WTA - Le Havre 2024 - L'Entretien Alice Tubello revient de loin : "J'ai eu très peur !"

  • il y a 6 mois
Courage et persévérance... Deux qualités indéniables chez Alice Tubello. Agée de seulement 23 ans, la Clermontoise n'a pas été épargnée par les pépins au cours de sa jeune carrière. Opérée trois fois au poignet, en 2021 et 2022, puis "passée sur le billard" à nouveau en 2023, juste après Roland-Garros, à cause d'une grave blessure à l'épaule, la Française a su faire preuve de caractère pour revenir fin janvier sur le circuit et briller. Dimanche, Tubello s'est adjugée le titre au 15 000 dollars du Havre.

Une récompense bien méritée pour l'étudiante en STAPS, qui avait découvert Roland-Garros en mai dernier et tout de même atteint la 323e place. Rencontrée pour la première fois lors de Roland-Garros Juniors en 2018, Alice Tubello s'est à nouveau exprimée au micro de Tennis Actu pour évoquer sa terrible blessure en 2023, les efforts consentis pour revenir et surtout parler de ses ambitions pour 2024 et 2025. L'Entretien Tennis Actu.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:03 Alors Alice, salut.
00:05 Bon, j'imagine que tout va bien.
00:07 Quelques jours après ton titre aux 15 000$ du Havre.
00:11 Salut, ouais, ouais.
00:14 Bah écoute, tout va bien.
00:16 Troisième titre au fil de l'année, donc plutôt positif.
00:20 Tout va bien.
00:21 Ouais, les sensations avaient l'air quand même bonnes depuis ton retour.
00:24 T'avais seulement perdu d'entrée à Grenoble en 75 000 quand même.
00:29 Sinon, t'avais toujours atteint l'écart.
00:31 Ce titre-là, du coup, est-ce que c'est une surprise et est-ce que ça te soulage aussi ?
00:37 Une surprise, pas vraiment.
00:39 Est-ce que ça me soulage ? Oui.
00:41 J'ai fait une meilleure reprise que je pouvais imaginer.
00:47 Et puis, de le compléter avec un titre, ça fait toujours plaisir.
00:51 Donc, je savais que j'avais un bon niveau de jeu, que je jouais bien.
00:54 Maintenant, est-ce que j'étais capable d'enchaîner ?
00:57 C'était aussi mon interrogation.
00:59 Enchaîner les matchs au sein du tournoi et enchaîner aussi les tournois.
01:02 Et là, ça se concrétise, donc ça fait plaisir.
01:05 Parce que j'imagine que quand t'as repris en fin janvier, t'étais un petit peu dans l'inconnu.
01:10 Ça devait être difficile de se fixer des objectifs.
01:13 Ouais, effectivement.
01:16 Déjà, pour moi, l'objectif principal, il a toujours été de reprendre une raquette
01:20 et de pouvoir taper dans une balle.
01:21 Le deuxième objectif, une fois que j'avais repris, c'était de reprendre le plaisir
01:26 d'être sur un terrain, parce que c'est aussi compliqué de revenir au Play-Sur.
01:29 S'apercevoir que le niveau de jeu n'est pas du tout là, ça a été compliqué.
01:33 Puis j'ai repris aussi, avec le type d'intervention que j'ai subi,
01:38 la reprise était délicate.
01:40 Donc voilà, ça a été d'accepter pas mal de choses,
01:43 de faire aussi le deuil des pas mal de choses.
01:46 Et au final, ça a repris beaucoup mieux que ce que je pensais en compétition.
01:52 On va un peu expliquer d'où tu viens.
01:56 Tu as été blessée sérieusement en 2023.
01:58 Est-ce que tu peux nous rappeler un petit peu ta blessure et comment ça s'est passé ?
02:02 J'ai été blessée assez sérieusement en 2023,
02:06 mais avant, il y a eu plusieurs opérations aussi.
02:09 En 2021, je me suis blessée au poignet en juin 2020.
02:15 Il y a eu des opérations en 2021 et en 2022.
02:21 Ça, ça a été déjà un peu le premier obstacle qu'il a fallu surmonter.
02:26 J'avais déjà fait plusieurs comebacks sur le circuit.
02:29 Après Roland-Garros, j'ai été opérée de l'épaule,
02:34 d'une compression neurologique vers supra-spectraire.
