Un instant de poésie suspendu au milieu du bordel - Tanguy Pastureau maltraite l'info
Ca lui ressemble pas tellement mais Tanguy va parler d'un joli moment et de belles personnes.
Retrouvez « Tanguy Pastureau maltraite l’info » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/tanguy-pastureau-maltraite-l-info
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AmusantTranscription
00:00 Tout de suite dans la bande originale, c'est Tanguy Pastureau !
00:02 *Applaudissements*
00:06 Bien, vous le savez, en ce moment je parcours la France des cafés-théâtres pour le rodage de mon nouveau spectacle
00:10 "Un monde hostile" qui parle de la violence.
00:12 Je trouve le climat actuel en France bien trop feel-good, bon j'avais envie de plomber les gens.
00:15 Et donc je prends le train. Beaucoup. Trop en fait.
00:17 Trop prendre le train, qu'est-ce que c'est ? Ben c'est prendre le train.
00:20 Alors je sais que vous dites "Oui, Pastureau, ce tout-bâb-sous-xanax va encore critiquer les gosses qui chouinent en voiture douce".
00:25 Et ben non, parce que maintenant j'ai une technique pour les calmer,
00:28 je les regarde droit dans les yeux et j'arrache avec les dents la tête d'une peluche d'un des chiens de la patte-patrouille.
00:32 C'est radical ! Sur le reste du Paris-Macon, il n'y en a plus un qui chouine.
00:36 On a oublié qu'avant l'éducation positive, la méthode pour élever les enfants, c'était de les terroriser.
00:40 Le daron arrivait dans la chambre avec en main un martinet et un rictus sur la face qui rappelait les selfies de Francis Holmes.
00:46 Ensuite on regardait "Shining" il y a 6 ans en disant "Bon non, le personnage principal m'a l'air plutôt équilibré".
00:51 Non, dans le train maintenant ça va, mais c'est l'ambiance en gare que j'aime pas.
00:54 Déjà il y a trop de gens, même gare de l'Est, vous regardez le tableau des départs, il y a écrit "Mess", "Mulus",
00:58 vous vous dites "Vraiment, je comprends pas l'idée".
01:00 Dans les gares en plus, tout est cher, il n'y a plus de sandwich churri à l'ancienne avec le thon crudité à 4 euros,
01:04 mais des corners, des corners où la baguette doit être interdite parce que tout est au pain, au 4 céréales,
01:09 ou au 6 céréales, ou au 12, il y a des pains qui contiennent plus de céréales qu'il y en a dans la nature.
01:14 Et puis dernière chose qui me fait horreur, horreur en gare, c'est le piano en libre-service.
01:19 Il y a un piano, les gens jouent, mais quand je dis les gens, il n'y a pas de sélection, jouent qui veulent.
01:23 Et c'est là qu'on voit les limites de la démocratie.
01:26 Je ne dis pas que j'aimerais vivre en Corée du Nord, un pays où le dirigeant est aussi mal coiffé,
01:30 à part quand on est vendeur de broussailleuses et on peut se projeter, ça fait pas envie,
01:34 je dis juste qu'en gare de Pyongyang, je ne suis pas sûr qu'il y ait un piano.
01:37 Et s'il y en a un, on est obligé de jouer des airs à la gloire de Kim Jong-un,
01:40 sous les soleils de Jong-un, fais-moi un tibot, deux tibots, trois tibots, Jong-un,
01:46 oh Kimi, si tu savais... Enfin bon, ce genre de choses.
01:49 Non, moi, les pianos dans les gares, c'est pas mon truc.
01:51 Mais hier, j'ai vu une vidéo qui tourne beaucoup sur le net, enfin disons que par rapport au deepfake porno de Roland McDonnell,
01:56 elle tourne beaucoup. Sur cette jolie vidéo, on voit un pianiste de gare qui joue bien,
02:01 c'est une espèce rare, au même titre que l'antisioniste judéophile ou le journaliste d'Europe 1 adhérent à l'EFI.
02:06 Et là arrive une danseuse en tutu qui se met à évoluer dans l'espace, ça n'arrive jamais,
02:10 dans une gare, des gens tout nus qui hurlent, ça j'ai déjà vu plusieurs fois,
02:13 ce qui montre l'état de la prise en charge psychiatrique dans ce pays.
