• il y a 7 mois
Grand témoin : Charlotte Lemay, mannequin, influenceuse et co-autrice de « Influenceur.se engagé.e » (Jouvence)

GRAND DÉBAT / Haine sur les réseaux : comment protéger les ados ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Mardi 2 avril 2024, une collégienne de 13 ans, Samara, était passée à tabac par d'autres jeunes à la sortie du collège Arthur-Rimbaud, à Montpellier. Si le mobile de l'agression est encore flou, l'implication des réseaux sociaux semble incontestable. Un appel au lynchage aurait été lancé en ligne quelques jours avant le drame, après la publication de la photo d'un garçon sur un faux compte Snapchat qui aurait usurpé l'identité de Samara. La mère de la victime a également expliqué que sa fille était la cible de messages haineux depuis un an et demi. Dans le même temps, l'adolescent de 15 ans qui avait été roué de coups à Viry-Châtillon, à la sortie de son collège, est décédé le vendredi 5 avril. Alors que les législations visant le cyberharcèlement ont été renforcées dernièrement, quels moyens supplémentaires faut-il allouer à la lutte contre les violences scolaires ?

Invités :
- Fanta Berete, députée Renaissance de Paris
- Yasmine Buono, fondatrice de « Net Respect », spécialiste de l'éducation numérique et du cyberharcèlement
- Justine Atlan, Directrice générale de l'Association e-Enfance
- Maître Alexandre Archambault, avocat spécialiste du numérique

GRAND ENTRETIEN / Charlotte Lemay : ambassadrice verte ?

Alertée par les conséquences importantes de son métier de mannequin sur l'environnement et à la suite d'un burnout, Charlotte Lemay décide de transformer son activité et se lance dans un mode de vie plus écologique qu'elle partage sur les réseaux. Avec aujourd'hui près de 230 000 abonnés sur Instagram, elle décide d'écrire un livre avec sa soeur qu'elle résume elle-même comme étant un « outil » pour toutes celles et ceux qui veulent utiliser leur activité d'influenceur.se pour « avoir un impact positif sur l'environnement et adopter un mode de vie plus responsable ». Comment choisir les bons partenariats ? À quelle fréquence faut-il poster ? Autant de questions qu'elle se pose dans son livre. Mais suffit-il de prôner un style de vie plus écologique sur les réseaux pour combattre le réchauffement climatique ?

Grand témoin : Charlotte Lemay, mannequin, influenceuse et co-autrice de « Influenceur.se engagé.e » (Jouvence)

LES AFFRANCHIS

Bertrand Périer, avocat
Mariette Darrigrand, sémiologue
« Action planète » : Léa Falco, co-fondatrice de « Construire l'écologie »

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:05 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:09 Ce soir, les influenceurs peuvent-ils être vertueux ?
00:13 Bonsoir Charlotte Lemay.
00:14 Bonsoir.
00:14 Et merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:16 Vous êtes mannequin et influenceuse engagée pour la planète.
00:20 230 000 followers sur votre compte Instagram et avec votre sœur Camille,
00:25 vous venez de publier ce petit guide pour transformer la profession,
00:28 la rendre plus éco-responsable,
00:30 vœu pieux au début de nouvelles tendances, vous nous le direz.
00:33 L'Assemblée a dû légiférer contre les dérives.
00:36 Vous nous direz comment mettre un petit peu de sens dans ce monde de l'influence,
00:40 si décriée tout à l'heure dans la deuxième partie.
00:43 Dans notre grand débat ce soir,
00:46 les ados face à la haine en ligne après l'agression de la jeune Samara
00:50 à la sortie de son collège à Montpellier.
00:52 Le harcèlement sur les réseaux sociaux revient tragiquement sur le devant de la scène.
00:56 Un faux compte Snapchat serait à l'origine du lynchage.
01:00 Des voix s'élèvent pour tout simplement rationner l'accès à l'Internet.
01:06 Alors faut-il en passer par là ?
01:08 Pourquoi les lois ne suffisent pas ?
01:10 Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:13 Enfin, nos affranchis ce soir,
01:14 le billet d'humeur de l'avocat Bertrand Perrier,
01:17 le mot de la semaine de Mariette Darré-Grand
01:20 et Action Planète comme tous les vendredis avec Léa Falco.
01:24 Voilà pour le sommet.
01:25 On y va, Charlotte Lemay, ça vous regarde, générique.
01:28 [Générique]
01:39 Nous sommes dans une société de plus en plus violente,
01:43 une violence désinhibée chez les adolescents.
01:46 Emmanuel Macron a mis des mots ce matin.
01:49 Alors sans commenter directement l'affaire du lynchage de Samara,
01:54 de 13 ans, ni même celle de Vieri-Châtillon,
01:57 où un jeune de 15 ans a été tabassé devant son collège.
02:00 Il est mort, on l'a appris à la mi-journée.
02:03 Un déchaînement de violence qui passe par les écrans,
02:06 a encore insisté le chef de l'Etat,
02:08 et une nouvelle fois les réseaux sociaux ont joué un rôle terrifiant.
02:12 Alors pourquoi on n'y arrive pas ?
02:14 A en finir avec ce fléau du cyberharcèlement,
02:16 il faut-il en passer par des solutions plus radicales ?
02:19 Bonsoir, Fanta Berreté.
02:20 - Bonsoir.
02:21 - Merci d'être avec nous ce soir.
02:22 Vous êtes députée Renaissance de Paris.
02:25 Vous débattez ce soir avec Yasmine Buono.
02:28 Bonsoir.
02:28 - Bonsoir.
02:29 - Bienvenue à vous.
02:29 Vous êtes la fondatrice de NetRespect,
02:31 spécialiste de l'éducation numérique et du cyberharcèlement.
02:35 Bonsoir, Justine Atelan.
02:36 - Bonsoir.
02:37 - Bienvenue sur ce plateau.
02:38 Vous êtes la directrice générale de l'association e-Enfance,
02:41 le 30-18, on le répète,
02:44 et vous nous direz ce que vous recevez régulièrement comme appel.
02:47 Enfin, bonsoir, Maître Alexandre Archambault.
02:49 - Bonsoir.
02:49 - Bienvenue à vous.
02:50 Vous êtes avocat spécialiste du numérique, Charlotte Lemesche.
02:53 Je suis sûre qu'il vous intéresse, ce sujet,
02:55 donc n'hésitez pas à intervenir ou même à interroger nos invités,
02:59 si vous le souhaitez.
03:00 On va commencer par planter le décor, les réseaux sociaux,
03:02 la spirale de la violence.
03:04 Tout de suite, le récap de Bruno Donnet.
03:06 - Bonsoir, mon cher Bruno.
03:18 - Bonsoir, Myriam.
03:18 Bonsoir à tous.
03:19 Dans votre récap ce soir,
03:20 violence à l'école et harcèlement en ligne.
03:24 - Et la violence dont je vous parle plus particulièrement ce soir,
03:26 Myriam, c'est celle qu'a subie la jeune Samara,
03:29 13 ans, victime d'un véritable lynchage,
03:31 ce mardi, à la sortie de son collège.
03:34 - Elle a été frappée par deux garçons qui sont arrivés,
03:37 qui lui ont mis des coups à la tête et des coups de poing et des coups de pied.
03:41 Son crâne, il a tapé le sol contre le béton.
03:44 Il y avait du sang partout par terre.
03:46 - Roué de coups, l'adolescente a été plongée dans le coma
03:49 et conduite en urgence absolue à l'hôpital de Montpellier.
03:52 Alors pourquoi ?
03:54 Pourquoi cette jeune fille a-t-elle été victime
03:57 d'un pareil flot de déchaînements ?
04:00 - Les gens, ils ont une haine contre elle.
04:02 Ça l'insulte, ça lui dit "on va t'attraper, on va te taper".
04:06 - D'après ses camarades, Samara était donc victime de harcèlement,
04:10 dans son collège, un peu, mais surtout en ligne,
04:13 comme sa grand-mère s'en est émue.
04:15 - Ils ont tapé la tête par terre,
04:18 comme on voit sur les réseaux sociaux.
04:19 Il ne faut pas que vous trouviez ça normal.
04:22 - Réseau social, le mot est lâché,
04:25 car c'est d'abord numériquement
04:27 que le harcèlement de cette adolescente est né.
04:29 Après ce fait d'hiver tragique,
04:32 la famille de Samara et une partie de la presse
04:34 ont tenté de chercher des responsables
04:36 dans un endroit extrêmement précis.
04:38 - L'établissement, il la protège ou pas assez ?
04:41 - Hier, ils ne l'ont pas protégée suffisamment.
04:45 Ils ont cherché des responsabilités du côté de l'école.
04:48 - D'après le sommet de l'Etat, Bruno,
04:51 c'est un peu court, car l'école, elle aussi, est une victime.
04:54 - Oui, une victime de la haine en ligne.
04:57 C'est en tout cas ce qu'a déclaré Emmanuel Macron ce midi.
05:00 - Il y a tout ce qui se passe en dehors de l'école,
05:02 ce qui se passe derrière les écrans.
05:04 Comme vous le savez, il y a beaucoup de violence
05:06 qui passe par les écrans, par les réseaux sociaux.
05:08 - Pour mieux comprendre l'ampleur de ce phénomène,
05:11 je suis allé chercher quelques chiffres.
05:13 Aujourd'hui, 78% des Français possèdent au moins un compte
05:17 sur un réseau social.
05:18 Ça représente plus de 50 millions de personnes
05:21 qui y passent en moyenne une heure et 48 minutes tous les jours.
05:25 Mais comme l'a rappelé le président de la République,
05:27 toutes ces plateformes ont, en matière de lutte
05:30 contre le harcèlement, des obligations.
05:33 - Il y a un signalement, il faut pouvoir retirer les contenus,
05:35 protéger nos enfants et écarter des réseaux sociaux
05:39 pour une durée courte puis une durée longue, si récidive,
05:42 les harceleurs en ligne.
05:43 - Tous les réseaux sociaux ont des obligations
05:45 en matière de modération.
05:47 Seulement voilà, il y a un os.
05:49 Car regardez un peu combien de personnes
05:51 sont concrètement affectées à cette tâche.
05:54 Chez TikTok, on dénombre un modérateur
05:56 pour 22 000 utilisateurs.
05:58 Sur X, c'est un pour 120 000.
06:01 Pour Facebook et Instagram, un pour 240 000.
06:04 Et du côté de Snapchat, c'est le réseau sur lequel
06:06 Samara aurait été harcelée.
06:08 On compte, tenez-vous bien, un modérateur
06:10 pour 340 000 utilisateurs.
06:13 Oui, oui, une personne est donc censée pouvoir
06:15 en surveiller 340 000 autres.
06:18 Alors théoriquement, la loi sur la manipulation
06:21 de l'information, elle date de 2018, permet d'infliger
06:24 des amendes, voire même d'interdire une plateforme,
06:27 et ça dans toute l'Union européenne,
06:29 en cas de manquement grave à ces obligations.
06:32 Seulement voilà, pour l'heure, aucun réseau
06:34 n'a jamais été sanctionné.
06:36 Où l'on comprend, Myriam, que modérer
06:38 les modérateurs défaillants reste une préoccupation,
06:41 somme toute, modérément urgente.
06:43 - Merci. Merci beaucoup, Bruno Denet.
06:45 On ne va pas rentrer dans le détail de ces deux affaires
06:47 parce que les enquêtes sont en cours,
06:50 mais on est quand même sous le choc ce soir,
06:51 Fanta Bereté.
