L'Europe c'est nous ! - François-Xavier Bellamy

  • il y a 6 mois
Invitée cette semaine : François-Xavier Bellamy, tête de liste "Les Républicains"

Pour mieux comprendre les élections européennes 2024, qui se dérouleront le Dimanche 9 juin 2024, la politique de l'Union sera passée au crible chaque semaine dans « L'Europe c'est nous ! », présenté par Brigitte Boucher, journaliste de la rédaction de LCP, à partir du lundi 18 mars à 19h30.
Chaque semaine, Brigitte Boucher recevra les têtes de listes des principales formations politiques pour cerner les grands enjeux de ce temps fort démocratique. Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction et éditorialiste au Figaro livrera son regard sur les candidats et leurs ambitions pour l'Europe à venir dans une chronique.
Des experts de l'Union européenne, Britta Sandberg du Spiegel, Paolo Levi de la Stampa et Richard Werly de Blick partageront quant à eux chaque semaine leur carte blanche pour comprendre les incidences des mesures politiques et leurs applications concrètes dans notre Europe de demain.

Une diffusion à suivre en direct chaque lundi à 19h30.
Production : LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro

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Transcript
00:00 Bonsoir à tous et bienvenue dans l'Europe, c'est nous, votre nouveau rendez-vous tous les lundis soirs sur LCP entre 19h30 et 20h30
00:09 pour comprendre et décrypter tous les enjeux des élections européennes.
00:14 Quel sera le visage de l'Europe le 9 juin prochain ? Quelle Europe pour demain ?
00:19 Ce soir, nous recevons la tête de liste Les Républicains, François-Xavier Bellamy.
00:24 [Musique]
00:41 Et nous sommes ensemble pendant une heure et pendant une heure, on va parler d'Europe avec Yves Strehard,
00:47 directeur adjoint de la rédaction du Figaro qui va nous rejoindre dans quelques instants, mais aussi avec trois experts de l'Union Européenne
00:55 qui auront chacun une carte blanche. Vous retrouverez Britta Sandberg pour le Spiegel, Paolo Levi pour l'ANSA, c'est la FP italienne,
01:03 et puis Richard Verli de Blic.
01:06 [Musique]
01:14 Bonsoir, François-Xavier Bellamy. - Bonsoir. - Merci d'être avec nous.
01:17 Pour l'Europe, c'est nous. Alors après plus de cinq mois de guerre entre Israël et Gaza, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté aujourd'hui
01:26 sa première résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat. Est-ce qu'on est à un tournant ?
01:32 Le cessez-le-feu, il pourrait avoir lieu à n'importe quel moment. Nous le demandons depuis longtemps, nous aussi au Parlement européen.
01:39 C'est ce qu'on a demandé, ce cessez-le-feu humanitaire. Mais la condition pour qu'il ait lieu, elle est très simple.
01:44 Il faudrait que le Hamas libère les otages israéliens qu'il retient encore aujourd'hui.
01:49 Il y a un responsable de ce déchaînement de violence, c'est le Hamas.
01:54 C'est cette organisation qui a décidé de jeter dans l'enfer la population civile de Gaza elle-même
02:00 après avoir mené ce pogrom monstrueux du 7 octobre. Et aujourd'hui, ce que je trouve particulièrement choquant
02:07 dans la résolution à laquelle vous faites référence, c'est qu'elle ne comporte aucune condamnation du Hamas.
02:12 Tout se passe comme si le 7 octobre n'avait pas eu lieu. C'est notre devoir aujourd'hui.
02:17 Mais du coup, les Américains ont eu raison de s'abstenir sur cette résolution ?
02:20 Quand ils disent que la motivation de leur abstention, c'est cette absence de condamnation du Hamas,
02:24 je ne sais pas quelle est la réalité diplomatique derrière cela. Mais en tous les cas, il est clair que c'est, je crois,
02:31 au-delà même de la situation diplomatique à l'ONU aujourd'hui, quelque chose qui doit tous nous préoccuper.
02:36 Nous voyons monter jusque dans notre propre pays, en France, aujourd'hui, à Paris, nous voyons monter une violence antisémite
02:45 qui aujourd'hui utilise la situation à Gaza, cette situation terrible, bien sûr, pour les civils de Gaza en particulier,
02:53 cette situation tragique, mais cette situation, elle est instrumentalisée contre des gens qui sont attaqués
03:00 dans notre propre pays seulement parce qu'ils sont juifs. Et c'est, d'une certaine façon, ce contre quoi nous devons combattre ensemble,
03:08 quelque soit nos positions sur le conflit israélo-palestinien d'une manière plus générale.
03:13 Si il y avait ce cessez-le-feu, vous pensez que ça mettrait fin à l'importation en France de ce conflit israélo-palestinien ?
03:18 Si il faut un cessez-le-feu humanitaire, c'est d'abord parce que la population civile de Gaza, évidemment, en a besoin.
03:24 Il faut, bien sûr, absolument, que tout soit fait pour lui apporter ce dont elle a besoin pour survivre.
03:30 On sait qu'il y a aujourd'hui un vrai risque de famine, on sait qu'il y a aujourd'hui, pour la population civile,
03:35 une souffrance immense causée par cette tragédie, et je le redis, cet enfer, c'est le Hamas qui y a jeté les civils de Gaza
03:44 après le crime absolument innommable que représente le 7 octobre.
03:49 Alors, le Hamas a salué, en tout cas, cette décision du Conseil de sécurité de l'ONU.
03:53 Mais on le comprend, encore une fois.
03:55 Quand cette résolution fait comme si Israël était le coupable alors qu'Israël est attaqué,
03:59 Israël a le droit de se défendre, le devoir de se défendre dans le respect du droit international.
04:05 Vous l'avez dit, il faut cette libération immédiate aussi des otages, c'est dans la résolution, c'est ce qu'Israël demande.
04:10 Le Hamas dit sa volonté d'engager un processus d'échange de prisonniers.
04:14 Est-ce que, du coup, il faut engager ces discussions-là ?
04:18 Est-ce qu'il faut rendre des prisonniers palestiniens et, en échange,
04:23 qu'il y ait la libération des otages du 7 octobre ?
04:26 Ce qui est certain, c'est que les discussions ont lieu.
04:29 D'ailleurs, on l'a déjà vu lors de précédentes libérations d'otages.
04:34 On l'a vu aussi lorsque j'ai eu l'occasion de travailler,
04:38 parce que pendant plusieurs semaines, nous avons oeuvré avec des personnes impliquées dans ce dossier
04:45 pour faire parvenir aux otages israéliens qui avaient besoin de médicaments de première nécessité,
04:50 les produits dont ils avaient un besoin urgent pour simplement survivre.
04:55 Ce travail-là, on l'a fait aujourd'hui avec des associations pour faire en sorte
04:59 d'apporter ces premiers secours à des otages en danger.
05:04 Évidemment que la négociation, certainement, a lieu.
05:08 Ce n'est pas à nous d'en discuter sur un plateau,
05:12 parce que ce sont forcément des choses qui se font dans le secret.
05:14 Je dirais seulement une chose, c'est que quand on parle d'échanger des prisonniers,
05:19 on ne doit surtout pas oublier que d'un côté, il y a des prisonniers de guerre,
05:23 des gens qui ont porté les armes pour combattre et pour tuer,
05:27 et pour combattre contre Israël et pour tuer des Israéliens.
05:31 De l'autre côté, il y a des otages innocents.
05:33 Ce n'est pas exactement la même chose.
05:35 Il faut qu'on soit tous très vigilants au lexique qu'on emploie.
05:37 Parce que si on veut parler d'un échange de prisonniers de guerre,
05:40 on oublie que le Ramas retient aujourd'hui en otage des civils innocents,
05:46 des femmes, des enfants, des hommes qui ont été arrêtés,
05:50 des personnes âgées qui ont été détenues depuis des mois dans des conditions terribles,
05:54 uniquement parce qu'elles ont le tort d'être juives.
05:57 C'est de cela qu'on parle aujourd'hui.
05:59 -Parlons à présent de cet attentat qu'il y a eu à Moscou ce week-end.
06:03 Le chef de l'Etat a réuni hier à Paris un conseil de défense
06:06 et il a passé la France en alerte attentat.
06:08 Est-ce que c'est une bonne décision ?
06:10 Et qu'est-ce que vous savez des éventuelles menaces qui pourraient peser sur la France ?
06:14 -J'imagine que le chef de l'Etat et le gouvernement ont des informations,
06:17 là encore, auxquelles nous n'avons pas accès, qui justifient cette évolution.
06:20 Et je crois que si cette décision devait être prise,
06:22 il est nécessaire qu'elle le soit.
06:25 Moi, je voudrais seulement dire mon soutien à tous ceux qui sont engagés aujourd'hui en première ligne.
06:30 Parce que cette évolution, elle veut dire une mobilisation plus grande
06:33 pour les forces de l'ordre, les forces de police, de gendarmerie,
06:36 les forces de sécurité, les militaires dans notre pays,
06:39 qui sont aujourd'hui sur le terrain pour protéger les Français contre la menace terroriste.
06:44 C'est aussi ce qui est en train de se passer,
06:46 le signe que la menace islamiste n'a pas disparu.
06:49 Et si nous voulons lutter contre la menace islamiste,
06:51 alors bien sûr, il faut mobiliser autant que nécessaire les forces de l'ordre
06:55 qui sont déjà en tension depuis très longtemps dans ce combat déterminant.
06:58 Mais il faut aussi, et c'est fondamental, mieux protéger les frontières,
07:03 les frontières extérieures de l'Europe et nos propres frontières nationales.
07:06 Parce qu'on sait très bien que le terrorisme islamiste s'est nourri au cours des dernières années...
07:10 - Et parfois, il est endogène, et parfois, il vient du territoire.
07:13 - Et c'est ce que j'allais ajouter également, il faut aussi mener la guerre idéologique
07:17 contre le discours islamiste qui gangrène notre société
07:21 et qui, malheureusement, gangrène aussi nos institutions.
07:24 Si je me suis battu au Parlement européen,
07:26 et ça m'a valu d'ailleurs d'être attaqué en justice par l'ex-CCIF,
07:30 le tristement célèbre collectif contre l'islamophobie en France,
07:34 qui en réalité était une officine islamiste,
07:36 si je me suis opposé à l'antrisme islamiste dans les institutions européennes,
07:40 c'est parce que nos démocraties sont aussi attaquées, vous avez raison.
