Gènes, cellules, ARN, ADN, … Reprenons les bases de la génétique pour comprendre ce qu’il se passe quand on a une mutation génétique ! Toutes les mutations génétiques rendent elles malade ? Comment soigne-t-on certaines maladies génétiques aujourd’hui ? Des tests sur le cerveau de la souris jusqu’aux applications sur le cerveau humain, venez découvrir les recherches en cours de cette discipline incroyable : la médecine génétique. Avec Françoise Piguet, chercheuse en neurosciences à l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM).
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00:00 [SILENCE]
00:05 Bonjour à tous. Merci pour l'introduction.
00:08 Effectivement, cette semaine, c'est la semaine du cerveau.
00:11 Pendant cette semaine du cerveau,
00:13 on va parler de cerveau, certes, mais aussi de génétique.
00:17 Est-ce que vous avez déjà entendu parler de génétique ?
00:19 - Oui. - Oui.
00:20 Ce qu'on va faire pendant la conférence,
00:22 comme sinon on ne vous entendra pas,
00:24 quand vous voulez dire oui, vous levez la main.
00:26 Si vous voulez dire non, vous laissez la main baissée.
00:28 Qui a entendu parler de génétique ?
00:30 - Moi. - Pas mal, quand même. Très bien.
00:33 Je vous explique pourquoi on va parler de génétique et de cerveau.
00:37 Vous pouvez baisser la main, c'est bon.
00:40 Puisque à l'Institut du cerveau,
00:42 je dirige une équipe de recherche
00:44 qui s'appelle une unité d'innovation et de développement
00:48 qui est spécialisée sur la thérapie génique et cellulaire
00:52 pour les maladies du cerveau et de la moelle épinière.
00:55 Vous allez voir, pour arriver et que je puisse vous expliquer
00:58 ce qu'on fait en termes de thérapie,
01:00 on va commencer par comprendre ce qu'est la génétique,
01:03 ce qui se passe dans les maladies,
01:04 et ensuite on ira voir comment on peut traiter ces maladies
01:07 et ce qu'on fait au quotidien avec mon équipe de recherche.
01:10 Vous pourrez même voir à la fin, ils ne sont pas encore tous arrivés,
01:12 mais j'ai des collègues de l'équipe de recherche qui vont être là.
01:14 Donc à la fin, pour les questions, on pourra en plus,
01:17 d'autant plus après, vous pourrez venir interagir avec nous.
01:20 Alors en premier, on va essayer de comprendre
01:25 qu'est-ce qu'une maladie génétique ?
01:27 Mais pour comprendre, je voulais vous donner des petits chiffres clés
01:30 de choses que vous avez pu déjà entendre par le passé,
01:34 parce que souvent, maladies génétiques, on parle de maladies rares.
01:37 Certes, c'est des maladies rares,
01:39 mais il faut imaginer qu'il existe entre 6 000 et 8 000
01:43 maladies génétiques différentes en France.
01:46 Ça concerne à peu près 3 millions de personnes en France
01:50 et 30 millions de personnes en Europe.
01:53 Donc vous voyez que c'est rare,
01:54 mais on n'est pas en train non plus de parler de maladies
01:57 qui ne concernent qu'une personne dans le monde.
02:00 En termes généraux, pour l'ensemble des maladies rares
02:03 qui ont pu être décrites,
02:04 on a en moyenne une personne sur 20 qui est atteinte.
02:09 Et ce qui est très important,
02:11 ces maladies rares, elles affectent particulièrement les jeunes,
02:14 puisque vous allez voir que c'est impliqué dans leur gène
02:16 et ça se développe relativement tôt.
02:18 On a 50 % des patients qui ont moins de 19 ans.
02:25 Pour comprendre la génétique, on va commencer par les basiques.
02:29 Nous, on est tous un organisme.
02:31 Un organisme qui est capable de marcher, de courir, de sauter.
02:36 Mais on a aussi les animaux, c'est-à-dire qu'un animal,
02:39 un canard, un oiseau, c'est aussi un organisme.
02:41 Lui, il est aussi capable de voler.
02:43 Et si un organisme est capable de faire autant de choses
02:47 de manière spécifique,
02:49 j'espère que ça a marché, voilà,
02:51 c'est parce qu'on est formé de différents organes.
02:54 Ces organes sont chacun formés de tissus
02:57 et c'est grâce à ce tissu formant les organes
03:00 que chacun des organes va pouvoir exercer des fonctions spécifiques.
03:04 Est-ce que vous connaissez des organes dans le corps ?
03:06 Oui.
03:08 On lève la main quand on dit oui, comme ça, on voit tous.
03:10 Très bien.
03:12 Le premier, on a dit qu'on allait parler du cerveau.
03:14 Le cerveau est un organe.
03:16 Le cœur est un organe.
03:17 Les poumons sont un organe qui ont tous des fonctions bien différentes.
03:22 Et donc, à votre avis,
03:24 est-ce qu'on a les mêmes cellules dans un cerveau
03:28 et dans un cœur, par exemple ?
03:30 Oui ou non ?
03:31 Très bien, on a plein de futurs chercheurs.
03:34 Et donc, si on arrive à avoir une différence dans ce type d'organe,
03:39 c'est de par la formation des tissus, mais surtout des cellules,
03:43 puisque chaque cellule qui va venir former ce tissu
03:46 va être bien différente et va exercer des fonctions particulières
03:51 qu'elle doit exercer dans le cœur et pas dans le cerveau,
03:53 et vice-versa.
03:55 Et ces cellules, pour savoir qu'est-ce qu'elles doivent donner,
03:58 qu'elles doivent être comme cellules
04:00 et quelles fonctions elles doivent exercer,
04:02 elles vont venir demander l'information dans leur noyau,
04:05 mais surtout dans le noyau, dans leur ADN.
04:08 Vous avez déjà entendu parler d'ADN ?
04:10 Oui.
04:12 Très bien.
04:13 Et donc, ce qu'il faut penser, c'est que dans chacun de nos corps,
04:16 on a 10 000 milliards de cellules dans le corps humain entier.
04:21 Vous imaginez le nombre de cellules que ça fait ?
04:23 C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup.
04:26 Et donc, regardez, on a parlé de ce noyau, de cet ADN.
04:32 Il faut savoir... J'aime bien faire l'homologie.
04:34 Est-ce que vous aimez tous lire ?
04:36 -Oui. -Donc, le génome,
04:39 et donc notre ADN, c'est comme si c'était un grand livre.
04:43 Dans 20 livres, on a quoi ?
04:45 Des chapitres.
04:47 Le chapitre, à l'échelle du génome, ça va être le chromosome.
04:51 Dans un chapitre, on a des phrases,
04:54 et dans le chromosome, on va retrouver des gènes.
04:57 Dans une phrase, on a des mots.
05:00 À l'échelle du génome, c'est ce qu'on appelle des codons,
05:03 qui, eux, sont toujours formés.
05:04 C'est des mots qui ne font que trois lettres, toujours.
05:08 Et ensuite, un mot est bien sûr formé de lettres.
05:11 Donc, vous savez tous, nous, on a un alphabet très long
05:14 qui va de A à Z.
05:15 Dans le génome, c'est beaucoup plus simple.
05:17 L'alphabet est constitué uniquement de quatre lettres.
05:21 Le C, le G...
05:22 Attendez, je vais essayer de pointer.
05:24 Si ça marche...
05:26 Vous voyez, le C, le G, le A et le T.
05:31 Et donc, cet ADN, on l'a dans chacune de nos cellules.
05:37 Et ce qu'il faut imaginer, c'est que dans chacune de nos cellules,
05:41 ce long filament d'ADN, il fait deux mètres de long,
05:44 si on venait le déplier complètement.
05:46 Et donc, comme je vous ai dit que dans un corps humain,
05:49 on avait 10 000 milliards de cellules,
05:53 il faut imaginer que si vous venez...
05:55 C'est comme une petite pelote de laine.
05:57 Dans chacune des cellules,
05:59 on vient défaire cette petite pelote de laine
06:01 et on met bout à bout tout l'ADN qu'on a
06:03 dans chacune des cellules de notre corps.
06:06 Vous voyez qu'on est capable de faire
06:09 300 fois aller et retour
06:11 la distance qu'il y a entre la Terre et la Lune.
