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Sylvie Patry, conservatrice générale du patrimoine, est la directrice artistique de l'exposition "Paris 1874. Inventer l'impressionnisme", jusqu'au 14 juillet au Musée d’Orsay.

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00:00 Et un grand entretien avec Marion Lourds et à l'occasion des 150 ans de la naissance de l'impressionnisme.
00:06 Visite guidée ce matin à Paris le 15 avril 1874.
00:11 Ils sont emmenés par Degas, Renoir, Trent, Peintreforme, la Société des Anonymes Artistes-Peintres.
00:18 Ils exposent près de 200 œuvres au grand public, deux semaines avant l'ouverture de ce qu'on appelle le salon,
00:25 le salon officiel des beaux-arts et des académiciens.
00:28 Paris 1874, Inventer l'impressionnisme, c'est une exposition fabuleuse que l'on peut voir en ce moment au musée d'Orsay.
00:37 Sur cette année, ce moment qui a fait date dans l'histoire de l'art.
00:41 Appelez chers auditeurs au 01 45 24 7000 pour poser toutes vos questions sur l'impressionnisme,
00:48 nous dire ce que vous aimez, ce qui vous touche dans les œuvres de ces très très grands artistes ou l'application Radio France.
00:57 Pour en parler ce matin, nous avons le bonheur de recevoir l'une des deux commissaires de cette exposition, Sylvie Patry.
01:03 Bonjour !
01:04 Bonjour !
01:05 Et bienvenue, vous êtes commissaire de l'exposition Paris 1874, Inventer l'impressionnisme avec Anne Robin.
01:13 Vous êtes conservatrice générale du patrimoine, directrice artistique également de la Galerie Kamel-Ménour à Paris.
01:19 On va partir de l'affiche d'ailleurs, ce sera le plus simple avant d'aller se promener dans l'exposition que vous avez conçue.
01:27 Cette affiche, elle représente un tableau, un détail d'un tableau, lequel, Sylvie Patry ?
01:34 Alors, on a choisi un tableau qui est devenu un petit peu mythique depuis, c'est un tableau de Claude Monet qui s'appelle "Impression, soleil levant".
01:42 Qu'est-ce qu'on y voit ?
01:43 On y voit le port du Havre, enfin on y décerne, on y devine plus exactement le port du Havre.
01:49 Une partie du port du Havre d'ailleurs, c'est un sujet qui est très moderne à l'époque puisque c'est la partie commerciale en fait, l'avant-port.
01:56 Et on voit donc un petit matin, Monet a peint ce tableau en novembre 1872.
02:04 On a pu le déterminer très précisément grâce à des recherches.
02:07 Et donc ce port, il est dans la brume et il y a un soleil, un disque orange éclatant et des reflets.
02:14 Donc c'est un paysage qui se devine et c'est pour ça d'ailleurs, dit Ramonet, qu'il l'a appelé "Impression, soleil levant" plutôt que "Vue du Havre".
02:23 Et ce qui est assez extraordinaire, c'est qu'il l'appelle "Impression, soleil levant" parce que ça pourrait être ailleurs qu'au Havre.
02:28 On ne voit pas vraiment le Havre lorsqu'on regarde ce tableau qui est rentré dans l'histoire et qui est l'un des plus connus de l'impressionnisme tableau de Monet.
02:36 Et il est important ce tableau parce qu'on lui doit peut-être le mot, l'invention du mot d'impressionnisme.
02:44 Il y a un critique d'art qui le voit.
02:47 Ce tableau ne porte pas encore de titre.
02:49 Cet homme, il s'appelle Louis Leroy et il écrit avec un véritable dédain.
02:56 Que représente cette toile ? Je le cite "impression, impression".
03:00 J'en étais sûr. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
03:04 Il a mis en scène un dialogue imaginaire.
03:08 Et à ce moment-là, l'article paraît.
03:10 Le titre de l'article s'appelle "Exposition des impressionnistes".
03:13 Et ça va lancer...
03:15 C'est une insulte ?
03:16 C'est une insulte.
03:17 C'est une moquerie.
03:18 C'est un journal satirique.
03:20 Et pendant longtemps, ce terme d'impressionniste va être dépréciatif, péjoratif.