06:53 Comment vous expliquez ce qui se passe ?
06:54 On entend tout.
06:56 Un affaissement moral de l'autorité,
06:59 une responsabilité absente des parents,
07:03 un déchaînement de violence désinhibée
07:05 chez les adolescents.
07:07 Est-ce que vous êtes sous le choc ?
07:09 Est-ce que vous êtes surprise
07:10 par ce qui se passe dans votre pays ?
07:12 - Non, je ne suis pas surprise.
07:14 Maintenant, comme tout le monde,
07:15 je vois ce fléau.
07:17 Pour moi, c'est véritablement un fléau.
07:19 Il y a un enjeu qui est national là-dessus.
07:21 Moi, j'ai une réaction avant tout de parent,
07:24 pas de député, c'est-à-dire que je suis
07:25 fortement attristée.
07:27 Et à chaque fois que je tourne
07:29 ou que je découvre une affaire,
07:30 en fait, vraiment, je me dis
07:31 qu'est-ce que nous pouvons faire en plus
07:33 en tant que législateur ?
07:34 Mais je crois aussi qu'il y a la question
07:36 de notre société dans sa globalité.
07:38 - Des jeunes qui tabassent à mort.
07:40 - Exactement. Moi, je me pose la question
07:42 de quel est le coût de la vie
07:43 pour ces jeunes.
07:44 Moi, j'avais eu cette affaire à Beaugrenal,
07:47 dans ma circonscription,
07:49 où un jeune avait été tabassé
07:50 et laissé pour mort.
07:51 Donc, on avait tous été émus.
07:53 Et là, il faut faire face.
07:55 Donc, en fait, il y a le travail,
07:56 effectivement, de la police,
07:57 et vous l'avez mentionné,
07:59 mais il y a également aussi
08:00 notre fonction de parents.
08:01 Alors, c'est vrai que certains s'insurgent
08:03 quand on parle de relations aux écrans,
08:05 que l'État doit rentrer pour réguler,
08:09 mais je crois qu'on a une responsabilité
08:12 collective et qu'effectivement,
08:13 notamment, on a lancé le label
08:15 "parents numériques" il y a quelques jours,
08:17 afin d'aider les parents, de les accompagner.
08:19 Parce que c'est pas simple,
08:20 c'est pas simple, en fait, de pouvoir suivre
08:22 tout ce qui se passe sur les réseaux.
08:23 Vous l'avez vu, il y a très peu de modérateurs.
08:25 Vos enfants sont dans leur chambre,
08:27 vos enfants sont face à un outil
08:29 et face à des gens qui les mettent en danger.
08:31 Donc, il faut que les parents
08:32 puissent avoir des lieux pour discuter,
08:34 mais également savoir, pas à pas,
08:36 comment, un, ils peuvent protéger
08:38 en réglant les outils de leurs enfants,
08:40 en tout cas pour les plus jeunes,
08:41 deux, comment ils peuvent suivre
08:43 l'activité de leurs enfants en ligne
08:46 et surtout, qu'ils n'hésitent pas,
08:48 mais elle en parlera mieux que moi,
08:50 à formuler des signalements,
08:51 parce que c'est ça, la force,
08:53 et c'est comme ça qu'on peut arriver...
08:54 -Donc, les parents doivent reprendre le contrôle.
08:55 -Je pense que vraiment,
08:57 le parent a un rôle véritablement central.
09:00 -Oui, crime barbare, ce soir,
09:02 ce sont les mots de l'exécutif.
09:04 Justine Sultan, on ne rentre pas dans les affaires,
09:06 mais il y a quand même ce choc,
09:07 est-ce qu'on franchit un cap ?
09:08 Est-ce que vous êtes surprise ?
09:10 -Non, malheureusement, non.
09:12 Je pense qu'on ne l'est pas,
09:13 d'ailleurs, je ne vais pas parler à la place des autres,
09:15 mais je crains qu'on ne le soit pas.
09:17 Pour autant, ça reste évidemment extrêmement choquant.
09:20 Je pense qu'on se rend compte que les réseaux sociaux,
09:23 qui étaient vecteurs, soi-disant, de progrès,
09:25 le sont de moins en moins,
09:27 voire même sont vecteurs de régression,
09:28 finalement, à l'échelle de l'humanité,
09:31 parce qu'en réalité, la violence,
09:32 elle est intrinsèque chez l'être humain.
09:34 On a construit justement la loi,
09:35 on a construit les sociétés...
09:37 -Pour vous, cette ultra-violence,
09:38 chez des jeunes, de plus en plus jeunes,
09:41 13 ans, collégiens,
09:42 elle est nourrie d'abord et surtout par les réseaux sociaux ?
09:46 -Non, elle n'est pas nourrie d'abord et surtout par les réseaux sociaux.
09:47 Les réseaux sociaux révèlent aussi beaucoup de nos défaillances,
09:50 des défaillances de nos sociétés.
09:51 Bien sûr, ils les réactivent, ils les amplifient,
09:54 mais ils révèlent aussi des manquements,
09:55 des défaillances qu'on a eues pendant de nombreuses années
09:57 avant qu'ils arrivent,
09:58 et effectivement, ils amplifient les conséquences de ça.
10:01 On peut les accabler,
10:03 et il y a de multiples raisons de le faire,
10:05 mais si on ne se contente uniquement de les accabler,
10:07 on ne se remet pas en cause, on ne se questionne pas,
10:09 et on ne va pas aider nos jeunes, effectivement,
10:12 à avoir un regard davantage critique
10:14 sur ce qu'ils voient sur les réseaux sociaux
10:16 et sur, effectivement, la capacité de reproduction ou pas
10:18 et les enjeux de l'adolescence,
10:19 qui sont au croisement de toutes ces affaires, finalement.
10:22 -Oui, il y a des appels au lynchage sur Internet,
10:26 il y a aussi des usurpations d'identité,
10:28 il faut rester prudent parce qu'on ne connaît pas les faits,
10:31 mais ce sont des problématiques que vous traitez au 30-18 ?
10:34 -Bien sûr, bien sûr.
10:35 Les appels au lynchage, à nouveau, ce n'est pas nouveau.
10:39 -Ce n'est pas nouveau parce que c'est mauvais, franchement.
10:43 -Il faut savoir qu'il y a une des premières infractions
10:45 qui a été créée spécifiquement pour Internet,
10:47 qui a quasiment une vingtaine d'années,
10:49 c'est le "happy slapping", c'est très vieux,
10:51 et le "happy slapping", c'est quoi ?
10:52 C'est justement créer exprès une agression,
10:56 l'organiser pour qu'elle soit enregistrée, filmée
11:00 et diffusée sur les réseaux sociaux.
11:01 C'est la première infraction qui a été créée
11:03 vraiment spécifiquement pour Internet,
11:05 encore une fois, il y a 15 ou 20 ans.
11:07 Donc, ce n'est pas nouveau du tout.
11:08 Alors, effectivement, on s'accroche à nouveau
11:10 sur la spécificité des réseaux sociaux,
11:11 qui est de communiquer, de se donner une réputation
11:14 et de la visibilité à travers de contenus,
11:16 et ceux dont c'est le professionnel le savent,
11:19 d'un côté positif, évidemment.
11:20 Donc, tout ça pour dire que ce n'est pas nouveau,
11:21 que ça repose à nouveau sur des comportements humains
11:24 qui vont être activés,
11:25 sur lesquels les réseaux sociaux vont appuyer,
11:26 si on se souvient pourquoi ils ont été créés.
11:28 Ils connaissent mieux que personne
11:30 le fonctionnement de l'humain et de sa psychologie.
11:32 Donc, oui, on a malheureusement des signalements
11:34 de cette nature depuis des années.
11:35 Alors, il y a des phénomènes "de mode"
11:38 avec tous les guillemets qu'on peut mettre.
11:39 Donc, de la même façon qu'il y a des challenges,
11:41 des défis, des choses comme ça,
11:42 il y a des vagues, où tout d'un coup, ça revient.
11:44 Ça revient, effectivement, puis ça se calme,
11:46 puis ça recommence.
11:47 Les usurpations d'identité,
11:48 c'est extrêmement répandu sur les réseaux sociaux
11:50 et à nouveau, je pense que les professionnels,
11:52 les influenceurs le suivissent énormément.
11:54 - Avec des oreilles de lapin, un filtre qui serait...
11:56 On ne sait pas, mais en tout cas,
11:58 certains éléments concordent à montrer...
12:00 - Ça, c'est vrai que les usurpations d'identité
12:02 sont très mal traitées par les réseaux sociaux.
12:04 C'est vraiment un phénomène qui traite très peu
12:06 et ça montre bien que ce n'est pas mineur
12:09 et qu'effectivement, ça peut avoir des effets dramatiques
12:11 sur les victimes d'usurpations d'identité.
12:12 - Yasmine Mouhenho, pour vous, le continuum,
12:15 l'ultra-violence, désinhibé,
12:17 dit le chef de l'Etat sur les réseaux sociaux.
12:20 Certains parlent d'un sentiment d'impunité,
12:22 pas forcément d'ailleurs quand on est anonyme,
12:26 mais c'est le sentiment qu'on a quand on est sur ces réseaux.
12:28 Il y a un continuum évident pour vous
12:30 avec le passage à l'acte dans la réalité ?
12:32 - Oui, mais là où je voudrais quand même apporter
12:35 un point important, c'est comprendre qu'aujourd'hui,
12:40 tout ce qui se passe sur les réseaux,
12:41 tout ce qu'il y a en ligne, et pour nos jeunes,
12:43 ça a une véritable influence.
12:45 Donc ça peut aussi en créer des comportements.
12:48 Ce que l'on vient de voir avec Samara,
12:50 et même avec ce jeune homme, c'est-à-dire la question des RICS.
12:54 Ce qu'il faut comprendre aujourd'hui,
12:56 c'est que nous avons des jeunes qui raisonnent
12:58 par le fait qu'ils se font justice et ils rendent la justice.
13:03 Et donc, ce sont leurs codes.
13:06 - Mais c'est qui, "ils", "ce sont leurs codes", "RICS" ?
13:10 - Mais ce sont toutes les jeunes générations
13:12 qui ont, sur le terrain,
13:14 on est de plus en plus interpellés
13:17 par des problèmes de RICS dès les classes de sixième,
13:21 voire même CM1, CM2.
13:23 Et on s'aperçoit que lorsque vous traitez
13:27 la question du cyberharcèlement avec les élèves,
13:30 ce que je fais depuis 15 ans,
13:32 je la traite pas uniquement de la position du harcelé.
13:36 Il faut également voir la position du harceleur et des témoins.
13:40 Et là, vous avez vraiment toute l'histoire.
13:43 Et donc, souvent, il apparaît que c'est une question de justice.
13:47 - Quand on parle d'adolescent,
13:48 parce que c'est quand même un âge important de transition,
13:51 où l'image compte énormément,
13:53 c'est pas à vous que je vais l'apprendre, Charlotte Lemay,
13:56 c'est quoi ? On est plus facilement heurtés
13:59 pour justifier rien n'est absolument excusable.
14:04 On essaye de comprendre comment la violence surgit à ce point-là.
14:07 Cet âge-là si particulier,
14:10 c'est très différent, les réseaux, pour eux ?
14:13 - C'est surtout les algorithmes
14:15 qui sont différents entre le monde des adultes et le monde des enfants.
14:18 À quoi sont soumis nos enfants ?
14:20 La question est là, à quoi ils sont soumis ?
