Depuis le 1er janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans peuvent bénéficier de préservatifs gratuitement en pharmacie. Cette mesure est peu connue des concernés, puisque seulement 5% des jeunes disent l'avoir demandé.
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00:00 Il est 7h19, retour sur le plateau de première édition, c'est le week-end du CIDAction jusqu'à dimanche.
00:05 Le CIDAction a 30 ans. Bonjour, Emeric de Chezel.
00:07 Bonjour.
00:08 Responsable du pôle prévention à Solidarité CIDA.
00:11 D'abord, Emeric, on le voit tous les jours, il y a encore beaucoup d'idées reçues sur le CIDA.
00:15 Quelle est la plus désespérante selon vous ?
00:17 Moi, je pense que le chiffre qui m'a fait le plus mal au cœur,
00:21 c'est de savoir que 30% des jeunes de moins de 26 ans
00:24 pensent qu'on peut attraper le CIDA en embrassant une personne séropositive.
00:27 C'est une blague ?
00:27 Malheureusement, non.
00:30 On sait que ce n'est pas le cas depuis avant même ma naissance.
00:32 Et voir que cette idée reçue continue à se propager et qu'elle est même en recrudescence,
00:36 je trouve ça assez désespérant.
00:38 Ce qui est fou, c'est que quand on interroge les jeunes,
00:39 80% d'entre eux disent qu'ils sont suffisamment informés, bien informés sur le CIDA.
00:45 Mais on se rend compte, quand on les interroge un peu, qu'ils ne le sont pas vraiment.
00:48 Il y a beaucoup de relâchement, par exemple, sur l'utilisation du préservatif.
00:52 C'est un reportage de Julie Sada et Philippine David.
00:56 Les préservatifs, boudés par les plus jeunes,
00:59 alors que depuis janvier 2023, pour les moins de 26 ans, ils sont gratuits en pharmacie.
01:04 Un dispositif mal connu par les concernés.
01:07 Ma gynécologue m'avait prescrit des préservatifs pendant un an,
01:10 mais je ne savais pas que directement en pharmacie,
01:12 on avait le droit à des préservatifs gratuits comme ça.
01:14 Non, je n'avais aucune idée.
01:16 Il vaut mieux que tout le monde puisse se protéger.
01:17 Et pour les gens qui n'ont pas beaucoup de moyens aussi, ça peut être bien.
01:19 Pour s'en procurer, rien de plus simple.
01:21 Pas besoin d'ordonnances.
01:23 Ça se fait au comptoir, sur présentation d'une carte vitale
01:27 pour ceux qui souhaitent la présenter, ou d'une attestation de droit.
01:30 Il est également possible de demander le secret médical.
01:33 On a des procédures de délivrance adaptées.
01:35 Vantée comme une petite révolution de prévention par Emmanuel Macron,
01:39 la délivrance de ces préservatifs n'a pourtant pas fait bondir leur utilisation chez les jeunes.
01:44 64% des jeunes déclarent ne pas utiliser systématiquement le préservatif.
01:49 Donc on est là sur une tendance qui est assez inquiétante.
01:51 Quasiment un an après l'entrée en vigueur du dispositif, le constat est sans appel.
01:56 Selon une étude, seulement 5% des jeunes disent l'avoir demandé plusieurs fois en pharmacie.
02:01 Emmerich, c'est pourtant pas compliqué le préservatif.
02:05 La non-utilisation, ça concerne toutes les communautés ?
02:08 Globalement, ça concerne toutes les communautés.
02:11 Je pense qu'il y a plusieurs raisons à ça.
02:13 D'une part, c'est vrai que la peur du VIH est probablement moins importante qu'à une époque.
02:18 Donc entraîne aussi un relâchement des pratiques.
02:20 Il y a aussi un manque d'accès à la formation.
02:22 Ça reste vrai que beaucoup de jeunes ne maîtrisent pas forcément,
02:25 par exemple vous mentionniez dans vos reportages,
02:27 la notion de gratuité des préservatifs internes et externes en pharmacie.
02:32 Beaucoup de jeunes ne sont pas au courant.
02:34 Ça ne les incite pas non plus forcément à se protéger.
02:36 On n'en parle plus à l'école. J'ai un souvenir, pardon,
02:38 mais en cours de biologie, de la prof avec une banane et un préservatif pour nous montrer.
02:43 On ne le fait plus ça à l'école aujourd'hui.
02:45 Depuis 2001, la loi prévoit trois séances d'éducation à la sexualité par an, par année scolaire.
02:52 On fait le calcul sur l'ensemble d'une scolarité en incluant le primaire.
02:56 Ça fait théoriquement 36 séances d'éducation à la sexualité.