06:14 Et on a ça chacun dans notre corps.
06:16 C'est beaucoup, hein ?
06:18 Et donc, cet ADN, comment on sait ce qu'il va donner ?
06:24 Comment les cellules vont apprendre à le lire ?
06:27 Puisque je viens de vous dire que l'ADN, c'est finalement
06:30 un enchaînement de A, T, G, T, A, T, C.
06:34 Mais bon, si je vous dis A, T, G, T, A, T, C,
06:36 vous savez ce que je veux dire ?
06:38 C'est un peu comme... Est-ce que vous aimez les Legos ?
06:41 -Oui. -Oui.
06:42 -Voilà. Donc imaginez...
06:44 Ah, ben voilà.
06:46 À Noël, on achète une boîte de Legos,
06:49 mais imaginez, le Père Noël, il a fait une bêtise.
06:51 Il a pris la boîte de Legos,
06:53 sauf qu'il a mis un gros tas de Legos, comme ça,
06:55 et il a oublié de mettre la notice.
06:57 Il y a juste des briques de toutes les couleurs.
06:59 On va être un peu malvarés, quand même,
07:01 pour construire quelque chose.
07:02 Et donc, vous imaginez bien que si d'une pile de Legos
07:05 qu'on a ici,
07:07 on veut venir construire ce cerveau en Lego,
07:11 il va falloir qu'on nous explique, pas à pas,
07:13 et tu dois bien le savoir,
07:14 puisque tu dis que les Legos, c'est ton jouet préféré,
07:17 quand on achète un Lego,
07:19 on va avoir, à chaque moment, on va nous dire,
07:21 "Telle pièce, on la prend.
07:22 "On vient l'associer à telle autre pièce."
07:24 Finalement, l'ADN, il va donner cette information-là.
07:29 Et donc, c'est un peu l'homologie.
07:30 Nous, on a notre génome, c'est l'équivalent...
07:33 C'est des chromosomes avec ces Legos
07:35 qui sont tous éparpillés dans les cellules.
07:37 Sauf qu'une fois qu'on a la notice et qu'on sait lire
07:40 ce génome de manière correcte,
07:42 on est capable de former un organisme
07:45 et de décrire l'ensemble des molécules
07:47 qui va nous composer.
07:48 Mais d'où vient notre ADN ?
07:52 Est-ce que vous avez une idée d'où vient l'ADN ?
07:56 Pas tout à fait.
08:01 L'ADN, il vient des cellules du papa.
08:05 Alors, il n'est pas forcément évident à pointer, ce truc.
08:09 Il vient du papa.
08:11 Vous voyez ici...
08:12 Alors, on a fait l'homologie, on a mis des petits nounours,
08:14 mais on a l'espermatozoïde,
08:17 que vous voyez ici, à quoi ça ressemble,
08:19 dans un microscope.
08:21 Et de l'autre côté de la maman,
08:23 on a un ovule.
08:24 Et donc, quand papa et maman vont vouloir un nouvel être
08:29 et avoir un bébé,
08:31 ce qui va se passer, c'est qu'on va prendre
08:33 le spermatozoïde qui, lui, amène...
08:36 Ça ne marche vraiment pas.
08:38 Ça amène l'ADN, qui est de couleur bleue.
08:41 On est un peu binaires en science.
08:43 Le papa, on va appeler bleu, la maman, ça va amener du rose.
08:46 Et on va avoir l'ovule qui va amener l'ADN, qui est rose.
08:50 Et donc, d'un côté, on va avoir moitié du génome qui est amené du papa,
08:54 moitié du génome qui est amené de la maman.
08:56 Ces deux génomes vont venir se mélanger pour former...
08:59 On a parlé tout à l'heure de notre petite pelote de laine
09:02 que fait l'ADN.
09:03 Pour venir former une combinaison unique d'ADN
09:07 dans ce qu'on appelle la cellule oeuf.
09:09 Celle oeuf qui va se mettre...
09:11 Donc, il y a au départ une cellule seule
09:13 qui va ensuite se diviser en deux, puis quatre, puis huit,
09:17 puis qui va devenir un embryon et un bébé
09:20 au bout de neuf mois dans le ventre de la maman.
09:23 Et donc, de par la combinaison d'un ensemble unique d'ADN
09:27 du papa et de la maman,
09:29 on va arriver à un ensemble unique d'ADN
09:32 qui nous constitue chacun d'entre nous.
09:34 J'ai voulu prendre des petits exemples
09:39 pour vous montrer cette carte d'identité unique
09:42 que nous avons chacun de nous avec notre ADN.
09:45 La première façon de l'expliquer, c'est pour la couleur des yeux.
09:49 Dans un premier temps, j'ai pris un exemple très simple.
09:52 On a dit qu'on a des chromosomes.
09:54 On hérite un chromosome du papa et un chromosome de la maman.
09:58 Donc, on a chacun deux copies
10:01 pour chacun des traits de caractère qui nous expriment.
10:04 Par exemple, vous avez ici la maman.
10:07 Quand on a un grand B, c'est la couleur brun.
10:09 Quand on a un petit B, c'est la couleur bleue.
10:12 Vous voyez que la maman, elle a une version de couleur bleue,
10:17 une version de couleur marron.
10:19 Le papa, pareil.
10:20 On a une version de couleur bleue et une version de couleur marron.
10:25 Puisque papa et maman ne transmettent à chaque fois
10:28 qu'un seul de leurs chromosomes,
10:30 vous imaginez bien qu'on a différentes combinaisons possibles.
10:35 Et vous le voyez ici.
10:37 Les ovules de maman,
10:39 ils vont pouvoir donner soit un ovule...
10:41 On va donner la couleur.
10:42 Soit un ovule qui est bleu, soit un ovule qui est marron.
10:47 Et ensuite, papa va pouvoir lui aussi donner
10:49 soit un spermatozoïde bleu, soit un spermatozoïde marron.
10:53 Et donc, au moment où le spermatozoïde, vous voyez ici,
10:57 va venir faire un petit bisou à l'ovule,
10:59 on arrive avec quatre combinaisons possibles.
11:02 Soit le brun de maman rencontre le brun de papa.
11:07 Et dans ce cas-là, on a deux bruns,
11:09 et donc on va avoir un bébé qui a des yeux bruns.
11:11 C'est la première combinaison que vous voyez ici.
11:14 Il a décidé de pas marcher. Hop, ici.
11:17 Soit le brun de papa rencontre le bleu de maman.
11:21 Et dans ce cas-là, ce que je vous ai pas dit,
11:23 mais vous le voyez un peu parce qu'on a...
11:24 Ouh là, on a grand B ou petit B.
11:27 Le grand B, donc le brun,
11:29 il va dominer sur le petit B, qui est le bleu.
11:31 Donc si on a grand B, petit B, on a des yeux bruns.
11:35 Et donc, vous voyez que la deuxième combinaison,
11:37 c'est le brun aussi.
11:39 La troisième combinaison, c'est papa a donné l'oxygène bleu,
11:43 maman a donné l'eugène marron.
11:45 Et dans ce cas-là, ça fait toujours marron.
11:48 Et la quatrième combinaison possible,
11:50 c'est maman a donné l'eugène bleu, papa a donné l'eugène bleu.
11:54 Et dans ce cas-là, on est comme le dernier des cas qui est ici.
11:57 Hop.
11:59 On va y arriver, hein ? Avec du bleu.
12:02 Vous avez compris ?
12:03 Vous savez qu'un bébé, ça peut être un garçon ou une fille.
12:10 Et si on est un garçon ou une fille,
12:12 c'est parce qu'on a un couple de chromosomes bien précis.
12:16 Maman, elle a deux chromosomes X.
12:19 Papa, il a un chromosome X et un chromosome Y.
12:23 Et donc, de la même façon,
12:24 vous voyez que maman, elle va forcément...
12:27 Qu'elle transmette l'une ou l'autre des copies,
12:29 elle transmet forcément un X.
12:32 Et donc, papa, il va transmettre soit un X, soit un Y.
12:36 Et donc, la combinaison des deux va faire que,
12:39 soit on a un petit garçon, soit on a une petite fille.
12:44 Et donc, vous imaginez bien que ce type d'informations,
12:48 on l'a pour tout ce qui est présent dans notre corps.
