"On ne va pas revenir aux prix d'avant": l'interview de Michel-Édouard Leclerc en intégralité

  • il y a 6 mois
Michel-Édouard Leclerc, président du groupe E.Leclerc, était l’invité de BFM Politique de ce dimanche 24 mars.
Transcript
00:00 BFM Politique
00:02 Benjamin Duhamel
00:04 Michel-Edouard Leclerc, invité de BFM Politique,
00:08 et je signale à tous ceux qui nous regardent
00:10 chez eux à la maison que vous pouvez
00:12 interpeller Michel-Edouard Leclerc
00:14 directement en flashant le QR code qui apparaît
00:16 à la droite de l'écran et nous
00:18 relayerons vos questions tout au long de
00:20 cette émission. Michel-Edouard Leclerc, pendant
00:22 plusieurs mois, vous êtes venu sur BFM TV
00:24 parfois, dans BFM Politique
00:26 pour parler d'une inflation qui battait des records.
00:28 Les chiffres aujourd'hui
00:30 sont tout autres. La hausse des prix en février
00:32 est passée sous la barre des 3%.
00:34 En janvier, vous vouliez, je cite, "casser
00:36 la gueule à l'inflation".
00:38 C'est bon ? Elle est à terre, l'inflation ?
00:40 En tout cas, je pense qu'on a
00:42 gagné notre coup.
00:44 En privé, tout à l'heure, on parlait de boxe.
00:48 Métaphore de quelqu'un
00:50 qui, à la présidence de la République, en fait aussi...
00:52 On évoquait les photos du président de la République.
00:54 Et en fait, c'est vrai qu'on est allé
00:56 boxer auprès des sociétés multinationales
00:58 pour ramener une inflation moindre.
01:00 Je pense que 2024,
01:02 toute chose par ailleurs,
01:04 toute chose égale par ailleurs, on sera
01:06 à 2 à 3 points d'inflation
01:08 en général. Et je pense que dans les hyper,
01:10 on aura cassé ce moment
01:12 hyper spéculatif
01:14 qui a tapé dans le portefeuille
01:16 des Français, où on a eu pendant 2 ans 21%
01:18 d'inflation. Donc cette défaute-là,
01:20 elle est révolue, c'est terminé.
01:22 Les commandes qui se font actuellement
01:24 chez Leclerc, Carrefour,
01:26 Intermarché, Lidl, on a vu des publicités
01:28 Aldi, aujourd'hui, se font
01:30 à des nouveaux tarifs
01:32 qui vont... Il y a une petite inflation
01:34 parce que tout le monde a des coûts à refiler,
01:36 des coûts d'énergie, des coûts de transport,
01:38 mais c'est beaucoup plus modéré.
01:40 - Sur un horizon ?
01:42 - Un an. Un an parce que
01:44 en France, on a cette particularité
01:46 unique au monde, c'est qu'on
01:48 négocie pour un an. Alors, à l'intérieur,
01:50 quand c'est bien fait, on peut avoir des clauses
01:52 de révision de prix.
01:54 Souvent, les consommateurs nous disent "Ah, mais le marché
01:56 du brut a descendu,
01:58 le marché du cacao a descendu, les prix descendent pas."
02:00 En fait, c'est balisé
02:02 annuellement en France.
02:04 Probablement pour des praticités
02:06 de contrôle, c'est une idée, ça,
02:08 très administrative. Dans la réalité,
02:10 tout le reste, tout ce qui est
02:12 pas français et qu'on achète dans le monde, on l'achète
02:14 comme ça, quoi.
02:16 Sans arrêt, les cours fluctuent
02:18 et on essaye de se battre pour le moins cher.
02:20 - Et on va revenir dans un instant sur la question
02:22 de ces négociations, mais juste avant, Amandine, toujours sur l'inflation.
02:24 - Oui, puisque vous disiez l'inflation
02:26 à 2-3% pour cette année,
02:28 donc ça veut dire que ça va augmenter moins vite.
02:30 Est-ce que ça peut vouloir dire, pour les Français
02:32 qui nous regardent, qu'il va quand même y avoir des baisses
02:34 de prix ? - Oui, alors il va y avoir
02:36 des poches de baisses,
02:38 je sais pas utiliser la bonne expression.
02:40 Par exemple, dans la concurrence
02:42 qu'on se livre entre Leclerc,
02:44 Carrefour, Auchan,
02:46 évidemment, on va aussi
02:48 prendre sur nos marges, c'est pas que les conditions
02:50 d'achat qui font les prix, c'est aussi
02:52 on prend sur nos marges et on baisse tel ou tel
02:54 secteur. Alors ça, je vais pas vous l'annoncer avant,
02:56 parce qu'ils vont se le prendre dans le nez d'ici
02:58 15 jours ou 3 semaines, donc je vais pas
03:00 en faire la publicité. - C'est-à-dire que vous préparez
03:02 d'ores et déjà des coûts pour que
03:04 les prix baissent encore
03:06 plus que les... - Exactement.
03:08 N'oubliez pas, je suis pas
03:10 propriétaire des centres Leclerc, c'est
03:12 une marque collective qui est pilotée
03:14 par une coopérative de commerçants indépendants,
03:16 donc ils aiment ça, c'est leur
03:18 magasin, en local, ils font
03:20 leur prix, mais là,
03:22 aujourd'hui, à partir de conditions d'achat,
03:24 mais aussi en investissement,
03:26 quelquefois, jusqu'à
03:28 collectivement un milliard
03:30 en argent, en espèces, ils les mettent
03:32 en baisse de marge. - Et ça va concerner des
03:34 dizaines de produits, des centaines
03:36 de produits ? - Des centaines de produits.
03:38 Alors, ce qu'on peut dire quand même,
03:40 de manière assez sûre, parce qu'on les achète 6 mois
03:42 à l'avance, c'est que tout ce qui concerne
03:44 les arts de la table, ce qui concerne
03:46 le textile, ce qui concerne
03:48 tout ce qui est sur le marché
03:50 international, y compris les jouets de Noël
03:52 de l'année prochaine,
03:54 comme les Chinois vendent moins,
03:56 que la croissance est plus faible en Asie,
03:58 et que le coût du transport, pour le moment,
04:00 n'est pas trop prohibitif, je pense que là,
04:02 il y aura de la baisse, vous voyez, pas les jouets
04:04 de licence et trucs comme ça, parce que ça, c'est des...
04:06 - C'est-à-dire qu'en Asie, on doit écouler les stocks, et donc
04:08 on vend moins cher. - Ouais, mais même
04:10 les coûts de transport ont baissé,
04:12 ce qui n'empêche pas certains
04:14 transporteurs de racheter
04:16 de l'audiovisuel,
04:18 Fort Des Marches, qu'ils ont réalisé l'année dernière.
04:20 - Ça arrive. - Ça va, c'est le bon ton
04:22 pour midi. - Pas de problème.
04:24 - Et référence au
04:26 rachat par
04:28 CMACGM, donc, qui fait du transport maritime
04:30 du groupe Altis Médias.
04:32 - Nous, Leclerc,
04:34 Carrefour, on a été obligés de faire payer
04:36 très cher des consommateurs,
04:38 qui ont généré des profits dans les
04:40 conteneurs et tout ça, et qui fait que vous allez
04:42 changer de patron, quoi. - Oui, alors ça,
04:44 je vous laisse la responsabilité de ce genre
04:46 de propos. C'est une blague.
04:48 - J'ai une blague. - Question d'Olivier
04:50 Beaumont sur l'inflation. - Oui,
04:52 parce que vous nous donnez des garanties pour les 12 mois
04:54 qui viennent, mais vous évoquez l'expression
04:56 de 10 ans d'inflation structurelle.
04:58 Concrètement, ça veut dire que
05:00 inévitablement, les prix vont structurellement
05:02 continuer d'augmenter dans les années à venir.
05:04 - Oui, donc, très clairement,
05:06 je réponds à Amandine, on reviendra pas
05:08 au prix d'avant.
