7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Le récit de la randonneuse qui a découvert le crâne d'Émile

  • il y a 5 mois
Plus de dix jours après la découverte d'ossements d'Émile, la randonneuse qui a découvert le crâne du petit garçon au cours d'une promenade s'est confiée auprès de BFMTV.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 - On va tout de suite retrouver Maxime Brandstetter. Bonjour, vous êtes dans les Alpes de Haute-Provence.
00:03 C'est vous avec Clément Granon qui avez recueilli le témoignage de Manon Maxime.
00:07 D'abord, qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur elle, sur Manon ?
00:10 - On peut vous dire seulement ce qu'elle nous a autorisé à dire parce qu'elle veut garder un certain anonymat.
00:18 Donc on peut vous dire qu'elle a une soixantaine d'années, qu'elle est retraitée, elle est veuve.
00:23 Elle vit seule, elle se décrit elle-même comme assez solitaire.
00:26 Elle préfère rester seule, elle aime rester dans ses livres et se promener dans cette belle région dans laquelle elle habite.
00:34 Elle est aussi très croyante, elle a la foi qui d'ailleurs, sur laquelle elle s'appuie beaucoup
00:38 pour surmonter ce traumatisme quelque part d'avoir trouvé ce crâne.
00:42 - Donc acceptez de vous raconter, Maxime, les circonstances dans lesquelles elle a découvert le crâne d'Emile.
00:49 D'ailleurs, elle ne dit pas le crâne.
00:54 - Non, effectivement, elle ne dit pas le crâne, elle dit la chose.
00:58 Alors on lui a demandé pourquoi et elle explique, voilà, je ne peux pas dire le mot, le mot crâne
01:01 parce qu'en fait, ça me renvoie l'image et ça la terrifie de repenser à ça.
01:05 C'est pour ça que tout au long de notre entretien, elle a désigné le crâne du petit Emile comme étant la chose.
01:10 - Et donc on va revenir sur cette fameuse journée, ce samedi 30 mars vers midi.
01:14 Elle part en promenade, Maxime, ce jour-là. C'est un chemin qu'elle avait l'habitude d'emprunter ?
01:22 - Comme je vous l'ai dit, elle aime beaucoup parcourir les chemins de montagne.
01:24 Elle est d'ailleurs assez sportive et en forme quand elle part.
01:27 Elle fait des longues balades et parfois elle monte même assez haut, parfois à 2000 mètres ou plus.
01:32 Donc en fait, elle emprunte différents chemins, elle change régulièrement.
01:35 Et elle nous explique que ce jour-là, ce samedi 30 mars, le chemin qu'elle emprunte,
01:39 elle l'a déjà emprunté par le passé.
01:41 Là, elle dit de mémoire, ça fait un mois, un mois et demi qu'elle ne l'avait plus emprunté.
01:46 Et donc, elle a décidé de le prendre et c'est sur ce chemin, au milieu du chemin qu'elle a trouvé le crâne.
01:51 Elle a dit qu'on ne pouvait pas la rater.
01:52 Il était là, elle l'a vu et elle l'a donc ramassé pour le donner aux gendarmes.
01:56 - Est-ce qu'elle comprend tout de suite ce qu'elle voit sur le chemin ?
01:59 - Oui, immédiatement. Elle nous dit "dès que je l'aperçois, je savais que c'était lui".
02:06 Elle n'a absolument aucun doute. D'ailleurs, ça la choque beaucoup.
02:09 Elle pleure, elle doit prendre sur elle et se calmer pour l'amener aux gendarmes.
02:13 Elle nous le dira même que plus tard, lorsqu'elle le confiera aux gendarmes,
02:16 les gendarmes, forcément, on imagine leur prudence d'enquêteur,
02:19 ils vont dire "il faut qu'on vérifie". Mais elle, elle n'a jamais douté,
02:22 même avant même l'annonce, la confirmation à DN que c'était bien le crâne d'Emile,
02:26 elle était persuadée que c'était celui de l'enfant.
02:28 - Et elle décide de le rapporter chez elle ?
02:30 - Oui, elle décide de le rapporter chez elle.
02:35 Ça m'a beaucoup étonné parce qu'évidemment, on se dit tous, une scène de crime,
02:40 on sait tous à peu près qu'il ne faut surtout pas y toucher,
02:42 qu'il faut tout rester en place et appeler les gendarmes.
02:44 Mais elle, elle décide de le ramener chez elle pour une bonne raison.
02:47 C'est quand elle est partie se promener, elle a l'habitude de partir se promener
02:50 sans montre ni téléphone portable parce qu'elle aime faire des balades comme ça,
02:54 hors du temps et donc elle se retrouve sur un chemin avec un crâne, un crâne d'enfant
02:58 et en fait, elle n'a aucun moyen de joindre des personnes pour la rejoindre.