12:51 On vient de parler de la couleur des yeux,
12:53 on vient de parler du sexe, donc garçon ou fille,
12:56 mais on l'a aussi pour la couleur des yeux,
12:59 pour la couleur de cheveux, pour la couleur de peau,
13:02 pour si on est plutôt grand, si on est plutôt petit,
13:04 et pour toutes les caractéristiques des cellules
13:06 qui doivent avoir des protéines bien particulières.
13:10 Mais comment on va du gène à une protéine ?
13:15 Je vous ai dit tout à l'heure que dans notre...
13:18 Si ça veut bien marcher,
13:19 notre génome, dans lequel on a les chromosomes,
13:23 et on a cette ADN.
13:25 Et donc, l'ADN, je vous ai dit tout à l'heure,
13:26 c'était un enchaînement de A, de T, de C, de G.
13:30 Et donc, vous voyez ici qu'on a, en fait,
13:33 deux brins.
13:34 Si ça peut bien marcher, voilà.
13:37 On a ici deux brins.
13:38 Vous voyez un premier brin avec le A, le T, le G et le C,
13:42 et un deuxième brin qui...
13:44 C'est comme un peu...
13:46 Comment on appelait ça quand on était petit ?
13:47 Vous savez, les boîtes où le carré ne rentre que dans le carré,
13:49 le triangle que dans le triangle.
13:51 Dans l'ADN, c'est la même chose.
13:54 C'est-à-dire que le A, il est toujours associé au T,
13:57 sur le brin qui est lié avec lui,
13:59 et le C est toujours associé au G.
14:03 Et donc, si vous pensez à ce que je vous ai dit tout à l'heure,
14:05 l'ADN qu'on a dans nos cellules,
14:07 c'est l'espèce d'encyclopédie
14:10 qui va pouvoir donner toutes les informations
14:12 dont nos cellules ont besoin.
14:13 À votre avis, c'est quelque chose de précieux
14:16 ou, si on l'abîme un peu, c'est pas grave ?
14:19 Qui pense que c'est précieux ?
14:21 Oui, super.
14:24 Et donc, c'est tellement précieux...
14:26 J'imagine que vous avez tous déjà allé à la bibliothèque.
14:28 Quand il y a des fois des livres un peu précieux,
14:30 qu'est-ce qu'on fait ?
14:32 Ces livres-là, généralement, si on veut de l'information dedans,
14:35 on ne va pas avoir le droit de les prendre et d'aller les consulter,
14:38 surtout avec nos doigts,
14:39 si jamais on a touché le goûter avant ou quelque chose.
14:41 Dans ces cas-là, on va faire une photocopie,
14:44 photocopie sur laquelle on pourra travailler.
14:46 Dans le génome, c'est à peu près la même chose,
14:48 puisque de l'ADN,
14:50 qui est la version ultra précieuse qu'on a, notre encyclopédie,
14:54 on va faire une copie qui s'appelle l'ARN.
14:58 L'ARN, c'est une copie qui est les simples brins.
15:01 Vous voyez, c'est la même chose, à une différence près.
15:04 On n'a plus la lettre T dans l'ARN,
15:07 on a la lettre U qui la remplace.
15:09 Ensuite,
15:12 connaissez-vous Pac-Man, le petit jeu qui avance comme ça ?
15:16 Il se passe un peu la même chose.
15:19 Il faut imaginer qu'une fois que dans nos cellules,
15:21 on a généré cet ARN,
15:23 on a, en termes scientifiques, des ribosomes.
15:27 C'est un peu comme des petits champignons
15:28 qui viennent se mettre de part et d'autre de l'ARN,
15:31 et c'est comme les Pac-Man.
15:32 Ils vont avancer, sauf que Pac-Man mange une brique par une brique.
15:36 Eux, ils mangent trois briques par trois briques.
15:38 C'est ce qu'on appelle les codons.
15:40 Vous voyez, par exemple, ici...
15:43 On va y arriver, c'est pas évident de pointer.
15:46 Le premier, quand on a UAC,
15:50 il est écrit dessus "thyr", c'est la thyrosine.
15:53 Ensuite, on a la cérine, puis la glycine, puis à nouveau la cérine.
15:57 Vous voyez en face, comme des petites perles.
15:59 Il faut imaginer que sur votre ARN,
16:02 vous avez ce Pac-Man qui vient se fixer,
16:04 qui va se déplacer de trois briques en trois briques.
16:06 Et au fur et à mesure, c'est comme si le Pac-Man avait une queue,
16:09 comme si il faisait un bracelet de perles.
16:10 Chaque fois qu'il va lire trois lettres, il va mettre une petite perle.
16:14 Et quand tout est fini, vous avez un long cheminement de perles
16:17 qui va prendre une structure 3D qui va se replier.
16:20 Et c'est une protéine de notre organisme.
16:23 Vous avez tous compris ça ?
16:25 Super.
16:27 Donc, qu'est-ce qui va se passer ?
16:29 Là, je vous ai expliqué ce qui se passe au quotidien
16:32 chez chacun d'entre nous, dans toutes nos cellules,
16:34 quand elles vont bien.
16:36 Qu'est-ce qui va se passer si ce mode d'emploi, il est mal écrit ?
16:40 Et donc, s'il y a une faute d'orthographe...
16:41 Vous savez qu'en dictée, on vous dit toujours, les maîtresses,
16:44 elles disent "Il ne faut pas faire de faute d'orthographe,
16:46 on écrit bien français."
16:47 Dans l'ADN, c'est à peu près la même chose.
16:49 S'il y a une faute d'orthographe, on va avoir un problème.
16:52 Et généralement, une faute d'orthographe,
16:55 ça va engendrer une maladie génétique.
16:58 Alors, il faut bien imaginer, je vous l'ai dit tout à l'heure,
17:01 que notre matériel génétique, on a à chaque fois deux copies.
17:06 Et donc, s'il y a une faute d'orthographe
17:09 sur une des copies,
17:11 si c'est une maladie qu'on appelle récessive,
17:13 ce n'est pas très grave.
17:15 Tant qu'on en a une seule copie,
17:16 on va être capable de transmettre et d'être porteurs
17:19 du gène impliqué,
17:20 mais on ne va pas être malade.
17:23 Si, par contre, on se retrouve avec deux copies mal écrites,
17:26 là, on risque de développer une maladie génétique.
17:29 On prendra des exemples tout à l'heure.
17:31 Je vous ai pris un exemple d'un nom barbare, la leucodystrophie.
17:38 Peut-être que vous en avez déjà entendu parler.
17:40 Ça commence à être un peu vieux pour vous,
17:43 parce que ça fait quelques années qu'il ne joue plus,
17:44 mais j'imagine que vous connaissez Zinedine Zidane,
17:47 le joueur de foot.
17:49 C'est l'équivalent de Mbappé, mais il y a quelques années.
17:53 À peu près.
17:54 Il est un parrain d'une association
17:58 qui travaille sur la leucodystrophie
18:00 et qui nous finance, nous, chercheurs,
18:02 pour essayer de comprendre ce qui se passe dans ces maladies
18:05 et essayer de trouver des traitements.
18:07 Ce qu'on voit, par exemple,
18:08 c'est que, ici, je vous ai mis un exemple.
18:11 Il faut imaginer que partout dans nos corps,
18:15 on a ce qu'on appelle des nerfs.
18:17 Vous en avez déjà entendu parler ?
18:20 Ces nerfs, si on vient prendre...
18:21 On coupe, ça, c'est fait chez une souris.
18:24 Si on coupe un nerf de manière...
18:25 Vous savez, comme on coupe un saucisson,
18:27 ou une saucisse, ou une courgette,
18:29 ou peu importe, de manière transversale.
18:32 Si on vient prendre une photo au microscope
18:34 au niveau de cette section et qu'on agrandit énormément,
18:38 on va avoir une structure qui ressemble à ça,
18:40 qui s'appelle un axone, la partie blanche,
18:45 et la partie noire épaisse autour, c'est la gaine de mielon.
18:49 Et ça représente ce qu'on voit ici.
18:52 Dans nos cerveaux et dans notre moelle épinière,
18:55 on a ce qu'on appelle des neurones.
