Invité de TF1 mercredi soir, Gabriel Attal a annoncé vouloir réduire la durée maximale d'indemnisation chômage à 12 mois contre 18 mois aujourd'hui. Il calquerait ainsi l'assurance chômage sur le modèle allemand bien moins protecteur que le français. Pascal Thibaut, correspondant BFMTV en Allemagne, explique le fonctionnement du modèle allemand.
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00:00 Depuis les fameuses réformes sociales qui avaient été introduites par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder au début des années 2000,
00:07 l'indemnisation de base normale du chômage est de 12 mois, sauf si vous avez travaillé vraiment trop peu.
00:15 Elle peut être plus longue dans certains cas pour les chômeurs les plus âgés qui ont travaillé plus longtemps.
00:20 Mais 12 mois, c'est la règle. Et durant ces 12 mois, on va toucher 60 % de son dernier salaire net.
00:27 En Allemagne, ça veut dire après impôts 67 % si vous avez un enfant. Au-delà de ces 12 mois, vous obtenez ce qui est baptisé
00:36 depuis début 2023 l'allocation citoyenne, qui a remplacé la fameuse allocation Arts 4, qui était ONI en raison des contrôles tatillons
00:47 souvent exercés par les job centers et qui a provoqué beaucoup de critiques. Cette allocation, désormais, se veut un peu plus soft,
00:57 avec moins de contrôles et une volonté plus importante de former les gens, notamment les chômeurs de longue durée.
01:05 Alors que l'Allemagne manque de main-d'œuvre, cette allocation a été aussi sensiblement revue à la hausse,
01:11 puisqu'on est passé en un an et demi, grosso modo, de 450 à 560 euros par mois, ce qui provoque aujourd'hui d'ailleurs pas mal de critiques,
01:19 notamment à droite, où on estime qu'il faut que la différence par rapport entre les personnes qui reçoivent ces allocations
01:26 et les personnes qui travaillent est trop réduite et qu'il faudrait revenir à des sanctions plus importantes,
01:33 si par exemple quelqu'un ne se présente pas au job center, c'est-à-dire en lui supprimant complètement cette allocation.
01:40 C'est ce que propose notamment le parti chrétien-démocrate dans des propositions faites récemment.
01:48 Est-ce que ce système a fait ses preuves ?
01:53 Alors ce qu'on peut dire, c'est qu'en tout cas, il a contribué avec d'autres facteurs.
01:57 J'évoquais la baisse de la natalité, les problèmes démographiques de l'Allemagne,
02:02 même si l'immigration a compensé largement ces problèmes ces dernières années.
02:05 Il a contribué à ce qu'il y ait une baisse sensible du chômage, qui avait atteint environ 5 millions de personnes
02:11 à son paroxysme il y a une vingtaine d'années sous Gerhard Schröder.
02:14 Aujourd'hui, on a environ 2,5 millions, un peu plus de 2,5 millions de chômeurs, avec un taux de 6 % environ,
02:21 avec des régions comme dans le sud de l'Allemagne où on a le plein emploi.
02:25 Cela est aussi à l'aide de pair avec le développement de ces mini-jobs,
02:29 aujourd'hui environ 540 euros par mois qui ne sont pas soumis à l'impôt,
02:34 et aussi le développement d'une certaine précarité qu'on n'avait pas à l'époque.
02:39 Mais en tout cas, une baisse sensible du chômage dans une Allemagne
02:43 où les entreprises cherchent un peu partout des salariés
02:49 et où la plupart des experts estiment qu'il faut environ 400 000 nouvelles personnes venant de l'étranger
02:55 pour compenser ces manques de main-d'œuvre qualifiées.