02:39 Et donc, je peux arrêter la force de mon bras et c'est pas du tout à accepter.
02:45 D'autant plus que je n'avais pas forcément de douleur à la base,
02:49 même pas du tout.
02:50 Mais c'était hyper invalidant.
02:52 L'opération s'est bien passée, la rééducation s'est bien passée.
02:56 J'ai été de retour assez vite sur les terrains.
02:59 La rééducation continue toujours et je continue le boulot.
03:03 Tu étais quand même montée à la 323e place au moment de Roland.
03:09 Tu avais joué ton premier match justement à Roland.
03:13 Et puis surtout, on pouvait se dire que la prochaine étape,
03:17 c'était d'aller chercher le cut des qualifs Grand Chelem.
03:19 Du moins, j'imagine que ça devait être toi ton objectif.
03:23 Ça a été dur à avaler d'être stoppée comme ça dans ton élan,
03:27 alors que j'imagine que c'était ton meilleur tennis à ce moment-là.
03:31 On va dire qu'il y a eu en fait deux phases.
03:34 Parce que déjà, je revenais de mes opérations du poignet.
03:37 Et quand j'avais repris le circuit, je jouais ni à une main, ni à deux mains.
03:42 Je me suis fait opérer du poignet gauche.
03:43 Donc en revers, je jouais à une main pendant deux ans et demi.
03:48 La reprise sur le circuit à une main, c'est quand même pas évident.
03:51 Quand j'ai repris les premiers revers à deux mains,
03:54 je n'avais pas du tout confiance en match.
03:56 Donc c'est vrai que j'ai joué avec une main, je crois,
03:58 deux, quatre, quatre ans ou cinq mois,
04:00 en oscillant entre deux mains, une main, en bricolant un peu en revers.
04:03 Et j'ai malgré tout eu des bons résultats.
04:07 J'ai pu monter au classement.
04:08 Et ça m'a amenée à être 323 sans avoir joué une année complète.
04:13 Je crois que j'y ai joué à peu près huit mois.
04:16 Et du coup, ça a été un plaisir de recrendre aussi bien.
04:22 Et effectivement, l'idée, c'était d'aller chercher toutes les calices de Grand Chêne.
04:25 Et je n'ai malheureusement pas pu faire stopper par les blessures.
04:29 Et c'est mon prochain objectif pour 2025.
04:31 Est-ce que tu as eu peur ?
04:33 Parce que tu l'as dit, ce n'était pas la première fois
04:36 que tu passais par une grave blessure.
04:38 Est-ce que tu as eu peur que ce soit un peu la fin de ton rêve,
04:42 de ne pas pouvoir retrouver tes capacités ?
04:45 Est-ce qu'on a ce genre de crainte sur le moment ?
04:48 Oui, bien évidemment.
04:50 Je pense que c'est un peu ce qui passe par la tête de tous les joueurs
04:53 qui doivent avoir des opérations.
04:56 Moi, ça s'est fait avec le Shendo.
04:58 Comme je disais, j'ai perdu quasiment l'utilisation de mon bras.
05:02 Mon bras droit, mon bras de dominance.
05:04 Et oui, ça fait hyper peur.
05:08 Parce qu'on se dit qu'on ne va jamais le retrouver.
05:10 À ce moment-là, on ne savait pas ce qui se passait forcément.
05:13 Je ne sais pas si c'était des examens,
05:15 on n'avait pas encore trop les résultats.
05:17 C'était assez flou.
05:19 Et quand j'ai su le diagnostic, je pense que ça a été un sauvagement.
05:23 Je me suis dit qu'il y a une opération qui existe.
05:25 Peut-être que je vais pouvoir retrouver un peu mon bras.
05:29 On n'avait pas trop d'objectifs.
05:34 On ne savait pas ce qu'on allait réussir à récupérer.
05:36 Au final, tout s'est bien compensé.
05:40 Maintenant, j'arrive à avoir un résultat correct.
05:43 Il faut quand même dire que ça allait au-delà du tennis.
05:46 Finalement, c'était juste toi, le doute de retrouver tes capacités physiques.
05:51 Oui, évidemment.
05:53 Et tu es arrivé à un point où, même dans la vie de tous les jours,
05:57 ça en était handicapant.
