qui la submerge, vous, la mercenaire autoproclamée au service de Mayotte,
02:40 rien à voir avec le sulfureux Bob Denard.
02:42 Au treillis militaire, vous préférez votre mythique et très élégant châle
02:47 que vous portez encore aujourd'hui pour défendre Mordicus, une île française,
02:51 au point que les Mahorais vous surnomment, comme l'a rappelé Brigitte, ce "putu gowa",
02:57 un piment certes tout petit, mais qui pique très fort, comme le feu.
03:01 Attention, Brigitte, nous voilà prévenus.
03:03 Le piment, la transition est donc toute faite avec la table,
03:06 car vous savez aussi vanter les délices et les saveurs culinaires de votre île.
03:10 Vous auriez pu nous proposer le pil-à-eau, la paella locale parfumée au safran, à la cannelle, au girofle,
03:16 le caca moco, je ne sais pas si je le prononce bien,
03:18 soupe de poisson mijoté avec de l'ail et du piment,
03:20 mais vous avez tranché pour un poulet coco préparé avec les trésors de l'île,
03:25 le lait de coco, mélange de la chair et de l'eau de la noix,
03:28 le curcuma rhizome, qui nourrit et soigne à la fois,
03:31 et votre touche personnelle, cette vanille, la fierté de Mayotte,
03:35 ce poulet au lait de coco, c'est donc pour vous l'ambassadeur culinaire de votre île ?
03:39 - Alors en fait, je suis venue avec la vanille de Mayotte,
03:42 parce qu'effectivement, quand vous m'avez invité, je vous remercie pour cette invitation,
03:46 je pense qu'on voit que j'aime manger.
03:48 Comment dire, la vanille de Mayotte a gagné au concours agricole la médaille d'argent,
03:56 et en fait Mayotte, son surnom c'est l'île au parfum.
03:59 Nous sommes dans le canal du Mozambique, sur une route qui, de manière multimillénaire, faisait le commerce des épices.
04:06 Mayotte est une île volcanique, donc avec une terre extrêmement fertile,
04:11 nous avons, depuis que nous sommes enfants, interdiction de jeter un noyau quand on mange dehors,
04:17 parce que ça pousse, tout de suite, très vite.
04:19 - Légende non ? - Non, c'est très vrai !
04:21 - Un noyau à l'arbre ! - Je vous assure que c'est très vrai !
04:24 - Mais est-ce que ça va durer, parce qu'il n'y a plus d'eau à Mayotte ?
04:26 - C'est très vrai, parce que si vous jetez des noyaux de papaye ou de mangue, etc.,
04:31 six mois après, vous regardez... - Ça sort du sol !
04:33 - Oui, ça c'est vrai, c'est pas du tout une légende,
04:37 et donc l'île au parfum, parce que Pouss-à-Mayotte, la vanille, la meilleure du monde,
04:42 les collègues haïtiens et réunionnais, aucun doute,
04:46 donc la vanille, la girofle, la cannelle, le poivre, sont des épices,
04:53 la cardamone, tout pousse à Mayotte, et donc c'est l'île au parfum,
04:57 et on a l'habitude de manger effectivement épicés, mais au sens propre,
05:00 c'est-à-dire des épices, pas nécessairement pimentées.
05:03 Alors après, mon surnom, qui m'a été donné par des humoristes à Mayotte
05:07 qui ont fait l'état civil burlesque de tous les candidats aux législatives,
05:11 m'ont appelé Poutoum Goa, que j'ai gardé comme emblème,
05:15 parce que dans un plat maorais, le piment est toujours servi à côté,
05:20 mais il est indispensable pour le plat.
05:23 On l'estime terminé quand on a le piment.
05:25 C'est le plus beau des compliments que pouvaient me faire les maoraises et les maorais,
05:30 qui notent mon sale caractère et nous renvoient la nourriture,
05:34 parce qu'on est une population très gourmande.
05:36 - Mais dans ce poulet au lieu de coco, c'est une touche personnelle, la vanille,
05:39 ou c'est la recette traditionnelle de Mayotte ?
05:41 - Non, la recette traditionnelle, donc je sais que mes compagnes...
05:44 Ah bon, la vanille, non.
05:46 Mais en fait, mon papa, quand nous habitions dans l'Hexagone,
05:50 faisait chaque dimanche un pleu au coco.
05:52 - Chaque dimanche, c'était le plat familial.
05:54 - C'était le plat quand il cuisinait pour nous.
05:56 - Et c'est votre papa qui cuisinait à la maison ?
05:58 - C'est le bœuf bourguignon maorais.
06:00 Et il nous faisait le poulet au coco, et donc il y a un parfum très particulier.
06:05 Il y a la couleur qui est superbe, un peu dorée, qui est celle du curcuma,
06:10 qui est très doux, qui est enveloppant, et on sent les effluves.
06:14 - Et donc la touche vanille, c'était celle de votre papa que vous avez gardée ?
06:18 - Que j'ai gardée et que maintenant j'utilise comme prétexte pour mettre en avant
06:22 cette merveilleuse vanille qui est superbe.
06:25 Enfin, moi je suis dingue de vanille.
06:28 Quand on était enfant, il y en avait tellement à Mayotte
06:30 qu'on vendait des jouets de vanille tressée.
06:32 On ne pouvait pas imaginer que ça pourrait devenir aussi précieux.
06:35 - Mais du coup, la vanille, on la retrouve dans presque tous les plats ?
06:39 - Non, ça fait partie d'un de nos mystères, c'est qu'on en fait pousser.
06:44 Moi, je suis l'ambassadrice de nos agriculteurs,
06:47 et en fait, on la cuisine très peu,
06:49 alors qu'on cuisine la cannelle, toutes les autres épices,
06:52 et en fait, la vanille fait partie des objectifs du mandat,
06:55 qu'on développe un livre de recettes maores avec la vanille,
06:58 mais donc moi, je contribue et j'en cuisine.
07:00 - En tout cas, elle s'exporte beaucoup, j'imagine qu'on la trouve un peu partout ?
07:04 - Non, très peu. - Ah, très peu ?
07:06 - Parce qu'il y a une micro-production.
07:08 - Vous avez relancé Mayotte, j'ai vu que ça y est, on relançait progressivement.
07:12 - Une partie de mon travail, c'est de faire venir les marchands,
07:16 donc Rolinger, expliquer que c'est une vanille de niche,
07:20 qui est très précieuse parce qu'elle est bio,
07:22 elle est faite à la main, elle est française,
07:24 et aider nos grands maîtres cuisiniers, pâtissiers dans l'Hexagone
07:31 à connaître cette vanille, donc j'en ai offert, j'en ai envoyé à nos grands chefs,
07:36 en leur disant, voilà, "découvrez cuisiner, inventez des recettes",
07:41 pour faire connaître, je pense que ce ne sera jamais une production énorme
07:45 comme celle que font Madagascar ou La Réunion ou Tahiti,
07:50 mais c'est une... faire comprendre aussi à nos compatriotes
07:54 qu'il y a des terroirs pour la vanille,
07:56 et que le terroir maorais, c'est une vanille qui est puissante, qui est très bonne.
08:01 - On l'a reçu, M. Rolinger, qui est le prince des épices.
08:03 - Oui, j'ai regardé sa démission, qui est merveilleuse.
08:05 - J'espère que, donc, dans sa boutique, soit en Bretagne, à Concate, soit à Paris,
08:08 il y aura la vanille de Mayotte.
08:10 Est-ce que vous pouvez goûter ? Parce que moi, je trouve qu'on sent la vanille,
08:13 c'est très bon, ça manque un tout petit peu de sel,
08:15 mais dites-nous, puisque c'est Chef Françoise qui a cuisiné ça,
08:18 si on retrouve l'esprit maorais, l'esprit du dîner du dimanche...
08:22 - Du déjeuner du dimanche, on dit ça.
08:25 Chez vous, enfants, est-ce que ça ressemble effectivement à vos souvenirs culinaires ?
08:30 - Non, mais je suis heureuse que ça voyage.
08:32 - Non, mais c'est vrai, parce que je trouve... - C'est une jolie réponse.
08:35 - Je trouve que c'est important, parce que le repas, c'est le partage,
08:38 et que pour nous qui sommes une île qui...
08:41 Malheureusement, je dois, par mon travail, dénoncer ce qui ne va pas.
08:44 C'est très important de parler aussi... - De dire aussi ce qui va.
08:47 - Ce qui va et nos trésors, et de contribuer à une des passions françaises,
08:52 qui est la cuisine, et là aussi, nous, à Mayotte, on est des Gaulois...
08:56 - Quelle différence, par exemple, avec celui que, par exemple, préparait votre papa ?
09:01 C'est dans le goût, dans la consistance ?
09:04 - Oui, oui, je pense que... Bon, là, le pauvre, le lait de coco a tranché,
09:07 parce qu'il a été trop cuit, mais comment dire ?
09:10 Je pense qu'il y a une autre épice que j'arrive pas à remettre, mais c'est très bon.
09:13 - Alors, curcuma, gingembre, des échalotes...
09:16 - C'est pas bon. - Mais il y a autre chose.