03:26 Et ce n'est que quelques années plus tard que les artistes vont le reprendre à leur propre compte.
03:31 Mais ils vont toujours être mal à l'aise avec ce mot d'ailleurs.
03:33 Et c'est là que commence cette histoire, l'histoire de l'impressionnisme et des impressionnistes.
03:37 Et en avril 1874, ce sont 31 peintres qui se réunissent pour former une coopérative,
03:43 pour exposer ensemble.
03:44 Ça s'inspire par exemple de la coopérative des boulangeries.
03:47 C'est Pissarro qui était anarchiste qui a eu cette envie, cette demande.
03:51 En fait, ce ne sont pas des marginaux.
03:52 C'est ça que vous expliquez.
03:53 C'est vraiment une entreprise qui se lance avec ces impressionnistes.
03:58 C'est une entreprise commerciale.
03:59 En fait, il s'agit pour ces artistes de trouver un moyen d'exposer librement leur oeuvre et de la vendre.
04:06 Puisque les artistes doivent vendre du fruit de leur travail.
04:10 Donc c'est vraiment l'état d'esprit qui préside à cette exposition.
04:14 Et c'est ce qu'on veut montrer.
04:16 C'est grâce à l'exposition, en quelque sorte, que naît l'impressionnisme.
04:19 Et c'est d'ailleurs pour cela qu'ils exposent chez Nadar, dans un quartier où il y a beaucoup de gens qui vont au théâtre,
04:24 où il y a des banquiers d'affaires.
04:25 Ce n'est pas en banlieue parisienne, loin de la vie sociale.
04:29 Absolument. Ils sont au cœur de ce qu'on appelle ce nouveau Paris.
04:32 La transformation de Paris a commencé dès le second empire, dès le milieu du 19e siècle avec le baron Haussmann.
04:39 Et donc un des quartiers phares, ça va être le quartier autour de l'Opéra,
04:42 qui va ouvrir quelques mois après l'exposition impressionniste.
04:46 Donc il y a des hôtels de luxe, c'est le début des grands magasins, il y a des cafés, il y a des théâtres.
04:51 Et d'ailleurs, pour profiter de cette clientèle internationale,
04:54 les impressionnistes, pour la première fois en France, vont ouvrir leur exposition en nocturne, comme on dit aujourd'hui.
05:00 Elle sera ouverte à partir de 20h, la journée, puis à partir de 20h,
05:03 pour bénéficier de toute cette clientèle qui va dans les cafés et les théâtres.
05:07 Alors on ouvre justement la porte, on pousse la porte du musée d'Orsay,
05:11 et on voit la première salle de cette passionnante exposition inventée, l'impressionnisme.
05:20 Vous avez reconstitué jusqu'à la couleur des murs de cette salle où ils ont été exposés le 15 avril 1874.
05:29 On rentre donc dans l'exposition.
05:31 Qu'est-ce qu'on voit, Sylvie Patry ? On voit plusieurs œuvres sur les différents murs.
05:36 Elles nous entourent.
05:38 On voit des œuvres de Gade, Renoir, et un tableau de Monet.
05:43 Et pour cette première salle, en fait, avec Anne Robbins,
05:46 on a voulu s'inspirer du peu d'informations qu'on a sur cette exposition, sur son apparence.
05:52 Parce que paradoxalement, on est dans l'ancien atelier d'un des plus grands photographes du 19e siècle,
05:57 Nadar.
05:59 On est à l'époque du développement de la presse, et notamment de la presse illustrée,
06:03 et aucune image ne subsiste pour l'instant de cette exposition.
06:06 En revanche, il y a des journalistes, et certains ont donné des petites indications.
06:10 Donc on sait qu'effectivement, la couleur des murs était brun rouge,
06:13 et on sait que dans la première salle, il y avait des tableaux de Renoir et de Degas,
06:18 notamment deux tableaux qui sont actuellement au Musée d'Orsay,
06:22 qui sont des prêts tout à fait exceptionnels.
06:24 Une danseuse de Renoir, qui vient de Washington,
06:27 et une parisienne, qui vient du Musée de Cardiff.
06:31 Ce qui est assez extraordinaire, c'est que si l'on reprend les noms de ces cinq artistes,
06:36 si on reprend les noms de Degas, Renoir, Manet, Monet,
06:41 il y a tous les géants qui sont là, d'emblée,
06:45 dans cette première exposition de ce qu'on appelle l'impressionnisme.