05:10 Très clairement, cette année, je pense que ça
05:12 va calmer le jeu et Bruno Le Maire
05:14 pourra faire un petit cierge à son sein préféré,
05:16 ou il pourra écrire un roman sur
05:18 l'histoire. - C'est qui son sein préféré ?
05:20 C'est Michel-Héloire Leclerc ? - Oui, certainement.
05:22 Et...
05:24 Je sais pas, peut-être Macron, mais je suis pas sûr.
05:26 Non, je crois que...
05:28 Par contre,
05:30 on rentre maintenant dans un cycle
05:32 plus vertueux
05:34 sur le plan de l'écologie,
05:36 mais qui coûte plus cher à produire.
05:38 La décarbonation,
05:40 la relocalisation
05:42 de l'approvisionnement,
05:44 le fait qu'on ait perdu des marchés,
05:46 aussi en Russie, que les Chinois,
05:48 c'est plus un marché à prendre, c'est un marché
05:50 qui arrive, pour les bagnoles, par exemple.
05:52 Tout ça fait que ça va coûter...
05:54 Les normes ont un coût, les coûts
05:56 sont des prix, et donc il va y avoir
05:58 une inflation plus structurelle,
06:00 plus diffusée, sur 10 ans, le temps
06:02 d'amortir tous ces investissements.
06:04 Ça, il va falloir...
06:06 Pourquoi j'annonce ça ? C'est parce que ça justifie
06:08 aussi qu'on garde une politique
06:10 de concurrence très offensive, qu'on reste
06:12 non pas protectionniste
06:14 à prix cher, mais qu'on reste toujours
06:16 très actif. - C'est pas une bonne nouvelle pour le portefeuille des consommateurs,
06:18 parce que ça, c'est structurel, mais c'est
06:20 hors crise exceptionnelle,
06:22 hors contexte géopolitique, qui est
06:24 plus que jamais instable encore en ce moment.
06:26 - Oui, mais pour le coup, la crise dont on sort,
06:28 elle avait pas été préparée, elle a même
06:30 été niée.
06:32 Je vous rappelle que quand je venais sur vos plateaux,
06:34 j'avais l'air d'être un peu l'agité du
06:36 bocal quand j'annonçais des inflations
06:38 à 4% pour les présidentielles,
06:40 à 7%, etc.
06:42 Plus personne ne me conteste aujourd'hui le diagnostic,
06:44 mais à l'époque, tout ça
06:46 était spéculatif et pas préparé.
06:48 Même les industriels ne renégociaient pas leur approvisionnement.
06:50 Donc maintenant qu'on sait...
06:52 Ça, c'est derrière nous. Maintenant,
06:54 ce qui arrive, c'est que pour fabriquer
06:56 des bagnoles, pour mettre du carburant
06:58 plus propre dans les avions, pour
07:00 isoler l'immobilier,
07:02 tout ça, ça va coûter plus
07:04 cher, mais on le sait, donc on
07:06 se met en posture de
07:08 réarmement anti-inflation.
07:10 Et je pense que c'est pour ça
07:12 que je plaide, pour qu'on maintienne
07:14 une concurrence très vive, interprofessionnelle,
07:16 et qu'on se replie pas
07:18 en se protégeant. - Michel-Éloir Leclerc, juste
07:20 revenir sur ce qu'évoquait Amandine il y a un instant.
07:22 Très concrètement, là, je pense à ceux qui nous regardent
07:24 et qui se demandent, non seulement
07:26 quand est-ce que se verront dans
07:28 les rayons les effets de cette inflation
07:30 qui décélère, et
07:32 les secteurs. Par exemple, si on prend l'alimentation,
07:34 est-ce que vous pouvez dire à ceux qui nous regardent, très concrètement,
07:36 quel type de produit
07:38 vont voir leur prix
07:40 baisser, ou au contraire,
07:42 quel type de produit, pour lesquels vous dites,
07:44 là-dessus, il ne faut pas s'attendre à des miracles.
07:46 - Alors, tous les prix de grandes marques
07:48 multinationales, les prix transformés, ceux qui
07:50 sont en partie derrière vous, je ne sais pas
07:52 si le téléspectateur voit la même image que nous.
07:54 - La laitière, tout ce qui est produit
07:56 en laitier... - En fait,
07:58 la partie agricole ne descendra
08:00 pas, parce qu'elle est protégée,
08:02 mais tout ce qui est la marge des
08:04 industriels, le marketing des industriels,
08:06 ça va descendre
08:08 parce que toutes les grandes marques ont perdu
08:10 des volumes en prenant
08:12 trop de marge l'année dernière. Et donc,
08:14 dans les négociations commerciales qu'on a eues, là,
08:16 on n'a pas eu besoin de s'engueuler
08:18 beaucoup, parce que les grandes marques ont vraiment
08:20 perdu du marché, et donc
08:22 ils ré-étalonnent, ils réajustent
08:24 leur prix, et donc
08:26 nous allons... - Donc dans l'alimentaire ? - Dans l'alimentaire,
08:28 je pense que ce sera beaucoup plus raisonnable.
08:30 Après, il y a des trucs qui restent très chers,
08:32 la viande, le poisson, ça reste très cher,
08:34 mais pour des facteurs
08:36 de rareté, des facteurs aussi
08:38 de baisse de la consommation,
08:40 ça c'est clair. Mais d'une
08:42 manière générale, vous voyez, quand on
08:44 revient à une inflation à 2 à 3%,
08:46 sur les produits de consommation courantes,
08:48 ça, on peut mieux,
08:50 en tant que consommateur, c'est toujours trop,
08:52 il faut que les salaires suivent, mais en gros,
08:54 on peut maîtriser. - Amandine ? - C'est pas les pâtes à 40%,
08:56 ou la moutarde
08:58 à 30%, quoi.
09:00 - Et si on se projette sur cet été,
09:02 il y a aussi les vacances, puisque vous êtes par ailleurs
09:04 voyagiste, et les premiers chiffres montrent
09:06 que les prix du logement et du transport
09:08 augmentent. Est-ce que
09:10 vous nous confirmez que les Français, a priori,
09:12 doivent s'attendre à payer leurs vacances d'été plus chères ?
09:14 - Je crois pas trop, non, parce que
09:16 après 3 ans de Covid,
09:18 enfin, 3 ans
09:20 de marasmes post-Covid et
09:22 Covid, toutes les destinations
09:24 touristiques font des gros efforts,
09:26 les tours opérateurs font des gros efforts,
09:28 nous, nous sommes le premier
09:30 ou le deuxième voyagiste français, enfin,
09:32 on vend des produits de voyage,
09:34 dégriffés, ou... - Et donc, vous ne
09:36 constatez pas cette hausse de prix ? - Il y a un
09:38 engouement considérable,
09:40 alors, c'est plus la
09:42 préoccupation écologique qui s'imprègne,
09:44 c'est-à-dire qu'on part
09:46 moins très loin pour
09:48 rester juste sur une plage, donc il y a
09:50 plus de culturel, il y a plus
09:52 de local, il y a beaucoup, beaucoup
09:54 de locations, à la montagne,
09:56 par exemple, pendant l'été. - Mais il y a quand même un rattrapage
09:58 post-Covid, par exemple, sur les prix des billets
10:00 d'avion ? Parce que quand on regarde aujourd'hui, c'est quand même
10:02 plus cher, de fait. - Oui, mais
10:04 pour tout ce qui est
10:06 voyage, il y a quand même un effet,
10:08 comme tout est plein, en fait, je vais vous dire,
10:10 c'est pas
10:12 si cher que ça, quoi.
10:14 Non, non, non, non, c'est...
10:16 Il faut remettre la machine en route, quoi.
10:18 - Sur la question des négociations
10:20 avec les industriels, là encore,
10:22 vous étiez venu sur ce plateau, c'était le 10 décembre,
10:24 et vous évoquiez à ce moment-là
10:26 des négociations tendues,
10:28 musclées, avec un certain nombre de grands groupes industriels,
10:30 pour les citer, par exemple,
10:32 Coca. Qui a gagné, alors,
10:34 entre eux et vous ? Je rappelle, pour ceux qui nous regardent,
10:36 que ces négociations, elles sont terminées.