05:59 Et oui, la peur de ne pas savoir ce qui se passait.
06:03 Moi, je ne comprenais pas forcément ce qui se passait.
06:06 Et puis, après, faire le deuil du terrain,
06:11 d'accepter qu'il y allait avoir une autre intervention chirurgicale derrière.
06:15 Est-ce que ça allait mettre du temps à revenir ?
06:17 Est-ce que j'allais avoir les capacités de revenir ?
06:19 Parce que je m'étais déjà relevée de plusieurs opérations.
06:22 Mentalement, c'est fatigant, c'est usant.
06:26 J'avais laissé beaucoup de jus dans les opérations avant.
06:30 Ma question, c'était est-ce que j'allais être capable de me relever une fois de plus ?
06:35 Et finalement, comment tu as fait pour trouver la force nécessaire ?
06:38 Qu'est-ce qui t'a permis de te relever,
06:43 et puis de revenir à 100 % sur le circuit ?
06:46 Clairement, je pense l'entourage.
06:49 L'entourage à fond,
06:53 parce que, évidemment, moi, j'avais l'impression d'être négative,
06:59 de me dire que c'était peut-être la fin de quelque chose,
07:03 que c'était le tour de ma page,
07:05 que mon corps ne supportait pas forcément.
07:08 On a bossé chaque jour, alors on a eu quand même envie de revenir,
07:12 je pense, au fond de moi, tout le long de la petite flamme.
07:15 J'ai été poussée par des personnes incroyables à mes côtés.
07:18 On a avancé jour par jour, et je me suis rapprochée du terrain de nouveau.
07:22 Est-ce que tu as eu le temps d'imaginer ta vie sans le tennis ?
07:28 Est-ce que tu as réfléchi à une nouvelle orientation,
07:32 ou tu n'es pas allée jusque-là ?
07:34 Oui, effectivement.
07:37 J'avais repris déjà, après ma troisième opération d'une fois au Nier,
07:41 j'avais repris la fac.
07:43 Je suis en licence TAPS.
07:45 C'est quelque chose qui me plaît, de faire des études à côté,
07:49 parce que je pense que j'ai touché de près à vraiment songer à une reconversion.
07:57 Ça m'a libérée l'esprit, ça m'a aidée à faire autre chose
08:00 quand je ne pouvais pas passer des longues journées sur un terrain de tennis.
08:04 Ça m'a occupé la tête, j'ai rencontré de nouvelles personnes.
08:08 Je pense que mentalement, j'étais sereine et prête à l'accepter,
08:12 même si ce n'était pas mon choix de départ.
08:15 Ça m'a aidée à aller tous les jours en rééduc,
08:20 faire le boulot nécessaire et reprendre la raquette.
08:25 Maintenant, quel point de vue as-tu par rapport aux études ?
08:28 Est-ce que tu es diplômée déjà ?
08:30 Est-ce que tu comptes quand même, en parallèle de ta carrière,
08:32 essayer de continuer un petit peu, même si c'est difficile ?
08:35 J'ai validé mes trois premiers semestres en licence.
08:39 Je suis en train de valider le quatrième.
08:41 Je serai diplômée normalement dans un an.
08:44 Je souhaite continuer les études à côté,
08:48 puisque maintenant que je suis en deuxième année,
08:50 c'est quelque chose qui me plaît.
08:52 Je m'entends bien avec ma fac.
08:54 Les profs sont conciliants et assez arrangeants
08:58 pour que je puisse faire ma carrière et mes études.
09:01 C'est vraiment une volonté de continuer.
09:03 Ce n'est pas toujours évident,
09:04 parce que je n'ai pas toujours autant de temps que je voudrais pour travailler.
09:07 La priorité reste le tennis.
09:09 J'espère pouvoir mener à bien les deux
09:14 sans que les études empiètent sur ma carrière au tennis.
09:20 C'est peut-être aussi un moyen de rester dans le tennis
09:23 quand la page joueuse sera fermée.
09:26 Avec cette licence, peut-être avoir un nouveau rôle dans le monde du tennis.
09:30 C'est ce que tu te dis ?
09:31 Pour le coup, ce n'est vraiment pas une volonté
09:35 que de rester dans le monde du tennis
09:37 quand j'aurai raccroché la raquette.