14:22 Sur les contenus préjudiciables, depuis quelques temps,
14:24 depuis la rentrée, par exemple,
14:26 nous avons énormément de contenus liés à de la torture humaine.
14:29 Et les enfants sont soumis à ce type de contenu.
14:33 Qu'est-ce que ça fait chez eux ?
14:34 Là, c'est ce que je viens de traiter avec des établissements scolaires.
14:37 On s'aperçoit que chez les jeunes,
14:38 quand ils ont seulement 11 ans,
14:40 eh bien, on leur fait véhiculer l'idée
14:43 que tu dois défendre ton territoire.
14:46 Je fais référence à ces vidéos sur Cartel Mexico.
14:49 Eh bien, c'est la défense de son territoire.
14:53 - Donc c'est les contenus qui pervertissent les jeunesses ?
14:55 - Oui, ont un véritable impact.
14:58 - Alexandre Archambault, pardonnez-moi,
15:00 qu'est-ce qu'on observe sur les plateformes ?
15:02 Parce qu'il y a quoi ?
15:04 Il y a une auto-excitation ?
15:06 Il y a un entraînement des ados entre eux ?
15:10 - J'ai envie de dire que quelque part,
15:12 ce qui nous explose à la figure
15:14 et ce qui est particulièrement choquant,
15:16 c'est la faillite des politiques publiques
15:18 depuis ces 20 dernières années.
15:19 La répression est nécessaire, oui,
15:21 mais la répression sans la prévention n'est rien.
15:24 Et on voit que la prévention et l'éducation
15:26 ont été l'angle mort de toutes les politiques publiques
15:29 jusqu'à encore très récemment.
15:31 Et on paye...
15:32 On arrive maintenant dans la troisième décennie
15:34 où on a considéré que oui,
15:36 mais c'était une petite blague de cours de récré.
15:38 Or, ce que le monde de l'enfance,
15:40 ce que les psychiatres, les neurologues
15:42 ont très bien documenté,
15:44 c'est qu'à l'enfance, vous êtes à un âge
15:46 où les images vous façonnent.
15:48 - Difficile de redescendre quelque part, émotionnellement.
15:51 - Où, effectivement, les images vont surexciter vos émotions.
15:54 Et la jeunesse, c'est l'âge de l'émotion par excellence.
15:57 C'est l'âge sur lequel on part au quart de tour.
15:59 Des auteurs disaient qu'on n'était pas très sérieux
16:01 quand on avait 17 ans.
16:02 Oui, quand c'était dans la littérature,
16:04 ça pouvait faire sourire,
16:05 mais on peut voir que ces dernières semaines,
16:07 les choses en France sont terribles.
16:09 Et quelque part, ça fait 20 ans que nous autres professionnels
16:12 nous allâtons les pouvoirs publics en disant
16:14 "Oui, attention, un angle purement répressif est inefficace".
16:17 - C'est sûr que dans les jours qui viennent,
16:19 on va entendre parler "justice des mineurs".
16:21 - Et surtout, c'est obligé que les plateformes
16:23 sont localisées partout, sauf en France.
16:25 Et que donc, une approche purement nationale
16:28 est vouée à l'échec.
16:29 Ça serait le coter sur une jambe de bois.
16:31 - Il y a des choses qui sont faites au niveau européen.
16:33 Il y a eu beaucoup de lois ici, à l'Assemblée nationale.
16:36 On va y revenir, on a des outils, mais ça marche pas.
16:38 Mais d'abord, reportage de Maïté Freynemont et d'Ivana Navion.
16:42 Elles sont allées ce matin devant un collège des Hauts-de-Seine.
16:46 Jusqu'où sont-ils accros, nos ados ?
16:49 Vous allez le voir, certains ne sont pas contre certaines restrictions.
16:52 Regardez.
16:53 - Aujourd'hui, t'as utilisé combien de temps ?
17:01 - Une heure TikTok, 30 minutes Snap, et voilà.
17:06 - Donc, dès que tu te réveilles, tu vas sur les réseaux ?
17:08 - Oui, si j'ai le temps.
17:10 - Mardi, combien de temps ?
17:11 - J'étais à 11 heures au total, sur partout.
17:14 J'étais à 6 heures sur Snapchat.
17:16 Snapchat, TikTok, Instagram, ces réseaux sociaux
17:19 sont devenus, pour ces collégiens de 13 ans,
17:22 indispensables à leur quotidien.
17:24 - Si on n'a pas nos téléphones, on va pas être bien.
17:26 - On va pas être bien, on va s'ennuyer, en fait.
17:28 - Ça nous sert à communiquer.
17:30 - Snapchat, c'est pour communiquer.
17:33 Insta, TikTok, tout ça, c'est pour regarder les vidéos.
17:36 - Des plateformes où l'on communique par messages et photos éphémères,
17:40 qui donnent l'illusion d'être plus libres dans les échanges, et pourtant.
17:44 - Beaucoup de divulgations interdites.
17:47 Il y a beaucoup de gens qui prennent en photo sans notre autorisation.
17:50 - Il y a déjà des gens qui ont essayé de me contacter en me menaçant,
17:52 mais j'ai jamais eu peur.
17:53 - Ça peut paraître pas très effrayant comme ça,
17:56 mais c'est très dangereux.
17:57 - En fait, il faut arrêter parce que c'est grave,
17:59 mais malheureusement, c'est quelque chose qui va pas s'arrêter.
18:01 Les gens, ils continuent, ils continuent, ils arrêtent pas.
18:03 - Des ados dépendants, mais un minimum informés.
18:07 - Moi, pour pas qu'il y ait des choses dangereuses, je supprime des gens
18:10 parce qu'il faut pas que j'aille beaucoup d'amis sur Snapchat.
18:12 - Moi, je mets mon compte en privé.
18:13 - Oui, voilà. Moi aussi.
18:15 - On a beaucoup d'interventions, la police municipale,
18:18 les profs ou des intervenants de la mairie
18:20 qui viennent nous former, on va dire, sur comment réagir si on se fait harceler.
18:24 - Alors comment on fait pour limiter le temps des...
18:28 - Par exemple, un contrôle parental.
18:30 - Interdire les réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, 16 ans.
18:34 - 14 ans.
18:35 - Ouais, pour moi, 14 ans, c'est mieux pour moi.
18:37 - À 13 ans, ils sont encore nombreux à attendre les consignes des adultes.
18:42 - Il est important, ce reportage, parce qu'ils veulent que ce soit interdit, finalement.
18:47 C'est la question, c'est l'âge, mais ça veut dire que c'est notre responsabilité.
18:51 Il y a eu beaucoup de lois.
18:52 On a éloigné le harceleur depuis la rentrée de septembre.
18:56 On a demandé aux plateformes, au niveau européen, de réguler, de modérer la haine en ligne,
19:01 jusqu'à taper au porte-monnaie, jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires.
19:05 Il y a quand même beaucoup de choses qui ont été faites, les signalements à Pharos.
19:09 Et vous avez un spécialiste, Maître Archambault, qui vous dit
19:12 "En fait, ça peut pas marcher, parce que ces politiques publiques,
19:15 "on les prend pas à la racine, au fond, elles ne font qu'échouer."
19:18 Et cet horrible fait d'hiver, voilà, nous le rappelle.
19:22 -Au vu des événements, en plus, qui viennent de se passer là, aujourd'hui,
19:28 je ne vais pas vous dire que ça fonctionne bien.
19:32 Par contre, depuis sept ans, j'ai envie de vous dire qu'on fait des choses.
19:36 Est-ce qu'on doit accélérer ? Oui. Après, il y a des vraies questions.
19:39 Par exemple, c'est la question de l'anonymat, sur laquelle on avait travaillé,
19:42 avec le député notamment Paul Midi,
19:44 où les spécialistes se déchirent sur cette question.
19:47 Moi, en tant que parent, j'ai un avis sur cette question.
19:49 Certainement, autour de ce plateau, vous avez un avis.
19:51 Mais on doit faire la loi pour tous.
19:53 Et donc, la question, elle est là. C'est comment on tombe d'accord ?
19:56 -Aujourd'hui, le contrôle parental, c'est chaque parent.
19:58 -C'est chaque parent. -Chacun fait en fonction de son éducation.
20:01 -Aujourd'hui, on a voté une loi, quand vous achetez un smartphone,
20:04 donc il est pré-réglé pour faire en sorte que le parent puisse régler
20:08 un certain nombre de choses. Ça, on l'a fait, on l'a voté, et c'est le cas.
20:11 Maintenant, il faut que les parents le fassent.
20:13 Évidemment, on ne peut pas s'immiscer dans la vie et dans le salon
20:16 de chacun des parents. -Comment on fait ? Des campagnes ?
20:19 -Il y a les campagnes d'information, beaucoup de campagnes.
20:22 Je suis le comte de Y en France, parce que ma fille est grande,
20:25 mais j'ai des neveux, et je pense que nous devons dresser
20:28 une armée pour protéger ces enfants.
20:30 Il s'agit des enfants de la République.
20:32 Donc, moi, la question concernant, justement, la restriction
20:36 sur les réseaux sociaux, en toute sincérité,
20:38 moi, je suis, en tant que parent, d'accord.
20:41 Parce que certains pays ont des avancées.
20:43 Ici, en France, on dit qu'on est le pays des libertés,
20:46 mais quand on va frapper à votre porte pour dire que votre enfant
20:49 a été mal mené à l'école, que ça fait six mois qu'il a harcelé,
20:52 qu'il ne mange plus, qu'il supporte l'insupportable,
20:55 comment on répond à ces parents ?
20:57 -Vous êtes députée Renaissance, c'est une socialiste
21:00 qui a jeté ce pavé dans la mare.
21:02 Elle s'appelle Najat Vallaud-Belkacem,
21:04 "Tribune dans le Figaro". Reprenons le contrôle,
21:06 libérons-nous des écrans, rationnons Internet.
21:09 Si tout ce qu'on fait n'a pas de résultat,
21:12 nous faisons 3 Go par semaine et par personne.
21:16 Aujourd'hui, on est 10 fois plus.
21:18 Est-ce que ce n'est pas ça, la solution ?
21:20 Il faut rationner, limiter, voire supprimer.
21:23 -Elle a dit elle-même qu'elle disait jusqu'à 3 Go
21:26 et qu'elle n'était pas sur cette quantité-là.
21:28 Elle est plus nuancée que ça, Najat Vallaud-Belkacem.
21:31 -Elle lance un grand débat de société.
21:33 -Elle en profite pour mettre un peu...
21:35 C'est un débat qui est déjà assez partagé
21:37 sur cette question du temps d'écran
21:39 et qui ne concerne pas que les enfants,
21:41 mais qui est un débat qu'on vit tous au quotidien,
21:44 en tant qu'humains, que les plateformes manipulent.
21:47 C'est ce mot qu'il faut qu'on parle,
21:49 qui manipule nos cerveaux et nos émotions
21:51 pour qu'on reste le plus longtemps possible.
21:53 On est chez les acteurs économiques qui gagnent de l'argent
21:56 grâce à nos temps de cerveau disponibles.
21:58 On ne quitte pas. Il faut avoir conscience de ça.
22:01 On ne pourra rien faire si eux ne participent pas.
22:04 On essaie de construire un cadre, des règles, une digue,
22:08 avec de la régulation, en en demandant beaucoup aux parents.
22:11 On leur demande depuis des années de faire plein de choses.