10:38 - Non, mais ils ont perdu l'année dernière
10:40 beaucoup de volume, donc aujourd'hui,
10:42 je peux pas dire qui a gagné, qui a perdu,
10:44 ils ont fait des efforts réels
10:46 pour ne pas augmenter...
10:48 - Ça, c'est une façon de dire que vous avez gagné, sans le...
10:50 - Il faut être élégant dans la vie.
10:52 - Je traduis, c'est pour ça.
10:54 - En plus, on n'a aucun intérêt
10:56 à ce... Moi, j'avais
10:58 tellement peur qu'il y ait une récession
11:00 après 21 % de hausse sur l'alimentaire,
11:02 alors que l'économie française
11:04 est tirée par la consommation et la consommation alimentaire,
11:06 j'avais très peur
11:08 d'une récession, là, maintenant.
11:10 En fait, les grandes multinationales,
11:12 aujourd'hui, ont réagi,
11:14 parce que ce qui s'est passé en France s'est aussi passé
11:16 en Allemagne, en Italie et autres,
11:18 et donc, non,
11:20 je pense que
11:22 on a intérêt à avoir les grandes marques.
11:24 Alors, c'est vrai que l'année dernière,
11:26 les marques de distributeurs ont fait un carton,
11:28 mais on avait un écart de 25 à 30 %
11:30 avec les grandes marques.
11:32 - Donc, le bilan est, pour,
11:34 du côté des distributeurs, plutôt positif
11:36 en ce qui concerne ces négociations.
11:38 - Les distributeurs ont mieux acheté,
11:40 et en tout cas, pour mon enseigne,
11:42 j'essaie de citer les autres en même temps,
11:44 mais pour mon enseigne, qui avons été la seule
11:46 à augmenter en volume l'année dernière,
11:48 je pense que l'année 2024,
11:50 avec la politique de prix qu'on va avoir,
11:52 on va donner de la croissance,
11:54 on va donner du débouché à notre agroalimentaire.
11:56 - Question d'Olivier. - Oui, alors,
11:58 une évolution législative qui n'est pas passée inaperçue
12:00 du côté des consommateurs,
12:02 elle est entrée en vigueur il y a trois semaines,
12:04 la fameuse loi Descrosailles,
12:06 que vous aviez vivement combattue,
12:08 elle est entrée en vigueur,
12:10 elle interdit, je le rappelle, les promos,
12:12 les super promos, même sur les produits
12:14 d'hygiène, la lessive, les couches.
12:16 Est-ce que vous en voyez déjà les effets
12:18 dans vos magasins ? - Oui, oui,
12:20 mais ce sont des législations que je ne comprends pas.
12:22 Alors, vous voyez, les agriculteurs
12:24 parlent d'un surcroît de normes,
12:26 d'un manque de pédagogie, on y reviendra.
12:28 Là, on nous impose ça,
12:30 après trois années difficiles
12:32 pour le pouvoir d'achat,
12:34 avec un million de pauvres recensés
12:36 par les restos du cœur, en plus,
12:38 avec des difficultés dans les foyers,
12:40 on vient de nous augmenter le prix du temps
12:42 PAX, le prix des couches,
12:44 c'est des budgets énormes
12:46 pour des jeunes foyers, tout ça.
12:48 - Et vous avez un moyen de compenser,
12:50 par exemple ? - Il n'y a pas de logique,
12:52 c'est la limitation des promotions.
12:54 Alors, c'est vrai que c'est les industriels
12:56 qui payent ces promotions,
12:58 mais il faut savoir qu'on ne peut pas négocier leurs prix
13:00 et qu'on ne pouvait négocier que leurs promotions.
13:02 Et maintenant, on nous limite les promotions.
13:04 - Mais est-ce que vous avez un moyen de compenser,
13:06 par exemple, sur vos marques distributeurs, en disant
13:08 "comme on n'a plus le droit de faire ces mégas promos,
13:10 on essaye de baisser les prix au maximum
13:12 sur les marques Leclerc ?
13:14 - Oui, c'est comme ça que le succès de nos marques
13:16 comme Eco+ ou marque Le Repair,
13:18 mais revenons au sujet,
13:20 pourquoi est-ce qu'on fait ça ?
13:22 Pourquoi ? Ça sert les intérêts de qui ?
13:24 Ce ne sont pas les paysans français
13:26 qui produisent des couches ou du détergent,
13:28 donc ce sont des multinationales,
13:30 en général, c'est Procter,
13:32 Cahiers, Unis le Vert,
13:34 c'est des gens qui font Souplines,
13:36 All West, Gillette, Bantène...
13:38 - Concrètement, dans vos magasins,
13:40 ça s'est traduit par quel réflexe consommateur ?
13:42 - Les consommateurs ont stocké,
13:44 tout le monde l'a remarqué,
13:46 Sercanat, Cantart,
13:48 les panélistes ont constaté ça.
13:50 Pour nous, le sujet,
13:52 il faut comprendre que
13:54 si j'y mets de l'énergie,
13:56 c'est parce que ça se passe dans nos magasins,
13:58 ça se passe chez Leclerc, Intermarché, Carrefour.
14:00 On n'a aucun chef de rayon,
14:02 aucun caissier, aucune caissière qui est capable d'expliquer
14:04 pourquoi ça. Ça n'a pas de logique.
14:06 Il faudrait que vous demandiez
14:08 aux députés
14:10 qui ont voté ça et qui ne sont pas que
14:12 les députés de la majorité,
14:14 pourquoi ils votent ça ?
14:16 - Avec d'ailleurs une situation singulière,
14:18 le ministre de l'économie, Bruno Le Maire,
14:20 était favorable à ce qu'il y ait un moratoire,
14:22 mais la majorité ne l'a pas suivi sur ce sujet.
14:24 - Bruno Le Maire, dans cette histoire,
14:26 était notre allié,
14:28 et en fait, il n'a pas été suivi.
14:30 Je répète, dans l'intérêt de qui ?
14:32 On parle de lobby,
14:34 on parle de... Moi, ça me laisse...
14:36 Il y a une autre disposition législative
14:38 qu'on applique
14:40 depuis quatre ans,
14:42 on nous oblige à prendre 10% de marge
14:44 minimum sur
14:46 des produits agroalimentaires transformés.
14:48 Ce ne sont pas les produits agricoles.
14:50 On pourrait très bien dire
14:52 qu'il ne faut pas écraser les prix, ça donne une image trop basse
14:54 du prix. Non, non, c'est les produits de Nestlé,
14:56 c'est le jus d'orange,
14:58 Joker, etc.
15:00 On nous oblige à prendre 10% de marge.
15:02 On nous limite sur les promos sur les détergents,
15:04 sur les produits de santé et d'hygiène,
15:06 et on nous oblige à prendre des marges
15:08 sur l'agroalimentaire.
15:10 Cherchez l'erreur, on marche sur la tête.
15:12 - Comme disaient les agriculteurs,
15:14 on y reviendra dans un instant.
15:16 Un mot encore sur les risques inflationnistes
15:18 liés à la situation géopolitique. En Ukraine,
15:20 le Premier ministre, Gabriel Attal, a pointé
15:22 le risque d'une, je cite,
15:24 "inflation alimentaire puissance 10"
15:26 en cas de victoire de la Russie.
15:28 Est-ce que vous, de la connaissance du secteur,
15:30 vous êtes d'accord avec lui ?
15:32 - Alors,
15:34 d'abord, j'ai découvert, hier ou avant-hier,
15:36 peut-être comme vous aussi,
15:38 qu'on a taxé, au niveau européen,
15:40 les importations agricoles russes.
15:42 Moi, je pensais qu'il n'y en avait plus,
15:44 dans le cadre des sanctions.
15:46 Donc, c'était une découverte pour moi.
