• il y a 8 mois
FR3, 15/12/1991 :
- Publicités
- Bande annonce "Le temps d'aimer, le temps de mourir"
- Spot promo minitel FR3
- Début "Le Divan" (Henry Chapier)

A noter :
- Henry Chapier reçoit le metteur en scène Peter Sellars.

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Transcription
00:00 [ Bruit de la pluie ]
00:03 [ Musique ]
00:07 [ Musique ]
00:14 Si vous recevez une boîte de chocolat Suchart ou...
00:17 Il manque un chocolat.
00:18 Enfin... deux.
00:20 N'accusez personne, c'est moi.
00:23 Allez, un petit dernier pour la route.
00:25 Suchart, les chocolats que l'on avait l'intention de vous offrir.
00:30 C'est bleu, comme évasion.
00:32 Bleu, comme agence de voyage, article de voyage.
00:35 Bleu, comme location d'automobile.
00:37 Bleu, comme hôtel.
00:38 Comme piscine, matériel de piscine.
00:40 C'est bleu, comme plongée.
00:42 Planche à voile, restaurant.
00:44 C'est bleu, et c'est dans les pages jaunes.
00:47 Les pages jaunes, elles ont toutes les couleurs de la vie.
00:50 Quand les volcans de Vergnes étaient enfants,
00:54 ils riaient très fort.
00:57 De cette jeunesse tumultueuse, ils ont transmis à l'eau de Volvic
01:00 de très précieux oligo-éléments.
01:02 Pour que notre jeunesse, à nous, soit toujours en éveil.
01:06 Volvic. Un volcan s'éteint, un être s'éveille.
01:12 (Bruits de la mer)
01:15 Dune, une femme, un parfum, Christian Dior.
01:41 Vivamine, 12 vitamines, 9 minéraux.
01:44 Fait, vitamine C, calcium, vitamine B1, B6, magnésium,
01:50 vitamine A, potassium, phosphore.
01:53 Vivamine, 12 vitamines, 9 minéraux, un comprimé par jour pendant 20 jours.
01:57 Vivamine, pour retrouver force et harmonie.
01:59 Vivamine est un médicament réservé aux adultes.
02:03 (Musique)
02:06 Sur les décombres d'une vie brisée par la guerre,
02:16 un couple tente de bâtir un nouvel amour.
02:19 (Bruits de la mer)
02:22 (Rires)
02:26 Douglas Sirk donne à son mari,
02:28 un petit cadeau de la vie.
02:30 (Rires)
02:32 Douglas Sirk donne à Liselotte Pulver et John Gavin
02:35 le temps d'aimer et le temps de mourir,
02:37 dimanche à 22h50 au cinéma de minuit.
02:40 (Bruits de la mer)
02:43 Jouez sur le 3615, code FR3.
02:48 Gagnez la cassette du film ou le livre de Margaret Mitchell,
02:51 autant en emporte le vent.
02:53 Pour jouer tous à vos Minitel, 3615, code FR3.
02:57 (Musique)
03:00 (Musique)
03:24 Ce soir sur le divan d'Henri Chapier, Peter Sellars.
03:28 A 34 ans, il personnifie le metteur en scène star,
03:31 l'iconoclaste qui transporte Mozart à Harlem,
03:34 l'insolent qui fait engloutir un donjon assis au pied d'une baraque en ruine,
03:38 un hamburger que convoite, vêtu de jean et de santiague,
03:41 l'incontournable eporello.
03:43 Génial, Peter Sellars ne l'est pas devenu un coup d'extravagance,
03:46 ni de mise en scène assassine.
03:48 Son ambition, c'est de rendre l'opéra et le théâtre à ces millions de gens
03:51 que l'académisme et la tradition poussiéreuse font fuir.
03:54 (Musique)
03:57 (Cris)
04:19 (Musique)
04:22 Né en 1957 à Pittsburgh, en Pennsylvanie,
04:33 où ses parents se consacrent à l'enseignement,
04:35 Peter est un enfant précoce.
04:37 A 10 ans, son imaginaire l'oriente vers le monde des marionnettes.
04:40 Il en fera des personnages d'un théâtre expérimental
04:43 inspiré des pièces de Jean Cocteau.
04:45 Mais la passion de la grande musique est déjà là,
04:48 et fait croire à un devoir sacré,
04:50 celui de la sauver d'une vénération et d'un respect qui l'étouffe.
04:53 Peter Sellars, quel genre de garçon étiez-vous à l'âge de 7 ans?
04:58 À 7 ans, j'avais 90 ans.
05:03 J'étais cette espèce de vieux homme, c'était impossible.
05:10 J'étais très sérieux, je passais la plupart de mon temps avec les reptiles.
05:15 Avec les serpents, j'avais peut-être 30 serpents.