18:57 Ces neurones, c'est des cellules qui sont indispensables
19:00 pour transmettre l'information.
19:02 Imaginez, vous voyez, là, je veux marcher.
19:04 Pour aller en avant, je vais tendre ma jambe,
19:06 poser le pied et avancer.
19:08 Tout ça, ça s'est fait sans même qu'on le calcule,
19:11 c'est ce qu'on appelle un geste inconscient,
19:13 mais notre cerveau, il a donné, via les neurones,
19:17 l'information, et c'est un transit d'information électrique,
19:19 qui va lui avoir dit qu'elle veut avancer,
19:21 il faut que je bouge la jambe, que je pose le pied,
19:24 et ainsi de suite, on enchaîne, ce qui nous fait marcher.
19:27 Et cet isolant, donc cette myéline que vous voyez ici,
19:31 ici en noir,
19:33 c'est ce qu'on retrouve ici.
19:36 C'est un peu, si on fait un exemple avec ce que vous croisez tous les jours,
19:40 c'est comme un fil électrique.
19:42 Vous imaginez, je ne fais pas le grippin le matin,
19:44 on branche le fil dans la prise,
19:47 et on a l'électricité qui arrive, qui va permettre de faire griller le pain.
19:51 Si jamais, cette électricité, vous connaissez,
19:53 c'est comme un fil plastique, il y a un isolant plastique.
19:56 J'imagine, sauf si certains, les papas ou les mamans sont bricoleuses
20:00 et ont déjà vu l'intérieur d'un fil électrique,
20:02 dedans, c'est plein de petits fils de cuivre.
20:05 Mais si jamais on n'a pas cet isolant plastique autour,
20:08 on a beau brancher la prise électrique,
20:12 on n'aura jamais l'électricité suffisante pour allumer le grippin et le faire marcher,
20:15 on va avoir un court circuit.
20:17 Mais comme il n'y a pas un isolant autour,
20:19 l'électricité ne circule pas dans le câble électrique.
20:22 Dans le nerf, c'est la même chose.
20:24 Tant qu'on a cette gaine de myéline, c'est très bien,
20:27 l'information circule et on va pouvoir marcher comme il faut.
20:30 Si par contre, et vous le voyez ici sur l'image,
20:33 on a une myéline qui se détruit,
20:38 on le verra plus tard, à cause d'une maladie,
20:41 et vous le voyez bien sur l'image, on n'a plus la même structure,
20:44 même si vous n'êtes pas scientifique,
20:45 vous voyez bien qu'entre ça et ça, ce n'est pas la même chose.
20:50 Là, on n'est plus du tout capable de marcher, de se déplacer.
20:54 Ce sont des enfants qui vont être en fauteuil roulant
20:57 et qui vont généralement décéder très jeunes
20:59 parce que tout leur cerveau est dans cet état-là.
21:03 C'est pour vous donner un exemple de maladie génétique.
21:06 Mais comment comprendre ce qui se passe
21:08 et comment on arrive à une telle maladie génétique ?
21:11 Parce que notre job en tant que chercheurs,
21:13 c'est d'essayer de développer des traitements,
21:16 mais pour être capable de développer un traitement,
21:18 il faut avoir compris ce qui se passe dans la cellule,
21:21 mais surtout au niveau de l'ADN, avoir compris ce qui se passe
21:24 et pourquoi l'information ne passe pas,
21:26 pour essayer de la réparer et de mettre au point un traitement.
21:31 Et donc pour ça, vous imaginez bien,
21:34 je pense que ça nous est tous arrivé un jour,
21:36 vous savez, les trucs à la mode, on a China Express,
21:39 et des fois, on commande, on se dit "Super, ça va arriver",
21:42 et là, pas de bol, "Ah oui, ça arrive, mais il y a un truc à monter
21:45 et la notice, c'est que écrit en chinois
21:48 ou en tout cas, en langue des signes,
21:50 qui ne nous parle pas du tout."
21:52 Et donc, vous imaginez bien, on en revient tout à l'heure
21:54 à notre notice de Lego,
21:55 c'est que si on ne vous donne pas les informations
21:57 de qu'est-ce qu'il faut monter les uns avec les autres,
21:59 eh bien, on a un problème.
22:01 Et si c'est mal écrit, qu'est-ce qu'on risque de faire ?
22:06 Vous voyez ici, je vous ai pris l'exemple
22:07 qui est très parlant d'un avion.
22:10 Un avion, ça ressemble à ça,
22:12 on a un train d'atterrissage, on a des réacteurs,
22:15 on a la petite queue derrière, on a les ailes.
22:19 Si une seule page est mal écrite pour construire l'avion,
22:22 qu'est-ce qui va pouvoir se passer ?
22:25 Soit on va avoir un avion qui est sans ailes.
22:27 À votre avis, en termes de fonctionnalité,
22:30 l'avion sans ailes, on est bon ou on n'est pas bon ?
22:35 Tout à fait.
22:36 Si on a un avion pour lequel on sait qu'il manque quelque chose,
22:42 mais on ne sait pas quoi,
22:43 là, ça va être plus dur de comprendre où est le problème.
22:48 On peut se retrouver avec un avion qui est parfaitement normal
22:51 ou juste, il manque un siège.
22:53 Ça, à votre avis, c'est grave pour le fonctionnement de l'avion ou pas ?
22:57 Voilà, c'est pas grave, c'est simplement,
22:58 il pourra prendre un passager en moins,
23:00 mais il sera capable de voler et il n'y aura pas de souci.
23:03 Et on peut avoir quelque chose de beaucoup plus grave,
23:06 c'est-à-dire que d'extérieur, l'avion est parfaitement normal,
23:09 mais quand on monte à l'intérieur,
23:11 l'avion n'a pas de siège du tout.
23:13 Donc dans ce cas-là, oui, l'avion sera capable de voler,
23:16 mais si son job, c'est de transporter des passagers de Paris à New York,
23:21 là, il ne va pas pouvoir en prendre beaucoup.
23:23 Donc dans ce cas-là, c'est un peu...
23:25 On peut dire que dans tous ces cas, l'avion a eu une mutation.
23:28 Une mutation qui va pouvoir être relativement grave
23:32 parce que s'il n'a pas d'aile, il ne va jamais partir du sol.
23:35 S'il n'a pas de siège, il va partir du sol,
23:37 mais il ne sera pas capable d'effectuer correctement son job.
23:41 Et par contre, s'il lui manque juste un siège
23:43 ou que c'est la peinture en surface qui n'est pas de la bonne couleur,
23:46 ce n'est pas grave, il pourra toujours effectuer son travail de la même façon.
23:50 C'est clair pour vous tous, ça ?
23:52 Et donc, pour vous illustrer et revenir à notre ADN,
23:57 ce qui se passe maintenant qu'on l'a fait avec l'avion,
24:00 je vous ai mis au tout début, donc là à gauche,
24:02 une série normale d'ADN
24:05 avec les codons qu'on a vus tout à l'heure et la protéine.
24:08 Donc cette fois-ci, je n'ai pas mis des petits dessins,
24:09 j'ai mis des initiales.
24:11 Donc vous voyez ici, ça fait une protéine normale.
24:13 Qu'est-ce qui peut se passer en termes de mutation ?
24:16 Soit on va enlever complètement un codon.
24:19 Vous voyez ici le AAG, on l'a complètement enlevé, il a disparu.
24:23 Et vous voyez que dans ce cas-là, ça nous change.
24:26 On va perdre la lysine et on va avoir un codon stock
24:30 qui est plus précoce, une protéine qui est plus courte.
24:33 Et ça, ça va pouvoir avoir différents effets.
24:36 Soit c'est très grave et le petit morceau qui manque,
24:38 c'était par exemple ce qui permettait à la protéine
24:40 de s'accrocher dans la cellule.
24:42 Du coup, la protéine ne va plus être efficace
24:45 et on va avoir un gros problème.
24:47 Soit on rajoute une lettre, simplement, vous voyez.
24:50 C'est comme si la photocopieuse s'était trompée
24:52 en faisant la photocopie de l'encyclopédie
24:54 et elle a rajouté une lettre.
24:56 Là, ça peut être dramatique aussi
24:58 puisque vous voyez que le mot qui s'affiche maintenant,
25:01 on n'est plus sur AAG, mais UAA,
25:04 et ça, ça ne veut rien dire, donc ça s'arrête.