07:43 - De l'intérieur. - De l'intérieur.
07:44 - Alors c'est l'Etat islamique, évidemment, qui a revendiqué cette attaque.
07:47 Est-ce qu'on doit faire front commun contre l'Etat islamique avec Vladimir Poutine ?
07:52 - Le fait est que le front existe parce que l'Etat islamique a ciblé,
07:58 aujourd'hui, nos pays.
08:01 Aujourd'hui, ce qui compte, c'est que les Européens ne baissent pas la garde
08:05 contre la tentation de l'islamisme.
08:07 Il n'y aura évidemment pas, c'est tout à fait évident,
08:13 il n'y aura pas demain de coopération militaire.
08:16 - Est-ce que c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron ?
08:17 Il dit qu'il faut proposer une coopération accrue à la Russie face à l'Etat islamique.
08:22 - Il n'y aura certainement pas demain de coopération militaire sur le terrain
08:26 entre des unités de nos pays.
08:29 Il n'y en a pas eu dans les années passées, même avant que la guerre en Ukraine ne commence,
08:32 parce que tout simplement la Russie a ses propres priorités,
08:35 elle a ses propres terrains d'intervention.
08:37 - Vous êtes d'accord avec cette coopération accrue qu'il faut avoir avec Vladimir Poutine ?
08:40 - En revanche, en termes de renseignements,
08:42 les civils qui ont été frappés à Moscou étaient évidemment innocents,
08:46 et innocents y compris des crimes que l'on peut reprocher à Vladimir Poutine
08:50 quant à l'agression de l'Ukraine.
08:52 Évidemment qu'il faut protéger les populations civiles,
08:55 si ça passe par le fait de partager des éléments de renseignement
08:58 pour garantir une meilleure protection des populations civiles contre le terrorisme.
09:02 J'espère, mais j'espère que ça a déjà lieu en réalité, j'espère bien sûr.
09:07 - Vladimir Poutine a dit que cette attaque avait été commise par des islamistes radicaux,
09:11 mais en lien avec l'Ukraine.
09:13 Est-ce qu'il a raison, selon vous, d'établir un lien avec l'Ukraine ?
09:16 - Rien à ce stade, en tous les cas, ne permet de l'établir.
09:20 Et je crois que malheureusement, on voit le régime de Vladimir Poutine
09:24 qui tente de justifier son agression en Ukraine par des motifs détournés.
09:28 En tous les cas, si le Kremlin a accès à des informations
09:31 qui permettraient de faire cette relation, il faut qu'il les montre.
09:36 Mais aujourd'hui, en tous les cas, ça semble très étonnant.
09:39 Quand on voit les messages de revendication de l'Etat islamique après cet attentat,
09:43 on ne trouve pas trace du contexte géopolitique lié à la guerre en Ukraine.
09:46 - Alors, il y a un contexte économique qui est compliqué en ce moment,
09:50 avec un chiffre du déficit pour l'année 2023 qui va tomber demain en France.
09:55 Et il devrait dépasser les 5 %, il devrait même se situer à au moins 5,6 %.
10:00 Il y a ces fameux critères européens de Maastricht qui disent qu'il faut que le déficit soit à 3 %.
10:04 Est-ce qu'il faut les respecter ?
10:06 - D'abord, commençons par ce qui est en train de se passer,
10:08 parce que ce qui se joue est d'une gravité infinie.
10:10 En réalité, ce qui apparaît dans ce chiffre qui sera dévoilé demain,
10:14 s'il se confirme, 5,6 %, ce qui apparaît, c'est l'incroyable manipulation du gouvernement
10:19 qui a maquillé les comptes publics.
10:21 Parce qu'il y a un décalage de 20 milliards d'euros
10:25 entre le déficit annoncé de l'Etat pour l'année 2023 et le déficit réel.
10:29 - La prévision, c'était 4,9 %.
10:31 - 20 milliards d'euros.
10:32 Entre ces 5,6 et ces 4,9, il y a 20 milliards.
10:34 - Et il y a 10 milliards de coupes budgétaires qui ont été annoncées dans l'urgence.
10:37 - Arrêtons-nous juste là-dessus.
10:39 20 milliards, ça veut dire que le gouvernement a menti sur la présentation des comptes publics,
10:43 parce qu'on ne se trompe pas de 20 milliards comme ça.
10:45 Et ces 20 milliards d'euros, chaque Français le sait,
10:48 si vous vous trompez d'une virgule dans votre déclaration de revenus,
10:50 vous aurez évidemment droit à des pénalités imposées par les services fiscaux.
10:55 - Vous voulez dire que le gouvernement l'a fait sciemment ?
10:57 - Le gouvernement se trompe de 20 milliards.
10:58 - Il l'a fait sciemment ?
10:59 - Mais quand même, ce serait une erreur.
11:00 Une erreur de 20 milliards.
11:01 Mais c'est un gouvernement soit de menteurs, soit d'incapables.
11:04 Mais dans tous les cas, ce qui se passe, c'est d'une immense gravité.
11:07 Par ailleurs, vous parliez d'Europe.
11:08 Le contexte européen, on y reviendra peut-être,
11:10 c'est celui d'une situation dans laquelle nous n'avons aucune excuse.
11:14 Parce que nous ne sommes pas, comme pendant la crise du Covid,
11:16 dans un moment où tous les Etats européens voyaient leurs comptes dérapés,
11:19 nous vivons aujourd'hui une situation dans laquelle
11:22 tous les Etats européens sont en train de se désembêter,
11:25 de rétablir leur déficit.
11:26 Et nous, nous sommes aujourd'hui la lanterne rouge de l'Europe.
11:29 Les meilleurs, évidemment, avec ce gouvernement,
11:32 pour donner des leçons à la terre entière,
11:33 mais les plus mauvais quand il s'agit de tenir les engagements fondamentaux
11:37 que nous devons pourtant à nos partenaires européens.
11:39 - Sauf qu'on en est là aujourd'hui et Bruno Le Maire dit
11:40 qu'il faut de l'austérité.
11:41 Vous êtes d'accord avec ça ?
11:42 Il faut de l'austérité, justement, pour ramener les comptes publics à 3% ?
11:45 - Il faut d'abord que l'Etat s'applique à lui-même
11:47 l'austérité dont nous avons tellement besoin.
11:49 La vérité, c'est qu'on pourrait s'inquiéter de la situation si on se disait
11:53 "on a", c'est quand même ça la réalité aujourd'hui,
11:55 les impôts les plus élevés au monde.
11:58 En même temps, on a la trajectoire budgétaire la plus inquiétante en Europe.
12:02 On pourrait se dire "on doit avoir un investissement public énorme
12:05 qui permet une croissance magnifique,
12:07 avec des leviers extraordinaires pour la prospérité du pays",
12:09 mais pas du tout.
12:10 Tout cet argent, où passe-t-il ?
12:12 Il passe dans un Etat qui a fonds perdus,
12:15 absorbe l'essentiel de la richesse produite par les Français,
12:19 en tous les cas la part la plus importante dans l'espace européen,
12:22 sans être capable d'assumer ses missions fondamentales.
12:25 Parce que pendant que l'Etat prend aux Français
12:27 les prélèvements obligatoires les plus importants au monde
12:30 et continue de s'en déter comme jamais,
12:32 pendant ce temps-là, l'hôpital public est en déshérence
12:34 et refuse des gens à l'entrée,
12:36 l'école est incapable d'assurer le service essentiel de la transmission du savoir,
12:40 la justice... -C'était pareil quand la droite était au pouvoir.
12:42 -Non, pardon, excusez-moi,
12:43 on va quand même essayer de remettre les compteurs à l'endroit.
12:46 -Sur la dépense publique, on a toujours eu le chiffre le plus élevé d'Europe.
12:49 -Non mais on a toujours eu un Etat plus fort que dans la plupart des pays européens,
12:52 parce qu'on a un modèle social français qui a cette singularité.
12:55 On a évidemment une singularité aussi dans notre rapport à l'Etat,
12:58 Colberti, centralisateur,
13:00 qui fait qu'on attend fondamentalement beaucoup plus de l'Etat
13:03 que par exemple nos voisins italiens ou nos voisins espagnols.
13:06 Mais à la fin des fins, on est quand même aujourd'hui
13:08 devant une trajectoire budgétaire qui est absolument stupéfiante.
13:11 Depuis que Bruno Le Maire est à Bercy, c'est-à-dire depuis sept ans,
13:14 il a fait près de 1 000 milliards d'euros de dettes supplémentaires.
13:17 C'est-à-dire si vous rapportez ça en jours...
13:19 -Avec le coût du Covid, quand même.
13:21 -Mais le Covid a été une petite partie,
13:23 une petite proportion de la dette totale qui a été accumulée.
13:26 Je le redis, la dette de l'année dernière, elle n'a rien à voir avec le Covid,
13:29 mais le Covid s'est terminé depuis un petit moment maintenant.
13:31 Et bien pourtant, on continue cette trajectoire budgétaire.
13:33 304 millions d'euros de dettes supplémentaires par jour
13:39 depuis que Bruno Le Maire est à Bercy.
13:41 C'est ça que représentent les gouvernements successifs d'Emmanuel Macron.
13:44 344 millions par jour.
13:46 -On entend dans la majorité des voix un peu singulières.
13:48 Il y a François Bayrou, mais il y a la présidente de l'Assemblée nationale,
13:50 Yael Brune-Pivet, qui dit qu'il faut taxer les superdividends,
13:53 les superprofits, pas seulement ceux des énergéticiens.
13:55 Mais qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
13:57 -Ah ben là, c'est magnifique.
13:59 C'est les superhabitudes super compulsives et super intéressantes
14:01 de la supertaxation qui veut supertaxer tout ce qui bouge.
14:04 C'est la France qui ressurgit ici, c'est la gauche française,
14:07 c'est le super travers de la gauche française qui, en réalité, on le voit.
14:10 -Même les superprofits, quand on voit les bénéfices extraordinaires
14:12 alliés par des entreprises du CAC 40.
14:14 -Mais qu'est-ce que ça veut dire, les superprofits ?
14:16 On est le seul pays au monde qui considère que c'est scandaleux
14:19 que les entreprises fassent des profits.
14:21 Mais qu'une entreprise fasse du profit, c'est la condition de la prospérité.
14:25 -Pour racheter ses actions derrière, ça se discute pas.
14:27 Si c'est pour investir, mais si c'est pour acheter des actions,
14:29 enrichir les actionnaires...
14:31 -Redisons cette chose toute simple.
