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Popeye, le lieutenant n°1 de Pablo Escobar

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Amusant
Transcription
00:00 Pablo Escobar est mort, mais son ombre plane toujours sur la ville.
00:04 Les T-shirts à son effigie ne se cachent pas.
00:06 Au contraire, ce sont eux qui se vendent le mieux.
00:11 Dans le centre, on peut même croiser l'un de ses lieutenants,
00:15 l'un des plus sanguinaires.
00:18 – Vous êtes bien Popeye ?
00:19 – John Jairo Velasquez Vazquez, 55 ans, alias Popeye.
00:23 – Une petite photo avec toi, bébé ?
00:27 – Viens par là, poupée. C'est moi qui paye les chambres.
00:32 – Alias le général de la mafia.
00:35 – Merci, bébé.
00:37 Il est rare qu'il se promène ainsi tout seul en ville.
00:41 S'il le fait, c'est pour bien nous montrer qu'ici, c'est lui la vedette.
00:46 Cet homme qui semble si populaire
00:48 a pourtant été l'un des tueurs au service de Pablo Escobar.
00:53 Il a avoué devant la justice 250 assassinats.
00:57 Après 23 ans de prison, il est en liberté conditionnelle
01:01 et on se bouscule pour se faire prendre en photo avec lui.
01:04 – Mais respect, monsieur Popeye.
01:07 Mais à Medellín, tout le monde ne réagit pas ainsi.
01:10 La popularité de Popeye choque.
01:13 – On n'aura jamais dû le libérer.
01:15 Des délinquants. On est gouvernés par des délinquants.
01:19 Il n'y a pas de justice parce qu'ici, les politiques, ils sont complices de la mafia.
01:23 Les politiques, ils se partagent le gâteau avec la mafia.
01:27 – Popeye, lui, justifie sans problème ses exactions.
01:32 – Ici, il y a eu beaucoup de bombes. Il y avait la guerre.
01:35 La guerre, c'est la guerre.
01:37 – À Medellín, la guerre était menée par les soldats d'Escobar,
01:43 les tueurs à gage, les sicarios, 3 000 hommes.
01:48 Popeye était leur chef et c'était l'un des pires.
01:51 – Vous étiez payé combien pour tuer un policier, par exemple ?
02:00 – Le cartel de Medellín et Pablo Escobar payaient 1 000 $ pour chaque policier tué.
02:04 On en a tué 540 et blessé plus de 800.
02:08 – Il pouvait être payé jusqu'à 12 000 $ pour assassiner un homme politique ou un juge.
02:15 Si Popeye est aussi célèbre aujourd'hui, c'est parce qu'il est devenu un héros de télévision.
02:20 Il y avait déjà "Narcos", succès planétaire sur les aventures de Pablo Escobar.
02:28 Désormais, Popeye, lui aussi, a sa série.
02:41 – Cet acteur s'appelle Juan Pablo Rey, c'est un grand acteur.
02:51 Il est resté avec moi 15 jours pour s'imprégner de mon personnage.
02:54 Il a compris qui j'étais.
02:56 Ça, c'est le début des combats.
02:58 C'est comme ça qu'on se battait avec la police.
03:04 – T'en vas m'attarder une, te vas te désengrer comme une rate.
03:09 – C'est comme ça que je tuais.
03:12 – C'est vous ?
03:14 – Oui, c'est moi.
03:15 – Sous prétexte qu'il a déjà été condamné, Popeye raconte sans aucune gêne
03:21 des crimes horribles commis 200 fois.
03:23 – Et là, qu'est-ce que vous faites ?
03:26 – Là, je suis en train de tuer le procureur de la République.
03:29 – C'est vous qui l'avez tué ?
03:30 – Oui, d'une balle en pleine tête.
03:31 – Regarde, là, j'arrive à la prison de la Modelo.
03:37 La Modelo, l'une des prisons les plus violentes au monde.
03:43 En 2003, en exclusivité, la Modelo nous avait ouvert ses portes.
03:49 Popeye était incarcéré depuis 10 ans.
03:53 Ce jour-là, nous avions assisté à une scène sidérante.
03:56 Une fusillade venait d'éclater en détention.
04:00 12 heures d'échanges de tirs, 25 morts.
04:02 – Sortez, sortez !
04:04 Des hommes avaient essayé de tuer Popeye.
04:08 D'autres l'avaient protégé.
04:09 Il faut dire que dans cette prison, les voyous faisaient la loi.
04:18 Plutôt lourdement armés.
04:20 Caïd parmi les caïds, Popeye avait accepté de répondre à nos questions
04:28 depuis sa cellule du quartier de haute sécurité.