25:06 Donc on n'aura pas la protéine.
25:09 Et on peut avoir aussi le cas où, par contre,
25:11 au lieu d'avoir rajouté un U, ça a enlevé un U.
25:14 Et là, vous voyez que le début est pareil,
25:17 par contre, ça change les petites perles qu'on met à la fin,
25:19 les petites protéines qu'on met à la fin.
25:21 Et ça, la conséquence va pouvoir être variable
25:24 selon que ces nouvelles perles qu'on a mises,
25:26 elles ont à peu près la même structure
25:28 que celles qui étaient normalement là au départ.
25:31 Et donc, vous imaginez bien
25:35 que quand on est face à des changements comme ça,
25:39 juste en lisant les séquences,
25:41 c'est assez difficile de prédire
25:43 ce qui va se passer à l'échelle d'un organisme.
25:46 Et donc, au laboratoire, on travaille normalement,
25:49 notamment avec des petites souris
25:51 chez lesquelles on va essayer de comprendre
25:54 ce qui va se passer quand on a telle ou telle mutation.
25:58 Et donc, pour ça, on va venir enlever le gène impliqué chez la souris
26:03 pour essayer de comprendre ce qui se passe.
26:06 Et donc, c'est un peu comme l'avion, on a tous les cas possibles.
26:09 Soit on va se retrouver avec ce qu'on appelle une létalité embryonnaire,
26:13 c'est-à-dire que la souris,
26:15 on aura les souriceaux qui sont en développement
26:17 dans le ventre de la maman souris, mais qui ne vont jamais naître.
26:21 On n'aura jamais de bébé porteur de cette mutation.
26:24 Et ça, ce que ça nous donne comme indication,
26:26 c'est que le gène qui a été muté,
26:28 il est tellement important pour la construction de l'organisme
26:32 avant même la naissance,
26:33 que s'il a un quelconque défaut d'écriture,
26:36 on n'est même pas capable de faire naître un bébé.
26:38 Soit on va avoir une petite souris qui naît
26:41 pour laquelle on n'aura aucune différence visible.
26:45 Et donc, dans ce cas-là, on peut se dire qu'il existe un autre gène
26:49 qui a à peu près la même fonction que celui qu'on a muté
26:51 et qui est capable de compenser son absence
26:54 et de réaliser son travail à la place.
26:56 Soit on va avoir une souris qui est parfaitement viable
27:01 et qui ne fonctionne pas parfaitement bien.
27:03 Dans ce cas-là, on va dire que c'est un gène
27:06 qui fait quelque chose dans l'organisme, mais on ne sait pas quoi.
27:09 En tout cas, ne pas l'avoir n'amène aucune pathologie.
27:12 Soit on va avoir une petite souris qui est viable,
27:15 mais qui n'est pas fonctionnelle.
27:17 Ça va pouvoir être une souris qui a du mal de marcher,
27:20 qui est aveugle, qui a des problèmes hépatiques,
27:22 dont le cerveau n'est pas parfaitement myélinisé,
27:24 comme on l'a vu tout à l'heure.
27:26 Et donc, on va être capable de venir apprendre
27:29 et essayer de comprendre ce qui se passe chez cette souris.
27:32 Et finalement, vous pouvez me dire
27:35 pourquoi on utilise la souris plutôt qu'autre chose.
27:38 Il faut savoir que la souris,
27:39 c'est un très bon modèle de la génétique de l'homme
27:42 et que, vous vous rappelez,
27:44 l'analogie qu'on vient de faire avec l'avion,
27:46 c'est pour comprendre l'aviation et savoir comment un avion marche.
27:50 On n'a pas besoin d'avoir un A380 à disposition.
27:54 Si on a un petit avion à moteur avec des ailes,
27:57 on va être capable de répondre à certaines questions,
27:59 de savoir pourquoi ça vole, comment et tout.
28:01 Finalement, la souris, c'est un peu pareil.
28:04 On n'a pas besoin d'avoir sous la main un humain
28:06 qui peut avoir un défaut génétique.
28:08 Avoir la souris avec ses mutations génétiques
28:11 va nous permettre de comprendre tout ce qui se passe
28:13 en termes de physiologie et d'anomalie.
28:16 Pour être capable de développer un traitement,
28:18 qu'on pourra ensuite administrer chez l'homme
28:21 pour espérer guérir les patients.
28:24 Pour ça, il faut bien imaginer qu'on parle de...
28:28 C'est une différence entre mimer et copier la maladie.
28:32 Le modèle souris ne copie pas les maladies humaines,
28:35 mais il est mime à l'échelle d'une souris.
28:39 Maintenant, on peut arriver...
28:43 Oui, il nous reste à peu près 5 à 10 minutes pour faire ça,
28:46 et après, vous pourrez poser des questions.
28:48 On en arrive aux thérapies.
28:50 Il existe plein de types de thérapies.
28:53 La première thérapie que vous connaissez tous,
28:55 je pense que ça vous est arrivé,
28:57 c'est d'avoir la grippe, d'être malade et de prendre du paracétamol.
29:01 De l'Iprane ou quelque chose comme ça.
29:03 C'est ce qu'on appelle un traitement pharmacologique.
29:06 Le premier cas, c'est des molécules chimiques
29:09 qui vont notamment permettre de soulager la douleur
29:12 ou de soigner en ciblant un dysfonctionnement de la cellule.
29:15 Il existe aussi ce qu'on appelle des thérapies cellulaires.
29:20 Les premières thérapies cellulaires datent de l'Égypte ancienne.
29:23 Vous avez une idée de ce que ça pouvait être ?
29:26 C'était les transfusions sanguines.
29:30 Quelqu'un qui était blessé, qui avait perdu beaucoup de sang,
29:33 on était capable de lui remettre du sang d'un autre individu
29:37 pour qu'elle aille mieux.
29:39 Remettre du sang, dans notre sang, on a quoi ?
29:41 On a des cellules.
29:42 C'est une sorte de thérapie cellulaire.
29:45 Je peux vous en dire juste deux mots, ce n'est pas ce dont on va parler,
29:49 mais il y a énormément de thérapies qui ont évolué.
29:52 Une thérapie cellulaire, c'est être capable d'amener une cellule saine,
29:58 soit d'un autre organe, soit d'un autre donneur,
30:01 de manière à remplacer les cellules malades qui ne fonctionnent plus.
30:04 Pour ça, on peut utiliser des cellules souches.
30:08 Cellules souches qui peuvent être dans le cordon ombilical de bébés,
30:13 cellules souches qui sont résidentes dans certaines de nos cellules,
30:17 par exemple au fond de nos os, à plein d'endroits différents.
30:21 En plus, on est capable de transformer ces cellules
30:24 pour faire des cellules de rétine.
30:26 Récemment, des patients ont été greffés,
30:29 où on a pris un petit morceau de leur peau sur la jambe,
30:32 on a transformé ces cellules pour qu'elles deviennent des cellules de l'œil,
30:36 on a construit de manière artificielle des rétines
30:40 et on est venu greffer une rétine pour un patient
30:42 qui n'était plus capable de voir.
30:45 Et le dernier type de thérapie dont on va parler aujourd'hui,
30:48 qui est ce qu'on fait, notamment, au laboratoire,
30:51 c'est la thérapie génique ou chirurgie du gène.
30:54 Pour ça, on va vouloir venir amener ou réparer une copie du gène
31:00 permettant la production normale de la protéine
31:02 dans toutes les cellules malades.
31:06 Pour ça, c'est ce qu'on appelle l'apport d'un gène médicament.
31:10 Sauf que, vous imaginez bien, on a parlé tout à l'heure du cerveau.
31:15 Dans un cerveau, à votre avis, il y a beaucoup ou pas beaucoup de cellules ?
31:18 Qui pense qu'il y en a beaucoup ?
31:20 C'est bien.
31:23 Et donc, vous imaginez que le dilemme du chercheur,
31:27 ça va être, si on veut venir amener ce gène médicament dans les cellules,
31:33 ça va vouloir dire être capable d'amener rapidement
31:36 et de manière efficace à toutes les cellules du cerveau
31:40 ce gène médicament.