05:19 Les très grands, j'avais un très grand jaune de 2 mètres,
05:24 qui était très joli.
05:26 Je lui donnais les petites souris et tout ça.
05:29 Et je m'occupais surtout des reptiles à cette époque.
05:34 Mais est-ce que c'était des reptiles dangereux?
05:36 Non, non, non, c'était les reptiles bénéfices.
05:40 C'était les reptiles qui mangeaient les souris, les insectes.
05:44 Tout ça.
05:46 Les boa constrictors, tout ça.
05:49 J'avais pas les serpents empoisonnés.
05:54 Ça, c'est pas bien dans la maison.
05:57 Alors, est-ce que vous pouvez évoquer un peu le climat de la famille?
06:01 Vous êtes né à Pittsburgh.
06:03 Pittsburgh, c'était le Midwest.
06:05 On était très contents et middle class.
06:08 Et mes parents, ma père travaillait avec la radio.
06:14 Ma mère enseignait au lycée.
06:17 Les cours d'anglais de Hamlet et Moby Dick et tout ça.
06:22 Et notre famille, c'était très petit, nous quatre.
06:26 Et bon, c'était une existence idéale, si je peux le dire, du Midwest.
06:33 C'était très, très simple, pas grand-chose.
06:36 C'était pas tellement intellectuel, c'était pas un climat intellectuel.
06:40 C'était normal, quoi.
06:43 Oui, je crois.
06:44 Mais qui était le plus proche de vous?
06:47 C'est votre mère ou...
06:49 Oui, surtout ma mère.
06:51 Mais aussi beaucoup de copains à l'école.
06:55 Et aussi, je travaillais pendant cinq ans, à cette époque-là,
06:59 à un musée de l'histoire naturelle.
07:03 Et je travaillais, j'étais très influencé par un homme-là,
07:08 qui m'a un peu changé la vie.
07:11 Et qui s'intéressait à moi et mes projets avec des animaux et tout ça.
07:17 Je travaillais avec les oiseaux et les mamaux et tout ça.
07:23 Mais on n'a pas cet imaginaire comme ça, gratuitement.
07:26 Je me demande s'il n'y a pas eu, dans vos premières années,
07:30 à deux ans, trois ans, quatre ans,
07:33 ou des sons ou des images qui vous ont impressionné, non?
07:37 Est-ce qu'il n'y a pas ça en mémoire?
07:40 C'est très bizarre, parce que j'ai pas une mémoire.
07:44 C'est que j'ai presque aucune mémoire de mon enfance.
07:49 C'est pour ça que le théâtre me convient,
07:52 parce que chaque soir, c'est une histoire différente.
07:55 Et quand je viens aux répétitions,
07:58 je me souviens de tout ce qu'on a fait le jour avant.
08:03 Et pour moi, je vis dans le présent, ça, il faut dire.
08:08 Et peut-être un peu dans le futur, non. Pas dans le futur, le présent.
08:12 Quand même, comme tous les enfants, vous avez dû avoir des jouets.
08:16 Vous devez vous souvenir de ça.
08:18 À l'âge de 10 ans, je commençais à travailler avec les marionnettes.
08:22 J'étais apprenti à un théâtre de marionnettes à Pittsburgh, Pennsylvania.
08:27 Et là, je travaillais beaucoup avec mes mains.
08:30 On a construit les petits théâtres.
08:34 On a peint les toiles pour le décor.
08:39 On a fabriqué les marionnettes avec du bois et du plastique ou de n'importe quoi.
08:46 Donc, on a travaillé avec les mains beaucoup, beaucoup.
08:50 - Alors, moi, j'ai l'impression que tout ce qu'on a pu voir de vous,
08:55 et vous êtes connus dans le monde entier pour les mises en scène d'opéra, notamment,
09:01 parce que vous renversez, vous déstructurez, vous reformez un peu tout.
09:06 Le début de ça, la clé, me semble être, à 10 ans, les marionnettes.
09:12 Parce qu'on doit faire l'autopsie de ces poupées, les refaire.
09:17 Donc, vous vouliez changer le monde, en quelque sorte, c'est ça, non?
09:20 - Oui, c'est ça. En créer tout un monde qui appartient à soi.
09:24 Et ça, c'est fabuleux. C'est une espèce de création très directe.
09:29 Et vraiment, on n'est pas éloigné du monde.
09:34 Le monde vient et on tient par les mains et on travaille avec.
09:39 C'est très important, là.
09:41 Et aussi, c'était pas une enfance passive.
09:45 Il faut dire que c'était actif.
09:47 Et tout le monde me disait, bon, si on veut faire quelque chose, fais-le.
09:52 Et c'était toujours mon attitude.
09:55 - Mais je crois que vous étiez un garçon précoce.
