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Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence de Cyrielle Chatelain, députée de l'Isère, présidente du groupe Écologiste.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:11 Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:15 l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:17 Et cette semaine nous accueillons Cyrielle Chatelain. Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes députée écologiste de l'ISER et présidente du groupe écologiste à l'Assemblée Nationale.
00:26 Il y a beaucoup d'actus pour vous cette semaine.
00:28 L'Assemblée Nationale vote des prix planchers pour les agriculteurs.
00:32 Les députés ont adopté une proposition de loi écologiste qui prévoit un prix minimal des produits agricoles dans chaque filière.
00:38 Un vote qui intervient alors que le gouvernement a présenté son projet de loi pour répondre à la colère agricole.
00:43 Et puis une deuxième victoire pour les députés écologistes.
00:46 L'Assemblée Nationale a voté leur proposition de loi interdisant la diffusion des produits contenant des polluants éternels
00:52 ou appelés PIFAS, ces substances néfastes pour la santé et qui se trouvent dans certains objets de la vie quotidienne.
00:59 Et enfin nous reviendrons sur la décision de Julien Bayou de quitter le groupe écologiste à l'Assemblée Nationale
01:03 ainsi que le parti des écologistes après la plainte de son ex-femme pour violences psychologiques.
01:08 L'Assemblée Nationale a donc adopté la proposition de loi visant à garantir un revenu digne aux agriculteurs par le biais de prix plancher.
01:16 Un vote obtenu avec les voix de toute la gauche.
01:19 La majorité présidentielle a voté contre, le RN s'est abstenu.
01:22 Écoutez la députée écologiste Marie Pochon qui portait le texte et qui se félicite d'une victoire.
01:28 C'est la base aujourd'hui que de se battre pour le revenu agricole, que de se battre pour celles et ceux qui ne peuvent pas vivre de leur travail
01:33 notamment pour toutes celles et ceux ici dans cet hémicycle qui font des grands discours
01:38 et qui vont dans toutes les fermes, qui vont au salon de l'agriculture, qui font des grandes annonces.
01:42 Derrière c'est la base de tenir ses promesses effectivement.
01:45 C'est une victoire concrète sur laquelle il nous faudra construire la suite.
01:49 C'est une victoire qui est la leur.
01:51 Elle pose l'intention de la majorité de l'Assemblée Nationale avant la loi d'orientation agricole.
01:57 Et je pense que cette intention d'un revenu garanti, rémunérateur pour les agriculteurs,
02:02 elle était nécessaire pour que derrière on puisse avancer.
02:06 Voilà Marie Pochon qui se félicite d'avoir obtenu une majorité de voix sur ce texte.
02:10 Cyrielle Chatelain, Emmanuel Macron avaient promis des prix planchers pour les agriculteurs.
02:15 Finalement vous avez tenu sa promesse.
02:17 Tout à fait.
02:19 Non mais c'est la question du revenu digne et de ce qu'on appelle les prix planchers.
02:23 C'est-à-dire le fait que les agriculteurs ne perdent pas d'argent quand ils vendent leurs produits.
02:27 C'est ça, c'est un filet de sécurité qui permet de dire qu'il faut qu'ils vendent au moins aux coûts de production
02:32 incluant un salaire à peu près égal à deux SMIC dans le calcul de ces coûts de production.
02:36 Donc ça c'est l'objectif de la loi, mais c'est un combat des écologistes et de l'ensemble de la gauche depuis très longtemps.
02:43 Déjà en novembre, il y a eu un texte présenté par les Insoumis sur ce sujet-là.
02:49 Les écologistes ont fait également des propositions dès novembre, le 13 novembre même,
02:54 ont présenté l'ensemble de nos propositions sur l'agriculture.
02:57 Bien sûr qu'on l'a concrétisé, cette annonce du président de la République,
03:00 mais elle vient d'un combat d'abord des agriculteurs, et je crois que Marie Pochon l'a dit,
03:04 et ensuite de l'ensemble de la gauche et des écologistes depuis longtemps.
03:07 Vous attendiez à ce vote ? Ou c'était une surprise ?
03:10 C'était une surprise, mais c'était une bonne surprise.
03:12 Et je pense que c'est une surprise qui montre, un, une solidité à l'Assemblée nationale,
03:17 du travail entre l'ensemble des groupes de la NUPE, c'est-à-dire la gauche, les Insoumis, les socialistes, les communistes,
03:24 qui étaient ensemble réunis pour défendre les agriculteurs.
