Parlement Hebdo - Patrick Kanner

  • il y a 6 mois
Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence de Patrick Kanner, sénateur socialiste des Hauts-de-France, président du groupe Socialiste, écologiste et républicain du Sénat.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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00:00 *Générique*
00:09 Bonjour, ravie de vous retrouver dans ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:12 l'émission qui vous amène au cœur du débat parlementaire.
00:15 Avec vous, Quentin.
00:17 Bonjour, Katia.
00:18 Et sur ce plateau pour nous accompagner pendant toute cette émission,
00:21 c'est Patrick Caner, le président du groupe socialiste au Sénat.
00:24 Et on va faire avec vous, monsieur Caner, le tour d'horizon de l'actualité du Parlement cette semaine.
00:29 Et on va parler des sénateurs qui ont dit "non" à l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, le CETA,
00:37 un vote synonyme de camouflet pour le gouvernement à quelques semaines des élections européennes.
00:42 Un vote positif en revanche à l'Assemblée nationale sur le projet de loi pour le bien vieillir,
00:47 le texte est adopté après un ultime vote des députés.
00:51 La motion déposée par les socialistes contre le texte n'a pas abouti.
00:56 Et puis on revient sur la polémique à Sciences Po avec l'audition de la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques.
01:03 Une étudiante aurait été empêchée d'entrer dans un amphi lors d'une mobilisation pro-palestinienne.
01:09 Et avant de développer avec notre invité les thèmes de Parlement hebdo,
01:13 un mot d'abord, peut-être, Patrick Caner.
01:15 On a appris la disparition de Frédéric Mitterrand, 76 ans, homme de télévision, figure de la culture française.
01:22 Qu'est-ce que vous retenez de lui ? Un souvenir peut-être ?
01:25 Le ministre de la culture, un grand ministre de la culture, je dirais dans la lignée d'un Jack Lang, très concrètement.
01:32 Moi j'ai un souvenir très précis, c'était en octobre 2011, j'étais président du département du Nord,
01:38 et on a inauguré la maison Wilfrid Owen.
01:41 Wilfrid Owen, c'est le rimbaud anglais, il est mort quelques heures avant l'armistice de 1918.
01:48 Et il était réfugié d'une maison qui a été transformée en musée en son honneur.
01:54 Et on a inauguré avec Frédéric Mitterrand cette maison.
01:57 Et je retiens de Frédéric Mitterrand un homme d'une immense culture, il connaissait parfaitement cet auteur anglais.
02:04 Et puis une grande gentillesse, une grande disponibilité, un ministre accessible.
02:09 Pour un président de département que j'étais à l'époque, c'était vraiment un grand plaisir de le rencontrer.
02:14 Allez, on commence le tour d'horizon de l'actualité du Parlement cette semaine.
02:18 Et avec ce premier thème, donc ce vote important qui s'est tenu jeudi au Sénat, le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada a été rejeté par les sénateurs suite à une alliance entre la gauche et une partie des LR.
02:29 Le ministre du Commerce extérieur, Franck Riester, avait tout tenté jusqu'au bout pour convaincre les sénateurs.
02:34 Le récit de cette séance avec notre journaliste Fabien Réquer.
02:40 Au terme d'une séance très mouvementée, le Sénat a rejeté l'accord de libre-échange avec le Canada.
02:46 Près de cinq ans après un premier vote favorable à l'Assemblée nationale.
02:50 Un nouvel examen du texte à l'initiative des communistes qui savourent leur victoire.
02:55 C'est une victoire démocratique d'abord parce qu'on a repris la main sur le gouvernement qui refusait d'inscrire le SÉTAT dans un déni de démocratie.
03:03 Et puis c'est une victoire évidemment pour celles et ceux qui luttent contre ces traités climaticides antisociaux et antienvironnementaux.
03:10 Dans l'hémicycle, seuls les centristes et les alliés de la Macronie ont défendu le SÉTAT quand une large majorité du groupe LR a préféré voter contre.
03:19 Manifestement c'est une mascarade. La volonté de l'alliance LR et communiste c'était juste de faire un coup.
03:27 Un coup contre le gouvernement, un coup contre la commission en se disant ça n'a pas de conséquences et c'est triste.