09:39 Je pense que j'aurais vraiment envie de découvrir d'autres choses,
09:42 de faire aussi d'autres choses, d'apprendre d'autres choses,
09:44 de rencontrer de nouvelles personnes.
09:46 Donc non, je pense qu'une fois que j'aurai raccroché la raquette,
09:50 je serai dans un tout autre milieu.
09:53 Puisqu'il y a des préparations physiques, le kiné m'intéresse beaucoup.
09:57 Donc pourquoi pas ?
09:59 Pour l'instant, je ne suis pas fixée,
10:01 mais je mène des études que j'apprécie en parallèle
10:04 et on verra ça demain.
10:05 Oui, parce qu'il faut quand même expliquer pour ceux qui ne te connaissent pas,
10:08 toi, tu es plutôt machine de guerre.
10:10 En termes de conditions physiques, tu touches à beaucoup de choses.
10:14 Ceux qui te suivent sur la Zoë ont pu voir que tu fais du triathlon,
10:18 si je ne me trompe pas.
10:20 Oui, alors il y a un peu un mythe qui circule à ce propos.
10:24 C'est vrai que j'ai toujours baigné dans une culture un peu pluridisciplinaire
10:31 et mes parents ne m'ont jamais fixé de limites.
10:36 J'ai toujours pu pratiquer autant de sports que je voulais,
10:39 autant de sports différents.
10:42 J'ai commencé au cirque, je suis née de deux parents judo.
10:47 J'ai grandi au judo, j'ai fait pas mal de boxe.
10:52 J'étais en anglaise, j'ai fait beaucoup de vélo.
10:56 J'ai fait du triathlon et c'est assez marrant.
11:01 Ça a beaucoup marqué les gens alors que moi, je ne le faisais pas du tout.
11:05 En 2018, je gagne les championnats de France, j'ai 18 ans.
11:09 La semaine d'après, j'enchaîne et je gagne les secondes séries.
11:12 Le dimanche matin, de mémoire, je faisais mon premier triathlon.
11:18 Après 15 jours de championnat de France et deux titres,
11:21 je me levais à 8h du mat et dans l'eau.
11:24 Pour moi, c'était vraiment un pur kiff.
11:28 Un aboutissement aussi de pas mal de travail.
11:31 C'était hyper sympa à faire.
11:34 Après, ça s'est resté dans la tête des gens et maintenant, c'est gravé.
11:39 Jamais personne n'a essayé de te freiner en te disant
11:43 « si tu veux aller plus loin dans le tennis, il ne faut pas te consacrer à ça. »
11:49 Tu ne peux pas te permettre de tout faire.
11:51 Est-ce que tu as certainement essayé de te freiner ou jamais ?
11:55 Bien sûr.
11:58 On a essayé de me faire comprendre qu'à un moment donné, il fallait faire des choix.
12:03 J'ai eu la chance d'être accompagnée par des gens qui me connaissaient moins personnellement
12:08 que là de la joueuse de tennis.
12:11 Je pense que j'avais aussi vraiment besoin de cet exilatoire.
12:16 La vie n'a pas toujours été facile pour moi en dehors des terrains de tennis.
12:20 C'était une façon aussi de m'exprimer, de grandir et de me découler.
12:26 Ça me permettait d'être meilleure au tennis.
12:29 Par la suite, j'ai essayé d'arrêter aussi, de pratiquer d'autres sports à côté.
12:34 Ce n'est pas les périodes où j'ai pris le plus de plaisir sur un terrain.
12:39 C'est un peu ma récompense pour moi d'aller jouer à d'autres sports quand le tennis se passe bien.
12:47 Je fonctionne toujours comme ça.
12:48 Les gens à côté de moi l'ont accepté.
12:50 J'ai créé une structure en fonction de ça.
12:53 J'en suis hyper reconnaissant d'avoir eu sur mon passage des gens qui m'ont compris et accepté comme ça.
13:01 Est-ce que tu penses que ça peut avoir un lien avec tes blessures ?
13:05 Le fait d'avoir traumatisé ton corps ou du moins fait beaucoup ?
13:12 Est-ce que des médecins t'ont dit que ça avait causé ces blessures ou tu ne peux pas faire de lien ?
13:19 Évidemment, la réponse est oui.
13:25 J'ai pratiqué des sports traumatisants.