03:27 Et par contre, on voit que le président en fait des annonces, mais qu'en fait ils ne savent pas comment les concrétiser.
03:33 Et ça explique pourquoi il y a tant de déceptions, parce que même quand il y a des promesses,
03:39 elles ne sont pas tenues par le gouvernement.
03:41 D'ailleurs, le gouvernement, dans le débat, était contre votre texte.
03:44 Le gouvernement estime que ce n'est pas à la loi de fixer les prix.
03:47 Est-ce qu'avec ces prix planchers agricoles, en fait, vous êtes en train de faire entrer l'agriculture dans une économie administrée ?
03:53 Alors, ce n'est pas ce que propose la loi.
03:55 La loi, elle propose qu'il y ait des conférences de filières.
03:57 Déjà, elle propose que ça soit fait dans des filières volontaires.
04:00 Notamment, il y a une filière qui est particulièrement favorable à ces prix, c'est la filière bovine.
04:07 Et d'ailleurs, la majorité nous l'a répondu en disant "on ne fait pas ça pour une filière".
04:10 La filière bovine, c'est 210.000 exploitants.
04:13 Donc moi, je pense que si on peut mettre des prix planchers, c'est-à-dire un filet de sécurité déterminé dans le cadre de conférences de filières,
04:19 c'est-à-dire par les agriculteurs, en fait, par ceux qui font ce travail-là eux-mêmes,
04:26 eh bien, si ça peut protéger 210.000 agriculteurs exploitants dans la filière bovine, c'est déjà un succès.
04:33 Et ça permettra dans d'autres filières, si on retrouve les mêmes problématiques,
04:36 c'est-à-dire un prix d'achat tellement bas qu'on n'arrive plus à vivre de son travail,
04:40 qu'ils puissent eux aussi, après, mettre des prix planchers.
04:42 Et avec votre texte, le gouvernement a aussi le pouvoir final de fixer un...
04:46 Bien sûr, s'il y a un désaccord.
04:47 Oui, mais là, on voit bien, c'est-à-dire que...
04:49 Mais c'est le modèle de... En fait, c'est un nickel, c'est le modèle normalement dans lequel on construit en France.
04:54 C'est-à-dire qu'on a des professionnels qui discutent entre eux, qui se mettent d'accord.
04:58 Et si vraiment, il n'y a pas d'accord, le gouvernement fixe ses prix et il ne fixe pas ses prix tout seul.
05:03 Si on prend l'exemple du lait, aujourd'hui, le Centre National Interprofessionnel de l'Économie Laitière
05:08 s'est déterminé un coût de production.
05:10 Mais est-ce qu'instaurer ces prix planchers ne va pas tout de même favoriser des produits importés qui seraient moins chers ?
05:17 Vous admettez ce risque ?
05:20 Est-ce que vous avez l'impression qu'aujourd'hui, on ne favorise pas les produits importés ?
05:23 En fait, c'est un faux débat. C'est absolument un faux débat.
05:25 Aujourd'hui, on a un modèle, notamment parce qu'on a un gouvernement qui reste très favorable aux accords de livre-échange,
05:31 qui permet d'importer des produits de moindre qualité, qui sont en concurrence avec les agriculteurs.
05:36 Nous, ce qu'on veut, justement, c'est protéger nos agriculteurs.
05:38 Et ceux qui font la marge aujourd'hui, c'est l'agro-industrie, notamment.
05:42 Et donc, juste, on impose un prix plancher pour répartir la richesse.
05:46 Il n'est pas normal que ce soit l'agro-business et l'actualisme qui fassent des profits
05:51 pendant que les exploitants laitiers n'arrivent pas à vivre de leur travail.
05:54 Mais est-ce que le risque, ce n'est pas qu'au final, le consommateur français paye plus cher dans les rayons ?
05:59 Alors ça, c'est faux aussi. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas de prix plancher.
06:02 Les agriculteurs vendent à peu près 9% moins cher leurs produits.
06:06 Mais même depuis 10 ans, le prix auquel sont achetés les produits faits par les agriculteurs baisse.
06:12 Et je pense que tout le monde l'aura constaté. Les prix dans les magasins montent.
06:15 Les prix pour nous dans les magasins montent. Les prix pour les agriculteurs baissent.
06:21 Et en fait, au milieu, qu'est-ce qui grossit ? C'est les profits, notamment de l'agro-industrie.