03:33 Une alliance de circonstances entre la droite et les forces de gauche pour dénoncer les conséquences du SÉTAT sur l'agriculture et l'environnement.
03:41 Loin des standards européens et français, l'agriculture du centre du Canada, l'Alberta par exemple, est jumelle de celle du Brésil, de l'Argentine ou des Etats-Unis.
03:51 Aux antipodes de d'autres modèles d'exploitation familiale. Au Canada, Monsieur le Ministre, plus de 40 molécules chimiques sont autorisées alors qu'interdites au sein de l'Union Européenne.
04:02 Si cet accord sur l'investissement devait entrer en vigueur, nous savons que les firmes de la chimie, du pétrole, des pesticides attaqueront les Etats Européens sur les législations de protection sanitaire et environnementale.
04:16 Oui au Canada, mais non au SÉTAT.
04:18 Un revers pour le gouvernement qui pourrait se répéter à l'Assemblée Nationale.
04:22 Après leur collègue sénateur, les députés communistes ont annoncé inscrire le texte à l'ordre du jour pour tenter de rejeter définitivement la ratification du SÉTAT par la France.
04:33 Alors Patrick Cannaire, une réaction ? Que dire de ce qui s'est joué en séance jeudi ? Un coup de tonnerre comme le disent les communistes.
04:39 Oui, un coup de tonnerre bien légitime.
04:43 Ce que je rappelle, y compris à mon collègue Capu, qui vient de s'exprimer en disant "c'est une mascarade", mais attendez.
04:49 Monsieur Capu, il a voté comme tout le Sénat, le 15 avril 2021, une résolution demandant au gouvernement de présenter le projet de loi SÉTAT au Sénat.
05:00 D'enfin l'inscrire à l'ordre du jour.
05:01 Et de l'inscrire.
05:02 Donc, il y a tous ceux qui poussent des cris de refrais en ce moment, devraient regarder leur vote de 2021.
05:09 Il fallait étudier ce traité qui est quand même très important.
05:13 Alors après on va me dire "oui, il y a les élections européennes, la crise économique"... Je le mesure parfaitement.
05:17 Mais il y a eu un débat, de fond, et aujourd'hui le gouvernement se retrouve grogeant comme devant, permettez-moi l'expression populaire.
05:27 Il a perdu une manche, manifestement.
05:30 Et pourquoi ? Parce qu'il a procrastiné, il a attendu bien trop longtemps avant de présenter ce débat.
05:35 Je rappelle que le texte a été adopté de justesse, certes, mais de justesse.
05:39 En 2019, à l'Assemblée Nationale.
05:41 Et donc le gouvernement, voyant que le SÉTAT s'applique à 90% sans problème, s'est dit "ben on va continuer comme ça pendant des années et des années".
05:48 Eh bien non.
05:49 Et donc là c'est quoi ? C'est la revanche des parlements nationaux sur l'Europe qui est accusée un peu de s'emballer avec des normes qu'on ne contrôle pas ?
05:56 Ou comment vous l'interprétez ?
05:57 Le SÉTAT a été négocié à l'époque de M. Barroso, un ultra-libéral.
06:00 C'est assez clair, c'est un combat politique que nous menons au travers du SÉTAT.
06:04 Il y a encore 9 pays qui n'ont pas approuvé le SÉTAT.
06:07 Donc il n'est pas complètement en vigueur, ce fameux SÉTAT ?
06:10 Il est en vigueur, enfin il est mis en oeuvre de manière provisoire.
06:13 C'est ça que vous dites, oui.
06:14 Le citoyen a du mal à comprendre ça, depuis le parti SAT.
06:17 Rassurez-vous les parlementaires, parfois aussi.
06:19 Mais il est mis en oeuvre de manière provisoire, mais à 90% des objets pour lesquels il a été rédigé.
06:27 Donc c'est un peu un déni démocratique qu'il n'y ait pas de ratification.
06:31 La ratification est prévue et il y a une résolution du Conseil de l'Union européenne
06:36 qui prévoit que s'il y a un État qui ne ratifie pas, le SÉTAT tombe.
06:40 Aujourd'hui, il y a un seul État qui n'a pas ratifié officiellement, c'est Chypre.