14:33 On a aujourd'hui, en France, les prélèvements obligatoires
14:37 les plus élevés du monde.
14:40 Donc, on peut continuer encore dans la spirale de l'impôt,
14:43 on peut continuer encore dans la spirale de la fiscalité,
14:45 on peut faire peser des charges encore plus lourdes
14:48 à tous ceux qui produisent, qui travaillent, qui créent en Europe
14:50 et qui ne s'en sortent plus.
14:51 Il y a tellement de gens dans ce pays.
14:53 C'est ça, la réalité de la France, qui bosse,
14:55 et qui bosse dur, et qui ne s'en sortent pas,
14:58 et qui n'arrivent même pas, à la fin du mois,
15:00 à se payer eux-mêmes.
15:01 -Moi, je parlais des actionnaires.
15:02 -Mais vous parlez de quelques entreprises
15:04 qui font de gros profits dans le CAC 40.
15:06 La réalité, c'est que la fiscalité, aujourd'hui,
15:08 elle tape dur des gens qui travaillent beaucoup,
15:12 qui font, aujourd'hui, que le pays tient debout,
15:15 et qui, pourtant, n'arrivent même pas souvent à se payer
15:18 ou à payer correctement leurs salariés.
15:20 C'est ça, la réalité du pays.
15:21 Donc, l'urgence pour le pays, c'est pas d'inventer des nouveaux impôts,
15:24 c'est de sortir de cette folie fiscale
15:27 qui fait qu'aujourd'hui, nous asphixions ceux qui travaillent,
15:29 que nous asphixions ceux qui produisent.
15:31 Et je le redis, je suis frappé de voir à quel point,
15:34 en réalité, depuis 2012, on n'a jamais changé de logique.
15:38 Vous parliez de la manière dont la droite agissait
15:40 quand elle était au pouvoir.
15:41 Pardon de le dire, effectivement, quand elle était au pouvoir,
15:44 elle a certainement pas tout bien fait,
15:46 le but n'est pas de revenir indéfiniment sur le passé.
15:48 Mais quand la droite était au pouvoir,
15:49 elle faisait la révision générale des politiques publiques.
15:51 Elle faisait des efforts drastiques
15:53 pour baisser le nombre de fonctionnaires,
15:55 pour baisser la dépense publique,
15:57 pour faire en sorte que, dans un contexte
15:59 où déjà on affrontait des tensions internationales
16:01 extrêmement fortes avec la crise financière,
16:03 il soit malgré tout nécessaire que l'Etat
16:06 réduise le poids qu'il représentait
16:09 sur les épaules des Français.
16:10 Donc c'est des économies que vous demandez au gouvernement.
16:11 Et on est depuis 2012, le moins qu'on puisse dire,
16:13 c'est qu'on est sortis de cette logique,
16:14 et aujourd'hui, ce sont les Français qui payent l'addition,
16:17 avec un Etat qui n'a jamais autant pris d'argent
16:20 de ce qu'ils produisent tous les jours,
16:21 et qui n'a jamais été aussi inefficace
16:23 dans les services qu'il rend.
16:25 Alors, on va accueillir dans un instant Yves Tréhard,
16:27 le directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
16:30 Mais avant cela, on va essayer de comprendre
16:32 et de savoir quel député européen vous êtes,
16:34 François-Xavier Bellamy.
16:36 À quel groupe appartenez-vous ?
16:38 Comment avez-vous voté sur les principaux textes au Parlement ?
16:41 Élément de réponse avec Marco Pommier.
16:43 François-Xavier Bellamy,
16:46 votre Europe, c'est celle de la protection des frontières
16:50 et de la souveraineté économique.
16:52 Nous voulons que l'Europe nous rende
16:54 la maîtrise de notre destin.
16:56 Nous ne voulons plus subir.
16:59 Nous voulons décider à nouveau.
17:01 François-Xavier Bellamy,
17:04 vous entrez au Parlement européen en 2019.
17:07 Vous êtes 8 élus sous l'étiquette des Républicains,
17:10 président de la délégation française du PPE,
17:13 le groupe des conservateurs,
17:15 la première force politique de l'hémicycle.
17:18 Regardons à présent vos votes.
17:20 Votre soutien à l'Ukraine a toujours été constant.
17:23 Vous avez voté pour la nouvelle version
17:26 de la politique agricole commune entre 2023 et 2027,
17:30 mais contre la stratégie de la ferme à la fourchette,
17:33 première pierre du pacte vert.
17:35 Contre aussi le pacte asile et migration,
17:38 qui instaure notamment une obligation de solidarité
17:41 entre les États membres.
17:43 Sur ce pacte européen,
17:44 vous vous êtes opposé à votre propre camp,
17:46 comme sur la reconduction d'Ursula von der Leyen,
17:49 la présidente de la Commission et pourtant membre du PPE.
17:53 Le bilan n'est pas conforme à ce qu'on doit attendre
17:57 d'une Commission européenne qui a pour mission
18:00 de renforcer l'Europe et qui aura très largement
18:03 contribué à la fragiliser au cours des dernières années.
18:06 Vous jouez la carte de la singularité,
18:08 mais pour l'heure, la droite française
18:10 cherche encore un espace politique.
18:12 Tout comme en 2019, l'histoire semble se répéter.
18:15 Les sondages ne décollent pas 7 à 8 %
18:18 dans les intentions de vote.
18:20 Prix en étau entre la candidate de la majorité,
18:23 Valérie Heillet, et Jordane Bardella.
18:26 Au coude à coude aussi, avec la liste reconquête
18:29 de Marion Maréchal-Le Pen.
18:31 Alors, François-Xavier Bellamy, cette fois,
18:33 comment comptez-vous vous démarquer de vos adversaires ?
18:37 -Bonsoir, Yves.
18:38 -Bonsoir, Brigitte.
18:39 -C'est la question que vous vouliez poser
18:41 à notre invité ce soir.
18:42 -Effectivement. Bonsoir...
18:44 -François-Xavier Bellamy. -Bellamy, excusez-moi.
18:47 -Comment comptez-vous vous démarquer ?
18:49 Vous avez dit, dans votre meeting de samedi,
18:52 "Nous tenons notre ligne", mais c'est quoi, votre ligne,
18:55 par rapport à celle de Marion Maréchal
18:58 ou par rapport à celle de M. Jordane Bardella ?
19:02 -Elle a été très bien synthétisée par ce petit reportage.
19:07 Effectivement, sur les principaux sujets,
19:09 nous, nous croyons que l'Europe doit être le levier
19:13 pour nous renforcer dans la mondialisation.
19:15 Et nous avons constaté, au cours de ce mandat,
19:17 parce que c'est ça, la réalité du Parlement européen,
19:20 qu'une coalition s'est construite qui allait de la gauche
19:23 à l'extrême gauche en incluant les socialistes,
19:26 les verts et les élus macronistes.
19:28 -En ce moment, vous êtes les seuls qui défendez l'Europe ?
19:31 -Nous sommes les seuls qui défendons la France en Europe.
19:34 Les seuls.
19:35 -Et par rapport à la liste, par exemple, conduite...
19:38 Enfin, la liste du camp présidentiel,
19:40 comment vous définissez par rapport à eux ?
19:42 -La liste du camp présidentiel au Parlement européen,
19:44 elle aura été, sur tous les sujets importants,
19:46 la supplétive de la gauche.
19:48 Quand Valérie Hayé commence sa campagne
19:50 en disant qu'elle a voté 90 % avec les socialistes,
19:53 il faut la prendre au sérieux.
19:55 C'est ce que je disais depuis le début du mandat.
19:58 Elle a voté effectivement 90 % avec la gauche.
20:01 Sur les textes qu'on vient de voir ici,
20:03 c'est-à-dire sur le pacte migratoire,
20:05 l'idée de la relocalisation obligatoire des migrants,
20:08 c'est Emmanuel Macron qui l'a poussé avec la gauche européenne,
20:11 qui allait faire baisser de 10 à 15 % la production agricole.
20:14 -Qu'est-ce qui vous différencie du RNC ?
20:16 -La différence avec le RNL ?
20:18 -Avec le RN, qu'est-ce qui vous différencie ?
20:20 -Eux, ils font course en tête.
20:22 -Il faudrait leur poser la question,
20:24 car je me demande ce qu'ils pensent eux-mêmes
20:26 sur les sujets européens.
20:27 Ils ont tellement changé de position,
20:29 du tout, sur tous les sujets.
20:31 Souvenez-vous, il y a cinq ans,
20:33 le RN célébrait le Brexit le soir du référendum britannique
20:37 et expliquait que c'était l'avenir,
20:39 que le Frexit était non seulement la première mesure à prendre,
20:42 mais qu'il fallait sortir de l'euro, sortir de Schengen,
20:45 et qu'on ne pouvait rien faire sans ça.
20:47 Aujourd'hui, ils disent le contraire.
20:49 Le plus important, c'est que quand vous élisez des gens,
20:53 c'est ce que je voudrais dire aux Français,
20:55 ne vous intéressez pas seulement à ce qu'ils disent.
20:58 La politique, c'est de tenir parole.
21:00 Le RN, au Parlement européen, est aux abonnés absents.
21:03 Vous avez les deux forces politiques que vous évoquiez.
21:06 D'un côté, la Macronie fait la politique de la gauche,
21:09 de l'autre, le RN fait la politique de la chaise vide.
21:12 -Deux questions très importantes.
21:14 On a l'impression, en vous écoutant,
21:16 que vous jouez, parce que vous êtes assez nerveux,
21:19 je vous ai écouté ce matin sur France Inter,
21:22 on a l'impression que vous jouez la survie de votre parti politique.
21:26 -Ce qui m'a mis en colère,
21:28 c'est que le petit reportage que nous proposait France Inter
21:32 nous décrivait comme un parti désespéré,
21:34 qui n'a aucune chance d'en sortir
21:36 et qui est coincé entre le RN et la Macronie.
21:39 -C'est un peu vrai. -Mais non, c'est faux.
21:42 Je n'en peux plus qu'on veuille enfermer les Français
21:45 dans le deuxième tour perpétuel de l'élection présidentielle
21:48 auquel ils seraient condamnés infiniment.
21:50 -C'est pas le sujet. Vous êtes un éditeur du 8 %.
21:53 -Cette élection, c'est la droite contre la gauche ?
21:56 -C'est le vrai clivage. C'est le clivage européen.
21:59 -Ce qui ne marche plus, puisque vous êtes loin derrière.