02:59 Pour autant, quand on regarde les enquêtes, en moyenne,
03:01 les jeunes disent avoir reçu 2,7 séances d'éducation à la sexualité sur l'ensemble du parcours.
03:07 Mais c'est un problème d'éducation ou c'est parce qu'on n'a plus peur et qu'on se dit finalement
03:11 "le sida, je ne connais personne qui a le sida, je n'ai pas l'impression qu'on en meurt encore aujourd'hui".
03:16 Tout ça, ce sont des idées fausses également.
03:18 On meurt encore aujourd'hui du sida ?
03:20 On meurt aujourd'hui du sida, bien sûr.
03:22 On se contamine encore du sida en France. Il y a plus de 5000 contaminations par an.
03:25 5000 par an ?
03:27 Et c'est un chiffre qui diminue finalement très peu.
03:29 C'est vrai qu'on est une génération qui ambitionne de voir la fin du VIH sida.
03:33 Oui, mais est-ce que vous savez dire qui est contaminé par le sida aujourd'hui ?
03:36 Il y a des enquêtes assez précises de Santé publique France sur le sujet,
03:40 notamment pour distinguer entre les contaminations sur des rapports d'hommes
03:45 et en des rapports sexuels avec les hommes,
03:47 ou des contaminations dans les cadres hétérosexuels.
03:50 La majorité, ce sont des rapports hétérosexuels.
03:52 La majorité, ce sont des rapports hétérosexuels.
03:54 Oui.
03:55 Il y a 24 000 personnes aussi qui vivent avec le VIH, sans le savoir en France.
04:00 On a parlé du préservatif, mais aussi du dépistage.
04:02 Quel est votre message, il faut dire, aux personnes qui ne se sont jamais fait dépister,
04:06 de le faire une fois au moins dans leur vie,
04:08 et aux personnes qui ont des rapports multiples, de le faire à chaque rapport ?
04:11 Le dépistage, globalement, le message, c'est de le faire le plus souvent possible
04:15 en fonction aussi de ses pratiques.
04:17 Ça peut être des dépistages routiniers tous les ans,
04:20 ça peut être plus réguliers en fonction de ses pratiques.
04:22 Ça, c'est vraiment à chacun qui doit être acteur ou actrice de sa propre santé sexuelle
04:26 et prendre les dispositions en fonction.
04:28 On en parle à l'école, il y a des campagnes d'affichage régulières.
04:32 Qu'est-ce qu'il faut faire de plus pour que le message passe ?
04:35 Déjà, à l'école, je pense qu'en termes de nombre de séances d'éducation sexuelle,
04:40 il ne le contenait pas.
04:41 Donc, c'est clair qu'il faut une recrudescence à ce niveau-là.
04:44 La sensibilisation grand public, il y a quand même de fortes disparités territoriales.
04:48 À Paris, il y a des efforts qui sont faits qui sont peut-être plus grands
04:52 que dans d'autres zones de France.
04:53 J'ai l'impression que par rapport aux années 90, les gens n'ont plus peur.
04:58 Alors que dans les années 90, il y avait peut-être beaucoup de désinformation,
05:01 mais il y avait cette trouille d'attraper le virus qui faisait qu'il y avait peut-être plus...
05:06 le message passait plus.
05:07 C'est parce qu'il y a quand même un phénomène qui dit des choses,
05:10 c'est la flambée des IST, des infections sexuellement transmissibles.
05:13 On se dit donc que le sida doit aussi se transmettre davantage.
05:17 Alors, le sida, il se transmet globalement à peu près autant depuis une décennie.
05:22 On a eu un début de chute depuis 10 ans.
05:26 La vérité, c'est que le nombre de contaminations a diminué environ de 10-15 %,
05:30 donc ça reste quand même très réduit.
05:32 Ce que ça veut dire, c'est quand même que globalement, l'épidémie,
05:35 certes, elle n'est pas en train de flamber et il ne faut pas non plus mentir aux gens.
05:38 Il y a des progrès qui sont faits.
05:40 Les gens peuvent être sous traitement.
05:41 Ils peuvent, une fois sous traitement, ne plus transmettre le virus.
05:44 C'est un progrès énorme.
05:46 Pour autant, la dynamique aujourd'hui, elle est plutôt sur une stagnation
05:49 que sur une éradication du VIH.
05:52 Donc, le sida ne se transmet pas en embrassant.
05:55 Souviens de cette image de 1994 de Clémentine Scellarié,
05:59 faisant ce geste qui est devenu historique.
06:02 C'était d'ailleurs sur le plateau du premier sidaxion, il y a 30 ans.
06:06 Voilà une bonne façon de démonter une nouvelle fois cette idée reçue.