06:50 Alors on voit ces tableaux, et puis on continue la visite, Sylvie Patry,
06:54 on rentre dans une deuxième salle, et là, changement complet d'univers, qu'est-ce qu'on voit ?
07:00 On passe ensuite dans une autre section d'exposition,
07:05 où on montre le salon, c'est-à-dire cette exposition officielle,
07:12 qui est organisée sous l'égide de l'administration des Beaux-Arts,
07:14 du gouvernement et de l'Académie, donc c'est vraiment un système très centralisé à l'époque.
07:19 Cette exposition se tient tous les ans, c'est un peu la grand-messe de l'art contemporain de l'époque.
07:24 On y voit des milliers d'œuvres, il y a des centaines de milliers de visiteurs qui s'y pressent,
07:28 et on a voulu montrer ce salon qui se tient en 1874 au printemps.
07:33 C'est l'art officiel, c'est l'art véritablement reconnu par l'institution, par les Beaux-Arts,
07:38 c'est ce qui n'accepterait pas forcément d'accrocher un tableau impressionniste,
07:42 et il y a quelque chose qui saute aux yeux, parce qu'on est en 1874, Sylvie Patry,
07:47 et les moindres contextes, qu'est-ce qu'on voit ? Essentiellement des représentations de la guerre.
07:51 On voit, il y a un nombre important de tableaux qui parlent de ce traumatisme qu'a été la guerre, la défaite,
07:58 l'humiliation de la France face à la Prusse à l'époque, en 1870,
08:02 et autant cette actualité qui reste brûlante, on est trois ou quatre ans après la défaite,
08:08 et très présente au salon, à la fois avec des œuvres qui sont très réalistes,
08:14 il y a même un tableau d'un peintre oublié aujourd'hui qui s'appelle Lançon,
08:17 mais qui est très difficile à regarder, avec des cadavres au premier plan,
08:21 et puis on a aussi l'évocation de formes de façon allégorique ou symbolique,
08:28 des sculptures notamment, qui appellent à la revanche de la France.
08:33 Donc on est dans cet après-guerre, et les impressionnistes en revanche,
08:37 ils décident de peindre le présent, mais pas l'actualité,
08:40 et on n'a pas le souvenir direct de la guerre dans leur peinture.
08:43 - Et il y a une vraie différence, un contraste entre ces salles,
08:46 celles où il y a les impressionnistes au début, et puis cet art officiel,
08:49 ce salon où, y compris dans l'exposition, les tableaux sont bord à bord,
08:53 parce que c'est comme ça qu'ils étaient montrés à l'époque,
08:55 alors que les impressionnistes leur donnent un peu plus d'air pour exister.
08:58 Et pourtant, des artistes comme Manet, par exemple, se retrouvent dans les deux salles,
09:03 parce que c'est une question de stratégie,
09:04 lui ne se pose pas contre l'art officiel, il dit "il faut rentrer dedans".
09:09 - Absolument, il y a une salle avec deux tableaux, notamment de Manet,
09:12 qui sont absolument merveilleux, à nouveau prêtés par Washington,
09:15 la National Gallery, qui est notre partenaire pour cette exposition,
09:18 qui est un projet international.
09:20 - L'exposition va aller là-bas d'ailleurs ?
09:21 - Elle va aller là-bas, elle va être présentée à partir de l'automne à la National Gallery,
09:24 et donc on a un tableau de Manet qui s'appelle "Le chemin de fer",
09:27 où vous voyez une jeune femme qui nous regarde de façon très frontale,
09:31 avec une enfant qui, elle, est de dos, et on est juste derrière la Garce à Lazare.
09:34 Et pour ceux qui ont l'occasion d'aller vers le quartier de l'Europe,
09:37 si vous vous placez, on voit la grille, on voit vaguement le chemin de fer,
09:41 donc le titre ne correspond pas tout à fait à ce qu'on voit du tableau,
09:46 et le paysage, cet endroit de Paris, est resté presque inchangé.
09:50 Et donc ce tableau, il est exposé au Salon,
09:53 parce que Manet, lui, considère qu'il faut gagner le combat chez les ennemis, en quelque sorte.