09:19 - J'ai une question très pratique. Nous, on a découvert maintenant, en France,
09:22 enfin, en métropole, le lait de coco depuis quelques années, alors qu'il y a encore 30 ans,
09:25 c'était très compliqué à trouver. Vous, le lait de coto, c'est vous-même qui le fabriquez,
09:29 en prenant une noix, en râpant la chair et en mélangeant avec l'eau ?
09:32 - Traditionnellement, ou moi, quand je cuisine aujourd'hui ?
09:34 - Quand vous cuisinez aujourd'hui, vous... - Ah mais non, mais non,
09:36 la merveille de la bouteille, de la conserve.
09:41 - Mais vous l'avez déjà vu faire ? - Parce que quand on était enfant, bien sûr,
09:44 on râpe et puis on le fait pendant les fêtes.
09:47 - Parce que ça a tout changé, quand même, non ? - Oui.
09:50 Mayotte a une très forte tradition de cuisine.
09:53 Chaque fête, donc, on est... Nos traditions sont très vivantes.
09:58 Donc, le calendrier religieux est très important.
10:01 Et toutes les célébrations sont marquées par des repas partagés.
10:06 Donc, repas partagé, c'est un minimum une trentaine de personnes,
10:09 voire 100, 200, 300, et ce sont les femmes qui préparent.
10:13 Les hommes contribuent, en fait, en amenant tous les ingrédients.
10:17 Donc, le feu de bois, tout est fait au feu de bois, avec des ingrédients maison.
10:21 On abat le bœuf ou les chèvres la veille ou le jour même.
10:26 Enfin, c'est très, très traditionnel.
10:29 C'est succulent et incroyable.
10:31 - Alors, c'est quoi, ces plats typiques ? - C'est toutes les générations qui viennent.
10:34 Donc, les grands-mères ont des groupes, d'ailleurs, villageois.
10:40 Elles se réunissent et elles vont aller de fêtes en fêtes de circoncision,
10:44 en anniversaire pour les fêtes des morts, etc.
10:48 Elles ont des groupes et elles vont aller de famille en famille.
10:52 Et donc, elles vont amener leurs recettes.
10:54 C'est une organisation très militaire.
10:56 Il y a beaucoup d'hierarchies.
10:58 Et donc, les plus jeunes, il y aura celles qui vont touiller,
11:00 celles qui vont râper le coco, dont vous parliez,
11:03 les petites qui vont être préposées au vaisselle avec des marmites énormes.
11:07 Donc, on amène ces marmites.
11:09 C'est des moments très heureux. J'adore ça.
11:11 Depuis enfant, on fait ça et ça perdure.
11:13 On y tient beaucoup pour les mariages, pour les fiançailles.
11:17 On est une société insulaire, donc très attachée à la vie en groupe
11:22 puisque le groupe, c'est la survie.
11:24 L'isolement de l'insularité fait qu'on existe peu individuellement.
11:28 Et donc, nos traditions culinaires sont très importantes.
11:32 Les hommes, c'est une culture majoritairement musulmane.
11:36 On mange de manière séparée, mais les meilleurs plats sont pour les femmes.
11:40 Alors, pendant ce temps-là, trois choses à savoir sur le poulet au lait de coco, Jean-Pierre.
11:44 Oui, très rapidement, Brigitte, parce que pas étonnant que le mariage du poulet et du lait de coco
11:47 soit adoubé par un tas de cultures culinaires à travers le monde.
11:50 Le poulet est sans doute la viande la plus consommée au monde.
11:53 Et la noix de coco, un don du ciel quand même pour les cuisiniers sous les tropiques.
11:57 On a vu la recette mahoraise avec de la vanille,
12:00 mais on retrouve ce plat de l'Amérique du Sud à la Thaïlande, en passant par l'Inde, l'Indonésie.
12:05 Beaucoup de similitudes entre toutes ces recettes, Brigitte.
12:07 Souvent, ce sont les herbes et les épices qui diffèrent.
12:09 En Inde, ils se cuisinent avec un garam masala, c'est-à-dire un mélange d'épices qui varie selon les régions.
12:15 Du gingembre frais, râpé, du curcuma, des oignons, des tomates,
12:19 parfois des pommes de terre et aussi du yaourt à la mode de Goa.
12:22 Et puis il y a le poulet coco, c'est aussi un classique de la cuisine thaï avec le poulet au curry vert.
12:27 Vous avez sans doute déjà goûté ça.
12:29 Et sa fameuse pâte verte, comme les piments qui la composent.
12:32 On y trouve aussi de la citronnelle, du galanga, de la pâte de crevette.
12:36 Bien différent des épices qu'on trouve à Mayotte.
12:38 Ce plat se prépare avec des petites aubergines thaïes, des feuilles de lime, du citron vert, du sucre de palme,
12:44 de la sauce de poisson et bien sûr au dernier moment, des feuilles de basilic thaï au parfum.
12:48 Si particulier. Vous aimez aussi le poulet coco thaï ?
12:52 Oui, je suis une grande cureuse.
12:54 Alors, ils mangent très pimenté dans la sauce alors que nous on le met toujours à part.
12:58 Mais comment dire...
13:00 Parce qu'en fait le coco, c'est riche, ça signifie la fête,
13:06 parce que c'est du travail à préparer pour ce poulet coco.
13:09 Ce n'est pas un plat qu'on mange tous les jours.
13:12 On le mange maintenant grâce aux conserves, plus régulièrement.
13:15 En fait, c'est quand même beaucoup plus de travail pour préparer.
13:19 Et en fait, vous l'avez en bouche, c'est un goût qui est très suave,
13:23 qui est très enveloppant et qui a plusieurs goûts,
13:27 et qui magnifie toutes les autres saveurs.
13:31 Donc c'est vrai qu'effectivement ça se marie avec le gingembre et toutes les autres épices qu'on peut mettre dedans.
13:36 Et pour les vrais gourmands, les plats au coco sont toujours meilleurs réchauffés,
13:41 c'est-à-dire le lendemain, une fois que le lait a pu infuser.
13:44 - Mais du coup, ça ne tourne pas comme la sauce ?
13:46 - Normalement non.
13:48 - Normalement non, ça dépend de la préparation.
13:51 - Ce n'est pas réchante.
13:53 - Mais non, que ça tranche ne change rien au goût.
13:56 - Non, c'est ce que j'allais dire.
13:57 - Ça ne change rien au goût, c'est visuel, mais ça n'a rien à voir.
13:59 - Mais quand vous dites "trancher", parce que c'est intéressant pour tous ceux qui nous regardent
14:02 et qui aiment faire cette cuisine thaïlandaise, indienne ou mahoraise...
14:05 - C'est que le gras, c'est séparé.
14:07 - C'est pareil, mais c'est parce que ça a trop cuit.
14:09 Moi, j'ai déjà fait trop cuire et ça ne tranche pas forcément.
14:11 - Vous mettez un coup de mixeur et ça repart, ça refait les molécules.
14:17 - Il ne faut pas qu'il y ait trop d'épices et trop d'herbes aussi, parce que du coup, ça va les mixer avec.
14:20 - Une question sur la différence entre...
14:22 Vous nous avez demandé un poulet au coco et le curry, en fait,
14:25 où on retrouve justement cette coco-là.
14:27 Est-ce que c'est très différent ?
14:29 Est-ce que vous vous trouvez que ça pourrait servir ?
14:31 - Le curry, en fait, est un mélange d'épices qui est déjà fait.
14:34 Et la cuisson n'est pas exactement la même.
14:39 C'est-à-dire que le curry...
14:41 Moi, je suis une passionnée de cuisine.
14:43 Le curry, vous faites rôtir les épices avant, dans la casserole,
14:47 et ensuite, vous rajoutez le lait de coco.
14:50 Le lait de coco à la maoraise, on fait cuire les échalotes et puis le gingembre.
14:56 On met le coco et après, on rajoute le curcuma, qui est en poudre.
15:02 Mais à Mayotte, il est frais, le curcuma.
15:04 C'est une racine qui est semblable à celle du gingembre.
15:06 Donc, il est cuit avec.
15:09 Donc, ce n'est pas un mélange d'épices comme le curry indien,
15:12 qui a minimum 5 à 10 épices.
15:14 Ce n'est pas ça.
15:15 Au contraire, la cuisine maoraise est plutôt simple dans les mélanges d'épices
15:19 parce qu'on aime sentir les goûts.
15:21 - Et la cuisine maoraise, elle prend du temps à faire ?
15:24 Ça se mijote assez longtemps ?
15:26 - Oui, c'est une cuisine...
15:28 Oui, c'est une cuisine patiente.
15:30 Mais, comment dire...
15:33 C'est une cuisine qui a beaucoup changé parce qu'on était une île très pauvre.
15:37 Donc, ils mangeaient beaucoup de poissons, beaucoup d'herbes.
15:40 Et avec l'arrivée du supermarché, des boîtes de conserve,
15:47 on mange moins frais.
15:49 Et donc, ça a permis de rendre plus courants les plats au coco,
15:53 qui étaient vraiment réservés, râpés.
15:56 Pour un plat comme ça, on peut penser qu'il vous faut 2 ou 3 noix de coco.