22:02 -Regardez le graphique qu'on a regardé tout à l'heure.
22:05 Vous l'avez montré.
22:06 Les deux grandes forces politiques en Europe,
22:08 c'est les socialistes et le PPE.
22:10 -Mais vous êtes crédité de 8 %.
22:12 8 %, c'est très peu pour les Républicains.
22:15 -Rassurez-vous, tout ira bien.
22:17 Je n'ai aucun doute sur le fait
22:19 que quand les Français vont s'intéresser
22:21 à cette élection, ils verront où sont les vrais enjeux
22:24 et qu'est-ce qui doit guider leur vote.
22:26 Je termine là-dessus.
22:27 C'est pas anodin d'entendre des commentateurs
22:30 qui nous expliquent à longueur de journée
22:32 que la droite est un parti dont on est heureux
22:34 de contempler l'agonie.
22:35 La vérité, c'est que la droite, aujourd'hui,
22:37 c'est le groupe décisif qui fait la politique
22:40 à l'Assemblée nationale.
22:41 -Il y a plusieurs droits.
22:43 -Il y a plusieurs droits.
22:44 -Il y a des dizaines de milliers d'élus locaux
22:46 qui travaillent dans toutes les communes de France.
22:48 C'est la première force politique en Europe.
22:50 Si les commentateurs voulaient bien regarder
22:52 sérieusement le travail européen,
22:54 ils verraient que c'est chez nous
22:56 que ça peut se jouer pour les Français.
22:58 C'est dans les PEU que la droite va s'écrire,
23:00 c'est-à-dire dans les mains de cette force politique
23:03 auxquelles appartiennent les Républicains.
23:05 -Vous avez deux recrues, juste derrière vous,
23:07 Céline Imard et Christophe Gomart.
23:09 La première est une agricultrice,
23:12 très diplômée, mais agricultrice.
23:14 Et puis, le deuxième est un général.
23:16 -C'est incompatible, d'après vous ?
23:18 -Il y a un... -Non, pas du tout.
23:20 Au contraire.
23:21 Mais qu'est-ce que vous les attendez d'eux ?
23:24 -Je crois que, vous voyez, notre rôle, à nous,
23:27 c'est d'incarner la France, de représenter les Français,
23:30 de faire entendre leur voix.
23:32 On fait un choix fort, de renouvellement.
23:34 Je suis sortant au Parlement européen.
23:36 Avec cinq ans d'expérience, je me sens encore plein d'énergie.
23:39 Mais je crois que c'était important
23:41 qu'on puisse aussi montrer
23:43 que la droite française se renouvelle,
23:45 qu'elle est capable d'attirer des talents,
23:47 des profils nouveaux.
23:48 Nous, contrairement à nos adversaires,
23:50 ne pratiquons pas le petit jeu du débauchage individuel
23:53 qui consiste à faire en sorte que des gens se renient
23:56 pour capter des plans de carrière.
23:58 Nous nous attirons des gens qui rentrent en politique,
24:01 et qui rentrent sans rien renier de leurs convictions,
24:04 de leurs idées, des engagements qu'ils ont portés.
24:07 Céline Himard vient défendre le monde agricole,
24:10 qu'elle défendait déjà en étant le porte-voix des agriculteurs.
24:14 C'est un sujet fondamental,
24:16 parce que c'est un sujet, pas seulement pour le monde agricole,
24:19 c'est un sujet pour nous tous, citoyens.
24:21 -Et le général Gomart ? -C'est le même sujet.
24:24 C'est géopolitique, l'agriculture.
24:26 Le général Gomart, ancien patron du renseignement militaire,
24:29 ancien patron des forces spéciales,
24:31 il vient parce que, dans le moment que nous connaissons,
24:34 on parlait de la guerre en Ukraine, de la situation en Israël,
24:37 la guerre revient aux portes de l'Europe.
24:39 -Ca veut dire qu'il n'y aura pas Brice Hortefeux et Nadine Morano ?
24:43 -Non, on commence aujourd'hui cette liste.
24:46 Cette liste sera faite de renouvellement,
24:49 d'expérience, vous verrez bien la suite de la liste.
24:52 On la connaîtra dans les semaines qui viennent.
24:55 Il n'y a aucune urgence, l'élection est le 9 juin,
24:58 donc on a encore le temps.
25:00 Notre objectif, c'est de construire une équipe pour représenter
25:03 les Français, c'est le seul critère qui nous guide,
25:06 pour pouvoir faire entendre leur voix demain au Parlement européen
25:09 et peser dans tous les combats qui nous attendront.
25:12 L'Europe, c'est ça, des combats menés, des batailles à remporter.
25:15 -Une question sur l'Europe. -Le documentaire ne dit pas
25:18 nécessairement... La question qui se pose, c'est pas seulement
25:21 l'Europe, mais c'est qui a obtenu quoi, qui a gagné quel combat
25:24 sur le nucléaire, sur la protection des frontières,
25:27 sur l'écologie concrète qui permet de redonner à nos entreprises
25:30 de l'oxygène pour produire en France et en Europe.
25:33 Sur tous ces sujets, nous avons mené les batailles essentielles.
25:36 -Une question sur la défense, au coeur de la problématique européenne.
25:39 Est-ce que vous seriez d'accord pour créer,
25:42 comme ça a été fait après le Covid, un emprunt mutualisé
25:45 entre tous les pays pour, justement,
25:48 renforcer la défense européenne et la créer,
25:51 surtout, cette défense européenne ? -La réponse est non.
25:54 On n'a pas besoin de cet emprunt. La réalité, c'est qu'aujourd'hui,
25:57 en fait, le grand défi, c'est de réussir d'abord
26:00 à mutualiser ce qui existe déjà, et notamment à créer
26:03 des coopérations beaucoup plus fortes en matière d'industrie de défense.
26:06 J'ai été rapporteur sur le Fonds européen de défense.
26:09 On a créé ce premier fonds commun qui permet de financer
26:12 des briques technologiques de l'investissement, de la recherche
26:15 et de la recherche pour les industriels de la défense.
26:18 Aujourd'hui, j'étais avec le général Gomart et Céline Himard
26:21 en déplacement à Nevers pour rencontrer une entreprise
26:24 qui fabrique des véhicules blindés pour nos armées
26:27 et qui bénéficie déjà de ce Fonds européen de défense.
26:30 Le fait est qu'aujourd'hui, dans le budget européen,
26:33 avec la décision et l'aval du gouvernement français,
26:36 ce fonds avait été réduit de 13 à 8 milliards d'euros.
26:39 C'est absurde, car on est loin de la réalité des enjeux,
26:42 mais on a pas besoin de créer de la dette pour réussir à être efficace.
26:46 Un Etat qui fait le plus de dettes en Europe
26:48 est sans doute l'un des moins inefficaces dans ses missions.
26:51 C'est la preuve que c'est pas parce qu'on emprunte qu'on est plus opérationnel.
26:55 -Merci, Ypréa. -Merci, Roselyne.
26:57 -On parlait de l'interview de ce matin sur France Inter.
27:01 Vous avez refusé de répondre.
27:03 Qui vous aviez voté en 2017 et en 2022 ?
27:06 -Je n'en peux plus. -Pourquoi ?
27:08 Vous êtes un personnage public.
27:10 Pourquoi vous voulez pas donner votre vote ?
27:12 -Je vous dis simplement que je crois, aujourd'hui,
27:15 que notre devoir, c'est de sortir les Français
27:18 de ce deuxième tour perpétuel de l'élection présidentielle.
27:21 Comme si on était condamné à choisir son camp entre Macron et Le Pen.
27:25 Je refuse ça. Je ne suis pas du camp de Mme Le Pen.
27:28 Je ne suis pas du camp de M. Macron,
27:30 qui est celui qui aura le plus fait monter Mme Le Pen
27:33 dans l'histoire politique.
27:35 -Vous n'êtes ni du camp Macron, ni du camp Le Pen.
27:38 -Je défends la droite française.
27:40 La droite peut exister aujourd'hui
27:42 sans être contrainte de se dissoudre
27:44 dans l'un ou l'autre de ses camps.
27:46 Nous, nous refusons cette espèce de logique permanente
27:49 à laquelle on a voulu imposer aux Français.
27:52 Je ne parlerai plus de ce sujet.
27:54 On n'est pas dans une élection présidentielle.
27:57 -Il y a un devoir de vérité vis-à-vis des Français
28:00 qui vont voter pour vous.
28:02 Il faut qu'ils sachent qui il y a derrière Xavier Bellamy.
28:05 -Mais ils savent tout de mes positions.
28:08 Ils savent tout des candidats que j'ai soutenus.
28:11 J'ai toujours été parfaitement clair.
28:13 On parlait de la clarté et de la cohérence.
28:16 C'est nous qui l'incarnons.
28:18 Pendant ce temps-là, le RN dit tout et le contraire de tout
28:21 sur tous les sujets.
28:23 Pendant ce temps-là, le macronisme a dissimulé
28:26 les contradictions les plus aberrantes.
28:28 Pardonnez-moi de me dire, mais je ne vais pas m'excuser.
28:31 Je défends mes idées et je refuse qu'on m'oblige
28:34 à rentrer dans une case du choix par défaut.
28:37 Vous avez une majorité de Français.
28:39 -Vous voulez pas dire que vous êtes absenue.
28:42 -Je vous le redis.
28:44 Est-ce que je vais devoir répéter plus longtemps
28:47 que je ne veux pas être obligé de configurer mon engagement
28:50 à partir d'un choix de deuxième tour ?
28:52 Ça n'a aucun sens.
28:54 Si vous voulez éviter que le RN ne gagne demain,
28:57 il faut refuser cette partition aberrante qu'on voudrait nous imposer.
29:01 C'est Emmanuel Macron.
29:03 Si vous voulez éviter que le RN ne gagne demain,
29:06 il faut qu'une droite se reconstruise qui soit fidèle à ses convictions,
29:10 qui soit constante, claire.
29:12 Si nous voulons sortir de la France du déclin auquel le macronisme
29:15 l'a condamné et éviter ces fausses solutions
29:18 que le RN ne cesse d'agiter en changeant sans cesse de discours,
29:21 nous avons le devoir de revenir à la réalité des enjeux
29:24 et à la réalité du clivage démocratique.
29:26 -François-Xavier Bellamy, si vous le voulez bien,
29:29 à nos cartes blanches, nos trois experts de l'Union européenne
29:32 qui vont venir nous rejoindre sur ce plateau.
