Ce documentaire explore l'utilisation des antidépresseurs en France. Il examine les différentes classes d'antidépresseurs, leurs effets secondaires potentiels et leur efficacité dans le traitement de la dépression et d'autres troubles mentaux.
Le film présente des interviews de médecins, de psychiatres, de patients et de familles. Il examine également les controverses entourant l'utilisation des antidépresseurs, notamment le risque de surprescription et de dépendance.
Le documentaire est réalisé de manière objective et informative. Il présente les différentes perspectives sur les antidépresseurs et permet au spectateur de se forger sa propre opinion sur ces médicaments.
Voici quelques informations supplémentaires sur le film :
Date de diffusion : 28 février 2023
Durée : 52 minutes
Réalisateur : Jean-Teddy Filippe
Production : ARTE France, Les Films d'Ici
Le film présente des interviews de médecins, de psychiatres, de patients et de familles. Il examine également les controverses entourant l'utilisation des antidépresseurs, notamment le risque de surprescription et de dépendance.
Le documentaire est réalisé de manière objective et informative. Il présente les différentes perspectives sur les antidépresseurs et permet au spectateur de se forger sa propre opinion sur ces médicaments.
Voici quelques informations supplémentaires sur le film :
Date de diffusion : 28 février 2023
Durée : 52 minutes
Réalisateur : Jean-Teddy Filippe
Production : ARTE France, Les Films d'Ici
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00:00:00 ...
00:00:12 J'ai fait une dépression post-partum,
00:00:14 il y a 3 ans, à la naissance de mon petit garçon.
00:00:17 Je me suis sentie triste immédiatement.
00:00:19 Je me souviens d'une fois où j'étais...
00:00:22 Où la souffrance, elle était vraiment tellement forte
00:00:27 que je me suis mise par terre dans le garage.
00:00:30 Et j'ai... Mais hurlé.
00:00:33 Je me suis dit, cette fois-ci, c'est plus possible, en fait.
00:00:36 Tu peux plus... Il faut que tu mettes fin à tout ça.
00:00:40 Les antidépresseurs, ça a été ma bouée de sauvetage.
00:00:43 Qui m'ont... Hop, je me suis accrochée à la bouée.
00:00:46 Et même si c'était loin d'être fini,
00:00:49 si la tempête était loin d'être terminée,
00:00:51 eh bien, au moins, j'étais plus noyée sous les vagues, quoi.
00:00:56 -Bonsoir à tous. Bienvenue.
00:00:58 Les antidépresseurs ont révolutionné la prise en charge
00:01:01 de la dépression. Pour autant, ils ne constituent pas
00:01:04 le remède miracle, non dénué d'effets secondaires.
00:01:08 Ils se sont aussi révélés peu efficaces
00:01:10 pour traiter certains types de dépression.
00:01:12 Dans quel cas les prescrire ? Est-ce que leur usage peut s'avérer dangereux ?
00:01:17 Quelles autres solutions peut-on envisager pour venir à bout
00:01:20 de la dépression ? On va voir ça ce soir,
00:01:23 avec un documentaire suivi d'un débat,
00:01:25 réalisé en partenariat avec l'émission
00:01:27 "Grand bien vous fasse" sur France Inter.
00:01:30 Nos invités sont déjà là. Ils attendent vos questions
00:01:33 pour partager vos témoignages.
00:01:35 Plusieurs moyens, le 41555, allodocteur.fr
00:01:38 ou #SantéF5 si vous tweetez.
00:01:41 Je vous retrouve pour notre débat en direct,
00:01:43 après la diffusion du documentaire signé Géraldine Lora
00:01:47 et Juan Thomas Vincent Ferreira.
00:01:49 Musique douce
00:01:51 ...
00:02:01 -Quand la dépression attire inexorablement vers le fond,
00:02:04 quand l'angoisse ou le désespoir paralysent,
00:02:08 ...
00:02:14 les antidépresseurs peuvent-ils être une solution
00:02:17 pour rejoindre la rive ?
00:02:19 ...
00:02:24 Plus de 7 millions de Français consomment ces médicaments
00:02:28 chaque année.
00:02:29 -Les antidépresseurs, ça a été ma bouée de sauvetage.
00:02:33 -Mais derrière l'image de pilule du bonheur
00:02:36 vantée dans les médias...
00:02:37 -Prozac, le bonheur sur ordonnance.
00:02:40 -La face cachée des antidépresseurs...
00:02:42 -Prozac. -Prozac.
00:02:43 -...est beaucoup plus sombre.
00:02:45 ...
00:02:47 -Ma psychiatre m'a prescrit des antidépresseurs,
00:02:50 mais je voyais aucune évolution.
00:02:52 Je voyais plus le bout. Je voyais plus le bout du tunnel.
00:02:55 -Ces médicaments seraient trop souvent prescrits
00:02:58 à des malades qui n'en auraient pas besoin.
00:03:00 -Dans les dépressions légères, on n'a pas de médicaments.
00:03:04 Et effectivement, beaucoup de patients
00:03:06 se voient prescrire des traitements dans ce cadre-là.
00:03:09 -Depuis quelques années, on sait que des effets secondaires,
00:03:13 parfois graves, peuvent survenir.
00:03:15 Ainsi que des difficultés de sevrage.
00:03:17 -6 mois ou un an après,
00:03:18 j'étais incapable de prendre du plaisir sexuel, en fait.
00:03:22 -On a l'impression d'être comme...
00:03:24 comme un drogué qui est là, dans son lit, à trembler.
00:03:27 -Si on met en balance l'efficacité faible d'un côté
00:03:30 et les risques que l'on prend,
00:03:32 la question se pose de l'intérêt de ce traitement en pratique
00:03:35 pour la plupart des patients.
00:03:37 -Aujourd'hui, des équipes testent des substances inattendues.
00:03:41 Comme des champignons hallucinogènes ou le LSD,
00:03:44 qui ouvrent la voie vers de nouvelles manières
00:03:47 de soigner la dépression.
00:03:48 -Vous avez vraiment l'impression de voyager à l'intérieur de vous-même.
00:03:52 -Ca a tout changé.
00:03:54 ...
00:03:57 -Alors, contre la dépression,
00:03:59 doit-on encore utiliser des antidépresseurs ?
00:04:02 ...
00:04:06 -On a des antidépressants
00:04:08 pour les maladies de l'intérieur.
00:04:10 ...
00:04:20 -Emmanuel a été touché par une grave dépression
00:04:23 après la naissance de son second enfant, il y a trois ans.
00:04:26 ...
00:04:29 -Ca fait quelques jours, quelques semaines,
00:04:31 que tu es sorti de la maternité et rentré à la maison avec ton bébé.
00:04:35 Rien ne se passe comme tu l'aurais souhaité.
00:04:37 -Pour donner du sens à cette expérience traumatisante,
00:04:41 elle poste des vidéos sur les réseaux sociaux
00:04:43 à l'intention des mères et des futures mères.
00:04:46 -Tu n'arrives pas à t'adapter à cette nouvelle vie.
00:04:49 Tu ressens une tristesse intense.
00:04:50 -Aujourd'hui, elle les alerte sur les premiers signes
00:04:53 de la dépression postpartum, qui touche 20 % de ces femmes.
00:04:57 -J'ai fait une dépression postpartum,
00:04:59 il y a maintenant trois ans, à la naissance de mon petit garçon.
00:05:03 Je sentais qu'on en parlait trop peu,
00:05:05 que j'avais moi-même été trop peu informée à ce sujet.
00:05:08 ...
00:05:10 Cette dépression est une maladie,
00:05:12 au même titre que n'importe quelle autre maladie.
00:05:15 Elle a donc besoin d'être diagnostiquée
00:05:17 pour que tu puisses être aidée par un médecin.
00:05:20 Ce médecin va certainement te proposer,
00:05:22 dans un premier temps, de prendre des antidépresseurs.
00:05:25 N'aie pas peur de ce traitement.
00:05:27 -La dépression d'Emmanuel s'est manifestée
00:05:30 quelques heures seulement après son accouchement.
00:05:33 -Je me suis sentie triste immédiatement,
00:05:35 quelques heures après, j'étais triste.
00:05:37 -C'est plein d'émotions positives, négatives, mélangées, je pense,
00:05:41 qui ont fait que t'es retrouvé dans cet état-là, à ce moment-là.
00:05:44 -On est là, c'était avec mes deux enfants.
00:05:47 Et c'est vrai que je souriais pour la photo, quoi.
00:05:51 C'est dingue, hein. C'est dingue.
00:05:53 Maman était très fatiguée.
00:05:56 -Je te raconterai ce qui s'est passé.
00:05:58 -Ouais, je lui raconterai. J'ai envie de pleurer par nous.
00:06:01 ...
00:06:04 Je lui raconterai un jour.
00:06:06 ...
00:06:10 -De retour à la maison, l'état d'Emmanuel s'aggrave
00:06:13 et des pensées suicidaires apparaissent.
00:06:16 ...
00:06:18 -Je me souviens d'une fois où j'étais...
00:06:20 Où la souffrance, elle était vraiment tellement forte
00:06:24 que je me suis mise par terre dans le garage
00:06:29 et j'ai hurlé, j'ai crié,
00:06:32 j'avais vraiment l'impression d'avoir mon ventre...
00:06:36 Comme si c'était dans la chair,
00:06:39 vraiment dans les tripes...
00:06:41 Le...
00:06:43 D'une souffrance absolument inexplicable
00:06:48 où je me suis dit, là, cette fois-ci,
00:06:51 c'est plus possible, en fait, tu peux plus...
00:06:53 Il faut que tu mettes fin à tout ça, quoi.
00:06:56 -J'étais désespéré, fin...
00:06:58 Parce que je voyais pas l'issue.
00:07:00 J'ai dit, combien de temps ça va durer ?
00:07:02 Quels sont les moyens qui seront mis en place pour l'aider ?
00:07:06 ...
00:07:07 -Dix jours après son accouchement,
00:07:10 Emmanuel prend rendez-vous dans une unité mère-enfant
00:07:13 où une psychiatre lui prescrit des antidépresseurs.
00:07:15 -La première prise, je me souviendrai toute ma vie,
00:07:18 tu m'as pris la main et tu m'as dit,
00:07:21 "Ca y est, on va s'en sortir."
00:07:25 ...
00:07:28 -Les premiers effets du médicament se manifestent
00:07:30 après un mois de traitement.
00:07:32 -Je commençais à retrouver un peu d'intérêt
00:07:36 pour des choses
00:07:37 qui, avant, n'avaient plus...
00:07:40 Qui n'existaient même plus, en fait.
00:07:42 Les antidépresseurs, ça a été ma bouée de sauvetage.
00:07:46 Qui m'ont... Hop, je me suis accrochée à la bouée.
00:07:49 Et même si c'était loin d'être fini,
00:07:51 si la tempête était loin d'être terminée,
00:07:54 eh ben, au moins, j'avais plus...
00:07:56 J'étais plus noyée sous les vagues, quoi.
00:07:58 J'avais la tête hors de l'eau
00:08:01 et je pouvais me laisser un peu...
00:08:04 bercer par les vagues sur ma bouée
00:08:06 pour reprendre des forces, reprendre de l'énergie.
00:08:09 ...
00:08:12 Bonjour, les cocottes !
00:08:13 Bonjour, les cocottes !
00:08:15 -Grâce aux antidépresseurs et à un suivi médical,
00:08:19 Emmanuelle a repris lentement goût à la vie.
00:08:22 -Waouh !
00:08:25 Super !
00:08:26 -Elle a retrouvé son rôle de mère auprès de Maëlle, sa fille aînée,
00:08:30 et avec Loïs, son fils,
00:08:31 le lien s'est tissé naturellement au fil des jours.
00:08:35 -Il y en a plus.
00:08:36 -Il a pas voulu mettre ses bottes.
00:08:39 -Aujourd'hui, 3 ans après sa dépression post-partum,
00:08:43 Emmanuelle est toujours sous antidépresseurs.
00:08:46 -Pour moi, les antidépresseurs, ça a vraiment été
00:08:49 quelque chose de positif dans ma vie.
00:08:51 J'aurais pas eu une grande aide sans eux.
00:08:55 Je ne serais peut-être pas là pour parler aujourd'hui.
00:08:58 ...
00:09:01 Aujourd'hui, je pense que ça va plutôt bien.
00:09:04 Je me sens bien avec mes enfants, je me sens bien moi-même.
00:09:08 Après, je pense que je garde quand même
00:09:11 une certaine fragilité émotionnelle, psychologique, peut-être.
00:09:16 On sort pas indemne de quelque chose de si profond.
00:09:20 Mais aujourd'hui, je suis heureuse avec ma famille,
00:09:23 mon mari, mes enfants.
00:09:25 Donne les mains à Maëlle !
00:09:27 Mes enfants sont les amours de ma vie.
00:09:29 Rires
00:09:31 ...
00:09:34 Musique douce
00:09:37 ...
00:09:48 -Parfois, les dépressions sont mal diagnostiquées
00:09:51 et un traitement inadapté à base d'anxiolithique
00:09:54 est mis en place.
00:09:55 C'est ce qui est arrivé à Laurence.
00:09:59 En 2016, alors qu'elle était salariée du diocèse de Cambrai,
00:10:03 cette mère de famille a fait un burn-out.
00:10:06 ...
00:10:08 -Je voulais pas que ça m'arrive.
00:10:10 Je voulais pas. J'avais des projets.
00:10:14 Des projets, des envies.
00:10:16 J'ai eu un arrêt de travail.
00:10:18 Puis j'ai repris.
00:10:20 Puis quand j'ai repris, ça a recommencé.
00:10:24 Je suis retournée voir mon médecin
00:10:26 et là, j'ai eu une prescription d'anxiolithique.
00:10:30 ...
00:10:32 -Pour calmer son anxiété, son médecin lui a prescrit
00:10:35 un anxiolithique de la famille des benzodiazépines.
00:10:38 ...
00:10:41 -Quand j'ai commencé à prendre l'anxiolithique,
00:10:44 j'ai trouvé que ça marchait très bien.
00:10:47 Notamment, il m'arrivait régulièrement
00:10:50 de me sentir instable, comme si j'étais sur un bateau
00:10:54 et je prenais l'anxiolithique.
00:10:56 J'en avais toujours un dans ma poche,
00:10:58 que je prenais à la demande.
00:11:00 Ca calmait dans les minutes qui suivaient.
00:11:02 Donc ça marche très bien.
00:11:04 C'est un peu magique.
00:11:05 Vous vous dites que c'est cool,
00:11:07 j'ai trouvé le médicament qui va me permettre de me sentir mieux.
00:11:11 -Mais au bout de plusieurs mois de traitement,
00:11:14 sans prévenir, des vagues d'angoisse
00:11:16 ont commencé à submerger Laurence.
00:11:19 -J'ai eu des attaques de panique au volant,
00:11:21 je me souviens, une fois.
00:11:23 J'avais été manger chez ma mère
00:11:25 et dans l'après-midi, j'avais prévu d'aller faire un peu de shopping.
00:11:29 Et puis, sur la route du centre commercial,
00:11:32 je me suis sentie hyper mal.
00:11:34 D'abord, j'ai cru que je faisais un AVC.
00:11:36 J'ai eu des tremblements au niveau de la bouche.
00:11:40 J'ai eu des problèmes visuels.
00:11:42 Je voyais plus clair, tout était flou.
00:11:45 Et j'avais l'impression que j'allais mourir.
00:11:48 Et je suis allée aux urgences.
00:11:52 Et aux urgences, ils n'ont rien trouvé.
00:11:54 Je l'ai eu deux fois, ça, et ça a été atroce.
00:11:58 Musique pesante
00:12:00 -Ces prescriptions d'anxolytique ne sont plus assez efficaces
00:12:03 pour éviter les attaques de panique.
00:12:06 Et malgré ces trois cachets quotidiens,
00:12:08 Laurence ressent le besoin d'augmenter ses doses.
00:12:11 -Le manque est arrivé au bout de quelques mois d'utilisation.
00:12:15 J'avais ressenti le besoin d'en reprendre.
00:12:18 A 11h, je ressentais du manque.
00:12:20 A 16h, je ressentais du manque.
00:12:22 -Le traitement anxiolytique de Laurence n'est plus adapté.
00:12:26 Car son burn-out et ses crises d'angoisse
00:12:28 masquaient en réalité une dépression.
