5.5 % du Produit intérieur brut : c'est le montant officiel du déficit public de la France l'an dernier, soit 154 milliards d'euros au total selon l'Insee. C'est loin des 4.9 % initialement prévus par le gouvernement. Comment l'expliquer ? Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire était sur RTL ce matin, et il a tenté de justifié ce dérapage des finances publiques. Si on comprend bien c'est la faute de l'inflation. Est-ce vrai ou cette inflation sert-elle de bouc émissaire ? Eléments de réponses avec Martial You, du service économique de RTL.
Ecoutez Les personnalités incontournables au cœur de l'actualité répondent aux questions des journalistes de RTL. avec Eric Brunet et Céline Landreau du 26 mars 2024
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00:00 Céline Landreau, Eric Brunet, RTL midi.
00:04 5,5% du produit intérieur brut, c'est le montant officiel du déficit public de la France l'année dernière.
00:13 Et ça représente 154 milliards d'euros au total selon l'INSEE de déficit.
00:19 C'est loin, loin des 4,9% initialement prévus par le gouvernement.
00:22 Alors comment l'expliquer ?
00:24 Le ministre de l'économie Bruno Le Maire était sur RTL ce matin et il a tenté de justifier ce dérapage des finances publiques.
00:30 Il y a eu moins de recettes que prévu.
00:33 Et effectivement, ce que nous avions peut-être sous-estimé, c'est que le fait que l'inflation baisse plus vite que ce à quoi nous étions attendus,
00:40 ça fait moins de recettes de TVA, ça fait moins de masse salariale, donc moins de recettes aussi sur la masse salariale,
00:46 moins d'impôts sur le revenu, moins d'impôts sur les sociétés.
00:50 La perte de recettes fiscales au total, elle est de 21 milliards d'euros.
00:53 Bruno Le Maire avec Amandine Bégaud ce matin sur RTL.
00:56 Bonjour Marcialio.
00:57 Bonjour.
00:58 Si on comprend bien, c'est la faute à l'inflation, c'est vrai ?
01:00 Ou elle sert de bouc émissaire là ?
01:02 C'est assez étonnant quand même comme argument, je ne vous le cache pas.
01:05 D'abord, parce qu'on parle de 2023, et en 2023 l'inflation sur l'année s'est établie à quasiment 5%,
01:11 donc elle n'avait pas vraiment baissé.
01:13 C'est même en 2023 qu'on a connu, vous vous rappelez, le fameux "mars rouge"
01:17 avec une hausse des produits alimentaires de 15 à 20% par rapport à l'année précédente.
01:21 Donc non, la baisse de l'inflation n'explique pas la baisse des rentrées fiscales en 2023,
01:25 même si l'inflation était moins forte à la fin de l'année dernière.
01:29 Le problème c'est la croissance en fait, qui a été trop faible, largement sous-estimée sur la fin 2023.
01:34 On a eu une croissance atypique au deuxième trimestre, +0,5%,
01:38 mais qui a été l'arbre qui cachait la forêt, parce qu'en début d'année on était poussé encore par la croissance de 2022,
01:43 c'était un peu comme une force cinétique, mais troisième et quatrième trimestre on était à zéro,
01:47 ça c'est ça qu'on paie en ce moment, et il n'y a pas moins de rentrées de TVA uniquement parce que l'inflation a baissé,
01:52 mais plutôt parce que les Français ont moins consommé, et tout ça était largement anticipable.
01:56 - Bon, 154 milliards d'euros de déficit, ok, le constat est posé.
02:01 Bruno Le Maire assure que l'objectif reste quand même le même,
02:04 arriver à un déficit de 3% du produit intérieur brut d'ici la fin du quinquennat, donc 2027.
02:11 Est-ce que c'est réaliste ?
02:13 - Ça va nécessiter de sérieux efforts en matière budgétaire, sans doute d'ailleurs des efforts si on veut le faire,
02:18 comme on n'en a jamais fait en 50 ans de déficit.
02:21 Chronique, pourquoi ? Parce que la marche est beaucoup plus haute aujourd'hui que prévu,
02:25 passer de 4,9% à 4,4% de déficit, qui était le scénario initial pour cette année,
02:30 et ensuite descendre progressivement vers les 3%, c'est complexe mais la pente est progressive.
02:34 Là, on part de 5,5%, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat est allé voir les chiffres à Bercy la semaine dernière,
02:41 il parle lui d'un déficit qui pourrait même encore augmenter cette année,
02:44 plus on est haut au départ, plus l'échéance se rapproche et plus l'effort est complexe.