06:26 Donc, en fait, on voit bien que la question, c'est la répartition de cette richesse.
06:30 Alors, quelle pourrait être la suite de votre proposition de loi ?
06:32 Il pourrait être débattu au Sénat, mais la majorité de droite du Sénat est contre ces prix planchers.
06:36 Est-ce que votre texte a vraiment un avenir ?
06:39 Alors, le débat n'a pas encore eu lieu. Moi, je pense qu'on peut convaincre les sénateurs
06:43 parce que je suis sûre qu'une fois qu'ils retourneront voir les maires dans l'ensemble des communes
06:47 où il y a des agriculteurs et qu'ils vont tester la loi, peut-être qu'ils diront que ce n'est pas une si mauvaise loi
06:52 que d'aller soutenir les agriculteurs et que dans les filières qu'ils le souhaitent, on puisse mettre des prix planchers
06:57 pour rééquilibrer le rapport de force, en fait, entre les agriculteurs et notamment, bien,
07:02 Lactalis et les autres très grosses industries qui achètent leurs produits.
07:06 Et puis, ces prix planchers vont sûrement être un élément de débat autour du projet de loi d'orientation agricole
07:11 que le gouvernement a présenté cette semaine, un texte qui doit répondre à la crise du secteur
07:16 et à la colère des agriculteurs. Il facilite le renouvellement des générations
07:21 et assouplit certaines normes environnementales, mais ce texte, il ne satisfait pas complètement
07:26 les sénateurs à droite comme à gauche. Jonathan Dupriès.
07:30 Il était attendu depuis plus d'un an. Le voici enfin. Le projet de loi agricole du gouvernement
07:36 a été présenté en Conseil des ministres mercredi. Ce texte se veut le meilleur atout de l'exécutif
07:42 pour éteindre la colère des agriculteurs après des mois de crise.
07:46 Le projet de loi d'orientation, c'est d'abord un cap. Le cap, il est assez simple.
07:50 Au fond, c'est celui de la souveraineté et de la sécurité alimentaire. Favoriser l'émergence
07:54 d'une nouvelle génération d'agriculteurs. Je le dis souvent, la plupart des gens qui vont s'installer
07:58 en agriculture ne seront pas issus du monde agricole. Et puis, sécuriser et simplifier,
08:02 c'est toute l'oeuvre de simplification sur laquelle nous travaillons.
08:06 Sur le fond, de nombreuses mesures, dont certaines symboliques, comme consacrer l'agriculture,
08:10 la pêche ou l'aquaculture, d'intérêt général majeur. En outre, le texte devrait permettre
08:16 d'accélérer la construction de réserves d'eau ou de bâtiments d'élevage, mais il omet la question
08:22 de la rémunération des agriculteurs. Au Sénat, la droite juge le texte peu convaincant
08:28 de sa mouture initiale. On a finalement un texte fait de dispositions éparses.
08:33 Certaines sont certes utiles, voire nécessaires, mais en aucune façon, ce texte de loi ne porte
08:39 une vision pour notre agriculture. Pour les ONG et la gauche, vent debout
08:44 contre le projet de loi. Le gouvernement a surtout cédé aux puissants syndicats majoritaires
08:49 en allégeant les normes environnementales et les sanctions en cas d'atteinte à la nature.
08:54 J'ai cherché des éléments positifs, des choses qui pouvaient justement nous rassurer
08:59 dans ce projet de loi. Je peux dire que j'ai rien trouvé. J'ai trouvé des choses qui nous inquiètent
09:03 particulièrement, sur ce recul notamment, sur la question des produits phytosanitaires.
09:08 L'examen du texte, le 13 mai à l'Assemblée nationale et le 17 juin au Sénat, promet d'ores et déjà
09:14 une âpre bataille parlementaire. Alors, Cyril Chatelain, on l'a entendu, la gauche est vent debout
09:19 contre cette loi agricole, une loi de simplification, qui était pourtant demandée par les agriculteurs.
09:24 C'est une loi qui était attendue. Je ne sais pas si elle répondra à leurs attentes.
09:30 Il n'y a rien sur les revenus, ça a été dit. C'est pour ça que nous avons fait notre projet de loi
09:34 sur le revenu digne. Il n'y a rien sur la question du foncier, ou très peu, alors que c'est une vraie
09:39 question pour des agriculteurs. Il y a toute une partie des agriculteurs aujourd'hui qui travaillent
09:42 une terre qui ne leur appartient pas. Donc c'est une vraie incertitude pour eux.
