Non Classée - Dany Leprince (2022) - Saison 2 - Épisode 1

  • il y a 5 mois
L'épisode s'ouvre sur le meurtre d'une jeune femme, Clara, dans un appartement parisien. La police découvre que la victime était une escort-girl et que son meurtre est lié à un réseau de prostitution impliquant des personnalités haut placées.

Dany Leprince, la juge d'instruction en charge de l'affaire, est déterminée à démanteler ce réseau et à faire tomber les coupables, quels qu'ils soient. Mais l'enquête est complexe et semée d'embûches. Dany et son équipe doivent faire face à de nombreuses pressions et à des obstacles de toutes parts.

Distribution

Dany Leprince : Muriel Robin
Florence Romano : Olivia Côte
Marc Bayard : Thierry Godard
Joséphine Karlsson : Loup-Denis Elion
Antoine Garceau : Aurélien Wiik

Réalisateur

Didier Le Pêcheur
Transcript
00:00 [Musique]
00:10 Je vais vous raconter l'histoire d'un crime.
00:13 C'est un drame qui m'a touché directement.
00:16 [Musique]
00:19 Pendant des années, on m'a interdit d'en parler et rien ne m'a été épargné pour que je me taise.
00:25 [Musique]
00:27 Cette histoire a eu lieu il y a 30 ans.
00:29 Mystère autour de l'assassinat de 4 personnes d'une même famille dans le petit village de Torigny-sur-Dieu et dans la Sarthe.
00:35 [Musique]
00:37 Un drame qui semble s'être produit dimanche soir alors que la famille Le Prince ne dormait pas encore.
00:42 Mais je n'ai rien oublié.
00:44 On a retrouvé du sang à l'extérieur du pavillon ainsi que sur la boîte aux lettres.
00:48 [Musique]
00:50 Elle continue de me hanter.
00:52 [Musique]
00:53 Les deux médecins légistes évoquent un magma sanglant, un véritable massacre.
00:56 La sauvagerie qui témoigne d'une fureur de tués inouïe, 4 corps littéralement déchiquetés, tranchés à coups de hachoirs.
01:03 [Musique]
01:05 Alors, puisque je suis encore en vie, j'ai décidé d'écrire et aussi de dire ce que je sais.
01:12 Je m'appelle Dany Le Prince.
01:14 [Musique]
01:15 Ça ne vous dit peut-être rien, mais vous savez sans doute comment la presse m'a appelé.
01:20 [Musique]
01:22 Le boucher de la Sarthe.
01:23 [Musique]
01:38 La Sarthe.
01:39 [Musique]
01:40 Dans ma famille, on y vit et on y meurt depuis des générations.
01:43 [Musique]
01:50 Ici, c'est Torigny-sur-Douai, une petite commune de 1600 habitants, où jusqu'au drame que je vais vous raconter, il ne se passait jamais rien.
01:58 [Musique]
02:01 Tout commence avec cette sirène qui retentit dans le village.
02:04 Elle annonce une catastrophe, un drame, le monde qui s'écroule.
02:09 Nous sommes le 5 septembre 1994.
02:12 [Musique]
02:20 Moi, je ne sais pas encore qu'une horreur est arrivée.
02:23 [Musique]
02:24 Depuis le milieu de la nuit, je travaille ici, dans ce grand bâtiment, la Socopa.
02:29 C'est un abattoir où l'on travaille la viande.
02:32 [Musique]
02:34 Je suis employé à l'atelier secret.
02:37 [Musique]
02:39 Il est 9h30, je reçois un coup de téléphone de ma femme.
02:43 Elle m'annonce qu'un malheur vient d'arriver.
02:45 [Musique]
02:47 Alors, moi, je lui pose la question de savoir qu'est-ce qui se passe, si ce n'est pas les fils, si ce n'est pas mes parents.
02:54 Enfin, j'énumère toute la famille.
02:56 Et puis là, elle me dit, non, non, c'est ton frère, il est mort et il faut que tu rentres.
03:04 Elle me sort ça comme ça, boum.
03:06 Et là, je prends ma voiture, je roule vers Taurigny.
03:15 Christian est mort.
03:17 Je ne comprends pas.
03:19 Et ça me trotte dans la tête, je vois défiler plein de choses, c'est-à-dire, c'est irréel, quoi, ce qu'on vient de m'annoncer.
03:30 Déjà, je me demande ce qui se passe.
03:32 [Musique]
03:34 Et puis là, j'arrive dans Taurigny, je traverse le bourg de Taurigny.
03:39 Puis là, je découvre qu'il y a plein de bruitures de gendarmes.
03:44 Il y en a tellement que je n'arrive même pas à voir ce qu'il y en est réellement, quoi.
03:49 Peut-être qu'il y avait des ongles blancs, je ne sais rien.
03:51 [Musique]
03:54 J'arrive dans l'autre chemin, il y a un pompier qui est là, qui m'interdit de descendre.
03:59 Je lui demande qu'est-ce qui se passe.
04:00 Et il me dit, c'est très grave.
04:02 Je dis, c'est mon frère qui est décédé.
04:04 Il me dit, non, non, ton frère est mort, mais tout le monde est mort.
04:07 Tout le monde.
04:09 Voilà.
04:11 [Musique]
04:19 On a découvert dans une maison, les corps de deux enfants et de leurs parents tués à coups de hachettes, semble-t-il.
04:25 [Musique]
04:31 Christian Leprince, sa femme et ses deux filles âgées de 7 et 10 ans ont été sauvagement assassinées dimanche soir.
04:37 Seule Solène, la plus jeune des enfants âgées de 2 ans, a été épargnée.
04:42 Elle a été retrouvée cachée derrière une porte.
04:45 Je suis, comment dirais-je, effondré, quoi, par ce que le pompier me dit.
04:50 Et donc à ce moment-là, il y a mon petit frère qui n'est pas très loin, qui traverse le champ en courant,
04:55 et qui vient à ma rencontre et qui se jette dans mes bras, et je l'ai serré dans mes bras, et puis on a pleuré, quoi.
05:01 [Musique]
05:03 Christian, Brigitte et puis les petites, ils sont morts, quoi.
05:08 Voilà, ils sont morts, ils sont tous morts, quoi.
05:10 [Musique]
05:11 Le massacre de tout le monde, c'était affreux.
05:14 Affreux, affreux, affreux.
05:16 [Musique]
05:19 C'est pas des souvenirs que...
