Barbara Pompili, secrétariat général à la planification écologique
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00:00 Bonjour à tous. Oui, Barbara Pompili. J'ai eu le plaisir d'être ministre de la transition écologique de 2020 à 2022.
00:10 J'avais déjà travaillé sur tous les sujets dont vous avez dû parler depuis le début de la matinée,
00:17 dans les différentes fonctions que j'avais exercées auparavant, que ce soit au Parlement,
00:22 mais aussi quand j'avais été la première secrétaire d'État en charge de la biodiversité.
00:28 Donc les sujets eau, biodiversité, les sujets adaptation au changement climatique et le sujet,
00:34 pour en arriver à notre sujet commun aujourd'hui, les sujets de l'eau ont toujours été une part de mon portefeuille,
00:44 une part de mon travail. C'est pourquoi quand le président Macron a décidé de lancer un One Planet Summit
00:53 sur la thématique de l'eau, à la demande d'un certain nombre de personnes, dont de moi,
00:58 j'ai été ravie de pouvoir reprendre les rênes de l'organisation de cet événement avec les collègues du Kazakhstan.
01:06 Donc si on peut faire juste un petit retour en arrière de pourquoi il a été décidé d'organiser ce One Water Summit.
01:19 Tout simplement parce que, et là je parle à des gens qui sont, je pense, convaincus d'avance,
01:25 le sujet de l'eau est le sujet qui va devenir numéro un, qu'il est déjà dans un certain nombre de pays,
01:34 et qui va devenir numéro un dans les années et décennies qui viennent.
01:38 Tout d'abord parce que c'est un sujet, de toute façon, qui touche quasiment toutes les politiques que nous mettons en place.
01:46 Et de plus en plus aujourd'hui, on ne peut pas parler d'énergie sans parler d'eau,
01:51 on ne peut pas parler évidemment d'agriculture, d'alimentation sans parler d'eau,
01:54 mais on ne peut pas non plus parler de tourisme, on ne peut pas parler de développement économique de manière générale
01:59 sans envisager la nécessité de trouver et de partager de l'eau.
02:07 Le changement climatique, évidemment, apporte encore plus d'acuité à cette question
02:14 puisque des pays qui n'étaient pas traditionnellement concernés par les problèmes de manque d'eau ou de trop d'eau
02:22 se retrouvent confrontés à ces précipitations extrêmes, à ces sécheresses extrêmes
02:30 qui auparavant ne posaient pas de problème particulier.
02:33 La France étant le premier exemple, on a toujours eu des périodes plus difficiles que d'autres,
02:40 des périodes de sécheresse, mais le fait que là on ait un certain nombre de communes
02:44 qui ne puissent plus avoir accès à de l'eau potable pendant certaines périodes de l'année
02:49 ou que les sujets de partage de l'eau, qui avant n'étaient pas un vrai sujet en dehors du monde de l'agriculture,
02:57 deviennent de plus en plus cruciaux, font qu'on voit bien que ce sujet maintenant
03:03 ne peut plus être considéré comme accessoire dans les différentes politiques qui sont menées.
03:11 L'autre sujet, c'est pourquoi est-ce qu'on porte cette question de l'eau au niveau de la Germaine internationale.
03:21 Beaucoup pourraient nous dire que la question de l'eau, c'est une question locale ou régionale,
03:27 notamment au niveau des bassins, qui doit se gérer au niveau des bassins,
03:31 et donc quelle est l'utilité de porter cela dans la Germaine internationale.
03:36 C'est justement l'objet de ce One Water Summit qui prend le relais d'initiatives qui ont déjà été lancées par ailleurs.
03:45 Vous le savez, il y a eu une conférence très importante sur l'eau lancée par l'ONU l'année dernière, en mars 2023,
03:53 qui était la première conférence de l'ONU sur l'eau depuis près de 50 ans,
03:57 donc c'était un moment important pour le monde de l'eau et pour la place de l'eau dans la Germaine internationale.
04:05 Cette conférence a suscité énormément d'espoir.
04:08 Elle a été un peu déceptive justement parce qu'il y avait peu de chefs d'État
04:13 et parce que les engagements qui ont été pris étaient paradoxalement tellement nombreux
04:17 qu'on se demandait un peu si ça allait déboucher sur quelque chose.
04:20 Tout le monde a été très heureux de voir que le Secrétaire général des Nations Unies a enclenché la suite
04:28 puisqu'il a annoncé qu'une nouvelle conférence se tiendrait en 2026 et une autre en 2028.
04:36 Donc là, on voit que l'Agenda International eau est lancé.
04:39 Donc ça, c'est une excellente chose.
04:41 Il est complété par l'Agenda Traditionnel de l'eau, notamment le Forum Mondial qui va se tenir à Bali,
04:47 mais aussi les événements classiques, la semaine de Dushanbe ou la Stockholm Water Week.
04:53 On voit que là, il est en train de se construire quelque chose qui est intéressant.
04:57 Donc que vient faire un One Water Summit dans ce quelque chose qui est en train de se construire ?