09:46 Et enfin, pour moi, un projet de loi d'orientation, il doit permettre de se confronter aux défis à venir.
09:52 Le défi à venir aujourd'hui, c'est d'avoir une agriculture qui vit dans un monde qui se réchauffe.
09:58 Si je prends l'exemple de 2022, les productions agricoles ont baissé entre 10 et 30% selon les filières.
10:04 Donc il y a un vrai impact du réchauffement climatique. Je ne vois rien aujourd'hui dans cette tête
10:08 qui permet d'adapter l'agriculture à cet enjeu.
10:12 En tout cas, ce projet de loi assouplit certaines normes environnementales et les sanctions prévues
10:17 en cas de non-respect de ces normes. Mettre un agriculteur en garde à vue parce qu'il a coupé sa haie
10:22 de manière maladroite n'est pas la bonne réponse, a dit la ministre Agnès Pannier-Runacher.
10:26 Est-ce que vous reconnaissez que certaines normes environnementales qui s'imposent aux agriculteurs
10:32 vont à l'encontre du bon sens ?
10:34 La première chose, et surtout ce que fait Steyck, c'est qu'il facilite l'installation de méga-bassines
10:39 ou de fermes-usines. Ça veut dire qu'on va encore accélérer un modèle agricole qui va détruire
10:45 la terre même qui leur permet de vivre et qui nous permet de vivre. C'est-à-dire que les méga-bassines,
10:49 ça va épuiser l'eau et ça va la privatiser pour certains. Là, on est absolument contre.
10:54 Il faut que l'eau soit partagée. Et les fermes-usines, c'est un modèle extrêmement polluant
10:58 et extrêmement dévastateur. Donc en fait, ils font le choix d'un modèle agricole.
11:01 Ce n'est pas pour toute l'agriculture. Et sur les hèches, je vais vous répondre très précisément...
11:05 Non mais vous avez posé une question très précise sur les hèches. Je trouve que c'est un très bon exemple.
11:09 Un, je ne pense pas qu'il y ait des agriculteurs qui aient déjà été en prison pour avoir mal coupé leur haie.
11:13 En tout cas, je n'en ai pas entendu parler et j'ai des très, très, très gros doutes.
11:17 Par contre, moi, j'ai beaucoup discuté avec les agriculteurs. La question des hèches, c'est qu'ils sont d'accord
11:21 qu'il faut les préserver. Moi, je viens d'un département où les hèches ont été enlevées, la Haute-Saône.
11:24 On a vu qu'il y avait moins de rétention d'eau dans les terres, qu'il y avait un problème de biodiversité.
11:30 Donc, l'intérêt de remettre des haies, elle est partagé. La problématique qu'il y a sur les haies, c'est la manière dont c'est fait aujourd'hui.
11:36 C'est-à-dire qu'on dit aux agriculteurs, vous avez de telle date à telle date pour couper vos haies.
11:40 Ça n'a aucun sens parce qu'en fait, la réalité, notamment quand on travaille la terre, c'est qu'il y a des saisons.
11:46 Et donc, en fait, alors, il faut juste que j'explique. Je vais prendre 30 secondes parce que pourquoi est-ce qu'il faut couper les haies à certaines époques ?
11:53 C'est parce qu'en fait, les oiseaux vont faire leur nid dans ces haies. Mais sauf que les oiseaux ne font pas leur nid de la même manière en plaine ou en montagne.
11:59 Moi, j'ai vu des agriculteurs de montagne. Ils nous disent mais nous, on est d'accord de ne pas couper les haies quand les oiseaux font leur nid.
12:03 Sauf que nous, ils ne font pas leur nid en même temps. Et donc, il y a une solution très simple.
12:06 C'est qu'en fait, on a une règle globale qui s'applique par territoire. Vous mettez les agriculteurs et la LPO ensemble, ils savent exactement vous dire quand les oiseaux font leur nid.
12:14 Et donc, quand est-ce qu'il ne faut pas toucher aux haies ? C'est simple. En fait, il faut un peu de bon sens et pouvoir adapter une règle qui protège la biodiversité,
12:20 qui est dans l'intérêt des agriculteurs, aux territoires qui travaillent. Et c'est ça, aujourd'hui, que le gouvernement ne sait pas faire, s'adapter aux territoires.
12:27 Donc, vous reconnaissez que certaines normes environnementales...