15:48 Je n'ai pas eu le temps d'analyser ça.
15:50 Mais je suis venu ici, sur les plateaux.
15:52 C'était face, peut-être à vous,
15:54 ou en tout cas à Pauline de Malher, pour expliquer
15:56 que je devais déjà remballer tout mon gasoil russe
15:58 et qu'on n'avait pas le droit,
16:00 au titre des sanctions, de continuer à vendre du gasoil.
16:02 Il y avait 25% de gasoil français
16:04 qui venait par barge
16:06 depuis les raffineries russes
16:08 de la Baltique. Donc, on l'a fait.
16:10 Là, je découvre que,
16:12 en fait, on continuait,
16:14 des institutions, des organismes économiques
16:16 continuaient à importer
16:18 des céréales russes.
16:20 - Mais est-ce que le gouvernement a raison de dramatiser
16:22 la situation en disant
16:24 "si l'Ukraine s'effondre, si la Russie gagne,
16:26 ce sera une catastrophe pour le consommateur"?
16:28 - Oui, certainement.
16:30 Mais c'est d'abord une catastrophe politique.
16:32 Mais je ne sais pas traduire...
16:34 - Il concernerait plutôt quel type de produit ?
16:36 Céréales, notamment ?
16:38 - Franchement, ce ne sera plus
16:40 l'histoire du panier de la ménagère, là,
16:42 qu'on va analyser. S'il y a un conflit de ce type
16:44 qui est généralisé,
16:46 on est au bunker, là.
16:48 Ce ne sont plus
16:50 les histoires du petit poids, là.
16:52 - Vous êtes inquiet, juste ?
16:54 - Oui, bien sûr.
16:56 Je ne sais pas commenter ça comme ça.
16:58 - Un tout petit mot
17:00 avant de faire une courte pause.
17:02 On dit souvent que les magasins Leclerc,
17:04 les hyper Leclerc, c'est une sorte de baromètre
17:06 de la société sur la question
17:08 de la consommation,
17:10 aussi sur l'état d'esprit des consommateurs,
17:12 les éventuels changements dans leurs habitudes.
17:14 Qu'est-ce que vous voyez, aujourd'hui ?
17:16 - L'anxiété.
17:18 Une énorme anxiété.
17:20 Les arbitrages de consommation
17:22 se font très en amont de la visite en magasin.
17:24 Ils regardent sur Internet.
17:26 On a la chance, on a des drives,
17:28 Carrefour aussi, on peut regarder
17:30 sur le drive le prix qui sera en hyper.
17:32 Vous vous rappelez que, normalement,
17:34 la législation aussi
17:36 sur l'environnement nous amène
17:38 à supprimer les tickets de caisse. En fait, on ne les a pas supprimés.
17:40 Parce que c'est très important
17:42 psychologiquement
17:44 que beaucoup de foyers gardent les tickets.
17:46 Beaucoup de gens font des courses pour les autres aussi.
17:48 Et donc, on sent
17:50 une anxiété
17:52 à la fois sur le pouvoir d'achat,
17:54 sur l'emploi, et tout est anxiogène
17:56 dans la société française.
17:58 Et nous sommes l'observatoire de ça.
18:00 On met beaucoup plus de temps à faire les courses
18:02 et surtout, c'est beaucoup plus choisi, c'est sculpté.
18:04 D'où le succès des marques de distributeurs
18:06 aujourd'hui, par exemple, alors qu'elles n'avaient pas...
18:08 Elles ont pris une progression énorme,
18:10 ce qui n'était pas le cas il y a trois ans.
18:12 Michel-Edouard Leclerc, invité de BFM Politique.
18:14 Michel-Edouard Leclerc, avant de continuer notre interview.
18:16 Une question d'un téléspectateur.
18:18 Voilà ce que vous demande Thierry.
18:20 Les Jeux Olympiques arrivent dans six mois.
18:22 Vous attendez-vous à des chiffres records
18:24 de la consommation ?
18:26 Alors, sur la région parisienne,
18:28 non. Cause d'embouteillage,
18:30 d'organisation des JO.
18:32 Mais oui, belle image
18:34 pour la France, fierté,
18:36 donc, baisse de l'anxiété
18:38 générale. Oui, je pense que c'est...
18:40 Vous êtes plutôt enthousiaste à l'idée
18:42 de ces Jeux Olympiques. Oui, je trouve ça très bien.
18:44 On en parle avec beaucoup, tout le temps,
18:46 des problèmes de sécurité, d'organisation et tout,
18:48 mais pour la France, c'est une image...
18:50 C'est une carte postale extraordinaire.
18:52 Il y a des choses qui sont prévues dans les magasins Leclerc ?
18:54 C'est Carrefour qui est sponsorisé. Oui, je sais, mais bon...
18:56 Il faut être humanique.
18:58 Mon copain Teddy Reiner, il est sponsorisé par Carrefour,
19:00 ce qui fait que je n'aurai jamais une histoire d'argent
19:02 entre lui et moi.
19:04 Un mot sur la cérémonie d'ouverture.
19:06 On a beaucoup parlé de la possibilité
19:08 que Aya Nakamura, la chanteuse, chante
19:10 à l'occasion de cette cérémonie d'ouverture.
19:12 Elle a fait l'objet d'attaques racistes.
19:14 Elle a d'ailleurs une plainte
19:16 qui a été examinée.
19:18 Est-ce que pour vous, c'est une bonne idée, ça,
19:20 qu'Aya Nakamura chante à la cérémonie d'ouverture ?
19:22 Oui, en plus, c'est une très bonne chanteuse.
19:24 Vous écoutez Aya Nakamura ? Oui.
19:26 Je vous ai parlé en privé
19:28 tout à l'heure de mes petits-enfants, mais j'ai des enfants aussi.
19:30 Oui, oui, à la maison, c'est...
19:32 Et puis, j'ai une famille très cosmopolite.
19:34 Sans m'étendre,
19:36 je pense qu'on fait le tour du monde.
19:38 Et vous êtes choqué par le traitement qu'elle a subi ?
19:40 En fait, je n'ai pas compris, oui,
19:42 pourquoi elle est ciblée comme ça.
19:44 En tout cas, maintenant, on sait
19:46 qu'elle est celle qui va chanter.
19:48 Vous y voyez un fond de racisme, dans tout ça ?
19:50 Oui, bien sûr.
19:52 Mais on est une société...
19:54 On est une société...
19:56 Quand on est dans l'anxiété,
19:58 tous les mauvais sentiments,
20:00 la barbarie aussi, la haine...
20:02 Il y avait un très beau texte dans l'Ibé.
20:04 Je n'ai plus le nom de l'écrivaine.
20:06 Elle était au Prix Londernau.
20:08 Hier, il y avait un très beau texte
20:10 dans l'Ibé d'une écrivaine qui disait
20:12 "Tout le ressenti qu'on a chacun"
20:14 et qui, tout d'un coup, explose comme ça
20:16 quand la société est permissive.
20:18 Et je rappelle à tous ceux qui nous regardent
20:20 que vous pouvez...
20:22 que vous pouvez continuer à interpeller directement
20:24 Michel-Éloi Leclerc en scannant ce QR code.
20:26 Question d'Amandine sur les suites de la crise agricole.
20:28 Oui, puisque
20:30 la loi de programmation agricole
20:32 que le gouvernement a vantée
20:34 arrive vendredi en Conseil des ministres.
20:36 Est-ce que
20:38 vous pensez que la grande distribution
20:40 a quelque chose à y gagner
20:42 ou plutôt à y perdre ?
20:44 Alors d'abord, comme
20:46 sur RMC et sur BFM,
20:48 on me l'a fait beaucoup remarquer,
20:50 c'est vrai que je ne me suis pas mis au milieu de la cible
20:52 quand,
20:54 entre FNSEA, Coordination
20:56 rurale, Confédération paysanne,
20:58 le gouvernement a été interpellé.
21:00 C'est-à-dire que vous avez quasiment disparu pendant trois semaines.