05:25 [Musique]
05:27 Il y a des choses comme ça qui, pour...
05:30 [Musique]
05:32 On n'a pas besoin de raconter, quoi.
05:35 C'est plus...
05:37 [Musique]
05:43 Parce qu'ils sont plus là.
05:45 [Musique]
05:49 Puis tout de suite, cette horrible tuerie qui a eu pour cadre ce matin, une maison située à Taurigny-sur-Duez, dans la Sarthe.
05:55 Quatre membres d'une même famille ont été retrouvés tués à coups de hachettes à leur domicile.
06:01 Taurigny-sur-Duez, personne vraiment ne sait où ça se trouve, ça se trouve à côté du Mans.
06:06 Il y a un massacre qui a été effectué, et personne, absolument personne, ne sait ce qui s'est passé.
06:12 Moi, je prends ma petite voiture rouge, siglée RTL, et je vais en direction du Mans, dans cette région où on n'est pas très, très bavard.
06:20 Un couple d'une trentaine d'années et deux de ses jeunes enfants ont été assassinés à coups de hachettes dans le département de la Sarthe.
06:27 L'annonce de ce massacre devient rapidement un drame qui fait la une de la presse, des télés et des radios.
06:33 Quand la presse arrive, la maison de la victime, de Christian Leprince et de Brigitte Leprince, est un peu en contrebas.
06:41 Nous, on est en haut, sur un petit chemin, on est bloqué. Il y a des confrères qui travaillent de loin au téléobjectif,
06:48 donc qui prennent la maison où s'est déroulé le drame, mais on n'a pas accès, on est repoussés par les gendarmes, gardés à distance par les gendarmes.
06:58 Gendarmes et enquêteurs cherchent les indices qui pourraient éclaircir le quadruple meurtre qui s'est déroulé ici.
07:04 Ce sont les corps de Christian et Brigitte Leprince et de leurs deux filles aînées âgées de 7 et 10 ans qui ont été découverts.
07:10 Le meurtre particulièrement sanglant, c'est à coup de hachette que les quatre victimes ont été tuées.
07:14 Cette scène de crime est très particulière, j'en parle avec une certaine émotion même aujourd'hui, c'est un véritable bain de sang.
07:23 Le crime est tellement abominable que circule à l'époque une anecdote. On dit que certains gendarmes qui sont arrivés sur la scène de crime ont pleuré.
07:36 L'acte criminel est par nature violent, mais les policiers ont rarement eu affaire à un quadruple meurtre d'une telle sauvagerie.
07:44 D'une telle sauvagerie, d'un tel sordide, je vous livre une seule réflexion, c'est le médecin légiste, juste après qu'on ait découvert les corps, vers 9h du matin,
07:52 il a dit qu'il n'avait jamais vu ça, le ou les tueurs encore une fois sont particulièrement acharnés sur le père de famille, sur Christian Leprince.
07:59 Il y avait du sang partout, partout, partout.
08:03 Les gendarmes, quand ils sont arrivés là-dedans, ils ont piétiné avec les voisins, etc. Tout le monde a marché dans le sang, la scène de crime était une catastrophe.
08:12 On s'est demandé longtemps pourquoi le meurtrier supposé avait monté quelques marches, il avait laissé des marques sanglantes sur le côté.
08:19 Et en fait, on s'est aperçu très longtemps après que c'était un gendarme qui avait mis ses gros croquenots dans le sang et qui avait monté des marches.
08:25 Donc tout ça a été très très mal parti.
08:27 Je vais chez mes parents, ils habitent pas loin.
08:32 J'arrive chez mes parents et tout le monde est en larmes et on se demande ce qui s'est passé.
08:41 Tout le monde est effondré, moi je me rappelle.
08:45 J'ai pris ma mère dans les bras.
08:59 Je peux pas me prendre compte de ce que ça a été.
09:04 C'était terrible.
09:11 Au village, les habitants ne comprennent pas ce qui a pu se passer. La famille Le Prince vivait ici depuis 20 ans.
09:26 Ce sont des gens sans histoire, très sympathiques, travailleurs. Il y a que du bien dans cette famille là.
09:33 Aucun problème, la famille n'a pas de problème du tout.
09:37 Des gens sans histoire, toujours prêt à rendre service. Je comprends pas.
09:44 Ils avaient un niveau familial, un niveau travail, tout se passait bien.
09:48 Christian avait du travail, sa femme avait du travail. Pas de problèmes familiaux.
09:53 Tout le monde s'entendait bien. Je comprends pas ce qui s'est passé.
09:58 Christian Le Prince dirigeait cet atelier de carrosserie à Taurigny et sur Duhaies, un village de la Sarthe.
10:04 Lundi 7 en 20, on l'a attendu à l'atelier de carrosserie dont il était propriétaire à 500 mètres de son domicile.
10:11 Derrière la maison de Christian et Brigitte, où a eu lieu le massacre, celle de Daniel, le frère de Christian.
10:16 Le soir du meurtre, il était là. Il n'a pourtant rien entendu.
10:20 Les chiens n'ont pas aboyé. Pourquoi ? C'est encore une des grandes questions auxquelles les enquêteurs vont devoir répondre.
10:26 Ce que les reporters découvrent sur le terrain en arrivant à Taurigny et sur Duhaies, c'est la proximité très étroite entre deux maisons quasiment identiques.
10:37 Presque des maisons jumelles qui sont à 10 mètres l'une de l'autre, qui sont occupées à la fois par les victimes, c'est là qu'on retrouve les corps,
10:46 et par un autre membre de la famille qui vit à côté, qui est Dany le prince, qui avec sa femme et ses trois enfants vit à quelques mètres de la maison des victimes.
10:59 Quand j'arrive à la maison, il faut savoir que les enquêteurs m'attendent. Il y a deux enquêteurs qui m'attendent.
11:05 J'arrive à me poser des questions à mon emploi du temps, à tout le cirque. C'est quand même bizarre parce que l'enquêteur me dit « Personne n'a rien entendu ».
11:16 Il me fait référence à l'audition de ma femme qui s'est déroulée avant moi. Je dis « Moi non plus, je n'ai rien entendu ».
11:27 Je suis rentré vers 21h20, j'ai mangé vite fait, j'ai pris ma douche et j'ai été me coucher.
11:32 Et puis je zappais sur la télé en regardant le film de Charles Branson qui s'appelle « Le flingueur ».
11:40 Je me suis levé à 2h30. D'habitude, je n'ai rien entendu. Rien.