13:27 Je me suis blessée au judo, à la boxe.
13:32 J'ai pris aussi quelques gamelles en vélo.
13:35 Oui, ça reste.
13:37 Maintenant, ce que je dis à tout le monde, c'est que je pense que j'ai grandi aussi.
13:42 J'ai eu un peu plus de maturité pour comprendre ce qui peut passer selon mes blessures.
13:48 Il y a eu un facteur aussi de pas de chance, notamment avec mon poignet et mon épaule.
13:54 Ce sont des choses qui, malheureusement, arrivent, sauf que moi, je les ai combinées.
13:58 Si je n'avais pas fait d'autres sports, malheureusement, j'ai pratiqué beaucoup de sports de combat.
14:03 Ça laisse des traces.
14:05 Si je n'avais pas fait ça, peut-être qu'aujourd'hui, je jouerais plus au tennis.
14:08 On peut refaire le monde. J'écoute et j'entends complètement la vie des gens.
14:12 Mais personne ne connaît forcément ma vie à cette époque-là.
14:16 C'était pour moi ma façon de m'exprimer et de continuer à bien jouer au tennis.
14:21 Et maintenant, quel équilibre as-tu mis en place ?
14:25 Est-ce que tu pratiques encore d'autres sports ou là, c'est un peu plus centré sur le tennis seulement ?
14:33 Déjà, avec les blessures, je me suis bien calmée.
14:38 Et puis, j'ai toujours plaisir à toucher à tout en dehors, avec les gens qui m'entraînent et ma structure à Clermont notamment.
14:47 Ce sont des gens qui me connaissent depuis que je suis petite.
14:51 Si je fais d'autres activités, souvent, c'est avec eux, à leur côté.
14:56 J'aime me fixer des challenges et faire autre chose, pas que sur un terrain de tennis.
15:01 Mais maintenant, l'idée, c'est de performer au tennis et tout est cadré en fonction de ça.
15:06 Même si tu as perdu un petit peu de temps, tu restes jeune encore.
15:10 Tu viens de fêter tes 23 ans.
15:12 Tu es 550e, donc forcément, tu repars de plus loin au classement.
15:16 Tu as quand même battu deux joueuses du top 250 cette année,
15:19 donc potentiellement qui sont dans le cut qualif de Grand Chelem.
15:22 Quel est le cap pour toi ?
15:24 Comme je le disais, c'était vraiment de reprendre de la confiance, reprendre du plaisir sur un terrain
15:32 et voir où sont mes nouvelles limites, un peu aussi avec un nouveau corps et les adaptations qui vont avec.
15:39 Je pense que je me suis prouvée à moi-même et j'ai prouvé à tout le monde que j'étais là, que j'étais bien présente.
15:45 L'idée, c'est d'être cut de Grand Chelem en 2025.
15:49 En 2025, d'accord. Pour l'Open d'Australie, du coup ?
15:53 Oui, parce que moi, je n'ai pas joué.
15:57 J'ai repris qu'en janvier et l'année dernière, j'ai stoppé en mars, hormis Roland.
16:05 C'est vrai que le chemin est long vu que j'ai très très très très très beau.
16:08 Une année 2024 réussie, plus concrètement, ça serait quoi ? Est-ce que tu as des objectifs de titre ?
16:16 J'ai aucun objectif de classement si c'est que d'aller chercher les Grands Chelem,
16:23 parce que c'est quand même ce qui est le plus palpable en termes de résultats.
16:30 J'ai aucun objectif de titre. Je pense qu'on ne peut pas toutes se comparer.
16:35 J'ai un passé qui m'est propre, un chemin qui m'est propre.
16:39 Je ne peux pas me comparer à d'autres filles qui ont été moins blessées,
16:47 qui ont toujours joué, qui ont fait une saison 2023 complète.
16:52 Moi, mon idée, c'est d'aller toucher mes propres limites à moi et je sais que j'en suis encore loin.
16:59 Ok. Et ton rêve, je vois que tu es pragmatique, mais est-ce que tu as quand même un rêve,
17:07 quelque chose que tu as en tête ? Tu as encore du temps pour les réaliser ?
17:13 Qu'est-ce qui te fait rêver toi en tant que joueuse de tennis ?
17:16 C'est d'être installée dans les Grands Chelem, évidemment.
