Lors de la séance de Questions au Gouvernement de ce mercredi 3 avril 2024, le député Philippe Naillet a soulevé la question du coût de la vie à La Réunion. Il a interpellé le Premier ministre, sollicitant du Gouvernement une clarté sur les tarifs avant d'aborder la question de l'octroi de mer. Voici la question posée par Philippe Naillet et la réponse de Gabriel Attal.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Monsieur Philippe Nayet pour le groupe Socialiste.
00:03 Merci Madame la Présidente.
00:06 Monsieur le Premier ministre, ma question porte sur la lutte contre la vie chère dans nos territoires ultramarins.
00:12 La vie chère qui dure depuis trop longtemps et qui est vécue comme une injustice insupportable par nos populations.
00:19 Je vais prendre un seul exemple.
00:21 Se nourrir coûte 37% de plus à La Réunion que dans l'Hexagone, alors que dans le même temps,
00:27 36% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
00:31 Je pourrais également citer le prix de l'énergie et de certains services.
00:35 Aujourd'hui, on nous dit que l'octroi de mer serait une des causes de la vie chère.
00:39 Si nous ne contestons pas que l'octroi de mer a sa part dans la cherté de la vie,
00:44 nous disons qu'il est trop facile d'en faire la cause principale,
00:48 d'autant plus que les produits de première nécessité en sont exonérés
00:52 et que la dition TVA/octroi de mer reste inférieure au taux de TVA de 20% appliqué ici dans l'Hexagone.
00:59 Monsieur le Premier ministre, si nous ne sommes pas contre une réforme intelligente de l'octroi de mer
01:03 qui préserve les intérêts de nos territoires ultramarins,
01:06 nous disons que sans concertation, il n'y aura pas de réforme crédible et acceptable.
01:12 Vouloir agir dans la précipitation et sans concertation
01:15 aurait les mêmes conséquences que celle de la réforme unilatérale des aides économiques en 2019.
01:20 Mais, Monsieur le Premier ministre, il y a un deuxième préalable.
01:23 Il ne peut pas y avoir de réforme de l'octroi de mer sans un travail transparent
01:28 sur la formation réelle des prix pour l'ensemble de la chaîne de valeur du producteur au consommateur.
01:35 L'opacité sert toujours les intérêts d'une minorité au détriment de l'intérêt du plus grand nombre.
01:41 Monsieur le Premier ministre, ma question est très simple.
01:43 Pouvons-nous compter sur vous pour enclencher, dans les meilleurs délais,
01:47 ce travail urgent, nécessaire de transparence, de vérité sur la formation des prix
01:53 et ce, avant de lancer toute réforme de l'octroi de mer ?
01:56 Je vous remercie.
01:58 Merci beaucoup mon cher collègue. La parole est à Monsieur le Premier ministre.
02:02 Merci Madame la Présidente. Mesdames et Messieurs les députés.
02:06 Monsieur le député Philippe Naillet.
02:08 Oui, il y a un enjeu par rapport à la vie chère dans les territoires ultramarins.
02:13 Il y a des causes structurelles qui sont liées au caractère insurel.
02:16 Nous avons des mécanismes qui permettent de les corriger, de garantir des prix plus faibles,
02:25 notamment s'agissant de l'énergie.
02:28 Nous avons par ailleurs revalorisé les minimas sociaux, vous le savez,
02:31 face à l'inflation dans les territoires ultramarins, comme dans le reste de la France.
02:35 Ça c'est la première chose.
02:37 Deuxième chose, oui, il est établi par un certain nombre de rapports
02:41 que l'octroi de mer est l'une des causes de la vie chère et de prix qui sont importants.
02:46 Je crois qu'un rapport parlait de 10% des dépenses de consommation dans les territoires ultramarins
02:51 liées à l'octroi de mer. L'octroi de mer c'est ce dispositif
02:54 qui permet d'abord de financer les collectivités locales,
02:57 qui permet de protéger les productions locales, mais qui, on le sait,
03:00 a un impact sur les prix dans les territoires ultramarins.
03:04 Et donc ça fait quand même assez longtemps qu'il y a beaucoup de demandes
03:08 pour revoir ce dispositif de l'octroi de mer, avec des injonctions
03:11 que certains voient comme contradictoires.
03:13 Continuer à financer les collectivités locales, continuer à protéger la production locale,
03:17 mais lutter contre l'inflation sur les prix.
03:19 Une fois qu'on a dit ça, il y a eu un comité interministériel aux Outre-mer qui s'est tenu,
03:25 qui a acté le principe d'une réforme de l'octroi de mer d'ici à 2027.
03:30 Vous voyez bien que ça laisse du temps. Pourquoi est-ce qu'on laisse du temps ?
03:33 Précisément pour le faire dans la concertation avec les collectivités locales,
03:36 les parlementaires, les milieux économiques,
03:39 pour que ça se fasse dans les meilleures conditions possibles.
03:41 L'objectif, encore une fois, c'est que les collectivités locales
03:44 puissent continuer à bénéficier de recettes pour financer leurs priorités,
03:47 c'est que les productions locales continuent à être soutenues,
03:50 mais c'est de lutter contre l'inflation sur les prix,
03:53 qui en partie est liée à ce mécanisme de l'octroi de mer.
03:55 Je suis d'accord avec le fait que ce n'est pas simple de conjuguer les trois objectifs.
03:59 Mais je crois profondément qu'on peut arriver au moins à améliorer le système actuel
04:03 pour lutter contre l'inflation, et ça se fera, je vous le garantis,
04:06 en pleine concertation avec l'ensemble des élus dont vous faites partie.
04:09 Monsieur le Premier ministre, ayons aussi le courage de regarder du côté
04:13 de ces opérateurs économiques qui s'enrichissent depuis trop longtemps
04:16 sur le dos de nos populations.
04:18 Je vous remercie.
04:20 (Applaudissements)
04:21 [Musique]