11:48 Dans les heures qui suivent, on commence tous à faire notre enquête. Un de mes confrères, qui était en liaison avec les gendarmes, nous donne des éléments.
11:59 Il y a un truc qui chiffonne les enquêteurs. C'est que Martine Leprince, la femme de Daniel Leprince, le frère du disparu, fait des lessives.
12:16 Beaucoup de lessives. Elle est en son linge, et il y a des photos qui paraissent.
12:23 Et évidemment, on se demande « Tiens, est-ce que ce n'est pas elle qui lave les draps parce qu'il y a du sang ? »
12:32 C'est une interrogation tout à fait légitime.
12:36 Je ne me rends même pas compte de ce qui se passe chez moi.
12:39 Personnellement, je suis comme un automate. Je fais des choses parce qu'il faut les faire, mais on n'a pas la tête.
12:48 Personnellement, je n'ai pas la tête à le faire, mais il faut le faire. On fait des trucs comme si tout était normal.
12:55 Ce qu'on voit chez nous, c'est les journalistes qui nous tannent sans arrêt. Ils ne nous ratent pas.
13:00 Ils sont là comme des mouches sur de la confiture. Ils ne nous lâchent pas.
13:07 Seule la plus jeune des filles, âgée de 2 ans, a été épargnée. Elle a été retrouvée cachée derrière une porte.
13:14 Aux alentours de la maison, personne n'a rien remarqué.
13:18 Au niveau des pistes ou des directions dans lesquelles on vient de rechercher, nous nous posons énormément de questions.
13:26 Nous n'avons pas d'éléments de fil directeur pour l'instant. Ceci étant, bois d'espoir.
13:32 Toute la soirée, des gendarmes spécialisés ont effectué des prélèvements, des analyses, pour tenter de retrouver à l'intérieur et à l'extérieur de la maison le moindre indice.
13:42 Évidemment, on voit les gendarmes qui circulent, qui cherchent et l'hélicoptère qui tourne.
13:47 On ne voit pas grand-chose de chez nous parce que la maison de Christian nous tourne le dos.
13:52 Ça se passe devant. À part pleurer, qu'est-ce qu'on fait ? À part se poser des questions, on n'a pas de réponse à nos questions.
14:04 Moi, personnellement, je n'en ai aucune. La question qui me taraude, c'est de savoir quand est-ce que ça s'est passé.
14:17 L'enquête se poursuit pour retrouver le ou les meurtriers de Taurigny-sur-Duet dans la Sarthe, où bien des habitants vivent maintenant dans l'angoisse.
14:25 Ce matin, comme tous les matins, quelques ménagères font leur course. Deux jours après le massacre de la famille Leprince, Taurigny-sur-Duet semble mener une vie normale.
14:34 Mais à la douleur des villageois s'ajoutent maintenant la colère et la peur.
14:38 Ils ont tous peur. Tout le monde a peur. Ils ne savent pas quoi faire. Même certaines personnes ont mis des armes à côté de leur chambre. Ils ont vraiment peur.
14:52 J'ai deux enfants et j'ai peur. Je travaille, mon mari travaille et moi aussi j'ai peur.
14:57 Nous, on ne voulait pas rester du tout à la ferme. On avait plus ou moins peur. On va dire aux présailles qu'on nous en fasse autant.
15:04 On avait quand même la hontise que ça pouvait se produire aussi pour nous.
15:09 On vit un truc complètement irréel, atroce et il y a tout en même temps. Et on s'est barricadé par peur qu'il nous arrive la même chose.
15:20 On a eu très, très peur. Moi, quand j'entends les gens qui se sont barricadés, moi je dis que moi aussi je me suis barricadé. Moi aussi j'ai eu très peur.
15:30 Plus de 200 gendarmes sont mobilisés dans la Sarthe pour essayer de retrouver l'auteur du meurtre particulièrement horrible de Taurigny sur Duhaie.
15:44 Autour de la maison des Le Prince, plusieurs dizaines de gendarmes ont ratissé depuis ce matin, à la recherche du moindre indice et surtout de l'instrument du crime,
15:51 une arme blanche comme une petite hache avec laquelle aurait été sauvagement massacrée selon l'expression du procureur, le père, la mère et les deux petites filles.
15:59 Centimètres par centimètres, une cinquantaine de gendarmes ont fouillé la maison et les champs alentours à la recherche de l'arme du crime.
16:05 Une hache vraisemblablement et de toute façon un objet lourd et tranchant.
16:09 L'autopsie révèle une multiplicité de blessures sur tous les corps, provoquées par des couteaux notamment et ce qui est systématique pour les quatre victimes,
16:22 au niveau cervical, un coup tranchant avec une force inouïe et ils vont en arriver à cette conclusion qu'une feuille de boucher, c'est-à-dire un hachoir imposant,
16:41 pour couper des entrecôtes par exemple ou des côtes de bœuf, c'est un objet de ce genre à l'évidence qui a été utilisé pour achever les quatre victimes.
16:52 Ça s'est passé pendant l'autopsie, il y a un légiste qui dit "ouah, quelle boucherie" parce que les corps étaient quand même très très abîmés
16:59 et il y a un gendarme qui assistait qui me dit "ah oui mais moi mon beau frère il est bouché, ça c'est avec une feuille de boucher qu'on fait ça"
17:04 et du coup les légistes écrivent "les plaies sont celles d'une feuille de boucher" et personne n'a discuté ce point-là, c'est devenu une vérité établie sans expertise, sans quoi que ce soit.
17:15 Les gendarmes de l'Institut de recherche criminelle de Paris sont sur place, les autopsies ont commencé, la famille a été entendue mais la maison du drame garde son mystère.
17:24 Je pense que l'affaire devient un feuilleton dès l'instant qu'un mystère l'entoure et le mystère principal c'est qui a pu commettre un tel massacre.
17:34 Et les questions toujours sans réponse sont qui a commis ce quadruple crime et pourquoi avoir sauvagement massacré Christian Leprince, 34 ans, et sa femme Brigitte, 36 ans, ainsi que deux de leurs trois fillettes, Sandra, 10 ans et Audrey, 6 ans.
17:49 Alors pour schématiser, après ce massacre épouvantable, il y a plusieurs hypothèses qui circulent, notamment celle que la paix ou les gens du milieu auraient eu des problèmes financiers avec Christian Leprince,
18:04 qui est un garagiste, il a peut-être fait des mauvaises affaires, il avait pas mal d'argent, peut-être qu'il a eu des carambouilles, le milieu se serait vengé en tuant toute sa famille.