06:45 Mais comme ça n'a pas été notifié à la Commission européenne, ça continue à fonctionner.
06:49 Donc je vous le concède, c'est très compliqué.
06:52 Le SÉTAT avait été négocié en partie pendant le quinquennat de François Hollande.
06:56 François Hollande, dont vous avez été un des ministres, Patrick Cannaire.
06:59 Est-ce que ce n'est pas un contresens pour vous maintenant de militer contre ce SÉTAT ?
07:03 Non, parce que j'ai d'ailleurs été interpellé par le ministre, par une partie de la droite centriste, par les libéraux.
07:11 Non, je ne me sens pas du tout en difficulté.
07:14 Le SÉTAT a été négocié à une époque, mais le monde a changé depuis.
07:18 Le dérèglement climatique s'est approfondi.
07:22 Dans ce traité de libre-échange, il y a des sujets, notamment sur l'importation de produits carbonés,
07:29 qui à l'époque, sûrement, n'ont pas été vus en tant que tels.
07:33 Mais aujourd'hui, je pense que le gouvernement de monsieur Hollande, s'il était encore au manœuvre,
07:39 ne voterait pas le SÉTAT, ne l'adopterait pas dans le sens où il a été adopté à l'époque.
07:44 Il y a une crise agricole depuis plusieurs mois.
07:46 Les agriculteurs sont en colère. Ils dénoncent notamment des normes européennes devenues très complexes.
07:50 J'ai une question simple. Est-ce que ce traité SÉTAT est bon ou pas bon pour les agriculteurs français ?
07:56 Il est manifestement bon pour une partie du monde agricole, producteur de vin, producteur de produits laitiers,
08:02 très mauvais pour les producteurs de viande bovine.
08:05 C'est un peu la bouteille à moitié vide et la moitié pleine.
08:10 Aujourd'hui, les sénateurs l'ont vue à boitier vide.
08:13 Si on doit remplir à nouveau un traité avec le Canada, il faut revoir complètement la COPSE.
08:20 Vous reconnaissez quand même des avantages économiques en termes d'emploi, de reconnaissance de certains...
08:25 Les ministres disent plus de 33% des exportations...
08:28 Valorisation de nos fromages, etc. Il y a quand même des aspects positifs.
08:32 Mais il y a une diminution des normes qui permettra au Canada de faire venir des produits qui ne correspondent pas à ce que nous cherchons aujourd'hui.
08:37 Notamment, par exemple, tout ce qui touche aux produits bitumés qui pourraient intervenir dans notre pays.
08:44 Non, ça ne va pas. On a voté contre en conscience, qu'il n'y ait pas de malentendu.
08:48 Et ce que je demande maintenant au gouvernement, c'est de ne pas bloquer la procédure.
08:52 Parce que le risque, c'est que le gouvernement peut constater qu'il y a eu ce vote, mais ne pas transmettre à l'Assemblée nationale.
08:58 En l'occurrence, il y a une niche communiste et le plus probable, c'est que le texte soit examiné le 30 mai dans la niche communiste, non ?
09:03 Si le gouvernement dépose le texte voté au Sénat sur le bureau de l'Assemblée nationale.
09:11 Et vous pensez qu'il peut bloquer alors même que c'est une niche ? C'est un ordre réservé aux oppositions, c'est important.
09:17 Je salue Yannick Jadot qui hier soir, à la fin du débat, a dit "mais attention, si vous bloquez par une astuce parlementaire ce texte,
09:29 ça signifie que quelque part vous créez un déni démocratique majeur qui ne fera que le lit des populismes et en particulier de l'extrême droite".
09:38 On vous sent très solennel dans ce que vous venez de dire.
09:41 Il y a eu des circonstances assez rocambolesques dans l'examen de ce texte de ratification hier,
09:47 avec l'article 38 du règlement qui a été brandi par Bruno Retailleau.
09:52 On voit que ça a créé une forme de crise avec les alliés centristes.
09:56 C'est quelque chose d'important qui restera comme une date majeure à ce qui s'est joué entre centristes et LR au sein du Sénat hier.
10:03 Il y a eu une fracture qui s'est créée.