16:01 Ça vous prend pour râper 20, 25 minutes.
16:05 - Et vous cuisinez beaucoup en France ?
16:08 Soit à Mayotte, soit en métropole ?
16:11 - Oui, c'est un grand...
16:13 C'est quelque chose qui me vide la tête.
16:15 Et j'aime beaucoup recevoir.
16:17 - Autant à Paris que quand vous êtes sur place ?
16:20 - Quand je suis à Mayotte, je travaille trop.
16:24 Mais quand je suis à Paris, c'est d'abord pour faire partager,
16:27 pour inviter, recevoir les amis.
16:30 Mais parce que j'aime réfléchir à concevoir les menus,
16:33 faire les courses, c'est quelque chose qui me permet de déconnecter.
16:37 - Vous êtes à cheval sur 2 cultures, avec votre père et votre mère.
16:41 Quand vous faites des dîners, vous êtes plutôt rougaille ou blanquette de veau ?
16:45 - Ça dépend des invités.
16:47 - Les deux, ça peut être...
16:49 Jamais en même temps.
16:51 Mais par exemple, ce week-end, je recevais un ami.
16:55 On fêtait ses 45 ans.
16:57 Je lui ai fait un poulet au coco.
17:00 Et en entrée, une salade sicilienne.
17:03 C'était une salade d'orange avec des câpres et des oignons rouges.
17:08 Et en dessert, comme j'ai vécu en Grande-Bretagne,
17:11 un "Eaton mess", qui est une crème fouettée avec des fruits rouges et de la meringue.
17:15 - Ça travaille, ça !
17:17 - Babette, il faut bien se tenir !
17:20 - Vous avez passé des heures en cuisine.
17:22 - J'aime beaucoup cuisiner.
17:24 - Ça vide la tête.
17:26 - C'est un plaisir d'aller réfléchir au menu,
17:29 d'aller faire les courses,
17:31 d'aller discuter avec les artisans des magasins de bouche.
17:37 Et puis, les repas démarrent toujours des discussions
17:41 et des échanges qui sont passionnants.
17:44 - Et vous trouvez toujours toutes les épices qu'il vous faut ?
17:48 - Je fais des kilomètres pour des épices.
17:51 Je suis une vraie folle de cuisine.
17:53 Je voyage, je ramène.
17:56 - Qu'est-ce que vous ne trouvez pas à Paris ?
17:59 Quand on va dans les quartiers indiens, Tamoul...
18:02 - Ce que je ne trouve pas, je commande !
18:05 - C'est surtout des herbes fraîches qu'on ne peut pas trouver.
18:09 - Ma famille ou les amis, quand ils viennent à Paris,
18:12 me ramènent des produits fraîches.
18:14 Quand je rentre de Mayotte, je prends des tisanes traditionnelles,
18:18 je ramène mes plantes.
18:20 - Tout ça s'échange et tout ça voyage un peu partout.
18:24 On va voir si vous êtes vraiment incollable maintenant.
18:27 Et c'est le quiz.
18:29 - On l'a vu, vous êtes une grande, grande fan de la vanille.
18:34 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations la concernant
18:37 sont vraies ou fausses ?
18:39 C'est Edmond, un jeune esclave de 12 ans, jardinier de son état,
18:43 qui a mis au point, en 1841, la reproduction artificielle de la vanille.
18:48 - Il me semble. - Bravo.
18:50 - C'est vrai, parce qu'il faut fertiliser, c'est une orchidée.
18:53 - C'est celui qui a permis d'exploiter la production de vanille
18:57 à une plus grande échelle.
18:59 C'était sur l'île de Bourbon, l'actuelle Réunion,
19:02 qui porte le nom d'une variété de vanille.
19:04 Il a réussi à mettre en contact organes mâles et femelles d'un vanillier
19:08 pour les faire progresser.
19:10 Grâce à cette découverte, la vanille va se démocratiser.
19:13 Et à la fin du 19e siècle, 100 % de la vanille dans le monde
19:17 provient des colonies françaises, la Réunion, Mayotte, Madagascar, Tahiti.
19:21 - À la fin du 19e ? - Voilà.
19:23 - Je ne suis pas sûre. - 100 %, hein.
19:25 - Non, je ne crois pas, parce qu'il me semble qu'il y en a en Amérique latine,
19:28 on en produit au Mexique. - Bravo.
19:30 - Bravo. - D'habitude, je fais les réponses.
19:32 Estelle les a faites.
19:34 Oui, faux, le Mexique est un autre gros producteur.
19:36 Donc, 2 sur 2. C'est à cette époque, avec la France,
19:39 les Etats-Unis raffolent de la vanille
19:42 et elle entre dans la composition, à leur secrète, du fameux Coca-Cola.
19:46 - Coca-Cola. Vrai ou faux ? - Oui.
19:48 - Vrai. 3. Bon.
19:50 - Attention. - Alors, D, aux côtés de la...
19:52 - Mais maintenant, c'est artificiel. - Oui, mais à l'époque,
19:55 c'était un pharmacien qui avait fait ce breuvage qui était médicinal.
19:58 - En plus, on lui prêtait beaucoup de propriétés.
20:00 - Et D, aux côtés de la vanille, existe la vanilline chimique.
20:05 Récemment, un chimiste japonais est parvenu à élaborer
20:08 un goût de vanille à partir de bouses de vache.
20:11 Vrai ou faux ?
20:13 - Je refuse même de penser que ça puisse être vrai.
20:17 - Alors ? - Non, ça peut n'être que faux.
20:21 - Eh bien, non, c'est vrai. Mais ce parfum, qui est, paraît-il,
20:24 très ressemblant, est pour l'instant... - C'est mon bavolo, mon cher monsieur.
20:27 - Mais pour l'instant... Non, non, mais attendez.
20:29 Ce parfum qui existe et qui peut ressembler à la vanille
20:31 est plutôt destiné à la cosmétique qu'à la nourriture.
20:34 - Oh, alors, c'est faux quand même, alors.
20:36 - Donc, le poulet au coco et à la vanille de bouses de vache,
20:38 c'est pas pour demain. - C'est mal donné, alors, le point.
20:40 Ça me donne moins envie.
20:42 - Vous avez été chercheuse à l'Université du Québec.
20:44 Vous avez sans doute goûté au fameux sirop d'érable.
20:47 C'est une évidence. Sauriez-vous nous dire si ces affirmations sont vraies ou fausses ?
20:52 La récolte de l'eau d'érable est l'acériculture.
20:56 L'acériculture. - Je sais pas, mais...
20:58 - Vrai ? - Parce qu'on appelle ça la saison des sucres.
21:01 - Ouais. - J'ai jamais su le nom scientifique,
21:03 mais effectivement, j'ai fait la saison des sucres au Québec.
21:06 Ce qui est assez génial. - Alors, est-ce que vous êtes acéricultrice ?
21:08 - On va dire oui. - Vrai ? C'est bon.
21:12 La fabrication du sirop se fait par un système d'ébullition.
21:16 Non, par évaporation.
21:18 - Bah oui, mais pour faire évaporer, il faut que ça boue.
21:20 - Il faut que ça boue.
21:22 - C'est vrai, mais il y a quand même un système d'évaporation.
21:25 Oui, ça chauffe et c'est évaporé, mais c'est pas ébullition complète.
21:27 Mais c'est vrai que c'était un peu compliqué.
21:29 Amande d'Eau d'érable, c'est moi qui ai fait le quiz.
21:31 Maintenant, je me rends compte que c'est sans doute avec un peu d'illusion,
21:33 d'ébullition et un peu d'évaporation. - Oui, on donne le point.
21:36 - Il faut entre 100 litres d'eau d'érable pour obtenir 1 litre de sirop.
21:41 Il faut 100 litres d'eau d'érable pour obtenir 1 litre de sirop.
21:44 - C'est possible, oui. Et il en faut beaucoup.
21:47 - Non. Alors non, il en faut entre 35 et 40 litres.
21:51 La fabrication du sirop était déjà maîtrisée par les populations autochtones.
21:56 Pour qui c'était un somnifère ?
21:59 - Vrai ou faux ? - Aucune idée.
22:01 On va dire vrai. - Alors, faux.
22:03 C'était un aliment tonique.
22:05 - Ce n'est pas un somnifère, mais les peuples premiers le connaissaient.
22:10 - Exactement, ils le connaissaient, mais ils s'en servaient comme d'un aliment
22:13 qui les réveillait un peu, les réconfortait.
22:15 - Mais c'est vrai qu'effectivement, je suis totalement dingue de sirop d'érable.
22:18 - Ah oui, aussi ? - J'ai étudié au Canada.
22:20 - Oui, je sais. - Et effectivement, je me morfonde
22:24 de ne pas avoir de sucre d'érable.
22:27 Quand on dépasse le niveau de sirop qu'on continue à faire bouillir et évaporer,
22:31 ça devient du sucre et une pâte à tartiner.
22:34 C'est juste diabolique, mais heureusement, j'ai mon collègue Le Norman,
22:37 qui est de Saint-Pierre-et-Miquelon, avec qui j'ai ouvert une filiale
22:40 qui est membre de mon groupe Liott, et on ouvre des trafics.