03:02 Et surtout, elle nous a dit "voilà, je connais la montagne,
03:04 ce jour-là, il faisait un mauvais temps, il y avait du vent, il y avait de la pluie".
03:08 Elle nous dit "voilà, je sais que si je pars et que je laisse le crâne ici,
03:11 quand je reviendrai, il n'y sera plus". Donc elle se dit, elle n'a pas le choix
03:14 et c'est pour ça qu'elle décide de prendre des sacs plastiques qu'elle avait sur elle,
03:17 d'emballer le crâne et de le ramener jusqu'à chez elle
03:20 pour ensuite appeler les gendarmes qui viennent le chercher.
03:23 - Et elle ne repart pas immédiatement, elle prend aussi des précautions
03:27 pour se souvenir de l'endroit où elle a ramassé la chose, comme elle dit.
03:31 - Oui, c'est vrai que c'est important de le souligner, c'est que malgré le choc,
03:39 on l'a dit, c'est difficile, elle pleure au début,
03:41 elle a quand même la présence d'esprit de prendre certaines précautions.
03:44 Elle note un sapin, elle reconnaît un sapin couché au bord du chemin,
03:49 elle se dit "voilà, ça, ce sera mon point de repère, ça me permettra aux gendarmes,
03:52 ça me permettra de ramener les gendarmes à l'endroit exact où je l'ai trouvé".
03:55 Et même si elle prend le crâne, le procureur l'avait déjà dit,
03:58 elle l'a fait avec des précautions, elle avait deux sacs plastiques en réalité sur elle.
04:03 Pourquoi deux sacs plastiques ? Parce que quand elle monte très haut,
04:05 notamment dans la neige, elle a l'habitude de les enfiler autour de ses pieds
04:08 pour les garder au sec. Et donc elle a utilisé ces deux sacs plastiques
04:12 pour précautionneusement essayer de prendre le crâne sans le toucher,
04:16 l'emballer et pouvoir le ramener le plus vite possible chez elle.
04:20 Vous nous avez expliqué, Maxime, pourquoi elle avait décidé de rapporter le crâne.
04:23 Est-ce que les gendarmes néanmoins lui ont reproché,
04:25 tout comme d'avoir modifié la scène de la découverte ?
04:28 On sait que les gendarmes forcément l'ont auditionné,
04:35 ils lui ont posé des questions. Pendant ces auditions,
04:37 ils ont notamment demandé si elle était certaine de ne pas avoir mis de son ADN
04:40 dans les sacs plastiques. Parce que vous imaginez, c'est bien de le mettre
04:43 dans les sacs plastiques, mais si vous avez touché l'intérieur avant,
04:46 il y a votre ADN. Après de la dire qu'ils lui ont reproché,
04:49 ce n'est pas la sensation qu'elle nous a donnée. Et tel qu'elle l'explique,
04:52 elle, en tout cas, on a vraiment la sensation qu'elle n'avait pas le choix
04:55 de le ramener comme elle nous présente les choses.
04:57 Il faut raconter ce qu'il se passe ensuite, c'est-à-dire qu'elle rentre
05:00 chez elle avec le sac, avec le crâne à l'intérieur du sac plastique.
05:06 Et ensuite, elle prévient les gendarmes. Que se passe-t-il ?
05:12 - Exactement. Alors déjà, il faut souligner qu'elle rentre chez elle
05:15 assez difficilement. Elle est dans un état... Elle a le choc de découvrir
05:19 ce crâne. Elle nous raconte qu'elle court parce qu'elle se dit
05:21 "il faut vite, vite que j'appelle les gendarmes".
05:23 Elle le porte à bout de bras parce qu'elle nous raconte la terreur,
05:25 que ça la terrifie quand la forme, comme elle l'appelle, lui touche le corps.
05:30 Donc, elle le porte à bout de bras. Elle rentre le plus vite possible.
05:33 Elle laisse le crâne à l'extérieur de son domicile. Elle dit "voilà, c'est inconcevable
05:37 pour moi de le rentrer chez moi". Elle appelle tout de suite les gendarmes
05:40 et elle leur dit "voilà, j'ai trouvé le crâne". Il lui dit "surtout ne bougez pas,
05:43 on arrive". Elle leur demandera juste une chose, c'est de l'attendre
05:46 au bout de sa rue parce que voilà, ici dans cette région, tout le monde
05:49 ne parle que de l'affaire du petit Émile. Et donc, elle avait peur
05:52 que ses voisins fassent le lien. Et donc, elle finira par retrouver
05:56 les gendarmes qui vont immédiatement mesurer le crâne et l'emmener avec eux.
05:59 Ils ont emmené cette randonneuse en garde à vue. Une audition qui durera 9 heures.
06:03 Elle a été entendue pendant des heures, 9 heures. Il y a eu des perquisitions aussi
06:07 chez elle. Comment elle a vécu cet épisode ? Est-ce qu'elle s'est sentie soupçonnée ?