22:14 Mais s'il y a des acteurs, je veux employer un mot excessif,
22:17 qui sont un peu des dealers de drogue,
22:19 qui passent leur temps à attirer les enfants sur leur plateforme
22:22 en leur demandant de ne pas donner leur âge,
22:24 "je te prends quand même", "ça fait longtemps que t'es pas venue",
22:28 "dis-moi, tu dors là", c'est un peu ça qu'on vit tous
22:31 et que nos enfants vivent.
22:33 Si eux ne font pas un effort là-dessus,
22:35 les parents ne peuvent pas tout seuls gérer cette relation aux écrans.
22:38 Il faut mettre des âges.
22:40 Je rappelle que le RGPD en France pose l'âge de 15 ans
22:43 pour la collecte des données personnelles.
22:45 - La réglementation générale sur les données personnelles.
22:48 - Ça fait des années.
22:50 Il faudrait, si on était conforme à ça,
22:52 que les réseaux sociaux n'acceptent pas les moins de 15 ans,
22:55 en France, puisque c'est 15 ans l'âge,
22:57 sans l'accord explicite des parents qu'on n'est pas capable de donner.
23:00 - La fameuse majorité numérique.
23:02 - On ne devrait pas avoir de jeunes sur les réseaux sociaux avant 15 ans.
23:05 - Alexandre Chambaud ?
23:06 - Les problématiques ici sont parfaitement légitimes.
23:09 On est dans un véritable enjeu de santé publique.
23:11 Et comme c'est un enjeu de santé publique,
23:13 qu'on voit s'il est maltraité, ça fait 20 ans qu'il est maltraité,
23:16 on essaye petit à petit par des mesurettes,
23:18 mais on voit que c'est des initiatives purement nationales.
23:21 - L'initiative européenne, quand même.
23:23 - L'initiative européenne, oui, mais ce que l'Europe dit,
23:26 elle a dit que oui, à partir du moment où c'est un règlement,
23:29 on va faire ça dans cette maison,
23:31 c'est au niveau de l'Europe que ça va se traiter.
23:34 - C'est en oeuvre, aujourd'hui, ça y est ?
23:36 - C'est en oeuvre, mais on n'y va pas n'importe comment.
23:39 - Il n'y a pas de sanctions contre les petites femmes qui sont tombées ?
23:42 - Sur cette question du contrôle d'âge et de la collaboration...
23:46 - La modération ?
23:47 - La modération, l'Europe dit, attention,
23:49 notamment les initiatives françaises,
23:51 on en est, la précédente tentative, qui était en 2018,
23:54 qui partait d'une très bonne intention,
23:56 et qui est d'ailleurs la seule partie qui a été très bonne,
23:59 la sensibilisation et le parquet national numérique,
24:02 a été conservée.
24:03 Mais sinon, tout le reste, le Conseil consignuel l'a dézingué.
24:06 Donc, le Conseil consignuel a dit non,
24:08 on ne peut pas, au nom de finalités qui sont parfaitement légitimes...
24:11 - Au nom des libertés individuelles.
24:13 - Et là, sur la tentative du projet de loi sécurisé des espaces numériques,
24:16 on en est à deux avis circonstanciés.
24:18 C'est la dernière étape où la Commission dit
24:20 "La prochaine fois que vous continuez, je vous passe en main".
24:23 Donc, il va dire "J'annule le texte".
24:25 Et il y a aussi des observations en disant
24:27 "Mais effectivement, ces sujets-là, ils ne sont pas propres à la France".
24:30 C'est un enjeu systémique qui concerne le monde,
24:32 et d'une manière générale, l'ensemble du monde occidental et l'Europe.
24:35 Et on ne pourra le traiter, notamment sur les mineurs,
24:37 si on veut peser sur ces plateformes, comme ça a été très bien dit,
24:40 qui sont des géants économiques, et qui sont établis en dehors de nos frontières.
24:43 Donc, c'est pas avec une petite drapeau française qu'on va pouvoir les réguler.
24:46 - Vous savez ce que ça appelle comme question ?
24:48 C'est est-ce que la démocratie est compatible
24:50 avec la régulation des géants du numérique ?
24:53 Parce que TikTok, c'est pas la même chose en Chine.
24:56 C'est une dictature, mais le régime de Xi Jinping
24:59 ne donne pas le même TikTok à ses citoyens.
25:02 Et un TikTok beaucoup plus propice à du n'importe quoi
25:07 aux Européens et aux Américains.
25:09 Donc, c'est ça, cette question-là, au fond.
25:11 Si on avait une volonté politique européenne
25:15 de réguler vraiment, durement, on y arriverait ?
25:18 Donc, il faut être une dictature pour y parvenir ?
25:20 - Non, en fait, en Europe, comment vous fonctionnez en Europe ?
25:23 C'est par la compétence et le travail.
25:25 C'est triste à dire, mais ici, les pays, notamment la France,
25:28 on en voit quand même les éclopés du service universel.
25:30 À Bruxelles, donc, on n'a aucune influence.
25:32 Et donc, on peut difficilement peser sur ces arbitrages
25:34 qui sont véritablement structurants,
25:36 parce qu'on a besoin, effectivement...
25:38 Ces plateformes-là, qu'est-ce qu'elles craignent ?
25:40 Elles craignent le juge et elles craignent la compétence.
25:43 À nous de travailler collectivement avec l'ensemble de nos partenaires européens,
25:46 mais en respectant... - Elles craignent surtout de perdre de l'argent.
25:48 - Non, mais en respectant aussi, effectivement, l'état de droit.
25:51 On va quand même pas fouler au pied l'état de droit.
25:53 L'anonymat, ce qu'on présente comme anonymat,
25:55 qui est en fait un pseudonymat,
25:57 qui est un acquis de la Révolution française,
25:59 sans pseudonymat, les jeunes femmes iraniennes
26:01 ne pourraient pas nous alerter sur ce qui se passe chez elles.
26:03 C'est une garantie. - C'est vrai qu'il y a eu un gros débat
26:05 ici à l'Assemblée sur la fameuse carte d'identité numérique.
26:08 Ça n'est pas passé, pourtant c'était défendu par votre collègue,
26:11 vous l'avez cité, Paul Midi, député Renaissance,
26:14 qui disait que même s'il fallait que ce soit bien protégé
26:17 les données personnelles au niveau de l'État,
26:20 il fallait qu'on sache qui est derrière systématiquement chaque utilisateur.
26:23 Est-ce que ce serait la solution ?
26:25 - Mais c'est déjà en place. En fait, on peut le faire.
26:27 - On peut retrouver, mais c'est plus long.
26:29 - Moi, je ne suis pas pour la levée d'anonymat.
26:31 Je ne suis pas pour la levée d'anonymat et je lutte contre le cyber-art.
26:33 - Pourquoi ? - Sinon, il a haine en ligne.
26:35 Parce qu'en réalité, sur le terrain, en tout cas,
26:37 pour ce qui concerne les mineurs, et on l'a bien vu,
26:39 là, pour l'affaire Samara, ils se connaissent.
26:41 Ce n'est pas un problème. Ils se connaissent.
26:44 Là où ça pourrait être intéressant, c'est qu'on remonte à qui a créé ce faux compte.
26:48 Parce que c'est... - Le fameux Snapchat.
26:52 - Oui, sur Snapchat. Là, il faudrait remonter là-dessus.
26:55 - Mais ça, c'est possible de le faire aujourd'hui.
26:57 - Normalement, Snap devrait pouvoir le faire.
26:59 - Mais il y a un modérateur, nous, d'ailleurs.
27:01 - Non, non, non, mais ça, c'est une demande que la justice doit faire à Snap.
27:04 - C'est pas comme ça que ça fonctionne.
27:06 - Voilà, ça n'a rien à voir avec la modération.
27:08 Mais moi, je voudrais revenir, quand même, pour dire...
27:11 Donc, voilà la levée d'anonymat.
27:13 En France, on peut créer des lois, c'est ce qu'on fait très bien.
27:15 On n'arrive pas à les appliquer.
27:17 Mais vous savez que les lois n'éduquent pas les gens ?
27:19 Les lois ne protègent pas nos enfants.
27:21 Donc, aujourd'hui, il y a quand même une solution.
27:23 Ce n'est pas de la prévention. Il nous faut vraiment éduquer.
27:26 Là-dessus, les experts mondiaux sur la question du cyberharcèlement
27:30 et de la haine en ligne préconisent que les Etats
27:33 établissent des programmes sur la responsabilité.
27:36 C'est-à-dire de travailler auprès des élèves
27:39 sur la question de leur responsabilité,
27:41 la conséquence de leurs actes.
27:43 - Vous qui allez dans les écoles, les moyens ne sont pas là ?
27:45 - J'ai monté un programme là-dessus.
27:47 - Les formations numériques ? - Bien sûr que ça marche.
27:49 - Ça marche, mais c'est suffisant ou pas ?
27:51 - Il faut que ce soit l'école qui le fasse, les parents qui le fassent.
27:54 En fin de compte, c'est une responsabilité partagée
27:56 de notre société.
27:58 On ne peut pas rendre coupables les parents ou les enfants.
28:00 Mais c'est bien trop facile.
28:02 - Charlotte Lemay, qu'est-ce que ça vous inspire, ce débat ?
28:04 Est-ce qu'on a les moyens, au fond, de cette ambition
28:07 d'arriver à la paix sur Internet ?
28:09 - Ça, je n'en suis pas sûre.
28:11 Je suis absolument d'accord sur le fait qu'on devrait
28:13 rationner le nombre d'heures, mais qu'on devrait surtout informer.
28:16 J'ai l'impression que les parents, que mes grandes soeurs,
28:18 que mes oncles et tantes ne sont pas du tout...
28:20 sont déconnectés des réseaux sociaux.
28:22 Ils n'y comprennent rien.
28:24 Ce n'est pas du tout obége au ratisme.
28:26 C'est juste que ça avance tellement vite
28:28 qu'ils ne comprennent pas ce qui se passe
28:30 dans la vie de leurs enfants et dans leur quotidien.
28:32 - Il y a une fracture générationale.
28:34 - Complètement. Moi-même, j'ai 30 ans,
28:36 et je ne comprends pas tout de Snapchat, par exemple,
28:40 qui est un réseau qui concerne les plus jeunes que moi.
28:43 Donc, il faudrait aussi peut-être se former
28:45 sur ce qui se passe et sur les contenus
28:47 qui atterrissent au quotidien sur les réseaux.
28:49 - Fanta Bereté ?
28:50 - Là-dessus, j'ai envie de vous dire
28:52 qu'il y a pas mal d'outils qui existent
28:55 pour accompagner les parents,
28:57 notamment qui sont pris en charge par les villes.
28:59 Je ne dis pas que c'est parfait.
29:01 C'est là.
29:02 Il faut qu'on fasse des grandes campagnes d'information.
29:05 Ce sont des formations gratuites, des ateliers gratuits.
29:08 J'en ai vécu la semaine dernière dans le 15e arrondissement.
29:11 Il faut que ça puisse se déployer aussi dans nos campagnes,
29:15 parce qu'il n'y a pas que Paris, l'île de France, etc.
29:17 Les territoires d'outre-mer, il faut penser à tout le monde.
29:20 Il y a également une plateforme qui a été mise en place
29:22 pour accompagner les parents.
29:24 Mais j'ai envie de vous dire qu'en tant qu'adulte,
29:26 ce dont nous pensons manquer le plus, c'est de temps.
29:28 Et en fait, simplement prendre l'information
29:30 qui est sur le site Internet du gouvernement,
29:33 lire le livret qui est remis à l'école sur la prévention,
29:36 parce qu'il y a des journées d'accompagnement,
29:38 de sensibilisation pour nos enfants,
29:40 ça, ça prend du temps et parfois, on n'a pas envie d'investir.