21:02 Ah ouais, ouais. Et je ne sais pas si vous l'avez remarqué,
21:04 mais mes confrères aussi.
21:06 Sauf Michel Biraud.
21:08 Mais autrement, Thierry Cotillard,
21:10 on a tous essayé un petit peu.
21:12 Mais, enfin,
21:14 puisque je sais que vous pratiquez la boxe,
21:16 ou que vous allez découvrir la boxe, moi j'ai pratiqué les arts martiaux
21:18 pendant très longtemps, et notamment l'aïkido.
21:20 Le principe, quand vous vous retrouvez
21:22 entre deux tireurs qui se tirent l'un et l'autre,
21:24 en fait, il faut pratiquer
21:26 l'évitement. L'évitement, c'est un art de la guerre.
21:28 Ninja, si vous préférez.
21:30 Et donc... Et donc maintenant que vous êtes de retour...
21:32 Non, non. Maintenant, le ministre
21:34 de l'Agriculture va venir répondre
21:36 aux attentes des agriculteurs,
21:38 ce qui est quand même dans la normalité des choses.
21:40 C'est pas Leclerc et Carrefour
21:42 qui font la discussion sur le Mercosur
21:44 ou le traité CETA. C'est pas Leclerc et Carrefour
21:46 qui vont déterminer le montant des retraites
21:48 des agriculteurs.
21:50 Les histoires du plan phyto, sanitaire...
21:52 Enfin, moi, je suis un littéraire.
21:54 Je ne suis absolument pas compétent sur le plan
21:56 des pesticides. C'est quand même pas
21:58 les distributeurs qui doivent s'en mêler.
22:00 Et c'est pas non plus
22:02 les distributeurs qui peuvent...
22:04 Quand je vous écoute là,
22:06 vous avez le sentiment d'avoir été victime
22:08 d'une forme d'injustice pendant cette séquence.
22:10 Parce que, pardon, quand on voit
22:12 ce qui s'est passé devant certains magasins,
22:14 quand on entend les discours de représentants agricoles,
22:16 même d'agriculteurs pas spécialement
22:18 affiliés à des syndicats,
22:20 tout ça, c'est tombé du ciel ? Vous avez aucune responsabilité
22:22 dans ce qui s'est passé ? Non, non, non. D'abord, on nous les a envoyés.
22:24 Enfin, attendez, quand vous avez
22:26 un ministre de l'Intérieur qui dit
22:28 que s'il n'y a que des dégâts matériels,
22:30 on ne fait pas intervenir
22:32 la gendarmerie. Quand vous avez les gendarmes
22:34 qui sont là et qui ne relèvent pas des infections
22:36 et que les préfets convoquent en disant
22:38 "Est-ce que vous pouvez laisser partir 10 caddies,
22:40 15 caddies, 7 caddies, etc. ?"
22:42 On est quand même dans une théâtralisation
22:44 dont on...
22:46 On n'a pas envie de rester longtemps là-dedans.
22:48 Donc, en fait, la réalité,
22:50 c'est que nous, distributeurs
22:52 et nos salariés qui sont aussi du monde rural
22:54 et qui sont aussi enfants d'agriculteurs,
22:56 on partage une partie
22:58 des revendications agricoles.
23:00 D'ailleurs, tous les gens de métier, aujourd'hui,
23:02 ont des choses à dire sur
23:04 cette espèce d'injonction permanente
23:06 qui vient de Paris ou de l'Europe pour dire ce qu'il faut faire.
23:08 On n'est jamais consulté.
23:10 On a une prolifération
23:12 des normes. On a une prolifération des normes.
23:14 Et donc,
23:16 ce que je veux dire, c'est qu'on comprend,
23:18 on a compris au départ
23:20 la colère. En fait, on la voyait venir.
23:22 - Mais quelle part de responsabilité
23:24 vous prenez dans ce qui s'est passé ?
23:26 - On a une part de responsabilité
23:28 comme tous les acteurs de la filière,
23:30 mais sur tous les sujets que je viens d'évoquer
23:32 et sur les 40 points que
23:34 M. Rousseau de la FNSEA
23:36 demande au gouvernement, on répond
23:38 à deux attentes, vous voyez.
23:40 Donc, une qui est de respecter et de sanctuariser
23:42 le prix de la matière
23:44 agricole à partir duquel se fait
23:46 le revenu des agriculteurs.
23:48 Et donc, je ne conteste pas ça.
23:50 Ce n'est pas la peine de mettre dans les pattes que je suis
23:52 anti-égalime et tout ça. Et la deuxième
23:54 chose, c'est la
23:56 nécessité de mettre de la transparence,
23:58 puisque moi, je n'achète pas à la ferme. Je n'achète pas
24:00 le lait à la ferme. Nous achetons à
24:02 des industriels, à Danone, à l'actualiste.
24:04 Et si je ne sais pas, Benjamin,
24:06 le prix qu'a acheté
24:08 Danone, le prix du lait
24:10 qu'a acheté le producteur de lait,
24:12 ça vous demandait de la transparence. Mais simplement. Et d'ailleurs,
24:14 ça nous renvoie tous à nos contradictions et peut-être
24:16 aussi aux contradictions des téléspectateurs. On a passé la première
24:18 partie de cette interview sur la question de l'inflation
24:20 et vous nous avez dit
24:22 "on va continuer à essayer de faire en sorte que les
24:24 prix soient les plus bas possibles". Est-ce que
24:26 là encore, il n'y a pas une forme de
24:28 contradiction avec tout ce qu'on a entendu pendant la crise
24:30 agricole, où on a dit "peut-être qu'il faut assumer
24:32 de payer un peu plus cher
24:34 des produits d'alimentation pour
24:36 respecter le fruit du travail
24:38 des agriculteurs". Est-ce que par exemple,
24:40 le coût de la baguette à 29 centimes,
24:42 le coût de la côte de porc à moins de 2 euros le kilo,
24:44 il ne faut pas dire ça, c'est de l'histoire ancienne
24:46 parce que ça ne permet pas de rémunérer justement
24:48 les agriculteurs ? - Eh bien, ce n'est pas de l'histoire ancienne
24:50 parce que le pouvoir d'achat, il n'a pas augmenté.
24:52 Mais ce que vous venez de dire, c'est tout à fait
24:54 caractéristique de ce qu'on ne pouvait pas dire
24:56 pendant la période
24:58 de colère agricole.
25:00 Nous, nous étions dans la même période en train de négocier
25:02 des baisses de prix à la demande de tous les
25:04 consommateurs, à la demande de Bruno Le Maire. On était
25:06 en train d'essayer de casser l'inflation.
25:08 Et en même temps, vous avez des agriculteurs
25:10 qui viennent demander des rémunérations et qui viennent
25:12 demander des hausses de prix. Simplement, on ne parle pas de la même chose
25:14 mais ce n'est pas audible. Donc, ce n'est pas la peine de s'y mettre.
25:16 En fait, je vous le dis aujourd'hui,
25:18 ce que nous avons négocié, c'est
25:20 avec des multinationales dont
25:22 la part de produits français ou de la part
25:24 de produits agricoles français est
25:26 - La côte de porc à moins de 2 euros le kilo, ce n'est pas
25:28 avec des multinationales.
25:30 - Ça, c'est un exemple que vous objectez
25:32 à un discours général.
25:34 On apprend ça chez les Geysers. Il faut
25:36 cadrer les sujets.
25:38 Aujourd'hui, quand je vais négocier du chocolat
25:40 avec Nestlé ou avec Mars,
25:42 ça ne touche pas l'agriculteur français.
25:44 Quand je vais négocier du jus d'orange, quand je vais négocier
25:46 des produits détergents, etc.
25:48 Vous voyez ? L'essentiel de l'inflation
25:50 était là. Elle était là.