31:43 À votre avis, c'est facile ou pas ?
31:45 Qui pense que c'est facile ?
31:47 Qui pense que c'est pas facile ?
31:50 C'est ça, il y en a plus. Qui n'a pas d'opinion ?
31:54 C'est ça. Vous pensez plus que c'est pas facile et vous avez bien raison.
31:58 Et donc, ça va peut-être vous surprendre,
32:01 mais nos meilleurs alliés pour venir amener efficacement
32:05 ce gène médicament dans le cerveau, c'est les virus.
32:09 Vous connaissez tous l'histoire d'Ulysse et de Troyes
32:12 avec l'histoire du cheval de Troyes.
32:14 Il a utilisé le cheval de Troyes pour cacher des guerriers.
32:18 Il l'a mis devant la porte comme un cadeau à la cité de Troyes
32:21 qu'il a fait rentrer et du coup, pendant la nuit,
32:24 du ventre du cheval sont sortis plein de guerriers
32:26 qui ont attaqué la ville de Troyes.
32:28 Nous, on va faire la même chose,
32:30 on va utiliser la capacité des virus comme un cheval de Troyes.
32:34 Mais il faut bien penser que le virus, on l'a modifié.
32:37 Vous avez tous entendu parler des virus,
32:39 je pense que surtout ces dernières années avec le Covid.
32:42 Dans un premier temps, je vais vous expliquer
32:44 ce que fait un virus normal,
32:46 le virus méchant, type la grippe ou le Covid, qu'on n'aime pas.
32:49 Le virus vient infecter les cellules
32:52 et il va se reproduire dans ces cellules.
32:55 Il va donc produire plein de bébés virus,
32:58 sauf qu'à un moment, la cellule, quand elle est chargée de bébés virus,
33:01 qu'est-ce qui se passe ? Elle dégénère et elle meurt.
33:04 Et donc, ça, c'est pas bien,
33:05 parce que certes, on serait capable d'amener un médicament,
33:09 mais si ça fait mourir la cellule, c'est pas l'objectif,
33:11 ça va empirer encore.
33:13 Donc, ce qu'on a fait, nous, les chercheurs dans les laboratoires,
33:16 c'est qu'on a modifié ces virus.
33:18 On a gardé leur capacité à rentrer facilement dans les cellules,
33:23 mais on a enlevé à l'intérieur tout leur ADN viral,
33:26 tout leur ADN méchant,
33:28 et à la place, on a mis l'ADN médicament.
33:30 Et donc, ce qui va se passer,
33:32 c'est que le virus, quand on va l'administrer,
33:34 le vecteur, du coup, il va venir dans la cellule,
33:37 mais il va uniquement amener un gène médicament.
33:40 Et donc, ce gène médicament, il va soigner la cellule,
33:43 et si vous vous rappelez de ce que je vous ai montré tout à l'heure
33:46 pour l'hélocodystrophie,
33:47 on va passer d'un état où une cellule était malade
33:51 et avait toute sa myéline qui dégénérait
33:53 à un état où la cellule est soignée.
33:57 Et ici, je vous ai montré des petits exemples
33:59 pour vous montrer clairement qu'on arrive à le faire au laboratoire
34:02 avec des petites souris.
34:04 Alors, il faut que j'arrive à lancer la vidéo.
34:06 OK.
34:10 Donc, au-dessus, la première vidéo,
34:13 c'est des tests de comportement.
34:14 Vous voyez, on fait passer la souris, on la fait marcher sur...
34:17 C'est comme le bord d'un château fort, des petits plots.
34:20 Et vous voyez ici,
34:21 c'est une souris qui a huit semaines et demie qui est malade.
34:24 Elle est incroyablement malade.
34:26 Elle est incapable de passer de plot en plot
34:29 sans que les pattes tombent.
34:31 Elle tremble et vous voyez qu'elle n'arrive absolument pas à avancer.
34:35 La vidéo que je vais vous montrer après,
34:39 c'est la petite sœur de cette souris-là,
34:41 qui a été traitée une semaine avant la vidéo.
34:44 Donc, elle était exactement dans cet état-là.
34:46 On lui a amené un vecteur, comme je viens de vous montrer,
34:49 qui ramène le gène. Dans ce cas-là, c'était...
34:51 Je ne sais plus quelle pathologie c'était.
34:55 C'était pour l'ALS, je crois.
34:56 On a ramené le gène dans les souris sol.
34:59 À votre avis, ça marche ou ça ne marche pas ?
35:02 -Ça marche.
35:03 -Alors, allez, on vérifie.
35:05 Alors, ce n'est pas encore parfait. Parfait !
35:12 Mais vous vous rendez compte de la différence ?
35:13 Elle était dans le même état que sa copine, juste au-dessus,
35:16 et maintenant, elle marche comme ça.
35:18 Et donc, ce qu'il faut bien imaginer,
35:22 vous voyez qu'à l'heure actuelle,
35:24 il existe des thérapies comme ça
35:25 où on arrive à faire des miracles chez la souris.
35:28 Naturellement, ça n'arrive pas du jour au lendemain.
35:30 Il faut imaginer que c'est un long cheminement
35:33 puisqu'on en revient à tout ce que je viens de vous expliquer.
35:36 Pour être capable d'amener ce gène médicament,
35:38 il faut déjà avoir compris quel est le gène,
35:42 donc qu'est-ce qui ne va pas dans l'ADN dans cette maladie,
35:46 puis ensuite avoir un modèle de souris qu'on génère
35:50 qui reproduit ce qui se passe dans la maladie,
35:52 puisque vous imaginez bien que si on n'a pas
35:54 une des petites souris malades
35:55 à l'équivalent de ce qui se passe chez le patient,
35:57 on ne pourra pas vérifier si notre thérapie marche ou pas.
36:00 Il faut ensuite développer le vecteur
36:03 qu'on va vouloir administrer,
36:04 puis l'injecter chez l'animal
36:07 et obtenir ce type de résultat.
36:09 Une fois qu'on a des résultats probants comme ça chez l'animal,
36:13 on va être capable de passer ce qu'on appelle des étapes précliniques
36:17 avec la validation d'une toxicité,
36:21 puisque je reviens tout à l'heure à ce que je vous ai dit.
36:23 Quand on prend un Doliprane,
36:25 imaginons ce qui se passe.
36:26 Vous avez mal à la tête, vous prenez un Doliprane.
36:29 Imaginez que vous soyez allergique au Doliprane.
36:32 Si vous réagissez au Doliprane, vous n'allez pas être bien,
36:35 vous allez peut-être aller à l'hôpital,
36:36 mais vous n'allez plus prendre du Doliprane.
36:38 Au bout de quelques heures,
36:40 le Doliprane va être éliminé de votre organisme
36:43 et vous allez aller mieux.
36:45 Moi, ce que je vous ai montré,
36:46 c'est qu'on vient amener l'ADN dans les cellules.
36:49 Une fois qu'on a amené cet ADN,
36:51 on n'a plus aucun moyen de venir l'enlever.
36:54 Vous imaginez bien qu'avant d'aller traiter un humain
36:57 avec ce type de thérapie,
36:59 il faut qu'on vérifie absolument tout à toutes les étapes
37:03 pour s'assurer qu'on n'a pas du tout de toxicité
37:06 et qu'on ne risque pas d'aggraver le patient.
37:08 C'est ce qu'on va faire dans le développement préclinique.
37:12 Ensuite, on va faire différentes phases d'études chez l'homme,
37:15 en commençant au départ sur trois, quatre, cinq patients
37:18 pour montrer que la thérapie est efficace chez l'homme,
37:21 puis des essais à plus grande échelle sur 20 à 100 patients
37:24 avant d'arriver à ce qu'on appelle une autorisation de mise sur le marché
37:28 et un médicament qui va se retrouver prescrit par les médecins
37:31 et qui pourra être accessible à tous.
37:33 Et donc, voilà ce que je voulais...
37:37 On est pile dans les 45 minutes.
37:38 Ce que je voulais vous raconter aujourd'hui.
37:41 Et maintenant, la parole est à vous
37:42 et vous avez le temps pour les questions.
37:45 Déjà, j'espère que ça vous a plu.
37:47 Oui !
37:48 Et donc, si vous avez des questions, surtout, vous levez bien la main.