00:12:31 ...
00:12:33 Aujourd'hui, grâce à un traitement antidépresseur,
00:12:37 son anxiété a diminué
00:12:38 et ses attaques de panique ont disparu.
00:12:41 ...
00:12:44 -Le problème, c'est que beaucoup de patients
00:12:46 qui devraient relever d'un traitement antidépresseur
00:12:49 se voient prescrire des anxiolytiques,
00:12:52 qui ne sont pas adaptés pour soigner la dépression.
00:12:55 Ce sont des traitements symptomatiques
00:12:57 qui vont calmer, mais qui ne vont jamais traiter
00:13:00 le noyau de la dépression.
00:13:01 ...
00:13:04 -Comme Laurence et Emmanuel,
00:13:06 7 millions de Français ont pris des antidépresseurs en 2021.
00:13:10 Mais comment ces médicaments,
00:13:12 mis sur le marché il y a seulement 30 ans,
00:13:15 se sont-ils imposés comme la solution contre la dépression ?
00:13:19 Pour le comprendre, il faut remonter le temps.
00:13:23 ...
00:13:28 Jusqu'aux années 1950,
00:13:30 il n'existait aucun traitement spécifique
00:13:32 pour les malades dépressifs, qualifiés à l'époque de mélancoliques.
00:13:36 Mais en 1958,
00:13:39 le psychiatre américain Nathan Klein est alerté par ses collègues.
00:13:43 Un médicament antituberculeux
00:13:46 aurait des effets inattendus sur leurs malades.
00:13:49 -Les médecins qui traitaient ces patients-là
00:13:52 s'apercevaient d'euphorie particulière
00:13:55 chez certains patients.
00:13:57 Du coup, ils se sont dit
00:13:58 qu'ils pouvaient l'utiliser chez des patients mélancoliques.
00:14:02 -Au même moment, en Suisse,
00:14:04 le docteur Roland Kuhn décide de tester sur ses patients
00:14:08 un médicament contre l'allergie.
00:14:10 -On voulait l'utiliser dans la schizophrénie.
00:14:13 On s'est aperçus que ça ne marchait pas du tout.
00:14:16 Mais un médecin, à l'époque,
00:14:19 a voulu l'essayer dans des dépressions mélancoliques
00:14:22 très sévères, avec ce qu'on appelait des caractéristiques psychotiques.
00:14:26 Et c'est aperçu que ça marchait de façon extraordinaire.
00:14:29 -Mais ces traitements s'accompagnent d'effets secondaires très lourds.
00:14:33 Ils restent donc prescrits par les psychiatres
00:14:36 aux malades les plus sévères.
00:14:38 L'histoire aurait pu s'arrêter là.
00:14:41 Mais convaincue du potentiel de ces médicaments,
00:14:45 pendant 30 ans, l'industrie pharmaceutique va tout faire
00:14:49 pour limiter leurs effets indésirables,
00:14:52 avec un objectif, les rendre accessibles
00:14:55 au plus grand nombre.
00:14:56 Et c'est chose faite en 1987.
00:15:00 -Prozac.
00:15:02 -Prozac. Il fait l'objet de toutes les attentions.
00:15:06 -Très vite baptisé "pilule du bonheur",
00:15:09 le Prozac devient un véritable phénomène de société.
00:15:13 -Cet antidépresseur est rapidement devenu
00:15:15 le médicament phare des années 90,
00:15:17 en offrant une aide réelle aux personnes
00:15:20 qui souffrent de problèmes psychologiques.
00:15:22 -Aucun médicament ne fonctionne aussi bien.
00:15:25 -Aucun médicament ne m'a autant aidée que le Prozac.
00:15:28 -Commercialisée 2 ans plus tard en France,
00:15:31 la pilule verte et blanche s'invite même
00:15:33 sur les plateaux de télévision.
00:15:35 -C'est la dernière manifestation de cette vogue.
00:15:39 Voyez ce livre, gros best-seller en Amérique.
00:15:43 "Prozac, le bonheur sur ordonnance".
00:15:45 -Ce nouveau médicament est un succès commercial.
00:15:48 Les ventes d'antidépresseurs vont doubler en 10 ans.
00:15:52 Musique douce
00:15:54 Aujourd'hui, il existe une trentaine
00:15:58 d'antidépresseurs sur le marché.
00:16:00 Et tous ces médicaments ont le même mode d'action.
00:16:03 Dans le cerveau, ils vont agir sur un messager chimique,
00:16:07 la sérotonine.
00:16:08 Musique douce
00:16:10 ...
00:16:13 La sérotonine est un neurotransmetteur
00:16:16 qui joue un rôle essentiel dans les sensations de plaisir
00:16:19 et de bonheur et qui permet le passage
00:16:21 de l'information entre les neurones.
00:16:23 En temps normal,
00:16:26 une partie de l'information véhiculée par la sérotonine
00:16:30 est transmise aux neurones suivants
00:16:33 et une partie est recapturée par le premier neurone.
00:16:36 Le médicament va empêcher cette recapture
00:16:40 et augmenter ainsi le taux de sérotonine
00:16:43 entre les neurones.
00:16:45 C'est ce mécanisme qui permettrait d'améliorer l'humeur des patients.
00:16:50 ...
00:16:55 Les firmes pharmaceutiques affirment
00:16:57 que ces nouveaux antidépresseurs ont peu d'effets indésirables.
00:17:00 Les médecins généralistes sont conquis.
00:17:04 Ils pensent avoir enfin à leur disposition
00:17:07 la pilule miracle pour soulager la souffrance de leurs patients.
00:17:10 ...
00:17:12 -C'était tout à fait libérant pour un prescripteur qui a envie de se dire
00:17:16 "Je peux prescrire un médicament qui n'a pas d'effet indésirable.
00:17:20 "En plus, on me dit qu'il marche sur la dépression,
00:17:23 "donc je vais le prescrire plus facilement."
00:17:25 Alors qu'on soignait les patients déprimés les plus gravement atteints,
00:17:29 on parlait plutôt de mélancolie,
00:17:31 on s'est mis à soigner des dépressions plus légères,
00:17:34 ce qu'on appelle maintenant des dépressions légères à modérer.
00:17:37 Ca a étendu le champ des patients
00:17:39 qu'on pouvait traiter avec ces antidépresseurs.
00:17:42 -Plus de patients traités, plus de profits pour les laboratoires,
00:17:46 mais en pratique,
00:17:48 comment les médecins utilisent-ils ces nouveaux médicaments ?
00:17:52 ...
00:17:58 Musique douce
00:18:00 ...
00:18:01 -80 % des antidépresseurs sont prescrits par des médecins généralistes,
00:18:06 comme le docteur Jean-Benoît Chenique.
00:18:08 ...
00:18:11 Aujourd'hui, il reçoit Laurence, une patiente qu'il connaît bien.
00:18:15 -Bonjour. -Bonjour.
00:18:16 -En 2021, elle s'est battue contre un cancer du sein.
00:18:20 Mais une fois guérie,
00:18:22 elle a sombré dans une profonde dépression.
00:18:25 Aujourd'hui, elle vient pour le renouvellement
00:18:28 de son antidépresseur.
00:18:30 -Bon, quelles nouvelles ?
00:18:32 -Les chaussettes, les nouvelles. -Les chaussettes ?
00:18:35 On a changé de médicament il n'y a pas très longtemps,
00:18:39 ça fait pratiquement pile-poil deux mois,
00:18:42 puisque le médicament qu'on avait donné ne marchait pas.
00:18:46 Ca a été dur, quand même.
00:18:49 C'est compliqué. Ca dépend des moments.
00:18:52 ...
00:18:54 -Après neuf mois de traitement
00:18:56 et l'essai de deux antidépresseurs différents,
00:18:59 l'état de Laurence reste très fragile.
00:19:01 -Il y a peut-être un petit peu d'amélioration
00:19:05 vu que je prends ce médicament-là,
00:19:07 mais c'est pas le top, top, top.
00:19:10 Ca dépend les jours,
00:19:12 ce qui me tombe sur la tête le matin,
00:19:14 ou...
00:19:16 Au niveau du boulot, au niveau de la famille,
00:19:20 j'ai quand du mal.
00:19:22 Je suis tombée très, très bas,
00:19:25 et c'est dur à remonter la ponte.
00:19:28 Et pour ça, il va falloir que je me prenne en main
00:19:32 et que j'y arrive, parce qu'on peut pas rester comme ça,
00:19:36 c'est pas possible.
00:19:37 Tu te bousilles la santé, tu te bousilles la tête.
00:19:40 On peut pas.
00:19:41 ...
00:19:44 -Difficile de savoir si un antidépresseur va fonctionner.
00:19:47 Alors, les médecins adaptent leur prescription
00:19:51 à l'état de leur patient.
00:19:53 -On a erré un petit peu avec notre traitement qui marchait moyen.
00:19:57 On a changé de molécule,
00:19:59 parce qu'en revoyant le patient,
00:20:01 on s'aperçoit qu'il y a vraiment pas beaucoup de bénéfices.
00:20:04 C'est bien de pas avoir de risque,
00:20:06 mais on préfère aussi avoir un bénéfice,
00:20:08 donc on change de molécule.
00:20:10 Et après, qu'est-ce qui se passe ?
00:20:13 On voit si ça marche.
00:20:14 Si on a un peu de chance, le patient et moi, ça marche,
00:20:17 et si on n'a pas de chance, ça marche pas.
00:20:19 Ca pose des problèmes,
00:20:21 parce que plus une dépression est longue,
00:20:23 plus elle s'enferme dedans,
00:20:25 et plus c'est difficile de s'en sortir.
00:20:28 -L'action des antidépresseurs n'est-elle qu'une histoire de chance ?
00:20:33 Que sait-on, finalement, de l'efficacité de ces médicaments ?
00:20:37 ...
00:20:39 Depuis 30 ans, et la mise sur le marché de ces traitements,
00:20:42 la question fait polémique.
00:20:44 Car la belle histoire que les laboratoires ont voulu vendre
00:20:48 pendant des décennies est assez éloignée de la réalité.
00:20:51 ...
00:20:54 Dans les années 90,
00:20:56 aucune instance indépendante ne contrôlait les essais
00:21:00 menés par les firmes pharmaceutiques.
00:21:03 Elles choisissaient donc de publier dans les revues médicales de référence
00:21:07 uniquement les essais favorables à leurs médicaments.
00:21:10 Les résultats défavorables,
00:21:12 qui, par exemple, pointaient une faible efficacité
00:21:15 ou des effets indésirables, étaient souvent passés sous silence.
00:21:20 C'est ce que l'on appelle les biais de publication.
00:21:23 ...
00:21:25 Et il aura fallu attendre 20 ans avant que ce tour de passe-passe
00:21:29 ne soit découvert par des chercheurs indépendants.
00:21:32 ...
00:21:33 En 2008, une étude fait l'effet d'une bombe.
00:21:37 Elle révèle pour la première fois
00:21:39 que l'efficacité des antidépresseurs passait de 94 %
00:21:43 selon les études publiées
00:21:45 à seulement 51 %
00:21:47 si l'on y ajoutait les études non publiées.
00:21:50 ...
00:21:51 Depuis, les études indépendantes se sont multipliées.
00:21:55 La dernière en date revoit même encore à la baisse
00:21:58 l'efficacité des antidépresseurs.
00:22:01 Elle ne serait plus de 51 %,
00:22:03 mais seulement, en moyenne, de 15 %.
00:22:07 ...
00:22:11 -Les firmes qui commercialisent ces médicaments
00:22:14 ont tout à gagner au fait qu'on surestime l'efficacité.
00:22:17 Cette manière de présenter, de voir ou d'entendre les choses
00:22:20 fait qu'il y a probablement une utilisation
00:22:23 au-dessus de ce qui est juste
00:22:25 et une prescription au-delà.
00:22:26 ...
00:22:32 -Aujourd'hui, les autorités sanitaires
00:22:35 recommandent l'utilisation des antidépresseurs
00:22:38 uniquement pour les dépressions les plus graves.
00:22:41 -A partir du moment où un patient est déprimé,
00:22:43 il reçoit un traitement antidépresseur.
00:22:46 Ca, c'est une très mauvaise option.
00:22:48 Dans les dépressions légères, on n'a pas de médicaments
00:22:51 et effectivement, beaucoup de patients
00:22:53 se voient prescrire des traitements dans ce cadre-là.
00:22:56 ...
00:22:59 L'indication d'un traitement antidépresseur
00:23:01 est indiscutable dans les degrés de sévérité
00:23:04 importants de la dépression,
00:23:06 donc dans la dépression sévère.
00:23:08 Quand on est vraiment au fond du lit,
00:23:10 incapable de se lever, qu'on s'alimente plus
00:23:13 ou qu'on n'a plus envie de rien,
00:23:15 là, il faut absolument l'aide
00:23:17 d'un traitement médicamenteux antidépresseur.
00:23:19 -Mais l'évaluation du degré de sévérité d'une dépression
00:23:23 peut varier d'un médecin à l'autre.
00:23:25 -Je pense que si vous demandez à plusieurs médecins généralistes,
00:23:28 y compris si vous demandez à des psychiatres,
00:23:31 tout le monde ne va pas être d'accord
00:23:33 si ce patient ou cette patiente est déprimé,
00:23:35 et si oui, est-ce qu'il est déprimé léger, modéré ou sévère.
00:23:39 Même si les recommandations sont relativement simples,
00:23:42 le glissement vers la prescription d'antidépresseurs
00:23:45 est assez rapide.
00:23:46 ...
00:23:49 -Les antidépresseurs sont donc trop souvent prescrits
00:23:52 pour des dépressions légères et modérées.
00:23:54 ...
00:23:56 Une réalité d'autant plus inquiétante
00:23:58 que ces traitements peuvent entraîner
00:24:01 de nombreux effets secondaires.
00:24:03 ...
00:24:05 Insomnie, prise de poids,
00:24:08 mais aussi troubles digestifs,
00:24:11 sexuels
00:24:13 ou encore des complications cardiaques.
00:24:15 ...
00:24:17 -Si on met en balance l'efficacité faible d'un côté
00:24:20 et les risques que l'on prend,
00:24:21 la question se pose de l'intérêt de ce traitement en pratique
00:24:25 pour la plupart des patients.
00:24:26 Là, il y a une discussion à avoir avec le patient
00:24:29 pour qu'il soit clair des bénéfices à attendre,
00:24:32 des risques faibles et des risques qu'il prend,
00:24:34 car c'est lui qui le prend.
00:24:36 ...
00:24:38 -Parmi les antidépresseurs,
00:24:39 certains exposent à plus de risques graves que d'autres,
00:24:43 sans avoir de meilleure efficacité.
00:24:45 Chaque année, la revue indépendante Prescrire
00:24:49 publie la liste de ces médicaments
00:24:51 qu'elle conseille d'écarter pour mieux soigner.
00:24:53 Des antidépresseurs consommés par plus de 2 millions de patients.
00:24:59 -Dans les antidépresseurs
00:25:01 qui sont plus dangereux qu'utiles,
00:25:03 il y a le citalopram et l'hécitalopram,
00:25:06 qui n'ont pas plus d'efficacité sur les symptômes dépressifs
00:25:10 que les autres antidépresseurs,
00:25:12 mais qui exposent très clairement à des risques cardiaques plus importants.
00:25:16 Il y a d'autres médicaments, d'autres antidépresseurs,
00:25:19 comme la vain-la-vaccine, qui a des effets cardiaques graves
00:25:22 et qui font que les risques sont plus importants
00:25:25 qu'avec d'autres antidépresseurs
00:25:26 pour des bénéfices qui ne sont pas meilleurs
00:25:29 que ceux des antidépresseurs.
00:25:31 Il n'y a pas de justification à donner ces médicaments.
00:25:34 Musique douce
00:25:36 ...
00:25:41 -Les effets indésirables des antidépresseurs sont nombreux
00:25:45 et la reconnaissance de certains d'entre eux est très récente.
00:25:48 C'est le cas du syndrome dont souffre Adrien.
00:25:52 Il a préféré garder l'anonymat et son prénom a été modifié.
00:25:56 En 2015, son médecin lui a prescrit des antidépresseurs
00:26:01 pour soigner une dépression et des difficultés de concentration.
00:26:05 Mais dès les premières prises,
00:26:07 des effets secondaires sexuels sont apparus.