05:02 Cette question nous a été posée à juste titre.
05:07 Le One Water Summit, il n'est pas là pour faire la même chose que le travail onusien.
05:13 On n'est pas là pour créer un nouveau mode de régulation mondiale sur l'eau.
05:19 On n'est pas là pour créer quelque part un nouvel ordre mondial de l'eau.
05:24 On n'est pas là pour créer une cope de l'eau, même si ça pourrait être une idée.
05:31 On est là pour essayer par ce format qui est un format très spécifique, qui est un format court.
05:38 Un One Water Summit, c'est un format One Planet Summit, donc c'est quelques heures, trois heures,
05:44 pour essayer justement de pousser cet agenda et que cet agenda sorte de juste le monde de l'eau,
05:52 qui l'a bien intégré, pour être porté à un niveau beaucoup plus politique et au niveau des chefs d'État.
05:59 C'est pour ça qu'on le fait à New York. C'est pour ça qu'on le fait dans le cadre du segment de haut niveau
06:04 où les chefs d'État se représentent pendant l'Assemblée Générale des Nations Unies,
06:09 pour montrer aux chefs d'État que l'eau est un sujet de discussion mondiale,
06:16 que nous sommes dans un format One Planet Summit, donc dans un format positif.
06:21 Les One Planet Summits ont toujours été des sommets où on essaye d'apporter des solutions.
06:28 De dire voilà, si vous voulez un instrument de paix et si vous voulez un instrument puissant de développement économique,
06:36 il faut que vous vous occupiez de l'eau.
06:38 Et donc le but de ce moment, ça va être un moment de focus, de quelque part d'agenda de solutions,
06:48 où on va montrer des réalisations concrètes qui ont pu apporter la paix sur les territoires,
06:54 grâce notamment à la coopération transcontinuaire, qui peut apporter le développement sur des territoires,
07:00 grâce à des expériences réussies, des initiatives qui ont porté leurs fruits, des financements innovants,
07:07 des nouvelles technologies, même si je suis très attentive à ce qu'on ne se fasse pas envahir par la désalinisation,
07:14 en excluant toutes les autres solutions qui peuvent être beaucoup plus efficaces que la désalinisation,
07:19 même si on aura besoin de désalinisation.
07:22 Et d'une manière générale, redonner un petit peu de perspective sur ce sujet,
07:28 et de dire que le niveau international ne peut plus, en ces temps de changement climatique, être évité,
07:35 parce que l'eau ce n'est pas seulement l'eau que nous avons dans nos fleuves, c'est aussi l'eau souterraine,
07:41 mais c'est aussi l'eau dite verte, que connaissent un certain nombre de gens dans cette salle,
07:46 qui est l'eau qui s'évapore, l'eau que l'on trouve dans les forêts,
07:51 que si on coupe ces forêts, cette eau-là ne sera plus là, et donc ça peut avoir des conséquences,
07:57 même pas dans les pays voisins, mais bien au-delà, et que nous sommes interconnectés aussi sur l'eau,
08:02 et que nous ne pouvons plus faire comme si l'eau était l'affaire de quelques-uns dans leur coin,
08:08 mais c'est bien une affaire mondiale.
08:10 Et bien sûr, je terminerai en disant que nous n'oublierons pas non plus le fait que l'eau est un bien commun,
08:17 et que tout le monde doit pouvoir y avoir accès, et donc que ça doit aussi faire partie des sujets qui seront évoqués lors du 1WT.
08:26 Dernière question, dernière question Barbara, si je puis me permettre.
08:31 Est-ce que vous allez arriver à New York, je suppose que vous serez à Bali, bien sûr,
08:37 et que vous arriverez à New York avec des propositions concrètes pour la France ?
08:43 Oui, bien sûr. Le but vraiment, c'est de faire quelque chose d'extrêmement visuel et d'extrêmement percutant.
08:52 Donc nous, on va arriver avec du concret, et on ne veut bien sûr pas faire une expérience franco-centrée,
09:00 parce que l'intérêt c'est d'aller chercher un peu partout dans le monde des exemples de ce que je vous ai expliqué.
09:06 Mais bien sûr, la France a un certain nombre de réalisations déjà à son actif.
09:14 Il ne faut pas oublier que le modèle français de la gestion par bassin est un modèle qui est copié dans le monde,
09:19 et notamment par la Chine, etc.
09:22 Donc nous, on a aussi envie de promouvoir ce que peut faire bien la France,
09:29 mais aussi d'assumer que nous avons sur un certain nombre de sujets à apprendre des autres,
09:36 que le fait que des pays qui sont confrontés depuis longtemps au manque d'eau ont certainement réfléchi,
09:41 et ont apporté des solutions, c'est aussi ça l'intérêt.
09:46 C'est de montrer que grâce à ces sommets, on arrête de penser tout seul dans son coin,
09:52 mais on essaye de partager et d'avancer ensemble.
09:55 Merci, merci à vous, et merci de nous avoir donné un peu de votre temps.