22:44 - Pour échanger gousse de vanille contre sucre d'érable.
22:48 - Exactement, et on médite sur une recette, parce qu'ils ont des homards d'anthologie
22:54 à Saint-Pierre-et-Miquelon, une sauce homard à la vanille de Mayotte.
22:58 - Ah oui. - Il y a de la suite dans le livre.
23:01 - Et le poulet au sirop d'érable, vous pouvez le...
23:05 - Non, non, non. - Ah si, les Québécois cuisinent
23:09 à viande avec du sirop. - Oui, il y a beaucoup d'hérésie,
23:11 mais je pense qu'on peut garder le sirop juste sur les crêpes,
23:15 c'est déjà formidable. - Sur les pancakes.
23:18 - Oui. - Alors c'est souvent autour de la table
23:20 que se nouent les meilleures histoires, que se racontent aussi la petite
23:23 et la grande histoire, et c'est la brève de Comptoir.
23:30 - Alors, Estelle Youssoupha, on vous a demandé de vous souvenir
23:34 éventuellement d'un souvenir politique autour d'un repas.
23:39 Est-ce que vous avez une anecdote à nous raconter ?
23:42 - Alors en fait, j'ai pensé... J'ai...
23:46 Un repas qui n'a pas eu lieu, c'est-à-dire que je suis allée...
23:50 J'ai donc étudié au Québec et à l'Université du Québec à Montréal,
23:56 où l'ancien président de l'Assemblée, M. Séguin, est venu enseigner.
24:01 Et en fait, je l'avais rencontré là-bas.
24:04 Et à l'époque, donc, quand j'étais chercheuse,
24:07 mais toute assistante, j'étais vraiment pas grand-chose,
24:10 il m'avait dit "Estelle, vous devriez être députée,
24:14 "Mayotte a besoin de..." Donc j'avais 20 ans.
24:17 Il m'avait dit "Vous devriez servir Mayotte."
24:21 Je lui ai dit "Certainement pas." Et des années plus tard,
24:25 je l'ai croisé à la brasserie Wepler, place de Clichy,
24:28 où j'allais déjeuner avec des amis, qui ont été ébahis
24:31 de me voir traverser la salle pour saluer M. Séguin,
24:34 qui s'est levé et qui m'a embrassée. Et donc, voilà.
24:37 - Donc ils se souvenaient très bien de vous.
24:39 Et qu'est-ce qui vous a donné finalement envie de franchir le pas,
24:42 puisque vous lui avez dit "Non, certainement pas" ?
24:44 - Je sais pas. Je n'ai toujours pas envie de faire de la politique.
24:47 J'en fais un peu mal. - Vous savez que vous êtes élue.
24:50 - Je sais, mais c'est parce que j'ai un frère très convaincant
24:54 qui, lui, est très actif politiquement.
24:56 Et surtout, à Mayotte, on est très peu nombreux
25:00 et la situation est très grave.
25:02 Donc on a tous conscience qu'il faut qu'on fasse notre part.
25:05 Donc de ma génération et plus âgée, on est très peu nombreux,
25:09 pas encore avec une éducation de masse et une éducation supérieure.
25:13 Donc on est tous tournés vers le service de notre île.
25:16 Personne ne fera le travail à notre place.
25:18 Donc il faut... Voilà, j'ai fait ma carrière dans le privé.
25:21 - Vous permettez de faire avancer ce dossier de Mayotte ?
25:24 - Voilà, oui. Mais c'était un engagement citoyen.
25:27 On avait l'espoir que les élus reprennent nos revendications
25:31 du collectif de citoyens.
25:33 Et comme ça n'a pas été le cas, la population et le...
25:37 Le sénateur Marcel Henry,
25:39 qui était un des grands combattants pour Mayotte française,
25:42 m'a fait convoquer et m'a dit "Tu seras députée et tu iras..."
25:45 - "Tu seras députée et tais-toi."
25:47 Et voilà, vous voyez la députée.
25:49 - Donc votre avenir politique se limite au contour de cette île.
25:52 C'est là que vous voulez travailler, rester ?
25:54 - Ah oui, je n'ai pas de vocation.
25:56 Non, non, non, j'ai pas de vocation.
25:58 C'est... J'ai été journaliste pendant plus de 20 ans.
26:01 J'aime observer, j'aime analyser.
26:04 C'est très utile, vous voyez, pour faire savoir
26:07 et porter les problèmes de Mayotte, les faire connaître.
26:11 Parce que je pense que je ne fais pas de politique.
26:14 Je fais juste savoir à mes compatriotes
26:16 une situation inadmissible, indigne de la République.
26:19 Donc je suis pas membre d'un parti, je ne suis pas encartée.
26:23 J'appartiens au groupe Lyopt, un groupe technique,
26:26 qui n'est pas un groupe politique.
26:28 Quand j'ai dit que j'étais mercenaire,
26:30 c'est-à-dire que je suis au travail pour mon île
26:33 et je travaille avec qui il faut pour faire avancer nos intérêts.
26:36 - Tout pour Mayotte. On a le slogan.
26:38 - Oui. Il faut, il faut.
26:40 - Alors on va maintenant s'intéresser à la cuisine d'Outre-mer
26:43 avec une inspiration créole de ces Européens
26:46 nés dans le Nouveau Monde au temps des colonies.
26:48 Et c'est le Dessous des plats.
26:50 - Oui, Brigitte, un tour du monde des saveurs en plein Paris,
26:58 c'est ce que proposait le Salon de la gastronomie des Outre-mer,
27:01 organisé en janvier par la chef Babette de Rosière.
27:04 L'occasion pour les gourmets de s'initier aux saveurs des cuisines exotiques
27:07 et de découvrir les recettes cultes des cuisines antillaises, créoles.
27:11 Neuf territoires d'Outre-mer dont Mayotte étaient conviés à ce salon.
27:15 Et Hélène Bonduelle et Cléa Joanneau se sont surtout intéressés à la cuisine créole.
27:20 - Un chef antillais et une chef mauricienne pour une recette à quatre mains.
27:29 Poulet, piment, curcuma, cive, citron vert
27:35 est l'une des bases de la cuisine créole.
27:38 - Là, on sent les odeurs, on va pouvoir commencer à déglacer avec le coco.
27:42 Ces jeunes chefs ultramarins veulent démocratiser et faire connaître leur cuisine.
27:47 - Aujourd'hui, on a envie vraiment de transmettre sans oublier,
27:50 d'authentifier ce que nous a apporté nos grands-parents.
27:52 Et aujourd'hui, on veut la valoriser, l'exporter vraiment aux quatre contes du monde.
27:56 Une cuisine loin des clichés vus de la métropole.
28:00 - Le cliché qu'on a sur la cuisine créole, c'est toujours du boudin et des acras.
28:03 Et non, il y a autre chose.
28:07 Comme les cristaux fines pochées, le riz jonjon de Haïti
28:11 ou encore ces petits sandwiches guadeloupéens, les boquites.
28:15 - C'est une pâte à pain. On en fait un disque comme ceci.
28:18 Et le disque est plongé délicatement dans l'huile chaude.
28:22 Nous dégageons un petit beignet qui est fourré soit de morue, de poulet, poulet boucané.
28:27 - Une cuisine épicée, marinée aux origines multiples.
28:32 - Un peu de mélange de culture européenne dans la culture antillaise.
28:36 - Les apports amérindiens, les apports indiens de l'Inde et des apports de l'Amérique également.
28:43 - Vous connaissez noix de coco et sucre de canne.
28:46 - C'est très bon justement. J'étais hésitante.
28:51 Mais là, je trouve qu'il y a bien le goût du coco, les parfums. Et puis voilà.
28:55 - C'est sucré, mais c'est super bon. On s'est régalé.
28:58 Les saveurs créoles séduisent aussi les chefs étoilés.
29:02 Comme Jean-François Girardin, jury du concours culinaire du salon Ultramarins.
29:07 - Ah, il s'est fait un magnifique lard, là.
29:09 Ah, il est parfait.
29:13 - Ça te va ? Bien assaisonné ? Bien ? Tu ne vas pas consommer ?
29:18 - Ça fait partie de notre patrimoine. On ne peut pas dire que c'est l'étranger.
29:22 Ce n'est pas l'étranger de ces cheveux.
29:23 On utilise tous des produits ultramarins, ne serait-ce que par la vanille déjà.
29:26 L'ananas, la vanille.
29:28 Ce sont les produits ultramarins qu'on utilise au quotidien.
29:32 On ne pourrait pas s'en passer aujourd'hui.
29:34 La vanille, d'ailleurs, dont les antilles, la réunion ou encore Mayotte, relance la culture depuis quelques années.
29:42 - Alors, Estelle, il suffit, on va profiter de votre présence.
29:44 - Précision.
29:45 - On va profiter de votre présence pour y comprendre et trier le grain de l'ivraie.
29:49 Parce que là, on a parlé de la cuisine créole.
29:51 Vous nous parliez tout à l'heure avec le goût de poulet coco de la cuisine mahoraise.
29:54 Alors, qu'est-ce qui différencie toutes ces cuisines ?