00:26:10 -Je ne pouvais plus avoir d'érection,
00:26:12 je n'avais plus de désir sexuel
00:26:14 et mes parties génitales étaient désensibilisées.
00:26:17 Je me disais que c'était un sacrifice à faire
00:26:19 pour que j'aille mieux dans le futur.
00:26:22 ...
00:26:24 -Au bout de six mois, il décide d'arrêter son traitement,
00:26:28 qui ne lui apportait aucune amélioration.
00:26:30 -Je m'attendais à ce que tous les effets secondaires
00:26:33 repartent directement.
00:26:35 Et puis, premier jour d'arrêt, tous les effets secondaires
00:26:38 étaient encore là.
00:26:39 Deuxième jour aussi, je me disais que j'allais encore attendre
00:26:43 3-4 jours pour que le médicament soit en partie de mon organisme
00:26:46 et que je refonctionne normalement.
00:26:48 Une semaine après, tu vois rien, 10 jours non plus.
00:26:52 Et puis, six mois ou un an après, j'étais capable d'avoir une érection,
00:26:55 mais incapable de prendre du plaisir sexuel.
00:26:58 Pendant deux ans, ça a eu un impact très lourd,
00:27:00 très négatif sur ma qualité de vie.
00:27:02 ...
00:27:06 -Selon ces médecins, c'est la dépression
00:27:08 qui est à l'origine de cette perte de plaisir.
00:27:11 Une explication qui ne le convainc pas.
00:27:13 -Je me suis mis à faire des recherches de mon côté.
00:27:16 Je trouve ça très bizarre,
00:27:18 car il y a beaucoup d'informations sur la dépression
00:27:21 et je n'avais aucune information
00:27:23 sur la dépression qui pouvait avoir des effets secondaires
00:27:26 aussi lourds que moi et surtout à un jeune âge,
00:27:28 car j'avais moins de 30 ans.
00:27:30 -Finalement, quatre ans après l'arrêt des antidépresseurs,
00:27:34 il découvre dans un quotidien anglais
00:27:36 le témoignage d'un homme
00:27:38 qui relate une histoire très similaire à la sienne.
00:27:41 -A la fin de l'article,
00:27:43 la personne donne le nom de la maladie en question,
00:27:46 qui est le PSSD.
00:27:47 Après, j'ai fait des recherches sur ce que c'est que le PSSD
00:27:50 et c'est là où j'ai tout compris.
00:27:52 -Le PSSD,
00:27:53 ou syndrome de dysfonction sexuelle post-antidépresseur.
00:27:57 Ce syndrome est reconnu par l'Agence européenne du médicament
00:28:02 depuis 2019 seulement.
00:28:04 Il recouvre des symptômes plus larges que ceux d'Adrien.
00:28:08 -Les symptômes les plus courants
00:28:10 sont une diminution de la sensibilité de la zone génitale,
00:28:13 comme si ça était devenu plus endormi,
00:28:16 une anhédonie, une perte d'émotivité,
00:28:18 on devient comme non-émotif.
00:28:20 Il y a aussi des difficultés de libido,
00:28:22 manque d'envie, difficulté à atteindre du plaisir,
00:28:25 avec une sorte d'excitation sexuelle
00:28:28 qui a du mal à monter et puis elle redescend très vite.
00:28:31 Ce sont les principaux symptômes.
00:28:33 -Au début, j'ai trouvé des dizaines d'autres histoires.
00:28:36 Il y a pas que moi,
00:28:37 les dizaines sont devenues des centaines.
00:28:40 Il y avait des communautés avec des milliers de personnes.
00:28:43 -Impossible de savoir combien de personnes
00:28:46 sont touchées par le PSSD, mais ces derniers mois,
00:28:48 les victimes sont de plus en plus nombreuses
00:28:51 à prendre la parole sur les réseaux sociaux.
00:28:53 -Il n'y a pas de mots pour décrire l'impact que ça a sur moi.
00:28:57 -Tu ne peux pas sortir avec des filles,
00:28:59 tu ne peux pas t'imaginer en couple.
00:29:01 -C'est tellement pire que ce que je ressentais dans ma vie
00:29:06 avant de prendre ce médicament.
00:29:09 -Je suis allée à l'hôpital,
00:29:10 j'ai eu des symptômes de la maladie,
00:29:12 j'ai eu des symptômes de la maladie,
00:29:15 j'ai eu des symptômes de la maladie.
00:29:16 -Je ressens les sentiments les plus tristes,
00:29:19 mais je n'arrive pas à ressentir les bons.
00:29:21 C'est comme si toute la magie de la vie avait disparu.
00:29:25 Je me sens comme un fantôme dans ma propre vie.
00:29:30 -Les malades les plus graves témoignent du désespoir
00:29:34 provoqué par l'anédonie,
00:29:35 cette perte de plaisir, d'émotions et de sensations.
00:29:39 ...
00:29:43 La plupart partagent aussi l'incompréhension
00:29:45 du corps médical face à leurs symptômes.
00:29:48 -Dans l'esprit médical, c'est qu'on a arrêté le traitement,
00:29:52 donc il n'y a plus la molécule dans le corps.
00:29:55 Donc ce n'est pas possible que ce soit la molécule
00:29:58 qui soit à l'origine des symptômes que cette personne me rapporte.
00:30:01 Il a fallu qu'il y ait des études
00:30:03 et que des agences de médicaments le reconnaissent
00:30:06 pour que maintenant, on se dise
00:30:08 "Attention, ces symptômes-là
00:30:10 "peuvent survenir après l'arrêt du médicament."
00:30:13 ...
00:30:14 -A l'heure actuelle, l'origine du PSSD reste inconnue.
00:30:18 -On pense qu'il y a des phénomènes d'épigénétique,
00:30:21 de prédisposition personnelle,
00:30:23 qui font qu'on va développer ce syndrome.
00:30:26 On pense aussi qu'il y a le niveau initial de sérotonine-dopamine.
00:30:30 C'est-à-dire, au moment où j'ai pris ce traitement,
00:30:33 quel était mon taux personnel intracérébral
00:30:36 et mon fonctionnement personnel intracérébral de sérotonine.
00:30:39 Les études nous montrent que c'est surtout les changements
00:30:42 dans le cerveau, dans le liquide céphalorachidien
00:30:45 et même intracérébral,
00:30:46 ce sont ces changements-là qui sont à l'origine du syndrome.
00:30:50 Or, ça, on ne sait pas, de nos jours, le doser.
00:30:53 En tout cas, chez l'être humain,
00:30:55 c'est très compliqué de faire ce type d'examen.
00:30:57 ...
00:31:06 -Quand j'ai découvert ce qu'était le PSSD,
00:31:09 j'ai découvert que beaucoup de gens souffraient
00:31:11 de la PSSD pendant 5, 10, 15 ans, voire plus,
00:31:14 sans que ça ne revienne jamais et qu'il n'y avait pas de traitement.
00:31:17 ...
00:31:23 Pour moi, dans ma vie, il y a vraiment eu un avant et un après.
00:31:27 C'est la décision que j'ai prise dans ma vie que je regrette le plus.
00:31:30 Et si j'avais plus le PSSD, je pense que je vivrais ma vie différemment.
00:31:35 ...
00:31:44 Musique douce
00:31:47 ...
00:31:52 -Si les effets secondaires des antidépresseurs
00:31:54 sont de mieux en mieux identifiés,
00:31:56 ce n'est pas la seule avancée dans la connaissance de ces médicaments.
00:32:00 ...
00:32:02 Contrairement à ce que les médecins ont longtemps cru,
00:32:05 des problèmes de sevrage peuvent aussi apparaître
00:32:08 à l'arrêt des traitements.
00:32:09 ...
00:32:12 -Quand on a pris un entraitement antidépresseur
00:32:15 pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois,
00:32:17 comme ça doit être le cas,
00:32:19 eh bien, si on arrête brutalement son traitement,
00:32:22 on va déclencher des phénomènes de sevrage.
00:32:25 On va être en manque de la molécule
00:32:27 et c'est quelque chose d'extrêmement désagréable.
00:32:31 ...
00:32:39 -Hélène en a fait la mère expérience en 2017.
00:32:42 Après un an de traitement à la suite d'un burn-out,
00:32:45 comme de nombreux patients,
00:32:47 elle décide d'arrêter ses antidépresseurs
00:32:49 sans en parler à son médecin.
00:32:51 -25 juillet, toujours pas de médocs et je repars dans les tours.
00:32:56 Je crois que je ne peux plus vivre sans.
00:32:58 Je fais n'importe quoi.
00:32:59 -À l'époque, elle recense tous ses symptômes dans des carnets.
00:33:04 -21 janvier, ça ne va pas.
00:33:07 Je n'arrête pas de pleurer pour un rien.
00:33:09 Je reprends les médicaments.
00:33:10 26 janvier, ça va mieux.
00:33:13 Râle-bol de toujours avoir besoin de ces traitements.
00:33:17 Je n'en peux plus de ces tentatives d'arrêter et de recommencer.
00:33:22 -Tremblements, maux de tête,
00:33:24 fatigue extrême, troubles du sommeil.
00:33:27 Hélène vit un cauchemar.
00:33:29 ...
00:33:31 -On a l'impression d'être comme un drogué.
00:33:36 J'ai eu des hallucinations un petit peu.
00:33:38 Dès que j'étais en mouvement, j'avais l'impression
00:33:41 d'entendre le cartilage entre mes vertèbres
00:33:44 qui, dès que je me déplaçais,
00:33:45 en fait, j'entendais, mais comme si c'était devant moi.
00:33:49 Bien évidemment, des idées...
00:33:53 très noires, avec...
00:33:56 la sensation qu'on ne va jamais s'en sortir,
00:33:59 qu'on ne va jamais y arriver, que ça ne sert à rien.
00:34:03 ...
00:34:10 -Plusieurs fois, Hélène a pensé qu'elle rechutait
00:34:13 et elle a finalement décidé de reprendre son traitement.
00:34:17 Après plusieurs tentatives d'arrêt brutal,
00:34:19 elle s'est résolue à demander de l'aide à son psychiatre.
00:34:22 -Je souhaitais qu'on revienne sur l'arrêt du traitement
00:34:26 que vous avez eu. Vous vous en souvenez ?
00:34:28 -Oui.
00:34:29 -Est-ce que vous pourriez me reparler de ce qui s'est passé,
00:34:33 de ce que vous avez ressenti ?
00:34:34 -En fait, vous m'avez accompagnée et si j'ai bien souvenir,
00:34:38 on avait des rendez-vous très rapprochés
00:34:41 pour que vous puissiez m'accompagner,
00:34:43 pour aller me rassurer et puis que je puisse, moi,
00:34:47 vous dire ce qui n'allait pas.
00:34:49 -Comme Hélène, 45 % des patients
00:34:52 souffrent d'un syndrome de sevrage, parfois grave.
00:34:55 Musique douce
00:34:57 ...
00:34:59 -Dans les phénomènes de sevrage, il faut se mettre
00:35:02 dans une situation où, finalement, on a augmenté
00:35:05 la concentration de neurotransmetteurs
00:35:07 pendant des mois et donc le cerveau s'est habitué
00:35:11 à ce bain de sérotonine.
00:35:13 Et donc, si j'arrête d'emblée mon antidépresseur,
00:35:16 je ne vais plus avoir autant de sérotonine
00:35:18 et mes récepteurs qui sont à la surface
00:35:20 vont être en manque de la molécule.
00:35:22 C'est ça, le phénomène de sevrage.
00:35:25 Il va falloir quelques temps à nouveau
00:35:27 pour que le cerveau se réhabitue
00:35:30 et du coup reprenne son état d'équilibre de départ.
00:35:33 Musique douce
00:35:35 -Le médecin d'Hélène l'a rassurée
00:35:37 et lui a expliqué comment ne pas confondre
00:35:40 symptômes de sevrage et rechute de la dépression.
00:35:43 -Pour faire la différence entre une rechute
00:35:46 et un syndrome de sevrage,
00:35:49 c'est que la réaugmentation de la posologie
00:35:51 permet une rémission des symptômes assez rapide,
00:35:54 pas dans le cadre d'une rechute.
00:35:56 Musique douce
00:35:58 -Le médecin d'Hélène l'a accompagnée
00:36:00 dans une diminution de ses doses par palier.
00:36:03 Certains antidépresseurs sont plus difficiles
00:36:06 que d'autres à arrêter.
00:36:08 Et pour Hélène, le sevrage aura duré un an et demi.
00:36:11 -L'important, c'est de bien entendre
00:36:14 que cette diminution, elle va prendre du temps.
00:36:17 Elle va prendre du temps et que ça va être proportionnel
00:36:20 à la durée de la prise de son traitement.
00:36:22 On peut toujours se sevrer d'un antidépresseur.
00:36:25 C'est juste que ça prend du temps.
00:36:27 Musique douce
00:36:29 -Avec une efficacité modérée,
00:36:31 des effets indésirables parfois graves
00:36:34 et des syndromes de sevrage,
00:36:36 la face cachée des antidépresseurs
00:36:38 est bien éloignée de l'image de la pilule du bonheur
00:36:41 promise dans les années 90.
00:36:43 Musique douce
00:36:45 ...
00:37:04 Aujourd'hui, les spécialistes considèrent
00:37:07 que 30 % des dépressions sont résistantes aux antidépresseurs.
00:37:11 Des échecs qui laissent les patients
00:37:15 dans un grand désarroi.
00:37:17 ...
00:37:19 Mais ces dernières années, des alternatives étonnantes
00:37:22 proposées en France et à l'étranger
00:37:24 pourraient bien changer leur vie.
00:37:26 ...
00:37:31 Infirmière, puis cadre de santé en hôpital psychiatrique,
00:37:34 toute sa vie, Virginie s'est occupée des autres.
00:37:37 Mais depuis 2018, c'est à son tour de se faire soigner.
00:37:42 Victime de harcèlement moral au sein de son service,
00:37:45 elle a sombré dans une profonde dépression.
00:37:48 ...
00:37:50 -Ca a débuté par une baisse de morale très importante,
00:37:54 avec des épisodes de larmes, de pleurs,
00:37:59 très répétés, bien sûr,
00:38:01 des idées noires, des idées morbides,
00:38:05 envie de passage à l'acte.
00:38:07 Ma psychiatre m'a prescrit des antidépresseurs,
00:38:10 mais je voyais aucune évolution.
00:38:12 -Pendant 4 ans, Virginie aura essayé
00:38:14 près d'une dizaine de traitements, sans succès.
00:38:18 -Je voyais plus le bout. Je voyais plus le bout du tunnel.
00:38:21 Ouais.
00:38:22 -Sa psychiatre la dirige alors
00:38:24 vers le centre expert de l'hôpital Sainte-Marguerite, à Marseille.
00:38:28 L'équipe lui propose un médicament récemment autorisé
00:38:32 contre la dépression résistante, l'esquétamine.
00:38:35 Il s'agit d'un dérivé de la kétamine,
00:38:38 un psychotrope utilisé d'habitude comme anesthésique
00:38:41 par les vétérinaires et apprécié depuis longtemps
00:38:45 de manière récréative pour ses propriétés hallucinogènes.
00:38:48 C'est récemment, dans les années 90,
00:38:52 que l'on a découvert ces qualités d'antidépresseur.
00:38:55 -Bonjour, Sandra. -Bonjour.
00:38:58 -On va prendre la température.
00:39:00 -Virginie connaît toute l'équipe.
00:39:02 Elle vient ici régulièrement depuis 8 mois,
00:39:04 car ce traitement est administré uniquement à l'hôpital,
00:39:08 sans surveillance médicale.
00:39:09 -En fait, j'amène des plaides
00:39:11 pour être confortablement installée.
00:39:15 -Un des risques de l'esquétamine
00:39:17 est une hausse de la pression artérielle.
00:39:19 La tension de Virginie doit donc être la plus basse possible
00:39:23 avant la première prise.
00:39:25 -Alors, il va falloir attendre un petit peu.
00:39:28 -L'esquétamine se présente sous forme de spray nasal.
00:39:33 Virginie aura droit à trois pulvérisations,
00:39:36 espacées chacune de cinq minutes.
00:39:38 -Il y avait le retard du taxi, ça m'a un peu stressée.
00:39:42 Ça baissait un petit peu.