18:17 Bon, ça tient sur rien ou pas grand-chose, la piste est écartée.
18:21 Il y a eu quelques pistes qui ont été explorées parce que toujours un voisin qui dit "j'ai vu passer des rôdeurs" et tout ça, les gendarmes retrouvent les rôdeurs, ça n'a rien à voir, c'était des jeunes qui faisaient la foire en passant.
18:31 Il n'y a pas grand-chose là-dessus.
18:33 Compte tenu de la proximité des deux maisons, je pense que c'est normal qu'on pense à un proche.
18:38 Alors, dans ce genre d'affaires, c'est presque un classique, c'est terrible à dire, mais dans 80% des homicides, 80, 90, ce sont des gens qui connaissent la victime.
18:50 Et progressivement, les gendarmes resserrent leur investigation, leur champ d'enquête à l'intérieur de la famille Leprince.
19:00 Le meurtrier, les enquêteurs sont peut-être sur sa piste.
19:04 Après les premières constatations sur le terrain, l'enquête se poursuit.
19:08 Les enquêteurs s'intéressent maintenant à l'univers familial et professionnel des victimes.
19:12 Une vingtaine de personnes ont déjà été interrogées.
19:15 En ce qui concerne les auditions, elles sont nombreuses, il convient d'y procéder avec détermination mais avec méthode, sans emballement excessif.
19:24 Il faut chercher à déterminer, identifier l'auteur ou les auteurs, mais il ne faut pas non plus se précipiter sur le moindre élément léger pour réussir à commettre une erreur judiciaire, c'est bien évident.
19:36 Audition après audition, les gendarmes tentent de comprendre ce qui s'est passé le soir du drame, mais pour l'instant, rien ne permet aux enquêteurs de savoir si ce massacre a été commis par un rôdeur ou par un familier des victimes.
19:48 On peut imaginer la famille Le Prince, la famille de Dany Le Prince, devant la télévision suivant, qui sont repliés chez eux, parce qu'il y a des journalistes, des gendarmes, c'est une sorte de forche à brôle chez eux, et ils regardent la télé.
20:04 Ah mais moi j'entends pas les infos, j'écoute pas les infos, la télé elle est forte mais j'entends rien parce que je pense, je pense à mon frère, je pense à ma belle-sœur, à mes nièces.
20:13 Moi j'ai pas la tête à écouter les infos, par contre ma femme et mes filles et Célia surtout écoutent les infos, mais la télé elle est intu-tête.
20:24 Et la thèse ou l'hypothèse de la feuille de boucher est diffusée sur une chaîne régionale, France 3 Région, on parle d'une feuille de boucher qui aurait pu servir à la commission des crimes.
20:40 Aujourd'hui plus question de hache comme instrument du crime semble-t-il, mais une feuille, un outil de boucher.
20:46 Si cette donnée lancée par des quotidiens nationaux se vérifiait, le terrain d'investigation se réduirait sans doute considérablement.
20:53 Et là, c'est panique à bord chez Le Prince et notamment chez Martine, Le Prince, qui dit "Où est ma feuille, je ne sais pas où est ma feuille", parce qu'il y en a une dans la famille, il y en a une dans la famille.
21:07 Et ma femme est venue, elle a couru dans la cuisine, elle m'a dit "il faut que je retrouve ma feuille de boucher, je ne sais pas ce que j'en ai fait".
21:15 Alors moi je la vois faire et je lui dis "c'est quoi ce truc ? Si tous les gens qui ont une feuille de boucher se mettent à courir en ce moment, ça va quand même être terrible".
21:25 Alors elle a appelé les gendarmes, tu démerdes, tu appelles les gendarmes à Connery, ils avaient leur QG là-bas.
21:32 Elle est un peu en panique et elle appelle la gendarmerie pour faire part de sa crainte de ne pas savoir où est sa feuille de boucher.
21:43 Et là, il y a deux enquêteurs qui arrivent, pas longtemps après.
21:48 Et c'est là que Martine va leur dire "ah mais il me semble bien que je l'ai prêtée à ma belle-mère et ce serait bien peut-être de vérifier si elle l'a toujours".
22:02 Les enquêteurs qui étaient présents, il y en avait deux, ils récupèrent la feuille et c'est à ce moment-là que tout s'est précipité.
22:11 D'un seul coup, il y a je ne sais combien de voitures qui arrivent et là on est tous embarqués comme des animaux.
22:18 Peu avant 21h, les gendarmes ont interpellé et placé en garde à vue 5 membres de la famille de Christian Leprince.
22:26 Les 5 personnes sont emmenées séparément dans diverses brigades de gendarmerie du département de la Sarthe pour y être entendues durant toute la nuit.
22:34 Ainsi, les parents, Danny et son épouse Martine, Alain, le frère cadet, devront en dire plus sur ce qu'ils savent de la soirée tragique de ce dimanche 4 septembre.
22:44 Je ne sais pas où on va moi. Je ne sais pas ce qui nous attend, je ne sais pas ce qu'ils vont faire de nous. Je ne connais rien du monde judiciaire moi. Je ne me prépare à rien.
22:55 Même moi, je me disais que ce n'est pas possible. On parle avant d'assassin et nous on est placés directement en garde à vue. Il y a un truc qui ne va pas là.
23:05 L'enquête sur le meurtre de Taurigny et sur Duet dans la Sarthe se ressert donc autour des proches de la famille Leprince. Tous les membres de la famille ont été placés en garde à vue.
23:14 Ils nous mettent dans une salle et là ils nous disent "Est-ce que vous voulez voir un avocat ?" Moi je dis "Moi je n'ai pas besoin d'avocat, moi je n'ai rien à me reprocher".
23:23 Alors là je pose une question "Est-ce que tu veux un avocat ?" Je le regarde bien dans les yeux, je dis "Un avocat pour faire quoi ? Je n'ai rien fait".
23:33 Et puis voilà ça commence et là il y en a un qui me dit "Il s'est passé quelque chose et tu m'as nous expliqué". Et là je lui ai expliqué quoi ?
23:44 Les heures défilent et puis voilà, poser des questions tout ça. "Tu n'aurais pas fait quelque chose toi avec ton frère ? Vous n'étiez pas jaloux de la carrosserie de Christian ?
23:55 Jaloux de quoi ? Au contraire on était contents de sa réussite. De toute façon tu mentes, tu es un menteur. Je dis "Non, je ne m'en voudrais jamais à un truc comme ça".