29:42 Mais j'ai envie de dire que c'est toute la société
29:44 qui doit investir ce sujet.
29:46 Je suis complètement d'accord par ce qui a été dit
29:48 par les uns et les autres, parce que c'est une armée
29:50 que nous devons mettre en place pour aider nos enfants
29:53 et faire en sorte qu'ils puissent grandir
29:55 dans les meilleures conditions sans passer tout ce temps
29:58 sur ces réseaux sociaux et surtout s'abîmer
30:01 et s'abîmer pour de longues années.
30:03 -Il y a le bannissement aussi des cyberharceleurs.
30:05 Ça, c'est prévu aussi dans la loi.
30:07 Je ne sais pas s'il y a eu beaucoup d'internautes
30:10 bannis des réseaux, au moins pour un temps donné.
30:13 Est-ce que ça va dans le bon sens ?
30:15 -C'est des choses que, à nouveau, le bannissement
30:17 n'est pas créé par la loi, mais ce sont les réseaux sociaux
30:19 qui ont créé ce phénomène de bannissement.
30:21 Parfois, on est banni, on ne sait pas pourquoi.
30:23 On découvre qu'on est banni, on n'est plus banni,
30:25 on est rebanni. -On peut recréer
30:27 un système de bannissement. -Il l'utilise très bien.
30:29 C'est une volonté de le judiciariser,
30:31 que ça soit un juge qui puisse décider
30:33 que quand on est condamné pour des faits
30:35 de cyberharcèlement, en plus, il y a une peine
30:37 complémentaire de bannissement pour un certain
30:39 nombre de temps. A voir comment ça s'est mis en place.
30:41 Je pense que ce n'est pas si facile que ça
30:43 à mettre en oeuvre de fascismes systématiques.
30:45 Puis, à nouveau, on retourne dans la répression.
30:47 La répression a une vertu préventive.
30:49 L'idée, ce n'est pas de l'appliquer,
30:51 c'est d'avoir peur que ça arrive pour ne pas le faire.
30:53 -Dissuader. -Dissuader. C'est plutôt ça
30:55 qui est important. Il faut aussi que les réseaux sociaux
30:57 participent à l'éducation. On parle d'éducation,
30:59 je pense qu'on est tous convaincus de ça,
31:01 sinon on ne serait sans doute pas là.
31:03 Néanmoins, il faut qu'ils participent à ça.
31:05 Les réseaux sociaux ont des outils d'une performance
31:07 inégalée sur Terre pour nous cibler,
31:09 savoir ce qu'on aime, ce qu'on n'aime pas,
31:11 combien de temps. Ils mettent ça au service
31:13 de l'éducation des jeunes et des parents
31:15 sur la bonne façon d'utiliser,
31:17 comment ça fonctionne. -Vous y croyez vraiment ?
31:19 C'est un peu utopique d'imaginer...
31:21 -Ce n'est rien utopique. -Vertueux.
31:23 -Ce n'est pas utopique, mais il faut les pousser.
31:25 Ça a des acteurs économiques.
31:27 On peut avoir des leviers de taxation,
31:29 de sanctions.
31:31 Ils ont peur aussi de la réputation.
31:33 Le "name and shame" les atteint pas mal,
31:35 en tout cas aux Etats-Unis, pour ceux qui sont américains.
31:37 Il y a différents leviers qu'on peut utiliser
31:39 pour les faire participer à ça davantage.
31:41 Tant qu'on ne touche pas à leur modèle économique,
31:43 ils sont toujours prêts à faire des efforts.
31:45 -C'est les amendes qui les font changer.
31:47 -Non, pas nécessairement.
31:49 Déjà, d'une part, la plupart sont des acteurs américains
31:51 qui ont des comptes à rendre à leurs actionnaires.
31:53 La compléhénce en droit américain est très forte.
31:55 Si vous montrez que, quelque part,
31:57 c'est comme pour le tabac,
31:59 quelque part, il y a aussi un grand principe européen
32:01 qui est le pollueur-payeur.
32:03 Si on trouve le bon angle,
32:05 on a un moyen de co-construire quelque chose.
32:07 Si on y va en opposition, ça ne marchera jamais.
32:09 -Ca voudrait dire quoi ?
32:11 Celui qui a le plus de haine en ligne ?
32:13 -Ca veut dire qu'il faut ouvrir le cacho
32:15 pour savoir ce qui se passe.
32:17 On est dans un monde particulièrement opaque.
32:19 C'est en cela que l'Europe essaie de dire
32:21 "Écoutez, pour qu'on puisse avoir des données scientifiques
32:23 "sur l'ampleur du désastre,
32:25 "il faut ouvrir le capot pour qu'on puisse voir ça,
32:27 "pour que des scientifiques puissent étudier ça,
32:29 "des psychologues, des associations de protection de l'enfance."
32:31 Et puis, il reste quand même...
32:33 Et là, ça a été très bien dit.
32:35 On entend très bien un sentiment d'impunité.
32:37 Mais le sentiment d'impunité...
32:39 Oui, effectivement, les plateformes, c'est un outil.
32:41 Mais attention, c'est pas l'outil en soi qui est mauvais,
32:43 c'est la façon avec laquelle on l'utilise.
32:45 Et surtout, c'est avec une autre façon.
32:47 C'est la façon avec laquelle on l'utilise.
32:49 Et surtout, c'est avec l'inefficacité des politiques publiques.
32:51 Regardez les procès qui se sont passés.
32:53 C'est vrai qu'il n'y a pas d'impunité en ligne.
32:55 Simplement, il s'est qu'il y a un sentiment d'impunité.
32:57 Parce qu'entre le moment et encore peu,
32:59 vous poussiez à la porte d'un commissariat
33:01 pour dire "Je veux porter plainte parce qu'on me harcèle en ligne",
33:03 on s'entendait dire "Monsieur, Madame,
33:05 "écoutez, c'est des petites blagues de cours de récré,
33:07 "puis tenez vos enfants quand même."
33:09 - Et ça, ça change. - Vous êtes victime, c'est intolérable.
33:11 - Ça change dans les commissariats ou pas ?
33:13 - Bien sûr. - Trop lentement.
33:15 Les mentalités... Effectivement, en haut, à la DGPN,
33:17 je suis d'accord, mais dans chaque commissariat,
33:19 on n'est pas le cas. Après, une fois qu'on a fait le commissariat,
33:21 il faut peut-être partir en justice.
33:23 Un petit exemple,
33:25 petit indice, 1 000 euros.
33:27 Pour 1 000 euros d'argent public, combien va la justice dans ce pays ?
33:29 1 000 euros. - C'est très peu,
33:33 j'imagine, c'est ce que vous voulez nous dire.
33:35 - Je vous le met à 1 000 euros parce qu'on était...
33:37 - 2 euros ! - Ah non, on était à 4 euros,
33:39 un ancien magistre, un ancien confrère...
33:41 - Je voulais gagner, alors. - C'est trop peu, évidemment.
33:43 - On a mis... - On a fait un grand effort,
33:45 mais quand on part de 0,4 % et qu'on arrive à 0,7,
33:47 on n'a pas de quoi rougir.
33:49 C'est quand même... On a actuellement,
33:51 à Paris, qui est quand même pas la plus petite ville de France,
33:53 des juges spécialisés
33:55 sur le numérique, ils sont moins d'une douzaine.
33:57 En Allemagne,
33:59 ils sont 10 fois plus, 120.
34:01 Pourtant, l'Allemagne, c'est pas les meilleurs modèles.
34:03 Les meilleurs modèles de l'Europe, c'est les scandinaves.
34:05 - La justice, plus de moyens. - Plusieurs années.
34:07 - Vous l'avez dit, ça se joue ici.
34:09 Les parents, il ne faut pas les lâcher.
34:11 La campagne de prévention, je voudrais qu'on termine avec vous.
34:13 Vous aurez le mot de la fin, le 30-18.
34:15 Dites-nous qui vous appelle, tiens. Est-ce que les ados,
34:17 les jeunes de 13, 14, 15 ans vous appellent ?
34:19 Leurs parents, l'école, qui ? - Ils nous appellent pas,
34:21 ils nous contactent pas. On a une application,
34:23 qui est l'application 30-18, qu'ils peuvent télécharger,
34:25 où ils peuvent nous joindre par tchat, par messagerie,
34:27 on est présents sur les différentes plateformes,
34:29 donc c'est par ce canal-là qu'ils nous joignent.
34:31 Et en revanche, on a beaucoup de parents, effectivement,
34:33 pour nous témoigner de situations qu'ils découvrent
34:35 de leurs enfants, effectivement, harcelés en ligne,
34:37 et pour lesquelles ils n'ont pas d'interlocuteur
34:39 qu'ils considèrent comme... - Et enfance, c'est gratuit,
34:41 c'est confidentiel, et c'est tout. - Si on peut compléter...
34:43 - Vraiment, c'est la fin, là. - Non, parce que ce que fait le 30-18,
34:45 c'est parfait, notamment pour les jeunes. Il y a un système,
34:47 parce que sur le numérique, il y a un gros problème, c'est la preuve.
34:49 Et vous avez votre système de coffre fort numérique,
34:51 justement, il faut que les jeunes développent leur réflexe.
34:53 Je suis confronté à un contenu qui est choquant,
34:55 et je suis tout de suite dans le 30-18, parce que comme ça,
34:57 il est authentifié, et on peut très vite porter plainte,
34:59 et on peut très vite agir. - Et on peut aussi signaler
35:01 à la plateforme Pharoes qu'il, malheureusement, manque de moyens.
35:03 On s'arrête là, évidemment, ce débat,
35:05 il va se poursuivre, ou presque, malheureusement.
35:07 À très vite.
35:09 Donc, vous restez avec moi,
35:11 Charlotte le met dans une dizaine de minutes
35:13 les partis pris de nos affranchis.
35:15 Ce soir, Macron,
35:17 M.Giôt, quand le président
35:19 veut tout gérer, on verra ça avec
35:21 Bertrand Perrier. Chômage, c'est le mot de la semaine
35:23 de Mariette Darré-Grand. Et puis,
35:25 de quoi nous parlez-vous dans Action Planète,
35:27 votre chronique écolo du vendredi, Léa Falco ?
35:29 - On parle emploi et transition écologique,
35:31 et plus particulièrement de la place des syndicats.
35:33 - Merci, les amis.
35:35 À tout de suite, mais d'abord, on va parler de vous,
35:37 Charlotte le met,
35:39 de votre livre, avec votre sœur Camille,
35:41 vous signez donc "Influenceurs.influenceuseengagée.e"
35:47 chez Jouvence. La mannequin et influenceuse
35:49 que vous êtes,
35:51 eh bien, veut un peu mettre un peu de sens.
35:53 Et il en faut, on en a parlé
35:55 dans ce métier.
35:57 Si décrier, alors comment défendre
35:59 un monde plus éco-responsable
36:01 sur les réseaux sociaux, sans tomber
36:03 dans le greenwashing ? L'invitation
36:05 de Marion Becker. Interview
36:07 juste après.
36:09 *Musique*
36:13 - Si on vous invite, Charlotte le met,
36:15 c'est parce que vous êtes une influenceuse qui veut
36:17 changer le monde. Vous n'êtes pas
36:19 sous le soleil de Dubaï au service de
36:21 marques à la mode. Non, tous vos partenariats
36:23 sont au service d'une même cause,
36:25 la protection de l'environnement.
36:27 - Il n'y a pas besoin d'être expert
36:29 pour pouvoir parler d'écologie et pour pouvoir
36:31 mieux choisir ses partenariats.