00:39:44 -On n'arrivera pas... -On n'arrivera pas en dessous.
00:39:47 Ouais.
00:39:48 Eh oui.
00:39:49 -Allez.
00:39:50 Musique douce
00:39:53 ...
00:40:00 -Comme les antidépresseurs,
00:40:02 l'esquétamine agit au niveau cérébral.
00:40:04 ...
00:40:09 Sa propriété est de favoriser de nouvelles connexions neuronales
00:40:13 et de modifier l'état de conscience.
00:40:15 ...
00:40:21 -Au fur et à mesure, je commence à être un petit peu en retrait,
00:40:25 à m'éloigner de la réalité.
00:40:27 Il y a un sentiment de plénitude.
00:40:29 Ça, c'est à chaque fois.
00:40:32 Je me sens bien détendue,
00:40:34 je me sens, ouais, voilà, sereine,
00:40:37 bien installée dans ce subir.
00:40:41 -La séance va durer 45 minutes.
00:40:44 Aux côtés de Virginie,
00:40:46 une infirmière surveille l'apparition
00:40:48 de possibles effets indésirables.
00:40:50 Un patient sur quatre se plaint de maux de tête, de vertige
00:40:54 ou décrit encore des phénomènes de déréalisation.
00:40:58 -C'est une modification des perceptions qu'on peut avoir.
00:41:02 On n'entend plus les sons de la même façon,
00:41:05 on ne perçoit plus la salle de soins de la même façon.
00:41:08 On peut même avoir l'impression de ne plus être là
00:41:11 ou d'être là sans être là,
00:41:14 de ne plus tellement perdre la notion du temps
00:41:16 et de même avoir l'impression de sortir de son corps.
00:41:19 C'est un phénomène qui est tout à fait transitoire,
00:41:22 qui va apparaître dans la demi-heure qui suit l'administration,
00:41:26 disparaître totalement dans l'heure qui suit
00:41:29 et qui est loin d'être vécu de façon négative par les patients.
00:41:34 -Selon une étude conduite par le laboratoire
00:41:38 qui commercialise les scétamines,
00:41:41 cette dernière diminuerait les symptômes dépressifs
00:41:44 chez 70 % des malades.
00:41:45 Virginie, elle, après quatre ans de souffrance,
00:41:49 a enfin trouvé un traitement contre sa dépression.
00:41:52 Ses pensées négatives, qui étaient devenues obsédantes,
00:41:55 sont maintenant derrière elle.
00:41:58 -Alors, ce traitement m'a permis de reprendre une vie normale,
00:42:02 de retrouver un bien-être au quotidien,
00:42:06 de redonner du sens à mes journées,
00:42:09 de pouvoir revivre.
00:42:10 Ça a été fabuleux.
00:42:12 Pour moi, c'est... Je vais pas parler de miracle,
00:42:15 mais vraiment, ça a été une renaissance.
00:42:18 -Seuls quelques milliers de patients en échec thérapeutique
00:42:22 ont pu bénéficier de la kétamine,
00:42:24 qui est autorisée en France depuis 2019.
00:42:26 Les psychiatres espèrent maintenant
00:42:28 pouvoir développer cette nouvelle arme contre la dépression.
00:42:32 -Il faut le voir comme une chance,
00:42:34 car il y a peu de nouveaux médicaments en psychiatrie.
00:42:37 Pourtant, la dépression et la dépression résistante
00:42:40 sont un énorme problème.
00:42:42 Il faut qu'on arrive à trouver le meilleur positionnement
00:42:45 de cette molécule dans les soins, dans les soins courants.
00:42:49 -Un traitement qui suscite beaucoup d'espoir
00:42:52 chez les médecins et les malades.
00:42:54 Mais certains chercheurs pointent du doigt la faiblesse
00:42:57 des études cliniques qui ont permis sa mise sur le marché.
00:43:00 -On est dans le même mécanisme.
00:43:02 C'est magnifique, c'est super.
00:43:04 Attendons d'avoir des essais de bonne qualité,
00:43:07 qui durent longtemps, qui montrent un effet cliniquement pertinent
00:43:10 et dont les risques sont connus.
00:43:12 Là, on est en train de prendre des traitements de plus en plus...
00:43:16 Ils sont plus puissants sur le plan cérébral.
00:43:18 Je conseillerais pas de se précipiter
00:43:21 sur ces traitements pour le moment.
00:43:24 C'est pour la même raison que les antidépresseurs,
00:43:27 c'était la même chose avec le Prozac, il y a 30 ans.
00:43:30 Musique douce
00:43:32 ...
00:43:37 -Contre les dépressions résistantes,
00:43:39 quelques rares pays, comme la Suisse,
00:43:41 explorent de nouvelles pistes encore plus surprenantes,
00:43:44 celles des psychédéliques, comme le LSD
00:43:47 ou les champignons hallucinogènes.
00:43:49 ...
00:43:51 Très à la mode dans les années 60,
00:43:54 puis prohibées dans les années 70,
00:43:56 ces substances reviennent en force,
00:43:58 mais dans un cadre très précis,
00:44:00 celui de la psychothérapie, assistée par psychédéliques.
00:44:04 ...
00:44:06 A Genève, cette prise en charge est proposée depuis 3 ans,
00:44:10 mais uniquement aux citoyens suisses.
00:44:12 L'utilisation médicale de ces substances
00:44:15 est strictement encadrée.
00:44:17 ...
00:44:18 -Est-ce qu'on a assez de substances
00:44:21 pour jusqu'à la fin de l'année ?
00:44:23 -Oh oui.
00:44:25 Donc là, on a la psilocybine.
00:44:28 -La psilocybine est le principe actif
00:44:30 de certains champignons hallucinogènes.
00:44:33 -Chaque flacon est donc relié à une feuille de gestion.
00:44:36 On doit avoir le nom du patient, sa date de naissance,
00:44:39 la dose administrée et ses avisés.
00:44:42 ...
00:44:44 Le LSD, où là, par contre, on est dans des fioles.
00:44:47 ...
00:44:50 -Ici, on est loin d'une utilisation récréative de ces substances.
00:44:54 A raison de 3 prises par an maximum,
00:44:57 elles sont proposées uniquement dans le cadre d'une psychothérapie
00:45:01 afin d'en augmenter les effets.
00:45:03 ...
00:45:04 -La substance psychédélique amplifie les processus
00:45:07 qui sont déjà en cours lors de la psychothérapie normale.
00:45:10 C'est-à-dire, par exemple, la capacité que le patient a
00:45:13 de raisonner, de ressentir ses propres émotions.
00:45:16 ...
00:45:18 -La prise du psychédélique se déroule
00:45:20 dans un environnement sécurisant pour le patient.
00:45:23 -Et là, effectivement, on a une pièce
00:45:25 où la personne peut s'allonger.
00:45:28 Et effectivement, elle a la possibilité
00:45:31 de mettre un masque sous les yeux.
00:45:34 Et puis, on propose à la personne d'amener sa propre musique
00:45:38 ou bien on leur donne une musique qu'on leur prépare,
00:45:41 s'ils le souhaitent.
00:45:43 Elle reste là entre 8h et 10h.
00:45:47 Elle est toujours accompagnée par un soignant qui est présent.
00:45:50 Ça peut être un médecin, un infirmier ou un psychologue.
00:45:53 L'idée, c'est vraiment de donner à la personne
00:45:58 le sentiment qu'elle est bien encadrée
00:46:01 et qu'on est là pour elle et qu'elle peut vraiment être sûre
00:46:05 de pouvoir vivre son expérience en liberté et autonomie.
00:46:09 ...
00:46:14 -Cette prise en charge est déconseillée
00:46:16 pour la personne qui souffre de schizophrénie,
00:46:18 de troubles bipolaires
00:46:20 ou encore de problèmes cardiaques ou d'épilepsie.
00:46:23 ...
00:46:28 Augustine a commencé sa psychothérapie
00:46:30 depuis 6 mois.
00:46:32 A 36 ans, elle souffre d'une forte anxiété,
00:46:35 de dépression et d'addiction résistantes
00:46:37 aux traitements classiques.
00:46:39 -Donc, j'ai vraiment essayé toute une gamme de médicaments.
00:46:46 Et au bout de 15 ans, je ne voyais plus de progrès.
00:46:50 Non seulement je ne voyais plus de progrès psychologique,
00:46:53 mais j'étais devenue accro aux médicaments.
00:46:55 Je ne pouvais plus m'en passer et je devais augmenter les doses.
00:46:59 Donc, j'étais à un stade de blocage.
00:47:02 ...
00:47:04 -Augustine a déjà suivi une vingtaine de séances
00:47:07 de psychothérapie et deux sessions de prise de LSD.
00:47:10 ...
00:47:12 -Ça a tout changé.
00:47:14 ...
00:47:18 Ca m'a fait du bien,
00:47:19 parce que c'est une substance très puissante.
00:47:22 Donc, elle va réveiller des choses difficiles en vous,
00:47:26 qui, souvent, étaient inconscientes
00:47:28 ou que vous n'aviez pas forcément le courage
00:47:31 de regarder en face.
00:47:32 Et ça peut provoquer des tremblements,
00:47:36 des larmes, de la l'angoisse...
00:47:39 Et...
00:47:40 Et vous transpirez beaucoup.
00:47:43 Donc, c'est très fort.
00:47:45 -C'est des expériences très intenses
00:47:47 qui peuvent être aussi très douloureuses,
00:47:49 parce qu'on va pouvoir, comme en psychothérapie,
00:47:52 toucher à des enjeux très, très sensibles
00:47:56 de notre propre vécu.
00:47:58 C'est pour ça, c'est hyper important
00:48:01 de faire ça de manière encadrée.
00:48:03 Si on prend une substance psychédélique
00:48:05 dans un contexte récréatif,
00:48:07 cette expérience-là peut être rétraumatisante.
00:48:10 ...
00:48:15 -Votre esprit est tantôt dans le passé,
00:48:19 tantôt dans le présent, tantôt dans le futur,
00:48:22 tantôt...
00:48:23 Le temps est un peu différent.
00:48:26 Et du coup, vous avez vraiment l'impression
00:48:28 de voyager à l'intérieur de vous-même.
00:48:31 -Dans le psychédélique, on augmente la capacité du cerveau
00:48:34 à récréer de nouvelles connexions.
00:48:36 Ce qui se passe, c'est que les airs,
00:48:38 qui normalement ne communiquent pas beaucoup entre elles,
00:48:41 commencent à communiquer d'une manière
00:48:43 complètement différente d'un état de conscience normal.
00:48:47 Ca, ça amène effectivement à tous ces effets psychologiques
00:48:51 au niveau des hallucinations,
00:48:53 de la possibilité de créer des associations mentales
00:48:55 et cognitives très larges.
00:48:57 -Après chaque prise de psychédélique,
00:48:59 une séance de psychothérapie a permis à Augustine
00:49:02 d'intégrer ces modifications de perception.
00:49:05 -Moi, j'avais de la peine à me connecter à mes émotions.
00:49:09 Donc j'étais vraiment coupée de mon corps.
00:49:11 Et le psychédélique m'a aidée à me reconnecter
00:49:16 et à sentir mes émotions.
00:49:18 Et ensuite, en thérapie, on a travaillé sur ça,
00:49:22 sur le fait que j'ai ressenti beaucoup d'émotions
00:49:25 et...
00:49:26 comment ça s'est passé, comment je l'ai vécu,
00:49:30 comment les accepter,
00:49:31 et comment, ensuite, dans la vie réelle, plus tard,
00:49:35 faire le même travail.
00:49:37 Donc c'est assez subtil.
00:49:39 Ce ne sont pas des changements radicaux,
00:49:42 comme "Oh, j'ai un nouveau travail, j'ai un nouveau mari."
00:49:46 Ce sont plutôt des changements intérieurs, subtils,
00:49:51 et où vous observez que vous vous sentez mieux.
00:49:55 -Cette nouvelle prise en charge est encore en cours d'évaluation.
00:50:04 Les premiers résultats sont prometteurs,
00:50:06 mais aucune étude de grande ampleur n'a encore été réalisée.
00:50:10 Les psychédéliques vont-ils sonner le glas des antidépresseurs ?
00:50:23 C'est en tout cas ce que laissent penser les firmes pharmaceutiques
00:50:28 qui investissent largement dans ces nouveaux traitements.
00:50:32 A moins que la solution contre la dépression
00:50:35 ne soit à chercher du côté des prises en charge non médicamenteuses.
00:50:39 Car plus la médecine progresse
00:50:41 dans la connaissance de cette maladie aux multiples facettes,
00:50:45 plus de nouvelles voies de recherche apparaissent.
00:50:48 Activité physique, alimentation, méditation de pleine conscience,
00:50:56 des pistes de traitement étonnantes par leur consommation,
00:51:00 étonnantes par leur simplicité, voient le jour depuis quelques années.
00:51:04 Et dans les dépressions les moins sévères,
00:51:10 certaines ont déjà fait la preuve de leur efficacité.
00:51:13 -Merci beaucoup de nous retrouver pour ce plateau en direct.
00:51:19 On vient de l'entendre,
00:51:21 il y a des prises en charge non médicamenteuses.
00:51:23 On va y revenir, mais d'abord,
00:51:25 prendre des questions sur ces antidépresseurs.
00:51:28 Pour y répondre, je suis avec le Dr Christine Barois.
00:51:30 Vous êtes psychiatre spécialiste de la dépression,
00:51:33 vous utilisez la méditation comme outil thérapeutique
00:51:36 avec vos patients depuis 15 ans, et vous êtes l'auteur de ce livre
00:51:40 "Pas besoin d'être tibétain pour méditer",
00:51:42 aux éditions Solar Cération.
00:51:44 Le Dr Guillaume Font, bonsoir.
00:51:46 -Bonsoir.
00:51:47 -Psychiatre, responsable du Centre Expert
00:51:49 Dépression résistante à l'hôpital Sainte-Marguerite.
00:51:52 On verra avec vous les nouvelles recherches
00:51:55 sur la prise en charge de la dépression
00:51:57 et votre dernier livre à ce sujet,
00:51:59 "Bien manger pour ne plus déprimer",
00:52:01 c'est chez Odile Jacob.
00:52:03 Le Dr Jean-Victor Blanc, bonsoir.
00:52:05 -Bonsoir.
00:52:06 -Psychiatre à l'hôpital Saint-Antoine à Paris,
00:52:09 auteur de "Pop un psy",
00:52:11 aux éditions Plon.
00:52:12 Vous évoquez l'image des maladies mentales,
00:52:14 dont la dépression, dans les séries.
00:52:17 C'est passionnant, on va y revenir.
00:52:19 Et Florence Bourle, bonsoir, patiente experte.
00:52:21 Vous avez fondé l'antenne de France Dépression et Rho.
00:52:24 On va voir ce qu'est un patient expert
00:52:27 et quel rôle il joue auprès des malades.
00:52:29 Vous avez été aidée.
00:52:31 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:52:33 On commence avec cette question.
00:52:35 "Votre émission m'inquiète.
00:52:37 "Il est difficile d'assumer d'être sous antidépresseur.
00:52:40 "L'émission ne risque-t-elle pas de faire culpabiliser ?"
00:52:43 On peut rappeler que les antidépresseurs,
00:52:46 ça sauve des vies.
00:52:47 -Oui, c'est un message important.
00:52:49 Une grande partie du reportage a été consacrée
00:52:52 aux événements indésirables.
00:52:54 Mais on l'a bien dit au début du reportage,
00:52:56 c'est qu'ils sont supérieurs aux placebo.
00:52:59 C'est ça, quand on parle d'efficacité.
00:53:01 Il y a des études versus placebo.
00:53:03 Et il y a une grande étude, une méta-analyse en 2018,
00:53:07 sur plus de 120 000 patients,
00:53:09 qui a classé tous les antidépresseurs
00:53:11 en termes d'efficacité et de tolérance.
00:53:13 Les données sont publiées, librement accessibles.
00:53:16 C'est un article en open access, en libre source.
00:53:19 Il faut rassurer les personnes qui nous regardent.
00:53:22 On ne les prescrit pas pour rien.
00:53:24 C'est un article en open access.
00:53:26 Quand on parle de dépression résistante,
00:53:29 ça ne veut pas dire résistant à tous,
00:53:31 c'est à deux antidépresseurs.
00:53:33 Quand on dit à 30 % des personnes résistantes,
00:53:36 c'est à deux antidépresseurs.