10:04 Ce fameux article 38 a été utilisé de manière très régulière pendant le débat sur les retraites.
10:09 Il contraint un orateur pour, un orateur contre. Il vient contraindre les débats de façon extrêmement faible.
10:14 C'est un 49-3 modèle Sénat, très concrètement.
10:17 On bloque le débat et on adopte le texte.
10:20 Ça signifie quoi ? Ça signifie qu'effectivement, il y a une crise qui lui sera des traces entre la majorité du Sénat centriste et la majorité du Sénat LR.
10:30 Je sens bien cette crispation. Elle ne date pas d'hier, manifestement.
10:35 Est-ce que ça signifie que les centristes sont en train de se rapprocher du gouvernement ?
10:39 Déjà qu'il y a, puisqu'ils font liste commune pour les européennes.
10:42 On sent effectivement une évolution. Est-ce que cela aboutira à une fracture dans la majorité sénatoriale ?
10:50 J'ai envie de dire que c'est au chef suprême, Gérard Marchais, du Sénat, le président du Sénat, à gérer sa majorité.
10:57 Nous n'y sommes pour rien. Nous constatons cela.
11:01 Et ça laissera des traces. Vous avez raison, monsieur le calvaire.
11:04 Juste un mot pour terminer sur cet accord SETA.
11:07 Il est inscrit à l'ordre du jour, le 30 mai, dans le cadre de l'ordre réservé des communistes.
11:12 Vous pensez qu'il peut y avoir le même genre de choses que ce qui s'est passé au Sénat ?
11:17 Un nouveau camouflet en vue pour le gouvernement ?
11:20 Considérant qu'il a été adopté en 2019 à quelques voix et qu'il n'y a plus de majorité absolue pour le gouvernement,
11:27 je pense que s'il est inscrit le 30 mai, il a toutes les chances d'être aussi rejeté.
11:31 Donc il y a vraiment un rejet massif de ce texte ?
11:33 Exactement. Il faut que le gouvernement prenne l'initiative pour sortir de cette nasse.
11:38 Il faudra que le gouvernement notifie la Commission européenne.
11:41 Il peut aussi attendre et ne jamais le faire, comme a fait Chypre, qui a également eu la même chose dans son pays.
11:46 Vous savez, le gouvernement maltraite depuis de nombreuses années le Parlement.
11:51 Ce serait une nouvelle forme de maltraitance après la multiplication des 49.3.
11:55 Donc c'est grave pour la démocratie française.
11:57 Patrick Caner, on va parler d'un autre sujet que vous connaissez bien.
12:00 Ça devait être une formalité, mais le vote de la loi "Bien vieillir" a failli tourner au fiasco.
12:06 Pour la majorité, un accord entre députés et sénateurs avait été trouvé.
12:10 Mais au dernier moment, les socialistes ont menacé de faire échouer la validation finale de la loi.
12:15 Compte rendu de séance détaillée avec Stéphanie Despierre.
12:19 Tout commence par un coup de pression mardi matin.
12:22 Les socialistes, avec toute la gauche et même les républicains, écrivent au Premier ministre
12:26 pour réclamer un projet de loi plus large sur le grand âge.
12:30 Sinon, ils menacent de voter contre l'adoption définitive de la loi "Bien vieillir",
12:35 pourtant votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale à l'automne.
12:39 Lors des questions au gouvernement, les oppositions laissent une dernière chance à l'exécutif
12:44 de s'engager sur un calendrier. Raté.
12:47 Ça nous dit qu'il n'y aura pas de loi grand âge. Et ça, c'est très problématique.
12:50 Et donc, ça nous rend furieux.
12:52 On va présenter une motion de rejet avec cet argument qui est de dire
12:55 que ce n'est pas le deal qui a été passé avec l'ensemble des parlementaires unanimes.
12:59 La mort dans l'âme. Je dirais, nous ne voulons pas de cette loi pour solde de tout compte
13:02 parce que c'est vraiment pour amuser la galerie et ce n'est pas la hauteur des enjeux.
13:05 Donc, il faut envoyer ce coup de semence.
13:07 Les oppositions s'impatientent car cette loi grand âge est un serpent de mer.