36:33 Ça commence par se poser des questions
36:35 sur les marques avec lesquelles on collabore
36:37 et aussi
36:39 à être transparent avec sa communauté.
36:41 - Charlotte le met, vous êtes influenceuse
36:43 et écolo,
36:45 avec vos 227 000 followers.
36:47 Après avoir été mannequin
36:49 dès 17 ans.
36:51 Vous avez fondé le collectif
36:53 Aware Collective pour sensibiliser
36:55 les créateurs de contenus aux enjeux
36:57 environnementaux.
36:59 Avec votre sœur, vous venez de publier
37:01 un livre "Influenceuse
37:03 Engagée", un manuel pour
37:05 démarrer dans ce milieu.
37:07 Vous expliquez ce qu'est être influenceur,
37:09 comment gagner sa vie,
37:11 puis vous donnez des clés pour
37:13 incarner une histoire et
37:15 vous vantez les bénéfices d'une influence
37:17 responsable.
37:19 Exemple à l'appui.
37:25 - En vue d'une routine green, c'est parti avec la nouvelle gamme.
37:27 - C'est même un argument marketing,
37:29 se garantir les clients de demain,
37:31 de plus en plus sensibles au climat
37:33 et assurer sa longévité.
37:35 Alors, qu'est-ce qui vous différencie,
37:37 Charlotte le met ?
37:39 Entre deux publications sponsorisées
37:41 par des shampoings ou du maquillage bio,
37:43 vous ramassez des déchets sur la plage.
37:45 - Grâce à ses collègues,
37:47 plus de 12 tonnes de déchets plastiques
37:49 ont été transférées vers les centres de tri.
37:51 C'est un sujet qui me touche particulièrement.
37:53 - Vous-même, vous privilégiez désormais le train.
37:55 Vous dénoncez la fast fashion
38:01 et l'utilisation de plastique.
38:03 Alors, on a une question pour vous.
38:05 Comment l'accro du shopping que vous étiez
38:07 est-elle devenue
38:09 engagée pour la planète ?
38:11 - Quel a été le déclic ?
38:13 - Alors, il n'y a pas vraiment eu de déclic,
38:15 mais c'est vrai que c'est la fast fashion
38:17 qui m'a quand même donné envie de...
38:19 Enfin, les conditions de travail
38:21 des marques de fast fashion
38:23 qui m'a donné envie d'arrêter
38:25 d'aller dans ces grandes enseignes.
38:27 Et après, ça a été dans ma salle de bain,
38:29 changer les produits que j'utilisais,
38:31 les fabriquer moi-même, reprendre le contrôle,
38:33 en fait, sur ce que j'utilisais comme produit.
38:35 - Mais quand même, il y a une conscience écologique
38:37 qui s'est éveillée avec un événement,
38:39 un burn-out.
38:41 Il faut rappeler un peu le parcours.
38:43 Vous êtes repéré à 17 ans par une agence,
38:45 à l'époque, vous êtes serveuse,
38:47 on vous propose de devenir mannequin,
38:49 vous dites "pourquoi pas", vous y allez,
38:51 et puis c'est le début d'une très jolie vie.
38:53 La vie dont rêvent toutes les jeunes filles.
38:55 Des covers de magazines,
38:57 des défilés, vous gagnez de l'argent.
38:59 Ça va durer quelques années,
39:01 et à un moment, ça coince.
39:03 Vous n'arrivez plus à dormir, vous avez des malaises,
39:05 vous faites ce qu'on appelle un burn-out.
39:07 Qu'est-ce qui s'est passé ?
39:09 - En fait, je me sentais en dissonance cognitive,
39:11 j'étais en désaccord avec moi-même
39:13 et j'ai mis du temps à le comprendre.
39:15 Parce qu'en apparence, j'avais une vie de rêve,
39:17 et personne ne comprenait pourquoi je me sentais mal,
39:19 mais ma conscience écologique grandissait en même temps.
39:21 Et au moment où j'ai compris,
39:23 où j'ai eu ce burn-out,
39:25 ça m'a permis de me recentrer et de me poser
39:27 les bonnes questions.
39:29 - Et vous vous dites quoi, à ce moment-là ?
39:31 "J'arrête tout, je change de vie."
39:33 - C'est ça, je me dis "est-ce que j'arrête tout,
39:35 je sors de ces métiers de mannequin,
39:37 de ces domaines qui sont hyper polluants
39:39 et qui poussent à la consommation ?
39:41 Est-ce que je continue et je fais comme si de rien n'était ?
39:43 Mais ça, ça marche pas.
39:45 Ou est-ce que j'essaye de changer les choses
39:47 de l'intérieur, à mon niveau,
39:49 du mieux que je peux ?
39:51 - Alors justement, vous essayez de devenir
39:53 influenceuse écolo.
39:55 Quand on entend ces deux mots, on dit "oui,
39:57 ils ne vont pas forcément très bien ensemble".
39:59 Alors, qu'est-ce que vous avez changé concrètement
40:01 dans votre vie ? On a vu que vous ne prenez plus l'avion,
40:03 c'est fini, vous pouvez faire quoi ?
40:05 Jusqu'à 60 heures de train pour aller au Pôle Nord, c'est ça ?
40:08 - Absolument. Oui, influenceuse et écolo,
40:10 ça paraît contradictoire. D'ailleurs, j'adore dire
40:12 que je suis l'incarnation du consumérisme
40:14 et du capitalisme et que je suis le diable.
40:16 Donc, ça, c'est pour présenter les choses.
40:18 Mais en fait, on a besoin des influenceurs
40:20 pour aller vers un mode de vie
40:22 plus éco-responsable aujourd'hui.
40:24 Et donc oui, ça passe par notamment
40:26 prendre le train plutôt que l'avion.
40:28 Et pour moi, c'est pas un problème.
40:30 Il m'arrive de prendre l'avion,
40:32 c'est possible. - Oui, c'est ça.
40:34 Parce que pour vous, le modèle de la pureté militante écolo,
40:36 à la Greta Thunberg, ça va trop loin ?
40:38 - Je dirais pas que ça va trop loin,
40:40 mais on a besoin peut-être
40:42 de modèles intermédiaires
40:44 qui sont réalisables dans le monde
40:46 dans lequel on vit aujourd'hui.
40:48 J'ai l'impression que sur les réseaux sociaux,
40:50 il y a les écolos qui sont hyper engagés
40:52 et qui prônent des valeurs
40:54 qui sont géniales, mais parfois culpabilisantes.
40:56 Et de l'autre côté, on a des influenceurs
40:58 qui vont voyager à l'autre bout du monde,
41:00 porter tout le temps des vêtements différents
41:02 et faire rêver sur un mode de vie
41:04 de consommation capitaliste.
41:06 - Mais le modèle de la décroissance, au fond, Greta Thunberg,
41:08 elle dit qu'il faut tout arrêter.
41:10 Il faut arrêter de consommer le superflu,
41:12 il faut plus manger de viande,
41:14 ne plus jamais prendre l'avion.
41:16 Ça, pour vous,
41:18 personne n'est parfait,
41:20 on n'y arrivera jamais.
41:22 Ça fait du bien ou ça fait du mal à l'écologie,
41:24 ce discours un peu radical ?
41:26 - Je crois qu'il est nécessaire et qu'il y a toujours des extrêmes
41:28 pour faire bouger les lignes.
41:30 En revanche, on a besoin de modèles atteignables
41:32 et de modèles d'espoir
41:34 et qui font rêver aussi.
41:36 Et c'est là que les influenceurs ont un rôle à jouer,
41:38 de donner envie.
41:40 Par exemple, quand je prends le train 60 heures
41:42 pour aller au nord de la Norvège pour voir des orbes auréales,
41:44 je ne culpabilise personne.
41:46 Je ne suis pas en train de parler d'écologie,
41:48 même spécifiquement, juste je donne envie
41:50 et ça a été le cas. J'ai plein de retours
41:52 de personnes qui me disent "Oh là là, ce voyage".
41:54 - Il a l'air génial. Moi-même, j'ai regardé la vidéo,
41:56 j'ai envie d'accélérer, de prendre le temps
41:58 de lire ou même de travailler dans le train.
42:00 Pour vous, il n'y a pas de perte de temps à prendre le train ?
42:02 - Exactement. En fait, on est dans un monde
42:04 où tout va trop vite et où j'ai l'impression
42:06 qu'on est tous un petit peu malheureux
42:08 parce qu'on est tout le temps sollicité.
42:10 Alors que dans le train, ça permet
42:12 de reprendre le temps de la lecture,
42:14 on peut travailler, c'est un temps d'introspection
42:16 et c'est un vrai temps calme
42:18 et qui me fait du bien aussi. Moi, c'est ma safe place.
42:20 - Alors aujourd'hui, vous ne faites plus
42:22 que la promotion de produits éthiques.
42:24 Comment vous choisissez
42:26 une marque plutôt que telle autre ?
42:28 Est-ce que vous dites non régulièrement ?
42:30 - Je dis non très régulièrement
42:32 à des marques. Heureusement,
42:34 il y a des marques qui sont aussi engagées
42:36 et qui sont très bien, mais c'est important
42:38 d'être sélectif. Pour être sélective,
42:40 je pose des questions aux marques,
42:42 je pose des questions sur le lieu de fabrication,
42:44 sur les matières, les composants.
42:46 En fait, je vais
42:48 à la source de ce que je représente,
42:50 de ce que je présente à ma communauté.
42:52 - Donc ça veut dire qu'on peut
42:54 trouver des cosmétiques bio,
42:58 pas trop chers, on peut être écolo,
43:01 tout en étant un jeune de 17-20 ans
43:04 qui n'a pas forcément un énorme pouvoir d'achat ?
43:06 C'est possible ? - C'est un enjeu.
43:08 Le bio, le naturel
43:10 peuvent coûter cher. Un mode de vie
43:12 écoresponsable peut coûter cher.
43:14 - Beaucoup plus cher souvent.
43:16 - Après, à nuancer aussi, parce qu'effectivement,
43:18 un mode de vie écoresponsable,
43:20 c'est aussi acheter moins, consommer moins,
43:22 avoir besoin de moins de produits.
43:24 Ce qui est génial, c'est qu'aujourd'hui, notamment
43:26 dans les cosmétiques, il y a des marques qui rendent
43:28 accessible le bio et qui rendent accessible
43:30 les cosmétiques solides.
43:32 C'est un modèle à réfléchir.
43:34 - J'ai vu que l'huile de carotte, c'était votre truc.
43:36 Ça, c'est pas très cher. J'ai regardé,
43:38 5 euros le flacon. Ça marche vraiment,
43:40 l'huile de carotte ? - Ça marche très bien.
43:42 C'est absolument génial. Remède de grand-mère
43:44 qui marche toujours aussi bien, et pour toutes les peaux.
43:46 - Il y a eu énormément de
43:48 grosses polémiques, et même de dérives
43:50 dans le monde de l'influence. Il y a même une loi,
43:52 ici, contre les dérives,
43:54 contre les "influx voleurs".
43:56 C'est leur surnom. Comment on vous fait confiance
43:58 à vous, Charlotte Lemay ?
44:00 Comment on fait pour être sûr,
44:02 au fond, que vous-même, vous n'êtes pas prise au piège
44:04 du greenwashing ?