09:58 Parce qu'à 10 ans, vous dites qu'une soirée par semaine,
10:01 dans ce théâtre de marionnettes,
10:03 on montait un spectacle sur des textes de Jean Cocteau ou de Guilderod.
10:07 - Oui, c'est vrai. - À 10 ans...
10:10 - Ah! Ça, il faut dire, c'était les adultes qui le faisaient.
10:15 Moi, j'étais qu'un enfant, qu'un assistant dans les coulisses.
10:20 Mais ça m'a beaucoup impressionné, bien entendu.
10:24 Et bon, les premiers textes que je savais, que je connaissais,
10:31 c'était du Guilderod, c'était Pingé, c'était du Beckett.
10:35 C'était toute la série publiée aux États-Unis par Grove Press.
10:40 Mais je connaissais beaucoup, enfin, si je peux le dire,
10:45 la tradition surréaliste française.
10:48 Ça, je connaissais d'abord.
10:51 Et puis les pièces d'Arthur Miller et les choses comme ça,
10:55 beaucoup plus tard, je connaissais Joyce avant Dickens.
10:59 Et donc, pour moi, ce qui était normal,
11:03 c'était la tradition avant-garde du 20e siècle.
11:07 (musique)
11:11 (musique)
11:14 - Mais, Peter S. vous avez dit des choses assez paradoxales
11:24 sur cette question. Enfin, je l'ai lue.
11:28 C'est peut-être pas tout à fait mot pour mot.
11:31 Mais par exemple, vous avez dit qu'aujourd'hui,
11:35 c'est assez absurde d'essayer de mettre en scène
11:39 un opéra de Mozart tout à fait de la manière classique en costume
11:43 parce que vous, vous êtes connu pour les mises en scène qui déroutent.
11:47 - Oui. - C'est-à-dire pas du tout fidèles à l'époque.
11:51 Vous dites qu'être fidèle à Mozart, être fidèle à Beethoven, à Haendel,
11:55 c'est mettre des images d'aujourd'hui.
11:58 Ou des personnages de notre actualité. - Exactement.
12:02 - Alors, est-ce que ça, c'est parce que les Américains
12:07 ont besoin d'aller trop au choc pour le comprendre?
12:11 - Non, c'est absolument le contraire.
12:14 C'est que ce que je trouve choquant et dérangeant,
12:18 c'est la plupart des mises en scène normales de plupart des opéras.
12:22 Je les trouve exotiques, bizarres et je comprends pas.
12:26 Pour Mozart, pour Haendel, ils étaient les hommes de leur époque.
12:30 Et donc, ce qu'ils nous disent, c'est d'être des hommes de notre époque.
12:34 Et ce qu'ils exigent, c'est une confrontation avec l'actualité.
12:40 Et pour Mozart, le Don Giovanni, c'était une confrontation
12:44 avec l'actualité pour le public de Mozart.
12:48 Donc, pour le public, pour mon public, ça doit être également
12:53 une confrontation avec une réalité très précise.
12:57 C'est pas une façon de rêver, c'est pas une nostalgie.
13:01 C'était jamais une nostalgie pour Haendel, pour Mozart,
13:04 pour une ère qui était plus tranquille.
13:08 C'est pas ça du tout. Ils étaient les grands hommes des grandes villes.
13:12 Et ils s'intéressaient dans les problèmes sociaux,
13:15 ils s'intéressaient dans les problèmes émotionnels
13:18 des hommes très, très modernes.
13:20 Et comme ça, pour respecter l'oeuvre,
13:23 il faut traiter comme un contemporain, comme un ami.
13:28 [Musique]
13:51 [Musique]
14:17 - Mais par exemple, une tentative comme le Don Giovanni
14:21 de Joseph Losey au cinéma, est-ce que vous, vous trouvez
14:25 que c'est un non-sens? Parce que bon, il a quand même respecté
14:29 pas mal de choses traditionnelles.
14:32 - Le truc de Losey, c'était joli.
14:35 C'était l'architecture de Palladio, c'est toujours quelque chose
14:39 de beau à voir, de bel à voir.
14:42 Et Ramondi, il y avait des très grandes interprètes là-bas.
14:46 Mais Losey ne concernait pas avec la structure musicale.
14:51 Et mon travail, c'est quelque chose de très précis sur la partition.
14:55 Et je respecte d'une façon très, très exacte la partition.
15:00 Donc pour Losey, il manquait de ça.
15:05 Il imaginait beaucoup de choses.
15:08 Elles étaient beaux ou intéressantes ou pas, de temps en temps.
15:13 Mais c'était pas dans l'œuvre.
15:16 C'était un commentaire autour de l'œuvre.
15:19 Et mon essai, c'est d'aller dedans, d'insister,
15:24 aller dans l'œuvre et de le sentir à l'intérieur.
15:29 [Musique]
15:42 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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