13:11 C'était une promesse d'Emmanuel Macron dès 2018.
13:14 Malgré le scandale Orpea en 2022 et les engagements d'Elisabeth Borne,
13:18 les députés n'ont toujours aucun projet de loi d'envergure sur leur tablette.
13:23 Dans l'hémicycle, les socialistes tentent donc de rejeter la proposition de loi bien vieillir.
13:28 Incohérence, répond la ministre.
13:31 Vous l'avez votée. Alors, je ne comprends pas justement ce revirement.
13:36 C'est vous qui n'êtes pas logique. Je vous ai dit que c'est une première strate.
13:41 Nous allons poursuivre le travail ensemble.
13:44 Je l'ai dit et qu'il y aura des mesures législatives et que nous pouvons préparer via le prochain PLFSS.
13:51 Finalement, la motion de rejet des socialistes est un échec.
13:54 La proposition de loi bien vieillir est votée.
13:57 Alors, Patrick Canard, beaucoup de tumulte à l'Assemblée nationale lors de cette loi
14:02 qui est pourtant votée sur le bien vieillir.
14:05 Il y a quand même des choses dans cette loi.
14:07 Prévenir la perte d'autonomie, faciliter les alertes en cas de maltraitance dans les EHPAD.
14:12 Est-ce que vous saluez ces avancées ?
14:13 Cette loi n'est pas définitivement votée.
14:15 Il y a une CP.
14:17 Mais en tout cas, on s'approche de la loi de la France parlementaire.
14:21 La caractéristique adoptée au Sénat, elle ne sera pas adoptée à l'Assemblée.
14:24 Vous avez raison. Mais on aura le débat.
14:26 Vous savez, il y a des choses intéressantes dans cette loi.
14:29 Je lisais mon journal préféré, la Voix du Nord.
14:32 Là, vous êtes député. C'est d'Attendu Nord.
14:34 Voilà, c'est d'Attendu Nord.
14:35 Donc, animons n'est pas de l'unanimité.
14:38 Mais ça ne fait pas partie de la loi.
14:41 C'est sûrement très important.
14:43 Je n'en doute pas.
14:45 Mais là, l'arbre cache la forêt, j'y reviendrai.
14:48 De quoi parlons-nous ?
14:50 Aujourd'hui, je vais vous donner un chiffre, pour ne pas embarrasser nos auditeurs.
14:54 Il y a à peu près 2,5 millions de personnes en France âgées de plus de 85 ans.
14:59 Entre 2030 et 2040, elles seront 5 millions.
15:03 Le double.
15:05 L'âge moyen de perte d'autonomie, c'est 83 ans.
15:08 Il y a de fortes chances que ces personnes connaîtront une période de perte d'autonomie.
15:13 Jérôme Gage a raison.
15:15 On a besoin d'une loi à grand âge.
15:17 Donc, cette loi, ce n'est pas la bonne loi ?
15:19 La ministre l'a dit.
15:21 C'est un premier pas.
15:23 Le seul problème, c'est qu'on ne fait que des premières strates depuis 2018,
15:27 au moment de l'annonce de la loi à grand âge par Emmanuel Macron.
15:31 Il ne vient toujours pas.
15:32 Comment expliquer qu'on soit toujours dans la tente de cette grande loi ?
15:35 Ce qui est le fond du problème, on le comprend.
15:37 C'est ce manque de vision avec un plan pluriannuel.
15:40 Chacun sait que pour avoir une loi à grand âge, il faut mettre sur la table 12 milliards d'euros.
15:45 C'est une somme.
15:47 C'est une somme importante.
15:49 Vous savez, comparée aux 3 000 milliards d'euros de dettes.
15:51 Donc, c'est une somme importante. 12 milliards d'euros.
15:54 Aujourd'hui, elle ne peut être financée que dans le cadre de la solidarité nationale,
15:57 c'est-à-dire par une dotation d'État.
16:01 Il n'y a pas cet argent.
16:04 Je vais vous faire une bonne confidence.
16:07 Je me bats depuis des années pour dire que cette loi à grand âge devrait intégrer un cinquième risque de sécurité sociale.
16:14 Une nouvelle branche, en fait.