25:52 Par contre, le revenu agricole,
25:54 je pense qu'on peut
25:56 augmenter le revenu des agriculteurs
25:58 au niveau de la production
26:00 sans impacter
26:02 considérablement le consommateur. En tout cas,
26:04 je prends l'engagement,
26:06 tout en baissant les prix, de ne pas altérer
26:08 cette possible augmentation des revenus
26:10 des agriculteurs. C'est deux choses différentes.
26:12 - Est-ce qu'à la suite de cette crise agricole,
26:14 il y a une forme de changement de doctrine
26:16 à avoir ? Ou est-ce que vous dites non, on continue
26:18 exactement comme ce qu'on faisait avant ?
26:20 - Pas exactement,
26:22 puisqu'on va rentrer dans une économie
26:24 plus décarbonée. - Par rapport
26:26 à ce qu'on entendait pendant la crise agricole ?
26:28 - Je vais vous dire ce que je fais.
26:30 C'est plus simple. D'abord,
26:32 préférence française.
26:34 D'accord ?
26:36 Je pense qu'il faut...
26:38 Je suis d'accord avec Olivia Grégoire,
26:40 la ministre de la Consommation. Il faut regarder
26:42 où on achète les choses et ne pas
26:44 ouvrir la France à n'importe quel
26:46 produit qui ne respecte pas les normes.
26:48 - Donc, ça veut dire que vous êtes favorable à la mise en place de ce nouvel
26:50 indicateur, "origine info"
26:52 sur le modèle du Nutri-Score, pour savoir d'où viennent
26:54 les ingrédients des produits.
26:56 - Déjà, la transparence. - Vous êtes favorable ?
26:58 - Oui. Après, dans la forme, quelle étiquette,
27:00 quelle couleur, et tout ça, je ne suis pas
27:02 compétent. - Il faut que ça apparaisse
27:04 clairement sur les produits. - Il faut que ça apparaisse clairement.
27:06 La deuxième chose, moi, je suis patriote,
27:08 les centres Leclerc, les intermarchés, les systèmes
27:10 U, on est dans des terroirs, on vit avec des gens,
27:12 on prend les mêmes TGV,
27:14 nos enfants vont dans les mêmes écoles, donc préférence
27:16 française. La troisième chose,
27:18 c'est que, par contre, les gros,
27:20 ils n'ont pas à se planquer derrière les petits.
27:22 C'est-à-dire qu'il y a des boîtes
27:24 comme Nestlé, comme
27:26 Mondelèze, Unilever. Moi, je ne sais pas s'ils
27:28 achètent français. Et donc,
27:30 quand ils viennent me dire, pour préserver
27:32 le revenu des agriculteurs français,
27:34 je vous oblige d'augmenter le prix,
27:36 on a vu ça, des pattes de 36%.
27:38 Tiens, j'en sais rien, prouve-le-moi.
27:40 Et la loi autorise qu'il ne soit
27:42 pas transparent. Donc ça, c'est pas bien.
27:44 - Et Michel-Édouard Gleyre, pour préserver justement ce revenu
27:46 agricole, Emmanuel Macron, à la surprise générale,
27:48 a annoncé finalement des prix planchers.
27:50 - C'est un peu ce que...
27:52 - Au niveau européen, qu'est-ce que vous en pensez ?
27:54 - Tout le monde le critique, mais c'est quand même un peu ce que tout le monde demande
27:56 dans l'agriculture. Il faut savoir qu'il n'y a pas...
27:58 - C'est vrai, oui, c'est tout, pas ?
28:00 - Il faut savoir qu'il n'y a pas une agriculture.
28:02 Il y a une agriculture qui s'exporte, il y a un agrobusiness,
28:04 qui fait d'ailleurs
28:06 des devises pour la France et qui fait qu'on exporte bien.
28:08 Et puis, il y a une agriculture
28:10 plus familiale, qui fait
28:12 la vie de nos terroirs,
28:14 qui font nos alliances locales,
28:16 qui font les produits près de chez nous.
28:18 Et cela, alors, autant les
28:20 premiers, ils ont besoin d'être boostés, autant
28:22 les deuxièmes ont besoin d'être protégés.
28:24 Et donc, ma responsabilité,
28:26 c'est de ne pas
28:28 trop négocier les prix de l'économie
28:30 locale, mais par contre,
28:32 de faire en sorte que les grandes multinationales
28:34 ne viennent pas taper les Français
28:36 5% plus chers qu'en Allemagne.
28:38 Vous voyez, c'est ça, le truc.
28:40 - Mais donc, ça va les aider.
28:42 C'est une bonne idée, finalement, si je comprends bien.
28:44 - Qu'est-ce qui va les aider ? - Les prix planchers.
28:46 Les agriculteurs. Vous ne remettez pas ça en cause ?
28:48 - Non. Non, non. Non, mais...
28:50 La formulation juridiquement, elle n'est
28:52 pas valable, c'est juste ça.
28:54 Tout le monde a critiqué Emmanuel Macron
28:56 pour avoir dit ça, mais en fait, quand l'agriculteur
28:58 dit "je veux couvrir mes coûts de production,
29:00 mes coûts d'énergie et tout", c'est quand même
29:02 un peu ce qu'il demande.
29:04 - Juste avant, une question d'Olivier Beaumont sur le CETA.
29:06 Francis, un téléspectateur, vous interpelle.
29:08 Pourquoi n'êtes-vous jamais présent au Salon
29:10 de l'Agriculture, contrairement à l'enseigne Lidl ?
29:12 - Alors, d'abord, je l'ai été pendant toute
29:14 ma vie. Bon, juste une petite
29:16 parenthèse privée.
29:18 J'ai été mari d'agricultrice pendant 20 ans.
29:20 D'accord ? Donc,
29:22 je ne suis pas le mec
29:24 qui ne connaît pas ces sujets.
29:26 Et donc, j'allais au Salon de l'Agriculture
29:28 tous les ans. - Oui, mais vous savez, Michel-Henri Leclerc,
29:30 on a été au Salon, notamment avec Amandine
29:32 le jour de la visite du président de la République.
29:34 - Oh, mais vous allez... - Quand on parle de Leclerc,
29:36 ils ne réagissent pas bien, les agriculteurs. - Vous, vous allez avec les people,
29:38 excusez-moi. - Non, non, non, je ne vais pas
29:40 avec les people. Alors, je peux vous dire, non, non, on était avec
29:42 des agriculteurs, on discutait
29:44 avec toute une série de filières,
29:46 et c'est vrai que quand on prononce le mot
29:48 Leclerc, il n'y a pas des bonnes réactions.
29:50 - Ça dépend si ce sont nos fournisseurs
29:52 ou pas nos fournisseurs. Ce n'est pas nos fournisseurs
29:54 qui viennent manifester chez nous. Vous voyez,
29:56 de la même manière que vous avez très peu vu,
29:58 alors que ce sont les industriels
30:00 qui achètent à la ferme, vous avez très
30:02 peu vu, à part Lactalis,
30:04 des agriculteurs aller traper les industriels. - Et qu'est-ce qu'il y a eu des conséquences,
30:06 juste pour finir sur ce sujet, dans vos magasins ?
30:08 Est-ce qu'il y a eu, par exemple, des clients qui se sont détournés ?
30:10 - Non, mais...
30:12 - Vous n'avez pas vu de conséquences
30:14 sur le fait que le nom Leclerc ait été jeté en pâture ?
30:16 - Leclerc a fait le plus fort
30:18 taux de progression de chiffre d'affaires
30:20 en France
30:22 pendant toute cette période.
30:24 Et nous sommes devenus, nous, les anciens
30:26 ploucs de province et de Landernot,
30:28 on est devenus numéro un de la distribution française.
30:30 - Et alors pourquoi vous n'êtes pas... - On ne doit pas avoir tout mauvais.
30:32 - Et alors pourquoi vous n'êtes pas au salon, contrairement à Lidl ?
30:34 - C'est parce que c'est une période
30:36 où il faut être partout. Donc, non, non,
30:38 je ne peux pas. - Non, mais c'est vrai,
30:40 ça fait partie des... - Mais qu'est-ce que je vais dire ?