00:53:37 -C'est pas facile à soigner. -C'est ça.
00:53:40 On a essayé deux antidépresseurs, ça n'a pas marché.
00:53:43 Ce qui a été dit, c'est sur l'histoire des 15 % dans le reportage.
00:53:47 Selon les études, c'est pas la même définition.
00:53:50 Quand on dit qu'on part de 94 ou 95 et on tombe à 15 %,
00:53:53 c'est que c'est pas les mêmes définitions.
00:53:55 C'est une étude publiée l'été dernier
00:53:58 dans le British Medical Journal.
00:54:00 C'est une étude très importante
00:54:02 où ils ont regardé toutes les études de l'AFDS
00:54:05 et l'Agence du médicament américaine,
00:54:07 tous les essais contre les randomisés
00:54:09 des antidépresseurs depuis 1976, depuis la création de l'agence.
00:54:13 Ils ont conclu que toutes les personnes
00:54:15 ne répondent pas de la même façon aux antidépresseurs.
00:54:19 Il faut attendre tout ce temps-là pour démontrer ça.
00:54:22 -Il y a des antidépresseurs,
00:54:24 15 % vont avoir plus de la moitié de leurs symptômes améliorés.
00:54:27 Parmi les 85 % qui restent,
00:54:29 il y en a qui auront une amélioration très modérée,
00:54:32 insuffisante, et d'autres qui n'ont pas d'amélioration.
00:54:36 15 % des gens qui répondent aux antidépresseurs,
00:54:39 c'est 15 % des gens qui sont super-répondeurs
00:54:42 à un antidépresseur.
00:54:43 On en a plus d'une vingtaine disponible.
00:54:46 -Faites conscience à votre médecin.
00:54:48 Si vous avez un doute, ne vous arrêtez pas.
00:54:51 Il faudra arrêter accompagné par son médecin progressivement.
00:54:54 -A un moment donné,
00:54:55 ils ont tous le même mécanisme d'action,
00:54:58 ils agissent sur la sérotonine.
00:55:00 La plupart agissent sur la sérotonine,
00:55:02 mais pas tous le même mécanisme d'action.
00:55:05 Il y en a qui agissent sur la noradrénaline,
00:55:08 qui sont métabolisés différemment par le foie.
00:55:10 La gomélatine, c'était un moment donné,
00:55:13 qui agit sur les récepteurs à la mélatonine.
00:55:16 Il y a beaucoup de mécanismes d'action différents.
00:55:19 -Au début, quand ils sont arrivés,
00:55:21 on les a donnés très largement aux personnes dépressives.
00:55:24 Il ne faut pas les donner à tous les dépressifs,
00:55:27 notamment aux dépressifs légers.
00:55:29 A partir de quand on donne les antidépresseurs ?
00:55:32 -Quand on ne peut plus fonctionner.
00:55:34 On est dans le pathologique si on ne peut pas fonctionner
00:55:38 professionnellement, familialement ou socialement.
00:55:41 On a basculé dans un type de fonctionnement
00:55:43 qui est délétère et risque d'être préjudiciable.
00:55:47 On a traité les patients sur un diagnostic,
00:55:49 une incapacité et un désavantage social.
00:55:52 On ne peut pas laisser les personnes
00:55:54 ne plus pouvoir travailler ou être en famille.
00:55:57 -Si les antidépresseurs, c'est Monique,
00:55:59 favorisent-ils une prise de poids ?
00:56:01 On imagine bien que dans votre antenne,
00:56:04 vous écoutez des patients.
00:56:05 C'est une crainte et une constatation ?
00:56:08 -C'est une constatation, je l'ai constatée déjà.
00:56:11 J'ai pris du poids.
00:56:12 Et effectivement, il y a beaucoup de personnes
00:56:15 qui ont peur de prendre du poids et hésitent à prendre des médicaments
00:56:19 en sachant qu'il faut passer par le médicament souvent.
00:56:23 -Il faut préciser que c'est un peu comme la pilule.
00:56:26 Certains entraînent une prise de poids,
00:56:28 d'autres, une perte de poids, d'autres, rien du tout.
00:56:31 Ce ne sont pas tous les antidépresseurs.
00:56:33 -Dans le reportage, on a évoqué certains effets indésirables.
00:56:37 Ce n'est pas tous les mêmes pour chaque antidépresseur.
00:56:40 Il faut choisir un compromis entre une efficacité
00:56:43 et un profil d'effet indésirable.
00:56:45 C'est valable pour les antipsychotiques,
00:56:48 les régulateurs de l'humeur.
00:56:50 Il n'y a pas de médicament parfait, sinon on donnerait à tout le monde.
00:56:54 Il faut regarder les facteurs de risque, les facteurs prédictifs.
00:56:57 Si la personne commence à vider le frigo avec ce médicament,
00:57:01 il faut être très attentif.
00:57:02 Dans les jours qui suivent l'instauration d'un traitement,
00:57:06 on va voir le profil des effets indésirables.
00:57:09 Pour les antidépresseurs, c'est dans les 28 jours
00:57:12 qui suivent l'arrêt de l'antidépresseur.
00:57:14 Il faut faire très attention.
00:57:16 On a parlé des symptômes de sevrage.
00:57:18 Le profil de sevrage n'est pas le même.
00:57:20 C'est un antidépresseur qui donne beaucoup de sevrage.
00:57:24 Les autres, la plupart du temps, ça se passe bien
00:57:26 avec une décroissance progressive.
00:57:29 -On n'arrête pas tout seul.
00:57:30 -Il faut accompagner le patient.
00:57:32 On ne peut pas lui dire qu'il a un pied sur l'accélérateur.
00:57:36 Il faut remettre une histoire de temporalité.
00:57:38 Il y a le temps du soin, de l'antidépresseur
00:57:41 et de la remise en mouvement
00:57:43 et dans une alimentation convenable
00:57:45 avec du sport, une activité physique.
00:57:47 -Ce que vous écoutez, en dehors de craindre
00:57:50 ou de consacrer une prise de poids,
00:57:52 c'est parfois un motif à arrêter brutalement ?
00:57:55 -Oui.
00:57:56 Bien sûr. En fait, un certain nombre de personnes
00:58:00 arrêtent justement le traitement
00:58:02 et retombent souvent à la dépression.
00:58:05 Il faut plusieurs passages
00:58:07 où on arrête le traitement, on le reprend
00:58:10 pour pouvoir comprendre que,
00:58:11 bien, il vaut mieux garder le traitement
00:58:14 et prendre un peu de poids et être bien.
00:58:16 -On voit d'ailleurs, dans le documentaire,
00:58:19 une des patients dit "J'avais arrêté
00:58:21 "sans prévenir mon psychiatre et ça s'est très mal passé."
00:58:25 C'est quelque chose qu'on constate dans les suivis,
00:58:28 d'où l'intérêt, et on le répète énormément aux patients,
00:58:31 dire quand ça devient trop difficile,
00:58:33 le patient dit "Je ne peux plus supporter
00:58:36 "tel effet secondaire ou je me pose des questions
00:58:39 "sur l'intérêt du traitement."
00:58:41 On en discute et on peut anticiper les choses,
00:58:43 voir changer d'antidépresseur
00:58:45 s'il y a des effets secondaires
00:58:47 ou amorcer une diminution en vue d'un arrêt.
00:58:49 La pire des situations, c'est quand le patient arrête
00:58:52 dans son coin et paye les pots cassés.
00:58:55 -C'est ce que vous aviez fait. Vous avez arrêté le traitement,
00:58:58 vous êtes retournée voir le psychiatre,
00:59:01 puis ça a duré des années et des années,
00:59:03 jusqu'à temps que je comprenne qu'en fait,
00:59:05 l'antidépresseur, c'était mon médicament
00:59:09 comme... -Il a fallu attendre
00:59:10 une deuxième tentative de suicide pour réaliser
00:59:13 qu'il fallait soigner, c'était pas possible.
00:59:16 -Voilà, tout à fait. Et en fait, je dis souvent
00:59:19 aux personnes que j'écoute, en fait,
00:59:21 les diabétiques se piquent tous les jours
00:59:23 pour pouvoir vivre, et nous, il nous faut un cachet
00:59:26 pour pouvoir vivre correctement.
00:59:28 -Juste aussi une précision dans les raisons de l'arrêt,
00:59:32 il y a quand même beaucoup de patients
00:59:34 qui arrêtent au bout d'un ou deux mois
00:59:37 et se disent "je vais mieux, je vais arrêter".
00:59:39 -On a des chiffres français qui sont catastrophiques.
00:59:42 80 % des traitements antidépresseurs
00:59:45 sont arrêtés au bout de quelques semaines,
00:59:47 qui durent moins d'un mois.
00:59:49 Or, on sait que pour un traitement complet de la dépression,
00:59:52 il faut au moins six mois avant d'amorcer la diminution.
00:59:56 Donc un traitement qui est pris quelques semaines,
00:59:58 voire moins d'un mois, non seulement c'est dangereux,
01:00:02 en plus, c'est inefficace, et ça ne traite pas le fond.
01:00:05 -La durée d'un traitement antidépresseur,
01:00:07 c'est six mois minimum pour le traitement d'une dépression,
01:00:11 et on parle de six mois après la rémission des symptômes.
01:00:14 Les études ont montré que c'était la période
01:00:16 où il y a le plus de risques de rechute,
01:00:19 les six mois qui suivent la rémission.
01:00:21 -Après combien de jours de traitement
01:00:23 peut-on considérer qu'un antidépresseur est inefficace ?
01:00:26 Au bout de combien de temps,
01:00:28 on considère qu'il faut augmenter les doses ?
01:00:31 -Ca, c'est la question où il y a une appréciation clinique
01:00:34 et où ça varie d'un psychiatre à l'autre.
01:00:36 Ca dépend de l'urgence.
01:00:38 Si la personne est dans une situation très urgente,
01:00:41 très suicidaire, on va avoir tendance à changer plus rapidement
01:00:44 si on ne voit aucune amélioration.
01:00:46 On se dit que si en 15 jours, il n'y a rien qu'à bouger,
01:00:49 on a 80 % de chances qu'il n'y ait pas de réponse,
01:00:52 donc certains acceptent de changer d'antidépresseur
01:00:55 au bout de 15 jours en disant qu'il y a une demande urgente.
01:00:59 Mais pour évaluer la pleine efficacité d'un antidépresseur,
01:01:02 c'est plutôt six à huit semaines.
01:01:04 -On a parlé de ce risque suicidaire.
01:01:06 On a cette question de donner des antidépresseurs
01:01:09 à des enfants sans risque.
01:01:10 Beaucoup de parents s'inquiètent
01:01:12 quand on leur donne des antidépresseurs
01:01:15 car on a parlé d'un risque suicidaire
01:01:17 au moment de l'initiation du traitement.
01:01:19 Comment on fait pour protéger ces adolescents
01:01:22 dans les premières semaines du traitement ?
01:01:24 -C'est une question complexe chez l'enfant et l'adolescent.
01:01:27 C'est une prescription spécialisée.
01:01:30 Ca doit être initié par un pédopsychiatre,
01:01:32 un psychiatre spécialisé auprès des enfants ou des adolescents.
01:01:36 On ne va pas du tout banaliser, comme on entend souvent,
01:01:39 qu'on donne des antidépresseurs pour un ou pour un non.
01:01:42 Il y a des chiffres qui montrent
01:01:44 qu'il y a environ 2 % des adolescents
01:01:46 qui ont un antidépresseur,
01:01:47 ce qui est moindre que la prévalence de la dépression.
01:01:50 Ca concerne environ 7 % des adolescents.
01:01:53 Ce n'est pas tous les adolescents qui en ont.
01:01:55 On sait également qu'il va falloir surveiller
01:01:58 de manière très fréquente et très continue
01:02:01 les effets de ce traitement,
01:02:02 voir s'il est efficace ou s'il a des effets secondaires.
01:02:05 Cette polémique vient d'un scandale
01:02:08 qui a eu lieu aux Etats-Unis,
01:02:10 où des études montraient qu'il y avait un sur-risque
01:02:13 chez certains adolescents vis-à-vis d'idées suicidaires.
01:02:16 On sait aujourd'hui que ce sur-risque
01:02:18 a été remis en question,
01:02:20 mais surtout, et ça répond à une des questions
01:02:23 qu'on a posées tout à l'heure,
01:02:25 depuis qu'il y a eu cette alerte aux Etats-Unis,
01:02:27 il y a eu moins de prescriptions d'antidépresseurs
01:02:31 que de tentatives de suicide.
01:02:32 Ce sont des chiffres qui concernent toute la population.
01:02:35 -On nous demande ce qu'est la stimulation magnétique
01:02:39 transcranienne. On va voir un petit reportage
01:02:41 quand les antidépresseurs ne sont pas assez efficaces.
01:02:45 On peut proposer aux patients des séances
01:02:47 de stimulation magnétique transcranienne.
01:02:50 Le but, c'est de remettre de l'ordre
01:02:52 dans un circuit neuronal qui dysfonctionne
01:02:54 grâce à des ondes électromagnétiques.
01:02:57 Olivier Berry.
01:02:58 -Après 11 années de traitement,
01:03:00 Josiane n'a jamais connu de réelle amélioration.
01:03:03 Jusqu'à ce jour de 2013,
01:03:04 où les médecins lui ont proposé une nouvelle thérapie.
01:03:08 -Salut ! -Coucou !
01:03:10 -Ca va, ta semaine ?
01:03:12 -Oui, ça va.
01:03:13 -Bien passé ? -Je suis fatiguée, mais ça va.
01:03:16 -Ces bobines installées au-dessus du crâne
01:03:19 sont chargées de stimuler certaines zones de son cerveau.
01:03:22 -Allez, je démarre. -C'est parti.
01:03:24 -C'est parti.
01:03:25 -C'est parti.
01:03:27 -C'est parti.
01:03:28 -Allez, je démarre. -C'est parti.
01:03:30 -Un, deux et trois.
01:03:32 -C'est bon.
01:03:33 -C'est bon ? -Oui.
01:03:35 -Merci.
01:03:36 -Grâce à du courant électrique de haute intensité,
01:03:39 la machine crée un champ magnétique
01:03:42 qui va ensuite traverser la boîte crânienne.
01:03:45 -On met des électroaimants au-dessus du crâne
01:03:48 qui vont, en fait, amener un champ de polarité
01:03:50 sous l'électroaimant qui va dépasser la boîte crânienne
01:03:54 et donc atteindre le cerveau
01:03:56 pour, en fait, modifier l'activité neuronale,
01:03:58 c'est-à-dire réveiller les neurones endormies
01:04:01 dans les régions importantes du cerveau.
01:04:03 On sait le faire dans les régions précises du cerveau
01:04:06 et on s'est rendu compte qu'on pouvait améliorer les patients.
01:04:10 -Hormis quelques mots de tête,
01:04:11 cette technique non invasive est sans risque pour les patients.
01:04:15 Chez Josiane, les premiers effets positifs
01:04:19 se sont faits sentir assez rapidement.
01:04:21 -C'est au bout d'une quinzaine de séances
01:04:25 que j'ai vu l'amélioration.
01:04:28 Je l'ai sentie, mais je l'ai sentie physiquement
01:04:32 et psychologiquement.
01:04:33 J'ai...
01:04:35 une petite renaissance, quoi, du positif, des envies.
01:04:39 On aurait dit qu'il y avait plein de verrous qui avaient sauté,
01:04:43 et depuis, ça s'est pas arrêté.
01:04:46 -Cette technique s'appelle la TMS,
01:04:48 ou stimulation magnétique transcrânienne.
01:04:51 -Voilà, jeune fille.
01:04:53 C'est bon.
01:04:55 -Elle est contraignante, car pour ses séances de 30 minutes,
01:04:58 il faut se rendre le premier mois tous les jours à l'hôpital.
01:05:02 Mais elle permet à près d'un patient sur deux
01:05:04 de diminuer les symptômes de la dépression.
01:05:07 -Merci.
01:05:08 -Pour les patients qui auraient peur des antidépresseurs,
01:05:11 c'est pas un traitement de première intention ?
01:05:14 -Non, c'est pas accessible pour tout le monde,
01:05:17 mais ça se diffuse de plus en plus.