16:16 Elle existe, mais elle n'est pas financée comme les autres par les cotisations.
16:20 Pas un impôt.
16:21 Non, pas un impôt.
16:22 Je le dis que les Français sont prêts à cotiser pour une future dépendance qu'ils connaissent déjà
16:29 ou qu'ils connaîtront demain, ou pour une personne handicapée dans leur famille.
16:32 Les Français sont prêts à cotiser et les entreprises.
16:34 Il faut créer le même système.
16:36 Mais avec un financement différent.
16:38 S'il y avait autant de personnes âgées en 1945, qu'est-ce qu'on aurait fait au moment du Conseil national de la résistance ?
16:45 Vous croyez qu'on n'aurait pas créé une cinquième branche ?
16:47 On l'aurait créée avec le même système de financement paritaire.
16:50 Et c'est ça.
16:52 Mon gouvernement n'a pas eu le courage auquel j'ai participé de le mettre en oeuvre.
16:55 Et moi, je le dis, il faudrait le mettre en oeuvre.
16:57 Mais d'ici là, il n'y a plus d'argent.
16:59 Il y a une impasse budgétaire pour le gouvernement.
17:02 Je suis invité, convoqué, le 28 mars, à une rencontre avec monsieur Le Maire et madame Vautrin,
17:08 comme tous les présidents de groupe, pour parler des finances de la France.
17:11 Ce n'est pas bon signe.
17:13 Ce n'est pas bon signe.
17:15 Et aujourd'hui, l'incurie budgétaire de ce gouvernement aboutit à ce qu'on va sacrifier des services publics.
17:22 Les 10 milliards d'euros qui, par un trait de plume, ont été supprimés.
17:26 900 millions, par exemple, sur les universités et bien d'autres sur les finances sociales.
17:30 Ça montre quoi ?
17:31 Ça montre que ce gouvernement est en train de saccager le pacte républicain issu de 1945.
17:40 À partir de là, j'entends toujours le dogme du moins d'impôts.
17:44 Eh bien, non.
17:46 L'impôt, c'est le moyen le plus juste pour répartir la richesse dans un pays.
17:49 Et la richesse existe.
17:50 Je vous donne le chiffre, quand même.
17:52 68 milliards d'euros de dividendes vont être distribués par les entreprises du CAC 40.
17:56 Eh bien, peut-être que sur ces 68 milliards, il y a quelques milliards qui pourraient servir à financer la dépendance.
18:01 Pour revenir sur la dépendance, c'est aussi un problème de financement.
18:05 Vous dites ce que vous expliquez.
18:07 Essentiellement, avant tout.
18:09 Bien sûr.
18:10 C'est pour ça que le gouvernement tarde à agir.
18:12 Aujourd'hui, le gouvernement est dans les cordes.
18:14 Il n'a pas les moyens de financer cela.
18:17 Et on se retrouve devant un déni vis-à-vis des retraités de ce pays.
18:24 Ils sont de plus en plus nombreux.
18:26 Mais, vous savez, une grande loi dépendance, c'est une création de richesse, finalement.
18:29 Parce que la dépendance, elle se traite comment ?
18:32 Par des personnes, des emplois non délocalisables, qualifiés, permanents.
18:37 On a entendu Jérôme Gage dire qu'il faut adapter notre société au vieillissement de la population.
18:42 En adaptant les logements, les espaces publics, les villes, les transports.
18:46 C'est un grand plaidoyer qu'il a fait comme cela.
18:48 Vous dites que cela peut être quelque chose de vertueux pour la société et son économie ?
18:52 Peut-être, c'est sûr.
18:54 C'est ce qu'on appelle la silver economy.
18:56 C'est de la richesse créée, non délocalisable.
19:00 Et on ne demandera pas à nos amis chinois de faire le travail.
19:03 Oui.
19:04 Et il y a d'autres choses dans ce texte.
19:07 Consécration d'un droit de visite pour les résidents, renforcement du contrôle des EHPAD.
19:11 On l'a dit.
19:12 Signalement de la maltraitance.
19:13 Finalement, on retiendra aussi toutes ces mesures adoptées et présentées par...
19:17 Bien sûr, une carte professionnelle pour les travailleurs à domicile.