29:34 Britta Sandberg du Spiegel qui vous interrogera
29:37 sur la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
29:40 Richard Verly de Blic qui a des questions pour vous
29:43 sur le déficit et nos voisins européens,
29:46 et puis Paolo Levi de Lanza.
29:48 Lanza, c'est l'AFP italienne qui va revenir sur l'IVG.
29:52 Bienvenue à vous trois.
29:54 Merci d'être là, chacun.
29:56 On va commencer avec vous, Britta Sandberg du Spiegel.
29:59 Vous voulez interpeller notre invité
30:01 sur la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
30:04 -Oui. J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit
30:07 concernant le soutien des Européens à l'Ukraine,
30:10 notamment aussi lors de votre meeting samedi.
30:13 On observe actuellement,
30:15 pendant une des crises les plus graves
30:17 depuis la Deuxième Guerre mondiale,
30:19 deux positions très contraires entre l'Allemagne et la France
30:23 qui concernent ce soutien et la manière de faire.
30:26 Si vous devez vous positionner
30:28 entre le chancelier Olaf Scholz et le président de la République,
30:33 votre place serait où, exactement ?
30:36 -J'ai de très nombreux désaccords avec le chancelier Scholz.
30:40 J'ai d'ailleurs eu l'occasion de l'exprimer face à face
30:44 dans l'hémicycle du Parlement européen.
30:47 -De mai l'année dernière. -Exactement.
30:50 Mais sur ce point, je crois qu'en réalité,
30:53 malheureusement, je ne peux pas donner raison
30:56 au président de la République.
30:58 En agitant la spéculation totalement irréaliste
31:01 d'un envoi de troupes au sol combattre en Ukraine face aux Russes,
31:05 le président de la République essaie de s'exonérer
31:08 de sa propre responsabilité et de ce qui est inavouable
31:11 dans la situation de la France.
31:13 La France est, d'après le Kiel Institute,
31:15 le 15e pays donateur à l'Ukraine
31:17 en matière de matériel, d'équipement, de moyens.
31:20 -Le Kiel Institute a corrigé ces chiffres.
31:23 Et puis l'Elysée, le gouvernement français,
31:26 dit aussi qu'une guerre ne se fait pas seulement
31:29 ou ne se gagne pas seulement avec des milliards.
31:32 -Bien sûr, mais elle se gagne avec des matériels,
31:35 avec des munitions. Ce que demandent les Ukrainiens,
31:38 ce ne sont pas des spéculations théoriques
31:41 sur l'arrivée de troupes au sol qui ne viendront jamais.
31:44 Les pays de l'OTAN ont très rapidement exprimé
31:47 qu'ils n'enverraient pas de troupes au sol en Ukraine.
31:50 D'ambiguïté stratégique, Emmanuel Macron a contraint
31:53 la plupart de ses alliés à sortir de l'ambiguïté.
31:56 -Si Vladimir Poutine arrive à Kiev,
31:58 il faudra peut-être envisager des troupes européennes
32:01 ou avec l'OTAN, non ?
32:03 -Le but, c'est qu'il n'arrive pas à Kiev.
32:05 Parlons de façon concrète.
32:07 Aujourd'hui, j'étais à 9h, je le disais tout à l'heure,
32:10 dans une entreprise française, une industrie
32:13 de véhicules blindés, dont certains sont rééquipés
32:16 pour être envoyés en Ukraine.
32:18 Aujourd'hui, cette usine, malgré l'incroyable engagement
32:22 de ceux qui y travaillent,
32:24 n'a pas vu son rythme augmenter en production,
32:28 en cadence, n'a pas vu du tout la différence
32:31 depuis le début de la guerre en Ukraine.
32:33 Elle fait le travail qu'on lui demande,
32:35 mais ce n'est pas de sa faute.
32:37 Ils se sont organisés pour pouvoir passer demain
32:40 à la fin de la guerre.
32:42 Je vous parle de sujets concrets,
32:44 mais l'Etat français n'a pas passé de commande pour cela.
32:47 Ils ont un seul contrat pour soutenir l'Ukraine
32:50 qui se termine dans quelques semaines.
32:52 Ils ne savent pas si ça va continuer.
32:54 -L'Etat français a prononcé cette volonté
32:56 d'augmenter la production des armes, des munitions.
32:59 -Il exprime, mais qu'est-ce qui se passe ?
33:01 -Il y a des entreprises qui font.
33:03 L'entreprise Nexter le fait déjà.
33:05 Ils ont augmenté leur production.
33:07 On ne va pas rentrer dans les détails techniques.
33:09 -Le Sommet européen s'est engagé à ça.
33:11 -C'est ça, la chose importante.
33:13 Ce ne sont pas des détails pour les militaires ukrainiens.
33:16 Quand on leur envoie des véhicules blindés,
33:19 c'est des vies qu'ils sauvent sur le terrain.
33:21 Ce n'est pas un détail pour les Ukrainiens.
33:23 -Je veux dire, dans la comptabilité des uns et des autres.
33:26 -Ce qu'on appelle l'économie de guerre,
33:28 c'est rentrer concrètement dans le fait d'offrir aux Ukrainiens
33:31 de mobiliser pour eux les moyens dont ils ont besoin.
33:34 -Est-ce qu'il n'y a pas eu un grand malentendu
33:37 concernant ce mot "troupe au sol" ?
33:39 Tout le monde a compris que c'est des forces de combat,
33:43 ce qui n'est peut-être pas du tout le cas.
33:46 D'ailleurs, après, l'Elysée a dit que ça peut être
33:50 pour assurer le maintien de matériel,
33:54 des frontières, de la formation, du déménage,
33:58 des choses comme ça.
34:00 L'Allemagne a répondu, le chancelier Scholz,
34:04 avec lequel vous n'étiez pas d'accord,
34:07 que de toute façon, ils n'enverraient pas des troupes
34:11 et qu'il n'y aura pas de troupes de l'OTAN,
34:14 que personne n'avait demandé ça.
34:16 Ce qu'on a vu ce week-end, après l'attentat de Moussou,
34:20 c'est quand même un Poutine qui vit dans son propre monde,
34:24 dans sa propre vérité, qui fabrique son propre monde,
34:27 sa propagande. Est-ce que face à quelqu'un comme ça,
34:30 c'est pas logique de répondre avec plus de force ?
34:34 Cette semaine, Lesch Bigel a publié un article
34:38 ayant comme titre "Si Macron avait raison".
34:41 Est-ce que ça ne vaut pas le coup de réfléchir
34:44 quelques minutes sur le fait, s'il ne peut pas avoir raison
34:48 dans ce qu'il a dit, avec cette ambiguïté stratégique,
34:51 ambiguïté stratégique, mot difficile pour une Allemande,
34:55 qu'il n'a pas inventée lui, mais qui est un principe
34:58 de la Ve République ?
35:00 -Il ne faut pas établir un rapport de force.
35:03 -L'ambiguïté stratégique, ça ne consiste pas à spéculer
35:06 sur ses propres positions, à disserter sur ses lignes rouges
35:09 pendant des heures à la télévision, ça consiste à faire
35:12 quelque chose qui puisse être de nature à dissuader l'adversaire.
35:16 -L'ambiguïté stratégique, c'est de ne pas dire,
35:19 ne pas définir ce qu'on va faire.
35:21 -Vous voyez bien à quel point le président de la République...
35:24 -Le président de la République s'est engagé dans une spirale
35:27 de déclarations et de commentaires de ses propres déclarations
35:30 qui ne correspondent pas à l'ambiguïté stratégique.
35:33 Le point le plus important, pendant plusieurs décennies
35:36 de guerre froide, où l'URSS était en conflit
35:39 d'une manière beaucoup plus directe avec le monde occidental,
35:42 que la Russie ne l'est aujourd'hui à travers l'agression de l'Ukraine,
35:46 d'une manière beaucoup plus menaçante,
35:48 pendant des décennies de guerre froide,
35:50 il n'y a jamais eu de contact direct
35:53 entre des troupes de l'OTAN et les troupes soviétiques.
35:57 Pour une raison très simple, c'est que nous vivons dans un monde
36:01 qui est gouverné aujourd'hui par la grammaire de la dissuasion nucléaire
36:05 et que vous ne pouvez pas imaginer sérieusement
36:07 que demain, il y ait une confrontation directe
36:10 entre des troupes au sol qui combattent,
36:12 parce que c'est de ça qu'on parle.
36:14 L'idée qu'on va envoyer des conseillers militaires...
36:17 Le chancelier Scholl a fait l'immense erreur, et même la faute,
36:20 c'est la réalité de la présence de militaires de nos pays britanniques,
36:24 et français, sur le sol ukrainien.
36:27 Mais ce n'est pas de ça qu'on parle.
36:29 Si l'idée, c'est d'envoyer des militaires
36:31 pour aller faire du conseil, de l'appui, du renseignement,
36:34 évidemment, ce n'est pas ça qui constitue une grande nouvelle
36:37 dans la déclaration du président de la République.
36:39 -Comment vous savez de quoi on parle ?
36:41 -Parce que c'était l'intention du président de la République...
36:44 -L'intention, c'était de ne pas exactement définir...
36:47 -Mais dans ce cas-là, pourquoi l'avoir dit ?
36:49 -L'ambiguïté stratégique, je le dis.
36:51 -La vérité de cette affaire, elle est très simple,
36:54 et tout le monde la connaît.
36:56 La France n'est pas au rendez-vous de ses engagements
36:59 pour délivrer aux Ukrainiens les matériels, les équipements,
37:02 les munitions dont ils ont besoin.
37:04 La France est le deuxième pays exportateur au monde
37:07 en matière d'industrie de défense.
37:09 Et à côté de la première armée d'Europe
37:11 et du deuxième exportateur au monde dans l'industrie de défense,
37:14 on a aujourd'hui des résultats qui sont...
37:16 J'espère que si on était aux responsabilités,
37:19 l'usine que j'ai visitée aujourd'hui tournerait au 3-8.
37:22 Et pas seulement pour frônir les Ukrainiens,
37:24 mais aussi parce que devant la menace actuelle,
37:26 on doit renforcer nos forces armées françaises,
37:28 et qu'aujourd'hui, on alignerait sur le terrain.
37:30 C'est ça aussi la vérité des enjeux,
37:32 c'est qu'on s'est fait écarter, malheureusement,
37:35 malgré le dévouement incroyable des militaires français,
37:38 on s'est fait écarter même du Mali, même du Niger,
37:41 qui croient que des forces armées incapables
37:43 de tenir sur le terrain en Afrique
37:45 vont aller demain défier la Russie de Vladimir Poutine.