30:42 - C'est important, vous dites que vous avez des bonnes relations
30:44 avec les producteurs. Pourquoi ne pas avoir
30:46 un stand au salon, comme le fait Lidl ?
30:48 - Bon, d'abord, d'un point de vue professionnel,
30:50 en général, c'est la même... Pas cette année.
30:52 En général, c'est la même année où on négocie
30:54 les prix. Donc, ce n'est pas forcément au salon
30:56 que ça se passe. Vous comprenez ?
30:58 C'est... Donc, moi... Après,
31:00 moi, j'adore aller au salon. Je vais dans les foires agricoles,
31:02 je n'ai pas de problème, quoi. - Donc, ce n'est pas que vous avez
31:04 peur d'être mal accueilli ?
31:06 - Mais est-ce que je suis mal accueilli quelque part ?
31:08 - Au Salon de l'Agriculture,
31:10 on ne sait pas, puisque vous n'y êtes pas allé.
31:12 - Celui-là ? - Oui.
31:14 - Non, c'est Macron qui a été mal accueilli. - Rendez-vous l'an prochain.
31:16 - Ça, c'est sûr. Donc, peut-être l'an prochain. - Peut-être.
31:18 - Question d'Olivier Beaumont sur le CETA.
31:20 - Oui, c'est aussi une des conséquences de cette crise agricole.
31:22 Ce sont ces traités de libre-échange
31:24 qui font débat en ce moment.
31:26 Jeudi dernier, le Sénat,
31:28 majoritairement à droite, il faut le rappeler,
31:30 a rejeté la ratification du traité CETA,
31:32 un traité d'accord commercial entre
31:34 l'Union européenne et le Canada.
31:36 Vous dites que c'est une mauvaise manière,
31:38 faite aux viticulteurs, aux fromagers,
31:40 ou au contraire, vous comprenez l'opposition à ce traité ?
31:42 - Non, c'est de la politique, là.
31:44 - Pure politique ?
31:46 - Quand vous voyez LR s'allier avec les communistes
31:48 contre le CETA... - Ils ont voulu se faire le gouvernement
31:50 sur le dos d'un traité commercial.
31:52 - Oui, aujourd'hui, tout le monde a les pétoches
31:54 de la montée des droites en Europe.
31:56 Donc,
31:58 c'est vrai que
32:00 cette discussion sur les traités internationaux
32:02 témoigne
32:04 d'un mépris démocratique
32:06 entre ceux qui négocient les traités
32:08 et ceux qui en sont les
32:10 impactés. C'est
32:12 évident. - L'argument de l'exécutif
32:14 est de dire que les viticulteurs,
32:16 les fromagers notamment, sont les grands gagnants
32:18 de cet accord commercial. - Oui, mais il n'y a pas une
32:20 agriculture. Et donc, le problème...
32:22 Alors, pour moi,
32:24 je n'ai pas de réponse
32:26 à votre question, mais je me pose les mêmes questions.
32:28 C'est-à-dire que, dans les chambres d'agriculture,
32:30 si vous faites "chatgpt.cat",
32:32 vous allez voir,
32:34 on vous dit qu'il y a 8 000
32:36 collaborateurs ou salariés dans les chambres
32:38 d'agriculture, dont 6 000 ingénieurs
32:40 et techniciens. Quand vous regardez,
32:42 vous demandez qui négocie les accords internationaux
32:44 à Bruxelles,
32:46 il va vous répondre, il y a aussi des centaines
32:48 de syndicats, de fédérations
32:50 qui sont organisées et qui accompagnent
32:52 les administrations pour négocier les traités
32:54 internationaux. Donc, moi, je ne sais pas
32:56 jusqu'où
32:58 il y a une réalité que
33:00 ces traités ont été
33:02 négociés sans tenir compte des avis des agriculteurs.
33:04 J'en sais rien. Vous devriez
33:06 enquêter là-dessus. Toujours est-il que
33:08 aujourd'hui,
33:10 a priori, l'accord du CETA, il est bénéfique
33:12 aux agriculteurs.
33:14 - Donc la décision du Sénat, elle va contre
33:16 les intérêts ? - Oui,
33:18 mais ils ont les pétoches politiquement parce que
33:20 les forces montantes
33:22 dénoncent les accords internationaux, sont
33:24 protectionnistes, sont...
33:26 C'est de la politique.
33:28 - Et on va parler politique dans un instant.
33:30 Je voudrais juste, avant cela, qu'on aborde
33:32 un autre secteur
33:34 où Leclerc est présent. Peut-être que certains qui nous
33:36 regardent ne le savent pas, même si souvent, ils vont acheter notamment leurs livres
33:38 dans les centres
33:40 Leclerc. Il y a des opérations
33:42 prévues dans le monde de la culture,
33:44 dans les semaines et dans les mois à venir,
33:46 notamment une exposition au centre
33:48 Georges Pompidou à Paris. - Il est très bon.
33:50 Exception culturelle, exception agricole.
33:52 - La transition est toute trouvée.
33:54 - La transition est toute trouvée. Oui, c'est vrai que
33:56 on focalise beaucoup sur l'alimentaire dans les dépenses
33:58 des ménages, mais aujourd'hui, par exemple,
34:00 Bachida Dati est en train de reposer
34:02 la question du pass culture pour les jeunes.
34:04 Nous, nous sommes 3e libraire
34:06 de France, Leclerc.
34:08 Bien sûr, à travers des espaces
34:10 culturels, on fait un très gros chiffre d'affaires,
34:12 on soutient le secteur livre, on n'a pas
34:14 de problème de négociation avec les éditeurs,
34:16 alors même que l'augmentation
34:18 du prix du papier est de 40%. Vous voyez,
34:20 ça peut bien se passer, mais surtout,
34:22 on va avoir un printemps où Leclerc
34:24 va investir énormément sur la culture
34:26 puisqu'à la fois, on va ouvrir des espaces
34:28 culturels, à la fois, il va y avoir
34:30 100 lieux en France avec un festival
34:32 qui va s'appeler Culturissimo,
34:34 avec tous les comédiens de la comédie française,
34:36 du cinéma français, mais aussi des grands auteurs
34:38 qui vont venir dans les salles municipales
34:40 en province, c'est la culture en province,
34:42 c'est la culture partout où il faut,
34:44 et puis surtout, nous allons être, à travers
34:46 notre fondation, partenaire de la plus grande...
34:48 Alors ça, je prends mon pied,
34:50 on va être partenaire de la plus grande
34:52 exposition du monde de la
34:54 bande dessinée au Centre Pompidou.
34:56 Avant que le Centre Pompidou ne ferme
34:58 et avant les Jeux Olympiques, il va y avoir
35:00 la plus grande exposition de bande dessinée,
35:02 la BD à tous les étages,
35:04 et toutes les formes de BD, et tous les genres,
35:06 et ça va être un grand moment festif
35:08 dont on va essayer de faire profiter
35:10 évidemment tous les touristes qui viendront à Paris,
35:12 mais aussi tous les provinciaux qui vont monter à Paris.
35:14 - Vous l'avez déjà rencontrée, Rachida Dati, c'est une bonne interlocutrice ?
35:16 - Oui, je la connais,
35:18 c'est une bonne interlocutrice, elle est vivace.
35:20 - C'est-à-dire ?
35:22 - Elle a du jus, quoi ! - Dans la négociation, dans la discussion,
35:24 c'est âpre. Non ?
35:26 C'est tonique, c'est méditerranéen.
35:28 - Question d'Amandine Attalaya sur
35:32 un sujet qui est au cœur
35:34 du débat politique en ce moment.
35:36 - La gestion des comptes publics
35:38 de la part de l'État et du gouvernement,
35:40 parce qu'on dit souvent que le gouvernement
35:42 devrait gérer en père de famille
35:44 ou bien davantage comme un chef
35:46 d'entreprise, donc je voudrais votre avis sur le fait
35:48 que le gouvernement aujourd'hui soit en difficulté
35:50 avec un déficit public qui s'accroît
35:52 et beaucoup de milliards
35:54 d'économies, 20 milliards d'euros
35:56 d'économies à trouver en 2025,
35:58 est-ce que vous, chef d'entreprise,
36:00 vous avez des idées à suggérer
36:02 au gouvernement pour qu'il y parvienne ?