19:21 Honnêtement, c'est une loi intéressante.
19:25 Mais elle est anecdotique par rapport à l'enjeu général.
19:29 De même, parce que vous montrez la une de la loi du Nord.
19:33 La question des animaux de compagnie autorisées dans les EHPAD.
19:38 Ce sera autorisé, mais ce sera fait par décret.
19:41 Est-ce que vous le regrettez?
19:42 Non, non.
19:43 Là aussi, c'est un égret.
19:45 Je suis très content.
19:46 Même si les ARS sont un peu inquiètes.
19:49 Agence régionale de santé.
19:51 Il faudra que les animaux soient bien traités.
19:55 Une personne âgée dépendante, si son animal n'est pas soigné...
19:59 Il faut définir les conditions d'accueil des animaux.
20:01 Tout ce qui va dans le sens d'un bien-être, d'une bienveillance à l'égard des personnes âgées en établissement,
20:05 bien sûr que je suis favorable. Simplement, on est loin de l'enjeu.
20:08 On termine avec l'audition au Sénat de Laurence Bertrand d'Orléac.
20:13 Elle est présidente de la Fondation nationale des sciences politiques.
20:16 Elle est revenue sur les derniers événements qui se sont déroulés à Sciences Po Paris.
20:20 Lors d'une manifestation pro-palestinienne non autorisée dans un amphithéâtre,
20:24 l'Union des étudiants juifs de France dénonce des actes d'antisémitisme.
20:27 Au cours de cet événement, la direction de Sciences Po a annoncé avoir saisi le procureur de la République.
20:31 Écoutez donc Laurence Bertrand d'Orléac.
20:35 La justice, à la fois à l'intérieur de Sciences Po et à l'extérieur, fera son travail.
20:42 Et à ce moment-là, les sanctions qui seront prises seront extrêmement sévères.
20:48 Pourquoi ? Il est inadmissible que des étudiants puissent se sentir, je dirais, non bienvenus
20:58 dans un amphi, au motif qu'ils appartiennent à l'Union des étudiants juifs de France.
21:05 Une rencontre s'est déroulée entre des étudiants de l'Union des étudiants juifs de France,
21:11 qui soutiennent Israël, et des étudiants d'associations pro-palestiniennes à Sciences Po.
21:17 Je m'en réjouis et j'y vois le début de la résolution d'un conflit.
21:22 Voilà, on voit que la situation est visiblement en train de s'apaiser à Sciences Po Paris.
21:25 Qu'est-ce que vous retenez de toute cette séquence depuis le 12 mars ?
21:28 Il y a une implantation du conflit Israëlo-Gazaoui-Ahamas en France.
21:35 Vous avez vu l'implantation des actes antisémites.
21:38 Il y a un lien direct.
21:40 Tout ça est vraiment dramatique parce que les Français de confession juive ou les Français de confession musulmane
21:46 doivent d'abord considérer qu'ils sont français.
21:48 Moi, je suis un laïc, et donc c'est un élément important que je voulais rappeler.
21:52 Madame Bertrand d'Orléac a raison de dire que c'est par le dialogue qu'on arrivera à trouver une solution.
21:57 Je pense qu'il y a dû avoir un incident.
21:59 Je crois, je... Ah, il y a...
22:00 Si on a la forme consacrée, il n'y a pas de fumées en vœux.
22:02 Il y a dû avoir un incident.
22:04 De quelle gravité ?
22:05 Il y a un article 40 qui a été déclenché.
22:07 Par la direction de Sciences Po, oui.
22:09 Du code de procédure pénale.
22:10 Un signalement procureur de la République.
22:12 Le procureur va s'en saisir, et nous verrons cela.
22:15 Il y a eu une exaspération manifeste dans ce dossier.
22:21 Une montée en puissance des antagonismes.
22:24 Et si un étudiant ou une étudiante, parce que l'UEJF, l'Union des étudiants juifs de France, a été empêchée de rentrer dans une salle de cours,
22:33 c'est absolument inadmissible, inacceptable.
22:36 Très honnêtement, l'intervention physique personnelle de M. Attal, alors qu'il administre...
22:42 C'était son rôle de se rendre sur place immédiatement, c'est la démonstration.