09:58 Il ne veut pas se marginaliser, ou prendre le risque de se marginaliser.
10:03 Donc c'est tout ça qu'on a voulu aussi raconter à travers cette exposition.
10:06 C'est évidemment une histoire de peinture, de révolution en peinture,
10:10 mais c'est aussi, pour un artiste, comment je me positionne dans une société en pleine évolution.
10:15 - On va justement aller au standard, parce qu'il y a des questions évidemment,
10:18 mais il faut d'abord que vous nous parliez d'une femme,
10:23 parce que c'est vrai qu'on a parlé d'hommes jusqu'à présent,
10:25 et quand on pense impressionniste, et quand on pense d'ailleurs peintre du 19e,
10:30 en général on pense à des noms d'hommes.
10:32 Et puis il y a une femme, parmi tous ces hommes,
10:35 elle s'appelle Berthe Morisot, on voit l'un de ses tableaux, le Berceau.
10:39 Qu'est-ce qu'il raconte ce tableau-là, et qu'est-ce qu'elle vient y faire dans cette exposition ?
10:44 - Alors ce tableau, le Berceau, c'est un tableau qui représente une jeune femme habillée en noir,
10:51 c'est l'une des sœurs de Berthe Morisot, qui s'appelle Edma,
10:53 et qui veille avec beaucoup de sollicitude, beaucoup de tendresse,
10:58 mais aussi beaucoup de mélancolie, sur le sommeil de sa petite-fille.
11:01 Donc on voit au premier plan un voilage qui fait comme une diagonale,
11:05 qui enveloppe cette petite-fille.
11:08 Donc c'est un tableau de petit format, très serein dans son apparence,
11:12 c'est un intérieur bourgeois, et c'est aussi ce qu'on appelle à l'époque une scène de la vie moderne.
11:17 Donc ce tableau, il est présenté par Berthe Morisot aux impressionnistes en 1874,
11:24 et c'est un geste pour cette jeune femme, très courageux.
11:28 Elle a commencé la peinture... - Alors pourquoi justement, pourquoi est-ce que c'est courageux,
11:30 et rare d'ailleurs, ce que fait cette jeune femme, a priori, pour nous,
11:35 c'est une scène assez ordinaire, en tout cas celle d'une femme qui veille un bébé dans un berceau ?
11:40 - Alors c'est une scène ordinaire, mais ce qui est courageux, c'est la façon de peindre,
11:45 qui est très esquissée, enfin qui est esquissée, et Berthe Morisot va de plus en plus pousser
11:51 ce côté très esquissé, très vivant, très gestuel de la peinture.
11:56 Et ce qui est courageux, c'est tout simplement d'être aux impressionnistes.
11:58 - Et d'autant qu'elle renvoie, et qu'elle est accrochée, cette peinture,
12:03 juste à côté d'un tableau de Cézanne, qui représente une moderne Olympia.
12:08 Une moderne Olympia, définition ?
12:10 - Une moderne Olympia, c'est un hommage à Manet, et c'est surtout une scène de maison close.
12:14 Donc vous imaginez le scandale, le choc pour cette jeune femme,
12:17 en plus qui est une jeune femme de bonne famille.
12:19 - Et on peut imaginer donc que rien n'est fait par hasard.
12:22 Bonjour Didier ! - Bonjour !
12:24 - Et bienvenue sur France Inter ! Vous aviez une question pour notre invité.
12:29 - C'est pas une question, c'est simplement de témoigner que je suis pratiquement réculte à la peinture,
12:35 mais chaque fois que je vois des impressionnistes, il y a une émotion qui se fait, voilà, c'est tout.
12:40 - C'est un témoignage, mais c'est aussi une question,
12:42 parce que c'est une question qu'on peut tous se poser.
12:44 Qu'est-ce qui nous touche, après tout, dans l'impressionnisme, Sylvie Patry ?
12:48 Et partout dans le monde, on voit ce mouvement commencer,
12:53 comme des peintures marginales, en dehors du système, refusées par l'académisme.
12:59 Aujourd'hui, l'impressionnisme, c'est l'un des courants picturaux les plus familiers
13:05 et les plus admirés, ceux qui plaisent le plus partout dans le monde.