44:06 - Justement, j'essaie de le répéter
44:08 en permanence, je ne suis pas experte
44:10 de tous les sujets dont je parle, et donc
44:12 il peut m'arriver de me tromper. En revanche,
44:14 la promesse que je fais à ma communauté,
44:16 c'est de me renseigner et de faire au mieux
44:18 et de prendre conscience de l'impact
44:20 que j'ai auprès d'eux, de ce que je mets en valeur.
44:22 Mais je ne suis pas experte.
44:24 - C'est vrai, par exemple,
44:26 j'ai vu que les parfums Armani,
44:28 il y a une très belle photo, vous promouviez
44:30 leur marque. En même temps,
44:32 Armani, ils sont avec Bugatti,
44:34 grande marque de luxe de la voiture
44:36 qui n'est pas du tout convertie à l'électrique.
44:38 Ça, vous le savez. Au fond,
44:40 vous ne pouvez pas tout savoir.
44:42 Personne n'est parfait.
44:44 - C'est ça. Le problème, c'est que si on attend
44:46 d'être parfait pour parler d'écologie,
44:48 on va être mal, parce que
44:50 personne n'est parfait. Il y a trop de sujets
44:52 à connaître. Quand on est influenceur, on va parler
44:54 de cosmétique, d'automobile, de voyage,
44:56 de mode, de joaillerie.
44:58 On ne peut pas avoir la connaissance sur tous ces sujets,
45:00 mais l'important, c'est de se renseigner.
45:02 C'est ça, le vrai point de départ
45:04 que les influenceurs ne font pas
45:06 forcément aujourd'hui. - Les influenceurs,
45:08 c'est quoi ? Parce que tous
45:10 les ados rêvent ou presque d'être
45:12 influenceurs, influenceuses,
45:14 que ce soit dans le sport,
45:16 que ce soit, pour une jeune
45:18 fille, les cosmétiques,
45:20 les habits. Il y a vraiment
45:22 un attrait.
45:24 Vous leur dites quoi, à tous ceux qui en rêvent ?
45:26 Est-ce que c'est un vrai métier ? Est-ce que ça demande
45:28 du travail, de la créativité, de l'abnégation ?
45:30 - C'est un vrai
45:32 métier dont c'est vrai que tout le monde parle
45:34 aujourd'hui et tout le monde rêve de faire, mais qui est pourtant
45:36 assez méconnu, parce qu'en fait, ça demande
45:38 beaucoup de travail et beaucoup de compétences différentes.
45:40 Et en fait,
45:42 il y a très peu d'influenceurs qui gagnent
45:44 réellement bien leur vie. En France, c'est seulement 4%
45:46 qui gagnent correctement leur vie.
45:48 Donc ça, c'est la première chose à savoir pour les jeunes qui voudraient faire ce métier.
45:50 C'est pas si facile.
45:52 Ça demande de la régularité,
45:54 ça demande beaucoup de compétences.
45:56 Et après, c'est un super chouette métier
45:58 si on choisit un domaine d'expertise
46:00 et si on choisit des belles
46:02 valeurs, des choses auxquelles on croit,
46:04 dont on a envie de parler. - Il n'y a pas des jours
46:06 où vous vous dites "j'en ai marre, j'ai pas envie
46:08 de faire une vidéo",
46:10 parce que ça demande à ce que ce soit parfait.
46:12 Il faut quand même du matériel, forcément
46:14 des gens derrière, et d'être impeccable.
46:16 D'être regardée tout le temps,
46:18 en permanence, en plus
46:20 de votre métier de mannequin. Vous aimez ça ?
46:22 - J'aime ce métier.
46:24 Après, il a des défauts,
46:26 mais comme tous les métiers, j'estime que j'ai
46:28 beaucoup de chance de le faire malgré tout
46:30 et de pouvoir véhiculer des messages grâce à ça.
46:32 Et j'ai l'impression d'avoir malgré tout
46:34 un impact positif, même si
46:36 je continue de faire du placement de produits.
46:38 Et donc oui, j'aime ce métier
46:40 et j'en suis quand même heureuse.
46:42 - Et ça se sent. Merci beaucoup
46:44 Charlotte Lemesch, je signale que vous avez
46:46 écrit ce livre avec votre soeur
46:48 Camille. - Oui.
46:50 - Plein de conseils très pratiques.
46:52 Et puis voilà, un modèle,
46:54 un rôle modèle. On peut s'engager
46:56 dans l'écologie tout en vendant
46:58 des produits, j'ai envie de dire. Allez, c'est l'heure
47:00 des Affranchis pour leur parti pris.
47:02 Ils vont vous faire réagir, on les accueille tout de suite.
47:04 (Générique)
47:14 Maître Bertrand Perrier
47:16 et Marie-Edouard Darré-Grand, le duo
47:18 préféré du vendredi.
47:20 On est ravis de vous retrouver.
47:22 On va commencer avec vous, Bertrand.
47:24 Vous vouliez revenir sur l'inauguration
47:26 par Emmanuel Macron cette semaine du
47:28 Centre aquatique olympique de Saint-Denis.
47:30 - Oui, il y a eu deux images qui ont fait la joie
47:32 des réseaux sociaux au cours de cette inauguration.
47:34 La première, c'est les mains de Valérie Pécresse
47:36 et d'Emmanuel Macron qui ne se touchent pas sur le bouton
47:38 de l'inauguration. Et puis la deuxième,
47:40 c'est ce plongeur qui malheureusement
47:42 chute pendant la démonstration
47:44 comme une sorte de symbole. - Ah oui, j'ai vu ça.
47:46 - Alors, il ne s'est pas fait mal, il l'a pris lui-même
47:48 avec le sourire, mais un petit symbole des difficultés
47:50 qui commencent à s'accumuler au cours
47:52 des derniers mois sur l'organisation
47:54 des Jeux olympiques.
47:56 La première difficulté, c'est celle du
47:58 soutien populaire. Emmanuel Macron
48:00 pariait beaucoup sur le fait que
48:02 ça allait être un moment de ferveur, de concorde nationale,
48:04 dont il allait évidemment pouvoir tirer
48:06 un bénéfice politique. Eh bien, en fait,
48:08 pas vraiment. À presque
48:10 100 jours de la cérémonie
48:12 d'ouverture, il y a la moitié
48:14 des Français qui pensent qu'on ne sera
48:16 pas prêts. Il y a un peu
48:18 plus d'un tiers qui attendent ça avec impatience.
48:20 L'ouverture du village olympique
48:22 avec ses chambres un peu spartiates qu'on a découvertes
48:24 ne suscite pas l'enthousiasme.
48:26 Les hôtels ne sont pas si pleins que ça
48:28 et il reste beaucoup à faire
48:30 sur l'accueil des touristes et des
48:32 spectateurs. Et la sécurité,
48:34 surtout pour la cérémonie d'ouverture, ça reste
48:36 le sujet d'inquiétude. Alors, évidemment, l'enjeu majeur, c'est la
48:38 capacité à sécuriser la cérémonie
48:40 d'ouverture parce que la situation
48:42 internationale se tend. Emmanuel
48:44 Macron, en inaugurant à Saint-Denis
48:46 hier, a expliqué que la Russie avait
48:48 fait des JO une cible et donc
48:50 la menace terroriste est évidemment
48:52 très présente et donc le
48:54 scénario initial de la
48:56 cérémonie d'ouverture, à savoir les
48:58 6 km à ciel ouvert
49:00 de berges de la Seine avec des
49:02 barges et des athlètes qui défilent,
49:04 devient difficile à sécuriser.
49:06 Le président de la République a même
49:08 dû réunir un conseil de défense et de sécurité,
49:10 preuve qu'il est très impliqué dans
49:12 cette question de la sécurisation.
49:14 Il se dit que les services de
49:16 renseignement ont vraiment fortement
49:18 milité pour un plan B dans un
49:20 lieu clos qui serait plus facile à
49:22 sécuriser mais on voit bien que le
49:24 renoncement au plan initial serait
49:26 nécessairement vécu comme un échec.
49:28 Vous me la prenez, je n'avais pas lu ça.
49:30 La situation des athlètes russes et biélorusses,
49:32 ça fait aussi débat ? Alors oui, ça fait aussi débat
49:34 et Agnès Dalgaud, la semaine dernière, avait
49:36 été extrêmement ferme, elle avait dit que
49:38 les athlètes russes et biélorusses n'étaient, je cite,
49:40 "pas les bienvenus au JO".
49:42 Alors, ce n'est évidemment pas la position d'Emmanuel Macron
49:44 parce que ce n'est pas la position du CIO non plus.
49:46 Emmanuel Macron a dit qu'on
49:48 allait accueillir, je cite,
49:50 "le monde entier dans un esprit olympique",
49:52 ce qui signifie que les athlètes russes et biélorusses,
49:54 il n'y en aura qu'une cinquantaine en réalité,
49:56 pourront concourir sous bannière neutre
49:58 et sous réserve qui n'est pas soutenue, l'invasion
50:00 de l'Ukraine. Et cerise
50:02 sur le gâteau, la polémique
50:04 Ayana Kamoura. Eh oui,
50:06 alors le président de la République a
50:08 indiqué hier qu'il avait personnellement
50:10 rencontré Ayana Kamoura
50:12 et qu'elle avait, je cite, "toute sa
50:14 place dans une cérémonie d'ouverture"
50:16 comme tous les artistes qui, je cite encore,
50:18 "représentent la France dans son rayonnement".
50:20 Alors la grande question, c'est de savoir
50:22 si effectivement, il est du niveau du président
50:24 de la République de prendre partie
50:26 dans une polémique aussi dérisoire
50:28 que celle sur Ayana Kamoura, même si elle est révélatrice
50:30 de tensions au sein de notre société.
50:32 Ce qui me
50:34 paraît certain, c'est que l'échéance
50:36 se rapprochant, on voit apparaître
50:38 une certaine fébrilité, les polémiques
50:40 enflent, importantes ou dérisoires,
50:42 et qu'Emmanuel Macron est
50:44 pleinement conscient de l'impact politique
50:46 pour la France et pour son image
50:48 personnelle de ces Jeux Olympiques
50:50 et il a décidé de prendre
50:52 les choses en main jusqu'à la bande-son.
50:54 - Oui, il s'occupe de tout,
50:56 notre président. D'un mot, Charlotte Lemay,
50:58 Ayana Kamoura, qui chanterait,
51:00 Edith Piaf, ce serait chouette ? - Bien sûr que ce serait
51:02 chouette, pourquoi pas ?
51:04 - Eh bien écoutez, j'espère qu'elle vous entendra.
51:06 Mariette, chômage, forcément,
51:08 nouvelle réforme de l'assurance chômage
51:10 du gouvernement, alors ce mot, d'où vient-il ?
51:12 - Il n'est pas très
51:14 glamour, ce mot, il nous fait peur, etc.
51:16 Non, ce que je voulais commenter
51:18 aujourd'hui, c'est la façon trop chiffrée,
51:20 trop quantitative dont nous en parlons.
51:22 Parce qu'en fait,
51:24 on est tout le temps dans le chiffre,
51:26 avec ce mot, parce que, par exemple,
51:28 là, vous parliez de la réforme
51:30 de l'assurance chômage, donc c'est les plus
51:32 et les moins, plus de mois à travailler
51:34 avant... - Ah oui, oui, dans cette réforme,
51:36 c'est ça, c'est le montant des indemnités,
51:38 la durée, le seuil
51:40 d'éligibilité, il y a des chiffres partout.