24:06 Les enquêteurs sont convaincus d'être sur la bonne piste, même si le père, la mère, les deux frères et la belle-sœur continuent à nier toute implication dans le massacre de dimanche.
24:15 Les gendarmes estiment qu'au moins l'un d'entre eux ne leur raconte pas la vérité.
24:19 Alors mon emploi du temps, je l'ai répété, je ne sais pas le nombre de fois où j'ai pu le répéter. Je suis arrivé à 21h20 et j'éteins ma télé à 21h54.
24:30 Bien sûr ils m'ont posé la question. "Est-ce que vous avez entendu quelque chose ? J'ai dit "Oui, moi je n'ai rien entendu. Qu'est-ce que je peux ajouter de plus ?"
24:42 Et eux évidemment ils me disent "Si, si, tu as certainement entendu quelque chose, c'est pas possible". Et donc ils vont me harceler sans arrêt. "C'est pas possible que tu n'aies rien entendu".
24:52 "Est-ce que vous avez vu, est-ce que vous avez entendu quelque chose ? Il y a dû forcément avoir des cris. S'il y a eu un massacre à la feuille de boucher juste à côté."
25:01 Évidemment, je ne veux pas dire qu'ils ont raison de me harceler parce que moi quand je dis que je n'ai pas entendu, je n'ai pas entendu.
25:09 Mais il est évident que les maisons étant si proches, c'est impossible que s'il y a eu du bruit, on n'ait pas entendu.
25:17 Et moi personnellement, alors que je suis arrivé, je n'ai rien entendu et il ne s'est rien passé après mon arrivée.
25:24 Ça s'est passé avant. Et ça je l'ai dit, redit, mais ils s'en foutent.
25:32 Ils s'acharnent à vouloir me faire dire qu'il s'est passé quelque chose après mon arrivée. Or c'est faux.
25:40 Après les interrogatoires qui ont duré toute la nuit, ce matin pour la première fois, les gendarmes ont perquisitionné à la ferme des parents.
25:49 Puis dans la journée, d'autres investigations ont été menées dans les différentes bâtisses que possède la famille.
25:55 Les trois enfants, les parents, habitaient à quelques pas les uns des autres.
25:59 Il arrive un moment où, après avoir affiché les constatations et recueilli un certain nombre d'auditions assez nombreuses, où il est nécessaire de confronter les éléments recueillis avec des personnes qui, effectivement, se trouvaient géographiquement à proximité immédiate du lieu où les faits ont été commis.
26:18 Toutes les pistes exploitées par les gendarmes semblent les ramener vers le cercle familial.
26:23 Les enquêteurs se posent différentes questions. Ils s'étonnent d'abord que Dany, l'aîné, n'ait rien vu, rien entendu dimanche alors qu'il habite dans ce pavillon situé juste derrière celui de son frère.
26:33 Et se construit une ébauche de scénario, d'hypothèse. Il y a deux maisons. Il y a le frère à qui tout réussit, avec les voitures, ça marche plutôt bien les affaires.
26:48 Et puis l'autre, j'allais dire, Dany, le vilain petit canard, c'est-à-dire lui, il est obligé de travailler mais ça marche pas, il a des problèmes d'argent.
26:59 On sent qu'il y a une sorte de rivalité entre ces deux frères.
27:04 Les enquêteurs s'interrogent ensuite sur une reconnaissance de dette faite à Christian par l'un de ses proches, un écrit retrouvé sorti le soir du crime.
27:12 L'autre élément crucial, c'est la reconnaissance de dette. Sur place, sur un des meubles, on a retrouvé une reconnaissance de dette comme quoi Dany devait de l'argent à Christian.
27:30 L'argent qui est un mobile classique du crime.
27:36 Faut arrêter les blagues quoi. C'est quoi, mon frère il me prête 10 000 francs, pourquoi ça serait une source de conflit ? Parce qu'elle a été retrouvée ?
27:45 Franchement si c'est moi qui est le coupable, je suis quand même pas assez con, ça vous pouvez le mettre, assez con, pour la laisser en évidence.
27:53 Il y a dans cette famille certainement des secrets cachés. Les secrets qu'eux n'ont pas encore découvert les enquêteurs et qui pourraient expliquer ce qui s'est passé.
28:03 Qui a fait quoi et dans quel ordre, ça on ne sait pas et on attend, on attend, comme l'ensemble de la population française attend que l'on résolve le plus rapidement cette affaire.
28:15 Cinq membres de la famille Le Prince, les parents, les deux frères et la belle-sœur sont toujours en garde à vue ce midi à la gendarmerie du Mans, officiellement entendus comme témoins.
28:24 Or, tandis qu'hier les Le Prince semblaient peu bavards, se présentant semble-t-il comme une famille unie, l'un aurait aujourd'hui craqué et parlé.
28:32 Les gendarmes disposeraient maintenant de déclarations contradictoires entre certains membres de la famille, peut-être même d'accusations.
28:38 Ils ont aussi un scénario accusateur avec un éventuel mobile financier et des éléments matériels, mais toujours pas d'armes du crime ni d'aveu formels et signés.
28:46 Une fin de garde à vue donc déterminante, mais les gendarmes restent encore très prudents.
28:51 Pendant le premier jour de garde à vue, l'aversion du couple, que ce soit Dany Le Prince ou sa femme Martine, est la même.
29:02 On n'a rien vu, on n'a rien entendu, on n'est pas concerné par le quadruple meurtre, on ne sait pas ce qui s'est passé.
29:10 Et puis tout d'un coup, paf, le miracle, changement de cap.
29:16 Autour de la 40ème heure de garde à vue, Martine Le Prince dit qu'elle sort d'une sorte de cauchemar, mais qu'elle est prête à enfin dire la vérité.
29:27 Martine dit qu'elle a vu son mari en train de tuer Christian, dehors, près de la boîte aux lettres, et qu'elle lui a crié "arrête, arrête".
29:36 Finalement, c'est lui, Dany, mon mari, je l'ai vu. Je l'ai vu découper à la feuille de boucher son frère à l'extérieur de la maison.
29:53 Elle poursuit la route jusqu'à la maison et elle découvre là les trois cadavres de Brigitte et des deux fillettes.
30:03 Donc là, c'est un point énorme dans l'enquête. Les gendarmes ont un témoin oculaire qui a vu l'assassin.
30:15 Dany Le Prince conduit en menottes lors de dernière perquisition. C'est l'image aujourd'hui d'un suspect de menottes qui annonce une mise en examen imminente.