29:56 Parce que souvent, on fait des raccourcis.
29:58 Alors, on a tous compris avec Brigitte que le hakra et le boudin, c'était créole.
30:00 Mais la cuisine mahoraise n'est pas créole.
30:02 On veut y voir clair.
30:04 - La cuisine créole, c'est la cuisine des antilles et de la réunion,
30:08 qui sont des...
30:10 Et de la Guyane, que je ne me fasse pas...
30:12 - Oui, mais attention, elle est toujours impossible.
30:14 - Et donc, c'est marqué par une cuisine qui est influencée...
30:21 Il y a évidemment les terroirs.
30:23 Mais c'est influencé par les pratiques religieuses
30:27 et puis l'histoire de ces territoires,
30:29 qui sont liés à l'esclavage, qui sont liés à des peuplements particuliers.
30:33 Donc, Mayotte n'a pas connu l'esclavage sous la présence française.
30:39 C'était la traite arabo-musulmane.
30:42 Et nous, nous sommes dans notre terroir,
30:44 c'est-à-dire le canal du Mozambique, avec une influence arabe,
30:47 qui vient du Nord, qui a amené...
30:49 C'est la péninsule arabo-persique,
30:53 donc Oman, le Yémen.
30:55 C'est le Pilao dont vous parlez,
30:57 qui est le cousin du biryani indien.
31:00 Notre voisinage immédiat, c'est Madagascar.
31:04 Donc, c'est des recettes comme le roumaza.
31:06 Une partie du peuplement à Mayotte est originaire de Madagascar.
31:10 Et c'est la proximité avec le continent africain,
31:13 donc la Tanzanie.
31:15 Donc, c'est une cuisine qui est dans l'océan indien,
31:18 avec une influence indienne, avec une partie mijotée,
31:22 que vous appelez le curry ou le garam masala,
31:25 mais qui, en fait, sont simplifiées,
31:28 qui sont vraiment très propres et différentes,
31:31 par exemple, de la cuisine créole qu'on connaît aux Antilles,
31:34 qui sont quand même à 3 000 km de Mayotte,
31:36 de l'autre côté de Madagascar.
31:38 Et là, il y a des communautés qui sont différentes,
31:41 donc il y a les communautés chinoises, communautés indiennes,
31:44 communautés créoles, qui ont donc des patrimoines culinaires différents,
31:47 qui ont créé une cuisine.
31:49 Et par exemple, le triptyque réunionnais,
31:51 c'est les grains, le riz et puis une protéine.
31:53 - Vous dites que le grain, c'est des haricots ?
31:55 - Le grain, c'est des haricots ou des lentilles,
31:57 et que nous, on peut manger,
31:59 mais il n'y a pas à la base de l'assiette mahoraise,
32:02 ce triptyque.
32:04 Par exemple, le rougail, on en mange aussi.
32:06 Le rougail à la Réunion, c'est un plat qui est cuisiné,
32:09 qui est mijoté.
32:11 Le rougail à Mayotte, c'est une sauce crue,
32:14 rougail tomate, par exemple,
32:16 c'est de la tomate avec du gingembre, des oignons,
32:18 du citron vert, du piment,
32:20 qui est un condiment.
32:22 - Et on peut trouver le riz dans la cuisine mayotte ?
32:25 - Sur le riz, maintenant, on en mange beaucoup,
32:29 mais le riz qu'on cultivait aussi à Mayotte
32:32 est lui aussi cher, précieux,
32:35 et en fait, on mangeait beaucoup plus des racines
32:38 ou des bananes vertes.
32:40 Donc la cuisine traditionnelle familiale
32:43 est une cuisine pauvre,
32:45 à la base de poissons,
32:47 de bananes vertes,
32:50 de manioc, d'ignam,
32:52 qui sont bouillies ou frites,
32:54 ou en sauce comme le msolola.
32:56 Mais le riz était secondaire.
32:58 Et en fait, cette alimentation a beaucoup changé
33:01 au fur et à mesure que Mayotte a gagné en niveau de vie,
33:04 et surtout s'est ouverte aux routes commerciales
33:07 avec une importation régulière d'alimentation.
33:10 Aujourd'hui, on était une île qui était autosuffisante,
33:13 elle ne l'est plus en termes d'alimentation.
33:16 On importe à 90 %,
33:18 et par exemple, les attaques des outils ont perturbé
33:21 les routes maritimes dont nous sommes dépendants.
33:24 Donc le golfe d'Aden, quand il y a des difficultés,
33:27 toutes les importations passent par Jeddah, en Arabie saoudite,
33:30 pour aller sur la route de Mayotte.
33:32 Et donc je signale à l'Elysée en leur disant attention,
33:35 parce que dès ce qui se passe chez nous,
33:37 ça va ralentir, mettre en difficulté notre écosystème.
33:40 - Et il y a un impact de la cuisine indienne sur la cuisine maoraise ?
33:46 - Oui, mais beaucoup moins que, par exemple,
33:49 ce que vous avez dans la cuisine créole.
33:52 Beaucoup moins.
33:54 On a un cousin du Tchappati, qui est le M'Bereté.
33:57 Il y a des influences, évidemment,
33:59 mais ce n'est pas du tout la prégnance
34:01 de ce qu'on peut voir dans la cuisine antillaise ou réunionnaise.
34:05 Et puis, vraiment, à La Réunion,
34:07 les communautés indiennes sont restées très importantes.
34:10 Elles ont gardé des traditions culinaires fortes.
34:13 Mais à Mayotte, il y a des communautés indiennes aussi.
34:16 Une communauté indienne, mais qui est de tradition musulmane,
34:19 qui n'est pas de tradition hindoue,
34:21 comme c'est le cas aussi à La Réunion.
34:23 Donc je pense qu'il y a des subtilités
34:25 qui sont méconnues dans l'Hexagone,
34:27 alors que pour nous, les insulaires,
34:29 les Antillais ou les Réunionnais,
34:31 on sait très bien nos cuisines.
34:33 D'ailleurs, la cuisine réunionnaise n'est pas la cuisine antillaise,
34:36 même si c'est le mot-clé créole.
34:38 C'est quand même très éloigné.
34:40 - La typicité de cette cuisine, c'est quoi ?
34:43 - Excellente.
34:44 - C'est qualificatif.
34:46 - Non, c'est satisfaisant.
34:48 - La meilleure. La meilleure.
34:50 - Je ne peux pas lutter.
34:52 - Et les plats les plus classiques
34:54 qu'on retrouve dans cette cuisine aujourd'hui,
34:56 parce que vous nous disiez que ça avait pas mal évolué.
34:59 - Oui, elle évolue.
35:00 - Du coup, c'est quoi ?
35:01 C'est à base de poulet ?
35:03 - Non, en fait, traditionnellement,
35:05 c'est très varié.
35:07 Et en fait, aujourd'hui, la difficulté,
35:09 pour l'élu que je suis,
35:11 c'est de veiller, parce qu'on a des difficultés
35:14 en souveraineté alimentaire et en sécurité alimentaire,
35:17 c'est de veiller à ce que l'alimentation soit variée.
35:20 La population à Mayotte a énormément augmenté,
35:23 de manière très, très rapide,
35:25 et donc ça cause une pression très forte sur le foncier,
35:29 qui est utilisé pour des terres agricoles.
35:32 Et donc, la tradition mahoraise,
35:35 c'est que chaque famille a des terres
35:37 qu'on allait cultiver le week-end,
35:39 et ça permet d'équilibrer le panier alimentaire.
35:42 Or, aujourd'hui, on importe,
35:44 donc c'est déjà très cher,
35:46 et c'est pas frais.
35:48 Et donc, on a besoin de diversifier...
35:50 - Vous avez de moins en moins de terres, c'est ça ?
35:53 - On a de moins en moins de terres,
35:55 donc on peut moins cultiver,
35:57 on ne produit pas assez, donc c'est cher,
35:59 même ce qui est produit localement.
36:01 On a un sujet d'agriculture clandestine
36:03 et de prédation des terres agricoles
36:05 avec des produits phytosanitaires
36:07 importés illégalement par le trafic de ce quoi-ça, quoi-ça,
36:10 auquel je veux mettre fin,
36:12 qui font que certains produits,
36:14 même cultivés à Mayotte,
36:16 sont impropres à la consommation
36:18 parce que cultivés illégalement,
36:20 avec des produits illégaux,
36:22 donc dangereux pour la santé,
36:24 on parle des tomates, par exemple.
36:26 Et toutes les variations de prix
36:28 pour une population qui est très pauvre,
36:30 moi, sur mon portable, c'est beaucoup de messages
36:32 pour me dire le kilo d'oignon,
36:34 très important pour la cuisine,
36:36 est à 20 euros, c'est scandaleux.
36:38 - 20 euros ? - Oui, 20 euros,
36:40 et on me dit "Estelle, il faut que tu travailles
36:42 pour que ça redescende à 8".
36:44 On est dans une période spéculative importante
36:46 parce qu'il y a le ramadan,
36:48 donc on a une cuisine toute l'île jeune,
36:50 c'est une cuisine particulière,
36:52 donc il y a des stocks, de la spéculation.