12:29 Ce n'est pas les normes environnementales. Non, ce n'est pas la norme environnementale. Là, c'est vraiment la question de la protection des haies indispensables.
12:34 C'est la manière dont un gouvernement complètement centralisé qui ne sait pas s'adapter à la réalité des territoires. Je vous le dis.
12:40 Vous demandez à la LPO, aux agriculteurs qui connaissent leur territoire, quand est-ce qu'on peut couper les haies ?
12:45 Ils sauront que vous répondent que ça préserve l'environnement, ça respecte la règle, sauf qu'on arrête de penser qu'on peut tout poncer depuis Paris.
12:51 Et c'est vrai qu'on a un système hyper centralisé, pyramidal, que ce gouvernement défend, mais on a du mal à penser les territoires et la réalité de ce qui se passe sur le terrain.
13:01 Alors, ce texte facilite aussi, on en parlait, les réserves d'eau pour les exploitations agricoles.
13:06 Les mégamécines. Ce n'est pas des réserves d'eau. C'est-à-dire qu'on va capter et on va justement détruire la nymphe phréatique qui est notre réserve d'eau.
13:12 - Elizabeth Martichoux, vous préniez que la ressource en eau soit accaparée par l'agriculture ?
13:16 - Pas par l'agriculture, par certains agriculteurs. C'est-à-dire qu'on a premièrement une ressource en eau qui a déjà diminué, mais qui va continuer à diminuer.
13:23 - Par certains agriculteurs ? - Par certains agriculteurs. Parce qu'en fait, qu'est-ce que ça fait les mégamécines ?
13:27 On va les prendre dans la nappe et ceux qui sont rattachés à la mégamécine vont pouvoir l'utiliser. Mais les autres ne pourront pas.
13:35 Et c'est-à-dire plutôt que de laisser la nappe se remplir et quand on est en période de sécheresse, de dire voilà ce qu'on peut utiliser et de le répartir entre tous.
13:43 On prend l'eau avant que ça soit la sécheresse. En plus, on casse le cycle de l'eau. Donc c'est dangereux.
13:47 Et après, on dit eux, ils ont le droit et les autres, tant pis pour eux. Donc non, c'est un modèle qui est destructeur pour l'environnement et qui n'est pas juste.
13:56 - Mais ce que ce n'est pas aussi une manière de défendre notre souveraineté alimentaire, un principe qui justement est renforcé par ce texte, la souveraineté alimentaire ?
14:03 - Non. Moi, je pense que mettre à mal nos nappes phréatiques tout le cycle de l'eau, ce n'est pas renforcer notre souveraineté alimentaire.
14:09 - On a besoin de cette eau pour produire et souverain. - Oui, mais on a besoin de cette eau. Cette eau, elle est là.
14:13 La question, c'est pourquoi une eau qui est présente dans les sols, on a besoin de la privatiser dans des grandes bassines où d'ailleurs une partie va s'évaporer.
14:21 L'eau, ça s'évapore. Pourquoi est-ce qu'on a besoin de la privatiser ? Pourquoi on n'a pas besoin ? Je vais prendre un exemple.
14:26 La Californie. En Californie, ça fait très longtemps qu'ils ont une problématique d'eau parce que s'ils puissent trop dans leur nappe, c'est l'eau de la mer qui rentre.
14:33 Comment est-ce qu'ils ont géré ? Ils ont mis tout le monde autour de la table et ils se sont donné des règles collectives et ils adminissent collectivement l'euro.
14:39 Il n'y a pas de méga bassines et ça fait des années qu'ils ont réussi à protéger leurs ressources en eau. Les méga bassines, c'est une très mauvaise solution qui met en danger les agriculteurs
14:48 et globalement toutes les personnes qui ont besoin d'eau, c'est-à-dire tout le monde.
14:52 - Alors Cyrielle Chatelain, on va parler d'un sujet très concernant. Les députés écologistes que vous êtes ont porté une proposition de loi pour interdire la fabrication de certains pifas,
15:01 ces polluants qu'on appelle éternels et qui persistent longtemps dans les sols partout. Le texte a été voté mais largement modifié.
15:11 - Pas largement. - Malheureusement, mais pas largement.
15:14 - Alors on en parle avec Maïté Frémont qui nous fait un compte-rendu de séance. Regardez.
15:18 - Pour 186, l'Assemblée nationale a adopté.