01:05:19 Il y a eu beaucoup de scepticisme à l'arrivée de la TMS,
01:05:22 donc c'est une alternative à l'électro-conductivité.
01:05:25 -Aux électrochocs.
01:05:26 -C'est des techniques très importantes
01:05:28 pour beaucoup de personnes qui ne répondent pas aux médicaments
01:05:32 et qui permettent à beaucoup de personnes de s'en sortir.
01:05:35 Mais la TMS est contraignante, car il faut se rendre à l'hôpital
01:05:38 plusieurs fois par semaine, il n'y a pas de machine,
01:05:41 ni de personnel, donc c'est pas accessible pour tout le monde.
01:05:44 -Des questions sur la méditation.
01:05:47 Est-ce que la méditation sur la dépression
01:05:49 a été évaluée scientifiquement ?
01:05:51 -Il y a eu plusieurs publications
01:05:53 qui ont fait état des résultats de la méditation.
01:05:56 -La méditation de pleine conscience ?
01:05:58 -Oui, le programme MBCT,
01:05:59 pour Mindfulness Based Cognitive Therapy,
01:06:02 la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience.
01:06:05 Les premières publications montraient une efficacité
01:06:08 comparable aux antidépresseurs au long cours.
01:06:11 La méditation de pleine conscience,
01:06:13 c'est dans la prévention de la rechute de la dépression.
01:06:16 L'efficacité est comparable aux antidépresseurs au long cours.
01:06:19 La méditation, ce n'est pas un traitement de la phase aiguë.
01:06:23 -Bien sûr. Pendant combien de temps
01:06:25 on doit faire de la méditation pour avoir un résultat significatif,
01:06:28 pas sur la dépression aiguë, mais pour réduire le risque de récidive ?
01:06:32 -C'est vraiment s'engager dans un nouveau style de vie.
01:06:35 Le programme MBCT dure huit semaines.
01:06:38 En revanche, c'est une pratique qui est à mener sur le long terme.
01:06:41 Quand on médite, ce qu'on apprend à faire,
01:06:44 c'est de prendre de la distance par rapport à ses pensées.
01:06:47 La pensée cognitive apprend que les pensées négatives que je peux avoir,
01:06:51 les biais cognitifs sont toujours les mêmes.
01:06:53 Je prends l'exemple du collégien qui revient avec une mauvaise note.
01:06:57 Il va dire "c'est ma faute, je m'en occupe pas assez,
01:07:00 "il va rater sa vie." On amplifie et on surgénéralise.
01:07:03 On prend les choses personnellement.
01:07:05 Avec ce programme de méditation, on apprend à se distancier.
01:07:09 Les pensées ne sont pas des faits.
01:07:11 On critique ses propres pensées et le contenu de ses pensées.
01:07:14 -Est-ce que pour avoir une efficacité
01:07:17 dans ce domaine particulier, on peut être formé
01:07:20 par n'importe quel coach ou adepte de la méditation ?
01:07:23 Parce que ça a été fait au départ dans un cadre hospitalier,
01:07:26 notamment les études du professeur Christophe-André Assintane.
01:07:31 Est-ce que ça doit être fait de manière médicale
01:07:33 et avec une méditation qui est...
01:07:35 -C'est standardisé pour que ce soit reproductif.
01:07:38 Il faut que ce soit...
01:07:40 C'est pour ça qu'on peut...
01:07:41 Les applications de méditation sont très aidantes,
01:07:44 mais il y a des programmes qui luttent
01:07:46 contre la prévention de la dépression.
01:07:48 Des publications montrent l'efficacité de ce programme
01:07:52 dans l'anxiété généralisée et dans le trou bipolaire.
01:07:55 C'est extrêmement reproductible.
01:07:57 -On va parler un peu de "top culture".
01:07:59 Ça va nous faire du bien.
01:08:01 Parce que c'est vrai que c'est assez tabou, la dépression.
01:08:04 On garde l'image de quelqu'un qui n'a pas de volonté,
01:08:07 qui est faible, et c'est bien aussi que des stars puissent en parler.
01:08:11 Les antidépresseurs, on en parle beaucoup dans les médias
01:08:14 et au cinéma.
01:08:15 Vous êtes psychiatre, mais expert de la pop culture.
01:08:18 C'est quoi, pour vous, le film marquant
01:08:20 à propos des antidépresseurs ?
01:08:22 -Dans les films récents, j'ai envie de citer "Effets secondaires",
01:08:26 le film de Steven Soderbergh, sorti en 2013.
01:08:28 Au début, on suit Emily Taylor,
01:08:30 qui est une jeune femme atteinte d'une dépression assez sévère,
01:08:34 puisqu'elle a des idées suicidaires.
01:08:36 La dépression est assez bien montrée.
01:08:39 Elle rencontre son psychiatre, joué par Jude Law,
01:08:41 pas mal pour la profession.
01:08:43 -Et ça fait du bien, en général. -Effectivement.
01:08:46 -On va les voir régulièrement.
01:08:48 -Ca commence à très bien se passer.
01:08:50 Il lui diagnostique cette dépression
01:08:52 et il lui prescrit un nouvel antidépresseur.
01:08:55 Jusque-là, ça se passe plutôt bien.
01:08:57 Ensuite, suite à cette prescription, elle le prend.
01:09:00 En fait, elle commet un meurtre, elle tue son mari.
01:09:03 Là, on est déjà dans un autre registre.
01:09:05 On va dire que la suite du film, c'est plutôt dans l'ordre du thriller,
01:09:09 qui est finalement un bon film assez haletant,
01:09:12 avec des clichés, notamment des relations
01:09:14 entre les patients et les psychiatres.
01:09:16 -Et Jude Law... -On lui parle un peu de tout.
01:09:19 -C'est pas tout à fait reproductible, voyez-vous.
01:09:22 Vous avez écrit un livre sur les liens
01:09:24 entre santé mentale et culture pop.
01:09:26 Vous décryptez les prises de parole de stars sur le sujet.
01:09:29 Quand les célébrités en parlent, elles le font comment ?
01:09:32 -Elles le font dans des interviews, dans des films, dans des livres.
01:09:36 L'exemple le plus typique, ce serait peut-être celui de Carrie Fisher.
01:09:40 On parle tous d'elle dans son rôle de Prince Ashleya,
01:09:43 dans "Star Wars", un rôle qui l'a marqué
01:09:46 et qui a marqué des générations.
01:09:48 Il faut savoir que Carrie Fisher a été atteinte
01:09:51 d'un trouble bipolaire et également d'addiction.
01:09:53 Elle a beaucoup parlé, c'est une des pionnières,
01:09:56 des troubles, des traitements,
01:09:59 notamment dans des films qu'elle a réalisés,
01:10:02 qu'elle a écrits dans un "one-woman show",
01:10:04 où elle parle de l'électro-comulcivothérapie,
01:10:07 on vous a parlé tout à l'heure, avec beaucoup d'humour.
01:10:10 Un humour qui, manifestement, la caractérisait,
01:10:13 puisqu'il faut savoir qu'en 2016, lorsqu'elle est décédée,
01:10:16 elle avait dit dans son testament
01:10:18 qu'elle voulait que ses cendres soient déposées
01:10:21 dans une urne en forme de Prozac.
01:10:23 -On voit ça, la gélule dans les bras de son mari.
01:10:26 -Elle disait que c'était son antidépresseur préféré,
01:10:29 donc c'était une sorte d'hommage.
01:10:31 On peut y voir un trait d'humour chez cette personne très célèbre.
01:10:35 -Quand les stars parlent des antidépresseurs,
01:10:37 ça suscite quoi ?
01:10:38 -Un peu les mêmes que dans la population générale,
01:10:41 avec beaucoup de culpabilisation.
01:10:43 L'exemple typique que je cite dans le livre,
01:10:46 c'est celui de Brooke Shield, l'actrice américaine,
01:10:49 qui, il y a quelques années, a parlé,
01:10:51 dans un livre qu'elle a écrit,
01:10:53 où elle a parlé de sa dépression du postpartum.
01:10:56 Elle a dit qu'elle avait des idées suicidaires très importantes,
01:10:59 au point même... -Dépression, accouchement.
01:11:02 -Au point de vouloir se jeter par la fenêtre
01:11:05 avec son nouveau-né dans les bras.
01:11:07 Elle a dit qu'elle avait eu un moment en traitement antidépresseur
01:11:10 et que ça l'avait vraiment aidée,
01:11:12 donc elle avait envie de lever le stigma sur le sujet.
01:11:15 Elle a été victime d'un vilipendage en bonne et due forme
01:11:19 par Tom Cruise, qui l'a interpellée dans les médias
01:11:22 en disant que Brooke Shield faisait n'importe quoi,
01:11:25 qu'elle devait se bouger,
01:11:27 que la dépression du postpartum,
01:11:29 il suffit de faire du sport et des vitamines.
01:11:31 -Elle ne s'est pas démontée.
01:11:33 Elle a dit, en répondant à Tom Cruise,
01:11:35 aussi dans les médias, qui était son amie,
01:11:38 en lui disant qu'il ferait peut-être mieux
01:11:41 de s'occuper de sauver la planète des extraterrestres
01:11:44 et de laisser les femmes prendre des décisions pour leur santé,
01:11:47 pour un problème qui les concerne.
01:11:49 -On a des exemples américains et en France.
01:11:52 -En France, c'est très timide.
01:11:54 C'est vrai qu'avec Pop Pepsi, on le constate.
01:11:57 Ceci dit, on a une jeune chanteuse, Pomme,
01:12:00 qui nous a parlé de ça dans le podcast Pop Pepsi,
01:12:02 où, en fait, elle raconte que dans sa génération,
01:12:05 notamment parmi ses amis,
01:12:07 beaucoup de personnes ont eu un traitement antidépresseur
01:12:10 et que, chez elle, ça ne suscite pas de réaction de rejet,
01:12:14 comme c'est le cas.
01:12:15 Elle-même a beaucoup parlé de sa santé mentale.
01:12:18 Elle compare la situation avec le Canada,
01:12:20 dans lequel elle vit,
01:12:21 où elle dit que les gens sont beaucoup plus tolérants
01:12:24 envers ces médicaments,
01:12:26 alors qu'en France, et dans la génération de ses parents,
01:12:29 c'est un peu l'omerte.
01:12:31 -C'est ce qu'on vous dit aussi ?
01:12:32 -Tout à fait. Dans l'écoute téléphonique
01:12:35 qu'on a sur France Dépression Nationale,
01:12:37 on entend beaucoup de gens dire
01:12:40 que les médicaments, oui,
01:12:43 mais qu'ils n'osent pas trop en prendre.
01:12:47 C'est pour ça qu'on dit que le médicament, au départ,
01:12:50 permet de pouvoir atteindre, je dirais,
01:12:54 la volonté de pouvoir, après, entamer des thérapies
01:12:57 comme la méditation.
01:12:59 -Et c'est quand même essentiel de rappeler
01:13:01 que c'est un outil, l'antidépresseur,
01:13:04 y compris dans les formes sévères,
01:13:06 que la psychothérapie fait partie de cet ensemble,
01:13:09 parce que l'antidépresseur va permettre
01:13:11 de soulager les symptômes,
01:13:12 mais il ne va pas guérir l'origine de la dépression.
01:13:15 La psychothérapie doit être associée.
01:13:17 -Ca n'a pas de sens de se dire
01:13:19 qu'on va soigner un harcèlement au travail.
01:13:22 -On dit la psychothérapie par monsieur.
01:13:24 On le fait.
01:13:25 -Avec Virginie, dans le reportage,
01:13:27 effectivement, on ne va pas résoudre un burn-out,
01:13:31 un harcèlement au travail,
01:13:33 le fait d'être surchargé en tant que jeune parent,
01:13:37 ou pour un adolescent, d'être victime de harcèlement à l'école,
01:13:40 avec un antidépresseur, bien sûr.
01:13:42 L'antidépresseur est là pour traiter un problème biologique
01:13:46 qui, souvent, est en lien avec le problème psychique.
01:13:49 Il n'y a pas la psyché d'un côté, le corps de l'autre.
01:13:52 Les deux sont en interaction.
01:13:54 Quand on est perturbé sur le plan mental,
01:13:56 on est perturbé dans le corps et réciproquement.
01:13:59 Il est important aussi de rappeler,
01:14:01 on l'a évoqué à la fin du reportage,
01:14:04 que dans les conditions de vie...
01:14:06 Pour le coup, Tom Cruise avait raison sur un truc,
01:14:10 c'est que l'activité physique, effectivement...
01:14:13 -On va y venir. -C'est efficace.
01:14:15 L'alimentation aussi,
01:14:17 notamment les oméga-3,
01:14:19 qui ont prouvé leur efficacité dans les dépressions,
01:14:22 en combinaison avec les antidépresseurs.
01:14:24 -Que pour les dépressions légères à modérer.
01:14:26 Il y a des choses importantes qu'on peut faire,
01:14:29 autre que les antidépresseurs.
01:14:31 -Notamment l'éducation thérapeutique,
01:14:33 dont on parle de plus en plus.
01:14:35 -C'est ce qui vous a sauvée.
01:14:37 -Oui, ça a été ma renaissance,
01:14:40 grâce à l'éducation thérapeutique.
01:14:42 -Vous avez pris en charge votre maladie,
01:14:45 vous êtes devenue actrice.
01:14:47 -Donc, en fait, on comprend mieux notre maladie,
01:14:51 donc on apprend mieux à se connaître
01:14:53 pour pouvoir trouver les outils qui nous conviennent,
01:14:56 parce qu'on sait que chaque personne
01:14:59 a ses propres outils à trouver, en plus du médicament.
01:15:02 -C'est l'importance,
01:15:03 puisque vous avez fait des études pour devenir patiente experte,
01:15:07 de l'expérience d'autres patients.
01:15:09 Cette éducation thérapeutique,
01:15:11 c'est aussi les autres patients qui vous expliquent
01:15:13 comment ils ont vécu leur parcours de soins
01:15:16 pour arriver à convaincre les autres patients.
01:15:18 -Voilà. En fait, moi, j'interviens
01:15:21 notamment dans des cliniques sur Montpellier
01:15:24 pour justement montrer que, déjà, les personnes ne sont pas seules,
01:15:29 qu'on est nombreuses, malheureusement,
01:15:33 à souffrir de dépression.
01:15:35 -Qu'on peut s'en sortir. -Et qu'on peut s'en sortir.
01:15:37 Et puis, de voir que, en fait, quand je décris les symptômes,
01:15:42 il y a beaucoup de gens qui s'y retrouvent, bien sûr,
01:15:45 et du coup, ça apporte une dynamique
01:15:49 et de pouvoir en parler, d'où les groupes de parole
01:15:52 qui sont très importants aussi.
01:15:54 -On va venir, effectivement, au sport,
01:15:56 parce que c'est très important.
01:15:57 Juste une dernière question sur les antidépresseurs.
01:16:00 On peut en prendre 20 ou 30 ans, des antidépresseurs ?
01:16:03 -Bien sûr. -Oui.
01:16:05 -Comme je disais, c'est vraiment l'incapacité
01:16:07 ou le désavantage social.
01:16:09 Il y a des formes génétiques, quand même.
01:16:11 C'est multifactoriel, une dépression.
01:16:13 Mais il y a quand même des personnes
01:16:15 qui sont petits sécréteurs de sérotonine.
01:16:18 Il faut les accompagner sur le long cours.
01:16:20 Oui, ça, ça existe.
01:16:22 -Quand on fait un épisode dépressif,
01:16:24 on a une chance sur deux d'en faire un deuxième,
01:16:26 et quand on en fait trois, on en fait neuf.
01:16:29 Il y a des personnes qui ne peuvent pas se passer
01:16:31 d'antidépresseurs au long cours.
01:16:33 -Pour compléter le témoignage de madame,
01:16:35 c'est très important, et on en a aussi vu
01:16:38 pendant le documentaire, de montrer qu'on peut se sortir
01:16:41 de la dépression, qu'on peut aller bien.
01:16:43 C'est très important dans la périodance,
01:16:45 dans la psychoéducation.
01:16:47 -C'est énorme, des patients experts, aujourd'hui.
01:16:50 -Mais bon... -Je vous en prie, madame.
01:16:52 -Mais bon, en fait, quand on parle de plusieurs dépressions,
01:16:55 comme moi, j'en ai fait six.