02:16 Une fois, il y a même un contrôleur qui a dit que le TGV Port-Marseille de 14h37 partirait bien à 14h37.
02:21 Il a été maîtrisé par les voyageurs et internet, mais c'était trop gros.
02:24 Cette jeune femme donc danse et dans la gare tout s'arrête.
02:27 C'est ça que fait la poésie, c'est une rupture du réel.
02:30 Une petite foule se masse, hommes, femmes, de tous âges, de couleurs de peau différentes,
02:33 et l'espace d'un instant, j'ai cru en l'être humain.
02:36 Je regardais cette vidéo dans le bureau de l'émission, puis Alexandre Cominet qui est arrivé déguisé en pénis,
02:40 je lui ai dit « c'est pour un sketch », il a répondu « non, pour une soirée ».
02:43 Je lui ai dit « mais enfin, Nagui n'est pas là », il a répondu « c'est lui, là, que je viens voir ».
02:45 Et là, la poésie s'est arrêtée.
02:48 Il n'empêche que sur un court laps de temps, dans cette gare, une forme de communion s'est faite.
02:52 Et je crois que partout, on devrait avoir une danseuse classique.
02:55 Ici, à la bande originale, elle danserait, tandis qu'en fin uni, nous ferions des câlins à Jacques Attali.
03:00 Parce qu'on parle trop de l'intellect de cet homme, alors qu'il est aussi sans doute une boule de douceur.
03:03 Ensuite, Alexandre Cominet qui m'a dit « je l'ai vu, cette vidéo, ça se finit mal, car tout se finit mal ».
03:07 Vous savez à quel point ces gens sont névrosés, dans les Suisses.
03:11 Et en effet, sur la vidéo, des agents de sécurité de la SNCF interviennent, la danseuse leur parle, la musique stoppe,
03:17 en commentaire, les gens sont atterrés, je lis des « ah, ça, ils sont plus rapides à venir que quand c'est des racailles »,
03:22 des « on ne peut plus rien faire dans ce pays, #MacronDictature, gnagnagna Jean-Michel »,
03:26 des « mets nu dans ton profil », parce que maintenant, sous chaque poste, il y a des robots de l'industrie du X,
03:30 vous savez, avec en photo de profil une dame qui se lèche tellement haut les lèvres qu'elle arrive à foutre sa langue à 12 cm de profondeur dans ses sinus.
03:37 Même à l'examen de BTS des arts du cirque, ils ne demandent pas ça.
03:40 Je lis tout ça, le peuple en veut à la SNCF d'avoir cassé l'harmonie du moment, des premiers brûlons à la Gare de Lyon sont rédigés.
03:46 Et puis BFM interviewe le pianiste qui dit « bon non, en fait, les agents nous ont juste dit, très gentiment, qu'il ne fallait pas qu'on réclame de l'argent et c'est tout ».
03:53 Alors certes, c'est une remise en cause du capitalisme, qui est un super système.
03:57 Le premier album de Fuddy, Mr. Fifty Cent, il s'appelait « Get Rich or Die Trying », pas « Viens voir, mais il y a eu deux hadiths ».
04:03 L'argent, c'est formidable, si tu n'en as pas, tu n'as pas de Kinder Pingui.
04:07 Mais rien, en fait, là-dedans n'a été violent.
04:09 Et le truc, c'est qu'on en peut tellement plus, l'angoisse, la violence, les menaces de Daesh,
04:13 est-ce que ces gens avaient besoin de mettre leur grain de sel ? Notre époque est tellement oxygène, comme le disent les médias et donc ta sœur,
04:18 que quand il y a un break dans ce bordel, un élan de poésie dans la nuit noire, on veut juste en profiter, profiter de ce temps suspendu.
04:24 C'est bien d'être suspendu, à part par les pieds lors des soirées de bizutage chez Eram.
04:28 Ce pianiste, cette danseuse, c'est en mesure de nous réconcilier avec le train, avec la vie.
04:32 J'ai ajouté 1200 dates de rodage. Tout ce que je veux, c'est prendre le TGV.
04:36 Et pour le casting de danseuse ici, se présentez à France Inter après l'émission, suivez le monsieur déguisé en pénis, il vous mènera au studio.
04:42 Bravo Tanguy Pastureau !
04:44 Et Tanguy, tu vas reprendre le train, puisque le 30 mai, tu seras à Montauban.
04:50 Montauban.