36:04 - Non, mais moi je ne rentre pas dans la critique
36:06 excessive ou du déficit public.
36:08 Je suis assez d'accord avec Moscovici
36:12 qui est le président de la Cour des Comptes.
36:14 Il y a beaucoup d'économies
36:16 à faire, il y a beaucoup de gabegies dans les comptes de l'État,
36:18 c'est un thème récurrent,
36:20 mais d'une manière générale,
36:22 un comptable n'a pas forcément la vision
36:24 de l'investissement et du développement
36:26 à réaliser. Or, depuis 3-4 ans,
36:28 on a vu les plans
36:30 d'investissement considérables qui vont permettre
36:32 à l'économie française de devenir l'équivalent
36:34 d'un produit pétrolier. Si on va jusqu'au bout de notre
36:36 programme nucléaire, on va avoir
36:38 beaucoup de revenus à la fin en produisant
36:40 notre propre électricité.
36:42 - Vous dites que c'est pour la bonne cause, c'est de l'argent
36:44 investi à bon escient ?
36:46 - Il faut comparer la dette
36:48 aux actifs prévisibles
36:50 et à la productivité de ces actifs.
36:52 Je ne sais pas au détail
36:54 près, je ne suis pas dans la...
36:56 Ça remonte trop loin, mes études,
36:58 mon doctorat de sciences éco à Paris 1.
37:00 - Un exemple très précis, Michel-Édouard Leclerc.
37:02 On entend dans la majorité de plus en plus,
37:04 en tout cas, quelques voix dissonantes disant
37:06 qu'il faut assumer, ou en tout cas, il faut briser
37:08 le tabou de la possibilité d'augmenter les impôts.
37:10 On entend parfois certains
37:12 millionnaires, milliardaires, même aux États-Unis,
37:14 dire "Allez-y, taxez-moi davantage".
37:16 Est-ce que vous, vous diriez à l'État
37:18 "Taxez-moi plus en tant qu'individu"
37:20 et éventuellement, Leclerc,
37:22 les centres Leclerc sont prêts à contribuer davantage
37:24 à l'effort national ?
37:26 - D'abord, mettre de l'argent
37:28 chez des gens dont je ne sais pas comment
37:30 ils gèrent, ce n'est pas mon truc.
37:32 Je pense que, d'abord,
37:34 la question de la fiscalité se reposera
37:36 du point de vue de la pauvreté, de la gestion
37:38 des inégalités.
37:40 Il faut appuyer tout ça.
37:42 Mais du point de vue de la relance et du point de vue
37:44 de la capacité française
37:46 à subvenir à ses besoins pour
37:48 tous ses nouveaux investissements, je pense que
37:50 l'endettement, c'est une bonne chose. - Mais le fait de faire contribuer
37:52 davantage les plus aisés, est-ce que c'est
37:54 une bonne idée ?
37:56 - Contribuer à quoi ?
37:58 - À l'effort national, au redressement des finances publiques.
38:00 - Si vous avez besoin d'un coup de main à BFM,
38:02 je veux bien regarder au titre du Messé-Lam.
38:04 - Non, non, non, là c'est la question de la fiscalité sur
38:06 les plus riches et sur les entreprises
38:08 qui réussissent. - Non, à partir du moment où la question
38:10 c'est qu'on dépense trop et que c'est
38:12 mal géré, d'abord on s'attaque
38:14 à la bonne gestion et après, éventuellement,
38:16 on fait appel à des fonds privés,
38:18 parafiscaux, fiscaux.
38:20 - Donc plutôt non, et taxer les super-profits
38:22 des entreprises ? - Non mais c'est vous qui tournez
38:24 autour de ça. La réalité, c'est
38:26 pour un plan
38:28 d'investissement qu'il faut définir,
38:30 il y a besoin d'argent. Aujourd'hui, ce que je dis,
38:32 c'est que la dette, c'est la meilleure ressource.
38:34 - On ne se sent pas très enthousiaste sur la possibilité
38:36 d'augmenter les impôts des plus riches ou des
38:38 grandes entreprises. - Non mais je n'y crois pas
38:40 de l'impôt des milliardaires. Quand vous êtes
38:42 dans un monde libre, où chacun peut
38:44 aller, même en Europe...
38:46 - Ah, donc voilà, mais ça c'est la mairie de la Clarte et vous dites
38:48 "si jamais on augmente ces impôts, ils vont
38:50 partir à l'étranger, ou les entreprises,
38:52 les grandes entreprises vont se délocaliser."
38:54 - Mais je ne crois même pas au discours,
38:56 à la sincérité de ce discours.
38:58 Quand vous avez dans l'Europe, Luxembourg
39:00 et l'Irlande, vous commencez...
39:02 - Donc plutôt opposé. - Non mais ce qui
39:04 est important, c'est que ce n'est pas le sujet. Le sujet
39:06 aujourd'hui, c'est de savoir
39:08 si on a un plan d'investissement pour l'économie
39:10 décarbonée, pour l'économie de demain,
39:12 l'économie vertueuse, écologique,
39:14 et quelle est sa meilleure ressource. Je considère
39:16 que la dette, aujourd'hui, est une bonne
39:18 ressource. - Une dernière question. Dans
39:20 quelques mois, les Français voteront le 9 juin à l'occasion
39:22 des élections européennes.
39:24 Est-ce que vous voyez une liste
39:26 qui, aujourd'hui, porte des
39:28 idées qui vous paraissent pertinentes pour le projet
39:30 européen ? - Non, alors je découvre
39:32 les nouveaux candidats, je ne les connaissais pas.
39:34 Je les découvre un par un, en écoutant BFM.
39:36 J'essaye
39:38 de me faire des profils.
39:40 Et donc, je ne les connais pas encore,
39:42 et j'ai du mal encore à cerner. - Mais est-ce que, parfois,
39:44 vous mesurez, vous dites, par exemple, une victoire de Marine Le Pen,
39:46 qu'est-ce que ça pourrait avoir un impact ? - Non, non, ça, c'est des
39:48 questions qu'on porte sur les plateaux, mais... - Et vous répondez
39:50 jamais ? - Si, si, j'ai déjà répondu
39:52 dix fois, mais ça... - Donc, la victoire de Marine Le Pen,
39:54 ce serait un danger pour la France, ou pas ?
39:56 - Eh, les enfants, vous n'allez jamais
39:58 plus loin que la page 1 de Google.
40:00 J'ai répondu à tout ça, et qu'est-ce qu'il dit ?
40:02 - Une victoire de Marine Le Pen, est-ce que ce serait un danger
40:04 pour la France ? - Non, c'est l'heure de la répétition. - On est dimanche midi,
40:06 je vais vous dire. Moi, là,
40:08 je sors d'une période agricole,
40:10 avant une période de négociations commerciales,
40:12 je passe mon dimanche à Paris,
40:14 au lieu de le passer en Bretagne, où je prépare
40:16 une exposition Henri Cartier-Bresson
40:18 à Landerneau, pour le mois de juin... - D'accord, mais vous ne répondez pas
40:20 à la question qui vous est posée ? - Non, mais c'est en cela
40:22 que vous ne cessez de dire que vous ne voulez pas faire de politique,
40:24 mais vous savez parfaitement répondre comme un politique,
40:26 de ne pas répondre à la question,
40:28 est-ce que l'élection de Marine Le Pen serait un danger
40:30 pour la France en 2027 ? - Trois générations
40:32 de Duhamel m'ont sculpté,
40:34 donc j'apprends à sauter
40:36 à travers les questions. - Il y aura encore combien de générations de Leclerc
40:38 qui ne répondront pas aux questions ? On le verra.
40:40 Merci beaucoup, Michel-Édouard Leclerc, d'avoir été l'invité de

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