37:53 Et vous avez Julia ou Lisa qui va passer le micro.
37:58 C'est juste que j'ai oublié ce que je voulais dire.
38:06 C'est pas grave. On pose les questions à tes camarades,
38:09 et tu vas retrouver ce que tu voulais dire.
38:16 Pourquoi on n'essayerait pas de faire l'expérience sur des chimpanzés ?
38:20 Alors, ça peut arriver.
38:23 On va dire que...
38:24 Là, j'ai pris l'exemple de la souris,
38:26 mais naturellement, dans la nature,
38:29 il existe des chiens, des singes, des lapins, des fois,
38:33 qui développent exactement, spontanément,
38:35 la même maladie qu'il existe chez l'homme.
38:37 Et donc, dans ce cas-là, on peut, par exemple,
38:39 quand on a des gros lapins,
38:41 où ça se fait pas mal aussi sur le cochon,
38:43 qui reproduit pas mal de maladies,
38:45 on va être capable d'administrer,
38:46 mais ça, ça se fait qu'aux dernières étapes,
38:48 juste avant d'aller chez l'homme.
38:50 Et il faut bien imaginer que c'est des choses
38:51 qui sont très réglementées,
38:52 puisque ça a beau être des animaux,
38:54 ils sont tout autant considérés comme une vie,
38:57 et donc, on a besoin d'autorisation éthique
38:59 pour tester sur eux,
39:00 et on n'y va que quand on est aux dernières étapes
39:03 pour montrer que c'est efficace, juste avant d'aller chez l'homme.
39:06 C'est quoi la moelle épinière ?
39:10 Alors, la moelle épinière, c'est la partie du système nerveux,
39:14 ici, on a le cerveau, qui va descendre ici,
39:16 qui fait tout le long du dos, dans la colonne vertébrale,
39:19 et à chaque niveau de la moelle épinière,
39:21 il part plein de petits nerfs qui viennent irradier
39:23 dans tout le corps, dans les bras, dans les côtes,
39:26 dans les muscles, et c'est ce qui va permettre à chacun
39:29 de se déplacer, de bouger.
39:31 Et je pense que tu as peut-être déjà vu
39:33 des gens qui ont un accident de voiture,
39:35 un accident de moto,
39:36 et qui vont avoir une section de la moelle épinière,
39:38 c'est des gens qui vont plus pouvoir marcher.
39:40 Soit juste, si la section est relativement basse
39:43 dans la moelle épinière,
39:44 ça va être une paralysie des membres inférieurs,
39:46 soit si la section est très haute dans la moelle épinière,
39:49 on va avoir une paralysie des quatre membres.
39:51 -Mais les lettres de l'ADN,
40:01 c'est des diminutifs ou c'est des lettres
40:03 qui ont été données juste pour l'ADN ?
40:06 -Alors, en fait, ça correspond à ce qu'on appelle des bases azotées.
40:09 Donc A, c'est pour adénine, U, pour uracil,
40:12 G, pour guanine, C, pour cytosine,
40:15 et T, pour thymine.
40:17 -Donc c'est des diminutifs.
40:18 -C'est ça. On ne met que la lettre, en fait.
40:21 C'est une structure...
40:23 Si vous avez peut-être vu des conférences
40:24 où vous avez peut-être parlé de chimie,
40:25 c'est une structure 3D,
40:28 c'est comme de la chimie organique
40:29 sur lesquelles on a ses résidus.
40:31 Et l'ADN forme, en fait, une double hélice.
40:34 Je ne vois pas qui c'est qui me pose la question.
40:41 Il faut lever les bras.
40:42 OK.
40:45 -Mais...
40:46 Est-ce que c'était des vraies vidéos ?
40:51 -Oui, c'était des vraies vidéos faites au laboratoire.
40:54 Ne vous inquiétez pas, vous aurez tous le temps de poser vos questions.
41:02 Oui ?
41:04 -Ça veut dire quoi, ADN ?
41:06 -L'ADN, c'est l'acide désoxyribonucléique.
41:11 Et l'ARN, qui est la copie, c'est l'acide ribonucléique.
41:15 Mais je te rassure, au quotidien au labo,
41:20 on dit toujours ADN ou ARN, on dit jamais le nom complet.
41:23 -Mais pourquoi...
41:33 La petite soeur, elle n'arrivait pas à marcher à l'hôpital,
41:40 mais la soeur, elle arrivait à marcher ?
41:43 -La petite souris qui n'arrivait pas à marcher,
41:45 elle avait une mutation qui, en fait, lui paralysait.
41:49 C'était une anomalie dans ses neurones,
41:51 comme j'ai montré sur les photos.
41:53 Du coup, elle n'avait pas la capacité de marcher.
41:55 Ses neurones, ils étaient en train de dégénérer.
41:58 Par contre, sa petite soeur qui marchait,
42:00 c'est parce qu'on lui a amené le traitement avec le gène médicament.
42:03 Donc, on a été capables de réparer la cellule
42:05 pour qu'elle puisse marcher.
42:07 ...
42:14 -Pourquoi est-ce que les souris, elles sont...
42:18 assez bonnes pour tester les...
42:22 Pour tester ces maladies ?
42:27 -Souvent, c'est ce que je disais tout à l'heure,
42:29 c'est que les souris, ça a beau être tout petit,
42:31 c'est un mammifère comme l'homme,
42:33 mais en fait, en mutant le gène
42:36 qu'on a identifié dans une pathologie humaine,
42:38 très souvent, je ne veux pas dire tout le temps,
42:41 mais très souvent, la souris, elle est capable de reproduire
42:44 exactement les mêmes anomalies qu'on a chez l'homme.
42:48 Alors, il y a des fois, on va se rendre compte,
42:49 là, je vous ai montré une souris qui a des difficultés motrices,
42:52 donc, comme peut avoir un patient,
42:54 il y a des fois, le modèle sera peut-être imparfait,
42:56 c'est-à-dire que chez la souris,
42:57 déjà, parce qu'une souris, elle ne marche pas comme nous,
42:59 on ne marche pas à quatre pattes, on marche debout,
43:01 la souris, elle marche toujours à quatre pattes.
43:03 Donc, des fois, chez la souris,
43:04 on ne sera pas capable de voir, à sa manière de se déplacer,
43:07 une anomalie, mais si on vient regarder ses cellules à l'intérieur,
43:11 elle va reproduire exactement et elle va avoir les mêmes anomalies
43:14 que ce qu'on a pu trouver chez un humain qui était malade.
43:17 Ne t'inquiète pas, t'en râles tant.
43:24 -Mais c'est...
43:31 Mais la petite souris, elle avait quelle maladie ?
43:36 -Elle avait ce qu'on appelle une ALS,
43:39 c'est une dégénérescence de tous ses motoneurones de la moelle épinière.
43:43 -Moi, j'ai pas aimé quand la souris, elle arrivait pas à marcher.
43:49 -Ah ben oui, mais ça, c'est...
43:52 Enfin, elle est née comme ça, en fait, on l'a pas rendue malade,
43:55 elle est née comme ça, elle arrivait pas à marcher.
43:57 Et donc, nous, justement, ce qu'on fait,
43:58 c'est qu'on donne le traitement
44:00 pour qu'elle arrive à remarcher comme il faut.
44:02 -Mais comment elle faisait...
44:11 Mais comment... Mais qu'est-ce qu'elle a...
44:14 Mais comment elle a fait, votre petite souris, pour marcher ?
44:19 -On lui a donné le traitement,
44:20 on lui a fait une injection intraveineuse avec le virus
44:24 en amenant le gène médicament.
44:26 Du coup, on a été corriger ses cellules
44:28 et du coup, les cellules, elles allaient mieux
44:31 et donc, elle a pu remarcher.
44:33 -Avec tous les animaux, ça marche ?
44:39 -Sur toutes les petites souris qu'on traite ?
44:43 Alors non, malheureusement, sinon, ce serait bien,
44:45 si dans la recherche, tout fonctionnait à 100 %,
44:47 on arriverait, on aurait déjà soigné toutes les maladies.
44:50 Donc, des fois, on se rend compte qu'un traitement,
44:52 il va être capable d'améliorer, mais pas complètement,
44:55 et donc, on retravaille le traitement pour...