30:24 Surtout lorsque cette nuit, vers 2h du matin, un membre de la famille, peut-être sa femme, contredit les déclarations de Dany.
30:31 Quand Martine accuse Dany Le Prince d'avoir commis le crime, elle n'est pas toute seule à le faire.
30:38 Célia, la fille aînée du couple, elle aussi dit avoir vu son père frapper son oncle.
30:46 Deuxième élément, la fille, Célia, qui dit "elle a vu aussi papa, elle a vu papa".
30:53 Découpée, tapée, égorgée devant chez lui son frère, Christian, avec une feuille de boucher, à l'arme blanche.
31:02 Pour les gendarmes, ça fait deux personnes qui se présentent comme des témoins visuels du crime.
31:10 Et donc, il est submergé à ce moment-là de questions.
31:13 Or, les gendarmes ont déjà des soupçons. Dany dit n'avoir rien vu, rien entendu, alors que sa maison est toute proche de celle de son frère.
31:21 Et puis, on a retrouvé une reconnaissance de dette entre les deux frères sur les lieux du crime.
31:26 Coïncidence ou non, Dany travaille aux abattoirs et il a pu utiliser et savoir manier l'instrument de boucher qui a servi au carnage.
31:34 Enfin, les gendarmes s'intéressent à des lessives qui ont pu avoir lieu entre dimanche et lundi.
31:39 Les gendarmes, ils me mettent la pression, ils me disent "si t'avoues pas, on mettra tes parents en prison, tes enfants à l'assistance publique".
31:48 Et donc, ils me traitent de tous les noms, de fumier, tu dois avouer, on a trouvé plein de preuves de toi.
31:54 Oui, ça, ils me l'avaient dit bien avant. Et puis après, j'entends un cri, enfin plusieurs cris.
32:00 Et là, le gendarme me dit "c'est ta fille qui crie enculé et maintenant, va falloir avouer".
32:07 Qu'est-ce que c'est que ça ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
32:12 Je vais me tourner moins de dernière minute, mais c'est pour jamais. Je pense que nous pourrions vraisemblablement ouvrir une information à l'issue de cette période de garde à vue.
32:26 Ils veulent ma peau, ils veulent des aveux. Et donc, ils vont me faire crier ma fille. C'est comme ça qu'ils mettent la pression.
32:33 Mais moi, je sais pas s'il reste 2 heures, 3 heures ou 4 heures de garde à vue. Je n'en sais rien.
32:39 Et donc, j'entends encore des cris et puis il y en a un qui vient et qui me dit "ta femme, t'as vu courir après ton frère avec la feuille de boucher".
32:51 C'est pas possible. Plus les cris qui viennent avec. Et là, je perds pied. Je suis extrêmement fatigué et j'en ai marre d'entendre ma fille pleurer.
33:06 Et donc, je répète les dires du gendarme que je courais après mon frère avec la feuille de boucher.
33:13 Ils ont dit "je crois". Il a avoué. Bon ben... Et après, la presse a titré, comme il y en a qui disent si bien, il a avoué les 4 mortes.
33:22 L'affaire de Taurigny et Sourdoué est donc élucidée.
33:25 Dany le Prince est passé aux aveux. La nuit dernière, il a reconnu avoir tué à coups de hachette son frère, sa belle-sœur et ses deux nièces.
33:32 Simple employé dans un abattoir, il aurait agi par jalousie, ne supportait plus la réussite de son frère auquel il devait de l'argent.
33:40 Là, sur cette affaire médiatiquement extrêmement sensible qu'il fallait résoudre dans les plus brefs délais,
33:46 un pari gagné pour les gendarmes, un pari gagné pour la justice. C'est plié, comme on dit, passez-moi l'expression, mais ça y est, c'est fait.
33:55 C'est-à-dire que le procureur vient nous dire "il a avoué".
34:02 Un magistrat instructeur, Mme Brunetière, a été saisi.
34:05 De réquisition à l'encontre de le Prince Dany, du chef.
34:10 Les quatre meurtres commis le 4 septembre dernier à Torigny-sur-Thuay, dont ont été victimes les membres de la famille Le Prince, Christian, son épouse et ses deux filles.
34:20 Placé en garde à vue mercredi soir.
34:22 Et franchement, là, ils vont déjà vite parce qu'ils disent que j'ai tué quatre personnes, alors que finalement, j'ai avoué qu'un meurtre, le procureur, dès là, c'est un malhonnête.
34:38 Placé en garde à vue mercredi soir, Daniel Le Prince, le prairien âgé de 37 ans, aurait donc avoué son forfait dans la nuit.
34:44 Il est certain que des raisons, peut-être d'intérêt ou de jalousie, les vieilles motivations qui font malheureusement parfois, dans le mauvais sens, marcher le monde.
34:56 Voilà ce que je déclare le 9 septembre 1994 aux gendarmes.
35:03 Dimanche dernier, en fin de soirée, je suis arrivé chez Christian et je me suis engueulé avec lui.
35:08 Christian était à la porte d'entrée, quant à Brigitte, elle se trouvait derrière.
35:12 Je les ai engueulé, car ils ne voulaient pas nous aider sur le plan financier.
35:16 Ils ont refusé parce que je leur devais déjà de l'argent.
35:19 Le ton est monté, on s'est fâché et Christian a voulu aller chercher ma femme Martine.
35:25 J'ai couru après lui et je l'ai rattrapé.
35:28 J'avais dans mon dos la feuille, je l'ai frappé plusieurs fois avec cet outil.
35:33 Ma femme m'a demandé d'arrêter et je ne sais pas pour quelles raisons, j'ai continué.
35:38 Quant au reste, je ne peux plus rien dire.
35:41 Daniel Leprince s'était conduit à 20h50 au palais de justice du Mans, puis déferré dans la soirée devant le juge d'instruction Céline Brunetière, qui l'a mis en examen et écrouille.
35:50 Je ce soir notifié à Daniel Leprince sa mise en examen pour ses faits et je l'ai placé sous mandat de dépôt.
35:56 Il avoue non seulement dans les locaux de la gendarmerie, devant des militaires, pendant sa garde à vue, mais une fois qu'il a avoué, il est présenté à la justice et devant la magistrate, il dit la même chose.
36:12 C'est lui, c'est moi qui suis responsable. C'est moi l'assassin, c'est moi qui est tué.