37:47 Ça n'a aucun sens.
37:48 Les Ukrainiens ont besoin de matériel et de soutien concret.
37:51 Et Emmanuel Macron fait ça pour deux raisons.
37:53 D'abord, parce qu'il ne veut pas subir les procès en inefficacité
37:56 qui lui sont légitimement intentés par nos voisins européens,
37:59 je le vois tous les jours au Parlement européen.
38:01 Et deuxièmement, parce qu'il a envie de ressusciter
38:03 le clivage qu'il arrange avec Mme Le Pen,
38:05 et qu'il a trouvé dans l'Ukraine, un prétexte très arrangeant...
38:08 -Qui fait de la politique politicienne, si vous le dites.
38:11 -Sur le dos des Ukrainiens...
38:13 -C'est une citation dangereuse.
38:15 -Richard Verlis, vous vouliez intervenir ?
38:17 -Question stratégique et au-delà.
38:19 Vous avez abordé la dissuasion nucléaire.
38:21 Un point très simple.
38:23 Il y a eu quand même des exposés
38:25 sur l'idée de la dissuasion nucléaire française
38:28 mise au service de l'Europe.
38:30 Est-ce qu'on européaniserait la dissuasion nucléaire française ?
38:33 Ça vous parle ou ça ne vous parle pas du tout ?
38:35 -Aujourd'hui, la dissuasion nucléaire française,
38:37 dans sa doctrine, qui ne se dit pas justement
38:40 parce que c'est ça, l'ambiguïté stratégique,
38:43 dans sa doctrine, ce que l'on sait seulement,
38:45 c'est que depuis des années maintenant,
38:47 depuis des expressions déjà empruntées par Nicolas Sarkozy,
38:51 la dissuasion nucléaire inclut des intérêts européens
38:56 au titre des intérêts vitaux de la France.
38:59 Donc, on sait que dans la prise en compte
39:01 de ce travail de la dissuasion française,
39:04 il y a déjà la dimension européenne.
39:06 Maintenant, on ne peut pas européaniser
39:08 la décision d'engager le feu nucléaire
39:10 pour des raisons très simples.
39:12 Nos amis allemands, nous en parlons régulièrement
39:14 au Parlement européen, ont des institutions
39:16 qui sont très différentes des nôtres.
39:18 Pour que les armées allemandes interviennent sur le terrain,
39:21 il faut que le Parlement soit réuni,
39:23 qu'il donne un mandat pour cela,
39:25 que ce mandat précise explicitement
39:27 les conditions d'ouverture du feu,
39:29 et on comprend très bien pourquoi,
39:31 par nos cultures politiques respectives,
39:33 nous arrivons à des systèmes institutionnels
39:35 qui sont très distincts les uns des autres.
39:37 Le nucléaire civil, de ce point de vue-là,
39:39 a toujours été un élément qui distingue nos pays,
39:41 parce que derrière le nucléaire,
39:43 il y a un autre schéma institutionnel,
39:45 il y a une autre manière de concevoir
39:47 l'organisation de nos démocraties respectives,
39:49 et donc il y a aussi un autre rapport
39:51 à la question de la sécurité et à la question de l'organisation.
39:54 - Richard Verlis, on va...
39:56 - Vous n'êtes pas d'accord pour être plusieurs, appuyé sur le bouton ?
39:58 - En fait, ça ne serait tout simplement pas possible,
40:00 parce que ça veut dire que le chancelier va devoir réunir
40:02 le Parlement allemand pour décider du moment
40:04 où on ouvrira le feu nucléaire. - Donc, on a compris.
40:06 - Et la rééducation nucléaire, c'est la cinquième République
40:08 qu'on doit au général de Gaulle. - C'est pas possible.
40:10 - Il faut le président de la République élu au suffrage universel,
40:12 avec la légitimité très forte que donne cette élection,
40:14 qui est complètement différente et qui donne au président de la République
40:16 un statut complètement différent de celui d'un chancelier allemand.
40:19 Je ne dis pas qu'il y a un système qui est mieux et l'autre moins bien,
40:21 c'est juste ça qui fait la beauté de l'Europe,
40:23 c'est cette diversité. - C'est cette diversité.
40:25 Richard Verlis, vous, vous vouliez interroger
40:27 particulièrement notre invité sur l'argent,
40:30 parce que c'est toujours le nerf de la guerre, bien sûr.
40:32 Britanne n'a pas voulu aborder l'orthodoxie allemande,
40:36 donc c'est vous, Richard, qui allez vous y coller.
40:39 Alors, on voit bien la difficulté qu'il y a avec les pays européens
40:42 à rentrer dans ces fameux critères de Maastricht.
40:44 Alors, est-ce qu'ils ont un avenir en Europe ?
40:46 - Oui, voilà. Alors, moi, je voulais vous interroger
40:48 un peu avec une calculette. Et il y a deux sujets,
40:50 aujourd'hui, qui sont sur la table.
40:52 Le premier, alors, vous l'avez un peu évoqué
40:54 au tout début de l'émission, puisqu'il y aura cette annonce
40:56 du déficit français, c'est effectivement les critères de Maastricht
40:58 qui remontent, je le rappelle, à 1992.
41:00 C'est quand même très ancien.
41:02 C'était 10 ans avant la création de l'euro.
41:04 C'était pour permettre la création de l'euro.
41:06 Et d'ailleurs, ces critères, ce sont des critères de convergence.
41:09 L'idée était d'amener les économies européennes à converger ensemble.
41:12 Qu'est-ce que vous en pensez ?
41:14 Ils sont toujours valables, ces critères,
41:16 ou il faut maintenant vraiment les abandonner
41:18 parce que la situation a changé ?
41:20 Je rappelle ce que c'est, c'est-à-dire, en gros,
41:22 maximum de 3% du déficit et une dette publique
41:24 qui ne devrait pas excéder les 60% du PIB.
41:26 La France, aujourd'hui, est environ à 110%.
41:28 Il faut peut-être réfléchir à la manière de penser ces critères,
41:32 mais la convergence, elle, est toujours nécessaire.
41:34 Parce que vous ne pouvez pas imaginer une zone euro
41:37 avec une monnaie unique, avec un marché unique,
41:40 et pourtant, cette divergence de plus en plus inquiétante
41:43 entre nos modèles économiques, nos modèles sociaux.
41:46 Je crois qu'au fond, le problème, aujourd'hui,
41:49 c'est que le décrochage français devient un problème pour l'Europe.
41:53 Et moi, je voudrais dire à mes amis français...
41:55 Seulement le décrochage français,
41:57 parce que d'autres pays ont aussi décroché.
41:59 Je me tourne un peu vers Paolo.
42:00 Nous, on a fait des efforts incroyables, aujourd'hui.
42:02 On est en sous-attaque.
42:03 Nous, on a fait beaucoup plus d'efforts que la France.
42:05 Alors seulement, il n'y a que la France qui décroche.
42:07 Non, non, sur ça, parce que les Italiens se sont mis,
42:09 serrés la ceinture...
42:10 Et vous partiez de très, très loin, en Italie.
42:12 On a fait des efforts, les Italiens, ils ont fait un effort,
42:15 mais exemplaire, et aujourd'hui, nous avons redressé
42:18 nos finances publiques et on est en dessous de la barre.
42:20 C'est le meilleur avocat de l'Italie.
42:22 François-Xavier Béleny.
42:23 Mais vous avez parfaitement raison.
42:25 Et ça n'est pas seulement, d'ailleurs, la question du déficit budgétaire,
42:28 mais c'est aussi, derrière les réformes nécessaires
42:30 pour qu'un pays puisse retrouver son dynamisme,
42:32 c'est aussi la question du déficit commercial.
42:34 Aujourd'hui, l'Italie a une capacité de production industrielle
42:38 qui est plus importante que la France, comparativement à son PIB.
42:42 On voit que la Grèce a traversé des efforts immenses.
42:45 Aujourd'hui, la Grèce a un déficit à 0,6 % de son PIB.
42:48 Donc, la France est en train de décrocher en Europe.
42:50 Et le problème, c'est que ce décrochage
42:52 entache gravement la crédibilité du pays,
42:54 mais fragilise aussi tout l'équilibre européen.
42:57 Et moi, je dis à mes amis français,
42:59 j'ai été, évidemment, tout à fait capable,
43:01 quand j'ai eu l'occasion de rencontrer le chancelier Scholz,
43:04 de lui dire ce qui, je crois, est de la responsabilité de l'Allemagne
43:07 dans les déséquilibres européens aujourd'hui.
43:09 Je pense qu'il faut le mettre sur la table d'une manière paisible et loyale.
43:12 Mais nous avons une immense responsabilité, nous, Français,
43:15 dans ce déséquilibre actuel,
43:17 parce qu'effectivement, la trajectoire de notre pays,
43:19 c'est celle d'un passager clandestin
43:21 qui bénéficie de la stabilité de l'Europe
43:23 pour ne faire aucune des réformes qui lui seraient nécessaires.
43:25 Donc, les critères, c'est quand même utile.
43:27 C'est quand même utile d'avoir un pension,
43:29 c'est quand même utile d'avoir une armature.
43:31 Il faut réfléchir à la manière d'ajuster ces critères
43:33 aux besoins d'investissement conséquents.
43:35 Donc, ça veut dire quoi ? Sortir les investissements,
43:37 par exemple, pour la transition énergétique,
43:39 transition écologique ? Il faudrait les sortir du déficit ?
43:42 Ce débat, il est sur la table aujourd'hui.
43:44 On y travaille au Parlement européen,
43:46 parce qu'on a une révision du pacte de stabilité
43:48 et moi, je pense simplement que le principal,
43:50 c'est de retrouver les moyens de la convergence.
43:52 Et le grand problème, c'est qu'aujourd'hui,
43:54 en France, le gouvernement ne fait rien
43:56 pour tenir cet engagement.
43:58 Rien.
44:00 Et quand on dit rien, aujourd'hui,
44:02 c'est d'une certaine façon,
44:04 avec la découverte du dérapage du déficit français,
44:06 c'est presque pire que rien.
44:08 L'Espagne vient d'annoncer
44:10 qu'elle allait faire mieux que ses prévisions
44:12 de déficit prévu. - 3,7 %.
44:14 - 3,7 au lieu de 3,9. - Avec une croissance
44:16 de 2,5 %. - Pire ! 4,6
44:18 avec un décrochage.