15:23 - Après 6 heures de débat, le texte sur les pifas est adopté à l'unanimité. Une victoire pourtant en demi-teint pour son rapporteur.
15:32 - Je regrette néanmoins et je commence par ça. - Si on peut écouter monsieur le rapporteur.
15:38 - Et je le dis comme je le ressens, que le lobby grossier d'un industriel ait pu avoir un écho auprès de députés de la majorité de la droite et de l'extrême droite.
15:46 - Ce qui a cristallisé la discussion, l'interdiction des pifas dans les poêles tefal et autres ustensiles de cuisine.
15:54 - Seb n'est pas capable de transformer son outil de production et les autres entreprises qui produisent en France aujourd'hui des ustensiles de cuisine ne sont pas capables de modifier leur outil de production en deux ans.
16:05 - Nous sommes contre cette partie-là de l'article 1.
16:08 Faute de compromis sur une date de sortie, la majorité, alliée aux Républicains et au Rassemblement National, les ont donc totalement exclues du périmètre d'interdiction.
16:18 - Ce que vous venez de faire, c'est encore de faire gagner du temps à une industrie au détriment de la santé des Français.
16:24 Ces polluants éternels, omniprésents dans notre quotidien, seront bien interdits dans les cosmétiques, les farts utilisés pour les skis ou encore les produits textiles dès 2026.
16:36 - On ne sacrifiera pas la santé des Français pour préserver de l'emploi à condition évidemment qu'on parle de produits qui sont dangereux, sur des produits sur lesquels on n'a pas la connaissance et sur lesquels un certain nombre d'études montrent qu'ils sont probablement non dangereux.
16:50 - On a posé aujourd'hui une première pierre et je trouve qu'avec le rapporteur, on est arrivé, pas sur tout, mais à avoir un compromis acceptable.
16:59 - Autre mesure du texte, l'application du principe pollueur-payeur ou encore l'obligation de contrôler la présence de pifas dans l'eau potable sur tout le territoire.
17:10 - Voilà, alors un compromis a donc été trouvé sur ces polluants éternels, mais si certains produits contenant les pifas ont été interdits, pas les ustensiles de cuisine.
17:22 - Est-ce que pour vous c'est une victoire ? Elle n'est pas totale, mais victoire quand même ?
17:25 - Absolument, c'est une victoire. Pour la première fois, on inscrit dans la loi l'interdiction de produits contenant des polluants éternels qui augmentent les risques de cancer, d'infertilité ou pour un impact sur le développement de l'embryon.
17:37 C'est donc une immense victoire. On interdit sur des produits très concrets, les cosmétiques. C'est-à-dire qu'à partir de 2026, vous n'aurez plus à vous inquiéter quand vous mettez du maquillage, de savoir si ça contient des produits dangereux, tels comme les polluants éternels.
17:50 La deuxième chose, c'est qu'on a déjà cette interdiction. On a les tests de l'eau, c'est-à-dire qu'on va connaître le niveau de la pollution auquel nous sommes exposés, puisque ces polluants restent après dans l'eau, dans la terre.
18:01 Et enfin, le principe pollueur-payeur. Tu pollues, tu payes.
18:05 - Vous avez réussi à convaincre le gouvernement. C'était pas gagné au départ.
18:08 - On n'a pas convaincu le gouvernement, on a convaincu la majorité contre le gouvernement. C'est une victoire contre le gouvernement.
18:12 - En tout cas, la majorité présidentielle s'est opposée, a réussi à exclure du dispositif les ustensiles de cuisine qui contiennent des polluants éternels, notamment les poils à frire anti-adhésifs.
18:26 Elles figuraient dans le texte initial. Est-ce que la majorité présidentielle a cédé à certains lobbys industriels ? On a notamment entendu beaucoup dans le débat cette semaine le fabricant d'ustensiles de cuisine, Seb.
18:35 - Je n'ai pas d'autre réponse que oui, ils ont cédé. Ils ont capitulé. Quand on a un texte qui est voté à l'unanimité en commission, qui contient l'interdiction des ustensiles de cuisine et qu'on sort avec cette disposition qui est supprimée par les membres de la majorité, oui, ils ont cédé.
18:51 Surtout qu'on entend la nécessité de s'adapter. Donc au début, on voulait les interdire en 2025. Puis on a proposé 2026, c'est le texte de la commission.
18:59 On a entendu, on a reçu en tant qu'écologiste les salariés et les représentants EFAU. On s'est dit, OK, 2027, on sait qu'en trois ans, on peut changer des lignes de production.