36:17 Daniel Leprince est passé aux aveux complets. Il a reconnu le quadruple meurtre de son frère, de sa belle-soeur et de ses deux nièces.
36:24 C'est au cours de ces dernières heures que l'enquête a pris cette tournure définitive.
36:28 Il y a des éléments dans le dossier, il y a effectivement des aveux, mais il y a aussi un certain nombre d'autres éléments qui permettent de conforter les déclarations qu'il a faites.
36:40 Ça y est, l'affaire est bouclée. En cinq jours, tout est fini. Le coupable est trouvé. Le feuilleton dont on parlait tout à l'heure, c'est terminé.
36:49 Au même moment, les parents de Christian et son frère Alain rentrent chez eux à Taurigny.
36:54 On est une famille déchirée, alors non, je ne veux pas en rajouter. J'ai aucun commentaire.
37:00 Quand les gendarmes, voilà ce qu'ils viennent me dire que voilà, Danny a avoué.
37:04 Voilà, je me dis, c'est pas possible. C'est pas lui. C'est impossible. C'est pas possible qu'il ait fait ça à son frère.
37:13 Voilà, les enquêteurs commencent à boucler bagages, on va dire, commencent à emmener sa petite toilette. Bref, tout le monde s'en va, chacun de son côté.
37:21 Voilà, bah écoute, Alain, voilà, c'est bon, c'est fini. Les heures de garde à vue sont terminées. C'est bon, tu vas pouvoir rentrer.
37:29 De toute façon, il y a quelqu'un qui a avoué. C'est ton frère. Il a avoué les quatre meurtres. C'est fini, c'est bon, c'est terminé. Tu ne le reverras plus.
37:39 On est sié, on ne sait plus de quoi.
37:43 Retour ce matin sur les lieux du drame pour Alain, le jeune frère de Danny et Christian.
37:48 Bouleversé comme ses parents, le jeune homme se réfugie dans le silence. Un traumatisme, une stupeur partagée par le village tout entier.
37:55 Aujourd'hui, c'est l'effondrement de savoir que quelqu'un peut tuer son frère, sa famille comme ça.
38:02 Pour nous, c'est l'effondrement de connaissance très bien Danny et personne ne pouvait supposer qu'il puisse passer à un acte pareil.
38:07 Une certitude, il faudra du temps, beaucoup de temps aux habitants de Torigny pour commencer à oublier.
38:13 Les gendarmes sont très satisfaits, mais ils ne vont pas se vanter de la manière dont ils ont obtenu l'aveu.
38:18 La vérité ne les intéresse plus. Ils n'ont même pas envie de savoir comment les autres sont morts. Ils s'en foutent.
38:26 Moi, je suis usé de fatigue. En exagérant, je n'ai plus la force de parler.
38:33 J'ai envie qu'on me laisse tranquille, qu'ils m'emmènent, je ne sais pas où, parce que je ne sais même pas où est-ce que je vais aller.
38:39 Mais au moins, ils ne vont plus me faire chier. Là, j'ai envie de me reposer et qu'on me foute la paix.
38:47 Et en fait, quel que soit l'endroit où je sois, le principal, c'est que j'arrive à dormir.
38:52 Et évidemment, cet aveu, je vais le traîner comme un boulet et je l'ai encore au cul aujourd'hui.
39:01 Je me retrouve à Rennes, à la maison d'arrêt. Il s'appelle la maison d'arrêt de Jacques Cartier.
39:07 La criée en prison de Daniel Prince, c'est des coups de pied dans les portes, je me fais traiter d'assassin.
39:14 Enfin, je m'en fous, je suis tellement fatigué que je dors.
39:19 Ce n'est que le lendemain, quand je me réveille, que je m'aperçois que je suis non seulement en prison, mais dans la merde.
39:31 Et moi, l'avocat, il me dit juste, votre femme et votre fille vous accusent, vous chargent. Point.
39:44 Si elles m'accusent, c'est qu'elles savent quelque chose et peut-être qu'elles sont coupables.
39:53 Mais ça, ça fait sourire plein de gens. C'est quoi cette espèce de rhétorique ? Ils l'ont été cinglé.
40:02 Moi, je me fais piéger comme un con.
40:09 Les bourdes Conneret et Taurigny surdués réunis, plusieurs centaines de personnes en deuil.
40:19 Les corps sont là, en blanc, les deux fillettes, Audrey et Sandra, que l'abbé Froger bénit avec la dépouille de leurs parents,
40:25 tous quatre assassinés sauvagement un soir de début septembre.
40:29 Quand on regarde les images ou les photographies des obsèques, des cas de victimes, on sent bien l'extrême douleur des gens qui sont là.
40:37 Il y a presque tout le village. Presque tout le village de Taurigny est là, sur place, pour accompagner la famille ou ce qu'il en reste.
40:48 À ces obsèques.
40:51 Ils sont arrivés avant la foule. Eux, cette famille véritablement brisée par un meurtre insensé.
40:57 Pour moi, ça a été une journée catastrophique. On est complètement retournés. En fin de compte, c'est comme si, avec mes parents, on avait du mal à faire le deuil.
41:10 Parce que voilà, on pense à tout ça, la façon dont ils ont été tués, parce que là, on savait plus ou moins comment ils avaient été massacrés, entre guillemets.
41:22 On a vraiment mal fait le deuil.
41:25 Les obsèques ont lieu sans Daniel Le Prince, qui est déjà incarcéré. Martin Le Prince n'y sera pas non plus, ni sa fille Célia.
41:32 Les habitants de Taurigny n'avaient jamais connu un tel drame. Ils connaissaient les victimes comme ils connaissaient Daniel Le Prince et sa famille.
41:45 Donc, ils connaissaient les victimes, ils connaissaient le coupable. Ils sont tous bouleversés.
41:51 À la fin de la célébration, la famille s'est une fois de plus protégée des objectifs.
41:56 Le cortège a remonté l'avenue de Paris pour rejoindre le petit cimetière de Connery, proches des camions fournis de fleurs.
42:04 Là reposeront les quatre victimes du meurtre de Taurigny et surdué, que ni jalousie ni rancœur ne justifiera jamais.
42:12 Moi, je suis piégé et je vais porter le chapeau de cette histoire pendant X années.
42:19 L'avocat me dit d'ici demain ou après-demain, vous allez aller à la reconstitution des crimes.
42:27 J'ai dit, mais qu'est-ce que je vais y faire là-bas ? Je lui dis ça comme ça.