36:54 Cette question alimentaire,
36:56 elle est très importante.
36:58 Le même panier alimentaire est 167% plus cher à Mayotte
37:02 que dans l'Hexagone.
37:04 - Ah oui, c'est ça.
37:06 - Donc cette question du coût de la vie...
37:08 - Vous n'allez pas aller seule en Outre-mer
37:10 à avoir ce problème d'inflation alimentaire.
37:12 - Juste une petite question, Brigitte,
37:14 parce qu'on entend le chef qui dit
37:16 que c'est notre patrimoine, cette cuisine Outre-mer,
37:18 alors de s'en renter dans la querelle de Chapelle-Outre-mer créole,
37:20 est-ce que vous trouvez qu'elle n'a pas sa juste place
37:22 en métropole, par rapport à quand on voit les restaurants,
37:24 quand on parle de cette cuisine, les Français...
37:26 - Je veux dire qu'on a fait un chemin incroyable.
37:28 - Mais est-ce qu'elle peut avoir une place encore plus grande ?
37:30 - On peut toujours, mais je ne vais pas me plaindre...
37:32 - Et vous la trouvez à Paris ?
37:34 - Non, mais je ne vais pas me plaindre,
37:36 parce que je trouve... Non, je pense que,
37:38 pour nos chefs,
37:40 on soit passé,
37:42 en une quinzaine d'années,
37:44 à une culture culinaire
37:46 qui était très, très auto-centrée,
37:48 et qui ne regardait pas les épices autrement
37:52 que comme quelque chose de très anecdotique,
37:54 alors que maintenant,
37:56 on va chercher, par les cuisines d'ailleurs,
37:58 comprendre qu'il y a d'autres patrimoines
38:00 qui ne sont pas dénigrés,
38:02 et donc, ça nous renvoie aussi
38:04 à nos Outre-mer, et à comprendre
38:06 qu'il y a des produits de très, très grande qualité,
38:08 qu'il faut les travailler, les respecter,
38:10 les sublimer, pour prendre le vocabulaire
38:12 des émissions de cuisine,
38:14 mais fondamentalement, c'est très important,
38:16 parce que ça permet à nos écosystèmes
38:18 de gagner en importance,
38:20 qu'ils soient mis en valeur
38:22 aux concours agricoles
38:24 du Salon de l'Agriculture, etc.
38:26 En fait, c'est très important,
38:28 parce que, notre culture française,
38:30 le patrimoine culinaire est important.
38:32 On a fait grandir cette idée de terroir,
38:36 donc, inclure les terroirs ultramarins
38:38 dans cette logique nationale,
38:40 c'est important.
38:42 Donc, que vous découvriez
38:44 les achards, les piments,
38:46 c'est en fait très récent
38:48 dans la cuisine française,
38:50 et on voit que l'inventivité
38:54 qu'on peut avoir avec nos chefs,
38:56 la technique,
38:58 toute notre capacité à inventer,
39:00 fait que ça nous enrichit aussi.
39:02 Donc, c'est... Non, non, je pense qu'on avance.
39:04 - Gagnant, gagnant. - Oui, on avance beaucoup.
39:06 - Très bien. - Alors, vous nous parliez
39:08 des problèmes de l'inflation alimentaire,
39:10 on va parler aussi du manque d'eau à Mayotte,
39:12 on en manque deux jours sur trois,
39:14 une situation critique. - Ce luxe qu'est
39:16 le merdo. - Le merdo, effectivement,
39:18 ça permet du temps à se normaliser tant les problèmes
39:20 sont profonds à Mayotte. On en parle
39:22 et on met les pieds dans le plat.
39:24 (Générique)
39:26 (Générique)
39:28 (Générique)
39:30 En France, le 101e département
39:32 est à sec à Mayotte.
39:34 La sécheresse la plus sévère depuis 25 ans
39:36 a provoqué une crise de l'eau, mais les problèmes
39:38 sont bien plus profonds, structurels même.
39:40 Des mesures de long terme s'imposent pour espérer
39:42 un retour à la normale.
39:44 Reportage Clément Perrault.
39:46 - À Mayotte,
39:48 se fournir en eau est une galère
39:50 au quotidien.
39:52 L'archipel vit au rythme des restrictions
39:54 depuis l'été dernier.
39:56 Aujourd'hui encore, malgré le retour des pluies,
39:58 les Mahorais n'ont de l'eau dans leurs robinets
40:00 que deux jours sur trois.
40:02 - Être une famille de sept personnes,
40:04 avoir une toilette
40:06 et ne pas pouvoir tirer
40:08 la chasse d'eau de toute la journée,
40:10 je vous laisse imaginer un peu les conditions
40:12 sanitaires dans lesquelles
40:14 les Mahorais vivent actuellement.
40:16 Donc c'est très très difficile,
40:18 ça a un impact sur la qualité de notre vie,
40:20 sur notre santé, sur notre hygiène,
40:22 même sur l'éducation des enfants
40:24 parce que parfois il arrive
40:26 que l'école ferme
40:28 pour cause de pénurie d'eau.
40:30 - En cause, la sécheresse,
40:34 il est tombé un quart d'eau de moins en 2023
40:36 qu'en 2022.
40:38 S'y ajoute une population qui ne cesse
40:40 d'augmenter, des fuites incessantes
40:42 sur le réseau et des infrastructures
40:44 insuffisantes pour stocker l'eau.
40:46 Pour faire face à l'urgence,
40:48 le gouvernement a organisé des distributions
40:50 massives d'eau en bouteilles
40:52 à toute la population.
40:54 L'État a également payé les factures d'eau
40:56 des Mahorais pendant plusieurs mois.
40:58 - Oui, il y a une prise de conscience
41:00 du gouvernement, mais les actions restent
41:02 quand même assez timides, donc on attend
41:04 le temps de sortir de crise, mais vraiment,
41:06 il faut des mesures sur le long terme
41:08 pour que la pénurie d'eau
41:10 ne soit pas la situation normale
41:12 du territoire. On se dit finalement
41:14 à Mayotte, c'est normal, on peut avoir
41:16 l'eau un jour sur deux ou deux jours sur trois,
41:18 on peut avoir l'eau en continu.
41:20 - Le gouvernement a promis
41:22 4 millions d'euros pour remettre à niveau
41:24 l'usine Mahorais de Dessalemans.
41:26 Une seconde usine est promise
41:28 pour 2025, ainsi que des investissements
41:30 pour réduire les fuites
41:32 dans le réseau.
41:34 - Alors, Estelle, il se fait en sec
41:36 en septembre et octobre, c'était désespérément sec.
41:38 Il y a des précipitations
41:40 qui sont tombées au mois de décembre.
41:42 Quelle est la réalité aujourd'hui de la situation à Mayotte ?
41:44 - Dieu merci, les réserves
41:46 d'eau sont revenues
41:48 à plein.
41:50 Donc, le gros de l'alimentation
41:52 en eau potable se fait par des réserves
41:54 collinaires, qui en fait étaient
41:56 à sec parce que elles n'ignorent
41:58 parce que s'écheraient
42:00 à la saison des pluies précédentes.
42:02 Et donc, la crise qu'on a vécue
42:04 cet automne était tout à fait
42:06 prévue et prévisible,
42:08 d'où mon agacement de voir
42:10 la lenteur avec laquelle...
42:12 Oui, moi, j'ai des réunions avec
42:14 les services de l'Etat depuis mon élection,
42:16 toutes les six semaines sur l'évolution
42:18 de la ressource en eau.
42:20 - Vous voulez dire que l'Etat n'a pas suffisamment anticipé ?
42:22 - Le SAV n'a pas pris les mesures.
42:24 Ils ont tout à fait anticipé que, ah, on va dans le mur,
42:26 le mur est là, on avance, le mur est tout là.
42:28 - Alors, il y a des bouteilles d'eau qui ont été distribuées
42:30 trop peu trop tard, vous diriez ?
42:32 - Votre servante a beaucoup, beaucoup, beaucoup insisté
42:34 sur ça à votre couverture médiatique,
42:36 mais en fait, c'est la seule chose qui a fait,
42:38 sinon, trouver tout à fait normal,
42:40 ici, qu'une partie du territoire français
42:42 n'ait pas d'eau et qu'en fait,
42:44 on allait se serrer la ceinture.
42:46 Enfin, moi, le pack d'eau
42:48 de six bouteilles entre 8 et 10 ou 12 euros
42:50 à Mayotte, sur une population
42:52 extrêmement pauvre, ça n'émeut personne ici.
42:54 Donc, c'est pour ça que je vous ai dit
42:56 tout à l'heure, je ne fais pas de politique,
42:58 je fais juste savoir la situation.
43:00 Ça a tellement choqué les gens ici,
43:02 qu'ils ont dû, en fait,
43:04 faire un gouvernement à agir.
43:06 Mais sur le fond, le constat est juste,
43:08 c'est-à-dire que ce qui est apparu
43:10 comme une crise parce qu'on était
43:12 à trois ou quatre jours de coupure d'eau,
43:14 on considère comme la norme qu'on ait
43:16 de l'eau un jour sur deux,
43:18 ce qui est quand même effarant.