13:10 - C'est vrai que c'est frappant et c'est même émouvant, quand on travaille sur ces sujets,
13:14 de voir à quel point ces œuvres ont un écho en France, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon.
13:20 Et même, on a fait une grande exposition au Louvre à Abu Dhabi, donc dans toutes les régions du monde.
13:26 Alors peut-être, chacun... - Pourquoi ce mystère ?
13:29 - Chacun, il projette peut-être ce qu'il veut, mais je dirais que déjà, il y a une liberté.
13:33 Une liberté dans cette peinture. C'est aussi une peinture qui n'est pas intimidante,
13:38 parce que les impressionnistes ont délibérément choisi des sujets de la vie quotidienne.
13:42 Ils ont aussi beaucoup peint la nature, les paysages, des scènes de la vie ordinaire,
13:47 l'eau, les reflets, les gens... - Les jardins, même !
13:50 - Voilà, et des humains ordinaires, si je puis dire.
13:54 Donc, il y a vraiment une proximité comme ça de sujets.
13:57 Et puis, il y a cette lumière, il y a ces effets de couleurs très clairs, très éclatants,
14:04 qui font que c'est une peinture probablement qui est plus facile d'accès,
14:09 et qui nous touche un peu plus directement.
14:10 - Une modernité des thèmes, une modernité du style, et pourtant,
14:14 on parlait d'une entreprise tout à l'heure, en fait, les impressionnistes, c'est une entreprise ratée,
14:18 c'est une entreprise qui a échoué, qui a fait faillite presque.
14:20 - Alors, cette première exposition, oui. Du point de vue commercial, si je puis dire,
14:24 elle manque complètement sa cible, puisqu'il y avait plus de 200 œuvres...
14:28 - Pas complètement, 200 œuvres, mais lesquelles ont été vendues ?
14:31 - Alors, il y en a eu 4, dont "Impression Soleil Levant".
14:34 - "Grand Impression Soleil Levant" de Monet, donc c'était pas complètement raté.
14:38 En l'occurrence, on est au Standard avec Annie, dans un instant, vous êtes avec nous.
14:46 Elle va nous rejoindre dans un instant, Sylvie Patry.
14:50 C'est vrai que c'est une organisation au départ commercial, et puis ça va se poursuivre.
14:55 Là, on parle de 1874, mais il y aura d'autres salons.
15:00 - Il y aura 8 expositions en tout, y compris celle de 1874.
15:04 Et nous, on a voulu, en fait, cette année, c'est le 150e de cette première exposition.
15:07 C'est pour ça qu'on s'est concentré sur cette naissance,
15:11 qui marque vraiment l'apparition de l'impressionnisme.
15:13 Mais les impressionnistes vont continuer à exposer ensemble.
15:16 Alors, le casting va changer, parce qu'ils ne s'entendent pas toujours très bien entre eux.
15:20 Donc, de temps en temps, il y a Monet, mais pas Degas, de temps en temps, il y a Renoir, etc.
15:23 - Et en plus, il n'y a pas de cahier des charges vraiment clair.
15:25 C'est-à-dire qu'il n'y a pas les règles de l'impressionnisme.
15:28 Il n'y a pas de cahier des charges, il y a des singularités.
15:31 Chaque artiste a vraiment son individualité.
15:34 Et donc, on rend toujours du mal avec cette idée de groupe.
15:37 Mais pour autant, c'est vrai que ce qui va passer à la postérité,
15:40 c'est cette idée d'une révolution esthétique et cet impressionnisme
15:45 qui va moderniser la peinture et l'art de l'époque.
15:49 - Il y a Monet, Renoir, Pissarro, Sisley.
15:52 Et plus on avance, plus il y a quelque chose d'assez troublant,
15:55 puisqu'en quelques très courtes années, on voit que ça avance vers l'abstraction.
16:01 Bonjour Annie !
16:02 - Bonjour !
16:03 - Et bienvenue sur France Inter !
16:06 - Merci à vous !
16:07 Écoutez, la première question que je voulais poser,
16:12 on constate tous les phénomènes de mode, dans quelque milieu que ce soit.
16:19 Maintenant, en termes de peinture,
16:22 moi je peins par plaisir, je n'expose pas tout ça,
16:29 mes murs sont remplis de tout ce que je sais faire.