42:32 Je dis, moi, je n'ai rien à faire là-bas. Je n'ai même pas envie d'y aller. Je ne suis pas l'auteur des faits.
42:36 Moi, c'était refusé pendant la garde à vue. Qu'est-ce que je vais aller foutre là-bas ?
42:40 On m'accuse à tort. C'est une accusation à tort. Elle me dit, il faut y aller.
42:45 Bon, du coup, j'y suis allé.
42:49 Reconstitution sous haute surveillance. Hier soir, à Taurigny et surdué, autour du pavillon de Christian Leprince,
42:55 tué à coups de feuilles de boucher avec sa femme et deux de ses filles le 4 septembre dernier.
43:00 75 gendarmes mobiles avaient pris place autour de la maison familiale pour éviter tout acte d'hostilité ou de vengeance
43:07 à l'égard de Dany, le frère de la victime et meurtrier présumé.
43:10 A 19h50, Dany Leprince arrivait dans une DX blanche, dissimulée sous des couvertures.
43:16 Puis, c'était au tour de Céline Brunetière, le juge chargé de l'enquête.
43:20 Il est alors 20h30 quand la reconstitution commence. La nuit est tombée et les journalistes, tenus à l'écart,
43:27 ne peuvent distinguer que des silhouettes devant la maison.
43:30 Alors moi, on me demande de rentrer dans la maison parce que le juge a continué son cinéma.
43:37 Et donc je rentre dans la maison qui est pleine de sang.
43:43 Moi, je n'ai pas envie de rentrer mais c'est elle qui me pousse à rentrer.
43:47 Et alors elle me dit "Où est-ce que Brigitte était ? Où est-ce que le frangin était ? Où est-ce que les filles étaient ?"
43:54 Je dis "Moi, je ne sais rien moi. Je n'étais pas là moi. Je ne suis pas l'auteur des faits. Je ne peux pas savoir où il y a les corps."
44:01 Elle me dit "Là, mais Coco, là vous croyez au Père Noël. Vous croyez peut-être que je vais aller faire une reconstitution pour des faits que je n'ai pas commis.
44:11 Là, vous rêvez. A partir du moment où je refuse la reconstitution, évidemment je reviens sur mes aveux.
44:20 Ça c'est le commencement de la lutte. Il y a une deuxième reconstitution et ça sera du même tonneau.
44:27 Une reconstitution placée sous la surveillance d'une centaine de gendarmes.
44:32 19h45, arrivée de Dany le Prince dans un fourgon suivi de Céline Brunetière, le juge chargé de l'enquête.
44:38 20h40, le tournant de la soirée. Dany le Prince, menotte poignée, vêtue d'un gilet pare-balles et d'un jean, s'approche de la maison de son frère Christian.
44:47 Et là, il fait signe de la tête qu'il ne veut pas aller plus loin.
44:51 Ils m'ont déjà estorqué des aveux. Ils veulent quoi aussi ? Que je me couche ? Non, non, non, hors de question.
44:57 Il avait avoué maintenant, il nie rebondissement dans la Sarthe.
45:01 Dany le Prince, l'auteur présuet du quadruple meurtre familial de Thauigny est revenu sur ses aveux lors de la tentative de reconstitution.
45:07 Non seulement il a refusé de mimer les gestes qui lui sont reprochés, mais il affirme maintenant que ça n'est pas lui qui a tué son frère, sa belle-sœur et ses deux nièces.
45:15 Bref, le juge d'instruction est loin d'avoir bouclé ce dossier.
45:19 Je n'en ai rien à foutre de ce qu'elle raconte, de ce qu'elle a envie de faire de moi.
45:23 En fait, je la laisse dans son délire. Voilà. Je ne suis pas l'auteur des faits.
45:30 Si elle veut faire de moi le coupable, il va falloir qu'elle rame pour me trouver des preuves matérielles.
45:35 21h15, début du deuxième acte. La reconstitution commence avec des figurants sans Dany le Prince, mais en revanche en présence de sa femme et de sa fille.
45:44 Célia aurait assisté à cette scène devant les sapins.
45:47 L'assassin présumé aurait frappé Christian le Prince avec une feuille de boucher avant de le traîner à travers la haie, puis jusqu'à l'intérieur de la maison où les quatre corps ont été retrouvés.
45:57 Il est minuit et demi, la reconstitution est terminée, Dany le Prince n'a rien vu, il est ramené à la maison d'arrêt de Reine.
46:04 Le Prince, vous êtes un assassin. Le Prince, vous êtes un assassin.
46:08 Ah oui, mais là, quand vous êtes dans la merde, prouver son innocence, ce n'est pas évident.
46:13 Parce que, je vais reprendre les termes de la juge, bah oui, mais il faut me dire qui c'est et ainsi de suite, il faut amener la preuve de votre innocence.
46:20 Oui, mais j'ai rien moi. Et la juge, elle le sait que j'ai rien.
46:24 C'est la raison pour laquelle que je dis qu'après mes avais estorqués, j'étais bel et bien baisé.
46:32 Pour la juge d'instruction, pour le procureur de la République, la rétractation de Dany le Prince ne sert à rien.
46:40 Ils pensent que c'est une stratégie, une simple stratégie. Ils ont la conviction que Dany le Prince est coupable et ça ne va pas les faire changer d'avis.
46:49 Alors pardonnez mon mot trivial, la rétractation de Dany le Prince vue par les journalistes, on s'en fout.
46:58 On s'en fout que Dany le Prince dise tout d'un coup, c'est pas moi, on s'en moque.
47:05 Pourquoi on s'en moque ? Parce que dans un nombre incalculable d'affaires qu'on a eu à traiter, en général, il y a les aveux.
47:13 Et puis quelques temps après, comme par enchantement j'allais dire, le criminel dit non finalement c'est pas moi, ça s'est pas passé comme ça.
47:20 Alors le fait qu'ils reviennent en disant non c'est pas moi, j'y vais pas, j'y étais pas, pour nous ça n'a aucun intérêt, c'est peanuts.
47:32 Dany le Prince assez rapidement prend conscience que le fait d'avoir avoué est une erreur dramatique.
47:39 Il se dit je pense que je vais moisir longtemps dans cette cellule.
47:45 Mon seul espoir maintenant c'est que la vérité éclate lors de mon procès.
47:54 Mais je vais devoir attendre trois ans.
48:00 Trois ans en cellule avant d'être jugé.
48:04 Trois ans accroupi, renfermé, sans pouvoir recevoir de visite en dehors de mon avocat.
48:11 [Musique]

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