43:20 - C'est le cas, là, aujourd'hui ?
43:22 - Oui, c'est un jour sur deux où on a de l'eau.
43:24 - Donc, comment on vit au quotidien,
43:26 dans ces cas-là, pour prendre une douche,
43:28 pour laisser aller l'air ?
43:30 - On fait des machines quand il y a de l'eau.
43:32 Les machines, on...
43:34 - C'est la sobriété forcée, chez vous.
43:36 - Je pense qu'en fait,
43:38 il faudrait aussi
43:40 entendre que...
43:42 Moi, j'ai l'espoir que cette crise
43:44 à Mayotte ne soit pas une crise gâchée
43:46 pour comprendre qu'il faut
43:48 un usage raisonné de l'eau,
43:50 c'est-à-dire construire les systèmes
43:52 d'eau avec
43:54 l'eau qu'on appelle
43:56 sanitaire, c'est-à-dire qui n'est pas potable
43:58 et qui sert pour
44:00 laver les sols,
44:02 tirer la chasse d'eau... - Pas forcément de l'eau potable.
44:04 - Qui n'est pas forcément de l'eau potable
44:06 et qu'on garde cette eau potable
44:08 pour les besoins de cuisine et de
44:10 consommation humaine.
44:12 Or, c'est deux systèmes
44:14 d'approvisionnement en eau différents
44:16 et nous, notre pays,
44:18 est très en retard dessus, alors qu'à Mayotte,
44:20 on a évidemment tous
44:22 déjà une consommation qui est bien moindre
44:24 que la consommation dans l'Hexagone,
44:26 mais on est sur
44:28 un tout petit territoire où on pourrait être
44:30 pilote pour développer cette intelligente
44:32 utilisation des eaux usées que nous,
44:34 on veut essayer de mettre en place
44:36 en métropole, par exemple, vous, vous le faites
44:38 depuis longtemps, vous avez ces
44:40 habitudes-là par nécessité. - Moi, j'ai toujours
44:42 été scandalisée
44:44 de la communication de la préfecture de Mayotte
44:46 avec des
44:48 images
44:50 préfabriquées,
44:52 "Prenez pas votre bain à Mayotte".
44:54 Non mais, Loulou, on ne prend pas
44:56 de bain à Mayotte ? - Jamais.
44:58 - Jamais.
45:00 - Des douches, une semaine, un jour sur deux.
45:02 - Non, pas du tout, on prend nos douches,
45:04 parce que c'est une zone tropicale, on en prend suffisamment,
45:06 mais on ne va pas utiliser 20 litres pour prendre une douche.
45:08 - Voilà, c'est ça. - On va en utiliser 3 ou 4.
45:10 Donc, en fait, cette
45:12 logique qui arrive
45:14 de l'Hexagone avec un usage
45:16 complètement inconsidéré, c'est mépriser
45:18 le fait que nous, depuis
45:20 plus de 7 ans, on est avec
45:22 une distribution en eau
45:24 qui est très ératique, une eau
45:26 qui est extrêmement chère,
45:28 extrêmement chère, et que
45:30 on est plus que mûr pour une
45:32 réflexion qui soit plus utile.
45:34 Et donc, à mon avis, compte tenu du fait que
45:36 la métropole découvre
45:38 la question de la rareté en eau, il y aurait quand même
45:40 2-3 choses à apprendre. - Mais il y a des problèmes
45:42 plus structurels aussi chez vous. On parlait des
45:44 fuites, on parlait du réseau,
45:46 des réservoirs. - Mais je pense que, fondamentalement,
45:48 on ne peut avoir qu'un mix
45:50 hydrique à Mayotte. On aura les réserves
45:52 collinaires, on aura le dessalement,
45:54 et le dessalement ne pourra être qu'un dessalement
45:56 vert, c'est-à-dire qu'on ne pourra pas faire
45:58 du dessalement avec de l'énergie importée.
46:00 Il faut de l'énergie renouvelable
46:02 pour faire du dessalement, sinon
46:04 cette eau dessalée ne sera
46:06 jamais abordable pour
46:08 les foyers. - Il faut beaucoup d'énergie pour dessaler.
46:10 - Il faut beaucoup d'énergie. - Et on rejette
46:12 de l'eau aussi. - Exactement. - Il faut faire du sel dans la mer.
46:14 - De l'eau saumâtre, il faudrait qu'elle ne soit
46:16 pas dans le lagon. Donc ça, c'est un sujet
46:18 qui est important, parce qu'on a le plus
46:20 beau lagon du monde fermé, le plus
46:22 grand, qui est un écosystème
46:24 magnifique, une biodiversité
46:26 unique du monde. - Il ne faut pas l'abîmer. - Donc il faut
46:28 préserver. Donc en fait, sur
46:30 un territoire qui fait 375 km²,
46:32 vous n'allez pas construire une dizaine de retenues
46:34 collinaires. Vous comprenez qu'il y a une compétition
46:36 pour le faire. - Les questions en construire une troisième, je crois.
46:38 - Oui, absolument. Mais c'est l'arlesienne. Le sujet,
46:40 c'est qu'on la fasse, mais
46:42 qu'on la fasse intelligemment. Et en fait,
46:44 qu'on soit à hauteur de la production en eau potable,
46:46 de l'évolution démographique,
46:48 qui est complètement hors de contrôle. Mais sur le fond,
46:50 moi, j'insiste sur le fait que
46:52 Mayotte est
46:54 innovante.
46:56 Donc en fait, là, tous les
46:58 établissements publics locaux
47:00 sont en train de s'équiper
47:02 pour avoir des capteurs d'humidité,
47:04 pour fabriquer de l'eau
47:06 qui soit utilisée pour
47:08 les bâtiments. On va
47:10 utiliser des captages d'eau de pluie
47:12 pour alimenter les écoles.
47:14 Vous voyez, c'est-à-dire qu'on est quand même
47:16 en train de travailler très fort là-dessus,
47:18 et on est très très
47:20 loin des débats complètement
47:22 ésotériques qu'il peut y avoir ici, parce que
47:24 en fait, on est déjà très économe.
47:26 Mais par contre, il faut qu'on augmente
47:28 la production, mais de manière
47:30 raisonnable et qu'il soit
47:32 pas
47:34 hors de prix. Parce que cette logique
47:36 des distributions d'eau potable, c'est
47:38 capital. On n'avait pas d'autre choix.
47:40 - Au Robinet, il y a de l'eau potable, aujourd'hui ?
47:42 - Oui.
47:44 - On peut cuisiner avec ?
47:46 - Vous n'avez pas l'air tout à fait sûre.
47:48 - Ça dépend des jours. - En fait,
47:50 les instructions de l'ARS, c'est que quand vous avez
47:52 de l'eau au Robinet, il faut la laisser couler
47:54 un bon moment, parce qu'elle est restée stagnante.
47:56 Vous imaginez que nous, jamais à Mayotte,
47:58 on fait ça.
48:00 - La conserver tout de suite. - Non mais c'est pas ça.
48:02 On va la garder.
48:04 Elle sera utilisée pour faire les sols,
48:06 elle sera utilisée pour aller dans les toilettes.
48:08 - Oui, oui. - Vous comprenez ?
48:10 - On ne peut pas la laisser couler.
48:12 Le fait même de l'énoncer comme ça
48:14 traduit bien à quel point,
48:16 même dans les bureaux à Mayotte,
48:18 ils n'ont pas de compréhension de ce que nous,
48:20 on perçoit comme côté précieux
48:22 de cette eau, et c'est pour ça que je vous avais
48:24 demandé d'amener, ou ma vie m'a demandé,
48:26 quelle est le vin ? Et j'ai dit non,
48:28 de l'Hidalgo Grand Cru, de l'eau du Robinet,
48:30 parce que chez nous, c'est
48:32 très précieux, et c'est un luxe
48:34 dont on ne se rend pas compte.
48:36 - Vous avez suffisamment d'eau pour...
48:38 - Alors là, on rentre dans la question
48:40 des normes, qu'est-ce qu'on autorise pour
48:42 les agriculteurs, parce que l'eau de pluie
48:44 n'était pas autorisée pour être
48:46 utilisée dans l'agriculture, donc
48:48 là aussi, c'est une question de décret,
48:50 on est en train de travailler dessus, ils sont toujours
48:52 en train de coginer. - Donc il y a des retenues d'eau
48:54 par les agriculteurs ? - Non, il fallait les
48:56 autoriser à en construire pour eux.
48:58 - Ah oui. - Pour pouvoir utiliser cette eau.
49:00 - Il y avait les prélèvements dans les
49:02 nappes phréatiques, donc
49:04 il y a énormément de travail à faire,
49:06 mais je pense, pour ma part,
49:08 qu'on doit équiper
49:10 les foyers individuels
49:12 de citernes pour
49:14 recueillir l'eau de pluie, on doit
49:16 permettre, ça demande à chaque fois,
49:18 ça a été fait en Nouvelle-Calédonie, ou en
49:20 Polynésie, donc en fait ça demande
49:22 des adaptations, mais sur les territoires
49:24 insulaires, on est en première ligne, et Mayotte,
49:26 c'est 90% de la
49:28 population qui vit sur le littoral
49:30 qui est menacée par la montée des eaux.