44:57 Des fois, il faut combiner plusieurs traitements
44:59 et il y a des fois, ce qui peut être très compliqué,
45:03 c'est que sur certaines pathologies humaines,
45:05 on n'a pas encore identifié le gène qui est impliqué
45:09 et donc, tant qu'on ne sait pas le gène qui est impliqué,
45:11 ça peut être très difficile d'imaginer le traitement
45:13 qu'on va pouvoir amener derrière.
45:15 Mais heureusement, il y a beaucoup de succès qui font que,
45:19 depuis ces dernières années, il y a de plus en plus d'approches
45:22 de thérapie génique qui fonctionnent.
45:24 Donc, les premières, elles ont été pour des maladies
45:26 qui n'étaient pas forcément des maladies du cerveau.
45:28 Il y a eu pour des maladies immunitaires,
45:29 il y a eu pour des maladies du sang,
45:31 ensuite, il y a eu pour des maladies de la rétine,
45:34 mais maintenant, depuis plusieurs années,
45:35 on commence à voir des traitements qui fonctionnent
45:37 pour les maladies du cerveau et de la moelle épinière.
45:40 Oui ?
45:43 -Mais comment les souris, elles...
45:48 Comment vous savez que les souris, elles sont malades,
45:51 que c'est ces souris-là qui sont malades ?
45:54 -Alors, on va être capables, en fait,
45:56 quand on a... C'est le travail de quelqu'un chez moi,
45:58 elle pourra t'expliquer encore plus après, si tu veux.
46:00 On va être capables d'aller chercher l'ADN des souris
46:04 via un petit prélèvement sur un petit bout de queue,
46:06 sur du poil,
46:07 et on va aller lire avec des énormes appareils
46:10 qui peuvent s'appeler des séquenceurs,
46:13 qui vont venir nous lire toute la série d'ADN
46:15 qui est présente chez elles,
46:16 et donc, on va retrouver la mutation,
46:18 quel gène est muté,
46:20 donc on va savoir quelle pathologie a la souris.
46:22 Et c'est la même chose qui peut être fait chez l'homme,
46:24 c'est-à-dire que quand on a, à l'heure actuelle,
46:26 en pédiatrie ou en neuropédiatrie,
46:29 les médecins vont arriver, les patients,
46:34 et vont devoir identifier quel type de maladie ils ont.
46:37 Donc déjà, ils vont se fier aux symptômes cliniques,
46:40 aux anomalies de marché,
46:41 on va pouvoir passer une radio, un IRM,
46:44 et ensuite, quand on se dit
46:45 "Ah tiens, ça doit être ce type",
46:47 typiquement, si on pense à une leucodystrophie,
46:49 on va aller récupérer, on va faire une crise de sang,
46:51 sur les cellules du sang, on va venir isoler l'ADN,
46:54 et ensuite, avec les séquenceurs,
46:56 on va venir lire toute la séquence d'ADN
46:59 dans le gène qu'on pense impliquer,
47:00 et on va être capable de trouver la mutation,
47:02 et on va confirmer en disant
47:03 "Bon, ben voilà, une mutation a été trouvée à cet endroit-là",
47:06 et donc on confirme cette telle maladie.
47:09 -Pourquoi la souris, elle ne marche pas ?
47:16 Pourquoi la souris...
47:17 C'est quoi un médicament pour la souris ?
47:20 -C'est le même médicament
47:21 qu'on va vouloir développer chez l'homme.
47:23 Dans ce cas-là, c'était une injection d'un virus
47:25 par voie intraveineuse.
47:27 -Comment ça s'écrit, le cerveau ?
47:35 -Ca, comment ça s'écrit ?
47:36 -Le cerveau.
47:38 -Le cerveau ?
47:39 C-E-R-V-E-A-U.
47:41 -De quoi ?
47:47 -Coucou.
47:48 -Mais est-ce qu'on peut enlever le cerveau de l'homme
47:59 pour en mettre un autre ?
48:00 -Alors non.
48:01 Ca, malheureusement, c'est...
48:03 On est capable de faire différentes greffes chez l'homme.
48:06 On peut faire des greffes du sang, dans le cas de l'euthémie,
48:09 on peut greffer un rein, on peut greffer de la peau,
48:11 on peut greffer des poumons,
48:13 il y a même des greffes de coeur,
48:15 mais le cerveau, c'est le seul organe...
48:17 Le cerveau et la moelle épinière, c'est les deux seuls
48:19 qu'on ne peut pas enlever et remplacer.
48:21 Parce que si on déconnecte le cerveau, on meurt instantanément.
48:25 C'est comme un ordinateur, il y a une unité centrale.
48:29 Si on déconnecte le cerveau,
48:30 c'est l'unité centrale qui est en rade et il ne se passe plus rien.
48:33 Là-dedans. Pardon.
48:36 -Ca signifie quoi, l'immunité ?
48:39 -L'immunité, c'est...
48:40 Alors...
48:42 Le système immunitaire,
48:45 c'est tout ce qui va nous protéger dans notre organisme
48:48 contre les virus comme contre les bactéries.
48:50 C'est un peu...
48:51 C'est en gros la police et la gendarmerie du corps.
48:54 Ils baladent en permanence, c'est nos cellules sanguines
48:56 qui vont se promener, et dès qu'elles croisent quelqu'un
48:58 qu'elles ne reconnaissent pas comme notre corps,
49:00 elles vont lui demander genre "Attends, pourquoi tu es là ?
49:03 "Tu nous veux du mal ? Tu sors."
49:05 ...
49:12 -Alors...
49:14 -Oui ? Ah, pardon.
49:15 Je voyais le micro bouger là-haut.
49:18 -Comment la souris peut...
49:22 Comment la souris peut être née avec une maladie ?
49:27 -En fait, son papa et sa maman étaient porteurs de la maladie.
49:31 Ils l'avaient chacun. Les parents, ils étaient sains.
49:35 Ils étaient chacun porteurs à l'état...
49:37 Je vous ai dit qu'il y avait deux copies à chaque fois
49:39 de chacun des gènes.
49:40 Donc le papa et la maman étaient chacun porteurs
49:42 d'une version mutée du gène.
49:44 Et donc, par pas de chance, la petite souris,
49:48 elle s'est retrouvée avec les deux copies mutées du gène.
49:50 Elle n'avait donc plus la protéine fonctionnelle
49:52 et elle a développé la maladie.
49:53 -Alors, on va encore avoir deux questions.
49:57 -C'est à qui, la souris ?
50:04 -La souris, elle est au laboratoire.
50:06 Elles n'ont pas le droit de sortir du laboratoire.
50:10 Elles sont élevées au laboratoire.
50:14 Enfin, pas que notre laboratoire,
50:19 partout dans tous les laboratoires qui font de la recherche.
50:21 De recherche, il y a des petites souris.
50:24 Il y en a partout en France.
50:28 À Paris, il y a plein de centres de recherche.
50:30 Nous, on est l'Institut du cerveau,
50:32 mais il y a plein d'autres instituts de recherche
50:34 qui travaillent eux aussi.
50:35 Il est à Paris.
50:38 Tu vois la ligne 7 qui vient ici ?
50:40 C'est quasiment à l'autre bout de la ligne 7.
50:42 C'est plus là-haut, non ? Là-bas.
50:47 -Pourquoi les souris n'ont pas le droit de sortir du laboratoire ?
50:54 -Parce que comme elles ont des mutations dans leur gène,
50:56 c'est ce qu'on appelle des OGM.
50:58 C'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'elles sortent du laboratoire
51:01 et qu'elles aillent faire des bébés avec d'autres souris dans la rue
51:04 parce qu'on se retrouverait avec plein de souris
51:06 qui sont porteuses de maladies, et ça pourrait être dramatique.
51:09 C'est comme les virus.
51:13 Même si c'est des virus de thérapie qu'on utilise,
51:16 ils sont stockés partout, sous clé, dans les laboratoires,
51:18 parce qu'il ne faut pas que ce soit à la disposition de n'importe qui.
51:22 -Merci beaucoup. -Merci.
51:24 J'espère que ça vous a plu, en tout cas.
51:28 J'espère que ça vous a plu, en tout cas.
51:30 [Bruit de la machine qui s'arrête]