17:20 D'être à l'autre Grand Chelem et puis d'aller le plus loin au Grand Chelem.
17:24 Maintenant, je pense que la vie a fait que je suis devenue hyper réaliste.
17:29 Et mature par rapport à tout ça.
17:31 Mon idée, c'est de me comparer à moi et uniquement à moi-même.
17:34 Et puis avant tout, mon but principal, c'est d'être heureuse dans ce que je fais, d'être épanouie.
17:41 Je sais que si je me suis, je jouerai bien au tennis.
17:44 Maintenant, jusqu'où j'irai, personne ne peut le savoir.
17:47 Moi-même, je ne le sais pas, mais en tout cas, c'est la vie que j'ai envie de mener.
17:52 On sait aussi que financièrement, c'est les Grands Chelem qui changent tout.
17:58 Est-ce que ça aussi, ça fait partie des raisons qui font que tu as envie d'atteindre ce palier ?
18:04 D'avoir peut-être une sécurité financière plus forte ?
18:08 Évidemment, je pense que le tennis, on est assez bien placé pour connaître ce problème-là.
18:15 Le problème financier est un peu commun à toutes les joueuses.
18:18 Ça a été aussi un frein dans ma carrière à certains moments.
18:24 D'être en Grand Chelem, c'est une énorme sécurité financière.
18:27 Il faut se le dire, je pense que tout le monde en est conscient.
18:30 Et puis aussi, parce que ça ouvre d'autres portes.
18:33 Ça veut dire qu'après, on est installé sur le circuit principal.
18:36 Les tournois sont mieux gérés, c'est des meilleures organisations.
18:40 En termes de voyage, c'est quand même plus facile et il n'y a pas de pression financière.
18:44 Ça libère un petit peu l'esprit.
18:47 Et là, justement, cette pression, est-ce que tu la ressens ?
18:50 Est-ce que c'est quand même compliqué ?
18:51 En plus, après six mois sans avoir joué, est-ce que c'est compliqué d'établir un calendrier
18:57 et de tout mettre en place ?
18:59 Oui, je pense que ce qui m'est un peu arrivé, c'est que je viens un peu au jour le jour.
19:09 On n'a pas forcément de projection à long terme,
19:11 parce que le passé a montré que ce n'est pas forcément ce qu'il fallait pour moi.
19:15 On adapte semaine par semaine, mois après mois.
19:20 Aussi, parce que j'ai recommencé avec un classement, j'étais vraiment bien redescendue.
19:25 On ne savait pas combien de temps j'allais mettre à remonter, si j'allais remonter ou pas.
19:30 Et puis, je suis toujours en train de remonter et de regrappiller des places.
19:34 En termes de programmation, c'est hyper compliqué d'établir une programmation à l'avance.
19:40 Et on gère en fonction des semaines, du classement que j'ai, des tournois qui sont proposés.
19:48 Est-ce que tu te fixes, par exemple, un certain nombre de saisons où tu te dises
19:52 « si dans tant d'années, je n'ai pas atteint le cut Grand Chelem, il faudra arrêter,
19:57 parce que ce sera compliqué de tirer sur la corde financièrement comme ça tant de temps ».
20:03 Est-ce que tu te fixes quelque chose, une sorte de limite ?
20:06 Je ne me fixe pas de limite dans le sens de 28, 30, 35 ans.
20:13 Pour moi, il n'y a aucune limite.
20:15 Si je continue à jouer comme ça, je pense que j'aurai ma place dans les Grands Chelems.
20:20 Et à partir de là, on verra ce sur quoi ça découle.
20:23 On verra aussi physiquement comment ça tient.
20:25 Et je le répète, mon idée, c'est vraiment d'être épanouie dans ce que je fais.
20:29 Si dans deux ans, je n'ai pas envie de tourner la page, ce sera mon choix et je le ferai.
20:34 Et si c'est en Grand Chelem, évidemment, je continuerai aussi longtemps que possible.
20:40 C'est ce qu'on va te souhaiter.
20:42 Déjà une saison 2024 sans blessure et puis, qui sait, peut-être les qualifs de l'US Open.
20:47 Ce serait beau pour finir l'année.
20:48 Oui, exactement.
20:50 C'est tout ce qu'on te souhaite.
20:52 Merci.
20:54 *Musique*

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