44:20 - Revenons sur cette question des emprunts,
44:22 mais non pas les emprunts français,
44:24 les emprunts mutualisés au niveau européen.
44:26 Il y a cette proposition, le Financial Times
44:28 titrait récemment dessus, des euro-bonds,
44:30 des euro-obligations pour financer
44:32 l'industrie de défense. Vous y êtes favorable ?
44:34 - Non, je le redis, je le disais
44:36 à l'instant, je crois qu'on n'a pas besoin
44:38 d'emprunter plus pour financer bien.
44:40 Et encore une fois, il suffit de regarder
44:42 la situation de la France. - L'entreprise
44:44 serait peut-être contente d'avoir plus de commandes.
44:46 - Mais elle peut avoir plus de moyens sans
44:48 qu'on crée plus d'emprunts. C'est ça, le point
44:50 important. On a déjà, quand même, regardons
44:52 les choses sérieusement, regardons les choses pour la génération
44:54 future, regardons les choses pour l'équilibre
44:56 économique du continent européen.
44:58 Le plus important aujourd'hui, c'est de réussir
45:00 à tenir déjà la dette
45:02 que nous avons dans nos mains. Le plus
45:04 important, c'est de réussir à ne pas déstabiliser
45:06 avec le poids énorme de ces
45:08 emprunts déjà accumulés, ne pas déstabiliser
45:10 nos économies et nos finances publiques.
45:12 - Vous assumez d'être frugal, en quelque sorte,
45:14 au niveau européen. - François-Xavier
45:16 Bellamy, vous vous rendez compte
45:18 des avantages que
45:20 cette mutualisation au niveau
45:22 de la défense représenterait aussi d'un point
45:24 de vue des économies d'échelle
45:26 dans notre industrie de l'armée européenne ?
45:28 Parce qu'aujourd'hui, on produit
45:30 les mêmes choses en France, en Italie,
45:32 en Allemagne, en Espagne, on fait des
45:34 doublots, ça nous fait gaspiller énormément
45:36 d'argent. - Je suis totalement d'accord. - C'est quand même des emprunts
45:38 européens communs. - Mais pas nécessairement
45:40 des emprunts, c'est un autre débat. J'étais rapporteur
45:42 du Fonds européen de défense, donc je milite
45:44 évidemment le premier pour qu'on
45:46 puisse converger en termes d'industrie de défense.
45:48 Je le disais à l'instant, donc vous prêchez
45:50 à un convaincu, bien sûr que c'est complètement
45:52 absurde qu'on n'ait pas plus de coopération
45:54 européenne en matière d'industrie de défense. Et bien sûr,
45:56 permettez-moi de le dire aussi, d'une manière aussi
45:58 très franche, que c'est absurde qu'on
46:00 n'ait pas plus de solidarité européenne
46:02 en matière d'industrie de défense. - Cette défense européenne, elle peut se
46:04 construire avec ces euros de monde ? - Parce que quand je vois des Etats européens
46:06 qui investissent massivement pour acheter des matériels
46:08 américains, des matériels coréens,
46:10 des matériels turcs, je me dis
46:12 qu'on a aussi beaucoup de chemin à faire
46:14 pour faire en sorte qu'effectivement, on pense
46:16 européen quand il s'agit de renforcer...
46:18 - Qu'est-ce que vous proposez ? C'est une réproche que vous faites
46:20 par rapport à l'Allemagne, avec cette
46:22 Sky Shield
46:24 initiative, où les Allemands
46:26 ont acheté avec les Etats-Unis... - 40 milliards de F-35.
46:28 - Oui, voilà, des armes
46:30 des Etats-Unis. Mais s'il faut
46:32 quelque chose, ici et maintenant,
46:34 et que ce n'est pas disponible
46:36 sur le marché européen, et qu'il faut,
46:38 par exemple, aider... - Il y a d'excellents
46:40 avions de combat sur le marché européen. - Oui, mais l'initiative
46:42 tchèque de l'amunition pour l'Ukraine
46:44 est pareil. C'est acheter...
46:46 La France s'est longtemps opposée à ça.
46:48 - La République tchèque avait raison, sur ce point.
46:50 - Voilà. Pour livrer...
46:52 Donc, soit on a une urgence...
46:54 Est-ce qu'il n'y a pas
46:56 la possibilité d'une double stratégie ?
46:58 C'est-à-dire acheter ce qu'il faut maintenant
47:00 pour régler une situation d'urgence,
47:02 et puis, ensuite, reconstruire
47:04 une industrie de défense européenne
47:06 et de munitions. - Bien sûr. Mais on sait
47:08 que ce n'est pas l'urgence qui fait que les Européens
47:10 n'achètent pas européen. - Les Allemands...
47:12 L'argument de notre
47:14 ministre de défense, c'était
47:16 "Il faut que j'achète ce qui est
47:18 disponible, il faut que j'achète sur l'étagère."
47:20 - Mais c'est un argument,
47:22 pardon, pour le coup, qui me semble inexact.
47:24 Autant la République tchèque avait raison
47:26 de dire qu'il fallait acheter les munitions
47:28 disponibles partout pour pouvoir répondre
47:30 aux besoins de l'Ukraine aujourd'hui.
47:32 C'est évidemment indispensable.
47:34 Autant, si on veut équiper
47:36 un pays d'avions de combat européen
47:38 aujourd'hui, c'est possible.
47:40 Et c'est possible dans des délais qui ne sont pas plus longs
47:42 que ceux de la livraison des F-35 qui seront livrés bientôt.
47:44 Tout le monde sait très bien pourquoi
47:46 l'Allemagne met la moitié de son effort
47:48 de remilitarisation dans le F-35
47:50 américain. Tout le monde le sait.
47:52 C'est parce qu'en réalité, l'Allemagne, depuis longtemps,
47:54 a choisi de se placer,
47:56 comme la plupart de nos amis européens,
47:58 sous le bouclier des Etats-Unis
48:00 et de l'OTAN, et que les Etats-Unis
48:02 exercent une pression très déterminée
48:04 pour que les Européens
48:06 achètent massivement dans l'industrie
48:08 américaine. Donc on est dans une logique
48:10 de clientélisme et de dépendance.
48:12 On a choisi d'être les vassaux des Etats-Unis
48:14 d'Amérique, et cette logique de dépendance,
48:16 elle nous joue des tours aujourd'hui.
48:18 Quand nous entendons les candidats
48:20 à l'élection présidentielle américaine,
48:22 Donald Trump, d'une manière très brutale,
48:24 mais Joe Biden ne dit pas autre chose,
48:26 d'une manière beaucoup plus polie,
48:28 nous les entendons dire "nous ne voulons plus
48:30 assurer la sécurité des Européens".
48:32 Et alors là, d'un seul coup, on se retrouve effectivement
48:34 très démunis. Donc il faut qu'on assure
48:36 notre sécurité. Ce que je dis, c'est que ça n'est pas
48:38 qu'il ne faut pas investir plus. Nous, nous proposons
48:40 avec Les Républicains de tripler le montant
48:42 du Fonds européen de défense et de réserver le Fond européen
48:44 de défense à des entreprises européennes.
48:46 Nous proposons que tous les Etats européens s'engagent
48:48 à mettre 3 % de leur PIB dans leur défense.
48:50 Et ça, pour le coup, c'est des sujets très concrets.
48:52 - Donc on a pas besoin, sans s'en déter,
48:54 alors qu'on a déjà pas les moyens.
48:56 C'est compliqué. - Mais, François-Xavier Bellamy,
48:58 en 2020, on a eu une expérience extraordinaire en Italie.
49:00 Depuis, on en parle chaque jour en France un peu moins.
49:02 C'est le plan de relance européen,
49:04 le "Next Generation New". Pour la première fois,
49:06 au niveau des 27, on a introduit une forme
49:08 de fraternité européenne, une forme
49:10 de mutualisation de la dette pour répondre ensemble
49:12 à la crise, qui était la crise sanitaire,
49:14 économique, qu'on a bien connue, avec
49:16 une manne de 750 milliards
49:18 d'euros qui a permis à nos pays
49:20 la relance. Pourquoi ne pas
49:22 adopter cette même recette,
49:24 ce même principe, pour
49:26 bâtir ensemble une défense européenne
49:28 commune ? Ce serait pas le moyen
49:30 le plus fort, le plus efficace,
49:32 même d'un point de vue symbolique, l'Europe qui
49:34 enfin devient fraternelle ?
49:36 - On sent toute votre foule, Paul-Olivier !
49:38 - François-Xavier Bellamy... - Fraternelle. Vous parlez de fraternité.
49:40 C'est très intéressant. Moi, je pense que c'est une fausse fraternité.
49:42 Et vous savez pourquoi ? Parce que les
49:44 Européens sont peut-être frères, et ils le sont,
49:46 mais ils sont aussi parents et grands-parents.
49:48 Et le problème de "Next Generation New",
49:50 c'était un moment extraordinaire,
49:52 magnifique, d'un seul coup, 750 milliards
49:54 qui tombent du ciel. Mais comment on les rembourse ?
49:56 Comment on rembourse cette dette ?
49:58 Personne, autour de la table du Conseil
50:00 ou les chefs d'Etat siégés, personne n'a dit
50:02 comment elles seraient remboursées. Et maintenant, on voit arriver
50:04 la date de 2028 avec un peu d'inquiétude,
50:06 parce qu'on a les échéances de l'emprunt qui vont
50:08 commencer en 2028, et personne ne s'est mis
50:10 d'accord sur comment on les rembourse. Alors, on fait quoi ?
50:12 On demande plus aux Etats pour financer
50:14 cette empreinte ? Ou alors, on va tailler
50:16 dans les politiques structurelles de l'Union Européenne ?
50:18 La dette, vous savez, c'est pas une fiction,
50:20 c'est pas de l'argent magique, ça tombe pas du ciel.
50:22 Et donc, à la fin, on peut se payer le luxe
50:24 de belles mises en scène d'une
50:26 fraternité symbolique, mais si c'est pour trahir
50:28 nos enfants et nos petits-enfants, je pense qu'on n'ira rien gagner.
50:30 - On voit que c'est un sujet qui fait parler un peu toute l'Europe.
50:32 - Mais c'est vrai, parce que si on dit
50:34 "demain, on fait cette empreinte pour la défense",
50:36 mais alors qu'est-ce qu'on fait pour la santé ?
50:38 Qu'est-ce qu'on fait pour l'écologie ?