51:42 - Il y a des chiffres partout, le chiffre magique
51:44 des 5 %, on serait en plein emploi,
51:46 comme on dit, mais on est à 7, on va redescendre à 2,
51:48 ça va du tout, parce que, justement, le mot,
51:50 il porte tout à fait autre chose,
51:52 dans son origine. - Alors, de quoi
51:54 parle-t-on, précisément ? - Alors, en fait,
51:56 il faut pas coupler chômage et emploi,
51:58 parce que là, on est dans la grande quantité.
52:00 Il faut coupler chômage et travail.
52:02 Ils vont ensemble, ça fait
52:04 partie, comme on dit, du même paradigme.
52:06 Parce que qu'est-ce que c'est, le chômage ?
52:08 Et originellement,
52:10 c'est quand on a très chaud, et que l'on
52:12 s'arrête, parce qu'on a travaillé,
52:14 on a transpiré, ou bien c'est les moissons,
52:16 et puis il fait chaud, etc. Donc, c'est une image,
52:18 si vous voulez, où le chômage
52:20 est nécessaire au bon travail.
52:22 Donc, si je remonte ce fil-là,
52:24 évidemment, il y a la tradition biblique du repos,
52:26 qui n'est pas un droit au repos, mais qui est
52:28 un devoir, dans la Bible, c'est le 4e
52:30 commandement. - Le 7e jour de la semaine.
52:32 - Ça va même avant
52:34 le tunturapoint. C'est quand même intéressant.
52:36 Donc, ne pas
52:38 travailler, quel que soit le jour, selon sa
52:40 tradition religieuse, vendredi, samedi
52:42 ou dimanche, peu importe, mais nous devons,
52:44 dans notre vision
52:46 occidentale, nous reposer.
52:48 - Donc, ça, c'est chômer,
52:50 d'une certaine façon, pour
52:52 reprendre des forces, refaire
52:54 sa force de travail, comme dirait Marx.
52:56 - Exactement. Donc, ça, c'est tout à fait
52:58 intéressant à regarder, parce que
53:00 on arrête d'être dans la quantité,
53:02 on va dans la qualité. Or, qu'est-ce
53:04 qui se passe aujourd'hui dans la qualité du
53:06 travail ? De nombreuses choses,
53:08 parce que c'est un thème extrêmement
53:10 innovant. C'est comme si la société
53:12 civile, les entreprises, publiques ou privées,
53:14 mais les gens eux-mêmes, avaient mis
53:16 l'imagination au pouvoir. Les gens,
53:18 nous, les jeunes étudiants qui veulent
53:20 déjà travailler lorsqu'ils sont encore à la fac,
53:22 l'alternance, un grand succès, l'apprentissage,
53:24 ça ne se faisait pas de notre
53:26 temps, mais ça se fait aujourd'hui.
53:28 Les retraités qui veulent cumuler emploi-retraite,
53:30 le présentiel, le distanciel,
53:32 l'harmonisation, la vie privée, bref.
53:34 Le chômage, quand il est pensé
53:36 en dialectique avec le travail,
53:38 il rencontre ce champ d'innovation.
53:40 Et ça, c'est trop dommage que les politiques
53:42 n'aient pas ça en tête. Ils ont un
53:44 espèce de télescope
53:46 et ils regardent en macroéconomie, alors qu'il
53:48 faudrait prendre un microscope et regarder
53:50 dans les vies. Et à ce moment-là,
53:52 on verrait bien qu'il ne s'agit pas
53:54 de travailler plus, mais de travailler mieux.
53:56 Et c'est ça qui est intéressant aujourd'hui pour nous.
53:58 - Quelque chose me dit que,
54:00 voilà, ils vont entendre cette chronique,
54:02 parce que cette question du travail, des conditions,
54:04 du sens, de l'organisation du travail,
54:06 elle est centrale. Vous travaillez dessus, je crois,
54:08 vous-même, non ? Il y a un livre à venir ?
54:10 - Absolument. - Vous voulez nous dire ? Quand ?
54:12 - Un livre sur les mots, M-O-T-S, du travail
54:14 et contre les mots, M-I-U-X,
54:16 et qui paraîtra le 1er mai, évidemment.
54:18 - Et on en parlera pour la fête du travail,
54:20 ici même. Allez,
54:22 Léa Falco, Action Planète, c'est vendredi.
54:24 Jingle.
54:26 ...
54:34 - Bonsoir, Léa. - Bonsoir.
54:36 - Ravie de vous retrouver. L'Assemblée nationale,
54:38 on en a beaucoup parlé ici,
54:40 a approuvé hier la proposition de loi
54:42 visant à interdire les PIFAS,
54:44 les polluants éternels, sauf
54:46 pour les ustensiles de cuisine.
54:48 Et les députés ont été sensibles
54:50 aux arguments des fabricants.
54:52 Certains diront des lobbies de la poêle.
54:54 - Oui, j'en fais partie, tout à fait.
54:56 On est sur une question qui dépasse
54:58 les questions de transformation écologique,
55:00 qui sont des questions de santé publique.
55:02 Dans les deux cas, on entend souvent l'argument
55:04 de "on ne peut rien faire" ou "il faut limiter notre action"
55:06 parce que ça risque d'avoir un effet sur l'emploi.
55:08 Un argument qui est un argument du patronat,
55:10 mais qui est repris par les syndicats.
55:12 Et là, dans le cas de Tefal,
55:14 qui fabrique cette fameuse poêle,
55:16 ils avaient envoyé des cars pour amener leurs salariés
55:18 devant l'Assemblée nationale pour manifester
55:20 et on a entendu ce fameux
55:22 argument des potentiels emplois menacés
55:24 alors même que, et là c'est paradoxal,
55:26 les salariés de Tefal,
55:28 c'est les premiers exposés au panneau internel
55:30 et donc aux menaces, aux risques sanitaires
55:32 qu'ils représentent.
55:34 - C'est vrai que c'est curieux ça.
55:36 Pourquoi les syndicats se sont opposés à ce point ?
55:38 Est-ce qu'ils ne sont pas écolos ?
55:40 - Ce n'est pas ça, mais c'est qu'en fait,
55:42 souvent les questions environnementales
55:44 sont associées par défaut à des alliés du patronat.
55:46 Je prends un exemple en revenant en arrière.
55:48 Souvenez-vous, en 2001, l'explosion
55:50 de la ZF à Toulouse.
55:52 Six mois après l'explosion, on a deux camps qui se forment.
55:54 D'un côté, il y a les syndicats
55:56 qui demandent la réouverture de l'usine
55:58 avec davantage de sécurité
56:00 et de l'autre côté, il y a les associations de victimes
56:02 de l'explosion et les associations environnementales
56:04 qui demandent, elles, la fermeture de l'usine.
56:06 En fait, ce qui se passe derrière
56:08 les rideaux, c'est que Total, qui possédait
56:10 l'usine, avait déjà décidé avant
56:12 l'explosion de la fermer
56:14 pour cause de rendements économiques insuffisants.
56:16 Sauf que les syndicats, ils ont perçu
56:18 cette fermeture comme une victoire, comme une alliance
56:20 des environnementalistes
56:22 avec les patrons.
56:24 - La réconciliation n'est pas
56:26 possible entre les écolos et l'emploi ?
56:28 - Si, bien sûr que si. Historiquement,
56:30 la rupture vient du fait qu'on considère
56:32 que le domaine des syndicats, c'est le travail
56:34 et le domaine de l'environnement, c'est le hors-travail.
56:36 Sauf que maintenant, la transformation écologique,
56:38 nécessairement, elle prend place au travail.
56:40 - Ah bah oui, c'est sûr. - D'une part, parce qu'il y a
56:42 des métiers qui changent. Là, par exemple, dans le cas des poêles,
56:44 si les pifases sont interdits, il faut apprendre
56:46 à faire avec des alternatives. Donc, il faut
56:48 changer les processus, il faut potentiellement reformer
56:50 une partie des salariés. Puis, en plus,
56:52 il y a des métiers qui disparaissent, des martyrs qui apparaissent.
56:54 Donc, il faut pouvoir planifier cet emploi,
56:56 faire en sorte que personne ne se retrouve
56:58 sur le carreau pour des prétextes de transition écologique.
57:00 Et ça, c'est pas tout à fait évident.
57:02 Mais, les syndicats commencent à prendre
57:04 doucement, mais sûrement
57:06 à bras-le-corps le sujet.
57:08 Je prends l'exemple du passage à la voiture électrique.
57:10 Si le parc automobile passe à l'électrique,
57:12 on a une perte d'à peu près 40%
57:14 du besoin de main-d'oeuvre
57:16 sur le secteur. Au lieu de s'y opposer,
57:18 le syndicat CFDT
57:20 Métallurgie, en 2021,
57:22 ils ont fait un travail avec une association environnementale
57:24 pour estimer les conditions
57:26 qu'ils estimaient nécessaires à la transition
57:28 juste de leur industrie, de leur secteur.
57:30 Et il y a deux choses intéressantes qui en ressortent.
57:32 D'une part, c'est une demande de relocalisation
57:34 des activités. D'autre part, une demande
57:36 d'accompagnement des salariés
57:38 qui devraient quitter le secteur vers
57:40 d'autres activités, une reformation
57:42 active et facilitée.
57:44 Donc, en fait, l'emploi et la transformation
57:46 écologique, ça ne s'oppose pas du tout.
57:48 Ça peut aller de pair. En plus, ça peut associer
57:50 les travailleurs et leur permettre, comme tu le disais,
57:52 de travailler mieux. Donc, message au syndicat,
57:54 on a besoin de vous,
57:56 de votre mobilisation pour créer cette transformation
57:58 écologique juste. - Merci beaucoup.
58:00 Et cette chronique aussi sera très
58:02 écoutée, je l'espère, par
58:04 nos chers syndicalistes.
58:06 Charlotte Lemay,
58:08 c'est quand même une belle victoire, c'est pifasse.
58:10 Le combat de Camille Etienne, peut-être,
58:12 et son documentaire sur YouTube.
58:14 Gâché ou pas par
58:16 le bémol sur les poils ?
58:18 - Oui, un petit peu nuancé.
58:20 - À moitié plein, le verre ? Ou à moitié vide ?
58:22 - Oui, forcément. Mais il faut le voir à moitié plein.
58:24 Effectivement, ça reste une avancée.
58:26 Ça montre encore une fois le pouvoir de ce type de documentaire
58:28 et des réseaux sociaux pour pouvoir faire avancer les choses.
58:30 - Et des écolos qui ont porté ce texte
58:32 depuis des années. - Absolument. Mais justement,
58:34 les écolos qui utilisent les réseaux sociaux aujourd'hui,
58:36 c'est absolument... Enfin, c'est génial.
58:38 Donc, il faut le voir quand même comme une victoire,
58:40 mais nuancée. - D'accord avec ça.
58:42 Le compte-quillet, malgré tout,
58:44 c'est un grand pas qui a été fait pour ces polluants.
58:46 - Il ne faut pas relancer non plus
58:48 à dans 10, 15, 20 ans l'interdiction
58:50 de certains produits. Mais je suis d'accord avec vous,
58:52 c'est une avancée. Et que le CSG soit sur la table,
58:54 c'est une première étape, déjà. - Eh ben voilà, on est tous d'accord.
58:56 Merci. Merci, les Affranchis.
58:58 Merci, Léa. Et merci à vous,
59:00 Charlotte Lemay, avec Camille Lemay,
59:02 lesinfluenceurs...
59:04 ...pointseuses,
59:06 pointeuses.et.chjouvence.
59:08 Très belle soirée
59:10 documentaire. C'est le week-end.
59:12 Profitez bien. À mardi, en direct,
59:14 19h30.
59:16 (Générique)
59:18 ---
59:29 Merci à tous !

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