22:45 Non, non, non, non, non, non, non, non, non, il ne faut pas...
22:47 Il est ancien élève de l'école.
22:49 Oui, d'accord.
22:50 Il est premier ministre.
22:52 Je ne dirais pas de la récupération, je crois que c'est...
22:54 Voilà, M. Attal saute sur tout ce qui bouge.
22:56 Bon, il y a...
22:58 Je ne crois pas que c'est son rôle.
23:01 Vous savez, moi j'appartenais à un gouvernement où le premier ministre intervenait quand les ministres avaient fait déjà le boulot.
23:07 Donc il y a un ministre, Mme Rotaillot, qui devait intervenir, peut-être.
23:11 Mais il faut préserver l'indépendance et la liberté académique.
23:14 C'est un grand principe de la République.
23:16 Et j'ai eu le sentiment que M. Attal se prenait un peu comme un ancien élève venant de l'Enalson.
23:22 Non, ce n'était pas son rôle.
23:24 Plus généralement, sur l'enseignement supérieur, vous dites qu'il faut préserver l'indépendance et la liberté académique.
23:29 Est-ce que vous souhaitez une commission d'enquête parlementaire sur ce type de dérive dans l'enseignement...
23:35 Elle a été évoquée à la dernière conférence du président du Sénat, sous la présidence de Gérard Larcher.
23:39 Et une mission flash va être lancée.
23:42 Une mission flash, c'est-à-dire une mission...
23:44 Ce n'est pas une commission d'enquête, mais c'est une mission d'interrogation.
23:47 Faire la lumière sur ce qui se passe dans l'enseignement supérieur.
23:49 Exactement, par le président de la commission culture, l'éducation, Laurent Lafon.
23:53 Donc voilà, nous prenons notre part à la manifestation de la vérité sur l'informe consacré.
23:59 Sciences Po Paris est devenue une ZAD islamo-gauchiste, a dit Éric Zemmour.
24:03 Pourquoi est-ce que l'IEP de Paris est comme cela aussi ciblée par la droite de la droite ?
24:07 Vous savez, les mouvements pro-palestiniens sont au courant dans les facs.
24:12 Moi je l'ai connu à mon époque à la fac de Lille.
24:15 Donc ils sont courants et puissants.
24:17 Donc ça a toujours existé pour vous ? Ça a toujours été là ?
24:21 Moi ça ne me dérange pas. Que la liberté d'expression soit bien sûr préservée, aucun problème.
24:26 Quand celle-ci aboutit à un antisionisme qui frise l'antisémitisme, il faut vérifier.
24:32 Laissons le travail judiciaire se mettre en place.
24:34 Patrick Caner, une dernière question d'actualité.
24:36 Vous aviez demandé la création d'une commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma.
24:39 C'était une demande portée par l'actrice Judith Godrej lorsqu'elle était venue être auditionnée par le Sénat.
24:44 On a appris cette semaine que cette commission d'enquête ne serait pas installée.
24:47 La conférence des présidents du Sénat l'a refusée. Qu'est-ce que vous en pensez ?
24:50 Elle l'a refusée pour des raisons techniques en disant qu'il y a trop de commissions d'enquête
24:53 et donc qu'il y a un problème aussi de suivi par les administrateurs de la haute assemblée.
24:57 Mais monsieur Laffont m'a affirmé, y compris pendant la conférence,
25:01 qu'il y aurait des entretiens, des tribunes, des mini-colloques.
25:06 Enfin, on va y travailler. Il y aura un travail parlementaire sur les violences sexuelles dans le cinéma.
25:11 J'y veillerai. Je ne suis pas totalement satisfait. Je peux comprendre les raisons.
25:15 Mais très honnêtement, l'interpellation de la Judith Godrej mérite un suivi du Parlement français.
25:20 Eh bien, Patrick Cannaire, ce sera le mot de la fin.
25:22 Merci beaucoup d'avoir été l'invité de Parlement, Hebdo.
25:25 Voilà, on vous donne rendez-vous la semaine prochaine, même heure,
25:28 pour ne rien rater des incontournables du Parlement. Ciao, ciao !
25:32 [Générique]

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