19:09 Même ça, ça n'a pas été surprisant et ils ont supprimé. Donc en fait, ils ont juste permis à Seb et à Tefal de gagner du temps et de continuer à utiliser des produits probablement dangereux pour la santé.
19:21 Le fabricant de cuisine, Seb, met en avant les emplois qui seraient menacés, jusqu'à 3000 emplois menacés dans ses usines par certaines interdictions. Il a voulu aussi préserver l'emploi, le gouvernement ?
19:33 C'est du chantage à l'emploi. Mais c'est vraiment du chantage à l'emploi. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, Tefal sait faire des poêles sans pifasse. C'est les poêles en céramique, c'est les poêles en inox.
19:44 Ce qu'il refuse de faire, en fait, c'est d'investir dans les lignes de production pour changer de modèle. Et en fait, il sait le faire. Et moi, je pense que les compétences, elles sont là.
19:52 Et qu'après, on travaille sur ce changement de modèle, qu'on se donne un peu de temps. Je vous l'ai dit, on est prêts à donner un peu plus de temps. Qu'on travaille avec les salariés.
19:59 Mais qu'on ait une date dans trois ans pour dire qu'il n'y a plus de polluants éternels utilisés pour faire des ustensiles de cuisine avec lesquels on cuisine tous les jours.
20:09 C'était indispensable. Et nous allons continuer la bataille. En fait, on a fait une première pierre. Et ce qu'on a dit hier, c'est que le temps des polluants éternels est compté.
20:18 Et il faut que Tefal s'organise. Parce que ce qui met en péril les emplois, c'est le fait que Tefal disait dès 2010 qu'ils allaient agir sur les polluants éternels.
20:27 Et en fait, on voit bien qu'ils ont remplacé le PFOA par le PTFE et que ça continue. Donc, à un moment, il faut être clair. Et le législateur doit jouer son rôle et les interdire.
20:36 Alors, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, estime que votre texte était une loi émotionnelle et que légiférer sur ce point au niveau national, ce ne serait pas assez efficace et qu'il faut un cadre européen. Est-ce qu'il a raison sur ce point ?
20:50 Il a absolument tort. Premièrement, ce n'est pas un sujet émotionnel. C'est une crise sanitaire d'ampleur qui préoccupe l'ensemble de l'Europe.
21:00 Mais au-delà, aux Etats-Unis, on a des procès qui se comptent en milliards, vu les impacts sur la santé que ça a. Le Danemark a interdit l'épiphase dans tout ce qui va être emballage alimentaire, d'ailleurs en étant pionnier et en entraînant l'Europe.
21:12 Et je veux dire deux choses. Oui, il faut une réglementation européenne. On se bat pour ça avec les parlementaires européens écologistes. Mais ça va mettre du temps. Et nous, on pense qu'il faut l'interdire avant, parce qu'en fait, chaque année se compte en vie humaine.
21:22 Et la deuxième chose, c'est qu'en fait, si on n'est pas aussi ambitieux en France, on ne les applique pas à ces réglementations européennes sur l'eau. La France a été condamnée en octobre 2021 parce qu'elle ne respectait pas la réglementation européenne sur l'eau.
21:34 Donc en fait, la vérité, ce que faisait le gouvernement, c'était gagner du temps, parce que, vous l'avez dit, ils ont cédé au lobby. C'est un gouvernement qui capitule toujours sur l'environnement et sur la santé.
21:43 - Elizabeth Martichoux - Alors, on va terminer cette émission en évoquant ce sujet, la décision de Julien Bayou de quitter votre groupe, le groupe écologiste à l'Assemblée, ainsi que le parti Les écologistes, un parti qui souhaitait lancer une nouvelle enquête interne contre lui après la plainte de son ex-compagne pour violences psychologiques.
21:59 Est-ce que, pour vous, tout simplement, Julien Bayou a bien fait de quitter le groupe et le parti ?
22:05 - Elizabeth Martichoux - Alors, je n'ai pas de jugement à avoir sur sa décision, c'est la sienne. Je pense qu'il a pris le temps de l'élaborer. Il a décidé de démissionner, de quitter la famille écologiste. Alors, on ne peut qu'en prendre acte.
22:18 - Alors, une plainte de son ex-compagne a été déposée contre lui pour violences psychologiques. Mais Julien Bayou n'est pas mis en examen. Rien n'a été prouvé pour le moment. La présomption d'innocence, c'est un principe qui ne compte pas chez les écologistes ?