01:16:57 Je sais très bien que maintenant, mon traitement,
01:17:00 je l'avis, alors à faible dose, bien sûr,
01:17:04 mais je ne l'arrêterai jamais.
01:17:06 -On demande par quel mécanisme
01:17:07 le sport peut aider à vaincre la dépression.
01:17:10 On a plusieurs questions.
01:17:11 Plusieurs études montrent que ce sport
01:17:14 est un allié précieux pour lutter contre la dépression,
01:17:17 notamment la production de dopamine.
01:17:19 La pratique sportive permet de recréer du lien social,
01:17:22 de sortir les patients de leur isolement.
01:17:24 Voici Anaïs Plateau et Julien Chaumat.
01:17:26 -Dépressive depuis plusieurs années,
01:17:29 Céline a décidé de reprendre sa vie en main.
01:17:31 Et ça commence par une activité physique régulière,
01:17:34 même si la motivation n'est pas toujours au rendez-vous.
01:17:37 -Des fois, le matin, je me réveille,
01:17:40 je n'ai pas trop envie d'y aller,
01:17:41 mais comme je me dis que c'est bénéfique pour moi,
01:17:44 je viens quand même, avec difficulté, mais je viens.
01:17:47 -C'est pourquoi rejoindre un groupe de patients dépressifs,
01:17:50 pour Céline, c'était un critère important de motivation.
01:17:53 -C'est l'envie de renouer avec une activité,
01:17:56 ce qui, dans le milieu ordinaire, est parfois extrêmement compliqué,
01:17:59 puisqu'il y a quelques déficits cognitifs,
01:18:02 la tension, la mémoire, la concentration.
01:18:04 Les difficultés aussi pour aller vers avoir un projet,
01:18:07 rendre les personnes qui souffrent de dépression
01:18:10 en grande difficulté pour intégrer une activité physique,
01:18:13 quelle qu'elle soit, dans le milieu ordinaire.
01:18:16 -Une activité physique, mais aussi ludique.
01:18:18 C'est une manière de recréer du lien social
01:18:20 pour ces personnes souffrant de dépression.
01:18:23 -C'est parti !
01:18:24 Musique rythmée
01:18:26 ...
01:18:32 -Je fais à mon rythme,
01:18:34 et ça permet de décompresser au maximum.
01:18:37 On se sent bien, on sent pas le poids de son corps,
01:18:40 et on décompresse bien.
01:18:41 -Décompresser, c'est ce que les professionnels de santé
01:18:45 espèrent pour leur passion avec l'aquagym,
01:18:47 et les bénéfices sont autant mentaux que physiques.
01:18:50 -La dépression génère de la sédentarité,
01:18:52 parfois de l'obésité,
01:18:53 et malheureusement, les traitements psychotropes
01:18:56 ont aussi un rôle dans la survenue d'une obésité.
01:18:59 Ca prévient toutes les complications.
01:19:01 -On relâche doucement, on change les planches de côté.
01:19:04 -Céline fait de l'aquagym depuis 6 mois.
01:19:06 Depuis qu'elle y participe,
01:19:08 l'amélioration de son bien-être est indéniable.
01:19:11 -On se sent libérée, on ne réfléchit pas
01:19:13 à tout ce temps où on est dans la piscine,
01:19:15 et du coup, ça nous permet de nous libérer la tête
01:19:18 et penser à rien d'autre qu'aux exercices.
01:19:20 Et en plus, on se marre bien, donc c'est l'avantage.
01:19:24 J'ai vu l'évolution par rapport à la première fois où je suis arrivée,
01:19:28 et maintenant, je me sens vraiment mieux.
01:19:30 Psychologiquement, ça fait un bien fou.
01:19:32 -Décollez les pieds.
01:19:34 Voilà, et pensez à respirer.
01:19:36 -Le caractère ludique des activités est primordial,
01:19:39 mais il n'est pas suffisant pour motiver le groupe.
01:19:42 Chaque personne doit ressentir les bienfaits physiques du sport.
01:19:45 -Souvent, ils reviennent pour ça, pour se défouler un peu,
01:19:48 pour quitter l'impression de se sentir dynamique
01:19:51 et un peu plus en forme.
01:19:52 C'est le fait qu'ils se sentent en forme
01:19:55 et ça leur donne envie de continuer à l'extérieur.
01:19:57 C'est aussi sur ça qu'on travaille, le fait que ce soit sympa
01:20:00 et qu'ils aient envie de continuer.
01:20:02 -Pour avoir un effet positif sur les patients,
01:20:05 l'activité physique doit être pratiquée
01:20:07 de manière soutenue et régulière.
01:20:10 -On a cette question qui parait assez évidente, mais qui revient.
01:20:13 Comment se mettre au sport quand on est dépressif ?
01:20:16 Personnellement, je n'en ai pas la force.
01:20:18 Quand on n'est pas capable de sortir de son lit,
01:20:21 on ne se dit pas qu'on allait faire un match de foot.
01:20:24 -L'activité sportive est très importante.
01:20:26 On sait qu'il faut faire 30 à 45 minutes de sport intensif
01:20:29 trois fois par semaine pour qu'il y ait un vrai effet antidépresseur.
01:20:33 C'est quelque chose d'assez soutenu.
01:20:35 On le voit bien en le disant que ça va dépendre
01:20:38 de quelles dépressions on s'adresse.
01:20:40 Les dépressions sévères, ça ne va faire que renforcer
01:20:43 une culpabilité.
01:20:44 On dit, comme tout le monde, secouez-vous,
01:20:47 allez faire un marathon, alors que soi-même,
01:20:49 faire 3 fois 45 minutes de sport par semaine,
01:20:52 ce n'est pas évident pour tout le monde.
01:20:54 Ceci dit, en visée de prévention de la rechute
01:20:57 ou pour des dépressions légères,
01:20:59 il y aura toute sa place au sport.
01:21:01 Je le rappelle, ce qui est important,
01:21:03 on se demande s'il y a un sport qui va être plus utile.
01:21:06 - Y a-t-il un sport plus adapté qu'un autre ?
01:21:09 - Je lis les questions.
01:21:10 C'est pas moi qui l'ai envoyé.
01:21:12 C'est ça, en douce.
01:21:13 Il n'y a pas de sport plus efficace que l'autre.
01:21:16 En revanche, ce qu'on sait, c'est qu'il faut que ce soit
01:21:19 un sport que la personne apprécie,
01:21:21 parce que c'est d'autant plus utile.
01:21:23 On sait que c'est plus efficace quand c'est en groupe
01:21:26 et avec un coach, parce qu'il y a l'aspect social
01:21:29 qui va jouer et l'aspect motivationnel.
01:21:31 - C'est proposé, c'est organisé dans les services de psychiatrie ?
01:21:35 Je laisserai parler.
01:21:36 - On l'a vu dans le reportage,
01:21:38 il y a le sport adapté, ça se développe de plus en plus.
01:21:41 Dans les comptes rendus au centre expert,
01:21:44 on met les coordonnées.
01:21:45 Dans chaque région, il y a des centres,
01:21:47 même dans chaque ville, de sport Azure aussi,
01:21:50 que les personnes peuvent se renseigner directement
01:21:53 sur Google en tapant "sport adapté" et le nom de leur ville.
01:21:56 Ça, c'est vraiment à développer, ça se développe de plus en plus.
01:22:00 - Allez-y, puis je passe.
01:22:02 - Il faut aussi dire aux patients qu'il faut être modeste.
01:22:05 Si on met la barre trop, vous allez passer en dessous.
01:22:08 - Commencer par un quart d'heure. - Il faut commencer modeste.
01:22:11 Ils doivent réélargir leur périmètre de sécurité,
01:22:14 leur périmètre de confort, et qu'ils sortent de cette zone.
01:22:18 Mais il faut être modeste.
01:22:19 - Commencer à se bouger.
01:22:21 - C'est une pratique sportive.
01:22:23 - Trouver l'activité qui nous convient,
01:22:26 parce que chacun a son activité de préférence.
01:22:28 On a vu l'aquagym, la marche nordique,
01:22:31 le petit footing,
01:22:32 des choses faciles à faire qui ne nécessitent pas
01:22:35 des conditions très contraignantes
01:22:37 comme de devoir aller dans une salle de sport loin
01:22:39 avec un cours une fois par semaine.
01:22:42 - En dépression, il ne faut pas se mettre en échec.
01:22:44 - Ça renforce l'estime de soi d'avoir fait une petite sortie.
01:22:48 - Le kiné est très bien pour ça.
01:22:50 On a beaucoup de patients,
01:22:51 mais les plus sévères ont prescrit du kiné,
01:22:54 parce que le kiné est le professionnel
01:22:56 pour le réentraînement à l'effort.
01:22:58 On a plein de patients qui nous disent
01:23:01 qu'ils se remettent dans le circuit par le kiné.
01:23:03 - Vous voulez ajouter quelque chose ?
01:23:05 - J'ai été hospitalisée,
01:23:07 pour ne pas citer la clinique de l'aller-ronde de Montpellier.
01:23:11 Et en fait, on a de l'éducation,
01:23:15 de la gymnastique adaptée,
01:23:18 et on a aussi le kiné.
01:23:20 - Et les patients, ils vont assez volontiers ?
01:23:24 - Oui, parce qu'en fait,
01:23:26 l'éducateur se met un peu à notre portée
01:23:30 en fonction de ce qu'on peut faire,
01:23:32 et on évolue tout au long de l'hospitalisation.
01:23:35 - Au Centre-Expert, on a un enseignant sportif
01:23:38 dédié pour les patients du secteur du service.
01:23:41 - Oui.
01:23:42 - Je travaille à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.
01:23:46 C'est vrai que c'est une question
01:23:48 qu'on ne peut pas totalement éluder de ce débat.
01:23:51 Il y a aussi une question de manque de moyens.
01:23:53 Dans le service, on n'a pas de moyens disponibles
01:23:56 ni de professeurs de sport, ni de kiné,
01:23:59 qui seraient vraiment alloués à ça,
01:24:01 parce que le kiné s'occupe de tout l'hôpital.
01:24:03 Quel que soit le type de thérapie,
01:24:06 que ce soit la psychothérapie, le sport,
01:24:08 ou l'alimentation dont on va peut-être parler,
01:24:11 il y a vraiment un manque de moyens.
01:24:13 - J'avais cru à la question.
01:24:15 - Il est louche.
01:24:16 - Il connaît pas les choses.
01:24:18 - Allez, on va faire une séance.
01:24:20 - Effectivement.
01:24:21 Je rappelle que vous avez écrit "Bien manger"
01:24:24 pour ne plus déprimer Odi Jacob.
01:24:26 Comment peut-on prétendre soigner
01:24:28 une dépression en modifiant seulement son alimentation ?
01:24:31 - Bam ! Alors, oui, c'est sérieux.
01:24:33 C'est pour ça que j'ai 250 références
01:24:35 dans le livre, qui sont pour la majorité
01:24:37 des méta-analyses, le plus haut niveau de preuves scientifiques.
01:24:41 J'ai insisté là-dessus,
01:24:43 car j'avais lu d'autres ouvrages
01:24:44 qui n'étaient pas très sérieux sur la question.
01:24:47 J'ai voulu faire le point pour mes patients,
01:24:50 car on me posait la question tous les jours.
01:24:52 Quand j'ai découvert les données scientifiques,
01:24:55 on en parle pas plus.
01:24:57 Consommer tous les jours des légumes,
01:24:59 ça diminue de 9 % le risque de faire une dépression.
01:25:02 Consommer tous les jours des fruits,
01:25:04 ça diminue de 15 % le risque de dépression,
01:25:06 indépendamment de la consommation de légumes.
01:25:09 À l'inverse, le régime occidental,
01:25:11 le régime très inflammatoire, junk food,
01:25:13 produits ultra transformés, graisses saturées, sucre caché,
01:25:17 la majorité de l'alimentation occidentale,
01:25:19 ça augmente de 33 % le risque de faire une dépression.
01:25:22 Quand on dit, je réponds pas aux antidépresseurs,
01:25:25 mais vous faites de l'activité physique,
01:25:27 qu'est-ce que vous mettez dans votre assiette ?
01:25:30 Notre cerveau se nourrit de ce qu'on a dans notre estomac,
01:25:33 donc il a besoin de vitamines.
01:25:35 Tom Cruise le disait, donc je suis désolé.
01:25:37 Il dit pas que des bêtises.
01:25:39 -Je vais vous envoyer le numéro de Bourgine.
01:25:42 -Quand on veut jeter son bébé par la fenêtre,
01:25:44 je suis d'accord que les vitamines, c'est peut-être pas...
01:25:48 Mais la vitamine D a montré un intérêt,
01:25:50 c'est un modulateur de l'inflammation.
01:25:53 Parmi les mécanismes, on a parlé de la sérotonine,
01:25:55 on a pas eu le temps de tout dire,
01:25:57 il y a des mécanismes d'inflammation
01:25:59 qui expliquent certaines dépressions
01:26:01 et qui expliqueraient qu'autres traitements soient efficaces.
01:26:05 Les oméga 3 sont efficaces dans le traitement de la dépression.
01:26:08 Il y a de l'EPA qui se met dans les cellules microgliales.
01:26:12 C'est compliqué, c'est E. eicosapentaenoïque.
01:26:14 -Je vous aurais pas dû le demander.
01:26:16 -Il y a l'EPA et le DHA, c'est deux oméga 3,
01:26:19 on le voit sur l'étiquette.
01:26:21 C'est les cellules qui entourent les neurones
01:26:23 et qui vont les nourrir.
01:26:25 Le DHA, c'est dans les membranes des neurones.
01:26:28 C'est pour ça que certains antidépressants ne fonctionnent pas.
01:26:31 Les Français sont majoritairement carençants d'oméga 3.
01:26:34 Ils ont un apport moyen de 600 mg par jour.
01:26:37 C'est pour ça que l'alimentation méditerranéenne,
01:26:40 c'est le meilleur mode d'alimentation
01:26:42 pour la prévention de la dépression.
01:26:44 -Les oméga 3, c'est les poissons gras.
01:26:46 -C'est aussi l'huile de caméline, les graines de quillard.
01:26:50 -Ce sont des sources diversifiées, que les poissons gras.
01:26:53 -Tout à fait, l'huile de l'huile de l'huile de l'huile de l'huile de l'huile.
01:26:57 Il y a beaucoup d'oméga 3 végétaux.
01:26:59 Ils sont convertis dans le corps, ils ne sont pas utilisables.
01:27:02 Ca change le taux de conversion.
01:27:04 On sait ce qu'on absorbe, mais pas vraiment ce qui va au cerveau.
01:27:08 Donc, attention pour les poissons gras,
01:27:10 parce qu'il y a des risques de métaux lourds,
01:27:13 d'intoxication au mercure, au cadmium.
01:27:15 L'ANSES ne recommande pas de consommer plus d'une portion par semaine.
01:27:19 -C'est quelque chose, dans la prise en charge d'une dépression,
01:27:22 qui est maintenant prise en compte, l'alimentation,
01:27:25 les questions que pose le patient ?
01:27:27 -C'est une médecine comportementale, c'est militant.
01:27:30 Je leur dis, le sport, la méditation, les oméga 3,
01:27:33 il y a plusieurs choses.
01:27:35 Ca responsabilise le patient par rapport à sa pathologie.
01:27:38 Il a envie. Il y a un certain nombre de choses à mettre en place.
01:27:41 On ne peut pas soigner son patient
01:27:43 s'il n'est pas participant à la mise en place de ses activités.
01:27:48 -D'ailleurs, je le rappelle là aussi,
01:27:50 normalement, quand on diagnostique une dépression,
01:27:52 il est recommandé de faire une prise de somme
01:27:55 où on va regarder comment fonctionne l'organisme, le rein, le foie,
01:27:59 pour être sûr que si on met en place un traitement,
01:28:02 il sera bien toléré.
01:28:03 Mais aussi, on le fait systématiquement,
01:28:05 on dose certaines vitamines, à la B9, à la B12 ou à la D,
01:28:08 qui sont des marqueurs.
01:28:10 Il n'y a pas toutes les vitamines,
01:28:12 mais on peut voir des grosses carences.
01:28:14 Certains patients qui mourraient
01:28:16 d'une vitamine B9 dans les chaussettes,
01:28:18 on se dit que l'alimentation est très déstructurée.