06:11 Alors, elle nous dit qu'elle l'a très bien vécue. Elle dit "voilà, c'est normal,
06:19 ils font leur travail, je réponds à leurs questions et c'est tout".
06:24 La perquisition l'a quand même surprise. Quand elle est rentrée,
06:26 des 9 heures d'audition, elle est arrivée à minuit chez elle,
06:29 se faire perquisitionner le lendemain. C'est vrai qu'elle ne s'y attendait pas.
06:32 Mais elle ne nous a pas donné la sensation de quelqu'un de véritablement traumatisé.
06:35 Ça lui paraissait normal, un travail nécessaire qu'ont fait les gendarmes.
06:39 Parce qu'elle a fait une découverte qu'elle sait de la plus haute importance pour cette enquête.
06:44 Maxime, dix jours plus tard, comment est-ce qu'elle va ?
06:48 Elle, quand on lui pose la question, elle nous dit qu'elle va bien.
06:55 Elle assure qu'elle a la foi, notamment, elle est croyante,
06:58 qu'il l'aide beaucoup à surmonter tout ça.
07:01 Mais on a bien vu tout au long de notre échange, au cours du récit,
07:03 lorsqu'elle aborde des points précis, elle a les larmes aux yeux qui lui montent.
07:07 Elle nous dit elle-même "voilà, je suis encore épuisée physiquement et mentalement".
07:11 Ça a été quelque chose de difficile.
07:13 Je vous le disais au début, elle adore partir se promener en montagne.
07:16 Pour l'instant, elle n'est toujours pas ressortie de chez elle pour se promener.
07:19 Elle a besoin de se reposer. C'est comme ça qu'elle nous l'explique.
07:22 Sur l'enquête à présent, Mélanie Vécu, ce crâne, il se trouve à quel endroit ?
07:25 Pour l'instant, et selon nos informations, il se trouve toujours à l'IRCGN.
07:29 L'IRCGN, c'est l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale.
07:32 On le sait, il y a déjà des analyses qui ont été effectuées sur ce crâne.
07:36 Elles ont permis de dire qu'il n'avait pas été enseveli
07:39 et qu'il avait finalement été exposé longtemps à toutes ces variations météo,
07:44 qu'il ne présente finalement aucun traumatisme antémortem,
07:47 mais qu'il y a quand même des traces de morsure d'animaux,
07:50 ce qui peut laisser envisager qu'il a été transporté.
07:53 Mais le procureur de la République le disait,
07:56 pour l'instant, le seul crâne ne permet pas de définir les causes de la mort du petit garçon.
08:01 En fait, il y a deux enquêtes en cours,
08:02 une à Pontoise, dans les locaux de l'IRCGN, et une au Auvergné.
08:05 À Pontoise, on analyse tout ce qui arrive du Auvergné,
08:08 parce que les fouilles ne se sont jamais arrêtées
08:10 depuis la découverte qu'a faite cette randonneuse, depuis la découverte du crâne.
08:15 Il y a combien d'enquêteurs aujourd'hui sur place
08:18 qui continuent les fouilles autour du lieu de la découverte du crâne ?
08:21 Depuis maintenant 11-12 jours, il y a toujours une centaine de gendarmes qui sont sur place.
08:26 Ce sont à la fois des gendarmes locaux, des gendarmes de la section de recherche de Marseille,
08:29 qui eux sont en charge de l'enquête.
08:30 Et puis, on a appris que depuis lundi, il y avait des légionnaires.
08:33 Ces légionnaires étaient déjà venus pendant les premières phases très opérationnelles,
08:37 les premières recherches de terrain.
08:38 Ils sont revenus.
08:39 Ils sont spécialisés dans les fouilles opérationnelles.
08:42 Ils sont une dizaine.
08:43 En revanche, et ça, c'est important, les experts de l'IRCGN,
08:47 les gendarmes experts de l'IRCGN et les chiens
08:50 qui sont spécialisés dans la recherche de restes humains, eux, sont repartis.
08:54 Donc l'IRCGN, à Pontoise, les chiens, eux, sont repartis dans le centre de Gramma.
08:58 Il n'est pas exclu qu'ils puissent revenir à un moment donné.
09:01 Ça, c'est les juges d'instruction qui le diront et qui définiront s'ils peuvent revenir.
09:06 Il faut aussi noter que c'est justement, vous parliez justement de ces fouilles.
09:10 Ces fouilles ont permis, pas plus tard que mercredi dernier,
09:12 de mettre à jour un autre fragment d'ossement qui a été analysé justement à l'IRCGN
09:17 et qui permet de dire que cet ossement a parti en petits garçons.
09:20 Merci Mélanie et on remercie Maxime Brandstetter et Clément Granon,
09:23 en direct des Alpes de Haute-Provence. Merci Maxime.

Recommandée