La mairie du Havre et le siège de la communauté urbaine ont été perquisitionnés ce mercredi dans le cadre d'une enquête pour "soupçons de conflits d'intérêts" autour d'un marché public. Elle vise notamment l'ancien Premier ministre Édouard Philippe
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00:00 C'est bien avant de subir un certain nombre de représailles
00:04 que non seulement ma cliente a fait des alertes internes,
00:07 mais qu'elle a sollicité le statut de lanceur d'alerte.
00:10 Et ça c'est très important dans la chronologie,
00:12 parce que ce statut il protège surtout pour les éventuels représailles
00:17 qui sont susceptibles d'arriver à la suite du signalement.
00:19 Donc ça, ça me paraissait important quand même à ce stade de le préciser,
00:24 pour pas qu'il y ait d'instrumentalisation,
00:26 d'hypothèse qui soit beaucoup trop éloignée du fond du dossier
00:29 à ce stade.
00:31 À combien de reprises a-t-elle signalé ce possible conflit d'intérêts ?
00:35 Et que lui a répondu Edouard Philippe ?
00:37 Puisque si je comprends bien, elle l'a signalé directement à Edouard Philippe.
00:42 Alors encore une fois, c'est entre les mains de la justice
00:45 et c'est à ce stade-là, dans cet environnement-là,
00:48 que ça doit être apprécié.
00:49 Néanmoins, ce que je peux dire à ce stade,
00:51 c'est que les signalements ont été extrêmement nombreux
00:54 et c'est même pas tant le nombre de signalements qui compte,
00:56 parce que j'ai envie de dire, dans des affaires comme celle-ci, un seul suffit.
01:00 C'est surtout le nombre d'interlocuteurs et toutes les lignes hiérarchiques
01:04 qui ont pu être sollicitées, voire alertées,
01:08 et le représailles qu'il y a pu y avoir par la suite.
01:11 Alors justement, de quel représailles parlez-vous ?
01:14 De quelle pression parlez-vous ?
01:16 Puisqu'on rappelle quand même que cette enquête préliminaire,
01:18 elle est pour prise illégale d'intérêts,
01:19 détournement de fonds publics, favoritisme et harcèlement moral.
01:23 Concrètement, qu'est-ce qu'elle a subi ?
01:26 Alors, encore une fois, je ne m'exprimerai pas sur la qualification des infractions en soi.
01:31 Ce qui est important, et je tiens à le souligner quand même,
01:34 c'est que dans ce dossier-là, on est dans un environnement extrêmement particulier.
01:39 J'ai entendu tout à l'heure évoquer le terme de prud'homme.
01:42 C'est un agent public qui ne relève pas des prud'hommes,
01:44 mais du tribunal administratif,
01:46 devant lequel d'ailleurs il y a une procédure en cours également,
01:49 depuis un moment, et bien avant d'ailleurs la plainte qui a été déposée.
01:55 Donc voilà, il y a beaucoup quand même d'informations qui sont essentielles
01:58 pour comprendre l'intégralité de ce dossier.
02:00 Et surtout, ce qui est important de savoir,
02:03 c'est qu'au-delà des atteintes à la probité,
02:05 cette infraction de harcèlement moral que nous avons visée à ce stade,
02:11 c'est aussi malheureusement quasi systématique,
02:16 quand il y a des alertes en interne,
02:18 qu'elles ne sont pas traitées délibérément ou non,
02:21 qu'il n'y a aucun moyen de communication ni de réel traitement interne,
02:27 que l'on s'exprime aussi après à l'extérieur,
02:31 auprès du défenseur des droits par exemple.
02:34 La loi sur les lanceurs d'alerte a été récemment renforcée.
02:37 Malheureusement, les moyens ne suivent pas toujours.
02:39 Et en l'état, très très en amont, il n'y a eu aucune réaction.
02:43 Est-ce que c'est parce qu'on n'a pas mesuré ce qui était en train de se passer ?
02:45 Est-ce que c'est un manque de moyens ?
02:47 Il y a quand même plusieurs raisons.
02:49 Et en dernier ressort, on se tourne vers la justice,
02:52 voire vers une médiatisation, rendre public l'alerte
02:55 quand personne n'y a prêté attention.
02:57 Donc c'est un très très long process,
02:59 ce n'est pas une décision simple.
03:00 Et c'est une personne dont je veux saluer le courage,
03:03 parce que ce n'est pas évident, parce qu'on a surtout beaucoup à perdre,
03:06 et qu'on se retrouve après dans une tempête médiatique.
03:10 Ça reste une histoire, un dossier,
03:12 aujourd'hui entre les mains de la justice.
03:14 Et pour qu'il y ait aujourd'hui l'information
03:18 sur l'ouverture d'une enquête préliminaire d'une telle ampleur
03:20 avec des perquisitions,
03:22 c'est qu'il n'y a pas rien dans le dossier.
03:23 Et ça c'est important quand même de le souligner.