49:32 Donc en fait, on a des préoccupations qui sont
49:34 immédiates par rapport
49:36 au changement climatique, puisqu'une partie
49:38 des sujets de l'apénurie en eau potable
49:40 à Mayotte, c'est aussi le changement climatique.
49:42 Il y a un mix. Moi, je ne
49:44 dédouane absolument pas les autorités de ne pas avoir
49:46 fait leur travail sur la production
49:48 d'eau potable, mais de toute façon,
49:50 on a un changement climatique, on a un changement
49:52 des routes de cyclone et de pluie
49:54 dans la sous-région, qui fait qu'on a moins
49:56 de pluie qu'avant. - Mais pour vous, c'est un peu la double peine,
49:58 il y a la montée des eaux, et en plus, vous n'avez pas d'eau...
50:00 - Non, c'est pas la double peine, c'est que Mayotte,
50:02 on se renouvelle dans les crises, on passe de crise en catastrophe
50:04 et de problème en difficulté.
50:06 - La cuisinière que vous êtes, quand on n'a pas d'eau potable,
50:08 on cuisine beaucoup avec de l'eau, on fait des pâtes,
50:10 on fait du riz, on fait des légumes. Comment vous faites ?
50:12 C'est quoi, c'est le système D ?
50:14 Vous faites très attention. J'allais dire une bêtise,
50:16 est-ce qu'on peut faire bouillir de l'eau de pluie
50:18 et cuire des pâtes dedans ? - Non, certainement pas.
50:20 - Certainement pas. - Donc, il y a
50:22 des petites... Pas du tout !
50:24 Non, et puis surtout, je ne peux pas
50:26 de manière irresponsable dire ça, parce que ça prendrait
50:28 des proportions pas possibles, mais il y a
50:30 des pastilles que vous achetez quand vous allez
50:32 camper pour rendre de l'eau potable.
50:34 - Ça, c'est très utilisé.
50:36 - Moi, j'en achète, ça coûte une fortune,
50:38 j'en ramène des pots entiers que je distribue
50:40 à mes proches, j'en ai à la maison,
50:42 donc pour stocker. Il y a un autre
50:44 problème, c'est que stocker de l'eau, ça devient
50:46 des nids à moustiques, donc ça... - Le palud.
50:48 - Propage le palud et la dingue.
50:50 Donc, c'est aussi un problème
50:52 de santé publique.
50:54 Donc, il y a rendre potable
50:56 cette eau, mais en fait, on met quand même des
50:58 produits dedans, donc moi, je cuisine à l'eau minérale,
51:00 donc j'ai obtenu la distribution.
51:02 Je ne suis pas allée
51:04 prendre de l'eau minérale, je l'achète,
51:06 pour que ce soit des foyers
51:08 qui en aient plus besoin que moi, qui puissent
51:10 le payer, mais
51:12 pour moi, c'est très important
51:14 de réfléchir,
51:16 et effectivement,
51:18 vous diminuez au maximum
51:20 votre consommation en eau,
51:22 et on est le plus économe possible,
51:24 et donc, sur le nettoyage
51:26 des fruits et des légumes, on le fait
51:28 quand l'eau est courante au robinet,
51:30 et après, on stocke.
51:32 C'est beaucoup d'organisation, en fait.
51:34 - Oui. - Oui. Allez, tout le monde a fini,
51:36 on va donc passer au dessert, et c'est le Pêcher mignon.
51:38 - Et Brigitte, voici le temps du sucré,
51:44 avec une salade de fruits exotique,
51:46 et toujours cette vanille, alors,
51:48 peut-être pas de la vanille de maillotte, mais en tous les cas, on voit bien
51:50 les petits points noirs qui sont de la vanille,
51:52 donc ça change tout
51:54 de mettre de la vanille, pour vous, dans cette petite salade de fruits.
51:56 - Évidemment, vous avez goûté, vous savez que c'est vrai.
51:58 - Non mais c'était pour vous taquiner sur votre
52:02 dépendance à la vanille.
52:04 - Mon côté obsessionnel,
52:06 je ne peux pas ne pas parler des épices,
52:08 parce qu'en fait, c'est
52:10 quelque chose qui relève tous les plats.
52:12 Moi, j'aime,
52:14 dans les salades de fruits, faire des sirops d'épices,
52:16 donc on prend la vanille,
52:18 la cardamone,
52:20 de la cannelle,
52:22 on la laisse infuser dans du sirop de sucre,
52:24 et après, on le met froid sur les fruits.
52:26 C'est ce qui fait...
52:28 - Mais vous savez que c'est très cher, la vanille, en France.
52:30 Toujours estomaqué.
52:32 - C'est très cher, effectivement.
52:34 - On achète une gousse, c'est quasiment le prix de la salade.
52:36 - Ça vient de loin.
52:38 - Ça vient de loin, mais surtout,
52:40 c'est d'une telle méticulosité
52:42 pour produire cette fleur.
52:44 - C'est précieux.
52:46 C'est une orchidée qui est compliquée,
52:48 quand même, à, d'abord,
52:50 elle est expliquée à fertiliser pour qu'elle se reproduise,
52:52 etc.
52:54 Après, sa cueillette se fait à la main,
52:56 elle est séchée à la main,
52:58 et puis, effectivement, elle fait objet,
53:00 aujourd'hui, de trafic et de pillage,
53:02 que ce soit à Tahiti ou à Madagascar.
53:04 Et à Mayotte,
53:06 je me bats pour qu'on permette
53:08 de maintenir
53:10 cette agriculture, parce que c'est des anciens,
53:12 on a un vieillissement, comme ailleurs dans le pays,
53:14 de notre population d'agriculteurs,
53:16 pour faire en sorte
53:18 que cette culture puisse
53:20 perdurer, parce que, comme il y a beaucoup de violence
53:22 sur nos agriculteurs à Mayotte,
53:24 c'est une récolte qu'on ne peut pas voler.
53:26 On ne peut la voler que quand
53:28 elle a été récoltée.
53:30 Et donc, pour moi, ça leur permet
53:32 de diversifier
53:34 leur production
53:36 et d'aller vers l'export,
53:38 et je trouve que ce sont de merveilleux ambassadeurs.
53:40 - Et vous aussi, vous êtes une bonne ambassadrice.
53:42 - Ah oui, je suis absolument fan.
53:44 Mais vous le sentez, en fait, le parfum.
53:46 - Un petit peu de musique
53:48 pour terminer cette émission.
53:50 Vous en avez choisi une. On écoute.
53:52 (musique)
53:54 "Armani" de Zili, c'est ça ?
54:04 - Oui. - Racontez-nous, alors.
54:06 - Zili est une grande chanteuse
54:08 mahoraise qui connaît un succès énorme,
54:10 qui a décidé
54:12 de prendre les musiques traditionnelles,
54:14 de les moderniser,
54:16 les instruments, et qui connaît
54:18 un immense succès dans toute la région.
54:20 Et puis maintenant, elle va au niveau national.
54:22 Grande fierté à Mayotte
54:24 pour son succès. Elle nous réjouit.
54:26 On l'entend partout. Et là, la chanson
54:28 qu'elle chante rend hommage
54:30 aux femmes mahoraises, puisque Mayotte est
54:32 une société matriarcale
54:34 musulmane, mais les femmes sont chefs de famille,
54:36 font la politique. Dans un meeting,
54:38 c'est 90 % de femmes.
54:40 Ce sont elles qui donnent les instructions
54:42 à Mayotte, donc chefs de famille.
54:44 Ce sont elles qui disent "tu as voté".
54:46 - Ça, ça ne s'exporte pas beaucoup en métropole.
54:48 - Ça fait partie des...
54:50 - Des combats ?
54:52 - Non, mais des particularismes de Mayotte,
54:54 parce qu'on pense souvent aux sociétés
54:56 musulmanes, donc nécessairement misogynes.
54:58 Et Mayotte est toujours,
55:00 j'allais dire, à cultiver
55:02 ses particularités,
55:04 son particularisme. Donc il y avait le vent des indépendances.
55:06 Nous, nous avons
55:08 voté pour rester français.
55:10 Nous sommes intermusulmanes,
55:12 alors que le pays s'interroge sur la place
55:14 de l'islam dans la République,
55:16 nous, ça fonctionne.
55:18 Marianne
55:20 rayonne à Mayotte.
55:22 De la même manière,
55:24 on a souvent une idée des femmes musulmanes
55:26 pratiquantes qui seraient des victimes perpétuelles.
55:28 Je pense qu'à Mayotte, on fait bien
55:30 comprendre que c'est pas le cas. - Vous êtes l'exemple
55:32 au contraire, en tout cas, et vous symbolisez
55:34 très bien les femmes mahoraises.
55:36 Merci d'avoir accepté de partager
55:38 ce repas avec nous. - Merci beaucoup.
55:40 Merci à vous tous de nous avoir suivis. Rendez-vous bien sur la semaine prochaine
55:42 pour un nouveau numéro de Politique à Table
55:44 sur LCP.
55:46 (Générique)
55:48 ---
55:58 - Au revoir.