«C'est une frontière» : à Marseille, les soignants filtrés à l'entrée des cités par les trafiquants
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00:00 6h30 sur Europe 1, le journal Fanny Marceau. Bonjour Fanny.
00:03 Bonjour Alexandre, bonjour à tous. Les services publics ont-ils encore droit de citer dans les quartiers de Marseille gangrénés par le trafic de drogue,
00:10 livrés du courrier, prodigués des soins à domicile, des gestes du quotidien que facteurs et infirmiers doivent réaliser la peur au ventre,
00:18 fouillés par des caïds armés à l'entrée des cités. Une réalité dont témoignent les soignants de l'hôpital psychiatrique Edouard Toulouse,
00:25 parfois amenés à récupérer des patients dans ces zones de non-droit. Reportage du correspondant d'Europe 1 Stéphane Burghat.
00:31 C'est la partie du métier la plus difficile, la plus effrayante, nous expliquent ces infirmiers quand leur ambulance s'arrête au barrage tenu par des adolescents cagoulés.
00:39 Nous on parle de checkpoints, il faut montrer pâte blanche, c'est-à-dire une fouille du véhicule. On nous fait sortir de la voiture, on peut nous ouvrir le coffre.
00:45 Vous avez le guetteur, le chouffe, qui ouvre sa veste pour mettre bien en avant qu'il est porteur d'une arme à feu. C'est pour montrer que c'est eux les patrons.
00:52 Mais passé la fouille générale, tout n'est pas gagné pour autant selon cette autre infirmière.
00:56 C'est comme à la douane, c'est une frontière. On va nous permettre d'accéder ou pas. Parfois même on va nous dire "c'est nous qui allons chercher le patient, vous ne pourrez pas le récupérer de vous-même".
01:05 Pour ne pas commander le bloc, on pense que nous sommes des policiers déguisés. On dérange le trafic, la clientèle.
01:10 Une dérive observée depuis une quinzaine d'années maintenant par le secrétaire général sud santé de l'hôpital Kader Benayet.
01:16 Il y a déjà eu des blessés, des gens qui ont été molestés, frappés. On est dans une dérive inquiétante.
01:20 Et aujourd'hui on nous demande de prendre des risques pour aller soigner. C'est pour ça qu'on demande une prime en territoire difficile.
01:25 On pourrait même l'appeler "prime en zone de guerre" s'il faut, mais ça devient compliqué.
01:28 C'est pourquoi ces infirmiers sont de plus en plus souvent escortés par la police.
01:32 Marseille Stéphane Burghat, Europe