22:30 - Elizabeth Martichoux - Absolument pas. Nous avons, en tant que groupe écologiste, pris le temps d'en discuter. D'ailleurs, le groupe écologiste, il y avait une mise en retraite de Julien Bayou, mais il en était toujours membre. C'est lui qui décide de quitter le groupe et de démissionner.
22:45 Par contre, ce qui est indispensable, c'est qu'on arrête ce milieu politique où la parole des femmes ne compte jamais, où on le met sur le tapis parce que c'est trop compliqué, que ça va être trop difficile, qu'on est en campagne, que ça va entacher notre image.
23:01 On ne fait pas toujours bien, mais je pense qu'on a un certain courage de dire qu'on va faire autrement, on va prendre en compte la parole des femmes, on va les écouter, on va accepter que ça nous questionne, que ça nous percute.
23:13 Ça prend du temps de savoir comment on fait. On n'a pas encore la bonne solution. Personne ne l'a. Pour respecter cette parole des femmes, qu'elles aient une présomption de vérité et la présomption d'innocence, on le met en cause.
23:24 C'est un chemin de crête qu'on essaie de trouver. Mais je pense que la situation où on dit aux femmes que leur parole ne compte pas n'est pas tenable dans le camp.
23:32 - Elizabeth Martichoux: Est-ce que vous reconnaissez qu'il y a des tâtonnements dans ces enquêtes internes qui ne sont pas vraiment transparentes?
23:38 Si jamais il y avait un nouveau cas qui se représentait, comme celui de Julien Bayou, est-ce que le parti pourrait le régler? Pourquoi ne pas faire confiance à la justice?
23:49 - Marie Le Beau: Il y a deux choses. La première chose, je l'ai dit, je le reconnais, on tâtonne, on essaie de trouver la bonne manière de faire. Parce qu'en fait, on est un des premiers à faire.
23:58 On essaie de trouver la bonne manière. On fait du mieux qu'on peut. Pas pour le groupe. Le groupe n'a pas de cellules, n'a pas d'enquête.
24:07 On a fait un bilan de la partie auxquelles j'appartiens. Il y avait une enquête, une cellule pour la prise en compte des paroles des femmes, ou même de toute personne victime de violences au sein du parti.
24:19 On en a fait un bilan. On essaie justement de les adapter pour que ça soit plus efficace, notamment en externalisant.
24:24 C'est-à-dire en ayant un tiers qui n'est pas d'avis, qui ne soit pas pris en compte, et qui soit donc plus neutre et plus objectif. Donc on essaie de s'améliorer.
24:30 - Elizabeth Martichoux: La première enquête de votre cellule contre Julien Bayou n'a pas du tout fonctionné.
24:34 - Julien Bayou, la cellule du parti. - Oui, la cellule du parti.
24:37 - Oui, globalement, en tout cas, vu la réaction de tout le monde et de la femme qui parlait, et de Julien Bayou, on ne peut pas dire que ça avait fonctionné.
24:48 - Donc vous pensez que la nouvelle enquête interne qui aurait été lancée contre Julien Bayou, avec selon lui un mail envoyé à tous les militants du parti,
24:56 et les militantes notamment, pour savoir s'il avait eu des comportements déplacés d'élections, vous pensez que ça aurait fonctionné ?
25:02 D'ailleurs, Julien Bayou parle de harcèlement, de dénonciation calomnieuse.
25:05 - On verra. Ça vient d'être lancé. Vraiment, ce que je veux dire, c'est qu'on est... Et c'est pour ça qu'en tout cas, au Sankoub, on le fait très prudemment.
25:16 C'est-à-dire qu'on est sur des sujets... Non, mais en fait, on est sur des sujets humains extrêmement forts, c'est-à-dire pour l'ex-compagne de Julien Bayou, pour Julien Bayou,
25:23 c'est pour le groupe, pour des gens qu'on militait, et donc, en tout cas, on essaie de le faire prudemment.
25:28 Et je vous l'ai dit, c'est... Voilà. On essaye de faire les choses au mieux, on n'y arrive pas toujours.
25:33 - Eh bien, merci, Cyrielle Chaslin, d'avoir été l'invitée de Parlement Hebdo cette semaine.
25:37 - Et on se retrouve la semaine prochaine pour suivre l'étampfort de l'actualité du Parlement.
25:41 (Générique)

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