16:35 Mais pourquoi, comme la mode,
16:39 on devrait, nous les artistes, ceux qui aiment créer,
16:44 que ce soit la peinture ou autre chose,
16:47 pourquoi devrait-on se soumettre à ces phénomènes de mode ?
16:53 Nous avons eu des peintres magnifiques,
16:58 qui ont été oubliés,
17:00 et qui n'ont eu de gloire post-mortem.
17:07 - Alors justement, vous parlez à la très bonne personne pour vous répondre, Sylvie Patry.
17:12 Merci Annie pour votre question.
17:14 - Effectivement, vous avez raison, il y a toujours des phénomènes de mode,
17:16 et ce qui est assez fascinant, c'est de voir les changements du goût.
17:20 Cette exposition, c'est vraiment ce qu'elle veut montrer.
17:22 Vous avez effectivement, en 1874, des artistes du côté des impressionnistes,
17:27 qui ne sont pas très connus.
17:29 Et on montre ceux qui étaient les gloires de l'époque.
17:31 - Le salon officiel, les stars de l'époque.
17:34 - Qu'on a un petit peu oublié.
17:36 Et je dirais que cette exposition, elle se tient au musée d'Orsay,
17:39 ce qui n'est pas neutre, parce que le musée d'Orsay,
17:42 il est le fruit de cette réflexion sur les modes, les changements.
17:47 - On monte à l'étage, on trouve Van Gogh.
17:49 - On trouve Van Gogh à l'étage, mais on trouve aussi cette peinture dite académique.
17:55 Et toutes ces œuvres sont présentées ensemble.
17:57 Et d'ailleurs, cette peinture dite académique, qui a été très démodée dans les années 1970,
18:02 est maintenant très regardée, y compris par les jeunes générations.
18:05 Donc c'est ça qui est fascinant en fait.
18:07 C'est ces phénomènes de goût, de mode et de changement de regard.
18:09 - C'est lui, Patrick, il faut parler d'un dispositif inédit aussi qui accompagne l'exposition.
18:13 C'est une exposition immersive, enfin un voyage immersif avec les impressionnistes.
18:18 C'est une expérience assez inédite.
18:19 On peut suivre une modèle rose qui nous accompagne,
18:22 discuter avec les impressionnistes dans leur salon presque.
18:26 - Alors ça, c'est tout à fait nouveau.
18:27 C'est la première fois que dans un musée des beaux-arts, comme on dit,
18:30 on propose une expédition immersive qui a été réalisée par Gédéon et Emissive,
18:36 deux sociétés qui sont très, très pionniers en France.
18:39 - On met son casque et on y est.
18:40 - On met un casque et on discute avec Berthe Morisot, avec Cézanne, avec Monet.
18:45 On rentre dans les ateliers, on parcourt l'exposition et on s'échappe aussi.
18:49 On va même jusqu'au Havre pour être à côté de Monet quand il peint "Impression, soleil levant".
18:54 - Et on manque de se faire renverser par un cheval sur le boulevard des Capucines.
18:57 C'est quand même assez impressionnant.
18:58 - C'est très impressionnant.
18:59 Parfois, il faut pas avoir le vertige.
19:01 - Paris 1874, inventé l'impressionnisme.
19:05 C'est donc au musée d'Orsay et jusqu'au 14 juillet 2024.
19:10 Paris 1874, c'est une exposition extraordinaire.
19:14 Il y a de nombreux auditeurs qui nous écrivent pour dire à quel point ils trouvent les œuvres des impressionnistes magnifiques.
19:21 C'est étonnant comme une peinture aussi singulière peut avoir une dimension universelle.
19:27 Une dernière petite question, c'est une curiosité.
19:29 Bonjour France Inter.
19:30 Est-ce que Paul Gauguin fait partie des impressionnistes ?
19:33 - Il a exposé avec eux pour la dernière exposition, notamment en 1886.
19:38 Mais on dit plutôt qu'il est post-impressionniste dans notre jargon.
19:41 C'est-à-dire qu'il dépasse un peu l'impressionnisme.
19:44 - Bravo en tout cas pour le travail que vous avez fait.
19:46 Et j'invite chaleureusement tout le monde à aller voir cette exposition.
19:50 Merci Sylvie Patry d'avoir été l'invité d'Inter.

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