50:40 - Ca nous emmène après sur tous les sujets.
50:42 - Donc en fait, en réalité, on rentre dans
50:44 cette spirale de la dette permanente, comme s'il suffisait
50:46 d'emprunter pour montrer qu'on est à la hauteur des enjeux.
50:48 - On a bien compris votre position, François-Xavier Bélème.
50:50 - Mais c'est pas vrai du tout. Le vrai sujet, c'est de trouver les moyens
50:52 de financer ces priorités, et pas d'emprunter
50:54 à nos enfants ce qui est nécessaire
50:56 pour notre consommation de l'eau. - Paolo Lévy, il vous reste
50:58 un peu plus de 5 minutes, à peine, pour
51:00 parler d'un sujet important qui est
51:02 l'IVG. - Oui, plus sociétal,
51:04 pour changer un petit peu.
51:06 En France,
51:08 on a constitutionnalisé
51:10 le droit à l'IVG, très récemment.
51:12 C'est l'unique pays, je pense,
51:14 au monde qui a adopté
51:16 une telle démarche au niveau de la
51:18 carte fondamentale.
51:20 En Italie, nous avons un
51:22 droit à l'IVG qui,
51:24 avec l'avènement de
51:26 Giorgia Meloni, issu de l'extrême droite
51:28 au pouvoir, retrécit jour
51:30 après jour. Il y a de plus en plus d'objecteurs
51:32 de conscience parmi les médecins. Il est
51:34 toujours plus difficile de recourir
51:36 à l'interruption volontaire
51:38 de grossesse, y compris dans
51:40 les grandes villes.
51:42 Le grand débat, aujourd'hui,
51:44 on se pose la question
51:46 si c'est le cas,
51:48 disons, d'avoir un IVG
51:50 garanti au niveau du continent
51:52 tout entier, donc une garantie à
51:54 l'IVG au niveau européen. Êtes-vous
51:56 d'accord ou pas avec
51:58 une telle perspective ? - Ça
52:00 n'arrivera pas. Parce que
52:02 l'Union européenne, ce sont
52:04 des traités qui donnent à des
52:06 institutions des compétences qu'elles
52:08 ont ou qu'elles n'ont pas. Et ces compétences,
52:10 elles se construisent autour de la
52:12 valeur ajoutée qu'il y a à trancher un sujet
52:14 en Europe plutôt que dans nos démocraties
52:16 nationales. Vous avez rappelé le débat qu'on a eu
52:18 en France sur la constitutionnalisation de l'IVG.
52:20 C'est un débat français.
52:22 Il a eu lieu dans la démocratie française.
52:24 - Oui, mais maintenant, Emmanuel Macron veut inscrire
52:26 dans la charte des droits fondamentaux pour qu'il y ait une reconnaissance
52:28 européenne. - Vous voulez que je vous dise ?
52:30 Emmanuel Macron, il veut juste lancer un nouveau débat.
52:32 Il fait ce qu'il sait faire de mieux,
52:34 c'est-à-dire créer
52:36 l'excitation autour d'un sujet
52:38 qui va susciter des polémiques,
52:40 des discussions comme nous, maintenant. Vous disiez
52:42 "tout le monde parle de ça". Moi, je ne suis pas sûr que tout le monde en parle.
52:44 Je pense que les citoyens, ils attendent
52:46 de l'Europe qu'elle soit au rendez-vous sur les sujets
52:48 où elle peut être le plus utile. Sur la défense,
52:50 on en parlait à l'instant, sur la transition environnementale,
52:52 sur la question de la protection de notre continent. - On est quand même le premier pays à l'avoir
52:54 fait en Europe en constitutionnalisant
52:56 l'IVG. - Oui, mais c'est une décision de
52:58 notre vie démocratique nationale. - Mais on a été
53:00 regardé par tous les autres pays européens. Vous ne pouvez pas
53:02 dire que c'est juste un débat comme un autre.
53:04 C'est quand même un débat important. - C'est un débat important,
53:06 mais c'est un débat très important, mais qui touche à notre
53:08 vie démocratique. Je dis qu'Emmanuel Macron lance
53:10 dans le débat européen quelque chose
53:12 qui est de toute évidence,
53:14 et il le sait très bien,
53:16 n'est pas susceptible d'être un jour
53:18 concrétisé. Le vrai combat du féminisme
53:20 au plan européen, il se joue dans le fait que l'Europe
53:22 doit être au rendez-vous
53:24 de sa responsabilité sur les sujets
53:26 qui la concernent. La lutte contre
53:28 la criminalité transfrontalière, par exemple.
53:30 Et pourquoi le gouvernement français a-t-il été
53:32 de ceux qui, contre la bataille que nous avons menée
53:34 avec Nathalie Collin-Osterlé
53:36 dans ma délégation, a refusé
53:38 de définir le viol
53:40 comme un crime,
53:42 comme une violence faite aux femmes ?
53:44 On a une directive européenne qui réprime
53:46 les violences faites aux femmes et qui permet
53:48 aux forces européennes d'avoir une coopération
53:50 pour réprimer ces violences.
53:52 Le gouvernement français a été
53:54 dans une opposition
53:56 déterminée jusqu'au bout contre
53:58 l'idée que le viol
54:00 devait faire partie de cette directive.
54:02 C'est un combat féministe.
54:04 -Elle va faire entrer le consentement dans la définition du viol.
54:06 -Ce qui est tout à fait frappant,
54:08 c'est que moi, je n'étais pas
54:10 nécessairement un partisan de la notion
54:12 ou non de consentement, je ne suis pas juriste.
54:14 Je disais que si le gouvernement français avait une autre définition
54:16 à proposer du viol, il fallait qu'il propose
54:18 une définition alternative. Mais pourquoi
54:20 refuser que les Européens se dotent
54:22 d'une définition commune qui leur permette
54:24 de poursuivre ensemble ceux qui se sont
54:26 rendus coupables de ce crime ?
54:28 -Vous, si on revient sur l'IVG,
54:30 sur la constitutionnalisation de l'IVG,
54:32 vous auriez voté quoi ?
54:34 -C'est pas un sujet européen,
54:36 on est dans une émission européenne,
54:38 on parle des sujets européens.
54:40 -C'est un sujet au Congrès.
54:42 C'est assez rare en France, assemblée, Sénat.
54:44 Vous auriez voté quoi, vous ?
54:46 -J'ai une question très simple à poser.
54:48 Qu'est-ce que cette réforme a changé
54:50 dans la vie ? -Vous ne voulez jamais
54:52 donner votre vote, je remarque.
54:54 -Vous voulez dire ce que vous votez.
54:56 -J'ai fait des milliers de votes au Parlement européen.
54:58 Vous l'avez fait, d'ailleurs, et c'est très bien.
55:00 C'est très important de regarder pourquoi nous avons voté.
55:02 -Mais l'IVG, vous ne voulez pas le dire.
55:04 -Je ne suis pas député ni sénateur.
55:06 Je pose juste cette question simple.
55:08 Qu'est-ce que cette réforme change
55:10 dans la vie d'une seule femme en France ?
55:12 -Vous ne croyez pas qu'elle garantit
55:14 une forme d'émancipation des femmes,
55:16 de la liberté des femmes à disposer
55:18 de leur corps ? -Le droit à l'IVG,
55:20 en France, il n'est menacé par personne,
55:22 par aucune force politique.
55:24 -Il est menacé en Pologne,
55:26 il est menacé aux Etats-Unis.
55:28 -Justement, nous ne sommes pas un Etat supplémentaire
55:30 des Etats-Unis d'Amérique. Nous sommes la France.
55:32 Et nous avons une vie politique française.
55:34 Et ce travail politique français,
55:36 je crois, il est attendu par les Français
55:38 sur des questions qui inquiètent les Français.
55:40 -Si ça n'enlève pas de droits... -Je ne crois pas
55:42 aujourd'hui que ce qui inquiète le plus
55:44 les Français et ce qui inquiète le plus
55:46 les Françaises, ce soit une remise en cause
55:48 de l'IVG dans notre pays. -Vous ne l'auriez pas voté.
55:50 -Si il y avait une réforme de la Constitution à mener,
55:52 elle intéresse beaucoup plus les Français
55:54 quand il s'agit de renforcer l'Etat sur les sujets migratoires,
55:56 quand il s'agit de faire en sorte que, demain,
55:58 nous soyons capables de sortir de l'impuissance
56:00 publique à maîtriser nos frontières.
56:02 Et là, curieusement, comme c'est étrange,
56:04 le gouvernement ne veut pas
56:06 entendre parler d'une réforme de la Constitution.
56:08 Là, quand nous proposons avec les parlementaires
56:10 et les républicains un référendum d'initiative populaire
56:12 pour pouvoir justement
56:14 faire en sorte que cette réforme constitutionnelle
56:16 soit rendue possible... -Il y en aura peut-être
56:18 des conseils d'Etat de votre côté.
56:20 -Là, le gouvernement fait tout pour empêcher
56:22 qu'on rende la parole aux Français.
56:24 -Sur la question migratoire, l'Italie a été laissée
56:26 très seule pendant des années faire face
56:28 en première ligne avec la Grèce et l'Espagne
56:30 à cette question.
56:32 Si vous étiez en responsabilité,
56:34 quelle est votre recette ?
56:36 Une recette plutôt de repli national,
56:38 comme Éric Chottier a proposé
56:40 dans les Alpes-Maritimes,
56:42 ou une réponse...
56:44 -Non, au contraire, nous, nous croyons
56:46 à une solidarité européenne très courte.
56:48 Mais cette solidarité ne doit pas vouloir dire
56:50 "relocalisation des migrants",
56:52 parce que sinon, en réalité, on ne fera qu'aggraver
56:54 la situation des pays de première entrée.
56:56 Solidarité, ça doit vouloir dire travailler ensemble
56:58 à la protection de notre frontière.
57:00 -On ne peut pas ouvrir un nouveau débat
57:02 puisque cette émission est terminée.
57:04 Merci, François-Xavier Bellamy, d'avoir été avec nous dans l'Europe,
57:06 c'est nous. Merci, Brita, Richard et Paolo
57:08 de m'avoir aussi accompagnée
57:10 pendant cette heure, et Yves Tréhard
57:12 qui était avec nous il y a quelques instants.
57:14 Merci à vous tous de nous avoir suivis,
57:16 et je vous donne rendez-vous le 8 avril
57:18 pour un nouveau Europe, c'est nous.
57:20 (Générique)
57:36 [SILENCE]

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