01:28:21 Rien que le fait de voir le taux, ça permet à la personne
01:28:24 de se dire qu'il va falloir faire un petit effort.
01:28:27 Chose qu'on peut corriger, on corrige ses carences.
01:28:30 -J'ai eu peur que vous me parliez du microbiote,
01:28:33 parce que j'allais vous le faire sortir.
01:28:35 -Je voulais dire que, bien sûr,
01:28:37 avec la dépression, on va de soi, l'hygiène de vie.
01:28:41 C'est vrai qu'il faut revoir toute une hygiène de vie,
01:28:44 le sommeil, aller au lit de façon régulière à la même heure,
01:28:50 faire attention à son alimentation.
01:28:52 Tout ça est très important.
01:28:54 -S'occuper de soi.
01:28:55 -La qualité des relations,
01:28:56 on est des êtres de lien.
01:28:58 Si on est entouré de personnes que l'on perçoit comme toxiques,
01:29:01 avec qui on est en conflit, ça va engendrer la dépression.
01:29:05 Je dis pas qu'il faut changer de conjoint à tout le monde,
01:29:08 mais il faut aussi regarder... -Vous vous arrangez avec.
01:29:11 -On choisit pas sa famille, mais il faut prendre soin
01:29:14 de nos relations avec nos proches,
01:29:16 et générer des relations inspirantes.
01:29:18 Ca peut passer dans des groupes de méditation,
01:29:21 d'activité physique.
01:29:22 -Et là aussi, petit rappel,
01:29:24 une idée reçue très fréquente et très diffusée en France,
01:29:28 c'est qu'on se soigne avec un verre de vin ou de l'alcool.
01:29:31 C'est vraiment la chose à éviter.
01:29:33 -Et le tabac.
01:29:34 C'est un facteur de risque de dépression.
01:29:37 -L'alcool, c'est un produit qu'on dit dépressogène.
01:29:40 L'alcool, si on en consomme trop tous les jours,
01:29:43 on peut en donner exactement les symptômes de la dépression,
01:29:46 et peut également aggraver une dépression.
01:29:49 C'est la première chose dans l'alimentation.
01:29:51 Attention à l'alcool, ça fait souvent des ravages.
01:29:54 -Xavier, l'avenir n'était-il pas de traiter le mal
01:29:57 au niveau du microbiote ?
01:29:58 Ce microbiote intestinal joue un rôle sur le fonctionnement
01:30:02 de notre cerveau.
01:30:03 Chez les patients dépressifs, le microbiote est déséquilibré.
01:30:06 Une équipe de chercheurs français teste un traitement
01:30:09 pour corriger ce déséquilibre et guérir la dépression.
01:30:13 On parle avec Céline Martel, Timothée de Rex, Olivier Bery.
01:30:16 Musique douce
01:30:18 -Il y a deux ans,
01:30:19 Alain plonge dans une dépression sévère.
01:30:22 Malgré de fortes doses d'antidépresseurs
01:30:24 pendant plusieurs mois, rien ne change.
01:30:27 -Avec les antidépresseurs,
01:30:29 je n'ai pas senti aucune amélioration
01:30:32 au niveau du sommeil,
01:30:34 de l'énergie, du mental.
01:30:37 Je commençais à entrer dans une sorte d'habitude,
01:30:41 voilà, je dois vivre avec.
01:30:44 -Mais depuis deux mois, Alain a un nouveau rituel.
01:30:48 -Chaque matin, environ 10h, 11h,
01:30:52 j'ai une alarme et je prends le traitement.
01:30:56 -Ce traitement est en phase d'expérimentation.
01:30:59 Alain ne sait pas s'il prend ou non un placebo.
01:31:01 L'idée novatrice de cette étude,
01:31:04 soigner la dépression en rééquilibrant
01:31:06 le microbiote intestinal.
01:31:08 Tout part de l'approche de ce chercheur,
01:31:10 qui explore les liens entre le cerveau et l'intestin.
01:31:14 Il a découvert que les personnes dépressives souffrent
01:31:17 souvent d'un déséquilibre de leur microbiote intestinal,
01:31:20 une source d'inflammation.
01:31:22 -Dans le contexte des troubles mentaux,
01:31:25 on a cette relation entre l'inflammation intestinale,
01:31:28 un dérèglement qui induit de l'inflammation,
01:31:31 et une micro-inflammation au niveau du cerveau.
01:31:34 Donc, ce qu'on a posé comme hypothèse,
01:31:37 c'est qu'en gérant les problèmes au niveau intestinal,
01:31:40 on allait pouvoir agir sur le bon fonctionnement
01:31:42 au niveau cérébral.
01:31:44 -Pour corriger cette inflammation,
01:31:46 le professeur Joël Doré a élaboré un traitement
01:31:49 censé restaurer un microbiote de bonne qualité.
01:31:51 Cette formule a prouvé son efficacité sur des souris.
01:31:55 Chez les humains, pour montrer une correction du microbiote,
01:31:58 pas d'autre choix que d'analyser les selles des patients
01:32:02 avant et après la prise du traitement.
01:32:05 En parallèle, tous les patients participent à des entretiens
01:32:08 pour évaluer leurs symptômes dépressifs.
01:32:11 -Asseyez-vous, monsieur. -Merci.
01:32:13 -Alain voit sa psychiatre toutes les deux semaines
01:32:16 pour faire le point.
01:32:17 -Du coup, au niveau de la tristesse de l'humeur,
01:32:20 est-ce que vous dites que c'est toujours présent ?
01:32:23 -J'ai l'impression que la tristesse,
01:32:25 elle est moins présente,
01:32:27 moins de la moitié du temps.
01:32:29 -La dernière fois où on s'est vus,
01:32:31 vous m'avez dit que la dépression était là
01:32:34 tout le temps, tous les jours.
01:32:35 Là, vous avez constaté un petit mieux au niveau de l'aide.
01:32:39 -Un espoir pour Alain,
01:32:40 comme pour les 30 % de patients en dépression
01:32:43 qui ne répondent pas aux traitements classiques
01:32:46 par antidépresseurs.
01:32:47 Les résultats de cette étude sont attendus au printemps 2024.
01:32:51 -C'est un axe de recherche.
01:32:52 Autre axe de recherche, ce sont ces psychédéliques
01:32:55 dont on a parlé à la fin du documentaire.
01:32:58 C'est-ce l'avenir des traitements médicamenteux ?
01:33:01 -Le microbiote, c'est vraiment
01:33:03 une piste extrêmement importante.
01:33:04 Il y a des études chez l'animal
01:33:06 qui montrent qu'en modifiant les bactéries de l'intestin,
01:33:10 on augmente les neurotransmetteurs dans le cerveau
01:33:13 dans le système endocannabinoïde.
01:33:15 Il y a des vrais supports physiopathologiques.
01:33:17 Chez l'être humain, on a des preuves d'efficacité
01:33:20 des probiotiques dans le traitement de la dépression
01:33:23 et dans l'anxiété.
01:33:24 On cherche des points d'appel en clinique.
01:33:27 Au centre, on ne fait pas de dosage de microbiote.
01:33:30 On n'a pas de moyens dans la pratique courante
01:33:33 pour enquirer un microbiote perturbé.
01:33:35 Par contre, on a des signes indirects
01:33:37 avec des inconforts digestifs,
01:33:39 le syndrome de l'intestin irritable.
01:33:41 On a pu démontrer que les personnes
01:33:43 qui avaient ce syndrome-là avaient plus d'anxiété.
01:33:46 -Pour les psychédéliques... -Ce qu'est un probiotique ?
01:33:49 -C'est une bactérie vivante encapsulée
01:33:51 qu'on prend sous forme de comprimé
01:33:53 qui va passer dans l'intestin sans être attaquée
01:33:55 par l'acidité de l'estomac.
01:33:57 -Axe de recherche passionnant, prometteur.
01:34:00 -On attend la psylocibine avec impatience.
01:34:02 -Pour l'instant, on le précise, les études étaient en Suisse.
01:34:06 Sur des Suisses, on ne peut pas téléphoner à l'hôpital.
01:34:09 -On n'a pas de psylocibine, on ne peut pas vous la mener.
01:34:12 La kétamine, on avait démontré son efficacité
01:34:14 dans une mécanisme en 2014.
01:34:16 Il a fallu attendre 2019 pour l'avoir dans la pratique clinique.
01:34:20 Ce n'est pas pour demain encore.
01:34:21 Les études publiées sont extrêmement prometteuses.
01:34:25 C'est un autre mécanisme d'action.
01:34:27 Dès qu'on a un nouveau mécanisme d'action,
01:34:29 ça peut aider des nouvelles personnes.
01:34:32 -Jean-Marie nous demande si l'hypnose aura une place
01:34:34 dans la prise en charge de la dépression.
01:34:37 -C'est plutôt une technique de relaxation
01:34:39 qu'une technique de thérapie de la dépression.
01:34:42 A ma connaissance, il n'y a pas d'études qui l'aient montrée.
01:34:45 -On nous demande s'il est possible d'envisager
01:34:48 une grossesse sous antidépresseur.
01:34:50 J'ai peur de poursuivre mon traitement.
01:34:52 -Il ne faut pas du tout. Il faut regarder le site du CRAT.
01:34:55 -C'est quoi, le CRAT ?
01:34:57 -C'est un site Internet où on peut trouver tout ce qui est eratogène.
01:35:01 C'est très rassurant pour les femmes enceintes.
01:35:04 C'est très rassurant pour les femmes enceintes
01:35:06 de voir qu'il faut surtout poursuivre le traitement
01:35:09 pendant la grossesse et surtout éviter une dépression post-natale
01:35:13 comme on l'a montré. Une interaction avec son bébé
01:35:16 peut être un peu altérée et il ne vaut mieux pas.
01:35:19 -Les antidépresseurs sont-ils indiqués
01:35:21 pour lutter contre la dépression saisonnière,
01:35:24 celle qui survient régulièrement, notamment quand la lumière baisse ?
01:35:27 -La luminothérapie, on n'en a pas parlé.
01:35:30 C'est plus concerné à Paris qu'à Marseille.
01:35:32 -Il va recommencer avec Marseille.
01:35:34 -Avec le dérèglement climatique, malheureusement,
01:35:37 il y aura peut-être des bénéfices secondaires.
01:35:40 Je plaisante, mais c'est un sujet très grave.
01:35:43 La luminothérapie a montré son efficacité
01:35:45 dans les dépressions non saisonnières.
01:35:47 Ca peut être un traitement très intéressant.
01:35:50 C'est des dispositifs médicaux avec plus de 10 000 luxes.
01:35:53 Maintenant, il y a des lunettes de luminothérapie
01:35:56 qui envoient directement dans les yeux et qui stimulent la glande pinéale.
01:36:00 C'est intéressant pour des dépressions résistantes.
01:36:03 -Ou des lampes très jolies à mettre sur son bureau.
01:36:05 -Parfait pour la consultation.
01:36:07 -On a d'autres questions sur les psychédéliques.
01:36:10 Est-ce qu'il y a un risque de dépendance ?
01:36:12 Même si on commence à les tester.
01:36:14 -Généralement, la délivrance, elle est encadrée.
01:36:18 Justement, comme il y a un risque de mésusage,
01:36:20 on parle plus de mésusage que de dépendance,
01:36:23 j'insiste aussi sur le fait qu'il y a une confusion
01:36:26 sur le terme de dépendance.
01:36:28 Les gens, dans certains médias, confondent les symptômes de sevrage
01:36:31 qu'on peut avoir avec l'arrêt de tous les médicaments
01:36:34 quand on les arrête n'importe comment
01:36:36 avec le fait d'être dépendant à ce médicament.
01:36:39 La dépendance, c'est d'avoir besoin d'augmenter les doses,
01:36:42 d'avoir un effet plaisant quand on les prend
01:36:45 et de penser qu'on ne va plus pouvoir s'en sortir sans ça,
01:36:48 mais de façon déraisonnée.
01:36:50 Quand on a un diabète, on a besoin d'insuline,
01:36:52 on ne se demande pas si on est dépendant.
01:36:55 Il faut être assez vigilant sur l'emploi du mot "dépendance".
01:36:58 Il y a des dépendances avec les anxiolytiques,
01:37:01 mais pas avec les antidépresseurs.
01:37:03 On fait des symptômes de sevrage aux antidépresseurs
01:37:06 parce qu'on a du mal à les arrêter.
01:37:08 Pour les psychédéliques, c'est plus l'histoire du mésusage,
01:37:11 ce qu'on appelle l'usage récréatif.
01:37:13 On va détourner le médicament de son usage.
01:37:15 C'est arrivé avec un antidépresseur, le Stablon,
01:37:18 qui est sur la liste des stupéfiants.
01:37:20 Donc, en fait, il y a...
01:37:22 Si la dose est contrôlée, l'administration aussi,
01:37:25 il n'y a pas de raison qu'il y ait plus de dépendance
01:37:28 avec ces traitements-là.
01:37:30 -Aurélie, les antidépresseurs ont-ils un impact sur la mémoire ?
01:37:33 -Les études montrent que c'est plutôt l'inverse.
01:37:36 Beaucoup de troubles de mémoire sont liés à la dépression.
01:37:39 Ce n'est pas forcément un symptôme
01:37:41 que les personnes vont associer à la dépression.
01:37:44 "Je suis triste, je suis déprimé", mais non.
01:37:46 Par exemple, avoir du mal à se concentrer, à lire,
01:37:49 à retenir des informations.
01:37:51 Ce sont des symptômes de la dépression.
01:37:53 Sur le long terme, il n'y a pas eu d'études
01:37:56 qui ont montré que les antidépresseurs
01:37:58 endommageraient les capacités cognitives et la mémoire.
01:38:01 Ce qui, en revanche, n'est pas le cas de certains médicaments,
01:38:04 notamment les benzodiazépines, dont on a parlé au début du documentaire.
01:38:08 Ne pas confondre avec les antidépresseurs.
01:38:11 -C'est quelque chose qui me vient régulièrement.
01:38:14 Les gens parlent beaucoup de perte de mémoire,
01:38:16 de concentration, de la lecture.
01:38:19 Beaucoup de gens se trouvent...
01:38:21 Moi, ça a été pareil, d'ailleurs.
01:38:23 On arrive à un moment où on ne peut plus lire.
01:38:26 -Avec une dépression sévère, on ne peut plus lire.
01:38:29 C'est souvent la dépression qui est à l'origine de ça.
01:38:32 -Le fait de ne plus avoir envie de rien
01:38:34 et de ne pas pouvoir se concentrer à lire.
01:38:37 -Il vous a l'intérêt d'avoir de la prévention
01:38:40 et de l'information sur cette maladie.
01:38:42 Finalement, ce que vous décrivez très bien,
01:38:44 c'est qu'on se dit "je ne peux même plus lire trois lignes",
01:38:48 "je ne peux plus lire des romans entiers".
01:38:50 Des patients butent sur une BD ou un livre pour enfants
01:38:53 et se disent "je suis nul, ça ne va jamais s'améliorer,
01:38:56 "je vais passer une mauvaise journée".
01:38:59 Tous ces symptômes de dépression vont être associés
01:39:02 à beaucoup de culpabilité et parfois des difficultés
01:39:05 pour trouver une solution.
01:39:06 -C'est le cercle vicieux.
01:39:08 Merci beaucoup. On arrive à la fin.
01:39:10 Je voudrais donner quelques numéros utiles.
01:39:13 Le site de FranceDépression,
01:39:15 qui nous antenne un peu partout en France,
01:39:17 et une ligne d'écoute patient, le 07 84 96 88 28.
01:39:22 Autre numéro très utile, c'est le 3114,
01:39:25 numéro national de prévention du suicide,
01:39:27 à contacter si vous êtes en détresse
01:39:30 ou si vous voulez aider une personne en grande souffrance.
01:39:33 Un numéro disponible 24h/24, 7j/7,
01:39:35 où vous serez mis en relation avec des professionnels du soin.
01:39:39 Merci beaucoup d'avoir participé.
01:39:41 Merci infiniment de nous avoir suivis.
01:39:43 On vous donne rendez-vous dès demain à 13h40
01:39:46 pour le magazine de la santé.
01:39:47 La prochaine enquête sera consacrée aux poissons,
01:39:50 assez bien fait, assez risque.
01:39:52 D'ici là, passez une bonne fin de soirée.
01:39:55 A demain. Au revoir.
01:39:56 ...