04:30 – On m'accuse d'être le chef de la branche terroriste du cartel de Medellín,
04:37 d'avoir kidnappé l'actuel président de la République
04:41 lorsqu'il était candidat à la mairie de Bogotá,
04:43 d'avoir assassiné le procureur général de la République.
04:47 On m'accuse aussi de terrorisme, d'homicide et d'autres délits encore.
04:57 Pour tous ces crimes, Popeye n'a fait que 23 ans de prison.
05:01 Il a négocié une réduction de peine en échange de révélations
05:06 sur l'entourage d'Escobar.
05:08 Depuis, sa tête est mise à prix par les anciens narcos.
05:13 Popeye est sorti de prison il y a trois ans.
05:27 Il est revenu vivre à Medellín.
05:29 Aujourd'hui, il ne peut avoir ni assurance, ni compte en banque.
05:35 Personne ne veut de lui comme client.
05:37 Pourtant, il affirme être désormais un repenti,
05:41 même si on a souvent du mal à le croire.
05:44 – Ici, c'est le cimetière de Montesacro,
05:51 où le patron a été enterré il y a 23 ans.
05:53 – Vous l'appelez toujours le patron ?
05:57 – Oui.
05:58 Par respect, parce que ça sera toujours mon patron.
06:02 Nous, on était ses employés.
06:05 La tombe d'Escobar est régulièrement fleurie.
06:22 Popeye, lui, vient là deux ou trois fois par mois.
06:27 – Comment vas-tu ?
06:27 – Salut les gars, comment ça va ?
06:30 À chaque fois, il croise des touristes.
06:33 Ils viennent là du monde entier.
06:35 Lorsque Popeye est là,
06:37 il y a toujours un ou deux gardes du corps pas loin,
06:40 comme cet homme au blouson noir à gauche.
06:43 Ces hommes sont d'anciens criminels reconvertis.
06:46 – Vous êtes armé, non ?
06:49 – Ouais, c'est mon calibre.
06:51 C'est un 38.
06:53 Désormais, ils gardent le cimetière et surtout la tombe de Pablo Escobar.
06:57 – Bonne chance, à bientôt.
06:59 Popeye ne reste jamais longtemps sur place.
07:04 Question de sécurité.
07:07 – Ce sont vos gardes du corps ?
07:18 – Oui, ils m'escortent et ils assurent la sécurité du cimetière.
07:23 Ce qu'ils veulent quand je viens ici, c'est qu'il ne m'arrive rien.
07:25 Ils font ça par gentillesse.
07:28 Ce sont mes amis.
07:29 Merci les gars, à bientôt, que Dieu vous le rende.
07:36 Là, ils arrêtent de nous suivre.
07:41 À partir de maintenant, on est seul.
07:43 – Popeye, vous êtes menacé aujourd'hui ?
07:48 – Medellín est une ville dangereuse.
07:52 Ça peut venir de n'importe quelle moto.
07:53 Ou 3-4 mecs peuvent descendre d'une voiture et nous cribler de balles.
07:57 – Vous avez peur des tueurs à gage ?
08:01 – J'ai pas peur, je sais comment ça se passe.
08:03 J'ai tellement suivi de gens pour les tuer que j'anticipe.
08:05 Pas de routine, jamais les mêmes chemins.
08:07 Popeye n'a pas de maison.
08:09 Il change de plan que tous les 15 jours.
08:11 Ne roule jamais dans la même voiture.
08:14 Il nous a emmenés dans un quartier populaire.
08:19 L'une de ces comunas, comme on les appelle ici,
08:22 où se cachent les hommes à la solde de la mafia.
08:25 – Salut, ça va ?
08:27 Salut, bandit.
08:30 Non, non, eux, tu les filmes pas.
08:32 Salut, le monstre.
08:39 Ça pue l'herbe, ici.
08:41 Vous êtes bien installés ici, dans cette nouvelle planque.
08:47 Ah, ben cette planque est bien, qui est dans cette planque ?
08:49 Non, non, toi, tu filmes pas, s'il te plaît.
08:51 Si la production de drogue a augmenté,
08:57 c'est parce que les consommateurs de cocaïne sont beaucoup plus nombreux.
09:01 Les trafiquants aussi.
09:02 La différence, selon Popeye,
09:05 c'est qu'aujourd'hui, ils s'arrangent entre eux
09:08 et qu'ils ont compris qu'il valait mieux vivre cachés.
09:11 Pourquoi vous fermez cette porte ?
09:13 – Pour notre sécurité.
09:16 Ça bloque les flics en cas de descente.
09:18 – Qui contrôle le narcotrafic aujourd'hui, les cartels ?
09:21 – Maintenant, il y a une constellation de cartels.