02:49 - Qu'on arrive ou pas à l'objectif dès 2027, ce qui est clair c'est que là il va falloir redresser les comptes, Martial.
02:54 Sur RTL ce matin, Bruno Le Maire esquissait des pistes d'économie.
02:58 - Quand nous décidons d'augmenter la franchise de 50 centimes à 1 euro, c'est une façon de dire
03:02 "mais désolé le médicament ça peut pas être open bar, regardez tous les médicaments que vous accumulez dans votre pharmacie,
03:06 ça a un coût, c'est vous qui payez, c'est le contribuable qui paye".
03:09 - Est-ce qu'on peut imaginer des remboursements selon les revenus par exemple ?
03:12 - Je suis ouvert à tous les débats, dans toutes les dépenses publiques.
03:16 - Donc quelqu'un qui gagne aujourd'hui 4 000 euros pourrait se voir moins rembourser ses médicaments,
03:23 vous l'excusez pas par exemple ça ?
03:24 - C'est ce que nous avons déjà décidé.
03:26 - Demandez aux français de payer un peu plus pour leur santé, ce sera efficace Martial ?
03:29 - Faire des économies sur les remboursements de santé oui c'est efficace,
03:33 la mesure, Bruno Le Maire vient de le dire, a déjà été actée,
03:36 ça avoisine le milliard d'économies, doublement de la franchise.
03:41 - C'est pas avec ça qu'on va... un déficit de 154 milliards...
03:45 - Ça veut dire qu'il faut surtout aller plus loin, plus loin que ça.
03:47 Alors évidemment les remboursements de la sécurité sociale,
03:49 c'est un des postes les plus coûteux de notre modèle social français,
03:53 ça représente 20% des dépenses annuelles de l'État,
03:56 c'est le double de ce qu'on consacre par exemple au budget de l'éducation.
03:59 - C'est fou, ça veut dire qu'on ne touche toujours pas aux impôts, il faut y croire à ça ?
04:03 - Toujours pas, en tout cas officiellement, du côté de Bruno Le Maire,
04:06 on n'y touche pas et on n'y touchera pas,
04:08 pas à la flat tax qui plafonne les prélèvements quand on fait une plus-value sur son portefeuille d'action,
04:13 le ministre a d'ailleurs raison de dire qu'on est déjà parmi les champions du monde,
04:17 tout le monde le sait, du prélèvement obligatoire, mais le débat existe, c'est ça qui est important,
04:20 y compris d'ailleurs dans la majorité présidentielle,
04:22 puisque la présidente de l'Assemblée nationale se demande
04:25 s'il ne faut pas taxer les super profits des entreprises,
04:28 les dividendes ou les rachats d'actions, ça c'est une idée qui est poussée par la gauche évidemment.
04:32 La difficulté, il faut bien comprendre, sur ces réflexions, c'est qu'elle est politique,
04:36 parce que ça devrait sans doute passer par un projet de loi de finances rectificatif,
04:40 et là, vous avez un risque sérieux que le gouvernement se retrouve mis en minorité
04:44 lors d'un vote de confiance si on passe par un nouveau 49-3,
04:48 toutes les mesures d'économie d'ici la fin de l'année,
04:50 ça risque donc d'être des mesures qui passent par voie réglementaire,
04:53 donc moins puissantes pour éviter justement cette censure.
04:56 - Merci beaucoup Martialiou, éditorialiste économique ici à RTL,
05:00 et ce tour de vis, ça va certainement faire réagir les auditeurs Eric.
05:03 - Oui, tout à fait, vous savez, on commence les auditeurs en la parole à 13h avec le contexte terroriste,
05:07 est-ce que vous allez changer vos habitudes ?
05:09 Mais à 13h45 justement, êtes-vous prêts à faire des efforts,
05:12 suite à ce qu'a dit Bruno Le Maire, est-ce que vous seriez prêts par exemple
05:15 à participer plus à vos dépenses de santé ?
05:17 Croyez-vous que Bruno Le Maire, quand il dit qu'il n'y aura pas de hausse d'impôt, est sincère.
05:21 Voilà de quoi nous allons parler à 13h45 dans les auditeurs, le standard est ouvert.
05:25 - Avant ça, dans un instant, RTL midi, votre vie, comment réparer votre voiture
05:28 en payant moins cher, là aussi il est question d'économie,
05:31 en misant peut-être sur les pièces détachées d'occasion,
05:34 on vous explique tout dans un instant.
05:37 - Votre avis compte.
05:38 - Venez l'exprimer sur RTL au 3210.