09:24 Il n'y a plus de guerre de territoire, il n'y a plus de violence.
09:27 Les cartels ont conclu un pacte de non-agression.
09:30 Les parrains sont discrets, ça a changé.
09:34 Ils ont compris une chose, pour faire du business,
09:37 on travaille pas dans la violence.
09:38 Si on veut faire du trafic de cocaïne, il faut arrêter la violence.
09:45 La violence ne s'est pas arrêtée, mais elle a considérablement baissé.
09:49 Par rapport aux années 90,
09:52 le taux d'homicide à Médellin a été divisé par 15.
09:56 À la fin de notre tournage,
10:00 Popeye a voulu nous raconter une dernière histoire.
10:03 Elle se passe à Eldoradal, à 3 heures de route de Médellin.
10:08 Dans ce village, parfois, les habitants ont de drôles d'hallucinations.
10:14 Ce ne sont pas des éléphants roses qu'ils voient,
10:20 mais des hippopotames d'Afrique.
10:26 La preuve, sur ces panneaux, il est même écrit "danger, hippopotame".
10:41 Vers 4 heures du matin, ils se promenaient juste là.
10:44 Et à 7 heures du soir seulement, il est reparti,
10:50 en passant par les rues du village et même l'autoroute.
10:54 Un soir, quelqu'un en a même filmé un au beau milieu du village.
11:01 - C'est notre mascotte.
11:06 - Et ils ne sont pas agressifs avec les gens ?
11:12 - Non, ce sont des animaux tranquilles.
11:16 Si tu ne vas pas les déranger, ils ne t'embêteront pas.
11:20 Ils ne sont pas agressifs.
11:22 Comment l'hippopotame, animal d'Afrique,
11:27 s'est-il retrouvé au beau milieu du continent américain ?
11:30 Pour nous l'expliquer, Popeye nous emmène à Napolès,
11:35 l'ancienne hacienda de Pablo Escobar, tout près du village.
11:38 Napolès et sa célèbre entrée avec la première avionnette
11:44 qui transportait la cocaïne aux Etats-Unis.
11:46 Ici, normalement, on ne peut pas filmer.
11:52 - Planque ta caméra, ils vont la voir au point de contrôle.
11:57 Tu pourras la sortir après.
12:00 Baisse ta caméra.
12:03 Les touristes viennent ici pour Pablo Escobar.
12:11 Le propriétaire ne veut pas en entendre parler.
12:14 Et pourtant, on est chez lui.
12:15 Napolès, c'était le fief de Pablo Escobar.
12:20 C'est ici qu'a été filmée cette image, la plus célèbre du roi de la cocaïne.
12:26 Escobar au milieu de ses lieutenants.
12:31 Aujourd'hui, Napolès est un parc pour touristes.
12:34 Il y a 30 ans, c'était un zoo.
12:37 Pablo Escobar l'avait créé pour ses enfants.
12:40 Il avait fait venir 15 000 animaux de tous les continents en avion cargo.
12:45 Accessoirement, au milieu du zoo, il avait caché une piste d'atterrissage
12:52 d'où décollaient les avions qui exportaient la cocaïne.
12:55 Aujourd'hui, la plupart des animaux sont morts ou ont été placés
12:59 dans d'autres zoos. Reste les hippopotames.
13:03 - Tiens, ça y est, on les voit.
13:06 Ça, c'est la femelle.
13:09 Et ça, c'est l'enfant de Pépé, le premier hippopotame du patron.
13:13 Ces hippopotames, il les a fait venir d'Afrique et ils valaient une fortune.
13:18 350 000 dollars, la bête.
13:20 À l'époque, il y avait quatre hippopotames dans le zoo.
13:26 Ils se sont reproduits.
13:29 Désormais, ils sont une cinquantaine.
13:30 Dans le parc, ils n'ont plus assez à manger.
13:33 C'est pour cela qu'ils s'échappent la nuit jusqu'au village.
13:37 Mais à force de grandir au contact des hommes, ces animaux considérés
13:42 comme les plus dangereux au monde ont fini par être apprivoisés.
13:46 Aujourd'hui, Napolès a même une star.
13:50 Elle s'appelle Vanessa.
13:51 Elle vient quand on l'appelle et elle adore manger des carottes.
13:55 Les hippopotames, voilà ce que Pablo Escobar a laissé de plus
14:06 insolite à la Colombie.
14:08 Mais son principal héritage, c'est bien sûr le narcotrafic.
14:18 Il n'est pas prêt d'être éradiqué.
14:20 Tant qu'il y aura des consommateurs de cocaïne dans le monde,
14:25 la Colombie en produira.
14:26 [Musique]

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